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marina001
#32
Les bancs d'essai de sextoys ne manquent pas dans la presse dite "féminine". C'est presque devenu aussi incontournable que les horoscopes chinois. Maintenant, regardons un peu ce qui se fait dans la presse féministe... 
Lisez ce banc d'essai d'un sextoy, publié dans Rebellious Mag, une revue féministe US. Peu importe l'avis de l'auteure sur ce sextoy, peu importe de quel sextoy il s'agit, là n'est pas mon propos. Intéressez vous au ton de l'article, aux mots choisis, aux choses décrites.
https://rebelliousmagazine.com/feminist-reviews-of-sex-toys-le-wand-petite/
Comparez avec un banc d'essai de la presse "féminine" mainstream. Qu'est-ce qui saute aux yeux ? L'article féministe est descriptif. Les articles mainstream sont simplement vaguement suggestifs. Pourquoi ? Parce que les féministes pratiquent depuis longtemps la dé-diabolisation du corps féminin. 
Appeler un clitoris "clitoris" ou un vagin "vagin", plutôt que d'user de périphrases gênées, dire qu'un orgasme est un orgasme et ne pas se sentir obligée d'inventer une image poétique de quat' sous à la place, est-ce donc si difficile pour une femme journaliste écrivant dans un grand magazine? Oui. On ricane, on tente un trait d'humour graveleux, on se tortille, toute gênée, sur sa chaise, au fond on préfèrerait écrire une chronique sportive... Parce que le regard des autres pèse sur vous. 
Celui des hommes, ces mâles qui s'arrogent le droit divin de dire ce qui est bien ou mal en matière de corps féminin, de pensée féminine, de parole féminine, de sexualité féminine. Vous écrivez un banc d'essai sur un sextoy ? Alors vous êtes FORCEMENT un grande cochonne. D'où l'humour, ou voulu tel, ce coup de coude qui dit "allons, je déconne, je suis une femme bien moi !". Et en avant pour les périphrases et les synonymes au rabais. 
La bienséance, ce carcan imposé par les mecs aux femmes, et dont ils se dispensent pour eux-mêmes... Contrôler une société, c'est aussi contrôler le langage usuel. C'est édicter qu'un mot très normal est sale dans la bouche d'une femme. C'est décréter qu'une femme ne peut parler d'elle-même que dans des termes que les hommes trouveront acceptables. 
Parce que les féministes ont toujours crié "my body, my rules", elles peuvent se permettre de parler de leurs corps, de leurs plaisirs, avec leurs mots à elles. La vulgarité, elle est dans le regard de l'autre sur vos mots, pas dans nos mots à nous. Se réapproprier les langues que nous parlons ne passe pas juste par l'écriture inclusive. Cela passe avant tout, en premier lieu, par un vocabulaire décadenassé, par un choix libre de mots et d'expressions. Diriez vous du chat de la Mère Michel qu'il est le félidé quadrupède carnivore de la Mère Michel? Non. Alors appelez une chatte... une chatte ! 
 
Dernière modification le 16/02/2019 03:23:34 par marina001.
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