vincentchevin
#0
Alors que nos pratiques reposent sur le consentement, nous aimons user de mots très forts, qui évoquent la privation de liberté, la privation de consentement mais dont le sens est détourné. Viol, torture, esclave ...
Quand on arrive sur ce site on est invité à cocher des cases pour décrire nos pratiques ou nos envies. "Viol simulé" fait partie des items proposés. C'est pourtant pas ce qui décrit le mieux nos pratiques ...
Alors je me demande : Pourquoi ? Est-ce une manière de protéger l'hermétisme de notre milieu ? Si tu es initié tu sais que c'est faux sinon tu fuis ? Est-ce que nos pratiques n'ont de valeur que dans l'obscurité ?
Soyez la première personne à aimer.
marina001
#1
La remarque est intéressante. Pour les bdsm'ers ces termes sont génériques, codifiés presque. Pour les newbies ? Moins. Seulement, dites vous bien que bon nombre d'impetrants ne sont inscrits que pour trouver un coup facile à tirer. Ca réduit le panel, pas besoin de trop s'en faire pour ces gugusses, ils cochent au pif et ne lisent même pas.
Piur les autres ? Le bdsm est élitiste : a eux de comprendre, de décoder, et surtout de s'extraire du carcan simplificateur des mots "bruts" pour découvrir les "choses" complexes qui se cachent derrière.
2 personnes aiment ça.
Abyme
#2
Dans toutes les pratiques proposées (qui ne sont que des cases on est bien d'accord), certaines sont soft, certaines sont hard, d'autres encore assez extrêmes, et d'autres même sont communes au sexe vanille et aux couples classiques, sous des formes peut-être variées. Bref il y en a pour tous les goûts, quelqu'un qui s'inscrit n'est pas obligé de tout aimer. Le "viol simulé" est un terme qui rappelle une situation d'agression, mais le mot "simulé" règle le doute et l'ambigüité ; de même lorsqu'on parle de "torture" ou d'"esclavage", nous savons tous implicitement qu'il s'agit d'approches simulées, voire de jeux de rôle frisant (subtilement ou pas) une réalité qui serait normalement de non consentement ; à tel point qu'il serait même inutile d'en débattre. Mais bon...
Dernière modification le 06/08/2017 15:19:45 par Abyme.
1 personne aime(nt) ça.
Lilas
#3
En fait, personnellement je ne crois pas du tout au concept d'initiation ici comme ailleurs. Je ne crois pas qu'on doive montrer ce qu'est LE BDSM, je ne crois pas qu'une quelconque communauté se doive de transmettre quelque chose. L'acronyme BDSM c'est comme l'acronyme LGBT c'est juste un outil pour réunir des gens. Après derrière t'a différentes écoles qui vont surement chercher à transmettre leur vision du truc et ce qui les intéresse là dedans. Mais au final difficile d'imaginer une communauté plus fragmenté tellement tout s'oppose, les fan de la relation d/s vs les switch, les maso physique au dernier degré vs les fana de l'humiliation, les soft vs les hard, les hétéro vs les autres, les mono vs les personnes non exclusives,etc... Bref tout ça pour dire que je ne crois pas du tout à une communauté homogène mais à une communauté très diversifié nourrie par ses contradictions. Et c'est ce que je trouve cool personnellement.
Et en soi utiliser un vocabulaire violent ne devrait pas être problématique dans la mesure où on sait tous et toutes quel sens on met derrière les mots. Mais il y a un hic, c'est que les mots sont porteur de sens et que l'on ne pense pas en amont et on utilise les mots à posteriori pour exprimer notre pensée mais on utilise les mots pour former notre pensée directement. Les mots ne sont hélas pas neutre mais sont, en substance, chargé de sens. C'est plus ou moins la conversation qu'on avait sur l'humour non oppressif dans un topic voisin.
Y'a pas mal de féministes par exemple qui ne nous aime pas (quand je dis nous je parle des gens qui aime bien faire de trucs un peu creepy entre adultes consentants) et qui disent que le BDSM est l'apanage d'une élite blanche, masculine, cisgenre voir hétérosexuel, plutôt favorisé et qui fantasme la souffrance des autres pour son propre profit.C'est pas forcément facile à entendre hein ? En tout cas moi j'ai eu du mal à l'entendre et je suis d'ailleurs toujours en violent désaccord avec ce genre de propos. Mais étant une personne privilégié, je tiens tout de même à prendre en compte ce genre de réflexion.
Typiquement :
* Quelle est la couleur de peau des gens qui fantasme la notion d'esclave ? N'est-elle pas majoritairement blanche dans la plupart des cas ? Est-ce que ce ne sont pas des gens qui justement ont largement profité du systéme colonial d'hier ?
* Le fantasme du viol n'est-il pas un fantasme masculin à la base ? Et est-ce qu'il ne participe pas beaucoup à faire la promotion de la culture du viol ? Et qu'au fond, en continuant à employer le terme viol, on n'appuis pas le fait qu'en définitive les personnes qui disent non veulent dire "oui" ?
Allez allons y pour un coming out histoire d'illustrer mon propos.Par exemple je suis bisexuelle, ancienne travailleuse du sexe et je fais parti des enfants qui ont été pas mal battu et violenté dans leur enfance. Pourtant j'utilise des mots qui renvois à ses traumatismes car c'est pour moi un moyen de les apprivoiser mais je refuse catégoriquement d'utiliser le terme fiotte ou lope car je les considère comme trop homophobe et trop porteur de vérité oppressive. Trop favoriser ces termes c'est naturellement refuser de lutter contre eux et les laisser continuer à exercer leur violence.
Je conçois sans peine après qu'une communauté ait besoin de vocabulaire commun mais pour ma part je trouverais intéressant de s'aménager des espaces de réflexions pour proposer des alternatives plus inclusives, moins appropriatives et qui renvoient peut être moins à des éléments traumatiques.
Dernière modification le 07/08/2017 10:44:17 par Lilas.
2 personnes aiment ça.