"Un jour je m'élancerai avec les proverbes des oiseaux, tard dans l'année, quand leur cœur, grain de grêle, est blanc. Einst flieg ich auf mit der Laubvögel Sprüche im späten Jahr, wenn ihr Herz, ein Hagelkorn, weiss ist. Le lac. Englouties les rives. Sous le nuage la grue. Miroitements blancs, les millénaires des peuples bergers. Avec le vent j’ai gravi le mont. C’est ici que je vivrai. Chasseur j’étais, mais l’herbe m’a retenu". Johannes Bobrowski (1917-1965) a longtemps semblé chanter seul sur sa steppe, lui l’allemand de l’Est, près des frontières baltiques. Pourtant certains d’entre nous avaient reçu en plein cœur, il y a bien longtemps, son roman "Le moulin de Levine", mais la plus belle part de son œuvre, ses recueils de poésie, n’étaient accessibles qu’en allemand. Puis enfin des traductions et la parution de l’anthologie "Ce qui vit encore", nous permettent d’accéder à ce poète considérable et secret. Il est temps de lui faire grande place parmi nous. Ses mots sont autant d’invocations à son enfance, aux herbes, au lac, et au fleuve. Imperméable au réalisme socialiste de la RDA, en résonance avec le dialogue avec la nature, le jadis du monde, Johannes Bobrowski dit le caché des choses. Laconique, il mélange une sorte de pensée magique à une langue moderne, elliptique. Sa poésie semble granitique, immédiate, fruit d’un long dialogue avec le réel, commencé depuis des temps immémoriaux. Il sanctifie presque "la pure présence des choses". Et donc au travers de son langage en éclats, Johannes Bobrowski approche au plus près bien des mystères, bien des fantômes reviennent dans une mémoire vacillante, dégarnie. Les lieux, les gens, les espaces, et les peuples, tout s’entrecroise chez lui. "Nuit, longtemps ramifiée en silence, temps, fuyant, amer, ainsi devenu de vers en vers: enfance. C’est là que j'ai aimé le loriot". Il semblait fait de noir et de peu de lumière, de chamanisme envers les forces obscures des arbres, des fleuves, des ombres. Son monde était celui de l’Europe de l’Est. Cet écrivain protestant, hanté par l’éthique et le remords n’était pas un écrivain réaliste. Et quand il évoque le sort des tziganes et des juifs, ce n’est que par des allusions déchirantes. Loin des réalités politiques de l’Allemagne de l’Est, il trouvait refuge dans la poésie et les romans, et surtout au sein de ses immenses forêts obscures qui cheminaient alors sans cesse dans sa tête. "Enseigne-moi la parole, herbe, enseigne-moi à être mort et à entendre, longuement, et à parler, enseigne-moi, pierre, à demeurer, eau, ne te soucie pas, ni toi, vent, de moi. Sur l’ample versant, sur la prairie, les clôtures, sur les poteaux, j’étais le vent et l’interminable parole, en bas, du fleuve, je suis venu avec des mains de roseau, j’étais, sans bruit, étendu dans l’herbe, la tempe ouverte, les grillons me laçaient les cheveux". Il vivait dans son monde imaginaire, là où la cruauté des contemporains et de l’univers nazi qu’il avait subi, ne pouvait l’atteindre. Mort très jeune à quarante-huit ans, il semblait reclus, silencieux, publiant très peu. Mais il aura, à mi-voix, hurlé à l’immense. Dans ses mots il y a de l’incantatoire, de l’invocation, de la prière païenne. Aussi les poèmes de Bobrowski sont parfois identiques et répétitifs, comme des formules magiques, ou des pans hantés de mémoire. Sorte d’appels envers sa Lituanie rêvée, des steppes entrevues, des loups et des vallées rencontrés. Ses mots sont forgés par son expérience et également par son vaste imaginaire entre monde magique et monde protestant. Sa conscience historique se mélange avec sa façon d’appréhender le monde au travers de sensations immédiates. Comme un grenier de mémoire des allemands de l’après-guerre, de leurs victimes, il est l’écrivain lyrique de l’Europe de l’Est. Celui qui se savait étranger, donc proche de tous les étrangers. Celui qui fut étranger dans sa propre patrie sous le joug communiste. "Je ne suis pas ici. Je cherche un lieu, pas plus large qu’une tombe, le petit mont au-dessus des prairies. De là je peux la voir, la rivière". Ses mots sont un effort de reconstruction des mémoires effacées, de ces temps où les polonais, lituaniens, russes et les juifs avaient vécu dans une précaire harmonie, excepté les pogroms sanglants. En un temps où les nationalismes étaient tapis sous la cendre. Il est un poète profondément humaniste, pour qui la vérité est fondamentale. Johannes Bobrowski est profondément un homme de l’Est et sa vie ne peut se comprendre que si le souffle du vent sur les arbres résonne en vous, si les oiseaux vous parlent, si les nuages de neige vous sont un manteau fraternel, si vous vous souvenez des ruines, de tous les massacres. "Quelqu’un, toujours, il m’accueille, il a volé au-dessus des vents, il a écouté la parole dans le sable des rives, où le froid brûle, sur ton œil s’est déposé le givre, la muette glace d’une fleur, une larme en plein midi". Sa vie se place face à l’éphémère, dans la crainte de la fin des temps qu’il a approchée pendant la guerre. Sa vie fut un passage discret, attentif aux êtres et aux choses, écrasée par le poids de l’Histoire. Il est né le neuf avril 1917 à Tilsit, en Prusse Orientale, très proche du monde baltique qui va le fasciner. Il est le fils d’un cheminot et sa mère est fille d’un fondeur de cloches. Ses ascendants paternels et maternels sont tous implantés depuis longtemps dans cette région qui se situe entre Vistule et Niémen, ils sont protestants. Il fait ses études à Meml (Niémen), et Königsberg, et séjourne souvent en Lituanie chez ses grands-parents pendant son enfance. Il passe ses vacances sur les rives du Niémen où il rencontre des tziganes et des marchands ambulants juifs venant de l’intérieur de la Lituanie, et qu’il célébrera plus tard. Membre d’une communauté protestante dès 1930, qui deviendra alors un mouvement d’opposition chrétienne au nazisme, il s’initie aux lectures bibliques. Il étudie l’orgue et l’harmonie, et la musique baroque. En 1937 ses parents s’installent à Berlin. Il est mobilisé de 1939 à 1945 dans l’armée allemande et il est envoyé sur le front polonais, puis sur le front russe, et il côtoie l’horreur et l’inhumanité des nazis. En 1942 il est envoyé sur le lac Ilmen, près de Novgorod en Russie. Il en gardera toute sa vie un profond souvenir et attachement. Il commence alors à écrire des poèmes. Ses études d’histoire commencées en 1941-1942 sont interrompues et il retourne auprès du lac Ilmen. En 1943 lors d’une permission il peut épouser Johanna Buddrus. Il est fait prisonnier sur le front russe et va travailler au fond des mines de charbon de Donetsk pendant quatre ans. Il survit et est libéré fin 1949, car allemand de l’Est, il pourrait contribuer à l’édification du futur paradis communiste. Donc près de douze ans de sa vie, si courte, auront été ainsi balafrés par la guerre. Il s’installe à Berlin-Est en 1949. Il gagne alors sa vie comme lecteur et en 1951 il fait publier son premier recueil de poèmes "Le temps sarmate". En 1962 il obtient le prix envié du "groupe 47", celui que recevra aussi Ilse Aichinger. En 1964 paraît son chef-d’œuvre "Le moulin à Levine", hommage à son grand-père et livre inoubliable. Il est mort à Berlin Est le deux septembre 1965 d’une péritonite mal soignée, juste au moment où il commençait alors à être reconnu comme l’un des plus importants poètes de langue allemande de l’après-guerre. Rien de marquant dans sa vie, à part la plaie de la guerre au sein de la Wehrmacht. "Il m’a entendu. Je n’ai pas vu le pêcheur qui abaissait sa ligne, les femmes lavaient le linge depuis la barque, quand par le chemin de halage est venu l’autre avec ses chevaux, dans la fumée, et que par-dessus les clôtures passait le chant de deux appels, un qui sonnait clair et profonde la réponse, mais le soir elle s’est prise dans le vent". Mais il dégage alors une intériorité, une attention tendre et nostalgique vers aussi bien les humains que les arbres, que l’on retrouve dans ses écrits. Les mots de Johannes Bobrowski ont un éclat élémentaire, une clarté énigmatique et ils résonnent souvent comme un "tintement de grelots". La lumière se tient près de la vaste obscurité et une mémoire interminable semble remonter du seau de ses poèmes. Les tziganes déportés, les juifs massacrés, les pays dévastés, passent au milieu des fleuves et des forêts. Un appel des paysages de la Baltique, des longs chemins de glaise et de souvenirs, sont posés sur ses mots comme sur la tempe du poème. Et l’étranger, que nous serons tous un jour, est celui qui a vu sombrer le monde, celui vers qui porter son amour pour le sauver, pour nous sauver, ne serait-ce qu’un instant. Johannes Bobrowski est hanté par la nature de son enfance et il l’arpente avec "le chant des grillons dans les cheveux", des lumières dans ses vers. Le crépuscule est toujours aux portes, adossé aux clôtures, descendant de la montagne. Et ce crépuscule est celui des revenants. Souvenirs de la guerre, de son emprisonnement en URSS, de son emprisonnement moral dans l'Allemagne de l’Est communiste et totalitaire. Pour échapper à cela, il procède à une sorte de pensée magique dans ses mots. Quand il invoque l’oiseau, il est oiseau, quand il parle au fleuve, celui-ci lui répond. Il est rêves passant sur les plaines quand le vent se rappelle à lui. Profondément homme de l'Est, il vit du souffle des forêts, du feu et de la neige emmêlés. À ce stade de la fusion avec la nature, les mots n’ont plus cours, seule reste alors cette élégiaque tristesse qu’il porte à jamais en lui, et cette douleur de savoir qu’une goutte d’humanité, de tendresse l’aurait sauvé. Mais la tristesse étant inhabitable passent alors dans ses mots des éclats de tendresse: "Sur ta tempe je veux vivre ce peu de temps, sans bruit laissant errer mon sang au travers de ton cœur". "Ce que nous entendions: les crapauds, sombre, le vent montait sur la rive de roseaux, j’avais l’âge d’une fumée, entre matin et soir, roseau le matin, crapaud le soir, midi la route droite, l’arbre rassemble à son pied l’ombre". Lui le taciturne, complice du vol des oiseaux, avance sans parler au milieu de la création, brûlant, cherchant un peu d’eau dans les mots. Lui mort si jeune se sera demandé quel était son véritable nom ici-bas, et pour combien de temps il errerait à la lisière des humains et des forêts. Ses mots sont comme du sang qui murmure. Il est le poète de toutes les réminiscences, et viennent et reviennent ses amis proches: les bouleaux, les forêts, les plaines, le fleuve, les pierres, la lune, la neige, le vent et surtout la nuit. Dans ses poèmes il rend aussi hommage aux écrivains en qui il se reconnaît: Villon, Joseph Conrad, Dylan Thomas, Else Lasker-Schüler, Gertrud Kolmar, Hölderlin, Brentano, Mickiewicz, Klopstock surtout. Sa poésie est de forme classique, nulle révolution de langage, des mots souvent elliptiques qui se cognent les uns contre les autres, des images liées à la perte. La langue de Bobrowski est tout simplement une langue essentielle. Une langue sauvage aussi, portée par une pensée sauvage. Car Bobrowski est aussi un poète de la perte, perte de sa patrie, perte de ses espérances, et il s’enveloppe dans une sphère de tristesse et de mélancolie. Mais nulle froideur, nulle désolation, ses mots sont translucides, mais abrupts, rugueux souvent. La vie immédiate exige ainsi des mots immédiats. Et l’intercession des choses. L’herbe et la pierre lui apprennent à parler, car il leur parle aussi. Et le poète s’en échappe un feu, et vient la consolation de la neige. On voit donc qu’il fut à tous égards un homme des marges et des confins, ce qu’atteste son roman "Le moulin de Lévine". Né en Prusse-Orientale, longtemps assigné à un espace russophone, puis citoyen d’un État et d’une ville marqués en leur essence même par la division. Je rappellerai que ma présentation se termine par le mot "orée". "Devant la montagne, un vol d’oiseaux venait vers nous, blanche, la maison, avec la route s’approchait la forêt et se retirait, autour du marais courait le jour, un serpent, ruissellements à travers l’herbe. J’ai vu le marbre, une table sous les hêtres, nous sommes passés auprès, les chevaux s’effarouchaient, un coup a atteint la pierre, on en parle, on se montre la marque". L’essentiel de son œuvre proprement poétique a été publié, en présentation bilingue, par les éditions Atelier La Feugraie, dans des traductions de Jean-Claude Schneider. On goûte ses proses, et dans ses proses, on s'attache au roman intitulé "Le moulin de Lévine", ainsi qu’à un certain nombre de "récits" très brefs ("Erzählungen"), qui ne sont d’ailleurs pas proprement narratifs. On est d’emblée frappé par une sorte de polarité dans son style, lequel semble paradoxalement unir deux caractéristiques qui pourraient être alors parfaitement contradictoires, et que l'on pourrait qualifier d’"ellipse" et de "radotage". Le roman se situe d’emblée dans une sorte d’abyme, où l’auteur s’interroge sur le processus d’écriture, sur la question du "comment et par où commencer". Et assez rapidement vient sous sa plume. "Donc la première phrase". Quatre pages plus loin on pourra lire. "C’est donc là la deuxième phrase". Le mot "Satz" présente bien des sens, qui peuvent se rendre en français par "phrase", mais aussi par "proposition", par "thèse". Il peut encore désigner un mouvement dans une œuvre musicale, divers types de séries, un set au tennis, le mot anglais set n’étant d’ailleurs jamais que la version anglo-saxonne de Satz. Or, la difficulté, le charme aussi de la lecture tiennent à ceci. Que chaque Satz est en fait une scène, un tableau. Mais que Bobrowski se garde bien de les relier expressément entre eux. Il s’agit de sortes de flashs successifs, d’ouvertures de diaphragme discontinues, en pointillé. À charge pour le lecteur de suppléer alors, d’imaginer et reconstituer les maillons manquants, ce qui n’est pas dans chaque cas une tâche aisée. Le style de Bobrowski est volontiers bavard. Il se présente plus exactement comme quelqu’un qui cherche ses mots, hésite, trébuche, tâtonne, se rectifie, retouche sans cesse l’affirmation précédente, reprend pour apporter une infime modification. "Mais la forêt s’ouvre en bas aux prairies et aux champs, une route va, toute droite, l’arbre a abattu l’ombre à son pied, et contre la montagne vient s’allonger, respirant les brises, avec les trains de bois, et la voile le soir, l'aveugle, le fleuve". D’où cette impression de "radotage", ou de "ravaudage", mais qui est l’une des séductions de sa manière. Il y aurait peut-être là comme la transcription directe d’une oralité, celle d’un vieux conteur au coin du feu qui nous fait assister à ses improvisations, qui nous prend à témoin du surgissement non apprêté de sa parole. Bobrowski réussit ce tour de force de promouvoir le non-dit par le bavardage et du sein même du bavardage. On pourrait même soutenir qu’il y a peu de textes où le non-dit, le latent soit à ce point insistant, jusqu’à devenir explosif, où le pouvoir de suggestion indirecte soit plus puissant. En littérature, il n'y a pas de nom pour cette admirable figure de style inversée, qui flirte peut-être avec l’antiphrase. Bobrowski l’a tout simplement inventée. Parler à la fois pour ne rien dire, et pour dire tant. La traduction trahit toujours Bobrowski, car, même s’il n’est pas toujours facile à lire, sa syntaxe et son lexique sont à tout instant d’une simplicité absolue, dictés par un désir de retour à l’élémentaire, ou par un effort pour en sortir. Mais c’est pour lui la même chose. Il use sans cesse de ces petits mots, adverbes, prépositions, particules, souvent mono- ou dissyllabiques, dont seul l’allemand a le secret, et qui lui permettent. Le français, alourdit toujours, délaie, il intellectualise aussi. L’écriture de Bobrowski est discontinue. Manifeste dans "Le moulin de Lévine", elle se monnaie autrement dans ce que sont des proses brèves. Après tout, le roman pourrait s’appréhender comme une rhapsodie de proses brèves. La frontière entre le silence et la parole, l’affleurement du verbe hors du silence sont l’un des thèmes de prédilection de tout poète. Toutes raisons de considérer Johannes Bobrowski comme de part en part poète, jusques et y compris dans sa prose. Lisière ténue entre silence et parole. "Lourd, je m’agrandis par le bas, j’étale des racines dans le sol, les eaux de la terre me rencontrent, montent, je goûte à l’amertume, tu es sans fin, un oiseau pour les airs, léger de plus en plus dans la lumière, seule ma peur encore te retient dans le vent terrestre". "Moise Trumpeter est assis sur le tabouret dans le coin de la boutique. La boutique est petite, et elle est vide. Sans doute parce que le soleil, qui y entre toujours, a besoin de place, et la lune aussi. Elle aussi entre toujours quand elle passe. La lune donc aussi. Elle est entrée, la lune, par la porte, la sonnette ne s’est agitée qu’une fois, et seulement tout bas, cependant peut-être pas du tout parce que la lune est entrée, mais parce que les petites souris courent et dansent de-ci de-là sur les minces lames du parquet. La lune est donc venue, et Moise a dit bonsoir, Lune, et maintenant ils regardent tous deux. Mais chère Lune, dit Moise, il s’en faut de beaucoup que ce soit tout, voici qu’elles ont encore, comme ça, un petit corps, et tout ce qu’il y a dedans. Mais peut-être que, ça, tu ne peux pas le comprendre, et en plus, il n’est pas du tout vrai que ça change chaque jour, au contraire, c’est toujours exactement la même chose, et c’est justement ça, je crois, qui est si étonnant. La vérité sera plutôt que c’est toi qui changes chaque jour, bien que tu passes toujours par la même porte et qu’il fasse toujours sombre, avant que tu aies pris place ici. Mais maintenant, tiens-toi coite, et fais bien attention. Lorsque nous sortîmes de la forêt, le silence se fit. Derrière nous dans la forêt, les oiseaux continuaient à chanter, à coup sûr, mais ici, en rase campagne, le silence régnait. La forêt serrait ses chansons, pour qu’elles ne s’envolassent point dans les champs. Les arbres tendaient par devant leur feuillage comme un manteau tressé de mille fois mille feuilles, les chansons y étaient cachées, préservées comme quelque chose de précieux. Ici, dans les champs, c’était le silence. Voilà que le coucou s’était mis à crier, de manière lointaine, mais nette et tout à fait régulière, et il avait déjà une bonne avance lorsque nous nous avisâmes de compter ses cris au fur et à mesure. C’est ainsi que nous commençâmes simplement à dix-sept, et puis continuâmes". Dix-huit, dix-neuf, vingt, vingt-et-un, quarante-huit. Que devions-nous attendre pendant soixante-sept ans ? Comme le dit l’adage. Peut-être d’être devenus adultes ? Lire les vers de Johannes Bobrowski, c'est ouvrir son esprit et sa respiration aux plaines de l'Europe de l'est, de la Lituanie, de la Pologne, aux grands hivers, aux oiseaux et aux fleuves. Si la poésie contemporaine s'est éloignée peu à peu de la pure nature libre, celle du grand poète allemand, mort en septembre 1965, lui est restée profondément fidèle. Bibliographie et références: - Laurent Cassagnau, "Les Pianos de Lituanie" - Véronique Donnât, "Noir et peu de lumière" - Ralph Dutli, "Ce qui vit encore" - Luc de Goustines, "Le Moulin à Lévine" - Maryse Jacob, "La poésie de Bobrowski" - Antoine Jaccottet, "Johannes Bobrowski" - Fernand Cambon, "Johannes Bobrowski" - Gil Pressnitzer, "Johannes Bobrowski" - Jean-Claude Schneider, "Signes du temps" - Arnaud Villani, "Johannes Bobrowski" - Klaus Wagenbach, "La poésie de Bobrowski" - Ernst Wiechert, "L'élève Bobrowski" Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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