Méridienne d'un soir
par le 02/05/23
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Je suis assise sur le muret du jardin, jambes nues pendantes. Tout à l'heure il m'y a hissée en me soulevant par les aisselles et m'a dit de rester là, de l'attendre. Attends-moi là, a-t-il dit, ne bouge pas, je reviens. Je voudrais m'en aller, je pourrais le faire, je l'ai vu gravir le chemin qui monte vers sa maison, j'aurais le temps. Mais j'ai peur qu'il ne soit pas content, qu'il se fâche. Et puis, est-ce que je suis obligée d'attendre ? Alors j'ai pris une grande résolution, le quitter et changer d'air. J'étais déjà sur la route qui va vers le bois, pas question de revenir en arrière, l'ombre était fraîche et agréable sous les arbres. Pour mes deux semaines de vacances annuelles, j'ai eu l'idée de louer le chalet voisin de la propriété d'un couple d'amis. Au menu, balade en forêt, baignade dans le lac et festins de roi sur le barbecue. Xavier et Juliette ont acheté leur maison deux ans plus tôt, après avoir eu le coup de foudre pour les lieux. Puis, au printemps, voyant que le pavillon en bois attenant était mis en location, ils ont suggéré que je vienne y passer mes congés. J'ai trouvé l'idée géniale. Au bout d'une centaine de mètres à marcher dans les prés et les broussailles, je débouche sur leur propriété. Je repère Xavier qui est occupé à couper du bois pour alimenter le feu du souper et je prends quelques instants pour le regarder. La sueur ruisselant sur son torse nu lui prête un air sensuel et viril, voire érotique. Ses pectoraux naturellement bombés et son ventre plat luisent sous le soleil de midi. Son short découvre ses jambes musclées. Ses yeux bleus sont comme deux sondes intimidantes. Avec un large sourire, il me dit bonjour et m'indique que Juliette est sur le quai. Au moment où il se penche pour ramasser une bûche, les muscles de son dos roulent sous sa peau cuivrée. Mon amie est effectivement étendue sur le dos, tout au bout du quai de bois. Ses genoux sont pliés et ses pieds trempent dans les eaux tranquilles du lac. Elle est tout en splendeur dans ce diminutif bikini émeraude parfaitement agencé à ses yeux saisissants. Comme le quai flottant se met à tanguer sous mes pas, Juliette ouvre les yeux et les couvre de sa main en visière. Son corps est également couvert de sueur. - Bonjour Charlotte, viens un peu par ici. Elle s'assied en s'appuyant sur ses mains. Malgré tous les bains de soleil qu'elle peut s'offrir, le teint de Juliette demeure toujours laiteux, ce qui ajoute à son charme. Sous les rayons ardents, ses boucles rousses ressemblent à des flammes ourlées léchant ses joues, sa nuque et son front. Le haut de son bikini, à l'utilité purement symbolique, recouvre sa poitrine si plate qu'on pourrait penser qu'elle a oublié de se développer. Mais étrangement, cette absence de seins nourrit une fascination commune à tous ceux qui la côtoient. Sans aucun doute, son coté androgyne attire autant les femmes que les hommes. Juliette lève vers moi son menton décidé, ses yeux turquoise hallucinants au-dessus de longs cils courbés. En plus de faire du journalisme, elle décroche régulièrement des contrats de figuration ou de photos par l'entremise d'une agence de mannequin. Véritable tourbillon, elle argue ne pas avoir de temps nécessaire pour avoir des enfants. Elle se lève et me serre dans ses bras. Je me sens fondre par sa marque d'affection. Je retire mon short et mon t-shirt, sous lequel mon bikini plus conservateur que celui révélateur de mon amie épouse mes formes plus épanouies. Je plonge dans le lac. L'eau fraîche a pour effet de me revigorer.

 

J'avais compris comment ne pas rompre le fil, je respectais, mais avec une pointe de regret les temps morts, les silences sépulcraux. Juliette me rejoint, ses cheveux de feu plaqués sur son crâne, ses yeux très brillants sous le soleil. Xavier nous appelle du quai en agitant des verres et un appareil photo. La sueur coule sur ses tempes, ses bras et son ventre. Juliette nage devant moi et se hisse sur le quai à la force de ses bras. La vue de son corps splendide, ruisselant d'eau, me soutire un autre pincement au cœur, le signe avant-coureur d'un désir refoulé. Xavier nous verse à chacune un verre de sangria et après avoir posé l'appareil photo sur une roche, il se hâte de me coincer entre Juliette et lui pour la pose. Ils m'enlacent tous deux affectueusement et je réprime un frisson au contact de leurs mains sur mes hanches. Le soir venu, les homards, cuits sur le feu, accompagnés d'un grand cru de Bordeaux étaient succulents, nous sommes maintenant étendus sur une grande couverture à contempler une pluie d'étoiles. Xavier me tend un flacon d'insecticide pour calmer des piqures de moustiques voraces. Juliette se charge de me l'étendre sur mes cuisses et mon dos. Tout en me l'appliquant, elle m'observe attentivement jusqu'à ce que l'atmosphère soudain chargée d'une tension à couper au couteau se détende dans une prévisible et languissante sensualité commune. Juliette sourit. Elle ouvre la bouche, se ravise et la referme, les yeux malicieux. Elle n'a pas l'habitude de tous ces mystères, la fatigue me tombe dessus comme une chape de plomb. La nuit semble se montrer complice de mes deux amis mais je ne rêve que d'une douche et d'un sommeil réparateur dans mon chalet. J'ai juste un petit bois à traverser. Xavier insiste pour me raccompagner. Je le tiens par la main sur le sentier obscur. Au fond de moi, je suis heureuse qu'il soit venu, le bois a quelque chose d'effrayant dans la noirceur. Les bandes fluorescentes nous guident sans encombre jusqu'à chez moi. Sur le perron, il m'embrasse sur les joues, près de la commissure de mes lèvres. Son torse effleure mes seins, sous le tissu du bikini. S'il n'avait pas été le mari de mon amie, je l'aurais sans doute invité à entrer. Mes mamelons pointent férocement quand j'enlève mon maillot. Son contact m'a excitée comme je ne l'avais pas été depuis longtemps. En soupirant, j'ouvre toutes les fenêtres du rez-de-chaussée et à l'étage avant de prendre une longue douche, je m'étends nue sur le lit sans le défaire. Il règne une chaleur suffocante qui m'empêche de dormir. Des voix s'élèvent du lac en contrebas, s'immiscent dans ma chambre. Je reconnais le timbre de la voix de Juliette à travers le clapotis de l'eau du lac.

 

J'apprenais vite, le discours amoureux, ses codes, sa grammaire n'auraient bientôt plus de secrets pour moi, j'ai toujours été douée pour les instants sensuels. Entre deux moments de grâce, j'avais appris à juguler mon angoisse, à me reposer sur mes souvenirs: la joie n'est jamais perdue pour toujours. Malgré l'heure tardive, ils ont décidé de se baigner. Je descends au rez-de-chaussée. Où ai-je-mis mon maillot ? J'allume la lumière et du lac provient la voix cristalline de mon amie. - Charlotte, allez, viens te baigner avec nous. - Attendez, il faut que je trouve mon maillot. - Oublie ton maillot, tu n'en as pas besoin, nous sommes nus tous les deux. J'éteins la lumière et je cours jusqu'au lac, dans lequel je plonge nue. Mes amis nagent à proximité. Je les rejoins, l'eau fraîche est saisissante. Je retrouve Xavier, mais je recherche Juliette. Elle fait brusquement surface tout contre moi, ses petits seins glissent sur les miens, nos mamelons durcis par le contact de l'eau se frottent ensemble. Sous l'eau, je pose mes mains sur ses hanches, puis sur ses reins, juste à la naissance de ses fesses. Juliette pose ses lèvres sur les miennes. Mes mains sont désormais sur ses fesses, mes pouces logés dans le sillon qui les sépare. Les siennes descendent sur mes seins, ses doigts s'accrochent à leurs pointes. Toutefois, soudainement saisie de culpabilité et d'une peur bleue, brisant le charme de notre étreinte, je m'éloigne à la nage, les joues en feu. Une fois atteint le rivage, je me retourne vers mes amis, qui sont restés au large. Je les entends rire et s'éclabousser. Je rentre rapidement, à la fois embarrassée et soulagée de ma décision. La tête enfouie dans l'oreiller, je m'endors en me maudissant de ma satanée rationalité. Le lendemain matin, je retrouve Juliette qui se baigne dans le lac. Nous décidons de faire la course autour d'une bouée. Je la devance d'un bon mètre à l'arrivée, hors d'haleine et fourbue. Nous nous agrippons toutes les deux au quai pour reprendre notre souffle. Ses lèvres effleurent les miennes. Elles sont douces et soyeuses. J'entrouvre la bouche, les yeux fermés, et sa langue chaude se mêle à la mienne. Nous roulons sur le quai. Quand je me retrouve sur le dos, Juliette immobilise mes poignets au-dessus de ma tête, un grand sourire aux lèvres. Le quai tangue sous moi et Xavier apparaît dans mon champ de vision. Il est déjà nu, glorieusement nu. Il vient aussi m'embrasser tandis que son épouse me tient encore immobilisée, tous deux s'unissent pour mêler leur bouche à la mienne. Elle s'étend sur le quai à son tour puis, côte à côte, nous continuons à nous embrasser tandis que Xavier nous lèche à tour de rôle. N'en pouvant plus d'attendre, je me soulève au-dessus du visage de mon amie et je m'assieds lentement sur sa bouche en poussant un long râle satisfait. Sa langue est si patiente sur mon sexe que je manque de jouir de peu.

 

Les liens interpersonnels, intenses, souvent extrêmes, peuvent passer sans transition de l'idéalisation à la réalité addictive. Enfin libéré, Xavier vient joindre sa langue à celle de Juliette sur ma vulve, elle devant, lui derrière. Puis il me laisse aux soins de la bouche de sa compagne et, en se plaçant derrière moi, il s'introduit dans mon logis onctueux et profond, amplement dilaté. Les sensations inouïes que me procure Juliette me donne le goût de lui rendre la pareille. Je me déplace donc pour rester sur sa bouche mais aussi pour être en mesure de la lécher. Xavier, qui a été expulsé par ce changement de position, revient me remplir avec sa queue. Je commence par glisser mes doigts sur ses lèvres roses, presque complètement découvertes par son fin duvet de poils pâles et clairsemés. Elle est si humide que deux de mes doigts plongent sans difficulté en elle, me communiquant sa chaleur torride. Je lèche ensuite son tunnel le plus étroit, son odeur musquée envahit mes sens. Ma langue dardée fouille bientôt son anus. Xavier conserve le rythme, avant de passer avec la même effusion passionnelle. Je communique mes tremblements orgasmiques à Juliette, puis à Xavier, et nous ne sommes plus que trois âmes s'abandonnant à une luxure débridée. Je suis la première à me livrer à un orgasme fou, une vague de fond qui m'emporte au-delà du plaisir, dans un état second extatique. Une fois que je me suis tue, Xavier se retire de moi et s'enfonce en Juliette. Je viens coller mes lèvres à celles de mon amie, étouffant ainsi ses gémissements. Ses coquets sourcils en accent circonflexe s'aplatissent quand elle jouit, les yeux fermés, la bouche entrouverte, les narines frémissantes. Je tiens son visage entre mes mains, plongeant mes yeux dans les siens turquoise. Je prends dans mes bras sa silhouette grande et effilée en léchant les contours de sa petite bouche bien dessinée. Elle s'allonge ensuite à plat ventre en riant, hors de contrôle, exténuée par cette furieuse étreinte à trois. Xavier, agenouillé est encore bien dur. Je m'accroupis et je viens lécher sa verge de bas en haut, en partant des testicules, que je fais sauter sur ma langue, avant de taquiner son gland excité par ses va-et-vient énergiques. Bien lubrifié par nos effluves féminins, son membre glisse dans ma bouche. J'agrippe ses testicules, que je comprime dans ma main, tout en recevant jusqu'au fond de ma gorge son sexe inquisiteur et large. Juliette sort enfin de sa torpeur, en venant s'agenouiller à mes côtés, réquisitionne le pénis dressé que nous échangeons de bouche à bouche. Xavier ne peut se contenir que quelques minutes avant d'éjaculer au fond de ma gorge. Nous nous affalons tous les trois sur le quai, épuisés et en sueur. Les vaguelettes frappent la structure et giclent sur nos corps nus. Je les dévisage tous les deux, ils semblent animés par la même idée, prolonger le plaisir sexuel par mon initiation aux délices de la soumission. Xavier se lève, gracieusement nu, le sexe toujours en érection. Juliette lui lance un regard complice, me plongeant dans un état d'appréhension mêlé à de la curiosité. C'est mon amie qui décide de passer à l'acte. De nature réservée, on me dit timide et peu sûre de moi malgré mon attirance pour certaines aventures. Jusqu'à ma rencontre avec eux, il m'était difficile de m'imaginer dans des situations que je jugeais scabreuses. Mais le danger me grise, me met en transes et me conduit dans un état second où tout mon être se sent autorisé à se dédoubler, oubliant ainsi toutes les contraintes dressées par une éducation trop sévère. C'est moi sans être moi. Cette sorte de schizophrénie me permet de libérer certaines pulsions refoulées. Le double jeu déculpabilise.

 

J'ai pourtant accepté leur proposition de nous retrouver chaque soir et de ne pas nous mentir. Je me sentais réduite à pas grand-chose, mais pas à néant, et je voulais aller jusqu'au bout. Alors pourquoi ne pas m'abandonner totalement à eux. - Charlotte, as-tu parfois des fantasmes de soumission ? me demanda brusquement Juliette. - Des fantasmes de soumission ? Je n'en ai pas, répondis-je hésitante et gênée. - Allons, allons ... Je suis certaine du contraire, insista-t-elle. - Nous pourrions t'initier en douceur, pour commencer, ajouta Xavier. - Il suffirait de retourner à la maison, de t'attacher à une poutre et de te flageller, poursuivit Juliette. - Je ne veux pas, murmurai-je. - Allez arrête ... Tu en as au moins aussi envie que nous. Juliette avait répondu à ma place et avait trahi le fond de ma pensée. Je savais exactement ce qui allait se passer ensuite, comme si le scénario avait été écrit longtemps à l'avance. Nous retournâmes tous les trois au chalet. On me lia les poignets d'une corde de chanvre que Xavier attacha à une panne du plafond, bien tendue pour m'obliger à me tenir bras levés et sur la pointe des pieds. J'entendis le cliquetis de la boucle de la ceinture tandis que mon amie la faisait coulisser de la glissière de son short. Elle me caressa du regard. Elle allait réaliser mon goût pour une docilité totale. Ce serait comme un aboutissement, non seulement ne plus rien maîtriser, non seulement m'offrir en captive à l'amour, mais mieux encore, me donner en esclave, à une autre femme, de surcroît mon amante depuis peu. Tout alla très vite, le premier coup claqua sèchement contre mes cuisses. Le second impact tomba, plus assuré. Ma peau d'abord insensible, réagit à la brûlure du cuir. Juliette me fouetta avec application, parfois mes fesses, parfois mes épaules. À travers ses mots, je me voyais mieux que dans un miroir, grimaçant de douleur, ondulant des hanches et serrant mes doigts sur la corde tendue, mes pieds raidis. Tout à coup, mon corps fut traversé par un fulgurant éclair rouge orangé. Le plaisir et la douleur fusionnèrent ensemble. J'hurlai à nouveau, mais de plaisir cette fois. Juliette cessa aussitôt de me flageller et tomba à genoux devant moi. Posant ses doigts avec une infinie délicatesse sur mes fesses rougies, elle attira jusqu'à sa bouche la peau empourprée de mes cuisses et de mon ventre qu'elle couvrit de baisers. Elle aspira entre ses lèvres les lèvres de mon sexe, les lécha avec douceur. Puis elle glissa ses épaules sous mes cuisses et se releva me soutenant toujours mes fesses à deux mains, comme une prêtresse élevant une offrande. Me suspendant à ma corde, je jetai le bassin en avant, enroulant mes jambes autour de son cou pour emprisonner son visage contre mon sexe ouvert. Je réagis en dardant une langue aussi droite qu'un sexe d'homme sur son clitoris. À ce seul contact, Juliette jouit aussitôt. Enfin, elle se détacha de moi. De l'état second où je sombrai, j'entendis rire mes deux amis. La corde à laquelle j'étais suspendue fut coupée et je m'effondrai sur le sol, aussi inerte qu'une poupée de chiffon. Depuis ce jour, j'alterne les douleurs et les langueurs, les délices et les supplices.

 

Bonne lecture à toutes et à tous.

 

Méridienne d'un soir.

Thèmes: littérature
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