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Hamadryade
#11
Question très difficile et j’ai peur que ma réponse vous heurte alors que ce n’est absolument pas ma volonté.
Selon moi vous faites l’erreur de considérer le BDSM comme une thérapie possible à votre mal être et je crois que ça ne peut être qu’une impasse. Beaucoup de personnes en ce monde portent des stigmates mentales d’un passé douloureux quel qu’il soit, beaucoup aussi souffrent de complexes physiques importants, beaucoup sont des êtres abîmés par la vie. Mais chercher la rédemption, le soin, le dépassement de ses propres problèmes dans une relation, BDSM ou non d’ailleurs, n’est pas la bonne solution.
Pour qu’une relation fonctionne, ici ou ailleurs, il faut avoir su en amont se guérir de ses failles, ou au minimum avoir réussi à combler les plus importantes. La phrase est très bateau mais elle est pourtant vrai « avant de demander à quelqu’un de nous aimer, il faut apprendre à nous aimer nous-même ».
Tant que ce travail sur soi n’a pas abouti, on ne fait qu’aller d’échec en échec, on en ressort encore plus abîmé et on va systématiquement vers ce qui est le pire pour nous et qui nous enfonce de plus en plus.
J’ai très longtemps été prisonnière de cette spirale du désamour de moi, allant jusqu’au mépris de moi-même et au rejet de celle que j’étais. Cela me poussait à me diriger vers des personnes qui ne me correspondaient pas du tout, et que, sans même en avoir conscience et sans que ce soit pour le moins volontaire, je méprisais. En fait, étant alors totalement convaincue que j’étais moi-même totalement méprisable, je ne choisissais que des partenaires que je jugeais suffisamment méprisables et peu exigeants eux-mêmes pour pouvoir les imaginer capables d’accepter quelqu’un comme moi dans leur vie. Et à chaque fois bien évidement la relation était vouée à l’échec, même avec énormément de persévérance et des énormes couleuvres avalées sans broncher.
Puis un jour je me suis effondrée, j’ai vraiment touché le fond du fond, et soit je réagissais soit …. La seconde option n’était pas envisageable et j’ai donc été forcée de me prendre en main. J’ai trouvé par chance une psychologue avec qui le dialogue est très bien passé et j’ai vidé mon sac, j’ai tout lâché, toutes les souffrances passées, toutes les douleurs accumulées. Et même si ça n’a pas été miraculeux dans l’instant, j’ai pu, grâce à elle, évacuer le plus gros de la noirceur qui m’envahissait. Et ensuite le temps à fait son œuvre. J’ai continué à travailler sur moi, je me suis tout simplement appuyée sur l’aide qu’elle m’avait apporté au cours de ces mois de thérapie et j’ai continué à avancer dans la bonne direction. Aujourd’hui, pratiquement 2 ans après, tout n’est pas parfait, mais je ne me méprise plus, je sais ma valeur dans de nombreux domaines, certains restent encore un peu difficiles, mais ce n’est rien du tout en comparaison de ce que je pensais de moi-même avant ce passage par la case psychologue.
Aujourd’hui je suis une soumise qui fuit la punition, qui ne la recherche jamais, et l’idée même de pouvoir décevoir mon Maître au point qu’il ait besoin de me punir me traumatise. Ce ne sont pas les coups de cravaches ou les gifles que je redoute, mais tout simplement de savoir que je l’ai déçu. Et cette idée est bien plus insupportable pour moi qu’un « passage à tabac ».
Aujourd’hui lorsqu’il marque mon corps, il le fait pour son plaisir et le mien s’en trouve décuplé. Quand je regarde mes marques elles sont le souvenir d’instants de délice et non le souvenir d’une faute commise. Ça fait une très grande différence dans les sensations que l’on ressent, la fierté et le bonheur surpassant largement la culpabilité et la honte de n’avoir pas su bien se comporter.
J’ai bien peur qu’aucune punition puisse vous guérir de votre passé, vous seule avait cette capacité là, et pour y arriver une aide professionnelle extérieure me paraît impérative. En tout cas ça l’a été pour moi.
En souhaitant que vous puissiez trouver une sérénité réconfortante à l’avenir et en espérant que mes mots ne vous aient pas blessée.
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