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La rubrique "Articles" regroupe vos histoires BDSM, vos confessions érotiques, vos partages d'expériences SM.
Vos publications sur cette sortie de blog collectif peuvent aborder autant les sujets de la soumission, de la domination, du sado-masochisme, de fétichisme, de manière très générale ou en se contentrant très précisément sur certaines des pratiques quu vous connaissez en tant que dominatrice/dominateur ou soumise/soumis. Partager vos récits BDSM, vécus ou fantames est un moyen de partager vos pratiques et envies et à ce titre peut être un excellent moyen de trouver sur le site des partenaires dans vos lecteurs/lectrices.
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La jeune femme était préoccupée par des questionnements qui, indirectement, la persuadaient qu'il y avait lieu de se demander si elle était éprise ou non. Et à force d'examiner cette hypothèse, l'éventualité de sa passion pour Charlotte devenait pour elle une réalité, mieux, une évidence ! Et plus elle s'en apercevait, moins elle se sentait capable d'opposer à l'émotion tenace, flamboyante et proche de la panique qui la gagnait, sa réserve qui, pourtant demeurait vive, tant elle-même demeurait rétive à se livrer, à risquer une autre fois son cœur qui ne savait qu'aimer absolument. Cernée, elle se voyait à présent traquée par d'inévitables sentiments, fatals et mordants, qui la conduisirent à rechercher d'opportunes occasions de s'ouvrir à Charlotte. C'est ainsi qu'elle conçut le projet d'un voyage. Mais quelle idée baroque de promener son amante sur les rives diaboliques du lac de Côme ! Avec Prague, Budapest ou Venise, c'est l'endroit le plus fâcheux pour les amoureux. Son atmosphère languissante leur est fatidique. Je ne sais si cela tient à la particularité de l'air humide, à la chimie toxique des décompositions végétales qui s'opèrent dans les eaux dormantes où la dépression créée par la cime neigeuse des Alpes et à la douceur du microclimat. La végétation a beau être luxuriante, la passion, saisie de mélancolie et de langueur, se fane doucement. Au reste, les autochtones ont pris leur parti de cette singularité qu'ils ne s'évertuent plus à comprendre. Prévoyants, ils font signer plusieurs contrats de location pour les mêmes villas tant ils sont convaincus que les audacieux qui y hantent leur lune de miel dénonceront leur bail à la dernière minute. Rares sont les amoureux qui passent le cap de la deuxième semaine. Seuls quelques couples d'anglais ou de scandinaves vaccinés contre tout poison romantique échappent à la fatalité. L'air ambiant a agi: le couple s'aigrit. Les lits sont soulagés, les sommiers ne grincent plus, on ne brame plus jusqu'au petit jour, on bâille d'ennui. Les griefs remplacent les sentiments. On était arrivé plein de feu, on se quitte plein de fiel. Les cœurs éperdus, égarés par les rêves, ont rejoint leur logis raisonnable. Chacun a regagné son égoïsme. Le lac de Côme a accompli son œuvre. Bellagio et les villages ocres qui sertissent le lac font pourtant la meilleure impression. Et quel est le couple d'amoureux qui ne se croit pas au-dessus le la loi commune ? Aucun n'échappera au refroidissement fatal. Ce qui m'attirait là-bas, outre Stendhal et le roman d'une femme de lettres américaine, "Madame Solario", qui entremêle l'inceste et les promenades en barque, les robes d'organdi froissées et la culpabilité, c'était bien sûr la légende de la "Pliniana". Cette villa majestueuse habitée par Pline le jeune, qui a étudié son secret, possède dans ses entrailles de pierre une source vive qui se jette dans le lac. Celle-ci s'interrompt toutes les six heures pendant la même durée. Ce lieu a abrité les amours du prince Belgiojoso et de la duchesse de Plaisance, fille du maréchal Berthier, qui avait abandonné mari et enfants pour fuir avec ce bellâtre, chef des partisans italiens. Elle l'avait quitté tout aussi brutalement quelques années plus tard pour aller habiter sur l'autre rive, le laissant désespéré. J'abordais avec précaution ces lieux prédestinés au naufrage. Un printemps timide s'effoçait de repousser l'humidité poisseuse. Nous visitâmes la "Pliniana". Un guide cérémonieux nous en fit les honneurs. Tandis qu'il discourait avec abondance, Charlotte voyait le fantôme des amants rôder dans les couloirs. Elle se plaisait à croire qu'ils se jetaient toujours dans le lac à minuit, à leur habitude, du haut de leur balcon de leur chambre, enveloppés dans un seul drap blanc. Je me gardais bien d'interroger le guide à ce sujet pour ne pas la contrarier.
Le soir allait tomber, et d'être avec elle, me rendait non sans arrière-pensées, joyeuse et confiante. Avec un peu de chance, il ne resterait plus qu'une chambre avec un grand lit. La tragédie du lac de Côme ferait place alors à une comédie, où nous pourrions jouer à cache-cache avec nos sentiments. Elle me souriait. C'était une promesse. Oui, nous fîmes l'amour cette nuit-là. Le lendemain soir, la gérante d'un fameux hôtel, la Villa d'Este, une femme d'âge mûr, élégante et encore séduisante, nous fit le récit de légendes qui foisonnaient sur le lac. Le dîner avait le charme pimpant des réceptions transalpines: mélange de potins dénués d'aigreur et de méchancetés, d'anectodes amusantes, ni sérieux, ni emphase cérémonieuse. On semblait là seulement pour le plaisir, pas pour se voir infliger un cours d'Université ou une leçon de morale. Le minestrone vous donnait l'impression de faire le tour du potager. Peu à peu, la nuit tombait sur le lac. Des lumières s'allumaient sur les rives. Une odeur aigrelette de moisi et de plantes décomposées perçait sous les effluves des brûle-parfum. Charlotte et moi étions l'une à côté de l'autre. Nous murions notre désir. Je m'efforçais de ne pas la toucher. Mais les meilleures résolutions sont celles qui ne sont jamais tenues. Alors, je lui pris la main et je l'embrassai. Au café, dans le salon, la conversation déboucha sur D'annunzio et, de là sur les grands aviateurs. Le visage de la maîtresse de maison se rembrunit aussitôt comme si la nuit du lac tombait aussi sur ses traits limpides. J'évoquais les figures de Saint-Exupéry et de Mermoz. On en vint à évoquer le nom de Peter Townsed, ce légendaire chevalier du ciel. Plus que sexagénaire, il restait beau comme un acteur et juvénile comme s'il venait à peine de terminer ses études à Eton. Cet homme ne volait pas, il planait tant il semblait être supérieur aux autres. Le scandale de sa liaison avec la princesse Margaret l'avait affiché à la première page de tous les quotidiens du monde. Pourtant son seul désir était de demeurer dans l'anonymat et l'obscurité. Et il passa au travers du tohu-bohu médiatique et des flashes des journalistes avec la même désinvolture souriante que la mitraille allemande. Il méprisait la vulgarité, la méchanceté et surtout la facilité. Seule la finalité l'intéressait. Ne jamais baisser les bras face à l'adversité. Dénué de toute agressivité, il avait mené la bataille d'Angleterre comme s'il avait dirigé une équipe de cricket. Militaire atypique avec une âme de poète, il aimait la vie et la paix qui la rend possible et aimable. Peu à peu, il était devenu pacifiste et offrait ses médailles et décorations à des œuvres de charité. Si Saint-Exupéry aimait les jeux de carte et les tours de passe-passe, lui vouait une profonde passion pour les oiseaux, avec lesquels il se sentait des liens de parenté. Il rêvait d'écrire un livre sur les hirondelles dont il admirait les prouesses de vol. Quand il trouvait un oiseau blessé, il tachait de le soigner avec la même méticulosité qu'il mettait à rafistoler son Spitfire après un duel aérien. Il nous a quittés le dix-neuf juin 1995 à l'age de quatre-vingt-ans et repose aujourd'hui dans le petit cimetière de Saint-Léger-en-Yvelines, où il avait restauré avec sa seconde femme une ancienne ferme. Grâce lui soit rendue. De tels hommes rassurent sur la nature humaine. Ils relèvent son degré de grandeur. Comme Mermoz et Saint-Exupéry, il a rejoint les cieux. Sur le lac de Côme, le ciel était haut et étoilé. Je sentais sous mes lèvres les lèvres de Charlotte et je la sentais aussi s'attendrir et céder. Son consentement était doux et chaud. Je la regardais de cet œil bienveillant qu'on réserve aux êtres auxquels on a que des plaisirs à reprocher. Son amour m'apaisait. Pour une fois, la malédiction du lac de Côme avait épargné des amoureux.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Dans une brume intemporelle, où les âmes errantes des philosophes antiques se mêlent aux ombres des vivants – et où, apparemment, même les sages grecs ont besoin d'un safe word –, Socrate apparut soudain dans une chambre obscure aux murs tapissés de cuir et de chaînes. L'air était chargé d'une tension palpable, rythmée par le claquement d'un fouet et les gémissements étouffés d'un homme attaché à une croix de Saint-André. Antoinette, une dominatrice aux cheveux noirs comme la nuit, vêtue d'une robe de latex moulante qui crissait comme un argument philosophique mal huilé, tenait fermement le manche d'un martinet. À ses pieds, Maso, son soumis, nu et entravé, tremblait d'anticipation et de douleur, son corps marqué de stries rouges qui ressemblaient vaguement à une carte routière athénienne.
Socrate, avec sa tunique usée et sa barbe grise – probablement pas lavée depuis l'Académie –, observa la scène sans jugement apparent, ses yeux pétillants de curiosité. Il s'assit sur un tabouret de fer, comme s'il était dans l'Agora d'Athènes, et commença à questionner, d'une voix calme et insistante.
Socrate : Ô noble Antoinette, toi qui commandes aux corps et aux âmes dans cet art que tu nommes BDSM, permets-moi de m'interroger avec toi. Je vois ici un homme, Maso, que tu soumets à la morsure du fouet. Dis-moi, où réside le Beau dans cette pratique ? Est-ce dans la symétrie des marques sur sa peau, ou dans l'harmonie de la souffrance consentie ?
Antoinette, sans interrompre son geste – elle abattit le martinet sur les cuisses de Maso, provoquant un cri rauque qui fit sursauter même le philosophe –, répondit avec un sourire énigmatique, ses yeux verts fixés sur Socrate. Elle ajouta une pointe d'humour fin, comme un fouet qui chatouille l'esprit.
Antoinette : Socrate, le sage qui n'a rien écrit mais qui a laissé Platon faire tout le boulot, bienvenue dans mon royaume de velours et de fer. Le Beau, dans le BDSM, n'est pas dans tes statues grecques idéalisées – celles qui ont l'air d'avoir abusé des stéroïdes divins. Il naît de l'équilibre entre domination et soumission, entre le contrôle et l'abandon. Regarde Maso : ses marques ne sont pas des blessures, mais des poèmes tracés sur la toile de sa chair, un peu comme tes dialogues, mais avec moins de pages et plus de piquant. Et toi, Maso, qu'en dis-tu ? Parle, même si ta voix tremble – ou chante, si tu préfères l'opéra tragicomique.
Maso, haletant, les poignets attachés haut au-dessus de sa tête, leva les yeux vers Socrate. Son corps ruisselait de sueur, mais son regard portait une lueur de clarté inattendue, comme s'il avait trouvé l'illumination au bout d'un martinet.
Maso : Maître Socrate... la douleur... elle est belle parce qu'elle me dépouille. Sans elle, je suis prisonnier de mes masques quotidiens. Ici, sous le fouet d'Antoinette, je me sens nu, vrai. Le Beau est dans cette nudité de l'âme – et franchement, c'est plus excitant qu'une toge mal ajustée.
Socrate hocha la tête, pensif, tandis qu'Antoinette ajustait une pince sur le torse de Maso, lui arrachant un gémissement profond. Elle ne put s'empêcher d'ajouter, avec un clin d'œil malicieux :
Antoinette : Attention, Socrate, ne te pince pas les doigts en philosophant. Ces pinces sont pour les âmes aventureuses, pas pour les barbes pensives.
Socrate : Intéressant. Mais dis-moi, Antoinette, où se trouve le Bien dans tout cela ? Le Bien, selon moi, est ce qui élève l'âme vers la vertu. Or, la souffrance n'est-elle pas un mal, un obstacle à la sagesse ? Comment le Bien peut-il naître de la chaîne et du cri ?
Antoinette, avec une grâce féline, s'approcha de Maso et caressa doucement sa joue rougie, contrastant avec la sévérité de ses actes. Elle répondit en fouettant à nouveau, précisément, comme un sculpteur taillant le marbre – ou un philosophe taillant dans le vif du sujet.
Antoinette : Le Bien, Socrate, n'est pas dans l'absence de douleur, mais dans le consentement et la confiance. Dans le BDSM, le Bien réside dans le contrat invisible entre nous : je domine, il se soumet, et ensemble nous explorons les limites de l'humain. Ce n'est pas une tyrannie, mais une dialectique, comme tes dialogues – sauf que les miens finissent souvent par un "merci, Maîtresse" au lieu d'un hemlock. Maso, n'est-ce pas le Bien que tu ressens quand je te pousse au bord du vide ? Ou préfères-tu que je te pousse littéralement ?
Maso : Oui, Maîtresse... et Socrate, le Bien est dans la catharsis. Chaque coup me purge de mes peurs, de mes doutes. C'est comme si le fouet ouvrait des portes en moi, révélant une force que j'ignorais. Sans cela, je serais faible, enchaîné par la société. Ici, je suis libre dans mes chaînes – et au moins, ces chaînes-là ne me forcent pas à boire du poison pour mes idées.
Socrate se leva, marchant lentement autour de la croix, observant les tremblements de Maso comme s'il étudiait une énigme – ou un puzzle un peu trop serré.
Socrate : Ah, la liberté dans les chaînes ! Voilà un paradoxe digne d'Athènes. Mais approfondissons : la douleur peut-elle révéler ou accoucher une âme, comme la maïeutique accouche les idées ? Dans ma méthode, je questionne pour faire naître la vérité de l'interlocuteur. Toi, Antoinette, utilises-tu la souffrance comme une sage-femme de l'âme ? Maso, sens-tu ton esprit s'éveiller sous les coups ?
Antoinette posa le martinet et attacha un collier plus serré autour du cou de Maso, le forçant à lever la tête. Elle parla avec une intensité philosophique, mais glissa une touche d'ironie subtile, comme un fouet enveloppé de soie.
Antoinette : Exactement, Socrate. La douleur est ma maïeutique moderne – version 2.0, avec des accessoires en option. Dans le BDSM, elle n'accouche pas seulement des idées, mais de l'âme elle-même. Elle brise les illusions, force l'ego à capituler, et révèle l'essence pure. Regarde Maso : avant moi, il était perdu dans le bruit du monde, comme un philosophe sans auditoire. Maintenant, chaque séance l'accouche de lui-même, plus fort, plus conscient. La souffrance, consentie, n'est pas destruction, mais renaissance – et bien moins salissante qu'un accouchement traditionnel, je t'assure.
Maso : Socrate... oui, elle accouche mon âme. La douleur me vide, puis me remplit de lumière. C'est comme plonger dans le Styx pour en ressortir invulnérable – sans le talon d'Achille, espérons-le. Sans Antoinette, je serais une ombre ; avec elle, je suis vivant, éveillé. La souffrance révèle ce qui est enfoui : le courage, l'humilité, l'amour même – et parfois, un bleu inattendu.
Socrate sourit, ses yeux brillants d'une sagesse éternelle, amusé par ces joutes verbales pimentées.
Socrate : Fascinant. Dans cet art du BDSM, je vois un écho de mes propres quêtes : la recherche du Beau dans l'harmonie des opposés, du Bien dans la vertu consentie, et de la vérité par la confrontation. Peut-être, Antoinette et Maso, êtes-vous des philosophes du corps, des accoucheurs d'âmes par le feu de la sensation. Mais dites-moi, si la douleur accouche l'âme, quel est l'enfant qui naît de cette union ?
Antoinette, libérant légèrement les entraves de Maso pour qu'il puisse s'agenouiller, répondit en le caressant tendrement, avec une dernière pointe d'humour fin comme une lame bien aiguisée.
Antoinette : L'enfant, Socrate, est la plénitude. Une âme libérée des chaînes invisibles de la peur, prête à embrasser le monde avec authenticité. Dans le BDSM, le Beau, le Bien et la Vérité se fondent en une extase philosophique – et si Platon était jaloux, il pourrait toujours venir tester une séance. Après tout, qui sait, peut-être que la caverne allégorique avait besoin d'un peu plus de latex.
Maso : Et cet enfant, c'est moi... renaissant à chaque séance – et prêt pour la prochaine, Maîtresse.
Socrate, satisfait et un brin espiègle, s'effaça dans la brume, laissant derrière lui un écho : "Connais-toi toi-même, même dans la douleur – et n'oublie pas de rire un peu." La séance continua, plus profonde, imprégnée de sagesse antique et d'un humour qui chatouillait l'âme.
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