-
1Répondre
-
51Affichages
Derniers posts du forum
Un grand MERCI pour ce rappel, Ekho.
Ce qui m'ennuie dans le mot "Woke", c'est qu'aujourd'hui en France, et même partout dans le monde occidental, ce mot est associé à une forme d'extrémisme que toutes les formes de militantismes peuvent avoir, et a donc aujourd'hui une connotation péjorative ("wokiste"). On utilise beaucoup trop ce terme pour couper court à des débats dès que l'on touche à du féminisme, l'orientation sexuelle.... "non mais on peut pas parler avec toi, t'es wokiste"......
Donc, un dictionnaire "Woke", pourquoi pas, mais il faudrait aussi réellement expliquer le terme même de "woke" dans ce cas. (Sylvie35 sur la refonte du site).
Et puis, dans un monde où les questions de genre vont aussi vite, je ne suis pas sûre de la pérennité même de l'appelation "woke" pour un nouveau dico.
Comme mon mec me l'a rappelé, ne soyons pas "woke", soyons "aware", tel que dirait JCVD. Huhuuhuh!
Oh je suis simplement curieux de nature. J'aime bien comprendre à minima les choses.
Est ce que ca me dérange dans ma vie? Absolument pas. Chacun fait ce qu'il veut de son corps et son esprit. Chacun est libre de se définir comme bon lui semble.
Ceci à la condition de ne pas me voir imposer le point de vue de l'autre, évidemment. Mais ca marche aussi pour le coté religieux, economique, politique, sociétale, etcc
Avant on était "le geek de la bande", "le gay de la bande", "le complotiste de la bande". On avait effectivement un petit cercle souvent local, avec forcément moins d'interactions avec d'autres personnes de notre communauté, moins de questionnements.
Maintenant, on a accès à plein de personnes qui pensent comme nous, qui ont les mêmes centres d'intérêts. On en discute, on échange, on se positionne les uns par rapport aux autres, on affine nos points de vue et nos postures.
Enfin c'est comme ça que je le perçois, la société se fragmente, sans doute avant de se reconstruire, mais effectivement nous vivons une époque de changement et d'évolution.
Mais ça reste mon ressenti.
Internet est la cause, j'en suis convaincue. Mais il n'y a rien d'artificiel ou de déformé ou d'inhumain dans l'émergeance de nouvelles "cases". C'est le résultat d'une évolution sociale accélérée (très très accélérée) par la mondialisation des modes de communication, mais elle est naturelle. Elle choque parce qu'elle est rapide, elle a pris le rythme de son véhicule : la technologie.
Imaginez un avant internet où votre bulle sociale était très réduite parce qu'elle se limitait à notre capacité à nous déplacer physiquement pour rencontrer des personnes, elles-mêmes parties intégrantes de nos propres communautés, donc majoritairement en vase-clos. C'était possible de rencontrer quelqu'un "comme nous" sans trop savoir pourquoi. En général, soit les gens se cachaient, soit on les appelait les "marginaux" (un mot que ma grand-mère affectionne particulièrement).
0,2% c'est presque rien, mais à l'échelle de 8 milliards d'habitants, ça fait beaucoup d'individus. Notre bulle sociale d'avant internet ne dépassait pas en moyenne 150 personnes, mais surtout, nos relations superficielles étaient très éparses, donc il y avait peu de chances de se "retrouver". Des gens seuls, qui aurait du finir seuls sans internet, se sont trouvés des points en commun avec d'autres gens seuls, et ont formé des groupes. Ca n'a rien d'étonnant, l'humain est un être social. Notre bulle sociale n'a pas vraiment évolué entre l'avant et l'après internet. Mais ce qui a évolué, c'est
- l'accès à l'information mondialisée et les relations superficielles (les réseaux sociaux) : c'est ça qui encourage la création d'identités sociales (l'émmergeance de nouvelles communautés qui n'auraient pas pu exister sans internet, par la rencontre de gens qui n'étaient pas destinées à se rencontrer, par la distance, la culture, le milieu social, etc.),
- le phénomène de chambre d'écho ou de bulle de filtre, généralement on repproche aux algorythmes d'être à l'origine de "l'emprisonnement" de la pensée critique des utilisateurs en nourissant les contenus qui leur sont affichés avec que des idées qui vont dans leur sens (politique, social...), mais les gens, en se regroupant par affinités, entretiennent ce phénomène de filtre.
Ce qui parait artificiel dans la "bulle de filtre" c'est pas quelque chose qui est né avec internet et ses algorythmes, c'est quelque chose qui existe naturellement dans toutes les communautés humaines, c'est d'ailleurs l'étincelle nécessaire à la naissance de toutes les communautés.
Ce qu'internet a fait c'est : accélérer les processus, les produire à plus grande échelle, en plus grand nombre. Mais rien n'est fondalementalement né d'internet, comme si c'était un "bug" social.
Donc, c'est normal, naturel. Mais surprenant, choquant, par la rapidité et l'ampleur de ce phénomène. Ca rend les choses plus difficiles à accepter parce que c'est rapide et en nombre. Mais avant ça, il y a toujours eu des créations de cases ou de nouvelles communautés... petit à petit, suffisament pour être progressivement acceptées et incluses dans les sociétés. Ce qui n'est plus le cas : comme un fruit qui grossi trop vite sous le soleil, il se craquèle.