par le 31/10/23
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C'est le chant du coq qui la tira d'un sommeil profond comme les abysses, malgré sa position incommode. Un rectangle de soleil découpé par le soupirail diffusait un peu de lumière. Tout son corps était endolori comme si elle

avait été tabassée méthodiquement. Sa pommette gauche – croûtée de sperme sèché comme tout son visage - avait un peu dégonflé, mais ses poignets montraient deux traits de derme à vif. Elle glissa sa main libre entre ses cuisses pour évaluer les dégâts : les chairs avaient doublé de volume comme pour compenser leur interminable compression, et certaines zones semblaient privées de sensibilité. Sans doute certains nerfs avaient-ils été trop longtemps privés de sang. Elle aurait aimé pouvoir écarter aussi sa jambe droite, mais les menottes l'en empêchaient. Plus pour longtemps probablement, puisque bientôt elle serait ramenée à Ciudad Real, une ville civilisée, et loin de ces paysans puants : son calvaire allait prendre fin. Bien sûr, elle serait sans doute interrogée, le journal fermé ou nationalisé, et elle-même probablement assignée à résidence en attendant que les choses se tassent. A trente ans et avec son bagage, elle avait tout l'avenir devant elle. Les U.S.A. peut-être... Elle y avait des amis dans le métier, et ils avaient toujours besoin de professionnels bons connaisseurs de l'Amérique latine. Et les frontières seraient sûrement rouvertes dans peu de temps.

Le bruit de la serrure la tira des ses rêveries : Robeco et Alfonso firent leur entrée, rigolards.

- Alors, la pute capitaliste, on a bien dormi ? Mais que vois-je : le jambon est décroché... Ah oui, Pablo m'a raconté qu'il n'avait pas supporté de te voir sur cette petite chaise de mon invention : c'est un sensible ! T'as de la chance : moi je t'aurais laissée là jusqu'à ce que ta chatte et ton trou du cul ne fasse plus qu'un, et qu'on puisse y rentrer les deux poings...

- Vous n'avez aucun droit de me traiter comme ça. Vous avez ordre ne me ramener à la capitale, et pas de me torturer. Juan Ortiz sera informé de tout cela, et croyez-moi, vous le regretterez !

La baffe de Robeco réveilla la douleur de sa joue.

- Qu'est-ce tu connais des ordres, marrana ? Où tu te crois ? Dans un épisode de "Dallas" ? Je vais faire comprendre ta place, moi...

Un objet brilla dans sa main, produisant un claquement sec : un couteau à cran d'arrêt !

"Ca y est : il va me tuer" s'affola Laura en reculant autant elle pouvait avec une main et un pied, vers l'angle du cellier où elle se roula en boule. Mais Robeco s'empara simplement de l'extrémité d'un tuyau d'arrosage qu'il coupa d'environ un mètre. Se ruant sur elle, il se mis à abattre des coups de tuyau partout où il pouvait. Laura criait comme une folle tandis qu'Alfonso souriait les bras croisés. Au bout d'une minute qui parut interminable à Laura, les coups cessèrent.

- Alors t'as compris, puta, qui commande ici...? dit-il en lui tirant les cheveux pour voir son visage. Alors tu vas t'excuser poliment, et me demander pardon, tout de suite !

Laura ne bougea pas.
- Tu ne dis rien ? Alfonso, tiens là, elle n'a encore rien pris par devant... L'homme de main s'accroupi derrière Laura, pris sa main libre pour la

ramener dans son dos par un clé au bras, et cravata son cou de l'autre main. Une poussée du genou dans le dos suffit à faire saillir la poitine de Laura.

- C'est bon, tu peux y aller.

Robeco prit un peu de recul, calcula bien sa trajectoire, et balança horizontalement le tuyau sur les sommets des dômes. Le hurlement de Laura s'entendit jusqu'au bout du village.

- Celui-là, c'était pour la mise au point. Le prochain, c'est juste pour le plaisir...

Le caoutchouc flexible s'abattit presque au même endroit, provoquant un autre cri d'agonie.

- Alors ? On dirait que tu aimes vraiment ça, perra...
- Stop, arrêtez, je vous en supplie...
- Alors tu sais ce que tu as à dire... ne me fais pas attendre trop longtemps, ou

je t'éclate les mamelles, vaca !
Laura était matée. Lentement, elle prononça les mots exigés :
- Pardonnez mes paroles. C'est vous qui commandez.
- Vous "qui" ? insista-t-il en lui soulevant le menton pour la regarder droit les

yeux.
- C'est vous qui commandez, señor Robeco ...
- A la bonne heure, comme ça les choses sont claires, pas vrai ? Allez, assez

perdu de temps, faut y aller. Alfonso, détache son pied.

L'autre s'exécuta, puis aida non sans peine la chiffe molle étendue à ses pieds à se relever. Enfin il lui referma la menotte sur le poignet droit, dans le dos. Le petit groupe remonta à la lumière et sortit sur l'esplanade, mais dès ses premiers pas, Laura avait compris qu'elle aurait du mal à marcher : les chairs tuméfiées de son entrejambe ne supportaient pas le moindre frottement, ce qu'elle tentait d'éviter en adoptant une démarche curieusement balancée, les pieds écartés de soixante centimètres. Quelques peones attirés par la rumeur, et qui faisaient le pied de grue sur la plazza déserte, s'esclaffèrent devant son allure de robot mal réglé. Détournant le regard de ces imbéciles, elle reconnut la 4x4 qu'elle avait soustraite à l'organisation humanitaire garée seule à une cinquantaine de mètres, juste après l'abreuvoir communal, probablement réparée par son dénonciateur. Le véhicule était surmonté d'une galerie avec une deuxième roue de secours, des plaques à sable et une pelle : en été, on s'ensablait facilement au San Teodoros, mais en hiver, on s'embourbait ! Ses gardiens avaient sans doute reçu l'ordre de ramener aussi la voiture. En voyant le rectangle de béton plein d'eau destinée à

abreuver les animaux, Laura réalisa qu'elle était morte de soif. C'est qu'elle avait bien dû transpirer deux litres dans cette cave infâme ! Comme par une transmission de pensée, le petit édifice donna aussi une idée à Robeco:

- Tu sais que tu pues le foutre, la pisse et la sueur, ma garce ? Une petite toilette te fera du bien... Et si tu veux boire, aussi, c'est le moment, parce qu'ensuite on y va.

Il était vrai qu'après ces heures d'exercices forcés, Laura n'était plus de première fraîcheur, d'autant que pendant la nuit, elle n'avait eu d'autre choix – chevauchant sa niche - que d'uriner dans son pantalon. C'était sans doute pour cela aussi qu'une sensation de cuisson intense irradiait son périnée au moindre pas. Le soleil n'était qu'à mi-hauteur, mais sous ces latitudes, il la chauffait déjà fort sous le blouson en synthétique au sigle des World Doctors et son tee-shirt de coton. Même si la 4x4 était climatisée, quelques ablutions lui feraient du bien.

- Vas-y Alfonso, balance-là, dit Robeco.

Thèmes: road movie bdsm
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