Lady Spencer
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Publié le 30/09/2020 : JIM (Journal International de Médecine)
"Un million de morts : faut-il relativiser ?
Paris, le mercredi 30 septembre – La pandémie de Covid-19 a atteint la barre symbolique du million de mort au début de la semaine. Un chiffre terrifiant dans l’absolu, mais qu’il convient sans doute de relativiser.
Le 9 janvier 2020, les autorités chinoises annonçaient pour la première fois la mort d’un homme victime de la Covid-19 à Wuhan. Un peu moins de 9 mois plus tard, la pandémie qui a bouleversé la vie de presque toute l’humanité a tué plus d’un million de personnes. A eux seuls, les Etats-Unis, le Brésil, l’Inde et le Mexique, les quatre pays les plus endeuillés, représentent plus de 50 % des victimes tuées par cette pandémie.
Le chiffre d’un million de morts fait évidemment froid dans le dos et nous rappelle les bilans meurtriers des pires guerres ou dictatures du XXème siècle. Aux Etats-Unis, où 210 000 personnes ont perdu la vie, les médias américains ont d’ailleurs pris l’habitude de comparer ce bilan à celui des guerres américaines. La Covid a ainsi tué trois plus d’Américains que la guerre du Vietnam. Des comparaisons pas toujours heureuses, tant guerre et épidémie sont des évènements bien différents aux causes et aux conséquences totalement étrangères.
Mais ces comparaisons ont au moins le mérite de nous montrer une chose : donner le bilan de l’épidémie en valeur absolue n’a aucun sens, il faut le relativiser en le confrontant à d’autres chiffres. Un travail réalisé dernièrement par les journalistes de France Info et qui nous permet de nous rendre compte que, bien qu’elle constitue un évènement indiscutablement tragique, la pandémie actuelle n’est pas la catastrophe sans précédent que certains décrivent.
200 fois moins meurtrière que la grippe espagnole
Par apport aux pandémies précédentes, la Covid a fait, en valeur absolue, autant de victimes que les épidémies de grippes asiatiques de 1956-1957 et 1968-1969, avec cependant à l’époque une population mondiale largement inférieur (entre 2,5 et 3 milliards d’habitants à l’époque). Surtout, la Covid est largement moins meurtrière que la fameuse épidémie de grippe espagnole de 1918, qui aurait couté la vie à 50 millions de personnes sur une population mondiale de 1,8 milliards d’habitants. Toute chose égale par ailleurs, la grippe de 1918 était donc 200 fois plus meurtrière que la Covid.
Même comparée aux causes de mortalité actuelle, la Covid n’est pas l'apocalypse que certains décrivent. Toujours selon les données colligées par France Info, le coronavirus a tué plus d’êtres humains en 2020 que le SIDA mais largement moins que les hépatites ou la tuberculose.
Par apport aux autres causes de mortalité générale, la Covid est « bien placé » si l’on peut dire mais est loin d’être la cause de mort la plus importante. Elle a ainsi tué largement moins que les cancers (9 millions de mort par an) ou même que les accidents de la route (1,3 millions de morts).
4 millions d’enfants de moins de 5 ans décédés (hors Covid)
Doit également être gardé à l’esprit que la Covid tue dans l’immense majorité des personnes relativement âgés (90 % des personnes décédés ont plus de 65 ans) contrairement à d’autres causes de mortalité, qui s’attaquent à des personnes jeunes voir très jeunes. Ainsi, 4 millions d’enfants de moins de 5 ans sont morts depuis le début de l’année dans le monde, dont beaucoup ont été emportés par des causes de mortalité inexistantes en Occident (et donc a priori évitables), comme le paludisme, les infections respiratoires, les diarrhées ou la faim.
Si l’on regarde plus précisément le bilan français, la comparaison des chiffres permet également de relativiser. Si la Covid était semble-t-il la première cause de mortalité au printemps, au cours duquel elle a tué 30 000 personnes en moins de 3 mois, sur l’ensemble de l’année la pandémie a tué légèrement moins d’individus que le diabète et les accidents cardio-vasculaires et largement moins que le cancer, de loin la première cause de mortalité en France. Des chiffres qu’il faut toutefois prendre avec précaution, les différentes causes de mortalité pouvant se chevaucher en cas de comorbidité.
Combien de morts par accidents de trottinette ?
Loin de nous l’idée de vouloir minimiser l’importance de cette épidémie et les souffrances qu’elle a fait endurer à des millions de personnes à travers le monde et ce d’autant plus qu’au-delà des morts, de nombreux patients risquent de conserver des séquelles de la maladie durant une longue période. L’épidémie actuelle est indéniablement un évènement grave qui, quoi qu’il arrive, aura tué bien plus d’individus que les accidents de trottinette, pour reprendre les mots d’un célèbre infectiologue marseillais.
Mais il est toujours important d’aller au-delà de l’émotion suscitée par un chiffre brut et de relativiser la gravité d’un phénomène, dans un monde où plus de 100 personnes décèdent chaque minute. Aussi grave soit-elle, la pandémie actuelle n’est pas l’évènement le plus tragique du siècle et peut être même pas, estimeront certains, le plus tragique de l’année 2020."
Quentin Haroche
Je copie cet article ici, juste pour essayer de recadrer les infos que tout le monde reçoit par les médias actuels, qui ne "jouent" que sur les chiffres sans en expliquer ni les sources ni les conséquences. Encore moins la véracité.
En faisant intervenir des experts dont on ne savait même pas qu'ils existaient.
On peut tout faire dire aux chiffres lorsque l'on veut transmettre la peur, beaucoup plus contagieuse que les pathologies finalement.
Je ne cherche pas à minimiser cette pandémie, mais je tente à mon niveau de replacer de vraies infos pour que nous puissions réfléchir hors réactions primaires affectives et émotionnelles, qui sont normales lorsque l'on a un membre de sa famille décédé de cette maladie.
Je reste solidaire avec mes collègues qui souffrent terriblement de leurs conditions de vie et de travail, (30 000 IDES ont démissionné depuis Mars 2020 et lorsque les ARS décident de faire bosser les personnels malades, de supprimer les congés, et de fermer encore et encore des lits, c'est aller vers des conditions de travail de plus en plus difficiles pour les patients et pour les soignants), je suis inquiète pour les personnes à risques bien-sûr et triste pour les familles endeuillées.
Mais relevons la tète, cherchons les "bonnes infos", ne cédons pas à cette panique masquée et n'acceptons pas d'être menés à tout gober.
OK, tout cela n'est pas BDSM, sauf que ....la vie est sacrément compliquée et donc, notre vie bdsm aussi .
3 personnes aiment ça.
Merci Chère Lady pour ce rappel salutaire.
Je crois pour ma part que tout le monde, y compris ceux qui nous gouvernent (ce qui est grave) est perdu, pris entre des injonctions/impératifs contradictoires, et victime, dans le cas de ce qui se passe à l'hôpital, d'une politique purement budgétaire qui dure depuis trop longtemps.
Le moment, peut-être, de se poser la question des véritables priorités pour essayer de (re)construire une autre société.
Et de remettre l'homme (non genré !) au centre de nos préoccupations.
Pas gagné, loin s'en faut.
Je ne suis pas naïve.
Mais cela dépend aussi de nous.
De chacun de nous. A la mesure des moyens dont il dispose.
Sinon, et pour ce qui est des chiffres, que vous remettez fort justement en perspective, il est une citation (aprocryphe), attribuée à tort à Churchill que j'aime bien : "je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées".
Bien à vous
4 personnes aiment ça.
Pierre Louis
#2
Lady.
Merci pour cet article qui rappelle quelque chose de tellement évident qu'il ne faut pas cesser de rappeler : un chiffre en valeur absolue n'a pas de valeur ! Il faut le ramener à autre chose (autrement dit faire un ratio ... un quotient ...), le choix du diviseur n'est évidemment pas neutre et manipulable à loisir ... Même chose dans un sondage : X % de la population pense que ... Oui ? Mais quelle est la marge d'erreur ? (personne ne la publie, elle est pourtant importante ... à 1%, 5, 10 ... 20% ... ce n'est plus la même musique).
Lady / FFE.
La covid arrive dans une société hyper connectée, fait nouveau dans une pandémie, et lui pose des questions structurelles qui prennent l'allure de grand écart sur lesquelles tout le mode s'agite sans jamais répondre :
- Peut on accepter qu'une partie fragile de la société meurt au profit de la (sacro sainte) croissance économique, du pacte intergénérationnel ou de la simple convivialité ?
- Doit on mettre son mouchoir sur cette croissance (la formation des jeunes, leur entré sur le monde du travail) et sur l'aspect "social" de notre espèce pour ne pas mettre en danger la partie "fragile" de la population la plus sensible au virus ?
L'application du principe de précaution nous entraine vers la seconde solution. La moins pire ?
D'autant que personne n'a eu son mot à dire. Personne n'a pu se déterminer en fonction du risque qu'il voulait prendre, lui même (et de fait, faire courir aux autres).
Non seulement on nous gave de chiffres qui n'ont pas de sens, mais on nous prends pour des incapables (au sens juridique du terme). L'idée émerge cependant que nous sommes adultes, raisonnables, responsables (pour la majeur partie d’entre nous) et qu'il nous appartient, à nous, de nous déterminer sur des sujets qui nous regardent à tire individuel et collectif ... c'est salutaire, mais clivant. Quel pouvoir serait prêt à accepter ce genre de défi sociétal à 1 an des élections présidentielles ?
Soyez la première personne à aimer.