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Par : le Il y a 3 heure(s)
Qu'est-ce qui demeure de la vie quand on a laissé échapper le bonheur ? Une tombe où se terrent les passions évanouies. L'amour ne donne jamais de seconde chance. Pourtant elle revint. Elle me pardonna. Et à force de tendresse, je tentais de lui faire oublier ce moment de folie. Le visage de Charlotte n'exprimait aucun sentiment de rancune. Elle était douée pour le pardon. Souvent, je me disais que je devais prendre modèle sur elle : être capable de tout accepter de l'amour, son miel comme son vin amer. Elle me dominait par sa sagesse. Elle n'évoquait jamais l'incident de la place Furstenberg, pas plus que s'il n'avait jamais eu lieu. Moi il me ravageait. J'y pensais sans cesse. Qui pourrait m'en délivrer ? Ma faute m'emplissait de honte. Quand je la serrais dans mes bras, je respirais le parfum au printemps de la place maudite. J'étais si empressée de reconquérir Charlotte que j'en oubliai Joan. Certes je la voyais mais je ne la regardais plus. Nos rencontres et nos gestes devenaient machinaux. S'en apercevait-elle ? S'en m'en rendre compte je baissai la garde. Je ne me préoccupais plus de lui dissimuler ma liaison avec Charlotte. Non que je souhaitasse lui en faire l'aveu, mais je pressentais que le hasard se chargerait de lui faire découvrir une vérité tout en m'économisant une cruauté ou un courage inutiles. La souffrance vient bien assez tôt. Point n'est besoin de devancer l'appel. Je m'abandonnais à cette éventualité avec fatalisme. Un jour, je reçus une lettre particulièrement tendre de Charlotte. Elle y exprimait de manière explicite et passionnée les élans de son cœur. Aussitôt je fus consciente de sa gravité, de son pouvoir explosif. Je la plaçai bien en évidence sur mon bureau afin de ne pas oublier de la dissimuler. Mais je fus distraite de cette sage précaution. Or oubliant l'existence de cette pièce à conviction, j'avais laissé Joan seule chez moi. Quand je revins, la porte d'entrée était grande ouverte, ce qui m'étonna. Quelle ne fut pas ma surprise de voir que mon appartement offrait le spectacle d'un ravage comme s'il avait été saccagé par le passage d'un cyclone. Je crus à un cambriolage. Mais vite je me rendis à l'évidence : Joan s'était acharnée sur les bibelots qu'elle avait brisés. Les quelques tableaux gisaient sur le sol, leur cadre fracassé. Sur les murs étaient tracés des inscriptions ordurières qui me vouaient aux gémonies. Cette fureur me soulagea. Ainsi tout était dit. Du moins je le croyais. Mais Joan revint bientôt à la charge. Il y avait dans son regard une flamme meurtrière qui n'était pas sans charme. Peu d'êtres ont réellement le désir de vous tuer. Tout ce que son caractère avait amassé de colère contenue s'exprimait grâce à moi. L'orage dura longtemps. J'en comprenais mieux que quiconque les raisons. Mais que pouvais-je alléguer pour ma défense ? Je n'avais rien à dire. Mon mutisme augmentait sa fureur. La vie seule portait la responsabilité de ce gachis, la vie qui nous jette, là où nous devons être. Ne pouvant rien tirer de moi, elle partit en claquant la porte. Cet amour finissait comme il avait commencé, dans l'incohérence, la violence et la tendresse mêlées. Charlotte, la douce et Joan, la farouche, coexistèrent quelque temps. Puis elles s'effacèrent comme si elles étaient reliées à une époque révolue de ma vie et n'avaient existé que pour m'offrir les deux visages d'un même amour. J'étais maintenant seule, c'est-à-dire à nouveau en face de moi-même.    J'installai mon humeur noire dans le confort. Des coussins moelleux servaient de support à ma mélancolie. Partout où portaient mes yeux, ce n'était que des images de raffinement et de paix. Mon désordre intérieur ne rencontrait que l'harmonie : harmonie des meubles et des objets qui évitaient l'emphase d'un luxe tapageur. Le temps passait, aussi discret qu'un chat. Aucun bruit discordant ne venait du dehors, seul le pépiement des oiseaux faisait pénétrer la mélodie du ciel. Parfois je me voyais m'endormir dans un fauteuil, toute ambition abolie, la fureur d'écrire dissipée comme un songe irréel, un peu fou. Mais mon cœur me réveillait : il ne me laissait aucun répit. Il me poussait sans cesse hors de ce bonheur. Je partais. J'allais je ne sais où, en quête de n'importe quoi, d'un visage qui passe, d'une aventure qui montre le bout de son nez. Parfois pour un rien. Seule, je cuvais alors mon malheur. Je m'asseyais sur un banc dans le jardin du Luxembourg et j'attendais des nouvelles de mon ange gardien. Cela faisait longtemps que je n'en avais pas eu. Peut-être était-il en vacances ? J'essayais d'écrire. La feuille blanche me renvoyait sans pitié à moi-même, comme un miroir. Je m'infligeais quelques tortures et, rassasiée de souffrances, je regagnais la place Saint-Sulpice. On ne m'y faisait aucun reproche. Un sourire acceuillait mon retour d'escapade. L'indulgence de Charlotte me semblait pire qu'une scène. Elle m'obligeait à régler mes comptes avec moi-même, avec ma culpabilité. Comme une gifle, des injures eussent été douces en comparaison des châtiments que je m'infligeais. Si au moins Charlotte m'avait donné le plus petit prétexte à mon inconduite ? Mais je n'avais rien à lui reprocher. Si sévère, si injuste que je me contraignisse d'être, force était d'admettre que je portais seule la responsabilité de ma faute. Son cœur à elle, n'était qu'humilité et pardon. Où puisait-elle tant de force et d'abnégation ? Dans les principes de la religion réformée, dans sa culpabilité d'amante soumise, dans la grâce que donne l'amour ? Elle souffrait pour la première fois. La vie pour elle n'avait été qu'un chemin de roses, un droit sentier sans heurt, sans drame, où tout s'accomplissait selon ses désirs. Pourquoi avait-elle croisé à travers moi cette forme cruelle de la passion ? Un mouvement irraisonné me poussait à la faire souffrir. Je ne comprenais pas moi-même ce qui m'y poussait. Son apparente résignation, l'absence de riposte à mes attaques ? En amour, j'avais changé de rôle. De victime, j'étais devenue bourreau. Mais cette conscience du mal que je faisais à cette jeune femme innocente ne m'arrêtait nullement. Je devais aller jusqu'au bout d'un processus mystérieux auquel ma volonté n'avait pas de part. Aucun sadisme n'expliquait ce comportement puisqu'en la regardant vivre les affres que j'avais vécues, il me semblait les revivre par procuration. Chaque week-end, elle m'emmenait aérer mon enfer moral dans la maison de campagne de ses parents à Fontainebleau. Là, dans une nature préservée au milieu des arbres centenaires, je promenais ma mélancolie dans les centaines d'hectares que comprenait la vaste demeure. Peu à peu à l'immense détresse succéda une sorte d'ivresse. Je ne savais plus qui j'étais, ce que je faisais. J'étais immergée dans la nature. Je me mêlais aux arbres, aux herbes, dans une étrange orgie bucolique. Le soir tombait. Plus tard dans la nuit avec Charlotte, je regardais par la fenêtre de la chambre et à la lumière du clair de lune, je jouissais de ma plénitude. N'était-ce pas cela le bonheur, auprès d'une jeune femme indulgente qui ne demandait pas mieux que de se laisser aimer ?   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir. 
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