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Sujet: Président(e)
Abyme
#7
Ok, poussons plus loin alors.
Comme les variétés de plantes génétiquement modifiées pour être résistantes au Round-Up (le Round-Up est un herbicide total, c’est à dire qu’il tue toutes les plantes sauf celles génétiquement modifiées conçues pour lui résister) ne subissent pas les dégâts de l’herbicide, l’agriculteur fait en général moins attention à la dose d’herbicide qu’il va épandre. Il va préférer en mettre plus pour être sûr, étant donné que sa culture sera de toute façon épargnée. Dans les gigantesques cultures aux États-Unis par exemple, des agriculteurs épandent des pesticides en avion, arrosant toute la surface de pesticides. La consommation de Round-Up aux États-Unis et au Canada a très fortement augmenté depuis la mise sur le marché des variétés transgéniques, faisant le bonheur de Monsanto qui vend à la fois les semences OGM et l’herbicide qui va avec.
Il se pose également la question de ces plantes qui sont conçues pour produire par elles-mêmes un pesticide. L’idée est à première vue plutôt bonne car l’agriculteur n’aurait plus besoin d’utiliser ce pesticide en question car la plante la fabrique toute seule. Christian Velot (maître de conférence en génétique moléculaire à l'Univ. Paris-Sud XI, chercheur à l’institut de génétique et de microbiologie au centre scientifique d’Orsay), pose la question sur l’impact que cette plante a sur l’environnement et sur la santé du consommateur.
En effet, la plante fabrique automatiquement un pesticide et par les racines largue cette substance dans le sol. Les pesticides sont, normalement, épandus en prévention ou lorsqu’il y a un problème alors qu’ici la plante en créée en continu en toutes circonstances, donc même en l’absence du problème.
Quel est alors le bénéfice écologique si la plante crée cette substance et l’injecte elle-même dans l’environnement ?
Un autre problème que posent ces plantes est l’accumulation de ces pesticides dans ses tissus. Quelles sont alors les répercussions sur l’animal qui les mangera et de l’homme qui mangera l’animal ? « Pour les plantes à pesticides il n’y a aucune législation européenne, c’est à l’appréciation des instances d’évaluation » qui peuvent décider si des tests doivent être faits ou non, explique Christian Velot. Dans les cas où des études sont faites, « pour des raisons de secret industriel c’est la firme semencière qui choisit le laboratoire qui fera ces tests » et les résultats ne sont pas communiqués pour les mêmes raisons (sauf lors de rares procédures judiciaires). La plante devrait non seulement être testée comme une plante mais également comme un pesticide. Ceci montre clairement un manque de transparence, ce qui est louche, voire inacceptable.
Notons également qu'en ne produisant que des plantes résistantes à certains insectes ou maladies, ces derniers vont s’adapter. L’immense majorité sera tuée mais une certaine partie des insectes naturellement résistants au pesticide vont proliférer et prendre le dessus. Cette minorité d’insectes parmi l’espèce deviendra alors la majorité, modifiant ainsi l’espèce de manière non naturelle. On peut aussi se demander quel impact à une plante OGM sur les insectes non nuisibles, sur les plantes environnantes, impact qu’elle n’est pas censée avoir mais qu’elle a quand même.
De la même manière, si un saumon transgénique faisant 5 à 6 fois la taille normale est libéré dans la nature, il y aurait des conséquences non négligeables pour l’environnement. Il s’attaquera à des poissons plus gros, il mangera les poissons avec lesquels il aurait cohabité, il s’accouplera plus que les poissons sauvages (car les femelles préfèrent les mâles plus gros…), etc. Très vite il n’y aurait plus que des gros saumons car ils prendraient la place des autres. Nous avons un petit aperçu de ce que peut donner l’introduction d’une espèce étrangère dans un écosystème avec le Cauchemar de Darwin, par exemple, où la Perche du Nil (espèce non OGM) a tout ravagé.
De penser pouvoir tout contrôler comme l’affirment les grands groupes est impossible. Il n’est pas exceptionnel que des milliers de poissons d’élevage s’échappent accidentellement dans la nature (lors d’un gros orage par exemple), il en sera bien sûr de même avec les poissons génétiquement modifiés. Prétendre, comme le font les multinationales, de stériliser les millions de poissons qu’ils créent parait utopique.
Se pose enfin le problème de la contamination génétique des plantes, qui est donc une pollution. En effet le pollen ou les graines des PGM vont contaminer les autres plantes aux alentours par le vent, les insectes, les oiseaux, etc. Les cultures bio peuvent ainsi être contaminées et perdre leur label et devront être vendues à leur tour comme OGM. Ceci est une menace à la biodiversité de la planète. La plante génétiquement modifiée, qui est plus forte, prendra le dessus sur les espèces naturelles ancestrales et le risque est de voir disparaitre des variétés uniques par des croisements aléatoires avec des plantes artificielles.
La Confédération Paysanne a déclaré à ce sujet : « D’un point de vue environnemental, les OGM participent à l’appauvrissement de la biodiversité et sont le reflet d’une agriculture industrielle ».
Nombreux sont ceux qui affirment que les OGM sont sans danger pour la santé. Les États-Unis et le Canada en consomment en effet depuis déjà 20 ans. Il est en revanche totalement impossible de savoir si les OGM ont des effets négatifs sur la santé car le terme « organisme génétiquement modifié » n’apparait sur aucun emballage d’aliment. Il est donc impossible pour un médecin d’établir le lien de cause à effet d’un OGM. Des millions de personnes en consomment quotidiennement sans le savoir ! Cette vaste expérimentation sur l’homme n’en est même pas réellement une, car il n’existe pas de groupe « témoin » ne mangeant pas d’OGM mais vivant dans les mêmes conditions, afin de pouvoir déterminer si les OGM ont des effets sur la santé. Comme c’est quelque chose de relativement nouveau, nous sommes en mesure de nous demander s’il n’y aura pas également des conséquences sur le long terme, dans 20 ou 30 ans.
Il n’existe que très peu d’études sur les OGM car les études sont très coûteuses, complexes à réaliser et demandent des années d’expérimentations. Cela n’a pas empêché les gouvernements et les organismes de protection des consommateurs à autoriser la consommation animale et humaine d’OGM depuis 15 ans. La raison pour laquelle cette mise sur le marché a été aussi rapide, souvent même avant que de réelles études sérieuses soient menées, est que les firmes veulent commercialiser le plus vite possible leurs OGM. Plus vite ils les vendront et plus vite ils récupèreront leur investissement. L’augmentation des maladies chroniques et l’affaiblissement du système immunitaire sont-ils des conséquences des OGM ? Il est dur dans ces conditions de le savoir, même si certains scientifiques le supposent.
Beaucoup de brevets sur des séquences de gènes, des micro-organismes ou des OGM sont détenus par des grandes firmes. Cette brevetabilité du vivant est source de nombreuses polémiques. Pour des raisons éthiques, breveter le vivant pour pouvoir en faire un objet de marchandisage est pour beaucoup une ineptie. Breveter les semences permet aux multinationales, comme Monsanto par exemple, d’avoir la main mise sur les paysans qui n’ont pas le droit de ressemer les graines d’une année sur l’autre sous peine de poursuites. Il faut ainsi qu’il en rachète à chaque fois des nouvelles à la firme. « Les OGM ne sont pas une solution au problème de la faim dans le monde, comme voudrait le faire croire les industries semencières. Au contraire, par le système de brevetage des semences, ils maintiennent les paysans dans une dépendance économique, en les obligeant à racheter chaque année les semences » , s’exclame la Confédération Paysanne.
En d’autres termes, la conséquence du brevetage du vivant est que le produit breveté appartient au détenteur du brevet et que toute personne tiers désirant utiliser ce produit doit rémunérer financièrement le propriétaire.
Une autre conséquence est que des firmes comme Monsanto vont dans les pays pauvres ou en voie de développement et s’approprient les substances actives de plantes médicinales locales.
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