La rubrique "Articles" regroupe vos histoires BDSM, vos confessions érotiques, vos partages d'expériences SM. Vos publications sur cette sortie de blog collectif peuvent aborder autant les sujets de la soumission, de la domination, du sado-masochisme, de fétichisme, de manière très générale ou en se contentrant très précisément sur certaines des pratiques quu vous connaissez en tant que dominatrice/dominateur ou soumise/soumis. Partager vos récits BDSM, vécus ou fantames est un moyen de partager vos pratiques et envies et à ce titre peut être un excellent moyen de trouver sur le site des partenaires dans vos lecteurs/lectrices. Nous vous rappelons que les histoires et confessions doivent être des écrits personnels. Il est interdit de copier/coller des articles sur d'autres sites pour se les approprier.
Par : le Il y a 3 heure(s)
  Y a des jours où je tombe sur une vieille série de mon et, sans prévenir, le regard de la pratiquante que je suis devenue depuis en fait une gifle en pleine face. dernier exemple en date ?  Legend of the Seeker ! Un programme gentiment ringard en deux saisons, diffusé à la fin des années 2000, qui passionnait mon fils et que que je regardais d’un œil distrait pour ses jolies forêts, ses ralentis grotesques et ses torses huilés. Sauf que maintenant, après avoir fait mon chemin dans le BDSM, en retombant sur un épisode sur je ne sais plus quelle chaine en zappant machinalement (Edit : en regardant la fiche Wikipedia, je découvre que ca devait etre sur TF6!), je ne vois plus que ça : du cuir, du contrôle, de la soumission consentie (ou pas), des femmes en dominatrices rouges, des hommes entravés... Bref, un délire BDSM qui ne dit pas son nom, mais qui transpire à chaque épisode. Alors, j'ai redemandé à mon fiston son coffret DVD (et j'ai ressorti le pc portable qui est le seul ordinateur ici à disposer encore d'un lecteur DVD !). Et franchement, pour le coup, ce n’est pas juste un délire de spectatrice lubrique. C’est une structure narrative entière qui repose sur des dynamiques de pouvoir érotisées. Le tout sous prétexte de fantasy pseudo-morale. Un refoulé érotique d’autant plus saisissant qu’il vient d’un univers calibré pour les familles. Oui, oui. Commençons par ce qui saute aux yeux. Les Mord-Sith. Ce nom seul sonne comme une promesse fétichiste. Guerrières d’élite vêtues de cuir rouge moulant, leur rôle est simple : briser la volonté des hommes. Littéralement. À coup de trucs qui font mal, de dressage, d’humiliation. Elles utilisent une arme appelée Agiel, qui inflige une douleur extrême par simple contact. Une extension de leur pouvoir, mais aussi une métaphore limpide : ce n’est pas une bagarre, c’est un rite initiatique. Richard, le héros, passe d’ailleurs tout un arc narratif sous la coupe de Denna, une Mord-Sith qui le ligote, le soumet, le torture... jusqu’à le transformer en compagnon docile et soumis, et sans doute un brin amoureux. Et soyons honnêtes : à l’écran, ça ne ressemble pas à une scène de guerre. Ça ressemble à une séance de domination bien rodée, en latex et high fantasy. Mais ce n’est pas tout. L’autre héroïne, Kahlan Amnell, est une Inquisitrice. Une sorte de prêtresse-magicienne capable de forcer quiconque elle touche à dire la vérité… puis à lui obéir. Avouez que, présenté comme ça, on est à mi-chemin entre le mind control kink et l’hypnose érotique. Ce pouvoir, dans l’univers de la série, est à la fois sacré et dangereux. Kahlan pleure chaque fois qu’elle l’utilise… mais l’utilise quand même. C’est tragique, bien sûr, mais surtout très fetish-coded. Cette image d’une femme toute-puissante, dont le contact réduit les hommes à l’état de pantins dévoués, ça ne vous rappelle rien ? Le lasso de Wonder Woman, par exemple ? (Spoiler : son créateur était un grand amateur de bondage. Oui oui, vraiment.). Ce qui me frappe dans ce Legend of the Seeker, c’est ce double discours constant entre l’esthétique et le récit. Ces deux degrés de lectures. Les combats chorégraphiés sont presque sensuels, les plans insistants sur les abdos de Richard frôlent l’indécence, les costumes féminins sont taillés comme pour une soirée Démonia: robes fendues, bustiers serrés, capes dramatiques. Et le méchant ? Darken Rahl. Mi-sorcier, mi-stripper. Il passe de longues scènes à chuchoter des menaces en regardant la caméra, vêtu de gilets ouverts sur un torse lustré comme pour une pub Axe édition Donjon. Son charisme repose sur une sensualité trouble, dangereuse, dominatrice. Mais alors, pourquoi ces sous entendus riches ne deviennet-ils jamais explicites ? Pourquoi ne pas assumer ce fantasme cuir-latex au grand jour ? Parce que Legend of the Seeker, comme beaucoup d’œuvres américaines calibrées pour le prime time, a peur de son propre désir. On y frôle l’interdit sans jamais l’embrasser. On filme des scènes de torture mais sentimentale, de domination mais symbolique, de consentement arraché… sans jamais nommer ces pratiques. Parce que le mot "BDSM" ferait peur aux sponsors, aux parents (tu m'etonnes !), aux chaînes du cable. Et pourtant, tout est là. Sous vos yeux décillés. Et ça n’est pas un accident. Ce qui me fascine, ce n’est pas juste le fétichisme involontaire d’une série fantasy oubliée. C’est ce que ça révèle d’une époque, d’une culture. Legend of the Seeker a tenté de gommer les aspérités sexuelles des romans de Goodkind (lui-même ultra controversé à ce que j'en ai lu). Mais elle n’a pas pu effacer ce qui, dans le fond, structure tout : une obsession pour la douleur comme rite de passage, la vérité comme domination, l’amour comme soumission. Des dynamiques puissantes, ambivalentes, profondément BDSM mais honteuses. Camouflées. Travesties en combat du Bien contre le Mal. Mais c’est surtout une belle excuse pour attacher un garçon torse nu à une pierre et le faire supplier une dominatrice en cuir. Et vous savez quoi ? Ça fonctionne. Je ne dis pas qu’il faut ériger Legend of the Seeker en chef-d’œuvre BDSM. Mais peut-être qu’on peut le regarder avec d’autres lunettes. Pas celles de la nostalgie naïve (si vous avez l'âge, moi j'avais suivi ca de loin, par procuration à l'époque), mais de l’analyse perverse et curieuse. Peut-être qu’on peut s’amuser de ce refoulé collectif, de ces récits qui hurlent leur désir tout en jouant les vierges effarouchées. Et surtout, peut-être qu’on peut arrêter de croire que le BDSM n’a sa place qu’en huis clos ou dans des œuvres "adulte". Parce que, franchement, il est déjà partout.
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