Lilo, bonsoir, le masochisme n'est pas une expérience qui naît d'une épiphanie, de la compréhension soudaine de l'essence ou de la signification de quelque chose. Il n'y a pas un chemin d'or pour arriver à un état de perfection masochiste, cet état relevant du mythe littéraire. Plutôt que de maudire vos doutes, dites-vous qu'ils sont aussi naturels que vos envies !
La pratique masochiste, et je la vis depuis dix ans, génère un état psycho-émotionnel de bien-être ou d'inconfort absolu. Le premier catalyse l'orgasme, dans une certaine mesure. Le second est un ratage du jeu. Les copines qui prétendent n'avoir vécu que le premier sans avoir jamais connu le second sont avant tout de grandes menteuses. Il a vraiment fallu que ma femme arrive dans ma vie pour que j'expérimente bien plus souvent la satisfaction que la déception !
Le masochisme ne donne pas forcément de "bons" résultats, et en tout cas il n'en donne jamais si on se focalise uniquement sur les fameuses limites plaisir/répulsion. Elles ne sont pas comparables à des performances sportives. On ne bat pas des records. On ne va pas vraiment "plus loin", on évolue juste dans son domaine de bien-être, ou on va trop loin. Si vos "limites" sont atteintes, hé bien elles sont atteintes, pas la peine de vouloir aller "plus loin", pour quoi faire? Pour avoir une médaille ? Y'à pas de Olympic Games du sexe ! Pour faire plaisir à votre top ? Si son plaisir se fait au détriment du vôtre, demandez lui si elle-il pense que ça en vaut vraiment la peine avant ! Sa réponse pourrait être très différente de ce que vous imaginez.
Physiquement le masochisme c'est juste une histoire de neuropeptides opioïdes endogènes, chez peu de gens certaines formes de douleurs, dosées, ciblées, agissent comme des clés neurochimiques ouvrant une serrure. Chez la plupart des gens, non. Il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. Mais je lis que vous avez apprécié des jeux SM "soft", je ne pense donc pas que vous soyez inaccessible à cette "magie neurochimique". Jusqu'à un certain point, comme quiconque. Peut-être ce point est-il atteint et ne pouvez-vous pas - organiquement parlant - aller au delà. Si c'est le cas, n'allez pas au delà. Votre corps a ses raisons, écoutez les.
Sinon, la souffrance ressentie comme "bénéfique" résulte non pas d'une acceptation de la douleur, mais d'un désir TRANQUILLE envers celle-ci. Si vous vous forcez frénétiquement à vouloir éprouver du plaisir né de la douleur, ça ne marchera pas. Si vous vous mettez la pression à vouloir "battre des records" ça ne marchera pas.
Pas de pression. Jamais. Vouloir aller au lit dans l'optique de tout exploser, c'est confondre un championnat d'athlétisme et faire l'amour. Le SM n'est qu'une façon de faire l'amour, laissez de coté la philo, la psy, la mystique D/S, et tout le tintouin, prenez du plaisir, donnez-en, sans questions, sans vous sentir en dessous de tout ou au dessus des autres. Plus vous vous fixerez un objectif qui n'est que de principe, moins ça marchera. Si vous insistez dans cette concrétisation d'un état idéal qui n'existe pas, qui n'a jamais existé, qui n'existera jamais, moins vous y arriverez.
Le masochisme ce n'est ni "bien", ni "mal", ce n'est pas un chemin parcouru vers un but final. Le but final, c'est juste de marcher sur le chemin. :heart: