ange de Vesper
#0
Il n'est pas question d'accords de branches mais bien de domination. Dès qu'on aborde les relations humaines dans des "cercles BDSM", il y a une grande exaltation fantasmatique de la part des aspirants et même des pratiquants. Ces relations sont imaginées, fantasmées, idéalisées ou interprétées selon des critères, des normes et des valeurs spécifiques, si possible très éloignés du vulgaire "vanille"... D'où des questions hallucinantes sur les droits des soumises (au plaisir?), la valeur éducative de la punition, le devoir de respect et de bienveillance du dom... Et en face, des prétendants BDSMeurs ayant appris tous les codes et méticuleusement écarté toute référence vanille, solidement armés de leur fantasme bien ficelé, tout étonnés de ne pas atteindre le Graal d'une relation BDSM avec tout ce bagage et ces dispositions.
Peut être qu'en n'inversant pas les normes et les enjeux, il y aurait moins de confusion, de questionnements et de déception.
Tout en haut de la pyramide des enjeux et des valeurs, il y a la relation de base. Sans rencontre et désir réciproque de se rapprocher, pas de relation, éventuellement un échange commercial (donc tarifé) permettant de satisfaire un fantasme BDSM. Donc pour démarrer une relation, quelle qu'elle soit, il faut séduire, être une personne désirable, pas un personnage cherchant à faire valider sa liste de courses (quid de la capacité de séduction d'un homme se définissant comme une carpette indigne et impuissante, prête à se faire mépriser et piétiner par n'importe qui et vénérant le caractère intouchable du temple inaccessible qu'est le corps féminin "si tu possèdes un gode ceinture ça m'intéresse aussi").
Ensuite la relation est ce qu'elle est, de l'amour éternel au plan cul, ça commence toujours par un désir, qui s'épanouit ou pas, en complicité, bienveillance, envie de plaire et de faire plaisir... et pendant que j'y suis, je vais ajouter le respect. Je le considère plutôt comme un préalable à toute relation, mais au moins, si on le colle ici dans les valeurs de la relation de base, ça évite de le retrouver un peu partout pour déculpabiliser un désir sadique ou légitimer un comportement limite.
Tous ces principes sont mutuels et réciproques dans une relation "durable", le moindre décalage devient un gouffre au premier coup de vent. Une relation "saine" est égalitaire, on peut essayer de le nier pour coller à un fantasme de toute puissance, mais le simple fait de pouvoir y entrer et en sortir par choix personnel, redistribue très équitablement le pouvoir. Même quand on se retrouve un peu au delà du choix (on ne maîtrise pas toujours émotions, sentiments, emprise et vulnérabilité) cela reste très personnel et pas du fait de l'autre.
Dans cette relation (toujours vanille), il peut y avoir un rapport de domination. La seule différence notable (par rapport au vanille) est qu'ici la domination est acceptée, revendiquée, actée. C'est là, à mon sens, qu'est tout l'enjeu... l'acceptation explicite par les 2 personnes d'un couple, d'un rapport de domination inégalitaire dans une relation de base égalitaire, sans nier cette relation de base, sans jouer un rôle, sans projeter un fantasme. On est toujours dans le choix (ou un peu au delà) selon son orientation ou ce que l'autre inspire, et on est soi même (pas un personnage surréaliste).
Il n'est toujours pas question de pratiques BDSM, de Maître, de Dame, de soumis ou d'esclave, ni de limites ou de sécurité. La D/s peut se traduire par du service et/ou du contrôle dans une sexualité "classique" et/ou du BDSM en tant qu'outil de cette domination.
Les pratiques BDSM hors de ce rapport de domination dans une relation de base, sont des jeux, des mises en situations, des réalisations de fantasmes. Je ne vois aucun enjeu ni aucune soumission quand un fétichiste est confronté à son fétiche, un masochiste à sa douleur ou son humiliation, une brat à sa punition tant désirée, un gynarchique à sa frustration... juste un jeu kinky offert par le "dom" pour satisfaire le plaisir du "soum"... "soum" qui, tout en s'en défendant, dirige et maîtrise tous les aspects de sa "soumission", ayant cadré le "dom" par ses limites et bénéficiant du pouvoir de la sanction suprême, le safeword, pour ramener le grand Maître à son statut d'exécutant (je caricature un poil).
Ces pratiques peuvent donc être utilisées par le dom ou offertes par le dom, en ou hors domination, consenties et cadrées par le soum. Il n'y a aucun autre enjeu que le plaisir mutuel, plaire et faire plaisir, très vanille! Ça renforce essentiellement la relation de base et libère de toute contrainte le temps d'un rôle, Maîtresse, guide suprême, poney, chienne, esclave, carpette.... rôle joué dans l'intimité ou partagé avec d'autres joueurs consentants (pas de quoi en faire un statut social à balancer à la face de tout interlocuteur non concerné).
Si on remet les pratiques et les enjeux à leur véritable place dans la relation (base, rapport de domination ou pas, outil, jeu, fantasme ou fétiche), la plupart des questionnements s'éclaircissent.
Par exemple, moi qui suis soumis selon les critères BDSM, je peux montrer mon désir à ma partenaire, initier un rapport sexuel et même la pénétrer (blasphème!) sans lui demander la permission, parce que nous sommes dans une relation de couple. Elle peut me laisser faire, pour la même raison (Ok ce n'est arrivé que 2 fois en 6 ans), ou prendre le contrôle de mon plaisir, en me l'interdisant ou en le retardant, ou passer à des pratiques BDSM que nous aimons pour notre plaisir, ou que je n'aime pas juste pour le sien, ou les 2 pour m'embrouiller et me faire hurler de plaisir pendant quelque chose que je n'aime pas, si possible inacceptable, ou me laisser "finir" pour ne commencer ces pratiques qu'après (au moment où j'ai plus envie de dormir que de me faire tourmenter), etc, etc... Et je n'ai pas besoin de la vouvoyer ou de l'appeler Madame pour la trouver crédible, ce serait même contre-productif, nous sommes les mêmes tout le temps. Tout est possible, il faut juste savoir à quel étage de la relation on se trouve.
En relisant quelques échanges entre des prétendants soumis se plaignant de la non considération des rares dominas malgré leurs efforts, je me disais que si un hasard malheureux me poussait à chercher de la compagnie, je "chasserais" plutôt dans mon entourage (ratio plus favorable) en offrant à une femme qui me plaît, mon désir, mes attentions, mon désir de lui plaire et lui faire plaisir jusqu'à ce qu'elle accepte de recevoir ce pouvoir... avant de lui offrir mon visage pour s'essuyer les pieds, mon cul à démonter et ma langue en guise de papier toilette. Tout est question de timing, il faut une certaine intimité avant de pouvoir faire accepter ses travers.
Si vous êtes arrivés jusque là, bienvenue dans mon insomnie!
Dernière modification le 27/07/2017 11:07:24 par ange de Vesper.
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Lady Hydre
#1
Bonjour son ange,
J'ai reconnu ton avatar, je me suis que va t'il écrire.
j'ai lue je suis en partit d'accord avec se que tu écris sauf la ou tu dis, que nous pouvons trouver autour de nous le/lasoumis/e , on a vue plusieurs personnes essayer de dominer ou demander à leurs vanille d'être soumis/e ou dominant/e cela c'est souvent soldé par un échec.
Même si certains de mes ami/es me plaisent, je ne pourrais leurs demander ou leurs faire comprendre ma Domination , je les pense pas assez ouvert pour cela, c'est quand même un monde à part.
Lady H
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Elle.a
#2
T'es en forme !!
Tu vas un peu prêcher dans le désert, mais ça, tu le sais. Le pire blasphème, c'est d'être égalitaire dans un monde où il est communément admis que les rapports hiérarchiques existent.
On peut juste regretter un peu que le post soit si long, si je peux me permettre une critique de Sa Grââââce ^^
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ange de Vesper
#3
@Elle.a J'admets également que les rapports hiérarchiques existent... mais hors jeux BDSM.
Sinon pour la longueur, insomnie = logorrhée :smirk
Bonjour Lady H, je te répondrai un peu plus tard, j'ai perdu l'entraînement, ça va me prendre du temps et là, c'est serré pour moi :smile:
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Elle.a
#4
@Elle.a J'admets également que les rapports hiérarchiques existent... mais hors jeux BDSM.
Sinon pour la longueur, insomnie = logorrhée :smirk
En effet, je reconnais à mon patron de pouvoir me donner des ordres, mais c'est bien parce qu'il me paye pour ça :laughing:
Ce que je trouve intéressant, dans les jeux BDSM, c'est le transfert de pouvoir.
Soyez la première personne à aimer.
ange de Vesper
#5
Je ne vais pas la refaire ;) mais pour moi le transfert de pouvoir se passe à un autre niveau (alors niveau, pas au sens plus mieux que, juste ailleurs) que dans le jeu BDSM. Il est en amont, ou il n'est pas (ce qui n'empêche pas le jeu).
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ange de Vesper
#6
@Lady H :)
Je pensais essentiellement au ratio impossible soumis-domina en écrivant cela, leur probabilité de rencontre n'est pas meilleure dans un cercle BDSM qu'en dehors.
J'imagine bien que pour une recherche à court terme ou si la priorité des priorités est de satisfaire un fantasme bien précis, l'entourage est exclu. Mais si la relation prime sur le fantasme, si on fait les choses dans l'ordre et sans être centré sur soi, il n'est pas exclu que ça marche.
Je te donne mon exemple, nous avons glissé ensemble vers la domination, après 1 an de relation, 1 an de complicité et de sexualité ouverte qui fait que tu peux t'ouvrir à l'autre et essayer des choses inhabituelles sans passer pour un dangereux déviant.
Je n'avais effectivement pas de fantasme précis, ni même d'orientation privilégiée. Nous étions à l'écoute de l'autre avec l'envie de plaire et faire plaisir, ce qui permet d'être curieux et ouvert.
Et même avant cette histoire, dans ma longue vie "vanille", je ne me suis jamais senti prisonnier d'un fantasme inavouable, si tu es complice tu trouves toujours le moyen de t'ouvrir. L'autre ne sera peut-être pas en phase avec tout, mais quand on est complice et lié, on en tient compte (des désirs de son partenaire).
Vu le succès de la littérature et du cinéma orienté BDSM, la démocratisation des sexshops et du kink en général, je ne vois pas comment tu peux te faire jeter en proposant un innocent foulard pour bander les yeux ou attacher symboliquement... et le tabou est levé, tu peux au moins en parler.
Autre exemple, mets un martinet dans la main d'un partenaire dans un supermarché et il va automatiquement t'en mettre un coup pour jouer... C'est tellement normal.
Ce qui me dérangerait, moi, dans une recherche en cercle BDSM, avec des critères précis et verbalisés comme c'est souvent le cas, c'est d'avoir l'impression de chercher quelqu'un pour satisfaire mon fantasme (et idem en face)...
Ceci dit, je ne vais pas me proclamer compétent en recherche BDSM puisque je ne la conçois pas. Et ce n'était qu'une parenthèse dans ma logorrhée :)
Dernière modification le 29/07/2017 09:31:41 par ange de Vesper.
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ange de Vesper
#8
Ce ne sont pas des affirmations. Comme je le disais à Lady H, ce n'était qu'une parenthèse dans ma réflexion, à la lecture des plaintes des prétendants soumis, et je ne suis pas expérimenté dans ce domaine. Je me doute qu'on ne force pas quelqu'un à aimer dominer, mais si on y met les formes, on peut au moins s'assurer de ne pas être classé d'emblée dans les psychopathes et donc de ne pas fermer définitivement les portes (comme pour tout autre fantasme).
En laissant s'installer une complicité, en étant à l'écoute et au service des envies de l'autre (ce qui est un minimum pour un prétendant soumis) on ne prend pas grand risque. En montrant et en verbalisant le plaisir que l'on prend à faire plaisir, à se glisser dans les désirs de l'autre, également. Ça ressemble déjà à de la soumission, il n'en manque que la conscience et l'acceptation réciproque, et ça reste très acceptable même en vanille, contrairement à une demande qui parlerait d'esclave, de torture, de fouet, d'uro, de domina ou de pilori. Si on débarque avec un fantasme élaboré de longue date, sans laisser à l'autre le temps de l'appréhender, l'espace où s'y épanouir, la possibilité de désirer autrement, il n'y a aucune chance de faire naître l'envie.
Alors peut être que la domina du fantasme ne se révélera jamais, ça me semble même certain. Cette domina n'existe pas (en ou hors milieu BDSM) parce que cette domina ne domine rien, elle se soumet au fantasme du soumis...
Tout ça pour dire que chercher quelqu'un qui colle à son fantasme, c'est chercher un personnage pas une personne... et que, comme je le disais dans le message d'origine, je ne fonctionne pas comme cela.
Pour recoller au sujet initial, la base me semble être la relation du même nom, fonctionnant ou non avec un rapport de domination. Le BDSM sans cette base ne représente rien pour moi, rien de plus que des jeux de rôle... alors je ne m'imagine pas en recherche de relation avec comme critère de sélection, les règles de fonctionnement de ces jeux.
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Hamadryade
#9
J'apprécie et je rejoins toute votre "logorrhée" et même vos digressions ;)
Vous avez mis en mots ce qui est une certitude de plus en plus prégnante dans ma réflexion.
Je finis par être persuadée, ne recherchant pas de relation 100% SM, qu'il est primordial de "rechercher", ou tout du moins espérer trouver une relation humaine en totale égalité et respect, avant même d'envisager une relation D/s.
Les auto-proclamés aux fantasmes arrêtés et construits au travers des pratiques vues et revues sur d'innombrables supports pornographiques, ne laissent finalement que très peu de place à l'adaptation de l'un à l'autre.
Adaptation pourtant impérative si on souhaite aller au delà de la satisfaction immédiate du fantasme du moment.
Avec l'échange, la complicité et l'ouverture d'esprit minimum je crois qu'il est possible que chacun fasse un pas en direction de la fantasmagorie de l'autre.
Mais il est possible que la position de la soumise soit plus facile à atteindre que celle du soumis,dans une société où l'éducation patriarcale à pas mal formater les esprits (masculins et féminins).
Et si au bout du compte cette avancée vers l'autre s'avère impossible il reste soit la possibilité de faire le deuil de ses envies (quand tout le reste de la relation est epanouissant) soit de repartir vers un célibat qui évitera à l'autre la souffrance des mensonges et des trahisons.
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#10
Son ange,
je me permets d'écrire les pensées qui me viennent en lisant ton premier post ; ce n'est pas en lien direct, mais...tu ne poses pas un débat ou un questionnement délimité, donc je me lance.
A mon sens, tu poses des bases d'une relation érotique singulière entre deux personnes singulières, au regard desquelles tu interroges les catégorisation et les modes de création de lien.
Il me semble que ce que tu mets en valeur (navrée mais c'est ma lecture :p), que ce que tu valorises irais-je jusqu' à dire, c'est la singularité d'un lien érotique ; quel que soit le mode d'entrée qui repose pour partie sur le contexte et qui peut être différent. d'un lien humain en fait.
Mon observation, via ce site et d'autres non bdsm, c'est que lorsqu'il s'agit d'érotisme, une part très importante des hommes passent commande.
Ici c'est bien visible : quasiment tous les membres inscrits comme soumis m'ont abordé avec leur checking list (je veux ceci et cela) et à vrai dire les dominants tout autant bien que de manière légèrement voilée. la majorité des hommes qui se disent switch avec lesquels j'ai discuté ont posé les choses en mode pote "si tu me fais ceci, je te fais cela", donc hors d/s et du côté de l'échange de prestation de service, et donc pour moi en dehors de toute dimension érotique. Sur d'autres sites je fais le même constat. Etant hétéro, j'ignore si c'est la position (passer commande) de la majorité des hommes ou de la majorité des gens.
Je ne rentrerais pas dans le débat vanille-d/s.
Parce que ce que ton post convoque en moi c'est plus que dans toute relation érotique, je cherche un lien singulier, qu'il soit bdsm ou pas est secondaire. j'ai comme tout le monde des pratiques que j'aime à priori, d'autres que je n'aime pas à priori, mes fantasmes masturbatoires ou non. Pour moi une relation érotique réussie est une relation où ce qui se met en mouvement est quelque chose qui n'est pas juste mes fantasmes et mes envies, ni juste ceux de l'autre, mais un inédit qui surgit parce qu'il y a un effet de rencontre entre deux personnalités, deux épidermes et deux mouvements désirants.
Instrumentaliser un homme pour mes fantasmes ne m'intéresse pas, être utilisée ainsi non plus. (Si des fantasmes ou actes instrumentalisants surgissent entre nous, c'est bien différent).
Dans mon vécu érotique je n'ai eu que deux partenaires avec qui il y a eut un tel effet de rencontre. Et pour reprendre un débat que nous avons eu sur la projection, je dirais il n'y a eu que deux hommes pour lesquels je n'ai pas été qu'une surface de projection.
Navrée si c'est indigeste.
Et ravie de te revoir sur ce site
Bien à toi
Dernière modification le 10/08/2017 22:48:47 par Lupa.
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ange de Vesper
#11
Mais il est possible que la position de la soumise soit plus facile à atteindre que celle du soumis,dans une société où l'éducation patriarcale à pas mal formater les esprits (masculins et féminins).
La position de soumis est-elle plus transgressive que celle de soumise? Dans l'imagerie collective oui, socialement oui, mais comme je tentais de l'expliquer, ma relation est égalitaire et profonde. La confiance, les sentiments, les attentions et la complicité sont réciproques. La domination est notre interface intime, les conventions extérieures n'ont pas d'impact. Tout au plus, quand je suis soumis à une chose nouvelle qui va à l'encontre de ces conventions, j'y pense. Je suis conscient que ce n'est pas "normal", mais je ressens le caractère "naturel" de la situation entre nous. C'est plus libérateur que difficile...
Dernière modification le 24/08/2017 15:26:46 par ange de Vesper.
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