Féminisme, sexualité, et vagin.Le mythe de l'orgasme vaginal. Courte phrase, tellement employée, pas forcément à raison, et quasiment toujours sans savoir quelle est son origine. Anne Koedt, 1968, « The myth of vaginal orgasm», ouhla, il en a fait du bruit ce livre en son temps ! Cet ouvrage eut son heure de gloire, parce qu'il s'agissait d'un énorme pavé dans une mare qu'il ne fallait surtout pas troubler : l'obligation morale faite aux femmes de jouir parce qu'un monsieur insère son pénis dans leur vagin.On peut remarquer que le bouquin choqua beaucoup plus les tenants du patriarcat qu'il ne réchauffa le coeur des féministes de l'époque. Sauf pour les plus radicales d'entre elles pour qui l'homme et son pénis, c'était Satan et son sceptre ! Ca rigolait pas à l'époque, on avait le jugement tranché !En fait, le travail de l'auteure fut reconnu par la suite comme étant très contestable du point de vue de la validité scientifique, et ce par des sexologues femmes, et souvent féministes. Il est vrai que Koedt se contenta de combattre un axiome non démontré avec un autre axiome pas d'avantage démontré. Vouloir contrer la loi d'airain du « hors le pénis point de salut » par la règle de fer du « les pénis ça ne sert à rien », mon dieu, pourquoi pas. Mais ce n'est pas avec des sentences lapidaires comme « aucune femme ne jouit du vagin, celles qui le prétendent sont soit des menteuses, soit des cloches qui confondent vagin et clitoris », qu'on y arrive.Koedt n'était ni sexologue, ni sociologue, ni psychologue, et commit l'erreur de ne pas le dire franchement dans son livre. Cependant, attention ! Si contenu du livre en tant que tel tenait plus de l'hypothèse que de la démonstration, et combattait un présupposé par un autre présupposé, il n'en demeure pas moins qu'il eut l'immense mérite d'ouvrir le sujet.En fait il était doublement dérangeant. D'une part il renvoyait au rang des illusions tout ce que l'establishment croyait savoir en matière d'orgasme féminin, et d'autre part Koedt disait clairement que la pseudo libération sexuelle n'était qu'une vaste foutaise : les filles hippies de Kathmandu ne jouissaient pas d'avantage que les housewives d'Hoboken, NJ.Ce n'était sans doute pas le but de Koedt, mais son ouvrage lança – et pas seulement au sein des mouvances féministes - une réflexion sur la sexualité féminine. On redécouvrit les travaux de Kinsey, écrits 20 ans plus tôt. On commença à remettre sérieusement en question la sexologie bien propre sur elle de Master & Johnson (surtout celle de Master…). Et horreur ! on vit des féministes commencer à s'emparer de la sexualité non pas en tant que thème social, mais en tant que champ d'étude scientifique. Anne Fausto-Sterling a clairement dit qu'elle s'était de prime abord intéressée en tant que féministe à la sexologie « médicale » après avoir lu le livre de Koedt, et en avoir remarqué les lacunes.Anne Koedt lança un groupe féministe radical à NYC, puis disparut de l'avant-scène féministe au début des années 1970. Personne ne sait ce qu'elle est devenue, elle aurait 80 ans aujourd'hui. Mais elle laisse derrière elle un ouvrage qui, même avec ses failles, est important car il représente une des origines des gender studies. Un extrait ici, mis en ligne par la CUNYhttps://wgs10016.commons.gc.cuny.edu/ingraham-one-is-not-born-a-bride-how-weddings-regulate-heterosexuality/
Dernière modification le 02/02/2019 04:37:39 par marina001.
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