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Aphy
#18
C'est un sujet qui forcément divise et crée des tensions. C'est normal et quelque part tant mieux. C'est qu'on est pas encore prêt à accepter que ça arrive. C'est qu on est en colère contre ses agissements et heureusement.
J'ai pu déposer plainte pour viol 19 ans après les faits. Classé sans suite. Mais le plus important c'est cette plainte, la façon dont elle a été accueilli. Et là je dois dire merci aux gendarmes pour leur professionnalisme.
Ce n'est pas ma mère à l'époque où c'est arrivé, ni ma psy 10 ans plus tard, ni mon mari quasi 20 ans plus tard qui ont pu ou voulu m'accompagner dans ma reconstruction. Au contraire quelle maladresse, mais je ne peux leur en vouloir, ils n'étaient pas formé. Aujourd'hui ça reste encore tabou. Les proches soulèvent le tapis pour qu'on planque la déposition dessous. Trop de détails, de réalité qui ne peuvent être lu ou entendu, surtout quand cela concerne un mineur. On n'est pas préparé.
Les seuls qui m'ont accompagné se sont ces 3 gendarmes. Qui m ont écoutés, ont pris le temps patiemment de me laisser sanglotter quand la gorge se serrait et ne voulait pas vomir les détails. Ceux qui ont balayé les petits bouts de mouchoirs minuscules que j ai déchiqueté avec mes ongles pour me calmer. Ceux qui ne m'ont pas fair répéter les détails, ceux qui m'ont traité avec la "présomption de victime".
Classé sans suite, pas de procès. Quand le délais de prescription a été rallongé à 30 ans quelques mois plus tard, j'ai reçu le courrier m 'indiquant que je pouvais réouvrir le dossier. Je n'ai pas voulu. C'était mon choix.
Je me doutais bien que ça allait être compliqué de le retrouver et que je sois reconnu juridiquement comme victime.
Et j'avais déjà eu cette "présomption de victime" de par ces gendarmes et ça m'a suffit pour commencer à cicatricer.
Leur attitude, cette déposition. J'avais pas rêvé , c'était écrit maintenant, y a une trace et ils m'ont vu comme victime. C'est reconnu. Et je me le suis enfin reconnu, posé des mots dessus. Cette bouffée d'oxygène.
C'est à eux que je dis Merci.
D'ailleurs je devrais prendre ma plume et leur écrire pour de bon. Pour une fois ils auraient un courrier positif.
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