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Carpo
Voilà une discussion très riche, qui a pris des directions différentes, parfois avec quelques stéréotypes, parfois avec des idées vraiment stimulantes. Merci à tous les contributeurs (et à ceux qui régulièrement tentent de recadrer le débat, ça n'est pas une mince affaire !).
J'y apporte quelques mots de ma propre expérience de soumis, limitée, et de réactions à la lecture des commentaires des uns et des autres.
J'ai découvert le BDSM avec ma Maîtresse. Je ne lui ai jamais dit que je ferai tout et n'importe quoi.
Pour me faire démarrer dans cet univers sans limite ou presque, nous sommes partis d'une liste de pratiques (une célèbre check list, voir ici https://www.bdsm.fr/forum/thread/6469/D%C3%A9buter-une-relation-BDSM/ ). Cela pourrait paraitre comme une liste de courses du soumis en quête d'une prestratrice, mais c'est en fait surtout une manière d'amorcer l'échange à deux, de poser quelques limites, d'identifier des terrains à explorer pour la dominatrice, et plus tard de voir le chemin parcouru. Il est d'ailleurs surprenant, comme il a été dit par d'autres, tant hommes que femmes, de constater à quel point des barrières peuvent sauter si la confiance et l'accompagnement sont bien là. Ce qui est perçu comme une limite n'est parfois qu'un verrou à faire sauter (même si d'autres limites sont clairement infranchissables). Alors on peut considérer que les soumis qui prétendent pouvoir tout faire sont des soumis conscients de leurs limites effectivement très éloignées (version optimiste), ou qu'ils sont tout simplement irréfléchis, portés par les hormones ou désespérés (version plus pessimiste).
Le sujet de la "différence d'outillage entre hommes et femmes" est souvent revenu également. Par exemple, les hommes seraient naturellement dominants car équipés pour pénétrer. Je pense au contraire (et je le sais pour ce qui me concerne) qu'on peut tout à fait pénétrer sans dominer : la domination et la soumission sont bien plus qu'une position physique ou qu'un geste technique. Il est possible de se soumettre en pratiquant une levrette, une Maîtresse peut avoir son soumis en elle et le dominer quand même (certains, un peu pédants, parlent alors de circlusion pour l'action - pas passive du tout - d'accueillir dans son corps), tout comme je suis sûr qu'un homme peut dominer en se faisant sodomiser.
La question de la féminisation a été abordée plusieurs fois et cela interpelle naturellement : "en quoi féminiser un corps serait l'avilir ?" "quel besoin de faire cela ?". Je ne ressens pas le besoin de me féminiser pour ressembler à une femme, ni pour me sentir humilier. L'exploration de cette direction peut toutefois contribuer à dévoiler certains éléments de la personnalité, qu'il est parfois délicat d'identifier car souvent écrasés par des stéréotypes plus ou moins conscients.
Quant à la sodomie, il a déjà été beaucoup évoqué ici à son sujet. Je me contenterai de dire comme d'autres que pratique et orientation sexuelle sont deux choses différentes, qu'elle est pour moi une grande source de plaisir physique (c'est une stimulation que rien ne remplace chez un homme, ce qui est moins vrai pour une femme) et intellectuel (l'offrande à ma Maîtresse), que je n'y vois rien d'avilissant pour les deux parties (je dis les deux parties, parce que, même si ça n'a pas trop été abordé ici, on pourrait considérer qu'aller farfouiller dans le ventre de quelqu'un n'est pas très valorisant non plus...), et que je plains sincèrement les hommes qui n'ont pas eu le courage ou la curiosité d'explorer cela ou tout du moins d'expérimenter pour se découvrir ou non une affinité.
La question pertinente est plutôt de savoir, dans le cas d'un soumis qui apprécie cette pratique, comment la faire évoluer d'une pratique "plaisir" à une pratique "domination" .
J'ai vu passer aussi l'idée, ou tout du moins la question, du sentiment de supériorité féminine sur le masculin qu'auraient tous ces soumis. Sans verser dans la gynarchie, ni sans oublier qu'il y a autant de personnes de qualité ou de personnes viles dans les deux sexes, je ne conçois pas une domination autre que féminine (du moins pas encore, restons prudent). Cela mêle surement beaucoup de choses, qui se retrouvent chez d'autres, j'imagine : idéalisation du sexe opposé, relation à la mère, plaisir de la subversion face au schéma dominant classique, intériorisation d'un sentiment de culpabilité vis à vis du machisme social historique...
(note : je ne cite personne, car j'ai lu toute la discussion mais sans retenir qui dit quoi, et surtout je ne veux fustiger personne. Juste apporter ma contribution par rapport à ce que j'ai perçu de certaines tendances dans la discussion)
Dernière modification le 29/09/2021 14:42:37 par Carpo.
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