Malganis
#0
Hello

J'avais une petite réflexion un peu philosophique à vous soumettre Wink

Le pouvoir d'un dominant est il soumis au bon vouloir de sa soumise ? ou pas et dans ce cas avec quels risques ? (je vous laisse jongler avec les genres selon qui vit quelle facette mais je pousse ici une reflexion personnelle du coup : dominant/soumise)

Assez souvent j'observe, et j'ai eu l'occasion d'être confronté à cette situation : le pouvoir du dominant n'est en fait que celui accordé par sa soumise et dans les limites de ce qu'elle autorise.

Paradoxal non ?

Ben oui car du coup qui détient le pouvoir ?

Dans le cas de celui qui abuse de l'autre indépendamment de ses propres capacités, limites, désirs genre "j'en ai rien à foutre de ce que tu aimes ou pas, je fais ce que je veux et tu subis. point barre." On approche un peu de la séquestration, du viol, de l'esclavagisme à plein temps, déshumanisation, et des abus et maltraitances diverses. Bref on est là où on peut supposer que le rapport de force ne se discute pas. OK.
Du coup peut on vivre ça avec de l'amour ? de la résignation ? du libre arbitre ? Ou tombons nous sous le syndrome de Stockholm ? Est ce une vraie relation ? bijective ? durable ?
Même si cela entre dans le cadre d'un don de soi volontaire, il y a bien une sorte de deal préalable ? Que se passe t il si le cédant le remet en cause en cours de route ?
L'objectif est il en soit de lui interdire cette option ? Comment le savoir ensuite ? Quel feed-back possible puisque on s'en fout à la base ?
"Rien à foutre, et vlan puisque c'est ce que tu veux ! Plus d'accord ? Tant mieux, et re vlan !"
C'est un peu comme le fou qu'on enferme dans une chambre capitonnée et qui si il se met à dire qu'il n'est pas fou, on le croit plus fou encore en fait. Voire on le cachetonne plus encore.
Enfin bon bref : on flirte gravement avec la loi ou l'auto-destruction non et la performance artistico masochiste jusqu'à un réel abus non discutable.

Personnellement le peu de fois ou j'ai abordé cet aspect je n'y prend pas vraiment de plaisir. Je crois que j'ai bien plus plaisir à vérifier la conscience et le consentement de ma créature avant pendant et après mes bons soins, mon usage, ses services et autre leçons et corrections si nous en arrivons là.
J'aime savoir et mesurer la valeur de ce que l'on m'accorde. Et en jubiler pleinement et en conscience avec qui de droit.

Ainsi je continue sur le cas d'une relation passionnelle avec un deal accepté de type D/S établi équitablement au préalable à priori.
Sous plusieurs formes évidemment :
- relation de couple façade vanille et bascule DS en privé
- relation épisodique rencontre/séance intégrant divers thèmes et classiques
- partenariat fétichiste en tout genre
- etc... etc... etc... chaque relation peut y trouver sa spécificité fonction de l'intelligence, l’expérience, les désirs et les limites de chacun.
C'est le deal qui prime à la base et dans tout les cas il y a un respect et une écoute de part et d'autre je pense. C'est là où on voit apparaître une mise en place de scénario par avance, ou un mot clef pour stopper un mal être, ou des parenthèses de debrieffing, lors d'une période plus douce ou plus neutre et propice à valider ou invalider l'état du deal.
Et toutes les interactions qui n'existent pas dans le cas du trip abusif cité ci dessus.

Mais du coup là sincèrement : qui à le pouvoir de contrôle au final ? Qui a le réel pouvoir de dire non à l'autre ?
Qui est l'instrument de l'autre ?
Sourire

Pour ma part, indépendamment des composantes SM ou 1er/2nd degrés qu'on y met, le pouvoir n'est effectif que dans le cadre d'une relation équitable et communicante, ludique et évolutive avant tout.
L'ascendant de l'un sur l'autre peut y être prépondérant mais sans contraste possible ni moyen de l'évaluer, de le remettre en jeu pour ensuite s'en éloigner ou s'y bâfrer plus encore : le pouvoir ne me parait qu'illusoire...

C'est pour cela que je préfère la notion d'usage et de dévotion.

Mais ceci est un autre chapitre.
Dernière modification le 18/01/2017 23:54:37 par Malganis.
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M.
#1
Bonsoir,
Je crois que Montesquieu avais répondu à ça dans sa théorie du Maître et de l'esclave:

l'esclave devient le Maître du Maître tellement il lui est devenu indispensable.
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Excellente question Malganis, effectivement ... mais j'ai envie de dire ... c'est justement pour cela qu'est fait le mot de sécurité (à mon avis hein)
Il y a ce qui est voulu en général, la direction, la ligne de conduite générale, et les façons d'y amener, les comportements et actions particulières ... il peut y avoir une résistance sur une action particulière mais un accord fondamental en ce qu'elle peut être dans le cadre de la ligne directrice ... si ce n'est pas le cas (ou incompréhension fondamentale), alors le mot de sécurité arrête tout.
Et la frontière est là : le dom qui ne s'arrête pas au mot de sécurité prononcé bascule du bdsm à la violence, qui n'est plus du tout bdsm mais de l'abus de pouvoir ou de force.
Voilà, c'est mon point de vue en tous cas.
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M des Sens
#3
Merci Malganis de votre regard que je rejoins beaucoup....sur la position de la personne Dominante...

Je soulèverai juste un point de la part Anguis...

anguis a dit...

...
Je pense aussi que si évolution de cette relation et des possibilités il y a ; c'est encore par le désir et la volonté de grandir de la soumise ...


Je suis d'accord avec Vous...Mais ce n'est pas Que par cela...Mais des deux protagonistes...
Car si, certes je suis d'accord sur le fait que le désir et la volonté de la personne de Don est importante....L'art et la manière de la personne Dominante y est pour beaucoup aussi...

Plus largement, je pense simplement que tout est dans le binôme "Action-Réaction"...
L'envie de s’abandonner est la réaction à l'Action du Dominant...
L'envie d’œuvrer envers la personne de Don est l'Action à la réaction du Don....
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M des Sens
#4
Oui chère Anguis

anguis a dit...

... Le pouvoir ; je continue de penser qu'il revient encore à la soumise d'abord ...


Malgré tout, vous avez totalement raison...sur ce Point...C'est si, j'ose dire...Son pouvoir absolue...D'avoir le Pouvoir....

Pouvoir s'offrir,
Pouvoir "Subir"...
Pouvoir Grandir...
Pouvoir Repartir...
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Malganis
#5
merci de vos reflexions Smile

Je pense que nous sommes globalement d'accord avec Montesquieu en effet.

@Baphomet, en effet je n'avais pas évoqué le manipulateur.

J'ai pris le cas extrême du profil de tortionnaire psychopathe physique pour illustrer l'exemple type d'abus dans une relation à sens unique, mais le manipulateur est bien plus subtil et destructeur au final s'il n'y a pas de bienveillance en lui à la base.
Oui dans le cas d'une influence psychologique la violence n'est pas "évidente". C'est plus insidieux. Plus hypnotique. Plus difficile à confronter. Et à fuir.

J'ai par le passé jouer avec cet art de faire je pense. A la différence que j'ai toujours aimé jubiler de la conscience de mon vis à vis. Ne serait ce que part des points réguliers à posteriori : "Regarde jusqu'où tu es allée, de ton fait, de mon fait, qu'est ce qui te plait ?"

C'est là où j'oscille autour de cette idée que le pouvoir appartient uniquement à celui ou celle qui l'accorde au dominant, certes oui @anguis Wink Je pense qu'il y a moyen de naviguer avec.
Certes oui il y a choix primal de se laisser aller dans les bras d'un homme, qui plus est dominant. Mais ceci est aussi valable dans l'autre sens car pour ma part si je n'aime pas je ne vibre pas autant de mon vis à vis. Et sans inspiration... Bref j'aime l'idée que ce choix soit partagé à la base dans un élan équitable.
Ensuite, une fois la relation en cours, même si le pouvoir global de se soumettre et jusqu'où appartient à la soumise, il y a parfois des petites victoires où l'on peut amener la dite soumise à vous accorder quelque chose qu'elle ne pensait pas pouvoir ou vouloir.

J'aime pour cela fouiller ses désirs, connaître ses tentations, jouer avec ses addictions, son orgueil et/ou sa loyauté envers des promesses librement consenties, ou des prix à payer par gratitude ou équité... Là, il y a manipulation quelque part oui. Et il y a des laisses et des colliers virtuels moins évidents à tenir que dans un espace temps et matériel confiné. Mais une fois ceci compris, voire ludiquement transparents dans un esprit bienveillant, c'est jubilatoire pour chacun.
Dernière modification le 19/01/2017 14:41:53 par Malganis.
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M des Sens
#6
Nimrodel a dit...

.....
Avec le temps de la relation, je pense qu'une telle confiance s'installe dans le couple que la soum peut vraiment s'abandonner au pouvoir de son Dom sans restriction aucune. Simplement parce que la soum a confiance en son maître et qu'il lui a donné tous les gages lui permettant de lâcher prise dans la relation et pas seulement dans l'action. D’où l’intérêt des relations longues durées!


Oh Combien vos mots me font échos...Surtout en ce moment....

Perdre la confiance de l'autre...C'est perdre sa Dominance...Et perdre l'autre...
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Malganis
#7
Oui @anguis je tourne autour de cette notion disais je.
Je rappelle qu'à la base je cherche juste à comprendre à compter de quand le pouvoir n'est plus illusoire car "accordé" et sous réserve d'un véto final.
Je cherche la meilleure clef s'il y en pour un dominant de ne pas se contenter d'être plus ou moins inconsciemment juste un instrument Wink

En effet nous sommes toujours plus dans l'art du marionnettiste d'une poupée qui a confié ses cordes à un talentueux artisan, que du formateur/inducteur d'un tiers malgré lui.
Est ce satisfaisant quand on en a conscience ? Puis je m'en contenter Wink Arf ! Zut ! Smile

Autre métaphore moins binaire tiens : dans le cadre d'un voyage. Un long voyage relationnel et pas un simple road trip d'un week end.
Qui donne le permis de conduire ?
Qui détient le plan, la destination, l'itinéraire ?
Qui pilote, qui prend les raccourcis ou les détours ?
Qui décide du véhicule, de la place du passager ?
Qui décide de la durée, des arrêts, des escales, des auto-stoppeurs.
Qui met le carburant ? Qui peut changer de motorisation ?
Est ce que c'est toujours la soumise qui en vérité décide et accepte ou stoppe à sa guise? Qui choisit seule son pilote, donne le permis de conduire, planifie le voyage et valide tous les contrôles techniques ?

Est ce collégial ?

Y a t il un lâcher-prise à un moment ? Et à compter de quand le conducteur est il pleinement aux commandes et libre sur sa route pas simplement chauffeur de madame Wink

A vrai dire j'en suis toujours là je crois : la notion de négociation, de deal qu'il faut faire respecter. Et d'une manière ou d'une autre en jouer, en profiter, sans tromperie de part et d'autre. Juste en jubiler les yeux dans les yeux.

Je réfléchis à un autre post sur le sujet "du pacte".
Dernière modification le 19/01/2017 18:44:36 par Malganis.
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Je me permets de partager avec vous la réflexion d'Eros Power à ce sujet: https://www.youtube.com/watch?v=hdqcmwka5S8
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