Méridienne d'un soir
par le 29/04/23
544 vues

La jeune femme en voulait à son mari qu'il n'eût pas su trouver en lui cette virilité sûre qui n'affleurait toujours pas dans ses gestes d'homme trop vert. Elle le sentait incapable d'encaisser le choc des initiatives érotiques déroutantes qui lui laisseraient à elle la divine possibilité de ne se maîtriser plus du tout, de libérer tout à fait ses instincts. Pour cela, il lui fallait un Maître, éperdument masculin et viril, pas un gringalet terrifié à l'idée de goûter à une telle liberté. Elle avait des fantasmes profonds et prégnants de soumission, et non un mince reliquat d'attention sexuelle. Elle se rendit dans sa chambre et mit une rage tatillonne à ordonner le contenu de ses placards. Elle replia chacun de ses chemisiers, dépensa un soin extrême à trier ses paires de bas, rebâtit au cordeau ses piles de culottes, usa sa maniaquerie jusqu'à ce qu'elle eût contenté son besoin d'ordre. Charlotte ouvrit le tiroir où s'entassaient pêle-mêle ses sous-vêtements. Tout au fond, planquée sous des dizaines de strings et de soutiens-gorge, il y avait une enveloppe de papier kraft. Elle s'assura d'un rapide coup d'œil que son mari était bien vissé devant son écran avant de l'ouvrir. Sur le premier cliché, elle posait nue, debout devant sa coiffeuse, les chevilles liées au pieds du meuble. Des cordelettes enroulées autour de ses cuisses et fixées aux poignets des tiroirs l'obligeaient à maintenir les jambes très écartées et légèrement pliées. Elle avait les bras relevés au-dessus de la tête mais on n'apercevait pas ses mains que Xavier avait croisées, ligotées ensemble, et qu'un bracelet fixé autour du cou lui maintenait derrière la nuque. Une corde longue et épaisse, passée autour du torse, juste au-dessus de ses seins, et tendue jusqu'à la base du miroir la contraignait à se tenir très cambrée. C'était une position difficile à soutenir, indécente à l'extrême avec ce ventre lisse jeté en avant comme une figure de proue. Pourtant, elle souriait, les yeux mi-clos. Le second cliché était identique au précédent, à ceci près que Xavier était présent sur la photo. De lui, on ne distinguait que son torse, un peu de son dos, l'amorce de ses fesses et surtout, son sexe tendu, se pressant contre celui de Charlotte qui, cette fois, levait le menton au ciel et semblait inondée de plaisir.

 

Plus le temps passait, plus l'homme était atteint au cœur par cette confession sévère qui le giflait, le disqualifiait presque. L'air humide se chargeait autour de lui d'un lymphatisme exténuant, épaissi de l'écho de ces reproches. Mais si sa femme ressentait des désirs de plus en plus attractifs de soumission, comment son mari réagirait s'il tombait un jour dessus. Quant à la tête de sa mère, si elle la surprenait un jour dans une telle situation, elle ne pouvait même pas l'imaginer. Chaque fois qu'elle envisageait cette éventualité, un frisson la parcourait toute entière. Xavier et elle prenaient des risques insensés. Ils étaient tous les deux fous. Xavier élaborait des liens si complexes qu'il fallait beaucoup de temps ensuite pour la libérer. Si, comme elle avait l'habitude de le faire, sa mère débarquait à l'improviste en plein milieu d'une de leurs séances, il leur serait difficile de lui faire croire à une simple visite de courtoisie. Quelle honte si elle la découvrait ainsi, intégralement nue, ligotée et bâillonnée. Mais quel plaisir étrange à seulement envisager que cela puisse arriver. Charlotte y pensait souvent tandis qu'elle éprouvait l'étroitesse des liens tout autour de son corps et cela ne faisait qu'accroître son excitation. Peut-être rêvait-elle alors que la porte s'ouvre tout à coup sur le visage sévère, qu'elle le voit s'allonger de stupéfaction et qu'elle réussisse à lui sourire. Enfin, tout serait dit. Sur le troisième cliché, elle était assise à l'envers sur un fauteuil, les cuisses sur les accoudoirs, la poitrine écrasée contre le dossier, les bras pendant de l'autre côté. Ficelles, cordes, lacets, sangles, lanières, tout un entrelacs de liens étroits la pétrifiait dans son attitude. Elle aimait bien cette photographie parce que l'ombre noyait de nombreux détails, ne laissant à la lumière que son dos courbé, le galbe d'une cuisse et l'arrondi de ses fesses. Elle se souvenait de ce soir-là. La neige était tombée en abondance et ouatait tous les bruits de la rue. L'appartement n'avait jamais été aussi calme.

 

Il commençait à éprouver toute l'insupportable tristesse qui accaparait sa femme, elle témoignait en termes exaspérés que lorsqu'il rectifiait la réalité pour la colorer plus vivement, elle se sentait appartenir elle aussi à cette foutue réalité en demi-teintes qu'il regardait comme insuffisante; et comment un découragement immense, drastique, la mordait chaque fois. Xavier avait pris tout son temps. Il était allé chercher une bouteille de champagne chez lui, s'était assis sur un tabouret face à Charlotte et l'avait aidée à boire, portant alternativement la coupe de ses lèvres aux siennes. Elle avait adoré qu'il s'occupe d'elle de cette façon. Ils avaient parlé longtemps. Elle lui racontait sa vie avec son mari, sa crainte de sa mère, ses rêves d'évasion. Peu à peu, Xavier s'était arrangé pour orienter la conversation sur le sujet qu'il voulait aborder. "- C'est quoi les fantasmes d'une fille comme toi ? lui avait-il demandé avec son sourire le plus doux. Elle avait pouffé de rire d'une façon un peu stupide. "-Des fantasmes ? Je n'ai pas de fantasmes." "- Allons, allons ... avait-il insisté. Ne va pas me faire croire cela. Ose donc prétendre que certains soirs, ton esprit ne s'en va pas vagabonder sur des territoires interdits ... Ose donc essayer me faire croire que tes doigts distraits jamais ne s'égarent sur ton ventre ... Par exemple, en t'imaginant au lit avec une de tes amies ... - Faire ça avec une femme, ça ne m'est jamais venu à l'esprit, mentit-elle cependant. - C'est bien vous, les mecs, qui entretenez ce désir de voir des filles ensemble ! Comme si nous ne rêvions toutes que de cela ! Tu l'as déjà fait avec un garçon, toi, peut-être ?" La coupe au bord des lèvres, Xavier attendait la suite avec intérêt mais voyait que Charlotte hésitait. Des dizaines de fois comme ce jour-là, elle lui avait permis de contempler sa plus intégrale nudité. Il manipulait son corps, comme on s'amuse avec un jouet et pourtant, capable de se livrer physiquement à lui de la façon la plus osée qui soit, mais elle éprouvait encore des réticences à lui ouvrir toutes grandes les portes de sa libido la plus intime. "- Parfois, je pense à des situations dingues ... amorça-t-elle. Au milieu de la salle, il y a une sorte de podium circulaire couronné d'anneaux d'acier ... Tu m'y fais monter et tu me passes des bracelets aux poignets. Tu me passes aussi des bracelets de cuir aux chevilles avec une chaînette, des cadenas et me voilà clouée à l'estrade, les jambes ouvertes. Dans le plafond, on a aussi rivé des anneaux auxquels tu m'attaches. Je dois me tenir courbée, tant le plafond est bas. Il y a des mains épaisses qui s'approchent de mon corps.

 

M'ayant entraînée dans la chambre, il me force à m'allonger sur le ventre, les bras et les jambes, attachés en position d'écartèlement extrême aux montants du lit. Après m'avoir muselé fermement à l'aide d'un baillon-bouche, il commence à me caresser. Il s'empare d'un martinet et  me travaille le corps en l'échauffant lentement, alternant les caresses des lanières avec des coups cruels et violents. Plus il frappe fort, plus je m'offre. J'ai les lèvres brûlantes et la bouche sèche, la salive me manque, une angoisse de peur et de désir me serrent la gorge. Elles me palpent comme on évalue la santé d'une pièce de bétail. Elles malaxent mes seins à travers ma robe. Elles claquent sur mes fesses. Elles me fouillent le ventre. Mon corps subit les pires injures. les fines bretelles de ma robe ne résistent pas longtemps. Me voilà déjà presque nue, offerte en pâture à leur désir brutal. Je ne sais combien de mains me touchent. Elles s'acharnent sur moi impitoyablement. Elles choisissent les points les plus sensibles. Elles me tordent les pointes de mes seins, elles écartent mes fesses comme si elles voulaient les séparer l'une de l'autre, elles s'agrippent comme des griffes à mes hanches. Ma culotte est en lambeaux. Je sens mon sexe forcé par ces mains avides dont j'ignore tout, hormis leur brutalité. C'est l'orgie ... Je suis leur veau d'or. Un corps massif se frotte contre le mien. Sa sueur me colle à la peau. Un sexe raide, large comme un poignet, tâtonne entre mes fesses, cherche l'entrée, s'y engouffre férocement, sans ménagement. Je pousse un cri de douleur. Je parviens presque à oublier cette queue sauvage qui me défonce les reins, ces mains qui toujours m'assaillent, ces doigts qui maintenant me fouillent de l'autre côté. Un d'abord, puis deux, puis trois. Mon anneau anal est dilaté à l'extrême. On l'enduit d'un liquide gras et tiède. L'instant d'après, quelque chose de dur et de froid s'enfonce puissamment dans mes entrailles en élargissant l'étroit passage. Chaque fois que le sexe de l'homme plonge dans mon ventre et cogne contre ce truc, j'en éprouve une douleur effroyable. J'ai l'impression que je vais exploser sous les coups de cette double pénétration. Je halète. Je suffoque. Je me mords les lèvres. Ils y sont tous passés, par devant et par derrière. Je sens les ruisseaux de sperme dont ils m'ont éclaboussée me couler le long des cuisses. Des mains à peine moins agressives que les autres, des mains de femmes sans doute l'étalent sur les fesses, le ventre, les seins et même le visage. Elles ne veulent pas être en reste. Elles prennent part à la fête, elles aussi. Jalouses, elles m'enduisent le corps tout entier de la semence de leurs mâles, prenant bien soin de me griffer les flancs, des aisselles jusqu'aux cuisses. Charlotte s'éveilla de son rêve. Xavier ne souriait plus du tout. "- Hé, c'est toi qui as voulu que je te raconte mon pire fantasme ! " Xavier n'avait pas répondu. Il lui avait fait l'amour sans enthousiasme et l'avait quittée peu après, l'air préoccupé, sans avoir oublié toutefois de la ligoter auparavant.

 

Bonne lecture à toutes et à tous.

 

Méridienne d'un soir.

Thèmes: littérature
12 personnes aiment ça.
bitoul
Chère Amie, cette idée lancinante d'être livrée à des inconnus qui utilisent sans vergogne bouche, sexe et surtout anus revient de façon prégnante dans vos récits. A son tour mon imagination prend le relais, je ne sais plus quelle place occuper, celle du fouilleur ou de la personne fouillée... Les idées plaisantes se succèdent délivrant des plaisirs oniriques que seule la lecture procure 😈😇. Merci pour vos écrits inspirants...
J'aime 29/04/23
Méridienne d'un soir
Cher ami, en ce qui me concerne, j'aime alterner les rôles pour rompre la monotonie des séances, là est le secret de la volupté de ma jouissance. 1f60e.png1f607.png. Un agréable week-end à vous.
J'aime 29/04/23
Méridienne d'un soir
Le modèle est en effet saisissant de réalité dans sa beauté et son abandon, Plaisirs des Sens. 1f607.png
J'aime 29/04/23
encore un beau fantasme ..................c'est le printemps..tout explose..et le rêve par les mots devient 'réalité'
J'aime 29/04/23
Méridienne d'un soir
Bonjour et merci pour votre commentaire, un bon week-end à vous. 1f607.png
J'aime 29/04/23
Méridienne d'un soir
Bonjour et merci beaucoup pour votre commentaire, Chrislanuit. 1f607.png
J'aime 29/04/23
archivinae
Et pourquoi serais ce seulement un fantasme ? l'écriture nécessite une large part de réalité et surtout quant on décris les ressentis intimes ....A chacun sa muse , n'est ce pas méridienne ....?
J'aime 30/04/23
Méridienne d'un soir
Tout à fait, , un bon dimanche à vous. 1f607.png
J'aime 30/04/23