sylvie35
par le 18/01/23
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Je ne suis pas très rassurée, nue sur cette aire d'autoroute à la tombée de la nuit [1]. Tout en scrutant la voie d'entrée, craintive, je me dépêche de me diriger vers les toilettes, espérant y trouver un refuge provisoire.

J'entends mon Maître qui m'interpelle: "Qu'est-ce que tu fais?"
Tétanisée, je reviens vers lui.
Je me prends une gifle qui me fait presque trébucher, puis une deuxième.
"Va pisser dans les toilettes des hommes, comme une salope. C'est là qu'est ta place."

J'essaie péniblement de pisser, debout devant l'urinoir.
Mais je suis tétanisée. Pas une seule goutte ne sort. Pourtant j'avais très envie.
Un jeune homme entre et me dit bonsoir d'un air gêné, certainement surpris de tomber sur une femme nue ici. Je suis bien plus gênée que lui, mais je lui réponds "Bonsoir, Monsieur" pour me donner une contenance.
"Bonsoir Monsieur!" Qu'est-ce que c'est con comme réponse dans de telles circonstances...

J'essaie encore de forcer pour vider ma vessie, mais rien à faire. Je laisse tomber, je n'y arriverai pas, encore moins maintenant, la situation est trop gênante. Tant pis, je vais rester avec la vessie pleine.

Il ressort rapidement. Ouf!
Je ne m'étais même pas rendue compte que mon Maître l'avait suivi de peu, sans doute pour assurer ma protection au cas où, et se tenait discrètement dans la pénombre.
Je me tiens debout avec les pieds à environ 60 cm l'un de l'autre, utilisant un index de chaque main pour écarter mes petites lèvres, tirant doucement vers l'avant tout en exerçant une pression uniforme pour exposer l'urètre. Basculant le bassin vers l'avant, essayant de me décontracter - pas facile de lâcher prise quand on est observée - je n'y arrive malheureusement pas.
Je m'attendais à un "dépêche-toi, on n'a pas toute la nuit!" mais au contraire mon Maître me parle doucement, d'une voix apaisante, pour m'encourager. Finalement, j'y arrive, et sans en mettre à côté! Félicitations de mon Maître. Je suis plutôt fière de moi.

C'est revigorée et confiante que je monte dans la voiture. Les félicitations de mon Maître m'ont dopée !

Nous roulons en silence et je me perds dans mes pensées. J'apprécie que mon Maître ne soit pas trop bavard, tout comme moi. Les flots de paroles me saoulent quand ils viennent à un moment où j'ai besoin de sérénité.

Une brutale décélération me sort de mon nuage. Mon Maître vient de piler sur l'autoroute.
Un bouchon en formation, une fumée épaisse, des cris et des explosions,...
Les Brigades de Défense de la Démocratie sont en train de démanteler un barrage et de tabasser les manifestants.
La voie sera libre sans tarder. Ces gens-là ne font pas dans la dentelle.

Une femme, le visage en sang, tente de s'échapper en courant. Elle fait tomber un objet qu'elle tenait à la main.
Mon Maître ouvre la vitre et l'appelle, mais au lieu de monter dans la voiture, elle retourne chercher l'objet. "Quelle conne!" me dis-je. Elle va se faire prendre et nous avec.
Trois miliciens armés de matraques arrivent vers nous en courant.
Elle a juste le temps de monter. Mon Maître enclenche la marche arrière et recule à toute vitesse pour prendre la sortie que nous venions juste de passer. C'était moins une.

Une voiture nous prend en chasse après la sortie, mais est vite semée. La vieille Aston Martin a encore de sacrées ressources dans le ventre. J'ai l'impression d'être aux côtés de 007 !
Mon solde de crédit social étant dans le négatif, je risquais gros si j'étais tombée entre les mains des miliciens. Ne pas faire partie des citoyens exemplaires est très mal vu par les temps qui courent.

Depuis la loi sur le retrait ciblé des permis de conduire [1], des manifestations ont semé le trouble au sein de la fédération des grandes démocraties. Pourtant, les experts ont publié plusieurs tribunes dans la presse pour expliquer les bases scientifiques de cette loi et fustiger les quelques groupuscules anti-science qui refusent encore de jouer collectif. Les meutes de fact-checkers ont ridiculisé ceux qui tentaient de contredire la science officielle.

Des bruits courent comme quoi des policiers, plus nombreux qu'on ne le croit, auraient des états d'âme, voire rejoindraient clandestinement les manifestants. C'est sans doute cela qui a conduit à la création de milices citoyennes, les Brigades de Défense de la Démocratie, le gouvernement n'ayant plus qu'une confiance très modérée dans sa police.

Les journalistes ne tarissent pas d'éloges sur ces citoyens courageux qui prennent des risques pour défendre nos belles valeurs progressistes, et fustigent ceux qui non contents d'avoir mis leurs concitoyens en danger en refusant de "se protéger et protéger les autres", voudraient à présent continuer à emprunter les routes en faisant fi du danger qu'ils constituent pour les autres usagers.
Ce message quotidiennement répété a renforcé la haine de la population à leur égard, et l'admiration pour les miliciens. L'afflux de candidatures dans les bureaux de recrutement a été massif.

Les miliciens ne sont pas rémunérés, mais reçoivent un bel uniforme dont ils sont très fiers et qui leur donne un air de policier britannique du siècle dernier. Au-delà de la répression des manifestations, ils jouent un rôle crucial dans la prévention du crime : implantés dans chaque quartier, ils reçoivent cordialement et discrètement les citoyens qui souhaitent faire leur devoir en dénonçant les individus dangereux, soupçonnés de ne pas adhérer pleinement aux valeurs démocratiques ou de trop réfléchir. « Des gens bien plus intelligents que vous savent ce qui est bon pour vous ». Tel est l’adage que tout bon citoyen doit suivre. « Nous sommes en démocratie, bon sang ! Ceux qui ont des doutes sont forcément des individus louches. ». Tels sont les mots de Christophe B., éditorialiste très en vogue.
 
Je me retourne vers notre passagère, pour m'enquérir de son état. Elle est en train d'examiner l'objet qu'elle a récupéré, une caméra semble-t-il, visiblement plus contrariée par l'état de cet objet complètement fracassé que par ses blessures.
Elle ne semble pas comprendre notre langue et me répond en anglais.
« Sonia E. !!?? », m’exclame-je.
Son visage ensanglanté n'est pas reconnaissable, mais j'ai immédiatement reconnu le timbre très particulier de sa voix.
Je comprends pourquoi elle a pris tous les risques pour récupérer sa caméra.

Elle me félicite pour mon collier d'esclave. Visiblement elle n'a pas besoin d'explications...
Oui, je suis très fière de porter ce collier. J'aimerais crier ma fierté en long, en large, et en travers, mais mon anglais approximatif m'empêche d'exprimer le fond de ma pensée. Dommage.

Nous arrivons au domicile de mon Maître. Une maison assez quelconque, mais avec un grand jardin clôturé. Voilà qui sera bien utile pour certaines pratiques perverses en extérieur...

Je pousse un hurlement en sortant de la voiture. Cet objet dans le cul, qui se rappelle à mon bon souvenir ! Je l'avais presque oublié, mais le mouvement... Bon sang, qu'est-ce que ça m'a fait mal !  J'essaie d'interpréter mes sensations, de deviner ce que c'est, quelle forme il a, mais c'est difficile.

A peine débarqués, nous nous affairons à prodiguer les premiers soins à notre invitée surprise.
Elle a pris de sacrés coups, la pauvre. Espérons qu'elle n'ait pas de fracture du crâne, mais malheureusement la conduire à l'hôpital serait bien trop risqué.
Décidément, rien ne se passe comme prévu.
J'en ai presque oublié que je suis complètement nue depuis l'arrêt sur l'aire d'autoroute.
Je suis tellement excitée d'avoir rencontré en vrai cette femme que j'admire. "Si seulement je pouvais avoir le centième de son courage", me dis-je. Pourtant elle semble si faible et si fragile... Qui aurait pu se douter qu'une si frêle créature fait trembler les élites au pouvoir?

Ses blessures nettoyées et pansées, nous nous dirigeons vers une grande salle très plaisante, moquette au mur, cheminée en pierre, … J'ai bien remarqué la cage, à peine dissimulée, à côté de la bibliothèque. Je sais très bien à qui elle est destinée.
Mon Maître n'avait pas prévu que nous ayons une invitée. La situation est assez gênante, mais Sonia semble à peine y prêter attention. Elle a tout compris.
Plus je parle avec elle et plus je ressens le mental d'acier qui se cache derrière son apparence fragile. Elle en a vu d'autres, certainement. Il en faut bien plus pour l'impressionner.

Mon Maître ne m'a pas donné d'ordre et pourtant j'ai compris. Je ne sais pas comment. L'intonation de sa voix? Il a simplement prononcé mon prénom et j'ai compris. « Dans la cage ! ». Oui, Maître, j'y vais, car là est ma place. Je referme la grille derrière moi. Elle se verrouille automatiquement, tel un piège. Des pensées contradictoires me traversent l'esprit, je suis tellement fière d'appartenir à cet homme, tellement heureuse d'être en cage pour son plaisir, et pourtant je me sens honteuse d'être là, nue, en cage, comme une chienne, en présence d’une autre femme.
Sonia me lance un sourire, que je ne sais comment interpréter. Encouragement? Moquerie? Complicité?
Mon Maître sort du salon en sa compagnie et éteint la lumière.
Je me retrouve seule dans le noir.
Les pensées me traversent l'esprit dans tous les sens. Où sont-ils allés? Que font-ils? Que se disent-ils?
Est-il possible que tout cela ait été combiné? Non, c'est invraisemblable.
Qu'est-ce que le temps est long quand on est seule, sans repère! Cette cage est vraiment inconfortable. L'espace est restreint. Les barreaux me font mal.
Et puis, je ne sais pas ce qui me prend tout à coup, mais je ne peux résister à l'envie de me masturber. Mon clitoris est en feu.
Pendant que mon esprit était occupé avec tous ces évènements inattendus, mon corps  avait de toutes autres attentes, et c'est seulement maintenant que j'en prends conscience. Il ne me suffit que de quelques instants pour jouir intensément. J'étais comme une cocotte minute prête à exploser. A peine ais-je retrouvé mes esprits que je remets ça. De toutes façons, je n'ai rien à faire, et c'est tellement bon...

à suivre...


Référence

[1] La route de tous les dangers", article publié sur bdsm.fr le 18/12/2022,
https://www.bdsm.fr/blog/8274/La-route-de-tous-les-dangers/

 

 

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mael
Cool Sylvie le nombre ne fait rien à l'affaire. Par contre lâche toi et devient timbrée autant qu'il te plaira. L'écriture libére. Tiens au passage...ton maître te laisse te mzsturber seule. Avec moi tu te serais déjà fait tanner le cul petite cochonne qui se touche sans permission. Tiens ...une cage acier pour ton clito....rires. l'écriture c'est libre. Bises. Il faut bien dissocier la personne que tu es et le personnage de fiction et ce même si tu utilises le je. Là je m'adresse à tes personnages dans ton histoire. C'est important de toujours dissocier les deux. Après c'est surprenant comment les personnages de fiction vivent leurs propres vies. Et donc ta soumise dans sa cage...
J'aime 19/01/23 Edité
mael
Les dispositifs de chasteté pour les clitos des femmes...c'est pas encore la mode. Des cages pour les pénis c'est très courant. Là, c'est plus amusant ...il faut du sur mesure avec un dispositif de verrouillage...tiens un bon boulot pour toi Sylvie qui est très bricoleuse et pleine d'idées .
J'aime 19/01/23
sylvie35
@mael: cela fait un moment que j'ai en tête deux idées un peu bizarres pour atteindre cet objectif (l'une réalisable, quoique difficilement, l'autre beaucoup plus hypothétique) et j'envisageais d'en mettre une ou peut être les deux dans la suite de l'histoire. Mais, chut, je n'en dis pas plus pour l'instant... 1f642.png Pas d'inquiétude, je sais bien dissocier la personne que je suis et le personnage que je fais vivre. J'y mets beaucoup de moi, mais elle n'est pas moi. D'ailleurs, si je me permettais de me masturber sans autorisation, comme elle, mon Maître me mettrait une sacrée raclée 1f602.png1f602.png1f602.png Après, vous êtes bien placé pour savoir que parfois (rarement, heureusement) il arrive qu'un lecteur prenne une fiction complètement au premier degré, identifie à 100% l'auteur au personnage, et pète les plombs... Effectivement, les personnages ont un peu leurs propres vies. C'est difficile à expliquer, mais je le ressens. L'inconscient qui travaille en arrière-plan, probablement.
J'aime 19/01/23 Edité
mael
@sylvie super ! C'est difficile au début de bien dissocier...les personnages créés sont parfois envahissants...un peu comme des couvertures. Cette femme crée dans ce monde sombre est vraiment amusante. Donc ce sera plaisir de suivre ses aventures. Bises et bonne continuation.
J'aime 20/01/23
super sylvie j'adore comment tu ecris. tu manque ps d'idees surprenantes et t tres douee pour les raconter. c sombre et cynic mais genial. on se demande qui est sonia. elle est un peu mysterrieuse.
J'aime 21/01/23
sylvie35
Merci maitredursevere ! Je me suis un peu inspirée d'une journaliste d'investigation britannique (c'est une espèce en voie de disparition et les très rares qui restent sont anglais ou américains - ceux que je connais en tout cas), mais dans mon histoire son personnage s'éloigne et s'éloignera assez significativement du personnage réel. Ses enquêtes sont très intéressantes à lire: basées notamment sur des documents confidentiels qu'elle réussit à se procurer, elles révèlent des conflits d'intérêt majeurs, fraudes, comportements contraires à l'éthique et corruption. Comme les autres journalistes dont les enquêtes dérangent, elle est "invisibilisée" par Google, censurée sur les plateformes des GAFAM, et bien sûr jamais invitée dans les médias grand public.
J'aime 22/01/23
merci de m'avoir repondu sylvie. j'avais remarque que tu est souvent tres bien informer et je devine que c ps par la tele. bonne soiree a toi et a ton maitre.
J'aime 22/01/23
Félicitations Sylvie pour ce nouvel épisode des aventure d'Ysideulte. Toujours aussi prenant et agréable à lire ! Tu en es à 3 histoires parallèles interconnectées si je ne me trompe pas (l'héroïne sans nom du premier épisode, Ysideulte dans les épisodes 2, 3, et 5, et l'oiseau mutant dans l'épisode 4). Tout le monde n'est pas capable de construire un tel schéma qui devient de plus en plus complexe en restant cohérent. Je suis admiratif.
J'aime 22/01/23
sylvie35
Merci Jakez ! J'ai tout le tableau dans ma tête (images mentales) donc ça aide... Après, on n'est jamais à l'abri de quelques incohérences. Mais bon, ce n'est qu'une fiction, même si une incohérence échappe à mon attention ce n'est pas dramatique 1f642.png
J'aime 22/01/23
Temps06
Je continue à très bien aimé, même si les moments de lisse sur l'autoroute, mon moins passionnés... J'adore la fin depuis la sortie d'autoroute... J'ai hâte de savoir et connaître la suite...
J'aime 25/01/23
sylvie35
Merci Temps06 1f642.png Pardonnez mon ignorance, mais c'est quoi un moment de lisse ?
J'aime 25/01/23 Edité
gitane sans filtre
J'attends la suite et ce qui est génial c'est que je n'ai aucune idée de ce qu'elle sera ... j'aime beauoup le contexte social ^^
J'aime 25/01/23
Lady Spencer
Tu as raison, GsF, peut nous emmener très loin vers des tas de chemins possibles. Hâte : ça s'écrit comme ça ? 1f44f.png1f44b.png1f60d.png
J'aime 26/01/23
sylvie35
Merci gitane sans fitre et Lady Spencer ! Commentaires tres agréables à lire pour bien commencer la journée 🙂🙂🙂
J'aime 26/01/23
thomasreplay
Prenant.
J'aime 09/02/23
sylvie35
Merci thomasreplay !
J'aime 09/02/23
Monsieur
Bonjour ! Oups ! Dégainé trop vite. Demande d'ami envoyée sans message accompagnateur... Quelle faute de goût ! Désolé pour le manque de savoir... utiliser le site !
J'aime 24/03/23
sylvie35
@Monsieur: Bonjour. Pas de problème, cela peut arriver. Vous pouvez le refaire, mais sachez que je ne valide quasiment pas de demande de contact en ce moment car je manque de temps pour répondre à d'éventuels messages. J'en suis désolée. Par contre, je n'ai pas compris pourquoi vous écrivez cela dans la zone des commentaires de cet article. A priori, c'est sans rapport, ou bien s'il y en a un je ne le vois pas.
J'aime 24/03/23
sirstephen6
J'ai transmis votre texte à l'amicale des Brigades de Défense de la Démocratie sous couvert d'atteinte aux bonnes moeurs. Ils sont devenus rouges, furieux et ont fait part de velléités de vengeance ou autre charabia incompréhensible à base de justice universelle ainsi que d'un discours féministe assez confus. Ce fut un plaisir de voir leur réaction Très joli texte au passage
J'aime 16/11/23 Edité
sylvie35
Aïe! La vengeance risque d'être terrible... Merci pour votre commentaire sirstephen6 1f642.png
J'aime 16/11/23