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Aloysia a dit...Voilà enfin des écrits subversifs si j'en crois la masse de soumis qui sont prets à se jeter au pied de n'importe quelle Domina! Une relation se construit à 2 et même s'il s'agit effectivement d'une relation D/s il faut qu'un climat de confiance s'instaure, que des accords soient mis en place, bref il faut poser des bases et elles ne se posent pas en un jour. Après effectivement la relation intègre une autre dimension. Mais avant d'arriver là il faut se séduire, se respecter aussi.Bonsoir Aloysia,Je ne pense pas que ce que j'ai avancé plus haut soit très subversif, parce qu'au contraire ça me parait relever du simple bon sens, même si celui-ci n'est pas partagé par tous... Il me semble qu'est autrement plus pervers le mécanisme par lequel un homme en vient à considérer qu'il suffit à une femme d'être dotée d'un vagin et d'une paire de seins pour être la partenaire qu'il lui faut !La négation des caractères individués de la personne —supplantés par son appartanenance à un genre sexué— ne cesse pas de m'étonner, quand ce n'est de m'effrayer. 
Aloysia a dit...AnalogiqueNon, ni pour vous ni pour moi mais pour une large part de soumis ici, oui.Me trompe je?Si l'un d'entre eux voulait bien répondre...Il est vrai que mon post s'enracinait dans une anecdote qui me faisait parler de la langue des dominants, mais il est encore plus vrai que ce que quelques soumis d'ici montrent de leur facultés d'expression me fait me réjouir de ne pas être une Domina...Finalement, je crois qu'il est véritablement nocif de faire croire à des nouveaux venus aspirants soumis qu'il n'y a qu'une manière d'accéder au bdsm qui consisterait à se répandre en "Maitresse je suis votr esclave qui me prostairne inblement a vos piés divains" en attendant que la belle daigne poser son regard sur le plus assidu posteur de ces tristes variations sur un même thème...Nocif pour le triste auteur de cette sorte de vers qui n'a à peu près aucune chance d'aboutir à ses fins, et ne fait qu'alimenter son propre sentiment de frustration. Nocif pour les autres car l'abondance de ces phrases vides accapare l'espace du discours et dicrédite toute possibilité d'échange simple. Cela induit une norme perverse qui consiste à considérer qu'un homme qui adresse la parole à une femme doit être automatiquement soupçonné de nourrir des attentes libidineuses. C'est aussi triste que fatigant que de devoir commencer par désamorcer ce qui a été sappé par d'autres.Nocif enfin pour le bdsm, qui devrait être je crois le fruit d'une sexualité construite, et d'une forme de maturité affective. Ce qu'on y brasse n'est pas anodin, ce qu'on y rencontre et apprend sur nous même est fort, et parfois dérangeant... Il me semble primordial d'être au clair avec soi-même et avec son/sa partenaire sur ce qu'on vient chercher dans le bdsm, sur ce qui nous motive profondément, quel que soit le côté du manche qu'on choisisse, d'ailleurs. Qu'on soit dominant ou soumis, comment peut-on faire ce chemin sans maîtriser les bases du discours, sans construire une expression de soi qui permette un partage subtil et profond avec l'autre?On dit de certains hommes qu'ils ont une bite à la place du cerveau. Je considère que pour s'aventurer en terrain bdsm, il est préférable d'avoir un cerveau à la place de la bite. La bonne nouvelle, c'est que ça n'empêche pas de bander.Il suffit de survoler la page d'accueil de ce site pour en faire le triste constat: il y a des gens qui rêvent de bdsm avec une conscience apparemment restreinte de ce que cette sexualité implique, tout autant que de la portée de qu'ils disent.Et cette fois ci, Aloysia, j'espère être véritablement subversif... 
EricH, il semble décidément que la base de nos discussions d'ici soit le désaccord et la contradiction, et ce soir ne fera pas exception à la règle...EricH a dit...Sans psychologie au service du dominant, en terme de "voyage", il y a autant de différence entre, d'une part, tourner en rond pour visiter le village qu'on habite et, d'autre part, partir voir la capitale.Qu'entends-tu par "psychologie au service du dominant"? La psychologie n'est pas la même chose que l'intellectualisation de nos conduites. La première est un outil de décodage relationnel, et il faut la mettre au service des deux parties, non?En outre je ne suis pas sûr qu'il y ait moins de choses à voir au village qu'à la capitale, dès lors qu'on sait ouvrir l'oeil du voyageur (mais ceci est un autre débat).EricH a dit...C'est comme en amour. Quand on fait l'amour à quelqu'un avec son coeur et ses tripes, on fait l'amour.Autrement, on tire un coup. Ce n'est pas interdit, c'est bon pour le rythme cardiaque. Mais rien à voir...Tu distingues donc "faire l'amour à quelqu'un" (c'est toi qui soulignes), et "tirer un coup". Moi pas.Faire l'amour (et qui plus est avec ses tripes) ne me semble pas le meilleur exemple en soi d'intellectualisation et de cérébralité, mais passons sur cette dimension du faire et du passage à l'acte pour s'arrêter sur ce "à" que tu as souligné.S’agit-il en effet de faire l’amour à quelqu’un ou de le faire avec quelqu’un ? Entre ce « à » et ce « avec », un abîme, un gouffre que toutes les  pelleteuses de chez Bouygues réunies ne parviendraient pas à creuser.Le "à" est un aller simple, le "avec" permet le retour...A mes yeux dans ce « à », vingt siècles et plus de domination masculine étriquée dans le culte de la pénétration à sens unique. Une prison mentale à perpétuité dans le binôme actif-passif, une conception de la sexualité qui n’imagine rien d’autre que d’enfoncer un bout de chair dans un autre, et dont on sait à l’avance que l’un est mâle et l’autre femelle : autant dire un imaginaire érotique de prise électrique. Le « avec » restaure à chacun sa place, son « activité », et permet de conserver l’espoir de bâtir une intersubjectivité érotique inventive, libre, dégagée de toute attente, de tout rôle prédéfini. Une chance offerte d’arpenter des sentiers inédits, des formes nouvelles ou à tout le moins différentes. Il ne s’agit nullement ici de renoncer au plaisir immense de pénétrer ou d’être pénétré (voix active et voix passive, la langue est encore et toujours contre moi), mais encore une fois de se défaire d’une modalité d’exclusivité sémantique. Ce qui me gêne avec « faire l’amour à quelqu’un(e) », c’est que de nombreuses personnes emploient cette expression sans prendre en compte cette dimension, et promeuvent ainsi cette interprétation univoque du rapport actif-passif. Et cette expression n’est pas dans le domaine réservé des machos ou des illettrés : on l’entend parfois dans la bouche d’individus par qui tiennent par ailleurs les discours les plus progressistes et les plus sensés. De même lorsqu’un bon copain me demande si j’ai baisé telle fille avec qui il m’a croisé tel autre soir, ça me gonfle : le registre de la complicité virile n’a pas besoin de soustraire l’activité des femmes pour se savourer, et mon pote pourrait tout aussi bien me demander si j’ai baisé « avec » cette fille, personne ne s’en porterait plus mal… La chose qui pourrait sembler triste c’est qu’il y a des « passivités » tellement répandues et admises que vous trouverez toujours des partenaires qui préfèrent ou tout au moins demandent que vous leur fassiez l’amour plutôt que de le faire avec vous. Paresse ? Confort ? Résignation ? Égotisme ? Habitude mentale et sociale ? Probablement un mélange indistinct de tout cela, qui me fait imaginer que « se branler avec quelqu’un » est finalement une forme de communication et d’échange supérieure à « faire l’amour à quelqu’un ». Qu’on se rassure : quand une amante me dit « fais-moi l’amour » ou « prends-moi », tout ceci ne m’empêche ni de prendre, ni de faire. Il y a des moments où il convient de se dépouiller autant de ses vêtements que ses réticences lexicales… et où finalement on gagne à ne pas trop intellectualiser ce qu'on vit. Et bien sûr, tout ceci s’applique parfaitement à la parole (ce n'est pas pareil de parler à quelqu'un ou avec quelqu'un) et au bdsm. La passivité est pour moi synonyme d’absence. Le bdsm, comme l’amour, est avant tout une affaire de présence : il s’agit d’être pleinement là, et d'être en dialogue avec l’autre, quelle que soit la place qu’on occupe, sinon à quoi bon ? La seule chose qu’il me reste à nous souhaiter, c’est de ne jamais nous retrouver dans les bras d'un/une partenaire pour y faire l’amour (et/ou du bdsm) sans lui/elle.
Paradoxal a dit...Ce qui souleve une question : Peut on se revendiquer du monde BDSM sans une approche intellectuelle ? Je ne vois pas comment on pourrait déterminer la frontière entre ce que serait une approche intellectuelle, et une autre qui ne le serait pas, car je n'ai encore jamais rencontré d'humain qui ne pense pas.Tout au plus me semble-t-il, on peut tenter de s'interroger sur le degré de conscience de ce que l'on est en train de faire. Il ne s'agit pas d'un interrupteur marche-arrêt avec une limite bien définie, mais plutôt d'un mouvement à l'intérieur duquel moins on est conscient de ce qu'on l'on met en jeu, plus on risque de s'éloigner du bdsm. Et vice-versa.