#
#3
Bonjour Azhara,
Des questions passionnantes, auxquelles il sera difficile d'obtenir des réponses je pense...
Mais je vais essayer d'apporter une petite pierre.
Côté masochisme, il me semble qu'apprivoiser la douleur n'est pas une forme de contrôle en soi, mais une nécessité pratique. En effet, si la personne maso n'apprivoise et ne gère pas sa douleur, alors le moindre coup est comparable au fait de se cogner le petit doigt contre la table.
Alors, bien que j'ai cru la chose impossible pendant longtemps, j'ai discuté récemment avec une personne qui avait jouis en se retournant l'ongle du petit orteil en se connaît le pied contre une table basse en dehors de tout jeu S/m...
Mais mis à part dans ce cas très particulier, apprivoiser et gérer sa douleur me semble nécessaire au plaisir, lui même indispensable pour qu'une séance se déroule bien de bout en bout.
Par contre, côté sadisme...
Il me semble qu'on doit distinguer deux types de sadisme en fait.
D'une part, le sadique joueur, j'ai envie de dire le dominant-sadique, qui aime autant sinon plus le contrôle à la douleur. Je pense faire parti de cette catégorie globalement majoritaire pour ce que j'ai pu en voir par la lorgnette d'où j'observe le BDSM.
Dans ce cadre là, le fait que la personne maso soit capable de gérer sa douleur n'est qu'un atout puisque le Dom peut alors décider d'être plus ou moins technique, de jouer avec les limites, de repousser ces dernières pour aller plus loin et d'alterner les moments de douleur-plaisir avec des moments plus dur selon son bon vouloir. En fait, paradoxalement, c'est cette même capacité de la personne maso qui va permettre au Dom de prendre le contrôle en un sens. Personnellement, je suis le premier à donner les conseils de base pour permettre d'établir cette gestion même si chaque personne est différente et qu'une part d'exploration est toujours nécessaire.
Et puis il y a les autres autres sadiques... Ceux qui ne sont que sadiques et qui ne veulent pas voir de plaisir chez leur "victime" consentante.
Pour eux, je peux comprendre que cette gestion de la douleur soit frustrante et sans intérêt, voir qu'ils recherchent essentiellement des personnes non maso.
Mais cela suppose aussi de rechercher des personnes qui vont simplement subir, sans aimer ce qu'elles subissent... Ça suppose qu'au delà de l'abnégation, les personnes qui subissent n'auront que de la crainte face à la pratique, et n'en tireront pas grand chose. Même pas la fierté d'avoir réussi à subir puisqu'elles ne sont pas là pour ça...
Et j'avoue que ça me rends assez perplexe, et que si je comprends que certaines personnes recherchent ce type de relation, je ne trouve pas cela très sain, de base et pris hors contexte...
Ce type de relation est également très simple dans le fond puisqu'il suffit "de taper" sur une personne non maso un peu fort pour obtenir le résultat souhaité, sans subtilité ni gestion, et que cela ne peut entraîner la complicité et l'échange que j'aime tant.
Donc, au final...
Est-ce que je pense que les personnes masos ont forcément une part de contrôle dans l'échange : Oui, et même je le recherche et l'instaure pour permettre le plaisir, la complicité et la prise de contrôle qui entraînent la part cérébrale de la pratique.
Il s'exprime effectivement de par leur capacité à gérer la douleur reçu et en faire une forme de plaisir avec lequel je vais pouvoir jouer et instaurer la confiance et le contrôle.
Je n'y vois donc aucune forme de contrainte pour mon sadisme, bien au contraire, et cela n'a jamais empêché le lâcher prise. Sur ce point, je vais précisé que le lâcher prise provient à mon sens en grande partie de la confiance et du plaisir lié aux pratiques, et qu'à contrario (pour avoir connu le cas), les personnes qui ne prennent aucun plaisir finissent par mettre en place des techniques de fuites mentales qui diminuent les sensations physiques mais n'ont rien à voir avec le lâcher prise. Lâcher prise, c'est se sentir assez bien pour s'abandonner aux sensations sans réfléchir, pas chercher à les fuir en s'enfermant dans un monde mental dans lequel on ne ressent plus la douleur, même si les deux peuvent entraîner des réactions physiques similaires chez la personne qui subit.
J'ajouterais qu'à mon sens, la réponse se trouve un peu dans votre question, puisque la personne maso prends plaisir à la souffrance subit, or pour cela, il faut la canaliser et la gérer, sans quoi ce n'est que de la douleur et donc plus du masochisme.
Et enfin, je dirais que si je veux explorer mon sadisme plus avant, je préfère de loin une personne maso qui gère sa douleur, car je sais que je pourrais la pousser beaucoup plus loin... En prenant le contrôle de la situation et en alternant les moment de gestions plaisir et les moments durs.
Mais par opposition, il est très gratifiant de prendre une personne non maso, et de l'amener à prendre du plaisir à travers la douleur... Et pour ça, il faut lui apprendre, et faire preuve de technique et de patience. Mais quoi de plus beau que de voir quelqu'un évoluer et prendre de plus en plus de plaisir dans des choses ou cette personne n'en prenait pas avant?
6 personnes aiment ça.