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Bonjour, il y a une chose qui me semble un peu oubliée dans ce fil, c'est que tout ce que nous faisons ici se passe à l'écrit. Nous nous engageons, quels que soient les objectifs de notre inscription sur le site, dans des relations sur le mode épistolaire. On ne se fouette pas le cul au clavier, on écrit sur le thème de se fouetter le cul.
Lorsqu'un maître des échecs joue avec un amateur, il y a des chances qu'il s'ennuie, car le déséquilibre des niveaux rendra immense la probabilité qu'il n'apprenne rien. Qu'on soit prêt à le reconnaître ou pas, lorsqu'on est un fin cuistot et qu'on est invité à dîner d'un plat de pâtes mal cuites et sans sauce, il peut naître une sensation d'à quoi bon, même si la conversation est relevée. Les exemples seraient infinis, mais je crois qu'on a compris. Comme en électricité, la tension est créée par le déséquilibre.
On peut ne pas être doué pour la cuisine. J'ai dans mon entourage quelqu'un qui a essayé toute sa vie, avec de bonnes recettes et de bons produits, mais qui n'a pas le sens du truc. L'équilibre ou la dynamique d'un plat lui échappe autant que le vietnamien sans sous-titre. Toutefois, par envie d'harmonie, malgré son handicap de départ, elle invitera autour de quelque chose de simple et bon, sur quoi elle aura investi du temps et de l'envie de bien faire, plutôt qu'éclabousser la table d'une boîte de sardines jetée en hurlant "SA VA?".
Que nous ne soyons pas à égalité sur notre rapport au langage, en l'occurrence écrit, est une réalité qui dépasse le fait d'être attentifs ou non. Je crois que la vraie question concerne la bienveillance réciproque.
Il serait surréaliste d'estimer que les gens à l'orthographe aisée ont plus de légitimité à s'exprimer en matière de bdsm au prétexte que nous communiquons par écrit. Comme il serait très dommage que d'aucuns décident que l'inintelligibilité de leurs hiéroglyphes ne doit pas être un peu aggradée, serait-ce par courtoisie, respect d'eux-mêmes dans l'activité d'écriture qu'ils ont choisie, et de l'interlocuteur. Il n'y a pas de déshonneur à se relire.
C'est une première façon d'aller vers l'autre, qui engage les pas suivants, en cela je souscris à la réflexion de départ.
Si les virtuoses de la syntaxe mitonnent de bons plats élaborés, agréables à lire par tous, et, qu'en échange, les plus laborieux prennent la peine de faire une présentation élégante de leur sardines avec une rondelle de citron et des toasts pas trop brûlés, nous verrons peut-être se réduire le champ des frustrations réciproques dans des conversations où le fond pourra dépasser de la forme ?
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