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Pour ma part, j'apprécie cette tournure de phrase : "A chacun son bdsm", mais force est de constater qu'elle a aussi des biais.

Cette phrase a du sens si on s'en tient au sens strict de bdsm : Bondage Discipline Domination Soumission Sado Masochisme. Ce qui impliquerait que tout couple, personne ou trio ou autre qui aurait des pratiques érotiques appartenant à une ou plusieurs de ces composantes pratiquent le bdsm : c'est le sens large de BDSM. Mais le BDSM, pour prendre son sens et être acceptable tant du point de vue moral qu'éthique, doit aussi répondre à des critères : le consentement, une démarche saine et sécuritaire.
En effet, il existe des sadiques dans ce monde qui n'ont que faire du consentement de leur victime, on n'est donc plus dans le bdsm.
Mais de ce triptyque et de la démarche de rencontre de personnes pratiquantes, ont découlé des codes ou conventions visant à réguler les écarts de conduite ou encore les comportements pouvant être perçus comme irrespectueux. En effet, en bdsm, il serait déplacé de commencer à tripoter une soumise attachée par une autre personne sans qu'il y ait validation au préalable par la personne dominante sensée savoir ce qui est bon de faire ou de ne pas faire à la soumise qu'il a en charge.
Donc oui, il y a des conventions, des codes qui sont indispensables au bon fonctionnement de tout groupe. Ces codes, ont à mon sens, justement le rôle de permettre les interactions entre les personnes ou couples dans le respect des différences.
Ensuite, il y a des codes qui relèvent plutôt des usages : le vouvoiement en fait partie. Je ne pense pas qu'il soit indispensable à la pratique de la Ds, il est cependant fréquemment admis. Par ailleurs, je pense qu'il y a aussi un goût pour le cérébral en bdsm, et le jeu des mots et de l'expression à travers le vouvoiement, les positions et attitudes en sont un témoignage.

Mais une fois que les règles de bon fonctionnement en groupe sont communément respectées, je dirais que chacun pratique en effet le bdsm de la manière qui lui plaît que ce soit dans les types de relations ou de jeu, ou dans les pratiques.
Par ailleurs, j'ai tendance à penser que la plupart des pratiquants du bdsm le vivent en couple et pas nécessairement de manière communautaire ou en groupe .... et puis où commence et où s'arrête le bdsm ? De nombreuses pratiques sont à la frontière du libertinage ou de la vanille. De la même façon, dans les types de relations : on peut avoir une vie de couple vanille avec une intimité bdsm plus ou moins marquée, ou encore ne vivre son bdsm qu'avec des partenaires de jeu ou des dominas pro et pas du tout dans une relation suivie.
Donc en ce sens, la formule "A chacun son bdsm" prend tout son sens.


En revanche, je pense que cette formule ne doit pas empêcher d'avoir soi-même sa propre conviction de ce qu'est le bdsm pour soi et de l'exprimer. Il ne doit pas devenir une sorte de formule politiquement correcte qu'on sort pour éviter tout débat. La condition étant qu'avoir une conviction nécessite aussi d'être conscient que conviction est différent de vérité universelle.
Par ailleurs, trop souvent, le "A chacun son bdsm" empêcherait de s'interroger sur ce qu'on voit et sur le bien fondé, l'acceptabilité de ce qui existe sous prétexte de consentement ou de "c'est le/la Maître(sse) qui décide".
En effet, on peut s'interroger par rapport à soi-même : c'est aussi l'intérêt des échanges qu'ils soient en virtuels ou en réel, mais aussi sur le caractère bdsm. Et là forcément, je vais m'expliquer sur ce dernier Tongue
Quand certaines pratiques nous heurtent ou nous surprennent en soirée par exemple, il me parait légitime d'en discuter avec d'autres sur le côté sécuritaire ou sur l'approche qu'ont les gens pour fonctionner de telle ou telle façon. Car oui, je pense que même en bdsm, tout n'est pas acceptable, même avec consentement. Pour ma part, je préfère parler de consentement éclairé : on sait ce qu'on fait et on l'accepte en toute connaissance de cause et en libre choix. Et puis pour les différences qu'on ne comprends pas ... tant que le cadre est sain ... pas besoin de tout comprendre pour respecter ^^

Pour conclure, je pense que cette tournure reflète une ouverture d'esprit propre au bdsm, mais qu'elle ne doit pas devenir un carcan pour réfléchir sur le bdsm, sur nos visions et sur ce qu'on pourrait observer... plus généralement sur l'esprit critique.

Bon, suis restée théorique comme d'hab hein Tongue
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