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Parloire
#55
—Jaloux
A la demande de ma Soum, insistante, j’ai pris le temps de poser ma réflexion , un peu...
Tout à commencé en aftercare. Instant intime et puissant où elle me confiait dans la bulle du retour: « j’aimerais me couler en Vous, et sentir des mains étrangères me toucher. J’aimerais que mon corps soit mis à disposition pour Vous »
... et là .... Je me souviens du long silence qui trahissait le bouillonnement dans ma tête.
À sa question: « vous dites rien? » j’initiais une esquisse de début de commencement de réponse: « ...mais vous êtes à moi!.. ». C’est à sa réplique que je comprenais tout le décalage entre ce que je ressentais, et de là où elle voulait aller: « oui mon Dom, je suis à vous » ...
Sa dévotion me laissait sans « voie ».. et je devais pourtant trouver la mienne.
Il y a des moments où réfléchir est important, nécessaire même avant de se positionner, à corps perdu.
Et ça m’a pris bien 6 mois pour poser les choses à plat, pendant qu’elle, saint-patientait..
J’ai du me battre contre moi même, ma peur de ne pas être à la hauteur. Non pas ma peur de la perdre, mais ma peur de ne pas savoir la garder. La laisser à d’autres (hommes ou femmes, indifféremment) pour moi c’était le risque, qu’ils sachent mieux s’y prendre que moi, qu’ils la focalisent; Qu’ils fassent mieux.. oui.. en fait c’est ça que je voulais, qu’ils fassent mieux, car seul je n’y arrivais pas. Je devais la focaliser sur moi en utilisant les autres dans ce qu’ils étaient le meilleur. En fait mieux est là personne, au mieux c’est finalement car elle mérite le meilleur. Ainsi je n’étais plus assez pour la baiser, et ça tombait bien, y avait du monde pour m’aider.
Du coup je transformais une émotion négative en une volonté positive.
Pour arriver à cela, j’ai du faire confiance en ce qu’elle me disait:
-que j’étais le point fixe par lequel tout devait se passer.
-que nous devions rester en lien
-que d’autres personnes présentes dans un moment d’intimité la poussaient à se rapprocher de moi, à se protéger des autres à travers moi.
-qu’elle était exclusive à moi
-qu’elle voulait être l’OBJET de mes fantasmes
-qu’elle avait très peur de l’inconnu dans ce fantasme, celle que j’allais gérer.
Je devais compiler mes fantasmes, ses fantasmes, ma domination, sa soumission , son sens a elle, ses angoisses, ses limites, mes angoisses, mes limites, et donner un sens aux choses pour que cela se passe naturellement.
Au début je voulais tout contrôler et gare à ceux qui sortiraient du cadre et puis... et puis... j’ai appris à me faire confiance. À tout gérer sur place, sur pièce, en force tranquille: donner et guider les autres vers ce que je veux . Et puis est apparu aussi mon goût pour la frustration et l’humiliation, et puis aussi pour l’auto exploration, et puis... et puis..
—Jalouse
Tout à commencé dans l’ascension d’une montagne à vélo, c’était à nos tout débuts, et j’étais au téléphone avec elle.
Elle me demanda ce que j’avais comme fantasmes. Et ma réponse fut de l’ordre : « vous me demandez une chose compliquée. » et ça l’est toujours... 3 ans après.
À ça ! des fantasmes j’en manque pas, les dérivées qui en découlent, une imagination débordante et en plus une perversité assez spontanée qui motive de nouvelles idées qui me donnent envie d’explorer... etc etc etc.. c’est une sorte de maelström auto alimenté duquel je peux prendre sans lasse des motivations.. mais comment sortir de cette boîte opaque ce que j’ai construit seul pendant des années de frustrations, de mutisme et d’obstination fétichiste?
Je ne comprenais alors pas toute la dimension D/s, j’en comprenais les lignes , les grands axes, et ce qu’il fallait moduler avec implication. À sa question je répondais par ce qui me semblait le plus simplement accessible, m’ouvrant à moi même: la pluralité féminine... (il paraît que toutes les femmes sont des bi qui s’ignorent, nous a affirmé un Dominant de PACA, je pense plutôt que le cosme testostéroné dans lequel les hommes baignent a la même saveur qu’un tour de periph’ à l’heure de pointe..)
Elle a dit : « ça va être compliqué.. »
Je ne comprenais pas pourquoi.
Aujourd’hui je sais pourquoi.
Je lui disais mon envie en pleine ascension, au sens propre comme au figuré. Depuis elle taraude pour trouver une solution à ça. Impensable, inconciliable. C’était hier, et j’étais jeune et insouciant dans LinsoumisÔlogie, je ne me rendais pas compte que je lâchais une bombe dans son référentiel de soumission basé sur l’exclusivité, dont l’exclusivité sexuelle.
J’ai beaucoup appris depuis, d’elle, de nous, et puis de moi.
Mais contrairement à ce qu’elle peut dire, ne l’écoutez pas trop non plus, exclusif je le suis..
J’ai appris dans la vie, que posséder jalousement c’était écarter l’objet de son utilisation, ou ne le cantonner qu’à son rôle théorique . Et plus l’objet est rare et précieux , au plus il y a de risque à le perdre, le casser, l’abîmer en l’utilisant normalement. Pour autant faut-il le garder sous cloche au point de dénaturer son utilisation?
Aussi j’utilise mon Objet en cette perspective, en ce but.
A mon sens, et dans une relation non basée sur des besoins d’humiliation bien sûr, la mise à disposition de l’objet en restant dans le lien a l’objet , afin de donner du sens aux/à la chose(s), se doit d’être l’intention principale. Cela fonctionne donc que l’on soit Dominant et soumis. Même si certaines subtilités sont directement liées au genre, comme les côtés « actif » et pénétrant de la sexualité d’un homme dominant, à l’encontre de la femme qui reçoit de manière plus « passive » en soumission.
Mais le lien a cette densité propre si forte qu’il « permet » au travers du sens que l’on peut y mettre d’utiliser l’objet dans sa fonction.
Parce qu’elle est ma soumise, je peux la mettre à disposition en tant que mon objet sexuel. Et elle peut me partager en tant que son objet sexuel. L’axe de vue fantasmatique est le même, les mécanismes sont les mêmes. Et c’est parceque l’on possède bien l’objet que l’on peut en disposer, en toute exclusivité, même dans cette forme de « partage ». Évidemment il est hors de question de risquer le lien pour une quelconque conquête sexuelle d’un(e) tiers. Priorité à l’alter-ego, au lien et au couple avant de penser à une envie individuelle excluant l’autre. L’intérêt d’un quelconque partage existe , en ce sens, que si les deux sont bien en lien étroit pendant la relation à la tierce personne (lien d’intentions et de partage), qui elle (la tierce personne), devient alors l’objet d’un jeu du couple, qu’elle soit active ou passive, et en ça c’est très D/s je trouve. Alors l’exclusivité du lien à l’autre permet d’inclure des actes de toutes natures tant qu’ils n’ébranlent pas justement l’autre. L’exclusivité du lien immatériel devient extrêmement puissant ainsi et cultivant la liberté, se cultivent alors les chaînes d’exclusivité vers celui(celle) par lequel c’est possible.
Par contre autant la partie sexuelle est envisageable (car dénaturée de sentiments et d’affect profond), autant tout ce qui est lié à l’affect m’est compliqué, voir impossible. Je suis exclusif en tous gestes qui témoignent de l’intention (l’attention reste à part dans le sens où ma sensibilité reste attentive aux respect des règles et limites (attention différant d’intention)), de la tendresse donc au sens large de l’amour, des formes de compassion, d’altruisme (même si le plaisir juste de l’autre (tiers) doit exister, il est soumis en priorité à la volonté du couple). (*)
Alors,ce qui est très étonnant c’est que le don du tiers m’est «indifférent » émotionnellement, même si je peux reconnaître le don; seul le don de ma Soumise m’importe émotionnellement, car je m’y sens connecté. Le tiers est vraiment Objet homme ou femme. (Et à la question : « oui mais quelle différence entre l’objet qu’est la soumise et l’objet qu’est un(e) tiers? » et bien la différence fondamentale cents justement la possessivité ! Je possède ma soumise et l’objet qu’elle est en fait une chose Unique à laquelle je suis profondément associé tant physiquement (fantasmes, fétichisme, ergonomie, sens) que métaphysiquement (fantasmes, fétichismes, émotions, expressivité, communication, etc..); alors que les tiers ne sont que des objets communs (Res Communis), donc « utiles mais d’aucune valeur affective ». (Attention je parles de la valeur fantasmatique et de lien; le respect est toujours de rigueur et est une valeur fondamentale). Aussi l’objet (tiers) se doit de ne pas attirer mon attention il doit être dans un certain esthétisme afin de ne pas me sortir de la dimension fantasmatique que je cherche à vivre avec ma Soumise.
(*) modulation en date du 5/8/19 , une expérience HHF avec un ex de ma Soumise m’a confronté à un passé pre-existant à moi. Elle avait les yeux bandés pour diverses raisons et elle a fini par comprendre que c’était lui. Son comportement a changé, et d’avantage d’échange et de proximité se sont effectués. Après réflexions je suis prêt à explorer une certaine dimension « affective » et « intentionnelle » de ma Soumise, si elle motive l’autre à bander plus dur. Mais je pense que c’est un cas isolé me permettant d’explorer les limites de ma limite. Et puis comme dit ma Soum: je leur donne mon corps à travers vous, je pense que c’est déjà bien assez!
—En conclusion:
Le D/s est le mariage de deux individus qui au travers du Lien entre eux explorent les dimensions fantasmatiques de l’un et/ou de l’autre. Lâcher prise en pure altérité est d’une grande complexité émotionnelle, je prône d’avantage un accompagnement de l’un vers l’autre (et réciproquement ) au mieux que l’on peut et dans l’attention permanent du respect de l’autre, sans oublier bien entendu, le respect de soi-même.
Être seul est bien plus simple qu’avancer à deux, mais bien moins riche, car je pense que le partage profond reste la dimension principale du couple. Après on fait comme on peut. Et il n’y a pas de honte à ne pas réussir. L’important étant le chemin que l’on partage et que l’on fait ensemble.
Je suis très heureux de ce que je vis avec ma Soum.
Si c’était à refaire: je ferais la même chose, dans le respect d’elle, de Nous, de moi.
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