La rubrique "Articles" regroupe vos histoires BDSM, vos confessions érotiques, vos partages d'expériences SM. Vos publications sur cette sortie de blog collectif peuvent aborder autant les sujets de la soumission, de la domination, du sado-masochisme, de fétichisme, de manière très générale ou en se contentrant très précisément sur certaines des pratiques quu vous connaissez en tant que dominatrice/dominateur ou soumise/soumis. Partager vos récits BDSM, vécus ou fantames est un moyen de partager vos pratiques et envies et à ce titre peut être un excellent moyen de trouver sur le site des partenaires dans vos lecteurs/lectrices. Nous vous rappelons que les histoires et confessions doivent être des écrits personnels. Il est interdit de copier/coller des articles sur d'autres sites pour se les approprier.
Par : le 26/12/23
Cet article est en accès restreint (réservé aux membres du groupes Vitriol réservé à celles et ceux qui se font reconnaitre comme tel(le) via une demande d'amitié à mon attention) car il dévoile des éléments de l'initiation maçonnique au premier grade La tenue d'un initié en franc-maçonnerie (au REAA et dans les obédiences masculines du moins, bien qu'on le trouve parfois en mixité et au RF dans certaines loges), est caractérisée par sa semi-nudité, le port d'une une corde au cou, et des parties spécifiques du corps exposées, partage des surprenantes avec les pratiques du BDSM. Ces similitudes résident dans le symbolisme de la puissance, de la soumission, et de la transformation intérieure. Comme dans le BDSM, où les participants adoptent souvent des rôles de domination ou de soumission pour explorer et déconstruire leur personnalité quotidienne, la tenue du récipiendaire maçonnique sert un but similaire. Elle symbolise la mise à nu de l'individu, non seulement physiquement mais aussi psychologiquement, rappelant l'importance de l'humilité et de la soumission dans le processus d'initiation, tout comme dans une scène de BDSM où la soumission peut mener à une transformation personnelle profonde. Dans le BDSM, les cordes sont souvent utilisées pour contrôler physiquement et symboliser la soumission. De manière similaire, la corde au cou de l'initié maçonnique représente la mort symbolique de son ancien moi, un thème récurrent dans le BDSM où les participants peuvent 'mourir' à leurs anciennes identités pour explorer de nouvelles facettes de leur être et de leurs fantames. Le bandeau, quant à lui, évoque l'importance de la confiance et de la remise de contrôle, des thèmes cruciaux tant en maçonnerie qu'en BDSM. L'incapacité de voir symbolise l'entrée dans un monde inconnu, que ce soit dans le temple maçonnique ou dans un espace de jeu BDSM. Le processus de dépouillement des métaux et des vêtements en franc-maçonnerie reflète le concept de la vulnérabilité et de l'exposition dans le BDSM. Cette exposition n'est pas seulement physique mais aussi émotionnelle et spirituelle, où l'individu se confronte à ses propres limites et apprend à les transcender. La tenue du récipiendaire en franc-maçonnerie, ainsi que les pratiques du BDSM, peuvent être vues comme des moyens de découvrir des vérités plus profondes sur soi-même. En se dépouillant de leurs ornements matériels et sociaux, les participants dans les deux domaines cherchent à atteindre un état plus authentique d'être, un équilibre entre le physique et le spirituel, et une compréhension plus profonde de leur propre nature et de leur place dans le monde.
4 vues 0 aime
Par : le 22/12/23
Le BDSM et la franc-maçonnerie sont deux univers qui, à première vue, semblent n'avoir rien en commun. Cependant, si l’on y regarde de plus près, il est manifeste que l’un et l’autre partagent certains éléments fondamentaux, même si leurs pratiques et leurs objectifs soient évidemment très différents. Une réputation sulfureuse BDSM et la franc-maçonnerie ont un premier point commun : ils sont tous deux sujets à des idées reçues, rumeurs et clichés, souvent dus à un manque de compréhension ou à une représentation sensationnaliste dans les médias et la culture populaire. Dans le cas du BDSM, les idées fausses sont largement répandues. Souvent, le BDSM est mal interprété comme étant abusif, dangereux voir pathologique d’un point de vue psychiatrique, ignorant le fait que les pratiques BDSM sont basées sur le consentement, la communication et la confiance mutuelle. La représentation médiatique du BDSM tend souvent à l'exagérer ou à le dramatiser, ce qui contribue à une incompréhension de ces pratiques et les caricaturant comme nécessairement extrêmes ou marginales. La franc-maçonnerie, quant à elle, est souvent entourée de bien des malentendus. Beaucoup de rumeurs et de théories du complot circulent autour de la franc-maçonnerie, la dépeignant comme une organisation secrète ayant des intentions cachées ou un pouvoir considérablement exagéré. Ces clichés sont alimentés par la nature discrète de certains de ses rituels et par sa longue histoire longue parfois mal interprétée (y compris par certains franc-maçons eux-mêmes qui voit la franc-maçonnerie comme à l’initiative de la révolution française, alors que cette légende résulte de la propagande anti-révolutionnaire (voir l’oeuvre de l’Abbé Baruel https://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_Barruel)). La représentation de la franc-maçonnerie dans les films et les livres, souvent dramatisée et romancée, contribue également à ces fausses idées, éloignant la perception du grand public de la réalité des pratiques et des objectifs de la Franc-maçonnerie. Ces idées reçues et clichés ont bien des effets pervers (si l’on peut dire). Pour le BDSM, les clichés peuvent entraîner discrimination et jugement de ceux qui pratiquent ces activités. Pour la franc-maçonnerie, les malentendus peuvent mener à une méfiance et une suspicion injustifiées. Dans les deux cas, les individus peuvent se sentir obligés de cacher leur appartenance ou leurs intérêts pour éviter la stigmatisation. La similitude dans la manière dont le BDSM et la franc-maçonnerie sont perçus par le grand public montre comment la méconnaissance et la représentation sensationnaliste peuvent fausser la compréhension des pratiques culturelles et des organisations. Rituels et cérémonies du BDSM et de la Franc-maçonnerie Dans le BDSM et la franc-maçonnerie, les rituels et les cérémonies jouent un rôle essentiel, bien que dans des contextes et avec des objectifs différents. En franc-maçonnerie, les rituels sont ancrés dans une tradition séculaire et s’avèrent très structurant dans la démarche. Ils sont utilisés lors des cérémonies d'initiation pour accueillir de nouveaux membres, lors des « promotions » pour marquer le passage à un degré supérieur, et lors de commémorations spécifiques. Ces rituels sont chargés de symbolisme, chaque geste, parole et objet ayant une signification particulière. Ils visent à transmettre des enseignements moraux et philosophiques, mais aussi à renforcer les liens entre les membres, et à perpétuer les traditions et les valeurs de la franc-maçonnerie. La répétition et la mise en scène de ces rituels créent un sens de continuité et d'appartenance à une histoire plus vaste. Dans le BDSM, les rituels peuvent, pour certains avoir une grande importance, même si bien sûr ils sont de nature différente. Ils sont souvent utilisés pour créer une dynamique et une atmosphère spécifiques dans le cadre des jeux de rôle et des interactions entre participants. Les rituels dans le BDSM peuvent inclure des pratiques comme la mise en place de règles ou de protocoles, des cérémonies de "collaring" (où un collier est utilisé comme symbole d'engagement dans une relation D/s), ou des scénarios élaborés où les participants jouent des rôles spécifiques. Ces rituels aident à établir les dynamiques de pouvoir, à renforcer la confiance et à intensifier l'expérience émotionnelle et physique des participants. Ils permettent également d'exprimer et d'explorer des désirs et des identités dans un cadre sécurisé et consensuel. Dans les deux cas, les rituels servent à créer un espace distinct du quotidien, où les participants peuvent vivre des expériences qui ont une profonde signification personnelle ou collective. Il y a dans l’un et l’autre cas une sacralisation de l’instant. Les rituels offrent un cadre structuré au sein duquel les individus peuvent explorer, apprendre et s'exprimer, tout en renforçant les liens avec les autres membres de leur communauté respective. Anecdotiquement, tant en BDSM qu’en franc-maçonnerie, les rituels peuvent avoir recours au bandeau, au feu, aux cordes, à l’enfermement, aux serments, à la nudité (partielle en franc-maçonnerie ;-) ) ... La confiance et le consentement sont déterminants en BDSM comme en franc-maçonnerie La confiance et le consentement sont des élément fondamentaux aussi bien dans le BDSM que dans la franc-maçonnerie, jouant un rôle crucial dans la façon dont les interactions et les relations se développent dans l’un et l’autre des domaines. Dans le BDSM, le consentement est la pierre angulaire de toutes les activités. C’est par une communication claire et honnête sur les désirs, les limites et les attentes de chaque personne impliquée que ce consentement est recherchée. Le concept de "SSC" (sain, sûr et consensuel) ou "RACK" (risk-aware consensual kink) est souvent mis en avant, soulignant l'importance d'une approche réfléchie et consensuelle des pratiques BDSM. Cette communication ouverte permet d'établir une confiance mutuelle, essentielle pour que les participants se sentent en sécurité et respectés. Dans les relations BDSM, la confiance permet aux individus de se livrer à des expériences intenses, sachant que leurs partenaires respecteront leurs limites et prendront soin d'eux. En franc-maçonnerie, la confiance est également un pilier central. Les membres sont souvent tenus de garder confidentiels les détails des rituels et des enseignements maçonniques, ce qui requiert un haut niveau de confiance mutuelle. Cette confiance est nécessaire pour maintenir l'intégrité et la solidarité de la loge. Elle est aussi essentielle pour créer un environnement où les membres peuvent ouvertement discuter de questions morales, éthiques et philosophiques, partageant des réflexions personnelles dans un cadre sûr et respectueux. Certaines cérémonies initiatiques y sont assez « physiques » et prévoit que l’impétrant(e) confirme son désir de poursuivre au fil de l’avancée des cérémonies. La confiance au sein de la franc-maçonnerie permet aux membres de s'engager dans des discussions profondes et significatives, sachant que leurs pensées et opinions seront reçues avec respect et discrétion. Dans les deux domaines, la confiance et le consentement sont donc non seulement essentiels pour la sécurité et le bien-être des individus, mais aussi pour renforcer la cohésion et la qualité des interactions au sein de la communauté. Que ce soit dans une loge maçonnique ou dans une relation BDSM, ces valeurs créent un fondement solide sur lequel les individus peuvent construire des relations enrichissantes et significatives.   Hiérarchie et définition des rôles en BDSM et en franc-maçonnerie La notion de structures hiérarchiques et de rôles définis est un autre élément commun entre le BDSM et la franc-maçonnerie, bien que ces structures servent bien évidemment des buts et des dynamiques différents . Dans le BDSM, la hiérarchie est souvent exprimée à travers les rôles de la personne dominante et de la personne soumise. Ces rôles ne sont pas simplement des étiquettes, mais représentent des dynamiques de pouvoir consenties et négociées et sont donc au cœur de nombreuses pratiques BDSM. Le dominant assume généralement un rôle de contrôle ou de direction, tandis que le soumis se place dans une position de consentement à cette direction. Cette dynamique hiérarchique est flexible et peut varier considérablement selon les personnes impliquées et leurs préférences. Elle est établie sur la base de la confiance, du respect et du consentement mutuel, et est souvent accompagnée de règles et de protocoles qui aident à définir la relation et à assurer la sécurité et le bien-être de tous les participants. En franc-maçonnerie, la structure hiérarchique est plus formellement établie. Elle est organisée en différents degrés ou niveaux d'initiation, chacun avec ses propres enseignements, rituels et responsabilités. Les jeunes maçon(ne)s sont contrait au silence, et la personne qui dirige la loge est le/la « Vénérable Maître(sse) ». Les membres progressent à travers ces degrés au fil du temps, souvent en démontrant une compréhension et un engagement envers les principes maçonniques. Cette progression est symbolique de la quête personnelle et spirituelle. Différence notable, la hiérarchie maçonnique n'est pas une question de pouvoir sur les autres, mais plutôt de développement personnel et de service à la communauté. Dans les deux cas, ces structures hiérarchiques et les rôles définis offrent un cadre pour la progression, l'apprentissage et l'expression. Dans le BDSM, ils permettent d'explorer des dynamiques de pouvoir complexes dans un environnement sécurisé et consensuel. En franc-maçonnerie, ils facilitent le perfectionnement moral et spirituel des membres et renforcent les liens entre eux. Bien que les motivations et les applications de ces hiérarchies soient différentes, elles jouent un rôle important dans la création d'une structure et d'un sens au sein de leurs communautés respectives.   Respect de la discrétion et de la vie privée La discrétion et la vie privée sont des aspects cruciaux tant dans le BDSM que dans la franc-maçonnerie, bien que pour des raisons et dans des contextes différents. Dans le BDSM, la discrétion est souvent lié à la protection de la vie privée des participants. En raison des jugements et des malentendus courants concernant le BDSM dans la société, beaucoup choisissent de garder leurs pratiques et intérêts dans ce domaine privés afin de s’épargner d’être victime de stigmatisation sociale, la discrimination au travail, ou simplement parce qu’ils nourissent le désir de séparer cette partie de leur vie de leur identité publique. La discrétion dans le BDSM est donc respectée pour sauvegarder l'intimité personnelle et la sécurité des individus impliqués, même dans les clubs ou les munchs. Elle permet aux participants de s'explorer et de s'exprimer dans un cadre où ils se sentent en sécurité et acceptés, sans crainte de jugement externe, en toute humanité et bienveillance. En franc-maçonnerie, la discrétion (même si on parle parfois de secret) a historiquement joué un rôle différent. Bien que l'institution maçonnique (les obédiences et les loges qui en dépendent) ne soit pas secrète en elle-même, certains de ses rituels et enseignements le sont. Ces « mystères » ne sont pas destinés à exclure les non-initiés, mais plutôt à renforcer le lien entre les membres et à préserver la nature sacrée et sérieuse des enseignements maçonniques. Le secret maçonnique crée un sentiment d'appartenance et un engagement partagé envers les idéaux de la humanisme. Il contribue également à la mystique et au respect de la tradition au sein de la franc-maçonnerie, ajoutant une dimension de profondeur et de continuité à l'expérience maçonnique. Dans les deux cas, le secret et la vie privée sont essentiels pour maintenir l'intégrité et la valeur de l'expérience pour ceux qui sont impliqués. Que ce soit dans le BDSM ou dans la franc-maçonnerie, la capacité de maintenir certains aspects de l'expérience à l'écart du regard public permet aux individus de se livrer plus pleinement et sincèrement à leurs activités, favorisant ainsi un environnement où ils peuvent s'épanouir et se développer en toute confiance.   Communauté et appartenance Le sentiment de communauté et d'appartenance est un élément fondamental tant dans le BDSM que dans la franc-maçonnerie, jouant un rôle crucial dans l'expérience des individus au sein de ces deux sphères. Dans le BDSM, la communauté offre un espace où les individus peuvent explorer leurs intérêts et désirs dans un environnement accueillant et sans jugement. Pour beaucoup, trouver une communauté BDSM (par les munchs, par exemple) est une expérience libératrice, leur permettant d'exprimer des parties de leur identité qui pourraient être incomprises ou stigmatisées dans d'autres contextes. Ces communautés fournissent souvent des ressources éducatives, du soutien, et des opportunités pour partager des expériences et des connaissances. Les événements sociaux, ateliers, et les sites communautaires comme BDSM.FR sont des exemples de la manière dont la communauté BDSM favorise la connexion et l'appropriation du rite par l'apprenti. Au sein de cette communauté, les individus trouvent souvent une réelle acceptation, un sentiment d'appartenance, et la possibilité de former des relations basées sur des intérêts et des valeurs partagés. Dans la franc-maçonnerie, la communauté est également d'une importance capitale. Les loges maçonniques ne sont pas seulement des lieux de réunion pour la réalisation de rituels, elles sont aussi des espaces de fraternité, de soutien mutuel, et de développement personnel. Les membres partagent un engagement envers des principes et des valeurs communs, tels que la fraternité, l’humanisme, et la quête de la vérité. Cette communauté offre un environnement où les membres peuvent développer des liens forts, s'engager dans des discussions profondes, et travailler ensemble pour des objectifs communs. Tant dans le BDSM qu’en franc-maçonnerie, la communauté et l'appartenance jouent un rôle essentiel dans l'enrichissement de l'expérience des individus. Que ce soit dans une loge maçonnique ou au sein d'une communauté BDSM, les membres bénéficient d'un sentiment de connexion, de soutien et de partage d'expériences. Ces communautés offrent un espace où les individus peuvent non seulement s'engager dans des activités qui leur sont chères, mais aussi trouver une reconnaissance et un respect mutuel, éléments clés pour le bien-être et l'épanouissement personnel. (Les initiés pourront rejoindre le groupe V.I.T.R.I.O.L : demandez moi en ami et faites vous reconnaître comme tel.le dans le message d'accompagnement : https://www.bdsm.fr/vitriol/ ) VOUS ETES CURIEUX/SE ? DEUX LIVRES ! : Pour les adeptes du BDSM curieux de la franc-maçonnerie : Ce guide se présente comme une ressource pour celles et ceux qui envisagent de rejoindre la franc-maçonnerie ou qui à tout le moins ont de la curiosité à cet égard. Sa structure méthodique et son approche claire le rendent très accessible. Les auteurs abordent le sujet sans prosélytisme excessif et en fournissant des informations essentielles tout en préservant le mystère et le caractère sacré des cérémonies d'initiation. L'un des points forts de "Devenir franc-maçon(ne)?" réside dans son approche pratique. Il guide le lecteur à travers les différentes étapes menant à l'initiation maçonnique, offrant une perspective introspective unique. Ce voyage initiatique est enrichi par la présentation des origines historiques et des idéaux maçonniques, permettant ainsi une compréhension approfondie de l'institution. Un autre aspect remarquable est l'absence de parti pris envers une obédience maçonnique particulière. Cette neutralité que se sont imposés les auteurs est essentielle, car elle permet aux lecteurs de faire un choix éclairé en fonction de leurs convictions personnelles et de leur recherche spirituelle. Commander ce livre   Pour les franc-maçon(ne)s curieux du BDSM qui se retrouveraient sur cet article par hasard : Le livre "BDSM: Les règles du jeu" participe à la compréhension du BDSM dans le contexte contemporain. Cet ouvrage en constitute une exploration détaillée et sans préjugés et s’efforce de vous livrer les clés de l’univers BDSM souvent bien mal interprété voire marginalisé. L’auteure aborde le BDSM non pas comme une anomalie ou une perversion sexuelle, mais plutôt comme une forme d'art et de plaisir où la contrainte joue un rôle central. Le livre tord le cou aux représentations médiatiques stéréotypées ou irresponsables, qui omettent souvent l'importance du consentement et de la sécurité dans ces pratiques. L’auteure, dont l'intérêt pour le BDSM a débuté presque par hasard pendant ses études, offre une perspective unique et éclairée. Elle a passé plus d'un an à interroger et observer attentivement de nombreux adeptes du BDSM et c’est à l’issue de cette immersion qui lui a permis de découvrir une communauté non seulement réglementée, mais aussi extrêmement solidaire, qu’elle a écrit ce livre. "BDSM: Les règles du jeu" se pose donc comme une ressource précieuse pour ceux qui cherchent à comprendre les dynamiques complexes et les règles non écrites qui régissent le monde du BDSM. Il s'agit d'un guide éducatif et d'un témoignage culturel important, qui éclaire les aspects souvent méconnus de ces pratiques, tout en soulignant l'importance du respect, du consentement mutuel, et de la responsabilité partagée. Commander ce livre           --- Si vous êtes apprenti franc-maçon vous pouvez également explorer le livre "Apprenti Franc Macon au Rite Francais" : Ce livre de 300 pages est une véritable boussole pour l’Apprenti.e franc-maçon.ne au Rite Français. Il vous accompagne pas à pas dans l’univers fascinant et riche en symboles de la franc-maçonnerie, éclairant chaque étape de ce voyage initiatique : du passage sous le bandeau à la cérémonie d’initiation, jusqu’aux premiers rituels en Loge. ✨ Explorez la richesse des symboles maçonniques ! Découvrez le sens profond de la Voûte étoilée, du Pavé mosaïque, des Colonnes du Temple et bien plus encore. Chaque élément du Rituel, chaque geste, chaque symbole est minutieusement décrypté pour donner à l’Apprenti.e une compréhension claire et éclairante de son cheminement. 🛠️ Un guide pratique pour réussir en Loge ! Avec ses nombreux conseils, ce livre devient un véritable compagnon pour maîtriser les missions essentielles de l’Apprenti.e : mise en place du Temple, préparation des agapes, attitudes à adopter en Tenue et même un "guide de survie" pour naviguer sereinement dans les protocoles parfois impressionnants des premières expériences maçonniques. 📖 Un contenu riche et structuré : Des fondements du Rite Français à l’explication des rites et des rôles des Officiers, en passant par l’analyse des symboles initiatiques, ce guide regorge d’enseignements précieux. Et parce que les premiers pas peuvent être remplis de questions, une annexe complète propose un lexique détaillé des termes et abréviations maçonniques. ✨ Au sommaire : L’histoire et les particularités du Rite Français Les étapes de l’initiation : épreuves, voyages, symboles du cabinet de réflexion Une immersion dans la symbolique du Temple et des objets sacrés Les devoirs, attitudes et responsabilités de l’Apprenti.e La progression vers le grade de Compagnon 🌟 Un compagnon indispensable ! Que vous soyez nouvellement initié.e ou simplement curieux.se de mieux comprendre les mystères de la franc-maçonnerie, ce livre est un incontournable. Pédagogique, pratique et enrichissant, il vous guidera avec bienveillance sur la voie de la Lumière. Un guide à lire, relire et consulter à chaque étape de ce passionnant cheminement initiatique ! ✨
1000 vues 12 aime
Par : le 19/12/23
Chapitre 1: Une Rencontre Inattendue Pat, un homme de 59 ans, et Christelle, une femme de 48 ans, se retrouvent par hasard dans un café pittoresque de la ville. Ils s'installent à une table voisine, sans se douter que cette rencontre anodine allait bouleverser leur vie à jamais. Leurs regards se croisent, et une étincelle fugace se manifeste entre eux. Intrigué par cette femme au regard mystérieux, Pat décide de briser la glace et engage une conversation légère. Ils discutent de sujets anodins, partageant quelques rires et échangeant des anecdotes de leur quotidien. Ce qui aurait pu être une simple rencontre fortuite prend une tournure inattendue lorsque Christelle, d'une voix douce et envoûtante, commence à poser des questions de plus en plus intimes. Elle semble déceler en Pat une vulnérabilité, une envie de se libérer de ses chaînes sociales et de vivre une expérience hors du commun. Pat, intrigué et attiré par la personnalité magnétique de Christelle, se laisse emporter par cette conversation hors normes. Il se confie peu à peu, révélant des désirs secrets et des fantasmes longtemps refoulés. Christelle, de son côté, écoute attentivement, captivant chaque mot prononcé par Pat, et semble être la seule capable de comprendre et d'accepter ses sombres pensées. Leur complicité grandit au fil des heures passées ensemble, et ils ne peuvent nier l'attraction qui les consume. Pat, pour la première fois de sa vie, se sent écouté, compris et désiré. Christelle, quant à elle, trouve en Pat un homme prêt à se laisser emporter dans les abysses de ses propres désirs les plus sombres. Chapitre 2: Le Jeu de Domination Pat attend avec impatience le deuxième rendez-vous avec Christelle. Il est à la fois excité et effrayé par les possibilités qui s'ouvrent à lui. Il ne peut s'empêcher de se demander comment cette relation troublante va évoluer et quelles limites ils seront prêts à franchir. Lorsqu'ils se retrouvent, Christelle se montre différente. Elle est habillée de manière plus audacieuse, son regard est plus intense et son sourire laisse transparaître une lueur de malice. Pat est immédiatement captivé par cette nouvelle facette de sa personnalité. Sans donner d'explications, Christelle guide Pat vers sa voiture et l'emmène dans un lieu secret. Ils se retrouvent dans une chambre sombre, aménagée pour le plaisir et la douleur. Les murs sont ornés d'instruments de torture, de fouets et de cordes. Christelle se révèle être une dominatrice expérimentée, et elle souhaite initier Pat à l'art du BDSM. Elle lui explique les règles du jeu, le pouvoir de la soumission et la jouissance qui peut découler de la douleur. Pat, à la fois curieux et terrifié, se laisse guider par Christelle. Elle le déshabille lentement, exhibant son corps vulnérable et offrant chaque centimètre de sa peau à son exploration sadique. Elle utilise des menottes pour l'attacher à un lit, lui privant ainsi toute possibilité de résistance. Le premier fouet s'abat sur la peau nue de Pat, laissant une marque rouge vif. La douleur est intense, mais il ressent également une étrange excitation. Christelle joue avec lui, alternant entre caresses sensuelles et coups violents, repoussant sans cesse les limites de son endurance. Au fur et à mesure que les minutes se transforment en heures, Pat se retrouve immergé dans un monde de plaisir et de douleur. Christelle exploite chaque faiblesse et chaque désir refoulé, l'entraînant toujours plus loin dans les méandres de la soumission. Chapitre 3: La Métamorphose de Pat Cristelle sort de la chambre laissant Pat attaché au lit, ses membres endoloris et son corps marqué par les sévices infligés. Alors qu'il se remet lentement de cette expérience intense, il réalise que quelque chose en lui a changé. Christelle revient dans la pièce, vêtue d'une tenue de cuir noir, son regard dominant fixé sur Pat. Elle lui sourit, satisfait de sa transformation progressive en une femme soumise. Elle l'informe que désormais, il ne sera plus Pat, mais Sarah, sa nouvelle identité féminine. Pat, ou plutôt Sarah, ressent un mélange de confusion, de peur et d'excitation face à cette métamorphose imposée. Il est partagé entre l'envie de résister et la curiosité de découvrir cette nouvelle facette de son être. Christelle prend le temps d'expliquer à Sarah les étapes de sa transition, lui faisant comprendre que son corps et son esprit appartiennent désormais à sa domination. Elle lui présente une boîte contenant des vêtements féminins, des accessoires de beauté et des jouets sexuels destinés à l'exploration de son nouveau rôle. Au fil des jours et des semaines qui suivent, Sarah se plie aux exigences de Christelle. Elle apprend à se maquiller, à se vêtir de manière provocante et à se comporter comme une véritable femme soumise. Christelle la guide à travers chaque étape de cette transformation, l'aidant à embrasser pleinement son nouveau rôle. La domination de Christelle sur Sarah s'intensifie au fur et à mesure que cette dernière se soumet à ses désirs les plus sombres. Les séances de BDSM deviennent de plus en plus intenses, Christelle explorant de nouvelles façons de repousser les limites de Sarah et de lui faire ressentir à la fois la douleur et le plaisir. Chapitre 4: L'Exhibition de Sarah Sarah se prépare mentalement et physiquement pour une nouvelle étape de sa transformation. Christelle l'informe qu'elle va désormais être exposée aux désirs et aux fantasmes des autres, en tant que soumise docile et obéissante. Christelle organise une soirée privée dans un club exclusif, réservé aux amateurs de BDSM. Sarah est préparée avec soin, vêtue d'une tenue provocante qui met en valeur ses courbes et sa féminité. Son corps est orné de marques de soumission, témoignage des séances intenses qu'elle a vécues aux côtés de Christelle. La soirée débute et Sarah est présentée aux invités, des hommes et des femmes avides de pouvoir et de domination. Christelle lui impose de se soumettre à leurs désirs, sans poser de questions ni émettre de plaintes. Elle est prête à être utilisée et exploitée pour leur plaisir. Sarah est conduite vers une cage en plein milieu de la pièce, où elle est attachée et exposée à tous les regards. Les invités se pressent autour d'elle, la touchant, la caressant, la faisant se plier à leurs caprices les plus sombres. La sensation d'être à leur merci, d'être objet de désir et de satisfaction sexuelle, provoque en Sarah un mélange d'excitation et d'humiliation. Elle se laisse emporter par cet univers de dépravation, se perdant dans les plaisirs pervers qui lui sont infligés. Christelle, en tant que maîtresse de cérémonie, observe avec satisfaction la transformation complète de Sarah en une femme soumise et exhibitionniste. Elle se délecte de voir sa création répondre aux moindres désirs des invités, comme une poupée docile prête à être utilisée. Chapitre 5: Les Profondeurs de la Dépravation Sarah continue d'explorer les profondeurs de la dépravation sous la tutelle de Christelle. Après la soirée au club, Christelle décide de l'emmener dans un monde où les limites n'existent plus. Elles se retrouvent dans un lieu secret, un donjon sombre et mystérieux où les pulsions les plus sombres peuvent être assouvies. Sarah est soumise à des pratiques encore plus intenses, où la douleur et le plaisir s'entremêlent d'une manière indescriptible. Christelle révèle à Sarah la pratique de la suspension, où elle est attachée par des cordes et suspendue. Cette expérience d'extrême soumission plonge Sarah dans un état de vulnérabilité totale, où elle se sent complètement à la merci de sa dominatrice. La relation entre Sarah et Christelle devient de plus en plus complexe, mêlant domination, affection et dépendance. Sarah se rend compte qu'elle est complètement envoûtée par Christelle, prête à tout pour satisfaire ses désirs. Sarah découvre également le monde du jeu de rôle, où elle est contrainte de se glisser dans différents personnages pour satisfaire les fantasmes de Christelle. Que ce soit en tant que soubrette soumise, écolière rebelle ou infirmière perverse, Sarah se plie aux scénarios les plus inventifs imaginés par sa dominatrice. Christelle pousse les limites de Sarah encore plus loin en introduisant des éléments de bondage extrême. Des séances de shibari,Sarah se retrouve ainsi immobilisée, offerte à Christelle et à quiconque souhaite profiter de son corps. La dégradation et l'humiliation deviennent des éléments clés de leur relation. Sarah est régulièrement traitée comme un objet, un animal de compagnie, ou même un simple ornement pour le plaisir de Christelle et de ses invités. Elle est forcée de se plier à leurs caprices, subissant des actes dégradants et humiliants sous leurs yeux avides de pouvoir. Malgré les douleurs physiques et émotionnelles qu'elle endure, Sarah trouve également un certain plaisir dans cette vie de soumission totale. Elle se surprend à anticiper les séances de BDSM avec excitation et à éprouver une satisfaction masochiste lorsqu'elle est utilisée et abusée. Sarah se demande jusqu'où Christelle est prête à la pousser. Quelles nouvelles frontières de la dépravation et de la soumission Sarah devra-t-elle franchir ?  Chapitre 6: La Quête de l'Ultime Soumission Sarah avide de découvrir de nouvelles formes de soumission. Christelle, toujours en quête de repousser les limites, décide de l'emmener dans un cercle restreint de dominants et dominatrices expérimentés. Sarah se retrouve au cœur d'une soirée privée, où chaque invité est un expert dans l'art de la domination. Les pratiques deviennent encore plus intenses et extrêmes, allant au-delà de tout ce que Sarah aurait pu imaginer. Elle est confrontée à des séances de torture psychologique, où chaque mot et chaque geste sont minutieusement calculés pour briser sa volonté. Les dommages infligés à son corps et à son esprit sont de plus en plus profonds, mais Sarah est incapable de résister, accro à cette sensation de totale soumission. Lors d'une séance particulièrement intense, Sarah est confrontée à une épreuve majeure : la suspension inversée. Ses bras et ses jambes sont attachés, la laissant suspendue tête en bas. La pression sur son corps est insupportable, mais elle se sent transportée dans un état de transe, abandonnée à la volonté de ses tortionnaires. Sarah réalise que cette quête de l'ultime soumission la mène vers des abîmes encore inexplorés. Elle se demande jusqu'où elle est prête à aller pour satisfaire les désirs de Christelle et si elle pourra jamais atteindre un point de satisfaction totale.  Sarah, toujours en proie à la quête de l'ultime soumission. Alors que les pratiques deviennent de plus en plus extrêmes, elle se retrouve confrontée à un nouveau défi : la privation sensorielle. Christelle l'emmène dans une chambre spécialement aménagée, où Sarah est attachée, les yeux bandés et les oreilles bouchées. Plongée dans l'obscurité et le silence complet, elle est privée de ses sens, ne laissant place qu'à ses pensées les plus profondes et ses sensations les plus intenses. Les heures s'écoulent, mais pour Sarah, le temps n'a plus de signification. Elle est livrée à elle-même, incapable de prévoir ce qui l'attend. Des caresses douces et réconfortantes alternent avec des châtiments brutaux et douloureux, créant un tourbillon de sensations contradictoires qui la pousse au bord de la folie. Alors que la privation sensorielle atteint son paroxysme, Sarah est submergée par des visions et des hallucinations. Des souvenirs de son passé se mélangent avec les expériences présentes, brouillant les frontières entre la réalité et le fantasme. Elle se demande si elle pourra jamais retrouver sa place dans le monde "normal" après avoir plongé si profondément dans les abîmes du BDSM. Chapitre 7: Les Liens de la Liberté Sarah se retrouve à un tournant décisif de son parcours de soumission. Après avoir exploré les profondeurs les plus sombres du BDSM,commence à ressentir une lueur de conscience et de remise en question. Sarah se rend compte que ses désirs ont évolué et qu'elle ne trouve plus le même plaisir dans les pratiques extrêmes. Elle se sent piégée par les liens invisibles de la soumission, cherchant désespérément un moyen de se libérer. Christelle, de son côté, remarque le changement chez Sarah. Elle comprend que son pouvoir sur elle s'affaiblit et décide de prendre des mesures drastiques pour la ramener dans son emprise. Elle introduit de nouveaux éléments dans leurs séances, mêlant douceur et cruauté d'une manière subtile. Les moments de tendresse et d'affection sont entrelacés avec des actes de domination et de soumission, créant une confusion émotionnelle chez Sarah. Cependant, malgré les efforts de Christelle pour maintenir son contrôle, Sarah commence à prendre des décisions audacieuses. Elle exprime ses limites et ses besoins, cherchant un équilibre entre son désir d'exploration et sa quête de liberté. Les deux femmes entrent dans une phase de négociation et de redéfinition des limites de leur relation. Sarah exprime son besoin de retrouver un certain contrôle sur sa vie, de ne plus être uniquement une marionnette entre les mains de Christelle. Dans un geste inattendu, Christelle accepte de donner à Sarah une plus grande autonomie dans leurs jeux de domination et de soumission. Elle reconnaît que leur relation doit évoluer pour préserver l'équilibre fragile entre plaisir et liberté. Sarah découvre alors un nouveau monde de possibilités. Elle commence à explorer sa propre domination, prenant les rênes de certaines séances. Les rôles s'inversent, et Christelle se retrouve à son tour soumise aux désirs et aux fantasmes de Sarah. Les deux femmes découvrent une nouvelle dynamique, basée sur le respect mutuel et la confiance réciproque. Elles se lancent dans des expériences plus douces et moins extrêmes, se concentrant sur l'exploration de leurs désirs communs plutôt que sur la recherche de la dépravation ultime. Au fil du temps, Sarah et Christelle trouvent un équilibre entre la domination et la soumission, où les limites sont clairement définies et respectées. Elles se rendent compte que la véritable satisfaction réside dans la connexion profonde qui se tisse entre elles, bien au-delà des jeux de pouvoir et des pratiques extrêmes. Chapitre 8: Le Chemin de la Rédemption Sarah et Christelle, qui continuent leur exploration du BDSM d'une manière plus équilibrée. Elles découvrent de nouvelles facettes de leur sexualité et approfondissent leur connexion émotionnelle, mais une ombre plane toujours sur leur relation. Sarah ressent un profond besoin de se libérer totalement de l'emprise du BDSM et de retrouver une vie plus "normale". Elle remet en question sa propre identité et se demande si elle pourra véritablement trouver la rédemption après toutes les expériences sombres qu'elle a vécues. Christelle, de son côté, est confrontée à ses propres démons intérieurs. Elle réalise que sa quête de pouvoir et de domination a été motivée par des blessures profondes et des traumatismes non résolus. Elle se demande si elle peut trouver la rédemption et la guérison à travers une relation saine et équilibrée. Les deux femmes décident de s'engager dans une introspection profonde et de chercher des réponses à leurs questions les plus profondes. Elles entament une thérapie individuelle et ensemble, explorant les racines de leurs désirs et de leurs choix passés. Au fil des séances de thérapie, Sarah et Christelle commencent à se comprendre mutuellement d'une manière qu'elles n'avaient jamais cru possible. Elles partagent leurs peurs, leurs regrets et leurs aspirations pour un avenir plus sain et plus épanouissant. Chapitre 9: une transformation physique Puis un jour sarah demande a christelle de l aider a la transformer completement en femme   Christelle accepte la demande de Sarah et se lance dans la réalisation de cette transformation complexe. Elle effectue des recherches approfondies sur les procédures nécessaires et consulte des experts médicaux pour s'assurer de la sécurité et de la faisabilité de l'intervention. Après avoir préparé un plan détaillé, Christelle administre à Sarah les injections mammaires, utilisant des produits et des techniques spécifiques pour stimuler la croissance des seins. En même temps, elle entreprend une séance de connexion émotionnelle où les deux femmes se concentrent sur leurs énergies vitales et fusionnent leurs états d'âme. Au fur et à mesure que les seins de Sarah se développent, elle ressent un mélange de sensations physiques et émotionnelles. Les énergies de Sarah et de Christelle s'entremêlent, créant une profonde intimité et une compréhension mutuelle encore plus grande. Un soir apres le diner les lèvres de Christelle se posent avec tendresse sur celles de Sarah, un baiser chargé de promesses inquiétantes.  Les mains de Christelle glissent le long du corps de Sarah, délicatement. La jupe de Sarah tombe au sol, révélant la vulnérabilité de son corps dénudé. Christelle se délecte de chaque centimètre de peau exposé, savourant le pouvoir qu'elle reprends sur Sarah. Elle parcourt son corps avec une lenteur calculée, traçant des lignes de plaisir et de douleur sur son chemin. Chaque contact est une torture délicieuse, une symphonie de domination et de soumission renaissante. Christelle allonge Sarah avec une tendresse feinte, ses mains explorant chaque centimètre de peau nue avec une avidité dérangeante. Les doigts de Christelle dansent sur le corps de Sarah, laissant une traînée de frissons et d'appréhension sur son passage. Les soupirs troublés de Sarah se mêlent aux murmures de plaisir de Christelle. Dans un élan empreint d'amour et de tendresse, Christelle se glisse doucement à côté de Sarah, déposant un scalpel étincelant sur un plateau à côté d'elle. Son regard bienveillant et passionné reflète la lueur profonde de désir qui brûle en elle. Avec une délicatesse infinie, elle effleure les bourses de Sarah, traçant des lignes de plaisir sur sa peau sensible. Les gouttes de sueur perlent, mêlant leur parfum enivrant à celui de l'excitation qui monte. Puis, avec une maestria presque surnaturelle, Christelle saisit le scalpel d'une main ferme. Son visage rayonne d'une étrange excitation mêlée de détermination.  Elle pose le scalpel sur la peau tendue des bourses de Sarah, effleurant délicatement la surface avec la pointe acérée. Une légère pression suffit à ouvrir une fine incision, laissant échapper un filet de sang carmin. Les sens en éveil, Christelle observe avec fascination l'écoulement du liquide vital, tandis que Sarah retient son souffle, partagée entre la douleur et un plaisir inattendu. La tension dans la pièce est palpable, chargée d'une électricité sensuelle et perverse. Christelle, guidée par une pulsion qui la dépasse, continue son exploration chirurgicale, incisant habilement les tissus, révélant peu à peu les organes cachés. La scène devient à la fois troublante et hypnotique, emprunte de cette étrange beauté qui réside dans la transgression des limites. Les testicules de Sarah, désormais exposés, suscitent une fascination, une curiosité dévorante. Christelle, mue par une étrange alchimie entre le désir et la déviance, procède à leur extraction minutieuse, dévoilant une vérité cachée au plus profond de l'intimité de Sarah. Cependant, Christelle, portée par une pulsion indomptable, décide de ne pas refermer les bourses de Sarah. Elle contemple avec un mélange de fascination et de satisfaction l'image troublante de l'intimité exposée de Sarah, ses testicules exposés et vulnérables. Elle se délecte de cette vision perverse, où la frontière entre plaisir et cruauté s'estompe. La scène prend une dimension presque artistique, une œuvre érotique et dérangeante qui défie les conventions et repousse les limites Christelle, animée par une pulsion, procède à l'extraction des testicules de Sarah avec  précision . Elle les retire avec une adresse chirurgicale, libérant Sarah de cette partie de son anatomie. Une étrange excitation parcourt la pièce alors que la peau des bourses est recousue, refermant la plaie béante. La scène prend une fusion une fusion entre douleur et plaisir, où les limites se confondent. Chapitre 10: une transformation physique Après avoir retiré les testicules de Sarah, Christelle observe avec une satisfaction la transformation physique de Sarah en une femme, libérée des attributs masculins qui la définissaient autrefois. La douleur et l'excitation qui ont accompagné cette métamorphose ont profondément marqué Sarah, renforçant sa soumission revenue envers Christelle. Dans l'obscurité de la chambre, les rôles sont inversés, et Sarah retrouve son statut de soumise, prête à obéir aux moindres désirs et caprices de sa dominatrice. Christelle, puissante et impérieuse, guide Sarah à travers un labyrinthe de plaisirs et de punitions. Chaque caresse, chaque fessée, chaque mot cinglant renforce les liens qui les unissent de nouveau. Sarah, docile et consentante, retrouve une libération dans son rôle de soumise, où elle peut se laisser aller à ses désirs les plus sombres et les plus profonds. Leur relation devient un ballet où les limites de la morale s'effacent devant l'exploration des plaisirs interdits. Dans cette dynamique de pouvoir, Sarah trouve une féminité nouvelle, une manière de s'affirmer à travers sa soumission totale à Christelle. Sarah, par cette intervention médicale, retrouve son identité de femme à la fois dans son esprit et maintenant dans son corps. Christelle, reprenant son rôle de dominatrice, explore avec Sarah de nouvelles dimensions de plaisir et de soumission consentie. Ensemble, elles explorent les limites de leurs désirs, s'abandonnant à un jeu érotique intense et passionné. Leur engagement dans l'univers BDSM reflète leur désir commun d'explorer les dynamiques de domination et de soumission. Sarah, en choisissant de s'abandonner de nouveau à Christelle, découvre un épanouissement sexuel et émotionnel dans sa soumission consentie. Elle trouve une libération dans le fait de confier son pouvoir à Christelle, qui, en tant que dominatrice. Sarah, libérée de ses testicules et de seins naissants, entreprend un voyage de découverte et de redéfinition de son identité, lui permettant d'explorer de nouvelles facettes de sa féminité et de sa sexualité. Sans les contraintes physiques de ses couilles pendantes, Sarah se sent plus en phase avec son moi intérieur. Elle embrasse pleinement son identité de femme et trouve une nouvelle confiance en elle-même. Elle découvre une libération émotionnelle et sexuelle, se sentant plus alignée avec ses désirs et ses fantasmes. Sarah trouve un espace où elle peut exprimer sa soumission et son désir de se laisser guider par Christelle, sa dominatrice lui permettant de se concentrer pleinement sur l'exploration des dynamiques de pouvoir et de plaisir. Dans cet univers BDSM, Sarah trouve un espace où elle peut exprimer sa soumission et son désir de se laisser guider par Christelle, sa dominatrice. permettant de se concentrer pleinement sur l'exploration des dynamiques de pouvoir et de plaisir dans un corp qui lui ressemble enfin...  
635 vues 5 aime
Par : le 16/12/23
"Je fais bien de ne pas rendre l'accès de mon cœur facile. Quand on y est une fois entré, on n'en sort pas sans le déchirer; c'est une plaie qui ne cautérise jamais bien. Qu'est-ce que la vertu ? C'est, sous quelque face qu'on la considère, un sacrifice de soi-même. Le sacrifice que l'on fait de soi-même en idée est une disposition préconçue à s'immoler en réalité. Je crois que nous avons plus d'idées que de mots. Combien de choses senties et qui ne sont pas nommées". Vivante, volontiers polémique, imprégnée de l’esprit des Lumières, l’Encyclopédie, à laquelle le nom de Diderot ( 1713-1784) reste attaché, sera la réussite éditoriale, intellectuelle et commerciale du XVIIIème siècle. Vorace, Denis Diderot l’était. Et il fallait un homme comme lui pour mener à bien une entreprise monumentale comme l’Encyclopédie. Durant vingt-cinq ans, de 1748 à 1773, Diderot y a consacré toute son énergie. Enfin presque !! Malgré le travail titanesque, Diderot trouve le moyen de composer parallèlement plusieurs romans ("Les Bijoux indiscrets", 1748," La Religieuse", 1760, "Le Neveu de Rameau", 1760, "Jacques le Fataliste", 1765), des piècesde théâtre ("Le Fils naturel", 1757), quelques essais philosophiques ("la Lettre sur les aveugles", 1749, les "Pensées sur l’interprétation de la nature", 1753, "Le Rêve de d’Alembert", 1769), des critiques d’art, il en a inventé le genre, et des essais ("Paradoxe sur le comédien", 1773-1778), sans parler de ses nombreux comptes rendus de lecture parus dans divers journaux. Seule une partie de ses écrits fut publiée de son vivant. Diderot est un homme qui a une immense culture, des centres d’intérêt très variés, des intuitions fortes, des idées à revendre. Il explore, innove, lance des idées. Mais il a du mal à discipliner sa pensée. On ne trouve donc chez lui aucun exposé systématique de sa philosophie. Denis Diderot est né à Langres le cinq octobre 1713, d'un père qui était coutelier, et il eut un frère chanoine. Il devait mourir le trente-et-un juillet 1784, cinq ans avant cette Révolution que son œuvre avait préparée. Il entra à neuf ans chez les Jésuites, qui furent frappés par l'intelligence de l'enfant, et il reçut la tonsure à douze ans. Mais son père, on ne sait pourquoi, s'opposa à sa vocation religieuse, et il l'envoya terminer ses études à Paris, au collège d'Harcourt. Se détournant de sa famille, il s'enfuit à Paris et épouse secrètement une jeune lingère, Antoinette Champion (1710-1795). Il mène alors une vie de bohème littéraire. Prodigieusement doué, avide de nouveautés, l'étudiant prolongé s'informe des cours tenus par les professeurs célèbres, lit beaucoup, d'Homère à Voltaire et Swift, y compris les auteurs clandestins en copies manuscrites (Boulainvilliers, Meslier). Il fréquente les salles de théâtre, et ne quitte pas les hauts lieux de la nouvelle intelligentsia, les cafés "Procope" et de la "Régence". Il fait la connaissance des personnalités en devenir: d'Alembert, Condillac, La Mettrie. Ses traductions de l'anglais le sortent de l'anonymat: "l'Histoire de Grèce" (1743) de "Temple Stanyan", l'"Essai sur le mérite et la vertu" (1745) de Shaftesbury. Il publie en1746 les "Pensées philosophiques", condamnées aussitôt à être brûlées. Il rédige l'année suivante la "Promenade dusceptique", dont le manuscrit est saisi. L'ancien étudiant en théologie s'achemine vers le matérialisme et l'athéisme.   "Il n'y a qu'un pas du fanatisme à la barbarie. Il est bien rare que le cœur mente. Mais on n'aime pas à l'écouter". "L'homme est un véritable inculte." Ce n'est qu'à trente-deux ans, après de longues années de misère, qu'il publia son premier ouvrage, une traduction libre de "L'Essai sur le mérite et la vertu", œuvre d'ailleurs sans grande importance (1745). Mais à partir de cette année commence une production d'œuvres littéraires et philosophiques qui ne s'arrêtera qu'à sa mort. Ses compétences le désignent pour animer à partir de 1747, "l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers"(1751-1772), conçue d'abord par le libraire André-François Le Breton (1708-1779) comme l'adaptation française de la "Cyclopaedia" (1728) d'Ephraim Chambers. L'entreprise va rapidement s'émanciper de ce modèle tandis que Diderot s'affirme comme un penseur intrépide. À partir de 1748, le chantier encyclopédique accapare Diderot. Mais cette activité le familiarise avec les secteurs les plus divers du savoir et l'ouvre à de nombreuses formes d'écriture. Elle lui permet de composer des œuvres philosophiques majeures: "la Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient" paraît en 1749 (la "Lettre sur les sourds et muets" paraîtra en 1751). Ainsi le "Prospectus" de l'Encyclopédie qu'il rédige est un acte de foi dans le progrès des connaissances. De telles positions ne pouvaient laisser indifférentes les autorités: Diderot est arrêté en 1749. Il passe un mois enfermé au donjon de Vincennes. C'est là que Rousseau lui rend visite et discute avec lui de la question du progrès des sciences et des arts, qui nourrira le "Discours sur les sciences et les arts" (1750) du citoyen de Genève. Se réconciliant avec sa famille à Langres, Diderot fait la connaissance d'une jeune femme, Sophie Volland, qui devient sa maîtresse, sa confidente, et avec laquelle il entretient une abondante correspondance. C'est l'époque également où il se tourne vers le théâtre et invente alors des formes nouvelles de critique d'art. L'œuvre dramatique de Diderot associe la réflexion critique et la pratique proprement littéraire. Ainsi, en 1757, paraît le "Fils naturel ou les Épreuves de la vertu", comédie en cinq actes et en prose, accompagnée de trois "Entretiens sur le Fils naturel". Un dispositif identique est reproduit l'année suivante. Diderot publie un nouveau drame, le "Père de famille",suivi d'un discours, De la poésie dramatique. L'illustration d'un nouveau drame bourgeois, ou genre sérieux, fait date.    "J’entends crier de toute part à l’impiété. Le chrétien est impie en Asie, le musulman en Europe, le papiste à Londres, le calviniste à Paris, le janséniste au haut de la rue Saint-Jacques, le moliniste au fond du faubourg Saint-Médard. Qu’est-ce donc qu’un impie ? Tout le monde l’est-il, ou personne ?" La recherche de Diderot se poursuit dans des traductions ou adaptations de l'anglais. L'expérience du style du comédien David Garrick, qu'il relate dans un article de 1769 (Garrick et les acteurs anglais), nourrit alors une réflexion qui aboutira au "Paradoxe sur le comédien", écrit entre 1769 et 1777 et publié en 1830, défense du jeu raisonné contre l'inefficacité d'une spontanéité pulsionnelle. Cette diversité, ce "protéisme" furent très admirés par nombre de ses contemporains, et Rousseau disait de lui à Mme d'Epinay: "Diderot est un génie transcendant, comme il n'y en a pas deux dans ce siècle." Il ne semble pourtant pas que la postérité ait eu pour lui une admiration aussi totale que celle de Rousseau. L'homme fut sans doute un grand caractère. Son dévouement total à l'Encyclopédie, son courage en face des puissants, sa passion du travail, sa générosité font de lui une des grandes figures du XVIIIème siècle. Il a pu écrire sans mentir: "On ne me vole pas ma vie, je la donne. Un simple plaisir, pour moi me touche faiblement. C'est pour moi et pour mes amis que je lis, que je réfléchis, que j'écris, que je médite, que j'entends, que je regarde, que je sens. Dans leur absence, ma dévotion rapporte tout à eux, et je songe sans cesse à leur bonheur." Il est certain que sa bonté fut une part de son génie, et il est remarquable que ce sceptique, qui attaqua avec tant de violence la théologie chrétienne, ait prétendu diriger sa vie par les préceptes de l'Évangile. Ainsi, sa philosophie est assez brouillonne, et ses opinions sont parfois contradictoires. Sa seule grande idée qui n'ait jamais varié, c'est qu'il faut détruire les religions, afin de fonder la science. Sur ce point capital, le sceptique n'a jamais eu le moindre doute. Il a combattu tous les dogmes de son temps avec une égale passion, et l'énorme Encyclopédie en est l'immortel témoignage.    "Pour ébranler une hypothèse, il ne faut quelquefois que la pousser aussi loin qu'elle peut aller. Il y a un peu de testicule au fond de nos sentiments les plus sublimes et de notre tendresse la plus épurée". Immortel, non point par sa partie négative, qui n'est pas très originale. Les arguments qu'il invoque contre les Églises sont ceux de la raison raisonnante, c'est-à-dire ceux de Voltaire et de bien d'autres. Mais la partie constructive représente véritablement le péristyle de la science moderne. "Jamais, écrivait Grimm, génies ne se sont ressemblés comme celui de Bacon et de M. Diderot." Certes, Francis Bacon, qui fut le génial auteur du "Novum organum", et qui mourut en inventant l'art de conserver les viandes par le froid, paraît être le père et le fondateur des sciences expérimentales. Mais cent cinquante ans après, le fils du coutelier de Langres réunissait les premiers résultats acquis par la nouvelle méthode. Avec son esprit cartésien, il les classait, il les coordonnait, sur les fondations jetées par Francis Bacon, il a fait sortir de terre les assises du monument: cette partie de son œuvre est sans doute impérissable. Le style de ses ouvrages philosophiques est merveilleusement clair, rapide, original: on le reconnaît à première vue. Cependant, il est parfois déparé par des négligences: il semble que l'auteur, se fiant à sa verve, à son don d'improvisation, qui est unique ait souvent négligé de relire la page qu'il venait d'écrire. En revanche, ses ouvrages littéraires font regretter que cet écrivain de génie n'ait pas consacré aux lettres la meilleure partie de son temps, car ses pages les plus belles sont précisément celles qui ne prouvent rien: "Le Neveu de Rameau" et "Jacques le Fataliste" sont ainsi d'authentiques chefs-d'œuvre de la littérature de tous les temps. Certes, "l'Encyclopédie" est admirable, mais elle nous a privés d'un très grand romancier. Ses deux pièces de théâtre, "Le Fils naturel" et "Le Père de famille", ne sont pas des ouvrages parfaits, mais ils sont les premiers de leur genre, et presque tout le théâtre moderne en est sorti. Plus qu'un grand écrivain, il fut un grand créateur. Il a inventé les "Encyclopédies", la Nouvelle, la Critique d'art, la Comédie dramatique, et dans chacun de ces genres, il improvisa ainsi de nouveaux modèles, qui sont presque tous des chefs-d'œuvre.    "Quand je me promets une vie heureuse, je me la promets longue. Aucun homme n'a reçu de la nature le droit de commander aux autres. La liberté est un présent du ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d'en jouir aussitôt qu'il jouit de la raison". Certes, il n'est pas mort à la fleur de l'âge, puisqu'il a vécu soixante et onze années. Pourtant ses ouvrages par leur aisance, leur vivacité, leur enthousiasme, leur éclat, ont l'air d'être des "œuvres de jeunesse". Aussi a-t-on pu dire: Que n'a-t-il vécu plusieurs siècles ! Depuis plus de dix ans, Diderot était invité par Catherine II dont les largesses imposaient la reconnaissance. Peu enclin aux mondanités et d'un caractère casanier, ses obligations éditoriales et familiales incitaient Diderot à reporter le déplacement. Ce n'est qu'en 1773, après avoir terminé l'Encyclopédie et conclu le mariage de sa fille qu'il entreprit enfin ce voyage. Il effectue ainsi l'unique voyage hors de France de sa vie de juin 1773 à octobre 1774. Ce voyage sera marqué d'un séjour à Saint-Pétersbourg, de ses entretiens avec Catherine II et des séjours à La Haye, dans les Provinces-Unies de l'époque. La correspondance de Diderot révèle le grand sérieux des sujets abordés: la valeur de la libre concurrence dans le commerce et le gouvernement, la nécessité de régler la succession au trône russe, la commission législative que Catherine avait assemblée en 1767, l’éducation publique, le luxe, le divorce, les académies, et bien sûr la littérature. Il espère aussi faire démarrer la traduction et l'adaptation de l'Encyclopédie en russe. Vers le cinq novembre 1773, il reçoit une première pression politique par le biais de l'ambassadeur de France à Pétersbourg, François-Michel Durand de Distroff, pour essayer d'améliorer l'attitude de la souveraine vis-à-vis de la France. Il visita les environs de la ville impériale, assista à des représentations théâtrales et fut membre étranger de l’Académie russe des sciences. Il quitte la ville en mars 1774, après plusieurs semaines de problèmes de santé, période pénible, humide et froide.    "Il vaut mieux écrire de grandes choses que d’en exécuter de petites. L'homme le plus heureux est celui qui fait le bonheur d'un plus grand nombre d'autres". Dès son retour, il ralentit progressivement sa vie sociale, sa santé se dégrade et il l’accepte mal. Il multiplie et allonge les séjours à Sèvres, dans la maison de son ami le joaillier Étienne-Benjamin Belle où il vient régulièrement pendant les dix dernières années de sa vie et au château du Grandval à Sucy-en-Brie, chez d'Holbach, parfois en famille. En septembre 1781, il collabore alors un peu à l'Encyclopédie méthodique de Charles-Joseph Panckoucke et Jacques-André Naigeon. À partir de 1783, Diderot met de l'ordre dans ses textes et travaille avec Naigeon à établir trois copies de ses œuvres: une pour lui, une pour sa fille et la dernière pour Catherine II. Sophie Volland meurt le vingt février 1784. Le cinq mars 1784, le décès prématuré de sa petite-fille lui est caché pour le ménager. En juin 1784, il déménage au trente-neuf rue de Richelieu à Paris, dans l'hôtel dit de Bezons, grâce aux bons soins de Melchior Grimm et de Catherine II qui souhaitaient lui éviter de gravir les quatre étages d'escalier de son logis de la rue Taranne. Il ne profite que deux mois de ce confort et y meurt le trente-et-un juillet 1784, probablement d'un accident vasculaire. À sa demande répétée, il est autopsié le premier août, puis inhumé à l’église Saint-Roch, dans la chapelle de la Vierge, le même jour. Naigeon semble être le seul homme de lettres à suivre le convoi. En juin 1786, sa bibliothèque et ses archives sont envoyées à Saint-Pétersbourg. Elles n'y recevront pas l’attention accordée à celles de Voltaire: les pertes, les disparitions et l'absence de tout inventaire nuiront également à la connaissance et la bonne réception de l'œuvre de Diderot. Durant la Révolution, les tombes de l’église Saint-Roch sont profanées et les corps jetés à la fosse commune. La sépulture et la dépouille de Diderot ont donc disparu, contrairement à celles de Voltaire et Jean-Jacques Rousseau, tous deux inhumés au Panthéon de Paris. Si Diderot exerce d'abord sa plume en traduisant de l'anglais l'"Histoire de la Grèce" (1742) de Temple Stanyan, puis, avec Eidous et Toussaint, le "Dictionnaire universel de médecine et de chirurgie" (de 1744 à 1748) de Robert James, son premier véritable travaild'écriture date de 1745, avec l'adaptation en français de l'"Essai sur le mérite et la vertu" de Shaftesbury.    "Méfiez-vous de celui qui veut mettre de l'ordre. Ordonner, c'est toujours se rendre le maître des autres en les gênant. Il faut souvent donner à la sagesse l'air de la folie. Une danse est un poème". Mais sa première création originale, quoique inspirée de Shaftesbury, est, en 1746, les "Pensées philosophiques", aussitôt condamnées par le Parlement de Paris. Par sa forte coloration déiste, l'œuvre constituait le premier pas de l'itinéraire qui devait mener le philosophe au matérialisme athée. La forme dialoguée de certaines pensées, qui mettaient aux prises chrétiens et incrédules, apparemment en faveur des premiers, ne trompa personne, pas plus que la très orthodoxe profession de foi catholique de la pensée LVIII. L'enthousiasme de l'auteur des "Pensées philosophiques pour les preuves de l'existence de Dieu" fondées sur la connaissance de la nature, chères aux déistes, y apparaît en effet clairement et l'on sent même poindre, dans la fameuse pensée XXI énonçant l'hypothèse du jet fortuit des atomes comme origine du monde, le matérialisme futur de Diderot. Plus prudent, dans "La Promenade du Sceptique" (1747), Diderot use du déguisement de la fable et de l'allégorie pour attaquer alors le christianisme et exalter la religion naturelle. Un roman libertin, "Les Bijoux indiscrets" (1748), le distrait même quelque temps de ses spéculations philosophiques. Né, dit-on, d'un pari, et destiné alors à subvenir aux dépenses de Mme de Puisieux, la maîtresse de Diderot, ce pétulant récit dans lequel s'enchaînent, sur un rythme alerte, les situations cocasses, résultant des vertus magiques d'un anneau capable de faire parler les bijoux des dames, employé par le sultan du Congo pour se désennuyer et vérifier la moralité des femmes de la Cour, intéresse avant tout par sa drôlerie, mais ne peut-on pas voir déjà, dans cet anneau révélateur, l'équivalent du neveu de Rameau qui, tel un levain, permet par sa présence de dégager le vrai du paraître ? Novateur, il ne le fut pas qu'en philosophie. Son œuvre romanesque, qu'on peut presque entièrement situer dans cette partie du XVIIIème siècle que le spécialiste de l'histoire du roman Henri Coulet appelle "période de fermentation" (1760-1789), caractérisée par la hardiesse des formes et l'ampleur des ambitions, se distingue par son originalité formelle. Chacun des grands textes romanesques de Diderot, "La Religieuse", "Le Neveu de Rameau", "Jacques le Fataliste", est un laboratoire de recherche sur l'écriture et pose ainsi de ce fait d'ardus problèmes de classification à la critique contemporaine.   "Le monde commence et finit sans cesse. Il est à chaque instant son commencement et sa fin. Ne payez jamais d'avance, si vous ne voulez pas être mal servi." Le dix-huitième siècle a beaucoup aimé les Dictionnaires. Il en a publié de toutes sortes et de tous formats, mais l'Encyclopédie occupe, dans l'histoire des idées et de la librairie, une place à part. Les autres dictionnaires étaient alors des dictionnaires spécialisés: langue, histoire, agronomie,commerce, art militaire, droit, géographie, médecine, police, etc. L'Encyclopédie se veut universelle, raisonnée,et, pour la première fois, un dictionnaire français comporte un très grand nombre d'illustrations. L'idée d'une encyclopédie française était, comme on dit, depuis longtemps dans l'air. En 1675, Colbert avait invité l'Académie des Sciences à travailler à un "traité de mécanique", où seraient décrites "toutes les machines en usage dans la pratique des arts" et la compagnie s'appliquait sans hâte à la confection de cet ouvrage. En 1694, Thomas Corneille avait publié un "Dictionnaire des Arts et des Sciences" dont Fontenelle donna une nouvelle édition en 1731, augmentée de la physique et des mathématiques. Enfin, en 1728, Chambers avait publié, à Londres, une "Cyclopaedia or an Universal Dictionary of Arts and Sciences" qui connut un grand succès. En 1744, le "Journal des Savants" rend compte avec éloge de la quatrième édition. Ce n'est pas une simple compilation. On y trouve alors une sorte d'histoire des idées et même une préface "montrant l'origine d'où chaque partie de nos connaissances est amenée et le rapport qu'elles ont à leur tige commune, aussi bien qu'entre elles. En 1745, un anglais, Mills, et un allemand, Sellius, apportèrent à André-François Le Breton, libraire, la traduction de la "Cyclopaedia" de Chambers. Le Breton l'accepta, puis se brouilla avec Mills. Il s'associa alors avec trois autres libraires, Briasson, Durand et David l'Aîné, obtint un nouveau privilège, chercha un directeur et, ne s'étant pasentendu avec l'abbé de Malves, s'adressa à Diderot qui venait de traduire le dictionnaire de médecine de James.   "Quand on veut écrire des femmes, il faut tremper sa plume dans l'arc-en-ciel, et secouer sur sa ligne la poussière des ailes du papillon. Il faut être plein de légèreté, de délicatesse et de grâces. Un mot n'est pas la chose, mais un éclair à la lueur duquel on l'aperçoit". Le Breton cherchait assurément à réaliser une bonne affaire. Mais l'idée le séduisait pour une autre raison. Il comptait parmi les francs-maçons de la première heure, ceux qui avaient acclimaté à Paris, entre 1725 et 1732, la maçonnerie anglaise, en 1729, il avait installé la première loge orangiste chez son cousin Debure. De celle-là est issue la loge d'Aumont, dont les séances se tenaient à l'auberge du sieur Landelle, où fréquentèrent les éditeurs et principaux collaborateurs de l'Encyclopédie. En 1765, Le Breton figure encore comme Vénérable inamovible sur le tableau des loges dressé par la Grande Loge de France. Or, en 1740, dans un discours qui reproduisit celui qu'avait prononcé trois ans plus tôt le chevalier Ramsay, le duc d'Antin,grand maître, avait vivement souhaité l'édition d'un dictionnaire universel d'inspiration maçonnique. Diderot accepta avec enthousiasme l'idée de Gua de Malves, qui était de refondre, de développer l'œuvre de Chambers, d'en faire une somme ordonnée de toutes les conquêtes de l'esprit. Le choix de Diderot était à la fois décisif et compromettant. On le soupçonnait fortement d'être l'auteur des "Bijoux indiscrets", roman licencieux. En juin 1746, le Parlement de Paris a condamné ses "Pensées philosophiques" parues sans nom d'auteur. En 1749, paraît alors la "Lettre sur les aveugles". Diderot est enfermé à Vincennes le vingt-quatre juillet. Le gouvernement prend alors en considération cet intérêt commercial. Diderot, dont la détention a été très adoucie, est libéré au bout de dix semaines et maintenu à la tête de l'entreprise avec l'approbation du chancelier Daguesseau. L'histoire de l'Encyclopédie est communément racontée comme une suite de persécutions et de coups terribles assénés par le pouvoir. C'est une flatteuse légende. Prenant une position antireligieuse, il était à prévoir que l'Encyclopédie serait critiquée, attaquée par les défenseurs de la religion. Pourquoi ne l'aurait-elle pas été ? En 1752, à la suite de la condamnation par la Sorbonne de la thèsede l'abbé de Prades, collaborateur de Diderot pour la théologie, le conseil d'État examine les deux premiers volumes parus. Il condamne les téméraires irrévérences de l'ouvrage, déclare alors les deux tomes "supprimés", mesure parfaitement inoffensive, puisqu'ils sont alors entre les mains des souscripteurs, et, dans ses mémoires, le marquis d'Argenson assure que Mme de Pompadour et plusieurs ministres incitent aussitôt les éditeurs, au nom de l'intérêt public, à poursuivre la publication sans désemparer. Le propos du mémorialiste est conforme à la vérité puisque, dans l'avertissement du tomme III, Diderot se dit "rassuré par la confiance du ministère public", se vante de continuerle dictionnaire pour complaire au gouvernement. Madame de Pompadour n'avait de cesse de protéger Diderot.   "On avale à pleine gorgée le mensonge qui nous flatte et l'on boit goutte à goutte une vérité qui nous est amère. On ne se fait pas toujours une langue propre à son cœur". Le comte d'Argenson, alors ministre, assure le passage en Allemagne de l'abbé de Prades et Diderot entrepose ses manuscrits chez le directeur de la librairie, Malesherbes,fils de Daguesseau. Chacune des années suivantes voit paraître un nouveau volume. En dépit des attaques de Palissot, des pamphlets, des protestations de l'épiscopat, des blâmes du Parlement, Louis XV et sa police demeurent parfaitement impassibles. Le nombre des souscripteurs atteint alors quatre mille. L'attentat de Damiens (1757), la publication de "De l'Esprit" (1758) par Helvétius, "maître d'hôtel de l'Encyclopédie", incitent enfin le Parlement à frapper un grand coup. "L'Encyclopédie", contre laquelle l'avocat Joly de Fleury prononce un fougueux réquisitoire, est inscrite sur une liste de huit ouvrages condamnés. Condamnés à quoi ? à rien. Elle ne sera pas brûlée, mais simplement soumise à l'examen d'une commission de révision qui ne se réunira jamais, avec "suppression" pour la seconde fois des tomes distribués, donc insaisissables (six février 1759). De son côté, le huit mars, le conseil d'État révoque, sans plus, le privilège d'édition, ce qui revient uniquement à retirer aux éditeurs la propriété commerciale de l'ouvrage, mais un autre privilège leur est presque aussitôt accordé (huit septembre) pour les gravures. Quant à la police, à laquelle incombe l'exécution des mesures, elle s'empresse de conclure avec les libraires un arrangement réglant la publication "tacite" des volumes suivants. L'impression continue paisiblement. Quelle est la philosophie de Diderot ? On sait qu’il professa, après d’autres et avec d’autres (Helvétius, d’Holbach) une philosophie matérialiste. Mais, si on met à part les précautions qu’il dut prendre pour s’avancer prudemment masqué, il reste que ce matérialisme est difficilement saisissable. Il expose une conception de la matière douée de sensibilité et de la nature comme étant alorsconstituée d’une seule substance matérielle éternellement productive.   "Comment s 'étaient-ils rencontrés ? Par hasard comme tout le monde. Comment s 'appelaient-ils ? Que vous importe ? D 'où venaient-ils ? Du lieu prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l 'on sait où l on va ? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien. Jacques disait que son capitaine que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas est écrit là-haut". Toutefois ce matérialisme est avancé avec de nombreuses réserves. Diderot n’a jamais renoncé à la force curative et heuristique du scepticisme. Sous le choc de l’immatérialisme de Berkeley, il dut accepter que nous ne puissions fournir des preuves démonstratives absolument rigoureuses de l’existence de la matière. La confrontation des énoncés philosophiques spéculatifs avec les résultats encore très imparfaits des sciencesdu vivant et de la médecine le conduit à reconnaître qu’il faut encore suspendre son jugement sur des points pourtant cruciaux de son matérialisme, par exemple le passage de la matière inanimée à la matière vivante. La volonté de penser les choses dans leur spécificité conduit Diderot à se méfier des généralisations qui font bon marché des différences propres. On n’explique pas l’homme avec les mêmes concepts qui servent pourl’animal. Bref, Diderot est un matérialiste que le sceptique en lui rappelle constamment à la prudence. D’où le fait que Diderot n’eut pas la passion de convertir. Non dogmatique, non sectaire, un des effets de la position sceptique est de produire une civilité de la pensée et de la conversation. Mais elle est aussi inséparable d’un rapport libre et accueillant à l’égard d’autres doctrines plus ou moins voisines. Diderot n’a jamais caché sonadmiration pour Platon, Leibniz, Malebranche, à côté d’Épicure, de Montaigne, de Bayle, sans parler des poètes latins. Avant que le terme ne soit devenu péjoratif, Diderot fut une sorte d’éclectique. Philosophe, romancier, dramaturge et critique se rejoignent sur bien des points: esprit novateur, transgression des genres,amour du vrai, du bon, du beau dans tous les domaines, recherche d'un principe unificateur en philosophie comme en art. Et ce serait sans doute contenter les mânes de ce "touche-à-tout de génie" que de dire que son œuvre, novatrice et brillante, est frappée au coin d'une grande unité. "Je rage d'être empêtré dans une diable de philosophie que mon esprit ne peut s'empêcher d'approuver et mon cœur aussitôt de démentir".    Bibliographie et références:   - Jacques Attali, "Diderot ou le bonheur de penser" - Pierre Chartier, "Vie de Diderot: portrait du philosophe" - Anne-Marie Chouillet, "Les ennemis de Diderot" - Michel Delon, " La philosophie de Diderot" - Charly Guyot, "Diderot par lui-même" - Serguei V. Korolev, "La bibliothèque de Diderot" - Dominique Lecourt, "Diderot, passions, sexe et raison" - Éric-Emmanuel Schmitt, "Diderot ou la philosophie de la séduction" - Gerhardt Stenger, "Diderot, le combattant de la liberté" - Maurice Tourneux, "Diderot et Catherine II" - Arthur M. Wilson, "Diderot: sa vie et son œuvre"   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
522 vues 12 aime
Par : le 13/12/23
"BDSM. Les règles du jeu" est un livre remarquable qui offre un regard éclairant sur le monde souvent mal compris du BDSM. L'auteur, Jessica Caruso, se démarque par sa capacité à décrire avec précision et sans jugement les divers aspects des pratiques BDSM. Ce qui frappe avant tout, c'est la qualité de l'écriture : le livre est à la fois bien écrit et accessible, rendant le sujet compréhensible pour tous. Le livre s'adresse d'abord à ceux qui sont curieux du sujet mais pourra en apprendre à ceux qui pratiquent déjà. L'auteure réussit à vulgariser le BDSM pour les débutants, présentant une analyse approfondie et neutre de ce monde. C'est cette neutralité qui fait la force de l'œuvre : elle permet de dépasser les clichés et préjugés souvent associés au BDSM, mettant en lumière une communauté régulée, solidaire et attentive au bien-être et à la sécurité de ses membres. On appreciera l'approche didactique et instructive de l'auteure. Ce livre répond à de nombreuses questions avec une grande finesse et de manière plutot captivante. "BDSM. Les règles du jeu" est un ouvrage précieux pour comprendre le BDSM. Avec son écriture fluide, son approche bienveillante et informative, ce livre est une référence incontournable pour ceux qui cherchent à en savoir plus sur l'univers BDSM. Si vous avez lu ce livre, n'hésitez pas à laisser votre avis en commentaires ci dessous.
681 vues 4 aime
Par : le 12/12/23
-Bonjour camarade général Valeri. Merci d'avoir pu vous libérer pour cet entretien. J'ai une mission spéciale pour vous.  -Pas de problème camarade Président. Toujours partant, vous le savez bien. De quoi s'agit il?  - Nos troupes poussent de partout sur la ligne de front de l'opération spéciale. Rien ne presse,  le piège fonctionne bien.  -C'est tout de même dommage que nos cousins ukrainiens soient tombés dans les griffes de la CIA et qu'ils soient envoyés par dizaines de milliers se faire massacrer sous nos obus.  -c'est leur problème s'ils croient la propagande occidentale.  -Justement, c'est cela votre mission. Liquider des agents de la CIA et de l'OTAN derrière les lignes. Nous en avons localisé une dizaine de plus, ci joint les dossiers et instructions. Faites de votre mieux comme d'habitude.   Valeri quitte Moscou dans le jet privé de sa milice Stalin. Il allume un bon havane et consulte tous les dossiers. Il réfléchit. Il a envie de s'amuser.  Il ne veut pas seulement liquider ces agents, cela c'est routine, il veut aussi terroriser.  Le cas de l'agent Brian, cet agent spécial de la CIA retient son attention. Un très bon agent , qui a cause beaucoup de dégâts. Un redoutable, toujours sur ses gardes, très efficace. Peu de défauts. Il appele la capitaine Lena.  -bonjour Capitaine, j'ai une mission pour vous. Je vous donne les détails et on monte l'opération des mon arrivée à  la base. A tout à l'heure. L'avion se pose et Lena accueille avec un beau sourire son général.  C'est une russe blonde aux yeux bleus acier, vraiment époustouflante de beauté.  Avec humour elle écarte légèrement les cuisses et claque des talons pour saluer. Elle adore prendre cher avec Valeri.  C'est électrique, direct, sans la moindre barrière, comme toujours avec ceux qui risquent très souvent leur vie au combat. Plus rien à foutre . Chaque instant est précieux. Lena n'a même pas mis de petite culotte et c'est une sage décision car avant toute chose, elle se fait violer et sodomiser dans le véhicule qui conduit aux bureaux. Valeri ne perd jamais de temps. Lena écarte les cuisses et se masse la chatte, les pieds poses sur le tableau de bord.  -putain que c'est bon de se faire violer. Cela donne les idées claires. Valeri lui caresse ses cuisses musclées. Lena sent bon la femme russe.   -Tu feras gaffe cette fois. J'ai pas envie de te perdre.  Lena ne dit rien. C'est pas coutumier que Valeri tienne de tels propos. Cela va être hard... -Bon je te confie le sergent No, pour t'aider dans cette mission.  -l'ours Blanc de Zemble? Le colosse qui peut faire éclater un crane d'un simple coup de poing?  La capitaine Lena se met de suite au boulot et décide de rendre visite à la tanière du sergent No. Une cabane dans une dense forêt de sapin et de bouleaux. Il faut marcher pour y arriver. Pas de route et un vague sentier. Elle devine qu'elle est observée.  Alors en bonne salope, elle retrousse sa jupe et pisse au pied d'un arbre. Elle prend bien soin de montrer sa chatte et son cul somptueux. Histoire non pas de montrer patte blanche, mais chatte ouverte.  Elle trouve enfin la cabane. Le sergent No l'attend,  l'œil brillant. Il en a toujours pincé pour cette superbe salope de Lena.  Son pantalon fait une grosse bosse.  Lena se plante devant lui et écarte les jambes. - Bon tu me baises bien d'abord. On se boit une vodka et après on étudie cette mission .  Une femme qui sait commander les hommes. Elle ouvre le pantalon du monstre de zemble et dégage non pas un sexe mais un tronc d'arbre. Cette salope de Lena en a vu des queues mais comme celle la....Elle a tout à coup un doute, elle craint la perforation. Trop tard .  Le monstre de zemble l'a déjà placée au dessus de son gland en forme de champignon atomique. Il soulève Lena comme de rien et veut se l'enfiler droit, direct. Elle a beau avoir été élargie par bien des bites, mouiller facilement, impossible de faire rentrer un membre pareil. Les deux sont frustrés. Lena lui propose de le sucer.  Des les premiers coups de langue elle recoit des litres de foutre amer sur son beau visage. Du foutre qui pue le fauve en décomposition. Mais en bonne salope Lena s'en délecte. Elle prend bien soin de vider le monstre de zemble. Elle adore de toute façon le sperme. Peu importe le trou pour se l'injecter à fortes doses. Elle se sent en pleine forme. -Putain ton sperme pue la mort aux rats mais il est excellent, c'est même le meilleur. Il fait un bien fou dans le gosier.  Ce sera déjà ça pour cette mission. Deux jours plus tard, Lena et le monstre de Zemble franchissent les lignes ukrainiennes comme de rien. Deux ombres qui glissent dans la nuit et filent vers Kramatorsk. La ville est fortifiée et sert de centre de commandement, et de réserve pour les troupes , les munitions, le matériel.  C'est un vrai nid de scorpions pour les deux agents russes. Heureusement cette ville est composée à très grande majorité de population russophone et les soutiens parmi les civils ne manquent pas, même s'ils n'osent pas se montrer par peur des représailles. Lena et No vont être hébergé par mam Denisova, une vieille femme qui comme beaucoup ici, a perdu son mari trop tôt à cause de la vodka, le fléau du grand Nord et du grand Est. Mam Denisova adopte de suite le monstre de zemble et se prend même d'affection pour ce colosse dont nul ne sait vraiment la force.  C'est à se demander s'il ne pourrait pas tordre un canon de panzer avec ses seules mains velues. Mam Desnisova le cajole, lui prépare du thé et des petits gâteaux. Une bonne mission pour le sergent No. -Je comprend que tu sois célibataire mon petit. Tu dois avoir un sexe monstrueux. Aucune femme ne peut le recevoir entre les jambes.  -Et son sperme pue pire qu un troupeau de boucs des Carpates qui n'ont pas saute des chèvres pendant des mois. Une odeur horrible. C'est con, mais j'adore. Son sperme fait un bien fou. On devrait le vendre en petite fioles pour les japonaises ou les chinoises comme aphrodisiaque. Tu as de l'or dans les burnes, rajoute lena en souriant.  -Profitez, riez, faites l'amour....vous ne savez pas si tout à l'heure vous serez encore en vie. Encore un peu de thé  mes enfants ?  - Vous avez raison mam, avec nos cons d'artilleurs qui sont souvent saouls comme des barriques dès 6 h du matin, ce que nous risquons le plus ici , c'est un obus russe. Allez à la santé de nos crétins d'artilleurs! Rajoute Lena qui reluque la bosse du pantalon du sergent No. Elle se demande s'il ne faudrait pas rajouter un peu de sperme mort au rats dans son thé.... Quelques jours ont passé.  No reste planqué. Avec sa masse de colosse il est aussi visible qu'un éléphant dans un couloir. Et donc pour lui, c'est thé et petit gâteaux, en compagnie de mam Denisova. Par contre la couverture de Lena s'est mise en place. Elle a trouvé un job de pute de luxe dans le meilleur bar hôtel bordel de kramatorsk. Un lupanar douillet pour les officiers et officiels.  Elle se fait passer pour une jeune veuve qui vient de perdre son mari sur le front et qui veut se faire de la tune pour élever ses deux gamins. Il faut dire que les mafias russes et ukrainiennes ne sont pas du tout en guerre. Elles s'entendent même fort bien. Les guerres ont toujours été des périodes bénies pour les mafias. Et là, russes et ukrainiens savent se gaver main dans la main. Entre les subventions colossales des occidentaux, les budgets militaires russes qui explosent, les matériels sophistiqués qui disparaissent, les trafics de tout, y compris d'humains,  la criminalité de l'ombre est florissante. Et les marches sont si juteux qu'une guerre entre mafia russe et ukrainienne ne servirait à rien, autant s'entendre et se partager les gâteaux. Lena n'a eu aucun mal à se faire recruter comme pute pour un bordel à l'arrière. Ce n'est qu une partie des activités de ces mafias et les russes font de même de leur côté pour siphonner les soldes des soldats en manque. Pute, un métier qui plairait bien à Lena. Parfois elle regrette presque sa passion pour les armes, les combats, les coups tordus des services. Alors elle est aux anges. Pute et militaire choc. Rien que d'y penser elle jouit presque. Il suffit qu'elle se touche un peu et c'est des orgasmes en série garantis. Et une femme qui pue le sexe et l'amour comme Lena, cela excite au plus au point les militaires en manque de câlins.  Les mâles sont attirés par cette bombe sexuelle qui pue les hormones de femme en chaleur, degoulinante de cyprine bien odorante. Ils sont comme les chats qui font des kilomètres pour baiser. Lena avec son cul de rêve à vite mis le feu à  kramatorsk.  Mais c'est là, qu'elle va montrer qu'elle est une parfaite salope. Au lieu d'enchaîner les passes,  ce dont elle meurt d'envie, elle préfére se retenir complètement pour devenir une pute domina de luxe. C'est la seule façon d'attirer la mouche Brian dans sa toile d'araignée pour le flinguer. Son seul point faible sur sa fiche. Il aime les femmes dominatrices. Il n'est pas soumis, ne pratique pas le bdsm, mais il aime les domina racées.  C'est ainsi. Et l'araignée Lena tend patiemment sa toile.  Elle n'a eu aucun mal à convaincre son gang de souteneurs que son talent c'était de faire la pute dominatrice. Cela gagne bien plus. Bon,  pour se laisser convaincre,  les malfrats ont d'abord voulu se faire lena pour voir si elle connaissait bien le job de pute. Visiblement elle a gagné facilement ce premier round. Le patron du bordel de luxe a vite compris  qu'il pouvait se garder la chatte si jouissive de Lena pour lui seul. Interdiction pour les clients de baiser Lena. On ne couche pas avec une dominatrice. C'est elle qui encule les clients et les fait raquer cher pour cela.  A présent il nous faut parler du gode bien spécial qu'utilise la capitaine Lena pour provoquer des orgasmes prostatiques à répétitions chez ses clients qui en deviennent vite hyper addicts.  Il s'agit d'une sorte de gros feeldo ou gode sans ceinture.  La partie qui rentre dans la chatte de Lena à été moulée directement dans son vagin pour bien tenir et lui procurer beaucoup de plaisir en pressant délicatement son point g. Pour lena s'est jouissif rien que de porter son gode.  La partie saillante reproduit un beau sexe mâle avec des parties bien arrondies pour faciliter la penetration anale. A sa base, là ou ce gode va toucher la prostate,  se trouve un dispositif spécial de massage de cette dernière. Un coup de maître des services bricolages divers qui existent dans toutes les agences de renseignement. Le gode sans ceinture qu'utilise la sublime Lena est sans équivalent sur le marché des sextoys.  Le massage prostatique et les orgasmes qui vont avec sont garantis. Et cette parfaite salope de Lena n'a pas eu besoin de lire la notice pour apprendre à faire jouir comme des petasses en chaleur les culs des males.  Et comme elle prend son pied elle aussi de l'intérieur,  c'est vite devenue une maniaque de ce god sans harnais.  Sa réputation d'enculeuse experte a vite dépassé les bordels de kramatorsk.  Le câble de Langley est arrivé en urgence dans le bureau de Brian. "Attention. Cette pute du dossier prioritaire est la capitaine Lena Boriztsov de la milice privé Stalin qui appartient au général Valeri. Celui qui a neutralisé la générale Jennifer et détruit deux systèmes himars au passage. Nous vous conseillons de l'arrêter et de la faire parler. " Brian prend le temps de réfléchir. Il se sert d'abord un bon whisky et allume une clope. Arrêter cette salope....oui, c'est la facilité.  Rien ne presse. Pourquoi pas essayer de choper le général Valeri. Sa bite est mise à prix et la cagnotte dépasse les 20 millions de $. Jennifer était une lesbienne notoire et ses amies ont jure d'émasculer Valeri à vif et de bouffer ses couilles devant lui avant de l'empaler. Ah la vengeance ! Cette cagnotte c'est tentant. Il décide de se rendre au bordel pour voir d'abord la tronche de Lena. Erreur fatale, il ignore que de chasseur il devient chassé.  Il est venu sans ses gardes du corps. Il s'assoit, commande un bourbon glacé et allume une autre clope. Les filles de la salle commencent à  lui tourner autour. Toutes sauf une, Lena. Brian chasse la nuée des voltigeuses en mal de sexe et de dollars. Il fait semblant de rien. Pauvre Brian, il ignore qu'il n'est plus qu'une mouche qui s'approche d'un filet mortel. Chaque regard qu'il lance vers Lena fait monter son désir dans ses reins. Quelle superbe femme, cette capitaine, plusieurs fois décorée pour haute bravoure! Ce n'est pas une pute comme les autres, Lena respire la classe. Merde tout ce qu'il aime chez une femme. La beauté, l'intelligence, l'autorité, la classe. Et son désir qui gonfle de plus en plus. Il n'en peut plus. Il s'approche du comptoir ou Lena boit un thé, jambes sagement croisées.  Tenue de domina impeccable.  Pauvre mouche qui se rapproche de trop près.... -Bonjour, moi c'est Brian, je peux louer une heure vos services simplement  pour parler avec vous?  -300 $ cash et 50 pour le taulier du comptoir.  -Cela fait cher la causette. - Si t'as pas les moyens tu dégages, minable, ou je te fais dégager. - Si si , j'ai les moyens, voilà 500. Brian pense mettre cela sur la note de frais pour Langley. La mouche ignore qu'elle n'aura pas le temps. - Ok allonge la tune. De quoi veux tu parler le yankee.   - Du général Valeri. Je suis journaliste au Washington Post. Je voudrais une interview exclusive.   - T'es débile ou quoi le yankee? T'es pas plus journaliste que moi je suis pute . Montons dans ma chambre pour causer au calme. Donne 100$ au taulier au passage. Brian hésite. Mais sa bite est dure en présence de Lena. Il n'y peut rien. Toutes ses barrières de défense ont saute d'un coup. Pauvre mouche.  Brian la suit et admire ses longues jambes fuselées et comme moulées à la perfection. Au moins il emportera ce rêve dans la mort. C'est vraiment  con une mouche.  Dans la chambre, Lena se déshabille et se montre entièrement nue. Bryan suffoque. Il n'a jamais vu une femme aussi belle. Il sait bien que c'est une salope. Que Valeri la tronche, qu'elle adore le sexe. Pour lui c'est comme si elle était vierge. Même nue, Lena est une sainte à ses yeux. L'amour ne rend ni fou ni aveugle, non, c'est bien pire, c'est un licol couvert de sang.  Tout est allé très vite Bryan n'a pas vu la mort venir. Une frappe directe lui a écrasé la gorge. Il ne peut plus respirer. Il suffoque. Lena s'approche et l'embrasse à pleine bouche.  -adieu mon amour.   Voilà Bryan est mort. Une mouche de plus dans la toile de l'araignée impitoyable de la milice Stalin.  Il est temps de démonter et de rentrer.  Sur le chemin du retour, Lena repense au goût du dernier baiser de Bryan. - Tu sais No, c'est vraiment con un homme amoureux.  Allez baisse ton froc et donne moi ta bite qui pue l'ours qui sort d'hibernation. Donne moi ton sperme. Je veux me nettoyer la bouche et rincer mon gosier de mante religieuse qui tue ses amoureux.  -Oui , Maitresse Capitaine, voilà!   
1.4000 vues 6 aime
Par : le 06/12/23
"Ainsi, dans l'année, ma saison favorite, ce sont les derniers jours alanguis de l'été, qui précèdent immédiatement l'automne et, dans la journée, l'heure où je me promène est quand le soleil se repose avant de s'évanouir, avec des rayons de cuivre jaune sur les murs gris et de cuivre rouge sur les carreaux". Rien de plus sciemment étanches que la poésie de Mallarmé et sa vie. Et c'est passionnant de découvrir, sur la durée, comment il a très tôt établi son programme, s'est organisé pour le remplir. Aucune forfanterie, mais la certitude absolue d'être dépositaire de quelque chose d'entièrement neuf, qui allait, il le prévoyait, lui demander du temps et un travail acharné. Si son œuvre intimide, nul mieux que lui en parle. "Définissez la Poésie", lui demande une revue en 1884. Par retour du courrier: "La Poésie est l'expression, par le langage humain ramené à son rythme essentiel, du sens mystérieux des aspects de l'existence. Elle doue d'authenticité notre séjour et constitue la seule tâche spirituelle". La détermination de Mallarmé s'exerce dès l'adolescence. Vient le moment alors où il affronte ses grands-parents. Non, il ne fera pas carrière dans l'Enregistrement. "Je le crois moins en rapport avec mes aptitudes que l'Université". Il veut devenir professeur. Pas professeur de lettres, mais de langues. Il veut quitter Sens, où il dépérit chez son père et sa belle-mère. Il est encore mineur quand il s'installe à Londres afin de se préparer à enseigner l'anglais et "mieux lire Poe". Petit-fils attentionné mais ferme, respectueux des convenances mais ne cédant pas sur les exigencesde sa vocation, Mallarmé s'éloigne très vite de sa famille. Il a des cousins, Paul et Victor Margueritte, qui seront ainsi des littérateurs célèbres, des demi-sœurs et "un tas d'égoïsmes ventrus qui sont mes oncles." Personne n'a d'influence sur lui,semble-t-il. Il a connu l'enfermement des pensionnats, et des chagrins qu'il n'évoque pas trois fois. Il est armé, alarmé. Il n'est pas gai. Il est de la génération de Catulle Mendès, de François Coppée, de Villiers de l'Isle-Adam, les interlocuteurs de sa jeunesse. En 1884, Huysmans l'immortalise dans son roman "À rebours". Ses proches aînés sont Théodore de Banville, Léon Cladel, Frédéric Mistral, le peintre Edouard Manet. La Correspondance voit mourir Baudelaire, "un de mes maîtres les plus vénérés", Maupassant et Victor Hugo dont les "Châtiments" circulent sous le manteau, Hugo dont Mallarmé raille des formules comme "le Beau serviteur du vrai" et autres "utilité de l'art", mais trouve miraculeux le recueil "l'Art d'être grand-père" (1877). Est-ce prudence ou pure bonté d'âme ? Il n'est pas malveillant. Aucun ragot. Et c'est merveille de voir comment il accueille les jeunes auteurs. Maurice Barrès, Henri de Régnier, Pierre Louÿs, Paul Valéry, Paul Claudel, André Gide, Henri Barbusse. Ils ont vingt ans quand il en a quarante puis cinquante. A Francis Jammes, vingt-quatre ans, qui vient de lui envoyer son premier recueil: "Comment, vous vous êtes donc fait, si loin, et seul, uninstrument de cette délicatesse. Je les ai connues, ces heures enfouies dans une province et je vous serre la main".   "Un poème est un mystère dont le lecteur doit chercher la clef. La chair est triste, hélas et j’ai lu tous les livres. Fuir ! Là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres d’être parmi l’écume inconnue et les cieux. Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe. Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe sur le vide papier que la blancheur défend et ni la jeune femme allaitant son enfant". "C'est t'apprendre que je suis maintenant impersonnel, et non plus Stéphane que tu as connu, mais une aptitude qu'à l'univers spirituel à se voir, à se développer, à travers ce qui fut moi", écrit Mallarmé, jeune poète de vingt-cinq ans, à son ami Henri Cazalis. Le "Je" qui parle ici n'est plus un moi, c'est-à-dire un individu singulier, le Stéphane que l'ami a autrefois connu. Ce dernier s'est nié comme fin en soi, pour se faire le porte-parole, en tant que "Je" purement poétique, de l'univers, après la perte de la croyance en Dieu, un Dieu transcendant dont on imagine qu'on avait dit à l'enfant: "Le bon Dieu est attentif à toi, Stéphane, à tes joies et à tes peines particulières, il te protège ainsi que les êtres qui te sont chers". Le jeune Mallarmé a perdu la foi en ce Dieu qui lui a ravi successivement sa mère, sa sœur, sa petite amie, de façon qu'il estime cruelle et injuste. Adolescent, il abandonne les pratiques de la foi, rencontre le néant de l'athéisme. L'abandon des pratiques religieuses se conclura par la négation athée de Tournon où il est jeune professeur d'anglais, âgé de vingt-trois ans, après la lutte triomphante contre ce "méchant plumage terrassé, heureusement, Dieu". Stéphane Mallarmé est né le dix-huit mars1842 à Paris. Après la mort de sa mère, en août 1847, et le remariage du père, l'enfant, recueilli avec sa sœur Maria par les grands-parents maternels, est mis en 1850 dans une pension mondaine, puis en 1852 chez les frères des écoles chrétiennes à Passy. Élève médiocre, il est renvoyé de la pension en 1855 pour insoumission, et entre l'année suivante comme pensionnaire au lycée impérial de Sens, ville où son père est depuis 1853 conservateur des hypothèques. C'est au lycée de Sens que Mallarmé, marqué par un nouveau deuil avec la mort de Maria en 1857, fait son véritable apprentissage littéraire. Apprentissage tout académique, avec la "Cantate pour la première communion" (juin 1858) et "La Prière d'une mère" (juillet 1859) mais plus personnel aussi avec le recueil "Entre quatre murs" où se révèle alors l'influence d'Alphonse de Lamartine, Victor Hugo, Alfred de Musset, Théophile Gautier, Théodore de Banville, et ave l'anthologie de huit mille vers qu'il calligraphie alors en 1860 sous le titre de "Glanes", des poètes du XVIème siècle aux poètes contemporains, en particulier Charles Baudelaire et Edgar Poe pour lesquels, il éprouve de l'admiration.    "Je partirai ! Steamer balançant ta mâture, lève l’ancre pour une exotique nature. Un ennui, désolé par les cruels espoirs, croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs. Et, peut-être, les mâts, invitant les orages, sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages. Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots. Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots". Cette même année 1860, il est reçu bachelier, et, suivant la tradition familiale, fait son "premier pas dans l'abrutissement" en entrant comme surnuméraire chez un receveur de l'Enregistrement. C'est de 1862 que datent les premières publications: articles, notamment le fameux "Hérésies artistiques", "L'Art pour tous", et poèmes:"Placet", "Le début du Guignon", "Le Sonneur", que date aussi sa liaison avec une gouvernante allemande, Maria Gerhardt, de sept ans son aînée. En novembre, le poète, qui veut quitter l'Enregistrement pour l'enseignement de l'anglais, s'embarque pour Londres avec Maria, qu'il épousera par devoir après bien des péripéties, le dix août 1863. Au terme de ce séjour londonien, il est déclaré apte à l'enseignement de l'anglais et chargé de cours en septembre1863 au lycée de Tournon. À Tournon, Mallarmé passera trois années décisives pour son évolution intellectuelle et spirituelle. C'est sous le signe du taedium vitae que commence alors en tout cas cet exil ardéchois pour le poète,désormais majeur et chargé d'âmes, qui découvre, avec les misères de l'enseignement, l'ennui de la vie de province et le démon de l'impuissance poétique. Les poèmes de ces premiers mois de Tournon multiplient les variations sur le spleen et l'idéal baudelairiens, mais "La Genèse d'un poème d'Edgar Poe" lui révèle en même temps que la poésie n'est pas seulement l'aveu d'un idéalisme absolu, mais aussi un travail sur le vers en vue de l'effet à produire. C'est sous ce double patronage de Baudelaire et de Poe, et avec l'espoir, grâce à Banville, d'être joué au Théâtre-Français, qu'à l'automne de 1864 Mallarmé commence sa tragédie d'"Hérodiade", qu'il abandonne provisoirement en juin pour rimer "un intermède héroïque, dont le héros est un faune". Ce "Monologue du faune", soumis à Banville et à Coquelin en septembre, ne trouve pas grâce à leurs yeux, si bien qu'en octobre, lorsque le poète revient à son héroïne hivernale, "Hérodiade" n'est plus tragédie mais poème. À la scène, sans doute terminée à la fin de 1865, il envisage alors d'adjoindre une ouverture musicale (l'"Ouverture ancienne"), à laquelle il travaille pendant les premiers mois de 1866.    "Le printemps maladif a chassé tristement l’hiver, saison de l’art serein, l’hiver lucide, et, dans mon être à qui le sang morne préside l’impuissance s’étire en un long bâillement. Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne qu'un cercle de fer serre ainsi qu’un vieux tombeau et triste, j’erre après un rêve vague et beau, par les champs où la sève immense se pavane". C'est dans ce contexte qu'il fait à Pâques un séjour à Cannes chez Eugène Lefébure, au terme duquel il écrit à Henri Cazalis, évoquant son travail sur l'Ouverture: "En creusant le vers à ce point, j'ai rencontré deux abîmes, qui me désespèrent. L'un est le néant, auquel je suis arrivé sans connaître le bouddhisme, et je suis encore trop désolé pour pouvoir croire même à ma poésie et me remettre au travail, que cette pensée écrasante m'a fait abandonner. Oui, je le sais, nous ne sommes que de vaines formes de la matière, mais bien sublimes pour avoir inventé Dieu et notre âme. Si sublimes, mon ami, que je veux me donner ce spectacle de la matière, ayant conscience d'elle et, cependant, s'élançant dans le rêve qu'elle sait n'être pas, chantant l'âme et toutes les divines impressions pareilles qui se sont amassées en nous depuis les premiers âges et proclamant, devant le rien qui est la vérité, ces glorieux mensonges. Tel est le plan de mon volume lyrique et tel sera peut-être son titre, "La Gloire du mensonge",ou "Le Glorieux Mensonge". Je chanterai en désespéré". "Hérodiade", dans laquelle il dira s'être mis tout entier sans le savoir, est ainsi dans l'évolution de Stéphane Mallarmé l'œuvre charnière, et le lieu d'une crise essentielle par laquelle le poète découvre, outre le néant sous les mots, l'immanence de la divinité dans l'âme humaine et celle de la poésie, ou de la beauté, dans le langage. Cette révélation décisive, qui aura pour effet d'ajourner tout travail d'écriture alors même que la publication de dix de ses poèmes dans "Le Parnasse contemporain" le douze mai consacre une prime notoriété, inaugure pour Mallarmé deux années de spéculations sur le grand oeuvre, et de fréquentation de l'absolu. Ainsi écrit-il en mai 1867 à Cazalis: "Je viens de passer une année effrayante. Ma pensée s'est pensée, et est arrivée à une conception pure. Tout ce que, par contrecoup, mon être a souffert, pendant cette longue agonie, est inénarrable, mais, heureusement, je suis parfaitement mort, et la région la plus impure où mon esprit puisse s'aventurer est l'éternité. C'est t'apprendre que je suis maintenant impersonnel et non plus Stéphaneque tu as connu, mais une aptitude qu'a l'univers spirituel à se voir et à se développer, à travers ce qui fut moi."    "Fuir ! Là bas fuir ! Je sens que les oiseaux sont ivres d’être parmi l’écume inconnue et les cieux. Dire au peintre qu'il faut prendre la nature comme elle est, vaut de dire au virtuose qu'il peut s'asseoir sur le piano. Toute chose sacrée qui veut demeurer sacrée s'enveloppé de mystère". Un an plus tard, il écrit encore à François Coppée: "Pour moi, voici deux ans que j'ai commis le péché de voir le rêve dans sa nudité idéale. Et maintenant, arrivé à la vision horrible d'une œuvre pure, j'ai presque perdu la raison. Décidément, je redescends de l'absolu mais cette fréquentation de deux années me laissera une marque dont je veux faire un sacre." Le dix-huit juillet, il envoie ainsi à Cazalis le "Sonnet allégorique" de lui-même, première version du sonnet en -ix, inaugurant cette logique nouvelle de la poésie qui se veut une réflexion du langage. Les années 1869-1870 consacrent en tout cas la fin d'une crise de quatre ans: après la découverte, par la lecture de Descartes, de la notion de fiction, c'est un conte,"Igitur", qui, par une espèce d'homéopathie littéraire, doit exorciser le démon de l'impuissance et par là même liquider la crise de l'absolu, et c'est la science linguistique qui va permettre à Mallarmé de donner un fondement scientifique à son œuvre. Ni "Igitur", ni la thèse envisagée ne seront menés à terme, mais lorsqu'en septembre1871, au terme d'un congé de vingt mois, Mallarmé s'installe enfin à Paris, il redevient, selon ses propres termes,"un littérateur pur et simple", celui qui sait enfin que tout le mystère humain tient dans le seul génie des lettres. Parallèlement à un travail souterrain de réflexion sur le langage et la divinité, dans le prolongement de la thèse abandonnée, travail dont témoignent des ouvrages qui ne sont pas qu'alimentaires: "Les mots anglais" (1878),"Les Dieux antiques" (1880), les années soixante-dix voient fleurir les publications: la scène d'Hérodiade dans le deuxième Parnasse contemporain en 1871, "Toast funèbre" (1873), "L'Après-Midi d'un faune", destiné à l'origine au troisième Parnasse contemporain, mais refusé et publié en édition de luxe (1876), la préface à Vathek, l'article sur les impressionnistes et Manet et le "Tombeau d'Edgar Poe" la même année, sans parler de "La Dernière Mode", dont le poète, sous divers pseudonymes, rédige seul en tout huit numéros entre septembre et décembre 1874.   "L’amour est une infidélité envers soi-même. La poésie est l’expression, par le langage ­humain ramené à son rythme essentiel, du sens mystérieux des aspects de l’existence. Elle doue ainsi d’authenticité notre séjour et constitue la seule tâche spirituelle". Mais la fin de cette décennie est marquée par un drame personnel, la mort de son fils Anatole, né en 1871, après une maladie de six mois, drame dont témoignent les notes préparatoires à ce qui eût dû être le "Tombeau d'Anatole". Deux publications, au tiers des années 1880, vont soudain gagner à Mallarmé une audience plus large: "Les Poètes maudits" de Verlaine en novembre et décembre 1883, et surtout, en mai 1884, "À rebours" de Joris-Karl Huysmans, en l'honneur de qui sera publiée en 1885 l'énigmatique "Prose pour des Esseintes". En ce milieu des années 1880 où la mort de Victor Hugo libère symboliquement le champ de la poésie, Stéphane Mallarmé devient, bien malgré lui, avec Paul Verlaine, le modèle d'une nouvelle génération et le parrain du symbolisme naissant, lancé par Jean Moréas dans son manifeste du Figaro en septembre 1886. Mais les poèmes qu'il publie ou republie alors ne sont pour lui que la petite monnaie d'une ambition plus vaste.  C'est en 1885 encore, peu après avoir écrit sa "Rêverie d'un poète français" sur Richard Wagner, où il se pose en émule du théoricien de l'art total, qu'il révèle à Verlaine son rêve du grand œuvre, conçu comme l'"explicationorphique de la Terre, qui est le seul devoir du poète et le jeu littéraire par excellence". Ces spéculations sur le grand œuvre, tantôt livre tantôt théâtre, feront la matière de divers articles que Mallarmé en 1897 réunira avec ses poèmes en prose sous le titre de "Divagations". Mais cette neuve célébrité crée aussi une demande nouvelle, et de cette époque date le premier recueil des Poésies, l'édition photo-lithographiée de 1887, pour laquelle Mallarmé révise nombre de ses poèmes anciens. Les Mardis, jours où il reçoit, ont désormais valeur d'initiation pour de apprentis poètes qui ont pour noms Pierre Louys, Paul Valéry, André Gide, Paul Claudel, et le maître de la rue de Rome, à la retraite depuis 1894, devient un personnage quasi officiel qui préside banquets et comités, avant d'être élu prince des poètes en 1896. En même temps qu'il prépare une nouvelle édition d'ensemble de ses Poésies qui, à la suite de multiples retards, ne paraîtra qu'après sa mort en 1899 chez l'éditeur belge Edmond Deman, d'autres projets occupent ses dernières années: Un coup de dés jamais alors n'abolira le hasard, cette partition qui découvre à la poésie un espace nouveau, et dont un premier état paraît en mai 1897 dans la revue Cosmopolis, et Les "Noces d'Hérodiade", destinées à compléter enfin la scène seule publiée d'un "Prélude" et d'un "Finale".   "Éclat, lui, d’un météore, allumé sans motif autre que sa présence, issu seul et s’éteignant. Tout, certes, aurait existé, depuis, sans ce passant considérable, comme aucune circonstance littéraire vraiment n’y prépara. Le cas personnel demeure, avec force". L'Idéal fictif d'Igitur est bien l'équivalent d'un cogito ergo sum, d'un lien de conséquence que dit igitur, mot latin signifiant "donc, par conséquent". Non pas "je pense donc je suis", mais "je me suicide idéalement, je tue en moi le moi, donc je suis le soi du monde". Alors, en me faisant douloureusement le porte-parole devenu le soi impersonnel du Monde, je suis enfin. Le Je n'est plus ici le sujet "concret", synthèse d'un moi particulier et d'un soi universel, puisqu'écrire, c'est mourir comme Moi pour renaître comme Soi. Toutefois tant que dure l'acte, c'est encore le moi qui se met au service du soi universel et substantiel du monde, le sujet concret perdure donc. Mais le terme fictif, est la situation-limite, asymptotique et apathique, en quelque sorte indolore, du poète mort à la tâche. Tant qu'Igitur continue d'écrire, tant qu'il puise dans l'encrier la goutte noire, il continue de vivre et de souffrir dans son moi la douleur du monde. Mais cette douleur est l'envers de la joie que lui donne et nous donne l'harmonie de ses vers, reflet de l'harmonie du verbe, celle de la musique du monde. Beauté tragique, puisqu'il s'agit de la tragédie de la nature, drame solaire des jours et des nuits, alternance et retour des saisons, puisque la nuit entropique finira par triompher du jourselon le principe thermodynamique de Clausius connu de Mallarmé. Ce principe scientifique obsède l'imaginaire de l'époque et les textes littéraires, romanesques, théâtraux, poétiques, évoquant la fin de l'univers par refroidissement du feu solaire sont très nombreux. En réponse aux constellations qui ont allumé la Terre, puis la Vie et l'Esprit, le poète tente une douloureuse et sublime constellation verbale en direction du ciel. Ainsi écrit-il, à la fin, "rien n'aura eu lieu que le lieu, excepté, peut-être, une constellation. La musique est ici, au-delà de toute technique du poème, le symbole de quelque chose qui, s’il ne peut plus se confondre avec les représentations de l’ordre cosmique véhiculé par les grands mythes religieux, ne saurait être le chaos. Les rapports de hauteur et de rythme qui sont la grammaire de la musique sont le signe de l’existence de rapports, infinis, de quelque axiome secret en quoi l’univers consisterait.   "Nommer un objet c'est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite de deviner peu à peu. Eneffet, le suggérer, voilà le rêve. Il doit y avoir toujours énigme en poésie, et c'est le but de la littérature, il n'y en a pas d'autres d'évoquer les objets". Hélas, la mort prématurée de Stéphane Mallarmé le neuf septembre 1898 à Valvins en Seine-et-Marne, des suites d'un étouffement, interrompt ainsi, en laissant une œuvre inachevée et l'énigme majeure du "Livre", une aventure intellectuelle et littéraire sans équivalent dans la poésie française. Ce modeste fonctionnaire aura été en effet l'agent d'une véritable révolution poétique. Parti du rêve de faire de la poésie, par un idéalisme forcené, une langue au-delà de la langue, Mallarmé a découvert, par la poésie même, que la poésie est tout entière dans la langue, mais qu'elle réveille aussi, à côté de la logique purement économique de signification, la fonction symbolique du langage, c'est là le double état de la parole, telle qu'elle se révèle dans le processus mythologique démonté au même moment par la linguistique. En avouant, au sortir de ses années de crise, qu'il avait à "revivre la vie de l'humanité depuis son enfance et prenant conscience d'elle-même", Mallarmé entreprenait en somme de se réapproprier, par la linguistique et par la poésie, une histoire idéale du langage: de l'inconscient originel générateur de tous les mythes et représentations jusqu'à la conscience poétique. Ou de l'âge théologique fondé en Dieu jusqu'à l'âge moderne de la fiction dont la "pièce principale" est ce "Rien qui est la vérité". Car la poésie, en tant qu'elle est par excellence la conscience du langage, n'est rien d'autre pour Mallarmé que le terme et le couronnement de l'évolution vers cette "divinité de l'Intelligence" qu'il s'était proposé d'étudier dans sa thèse latine sur la divinité. Et s'il est vrai que mythes et religions ont leur bible, la poésie elle-même ne peut rêver d'autrefin que le Livre pour cette apocalypse, proche ou lointaine, de la fiction. Synthèse de tous les arts et de tous les genres, à la fois journal, théâtre et danse, le "Livre", constitué de feuillets séparés, devait être lu en public par son auteur, variant à l'infini les combinaisons des différents feuillets, suivant un rituel quasi religieux. Mais emporté par la maladie avant l’achèvement de cette œuvre, le poète va hélas laisser son œuvre absolue à l'état d'énigme.   Bibliographie et références:   - Joseph Attie, "Mallarmé, Le Livre" - Alain Badiou, "Stéphane Mallarmé" - Antoine Bonnet, "Mallarmé et la musique" - Pierre Beausire, "Essai sur la poésie de Mallarmé" - Éric Benoit, "Les poésies de Mallarmé" - Jean-François Chevrier, "L'art moderne selon Mallarmé" - Patrick Laupin, "La folie utile dans l'œuvre de Mallarmé" - Henri Mondor, "Vie de Mallarmé" - Jean-Luc Steinmetz, "Stéphane Mallarmé" - André Stanguennec, "Mallarmé et l'éthique de la poésie" - K. D. Sethna, "Mallarmé, un théâtre de l'esprit"   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
454 vues 7 aime
Par : le 03/12/23
"Personne ne peut savoir si le monde est fantastique ou réel, et non plus s’il existe une différence entre rêver et vivre. J'ai toujours imaginé le paradis comme une sorte de bibliothèque. Nous pouvons discuter le tango et nous le discutons, mais il renferme, comme tout ce qui est authentique, un secret. Ordonner une bibliothèque est une façon silencieuse d’exercer l’art de la critique". C’est l’une des œuvres les plus énigmatiques du XXème siècle. De poème en poème, de nouvelle en nouvelle, d’essais en textes divers et variés, Jorge Luis Borges (1899-1986) aura poursuivi toute sa vie un travail d’écriture par petites touches successives, à la manière des peintres pointillistes. Comme pour un tableau, c’est en prenant de la distance que l’on comprend sa production. À sa mort en 1986, Borges nous a laissé une œuvre foisonnante, féconde, déroutante. Son travail a été si marquant qu’il est aujourd’hui l’un des auteurs les plus cités par les écrivaines et écrivains eux-mêmes. Né en Argentine en 1899, la même année qu’Ernest Hemingway, Borges aura vécu un quart de siècle de plus que l’auteur du "Soleil se lève aussi". Toutefois, c’est pratiquement aveugle que le créateur de "Fictions" et du "Livre de sable", ses deux ouvrages majeurs, a traversé une bonne partie de sa vie d’adulte. En 1955, alors que la cécité, mal héréditaire dont son père avait également souffert, l’avait gagné peu à peu, Borges a été promu à la direction de la Bibliothèque nationale de Buenos Aires à l’occasion d’un de ces coups d’État militaires dont l’Argentine a le secret. Un directeur de bibliothèque aveugle ! C’était le genre d’ironie qui ne pouvait que le ravir. D’autant plus que la fascination qu’exerçaient sur lui les livres était déjà bien ancrée avant qu’il accède à ce poste, qu’il allait conserver pendant près de vingt ans. Après tout, il était alors l’auteur de "La Bibliothèque de Babel", métaphore de la bibliothèque-univers. On lui offrit aussi dans les mêmes années une chaire de littérature anglaise et américaine à l’Université de Buenos Aires. "La cécité progressive n’est pas une chose tragique. C’est comme unsoir d’été qui tombe lentement", dit-il dans "Le livre de sable". Borges fait avant tout un travail sur les mots, sur le langage, sur ce qui peut se cacher derrière le récit. Un questionnement sur le vrai et le faux, le fond et la forme. L’impossible s’oppose au possible, le visible à l’invisible. Ses thèmes concernent les labyrinthes, les miroirs, les puzzles, les encyclopédies et les bibliothèques, comme autant de représentations du monde. Il s’intéresse aux travaux de ses prédécesseurs tels que Dante, Cervantès et Shakespeare, mais cela ne l’empêche pas d’écrire sur des livres qui n’ont jamais été écrits. Il a ainsi signé un grand nombre de préfaces et de textes de toutes sortes autour de livres, d’auteurs inventés. C’est que dans son monde, il y a plusieurs versions de nous-mêmes, on est jamais tout à fait soi, jamais tout à fait un autre. Le réel et l'imagination sont aussi vrais et faux l’un que l’autre.   "Le livre n’est pas une entité isolée, il est une relation, il est l’axe d’innombrables relations. Les pas que fait un homme, de sa naissance à sa mort, dessinent dans le temps une figure vraiment inconcevable. L'intelligence divine voit cette figure immédiatement, comme nous voyons un triangle. Cette figure a peut-être sa fonction bien déterminée dans l'économie de l'univers". Lire Borges, c’est également nous interroger sur notre rapport à la lecture. Est-ce l’auteur ou le lecteur qui écrit le texte ? C’est comme si l’Argentin voulait laisser toute la place au lecteur pour qu’il s’approprie le texte et en fasse sa propre histoire. Comme si, au fond, c’était la littérature elle-même qui était contestée. Il n’y a pas d’interprétation officielle d’un texte de Borges. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises façons de le lire et de le faire sien. Pour lui, la littérature était "comme une série d’impressions sur le langage et, bien entendu, sur l’imagination". Ses livres les plus connus sont des recueils de nouvelles. Dans son autofiction "Inside Story", le romancier britannique Martin Amis avait une définition très personnelle de ce genre littéraire. "Une nouvelle, c’est un texte plus court qu’un roman. Et les romans sont plus longs que les nouvelles", notait-il, moqueur. Amis voulait ainsi illustrer que des textes brefs pouvaient avoir la même puissance que des romans, sinon davantage. Et c’est là tout le génie de Borges. Jorge Luis Borges a influencé toute une génération d’auteurs. Dans "Le nom de la rose", l’écrivain italien Umberto Eco s’inspire ainsi de "La Bibliothèque de Babel" pour concevoir la bibliothèque labyrinthique de sa fameuse abbaye. Pas si surprenant qu’un sémioticien comme Eco soit ainsi fasciné par le travail de Borges sur la relation entre le lieu physique, la bibliothèque, et sa puissance utopique de concentration de tout le savoir du monde en un seul endroit à la fois ouvert et impénétrable. Dans "Le nom de la rose", le directeur de la bibliothèque se nomme Jorge de Burgos.Tout comme Borges, Salman Rushdie aime présenter ses écrits comme des contes. Il y a une familiarité entre le réalisme magique de l’auteur indo-britannique et l’œuvre de Borges. On associe parfois certains textes de Borges à une forme de science-fiction, et l’on pourrait dire la même chose à propos du travail de Rushdie. Dans "Joseph Anton", son livre de mémoires, ce dernier se rappelle un séjour à Buenos Aires au cours duquel il rencontra la veuve de Borges et visita la maison où avait vécu l’écrivain. Il y avait une pièce entière remplie d’encyclopédies, dans laquelle il crut même apercevoir celle contenant l’article sur le pays d’Uqbar, contréeimaginée par Borges dans son très fameux conte "Tlön, Uqbar, Ortis Tertius", paru dans l'ouvrage "Fictions".   "Le poème est plus beau si nous devinons qu'il est l'expression d'un désir et non le récit d'un fait. Il me dit que son livre s'appelait le livre de sable, parce que ni ce livre ni le sable n'ont de commencement ni de fin". Jorge Luis Borges est né le vingt-quatre août 1899 à Buenos Aires (Argentine). Issu d'une famille aisée et cultivée, il est élevé par une gouvernante anglaise et apprend l'anglais avant même de savoir parler l'espagnol. En 1914,on l'envoie faire ses études supérieures à Genève, où il apprend l'allemand et le français. De 1919 à 1921, il réside en Espagne. De retour dans son pays, Jorge Luis Borges s'intègre à l'avant-garde littéraire argentine, le mouvement dit "ultraïste". Son grand maître à penser est l'écrivain Macedonio Fernandez. En 1955, il est nommé Directeur de la Bibliothèque Nationale de Buenos Aires, poste qu'il conservera jusqu'à ce qu'une cécité presque totale l'oblige à abandonner ses fonctions. Cette cécité n'empêche cependant pas l'écrivain de voyager et de donner des cours, tant dans son pays qu'en Europe et en Amérique. L'œuvre de Jorge Luis Borges, l'une des plus connues d'Amérique latine en Europe et dans le monde, est multiple et déroutante. Borges est d'abord un poète. Mais c'est aussi un conteur et un essayiste. Toutefois, aucun de ces noms ne lui convient vraiment, car il a une manière à lui d'être poète, conteur ou essayiste. D'un côté, c'est un cosmopolite incorrigible. De l'autre, un amoureux de sa ville, Buenos Aires, et de son pays. Les premières œuvres de Jorge Luis Borgesse signalent précisément par un lyrisme sentimental et nostalgique: "Ferveur de Buenos Aires" (1923), "Lune d'en face" (1925)," La Dimension de mon espérance" (1926), "La Langue des Argentins" (1928), "Cahier San Martin" (1929) et "Evaristo Carrriego" (1930). Cette veine sentimentale et nostalgique ne sera d'ailleurs jamais complètement absente du reste de son œuvre, et particulièrement de ses poèmes ultérieurs. Mais dès 1925,Borges inaugurait le genre du conte-essai qui allait le rendre célèbre, avec ses "Enquêtes". Citons la majeure partie de ces livres: "Discussion" (1932), "Histoire universelle de l'infamie" (1935), "Histoire de l'éternité" (1936),"Le Jardin des sentiers qui bifurquent" (1941), "Fictions" (1944), "L'Aleph" (1949), "L'Auteur et autres textes"(1960). Aucune de ces œuvres, composées d'histoires ou d'essais généralement très courts, ne peut être séparée des autres. L'ensemble constitue le "cosmos" propre de Borges, un cosmos déroutant, sophistiqué, métaphysique qui n'a pas son pareil dans la littérature mondiale, à l'exception peut-être de celui d'Edgar Poe.   "Après la quarantaine, tout changement est un symbole détestable du temps qui passe. Dans un poème ou dans un conte, le sens n'importe guère. Ce qui importe, c'est ce que créent dans l'esprit du lecteur telles ou telles paroles dites dans tel ordre ou selon telle cadence". L'un des contes les plus fameux de Borges s'appelle "La Bibliothèque de Babel" (dans "Fictions"). L'auteur imagine une bibliothèque infinie, contenant la totalité des livres possibles, y compris leurs innombrables variantes. Dans ce cauchemar spéculatif, une race d'hommes angoissés erre à travers les salles, cherchant le Livre des Livres, le livre qui répondrait à toutes les énigmes. Cette quête dure également depuis une éternité, dans leur désespoir, les hommes ont parfois brûlé des livres. Qui sait, demande Borges, si le fameux "Livre des Livres" existe encore ? Car, bien entendu, chaque livre est unique. Ce petit conte, l'un des plus parfaits de son oeuvre, est comme la métaphore de celle-ci. D'autres contes nous introduisent dans des labyrinthes, des espaces de miroirs, dans des mondes où les "moi" ne savent plus s'ils existent ou s'ils sont rêvés (comme dans "Les Ruines circulaires", dans "Fictions") par un "Dieu" inconnu. Dans "Enquêtes", un personnage d'ailleurs réel, Pierre Ménard, passe sa vie à réécrire Don Quichotte en espagnol, au début du XXème siècle. Borges s'amuse à comparer les deux Don Quichotte, qui sont pourtant formellement identiques. Irineo Funes, dans "Fictions", a une mémoire tellement développée qu'il met une journée à se rappeler la journée antérieure. L'œuvre de Borges s'enfonce dans un labyrinthe de sophismes vertigineux, dont on ne sait s'ils sont purement verbaux ou métaphysiquement profonds. Les références, souvent distraites, malgré leur érudition à des philosophes du solipsisme comme Georges Berkeley, David Hume, Arthur Schopenhauer, Emmanuel Kant ou Benedetto Croce ne doivent pas nous faire confondre ces"enquêtes" avec des "enquêtes" philosophiques: Jorge Luis Borges n'est ni essayiste ni philosophe, mais son jeu avec les notions et les êtres a quelque chose de grisant et de glacé. Un style élégant, froid et cérémonieux, paraissant alors d'une logique imperturbable, transmet au lecteur les plus folles spéculations, à une distance elle-même infinie de la vie "ordinaire". Mais à n'importe quel moment, dans le conte ou l'essai le plus étrange, l'autre Borges, celui de Buenos Aires, de ses rues, de ses maisons, de ses cours, de ses faubourgs qui se perdent dans l'immense pampa, réapparaît, perdu cette fois dans un autre vertige, celui de la nostalgie d'unpassé personnel ou national qui, peut-être, n'a jamais existé. L'écrivain n'a jamais renoncé à ses racines.   "Que voulez-vous que je dise de moi ? Je ne sais rien de moi! Je ne sais même pas la date de ma mort. Une doctrine philosophique est au début une description vraisemblable de l'univers. Les années tournent et c'est un pur chapitre, sinon un grand paragraphe ou un nom, de l'histoire de la philosophie". L'œuvre peut donc emplir d'angoisse ou ravir l'intellect, angoisser et ravir à la fois, selon le lecteur. Il est évident qu'elle n'est pas "facile",pas "populaire". Parée des prestiges d'une érudition peut-être en partie feinte, Borges n'ayant pas lu tout "Babel",elle semble éloignée du réel, du charnel, et également des sentiments. Elle est en blanc et noir, polarité sur laquelle l'auteur, devenu aveugle comme le bibliothécaire de l'un de ses récits, a aussi écrit de belles pages. On a parlé à propos de Borges d'"esthétique de l'intelligence", d'hédonisme, mais cet esprit labyrinthique résiste à toutes les définitions, à toutes les classifications: semblable à quelque mollusque marin, il a créé un coquillage d'une complexité merveilleuse dont le plan, le projet initial resteront à jamais incompréhensibles. La poésie de Jorge Luis Borges, "Poèmes 1923-1958", rassemblés dans les "Œuvres complètes", publiées en 1964, et "L'Ordes tigres" (1974), ne peut pas être séparé du reste de son œuvre. Les mêmes thèmes s'y retrouvent: le chaos du monde, les doubles, la transmigration des âmes, l'annulation du moi, la coïncidence de la biographie d'unhomme avec celle de tous les autres hommes, le panthéisme, l'éternel retour, la mémoire. Et la même oscillation entre un univers intellectualisé et pour ainsi dire bardé de citations, et un univers nostalgique ou Borges évoque soudain le Rio de la Plata, un faubourg animé de Buenos Aires, l'immensité déroutante de la pampa. Ici, naturellement, ces thèmes prennent la forme d'images qui sont obsessivement répétées de poème en poème, de recueil en recueil. L'auteur a longtemps écrit des sonnets extrêmement travaillés du point de vue formel. La cécité l'a obligé, en dictant ses poèmes et ses contes, à revenir à des formes plus simples, plus populaires et plus "orales". C'est ainsi que ses contes, qui étaient alors auparavant des merveilles de sophistication, se rapprochèrent de plus en plus des contes de la tradition littéraire argentine, comme ceux d'Horacio Quiroga.    "La certitude que tout est écrit nous annule ou fait de nous des fantômes. Un écrivain croit parler de beaucoupde choses, mais ce qu'il laisse s'il a de la chance, c'est une image de lui". Jorge Luis Borges a eu une énorme influence sur la littérature de son pays, et notamment sur un écrivain plus jeune comme Julio Cortazar. So nunicité, naturellement, l'empêche d'avoir une postérité. Au milieu des romanciers argentins engagés dans la réalité sociale et politique convulsée de leur temps, il paraît comme figé dans l'éternité de ses obsessions et de ses fantasmes. Il est vrai que ses opinions notoirement conservatrices ne transparaissent aucunement dans ses livres. On a parfois accusé Borges d'être cosmopolite, d'être étranger à la réalité latino-américaine.Mais, bien qu'il soit fort peu intéressé, par exemple, par les mythologies préhispaniques, alors qu'il donne des cours à Buenos Aires sur les mythologies celtes et nordiques, il est encore latino-américain, paradoxalement, par son sens du cosmos, du fantastique, de l'immensité spatiale et temporelle, et il ne serait sans doute pas difficile de retrouver dans l'œuvre d'un Garcia Marquez, par ailleurs si différente, des obsessions analogues. Son cosmopolitisme lui-même n'est pas n'importe quel cosmopolitisme. C'est celui de Buenos Aires, la grande ville des immigrés, ouverte alors à la fois sur l'Europe et sur l'Amérique, et séparée de cette Europe et de cette Amérique par les deux immensités de la mer et de la pampa. Durant les dernières décennies de sa vie, Jorge Luis Borges avait multiplié les livres d'entretiens: avec Georges Charbonnier (1967), Jean de Milleret (1967), Richard Burgin (1972), Maria Esther Vasquez (1977), Willis Barnstone (1982), Osvaldo Ferrari (1984). Ses deux derniers recueils: "Le Chiffre" (1981) et "Les Conjurés" (1985) sont dédiés à Maria Kodama, qu'il épousa en avril 1986. Il est décédé à Genève deux mois plus tard, le quatorze juin 1986, à l'âge de quatre-vingt-six ans. L’abondante littérature à la gloire de l’écrivain argentin s’est employée à gommer les méandres de sa trajectoire,comme si elle avait eu pour unique dessein de se livrer au culte du pur écrivain, spécimen contemporain le plus achevé de l’homme de lettres, devant tout à son seul génie littéraire et dont la genèse se résumerait à un halo d’allusions, d’anecdotes et de bizarreries. Borges a lui-même fortement contribué à ce minutieux effort de "spiritualisation" croissante de ses œuvres, traitées et reconnues comme autant de prouesses enchantées.   "Toute destinée, si longue, si compliquée soit-elle, compte en réalité un seul moment: celui où l'homme sait une fois pour toute qui il est. D’autres se targuent des pages qu’ils ont écrites, moi je suis fier de celles que j’ai lues". Borges a été élevé dans un environnement familial tourné vers les lettres. Outre son père Jorge Guillermo et Macedonio Fernández, qu’il appela plus tard son maître, participaient aux rencontres habituelles du dimanche soir, chez ses parents, à Palermo, dans les faubourgs de Buenos Aires, plusieurs personnalités qui devaient marquer sa formation et orienter certains infléchissements de son parcours, le désignant rapidement comme un leader intellectuel, à mi-chemin entre l’expression de la plainte et la contestation. Bien qu’il ait alors connu d’incessants changements de trajectoire, d’objectifs, de sentiments, ses lettres de jeunesse permettent ainsi d’apprécier l’intensité avec laquelle il fait de la vocation d’écrivain une planche de salut. Il se livre corps et âme à l’office littéraire, entre contrariétés et euphories, soutenu par la fougue ésotérique dont alors il revêt l’activité créatrice. L’errance familiale, l’incessante quête d’une guérison, les cassures entraînées par les opérations successives purent introduire une part de flottement et d’irréalité dans l’éducation des enfants. L’inébranlable confiance du jeune Borges en son potentiel d’intellectuel prit corps au milieu des turbulences familiales. Leurs déplacements organisaient le temps de chacun autour des progrès de la cécité, une maladie congénitale qui avait frappé six générations de la branche paternelle de la famille. Le fils devait donc avoir conscience qu’elle ne pouvait alors manquer tôt ou tard de le rattraper. De fait, à l’approche de ses cinquante ans et après huit interventions chirurgicales, Borges allait perdre la vue. En Suisse, Georgie apprit le français au lycée, langue qu’il maîtrisait parfaitement à l’écrit et à l’oral. Il s’investit également dans un apprentissage autodidacte de l’allemand, dont il se sortit si bien qu’il se risqua alors à traduire lui-même, des poèmes expressionnistes.    "On observera que la conclusion précéda sans doute les preuves. Qui se résigne à chercher des preuves d'une chose à laquelle il ne croit pas ou dont la prédication ne l'intéresse pas". Au contraire de ce que soutient une certaine prose promouvant l’avant-garde littéraire argentine, le jeune Borges ne fut jamais confiné aux revues d’avant-garde. Dès les premiers temps de son retour à Buenos Aires, il avait été invité à collaborerdans divers espaces contrôlés par l’establishment littéraire de la ville. La réussite culmina avec la proposition qui lui fut faite de tenir une chronique mensuelle dans le quotidien "La Prensa". Cette intense circulation au sein du champ intellectuel et journalistique argentin contribua de façon décisive à rehausser l’impact de sesécrits. La lecture attentive des premiers livres de Jorge Luis Borges, dans les deux genres dans lesquels il exerça ses penchants nationalistes, la poésie et l’essai, permet de cerner le réseau de significations dont il nourrit ses écrits et son militantisme intellectuel à la tête du mouvement de rénovation littéraire au cours des années 1920. Le jeune Borges ne craignit pas le combat idéologique, y compris celui que l’on engage dans l’arène conceptuelle des classifications. Il redonna vigueur et caractère à la notion archaïque de "criollidad", en lieu et place de celle d’"argentinité", et chercha à situer, désigner et valider les traductions matérielles et symboliques de cette manière d’être parmi la culture populaire, dans la tradition littéraire et chez les auteursqui lui paraissaient le mieux à même d’en incarner et d’en défendre la force. Plutôt que l’approche passéiste, Borges s’efforça de trouver d’autres fondements au renouveau des mythes "criollos", en les adaptant alors aux circonstances changeantes des luttes idéologiques du temps. Loin de l’aube industrieuse, l’après-midi constitue le moment idéal pour les promenades du poète. Elle met en valeur les couleurs nostalgiques qui nimbent la mémoire de classe. Les lieux célébrés dans les élégies à Buenos Aires forment une ceinture autour de Palermo, le quartier mythique de la maison de ses parents, l’espace de sa socialisation affective, le modèle dans lequel peuvent se retrouver les composantes magiques de ce cadre de la genèse de sa sensibilité.    "Je me rappelle un rêve, il y a quelques nuits de cela. J’avais trouvé un livre anglais du XVIIème siècle et je me disais que c’était épatant d’avoir dégotté cette édition, mais après j’ai pensé que, si j’étais en train de rêver, je n’allais pas le retrouver le lendemain. Alors, me suis-je dit, je vais le mettre en lieu sûr, et je l’ai mis dans letiroir de la bibliothèque. Comme cela je pourrais le retrouver à mon réveil". Borges privilégie l’aspect fantastique du texte poétique, rejetant une écriture rationnelle, qu’il juge insuffisante et limitée. Une des influences majeures du réalisme magique latino-américain, Borges est aussi un écrivain universel dans lequel chacun peut alors se reconnaître. Claude Mauriac dit à son propos: "Jorge Luis Borges est l’un des dix, peut-être des cinq, auteurs modernes qu’il est essentiel d’avoir lus. Après l’avoir approché, nous ne sommes plus les mêmes. Notre vision des êtres et des choses a changé. Nous sommes plus intelligents". Outre les fictions, son œuvre comprend poèmes, essais, critiques de films et de livres. On y trouve une sorte de réhabilitation du roman policier, plus digne héritier de la littérature classique à ses yeux, que le nouveau roman. Ce genre littéraire demeure seul, selon lui, à préserver le plan de la construction littéraire classique, avec une introduction, une intrigue et une conclusion. On trouve ainsi également parmi ses écrits de courtes biographies et de plus longues réflexions philosophiques sur des sujets tels que la nature du dialogue, du langage, de la pensée, ainsi que de leurs relations. Il explore aussi empiriquement ou rationnellement nombre des thèmes que l’on trouve dans ses fictions, par exemple l’identité du peuple argentin. Dans des articles tels que "L’histoire du Tango" et "Les traducteurs des Mille et Une Nuits", il écrit ainsi avec lucidité sur des éléments qui eurent sûrement une place importante dans sa vie. Il existe de même un livre qui réunit sept conférences dans diverses universités, qu’on peut considérer comme sept essais, ordonnés, d’une simplicité dérivant de leur caractère oratoire. Dans ce petit recueil de savoir, "Les Sept Nuits" ("Siete Noches"), on trouve un texte sur les cauchemars, sur les "Mille et une nuits", sur la "Divine Comédie" de Dante, sur le bouddhisme et d’autres thèmes que Borges exploite et nous fait partager avec l’autorité didactique et la simplicité pédagogique d’un véritable professeur, érudit de la littérature. Dans le roman d’Umberto Eco "Le Nom de la rose", adapté au cinéma par Jean-Jacques Annaud en 1986, le bibliothécaire aveugle Jorge de Burgos est une évocation peu voilée de Jorge Luis Borges, la bibliothèque labyrinthique faisant référence à sa nouvelle "La Bibliothèque de Babel".    Bibliographie et références:   - Beatriz Sarlo, "La poésie de Jorge Luis Borges" - Dominique de Roux, "Cahier Jorge Luis Borges" - Emir Rodríguez Monegal, "Borgès par lui-même" - Macedonio Fernández, "Jorge Luis Borges" - Christian Nicaise, "La Bibliothèque de Jorge Luis Borges" - Juan Andreu, "Le monde de Jorge Luis Borges" - Lisa de Behar, "Borges ou les gestes d’un voyant aveugle" - Alberto Manguel, "Chez Jorge Luis Borges" - Julia Romero, "Jorge Luis Borges, lecture d’une œuvre" - Jean-Clet Martin, Borges, "Une biographie de l’éternité" - Christian Garcin, "Jorge Luis Borges, de loin" - Sergio Miceli, "Histoire d'un écrivain-né" - Fernando Stefanich, "Jorge Luis Borges"   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.  
435 vues 7 aime
Par : le 01/12/23
Bien que nous fassions le maximum au quotidien pour vous éviter ces ecueils, la recherche de partenaires dans le BDSM peut s'avérer risquée en raison de la présence de nombreux faux profils. Ces profils, variés dans leurs types et intentions, peuvent aller de l'ennuyeux à dangereux, engendrant des déceptions et des risques plus graves. Les différents profils à problème Escroqueries sentimentales Les escroqueries sentimentales, fréquemment menées par des individus connus sous le nom de « brouteurs », sont sans doute le premier problème dans le monde des rencontres en ligne, y compris dans le domaine spécifique du BDSM. Ces escrocs, se faisant souvent passer pour des femmes, exploitent la vulnérabilité émotionnelle de leurs victimes. Leur modus operandi est assez typique : ils commencent par créer un faux profil attrayant, souvent doté de photos séduisantes et de descriptions captivantes pour attirer l'attention. Une fois le contact établi, ils tissent des liens émotionnels avec leur cible. Ces brouteurs sont des maîtres dans l'art de la manipulation émotionnelle, utilisant des techniques de séduction et de faux récits pour gagner la confiance et séduire leur victime. Ils créent une illusion de proximité et de compréhension, souvent en partageant des "expériences personnelles" qui, bien que complètement inventées, sont conçues pour crédibiliser l'arnaque. Après avoir établi une connexion émotionnelle solide, ces escrocs entament la phase d'exploitation. Ils commencent généralement par de petites demandes d'argent, souvent justifiées par des urgences fictives ou des situations désespérées. Leurs histoires sont conçues pour tirer sur les cordes sensibles, provoquant chez leur victime un désir de les aider. Les demandes d'argent peuvent devenir de plus en plus importantes au fil du temps, et malgré les sommes versées, les brouteurs trouvent toujours de nouvelles excuses pour éviter une rencontre en personne. Le piège de ces escroqueries sentimentales réside dans leur capacité à manipuler les émotions. Les victimes, souvent aveuglées par leurs sentiments, ignorent les signaux d'alarme et continuent de croire en la véracité des promesses et des sentiments exprimés par le brouteur. Cela peut conduire à des pertes financières conséquentes et à des dégâts psychologiques profonds, la victime se retrouvant confrontée à la trahison et à la manipulation après avoir investi émotionnellement et financièrement dans une relation fictive. La meilleure défense contre ces escroqueries est la prudence et une vigilance accrue. Il est essentiel de rester sceptique face aux histoires trop dramatiques ou aux demandes d'argent, surtout lorsqu'elles proviennent de personnes que l'on n'a jamais rencontrées en personne. Des vérifications approfondies, une communication prudente et une réticence à partager des informations personnelles ou financières peuvent aider à se prémunir contre ces prédateurs émotionnels. Fausses dominatrices (souvent des hommes) Dans le cadre des rencontres BDSM, une autre tromperie est fréquentes : de fausses dominatrices, souvent des hommes, qui créent des profils de femmes dominantes dans le but d'exploiter financièrement des hommes soumis. Ce type d'escroquerie repose sur l'habileté de ces individus à se faire passer pour des femmes dominantes, répondant à un désir spécifique dans la communauté BDSM. Le processus commence généralement par l'établissement d'un profil soigneusement élaboré sur les sites de rencontres BDSM (en cherchant sur Google on peut retrouver certains textes ailleurs, avec un autre pseudo, un autre age, une autre ville ...). Ces profils sont souvent dotés de photos aguichantes et de descriptions convaincantes, dépeignant une image de dominatrice expérimentée et charismatique. L'objectif est de cibler les hommes soumis qui, par leur nature, peuvent être en quête d'une figure dominante féminine pour une relation BDSM. Une fois le contact établi avec une victime potentielle, ces faux profils entament une communication régulière, et essaient assez vite d'emmener la potentielle victime sur Whatsapp ou sur Skype. Ils déploient des compétences de manipulation, se servant de la dynamique de domination et de soumission pour construire une relation de confiance et de dépendance. Ils peuvent promettre des expériences BDSM exclusives, des sessions privées, ou même une relation à long terme, alimentant ainsi les fantasmes et désirs de leur cible. À mesure que la relation se développe, ces imposteurs commencent à introduire l'idée de transferts d'argent. Les raisons invoquées varient : elles peuvent aller de la demande de cadeaux ou d'hommages financiers (offrandes), présentés comme partie intégrante de la dynamique BDSM, à des prétextes plus directs comme des urgences personnelles ou des frais liés à la rencontre. Les montants demandés peuvent augmenter progressivement, piégeant la victime dans un cycle d'exploitation financière. Ce type d'escroquerie est particulièrement insidieux car il exploite non seulement les ressources financières des victimes, mais aussi leur désir de vivre des expériences BDSM authentiques. Les victimes peuvent se retrouver dans une situation où elles se sentent obligées de payer, pensant que cela fait partie de leur rôle de soumis ou croyant qu'elles investissent dans une relation réelle. L'un des aspects les plus dangereux de ces escroqueries est qu'elles peuvent durer longtemps, avec des escrocs entretenant les illusions pour continuer à soutirer de l'argent. Les victimes, souvent honteuses ou confuses, peuvent hésiter à chercher de l'aide ou à signaler ces activités, permettant ainsi aux escrocs de poursuivre leurs agissements. La prévention contre de telles escroqueries implique une vigilance accrue. Il est essentiel de rester critique face aux profils en ligne et de se méfier des demandes d'argent, surtout si elles surviennent tôt dans la relation ou sans rencontre réelle préalable. Il est recommandé de privilégier les rencontres en personne dans un cadre sûr et public pour confirmer l'authenticité d'un profil et de s'abstenir de partager des informations financières sans une confiance bien établie. Faux dominants Le phénomène des faux dominants dans le monde BDSM est beaucoup moins fréquent mais existe néanmoins et est similaire à bien des égards à celui des fausses dominatrices. Ces hommes, se faisant passer pour des dominants authentiques, ciblent spécifiquement les femmes intéressées par des partenaires dominants dans le cadre du BDSM. Leur objectif n'est pas de nouer une véritable relation de domination et de soumission, mais plutôt d'exploiter leurs victimes, souvent à des fins financières ou sexuelles. Ces imposteurs commencent généralement par créer des profils très séduisant sur les sites de rencontres BDSM. Ces profils sont méticuleusement conçus pour séduire, avec des descriptions détaillées de leurs soi-disant expériences et compétences en tant que dominants. Ils peuvent également inclure des photos en mode mannequin et des récits de leurs prétendues sessions BDSM passées pour renforcer leur crédibilité. Une fois qu'ils ont attiré une femme dans leurs filets, ils entament une relation, souvent en ligne au début. Ils utilisent des tactiques de manipulation psychologique, exploitant les désirs et attentes de leurs victimes pour établir une relation de confiance et de dépendance. Dans ce contexte, ils peuvent promettre des expériences BDSM exceptionnelles, jouer sur l'émotion et la passion pour gagner la confiance de la victime. Cependant, l'objectif de ces faux dominants n'est pas de s'engager dans une relation BDSM saine et consensuelle. Ills cherchent plutôt à exploiter leurs victimes. Cela peut prendre plusieurs formes, allant des demandes d'argent, souvent sous des prétextes fallacieux, à la pression pour des rencontres sexuelles qui ne correspondent pas aux limites ou aux accords préalablement établis. Les faux dominants peuvent également exercer une pression émotionnelle intense, utilisant la culpabilité, la honte, ou même la menace pour contrôler leurs victimes. Par exemple, ils peuvent prétendre que le refus de se conformer à leurs demandes est un signe de manque de dévouement ou de fidélité à la dynamique BDSM. Cette manipulation peut amener les victimes à se sentir piégées, leur faisant croire qu'elles ont peu de moyens de sortir de la situation. Le danger de ces relations est qu'elles peuvent conduire à des dommages psychologiques graves, à une perte financière, et dans certains cas, à des expériences traumatisantes. Les victimes peuvent se retrouver isolées, honteuses et réticentes à demander de l'aide ou à signaler ces abus. Pour se protéger contre de tels prédateurs, il est crucial de rester vigilant, de prendre le temps de connaître une personne et d'établir la confiance mutuelle avant de s'engager dans une relation BDSM. Il est également important de fixer des limites claires et de s'en tenir à elles, et de se méfier de toute personne qui tente de les pousser au-delà de ces limites sans un consentement clair et enthousiaste. Enfin, chercher des communautés BDSM fiables et des ressources éducatives peut offrir un soutien et des informations précieuses pour naviguer en toute sécurité dans ces relations. Jeunes femmes prétendant être dominatrices Le recrudécence des jeunes femmes prétendant être des dominatrices dans le milieu du BDSM est assez récent, souvent influencé par des idées fausses et une compréhension erronée de la dynamique BDSM. Ces femmes, souvent novices dans le domaine, sont séduites par l'idée qu'elles peuvent gagner de l'argent facilement en adoptant le rôle de dominatrice, sans avoir une réelle connaissance ou l'intention de pratiquer le BDSM de manière authentique. Cette tendance peut être en partie attribuée à la manière dont le BDSM est parfois représenté dans les médias meanstream et sur Internet. Des représentations glamour et superficielles, comme celles popularisées par des films et des romans tels que "50 nuances de Grey", ont contribué à une perception erronée selon laquelle le BDSM est un moyen rapide et facile de gagner de l'argent, en particulier pour les jeunes femmes. Elles peuvent croire que montrer quelques photos d'elles en tenue suggestive ou adopter un langage "orienté BDSM" en ligne suffira pour attirer des hommes soumis prêts à payer pour de telles interactions. Cependant, cette approche ignore la complexité et la profondeur réelles des dynamiques de pouvoir dans le BDSM. La domination, on le sait tous, va bien au-delà de l'apparence physique ou des mots :elle implique une compréhension profonde des principes de consentement, de négociation, de sécurité, de limites et de besoins psychologiques. Les jeunes femmes qui se risquent dans ce genre d'escroquerie sans cette compréhension risquent non seulement de se mettre elles-mêmes en danger, mais aussi de causer un préjudice potentiel à d'autres. Ce phénomène peut également entraîner d'autres conséquences négatives, telles que la perpétuation de stéréotypes nocifs sur le BDSM et ses pratiquants. Cela peut également mener à des situations où des individus non avertis entrent dans des interactions BDSM potentiellement dangereuses sans les connaissances nécessaires pour assurer leur sécurité et celle de leurs partenaires.   Dominatrices vénales cachant leur statut Notre site se refuse d'accepter des annonces de dominatrices vénales. Chacun à la liberté de choisir sa manière d'aborder le BDSM, mais notre site étant gratuit nous nous refusons à ce qu'il soit un outil pour des business de ce type (et nous ne serions pas à l'abri que les autorités ne nous le reproche). Nous fermons les comptes affichant des intentions vénales. Ceci a hélas pour conséquence d'inciter les dominatrices vénales à ne pas avancer à visage découvert. Ces professionnelles du BDSM, abordent initialement les hommes en laissant entendre qu'elles sont intéressées par une relation personnelle ou une dynamique BDSM non commerciale. Cependant, leur objectif final est de recevoir une compensation financière pour leurs services. Ces dominatrices créent souvent des profils attrayants , présentant des images et des descriptions qui soulignent leur expérience et leur intérêt dans la pratique du BDSM. Elles peuvent engager des conversations avec des hommes, souvent ceux qui expriment un désir de soumission ou une curiosité pour le BDSM, et établir une connexion apparente. Au début, ces interactions peuvent sembler être le début d'une relation BDSM sans vénalité. Les dominatrices vénales peuvent prendre le temps de discuter des intérêts, des limites et des fantasmes de leurs cibles, créant une impression de compréhension et de compatibilité mutuelles. Pour l'homme impliqué, cela peut sembler être le début d'une relation BDSM prometteuse. Cependant, une fois qu'une certaine connexion ou dépendance émotionnelle est établie, la dominatrice révèle alors que pour que la relation continue ou pour que certaines pratiques soient réalisées, une compensation financière sera nécessaire. Cette révélation peut prendre différentes formes, allant de demandes directes de paiement à des suggestions subtiles que des cadeaux ou des hommages financiers sont attendus. Pour la personne en recherche d'une relation BDSM authentique, cette révélation peut être source de confusion et de déception. Non seulement elle remet en question la nature de la relation établie, mais elle peut aussi laisser la personne se sentir manipulée ou trompée. Dans certains cas, la personne peut se sentir obligée de payer, craignant de perdre la connexion ou l'interaction établie avec la dominatrice. Ce comportement pose plusieurs problèmes éthiques, notamment en matière de consentement et de transparence. Dans une communauté où la confiance et la communication ouverte sont essentielles, le fait de ne pas divulguer des intentions commerciales dès le départ peut entraîner une violation de la confiance et compromettre la sécurité émotionnelle des personnes impliquées. Il est important pour les personnes cherchant à explorer le BDSM de comprendre que les relations professionnelles et non professionnelles dans ce domaine ont des dynamiques différentes. La clarté et l'honnêteté concernant les intentions et les attentes de toutes les parties impliquées sont cruciales pour assurer des interactions saines et consensuelles Nous ne pouvons donc que vous conseiller de discuter ouvertement des intentions et des attentes en manière de prestations payantes dès le début des interactions, et de rester vigilants face à des changements soudains ou des demandes inattendues de compensation financière. Vous pouvez avoir vos (bonnes) raisons d'opter pour une relation avec contrepartie. Vous êtes vacinnés et peut être tatoués ;-). Mais si vous ne voulez pas, soyez donc prudents !   Soyez donc prudents ! La présence de faux profils dans les communautés BDSM en ligne peut avoir des répercussions significatives, allant bien au-delà de simples déceptions superficielles. Ces profils, souvent conçus pour tromper et manipuler, peuvent entraîner des conséquences psychologiques profondes, des problèmes familiaux et des pertes financières importantes pour les victimes. De plus, leur présence généralisée crée un climat de méfiance et d'insécurité au sein de la communauté, particulièrement préjudiciable pour les novices qui cherchent à explorer le BDSM de manière sûre et informée. Déceptions et détresse psychologique Les interactions avec des faux profils peuvent mener à des déceptions profondes, surtout lorsque les individus s'investissent émotionnellement dans une relation qu'ils croient authentique. La découverte que l'interaction était basée sur le mensonge ou la manipulation peut causer un choc émotionnel et psychologique, laissant les victimes se sentir trahies, honteuses et vulnérables. Cette expérience peut avoir des effets durables, incluant l'anxiété, une faible estime de soi, et dans certains cas, des symptômes de trouble de stress post-traumatique (TSPT). Les conséquences peuvent s'étendre à la sphère personnelle, affectant les relations familiales et sociales. Par exemple, si un membre de la famille découvre qu'un proche a été victime d'une escroquerie sentimentale ou financière, cela peut créer des tensions et des conflits, menant parfois à l'isolement ou à des ruptures familiales. Problèmes de Confiance et de Sécurité L'existance de faux profils dans les espaces de rencontres BDSM crée également un environnement où la méfiance est omniprésente. Pour les personnes qui débutent dans le BDSM, cette méfiance généralisée rend difficile l'établissement de relations de confiance. Ils peuvent se sentir incertains quant à qui faire confiance ou comment identifier les interactions authentiques, ce qui peut les dissuader de poursuivre leur exploration du BDSM ou les amener à prendre des risques inutiles. La méfiance qui découle de la présence de ces faux profils peut aussi compromettre le sentiment de sécurité au sein de la communauté. Les débutants, en particulier, peuvent avoir du mal à distinguer les pratiques BDSM saines et consensuelles des comportements abusifs ou manipulateurs. Cette confusion peut les exposer à des situations dangereuses, où ils pourraient être exploités ou abusés par des individus malintentionnés se faisant passer pour des pratiquants expérimentés et bienveillants. Pour contrer ces problèmes, nous avons mis en place des dispositfs automatiques dont nous cacherons les méthodes de détection (ben oui !) et vous avez sur les profils et les publications des boutons pour Signaler un profil à l'Administrateur. Soyez précis dans vos demandes, faites des copier coller des conversations (à envoyer à contact[at]bdsm.fr Conseils pour identifier les faux profils Convoquez votre esprit critique ! La présence de faux profils dans les communautés en ligne, notamment dans le BDSM, rend impératif l'adoption d'une posture de méfiance et d'esprit critique lors de l'interaction avec de nouveaux profils. Cette approche prudente est essentielle pour se protéger contre la manipulation et la tromperie. Ne pas prendre les informations pour argent comptant : Il est crucial de ne pas accepter aveuglément les informations présentées dans les profils en ligne. Les faux profils sont souvent bien construits avec des détails convaincants pour créer une fausse impression d'authenticité. Évaluer la crédibilité du profil : Examiner attentivement le profil pour évaluer sa crédibilité. Des éléments comme la cohérence des informations fournies (ville et région annoncées par exemple), la qualité et le type de photos publiées, et la manière dont la personne communique peuvent fournir des indices importants. Des incohérences ou des récits qui semblent trop beaux pour être vrais doivent inciter à la prudence. Recherche et vérification : Effectuer des recherches indépendantes peut aider à vérifier l'authenticité d'un profil. Cela peut inclure la vérification des images via des moteurs de recherche inversée, la recherche de références ou de commentaires d'autres membres de la communauté, ou la vérification de l'existence de la personne dans d'autres contextes en ligne ou hors ligne. Questions d'investigation : Poser des questions spécifiques et observer comment elles sont répondues peut également être révélateur. Les personnes derrière les faux profils peuvent avoir du mal à maintenir leur histoire ou à répondre de manière cohérente à des questions détaillées. Écouter votre intuition : Si quelque chose semble trop beau pour être vrai, il se peut que ce soit le cas. L'intuition joue un rôle important dans la détection des signaux d'alerte. Si un profil ou une interaction provoque un sentiment d'inconfort ou de doute, il est sage de faire confiance à son instinct et d'agir avec prudence.   Analysez les photos : L'analyse des photos est une étape cruciale lors de l'évaluation de la crédibilité des profils en ligne, particulièrement dans des contextes comme les sites de rencontres BDSM. Les photos peuvent souvent être un indicateur clé de la validité d'un profil, mais elles peuvent aussi être manipulées ou faussement représentatives. Voici comment procéder à une analyse efficace des photos : Qualité et style des photos : Des images qui semblent être de qualité professionnelle, comme des photos de mannequins ou de studio, doivent susciter des questions. Bien que certaines personnes puissent utiliser des photos professionnelles légitimes, les faux profils ont tendance à abuser de telles images pour créer une impression irréaliste de leur apparence. Uniformité des photos : Vérifiez si les photos sur un profil semblent être de la même personne. Les faux profils peuvent utiliser un mélange d'images de différentes sources, ce qui peut conduire à des incohérences dans l'apparence physique de la personne représentée. Recherche d'Images Inversée : Utilisez des outils comme Google Image ou TinEye pour effectuer une recherche par image. Cela peut révéler si une photo a été prise à partir d'une source en ligne, comme un site de modélisation, un compte de médias sociaux d'une autre personne, ou même des banques d'images. Vérifiez les résultats : Si une image apparaît sur de nombreux sites ou est associée à différents noms, cela peut indiquer que l'image a été copiée et est utilisée de manière frauduleuse. Cependant, aucune correspondance ne garantit pas non plus l'authenticité, car l'image pourrait être nouvelle ou peu répandue en ligne. Précautions Supplémentaires Demandez des photos spécifiques : Si vous avez des doutes, demander une photo dans une pose spécifique ou avec un objet particulier peut aider à vérifier l'identité de la personne. Les faux profils auront du mal à fournir de telles images spécifiques. Attention aux filigranes et signes de modification : Soyez attentif aux signes de manipulation numérique ou aux filigranes qui pourraient indiquer que l'image a été empruntée ou altérée. Analysez le contexte des photos : Parfois, l'arrière-plan ou les accessoires dans une photo peuvent donner des indices sur son origine ou sa véracité. Par exemple, des éléments anachroniques ou des détails qui ne correspondent pas au profil peuvent être révélateurs. On voit parfois aussi des prises électriques qui ne sont pas françaises ... En appliquant ces méthodes d'analyse, on peut se faire une meilleure idée de l'authenticité des profils rencontrés en ligne. Cela dit, il est important de se rappeler que même avec des photos authentiques, la prudence reste de mise concernant les autres aspects d'un profil et les intentions de la personne derrière.   Analyse des descriptions de profil Cohérence et détail : Un profil authentique tend généralement à présenter une certaine cohérence dans son contenu. Les intérêts, les préférences et le style de vie décrits doivent s'aligner logiquement. Les descriptions vagues, génériques ou contradictoires peuvent constituer un signe d'alerte. Spécificité des envies BDSM : Dans le cadre du BDSM, les pratiquants sérieux partagent souvent des détails spécifiques sur leurs pratiques, limites et expériences. Les profils qui utilisent un langage stéréotypé ou qui semblent trop axés sur les fantasmespeuvent indiquer un manque de véritable expérience ou d'engagement. Langage et ton : Le ton et le style d'écriture peuvent également donner des indices. Par exemple, un langage excessivement agressif ou soumis pourrait être exagéré pour attirer une certaine audience. De même, une utilisation excessive de jargon ou de termes inappropriés pourrait suggérer un manque de familiarité réelle avec la communauté BDSM.   Évaluation des interventions sur le site Consistance et engagement : Les commentaires et réponses d'un utilisateur sur le forum ou sur les murs et groupes peuvent révéler leur niveau d'engagement et de compréhension du BDSM. Les contributions réfléchies et informées sont souvent le signe d'une personne authentiquement impliquée dans la communauté. Interactions avec d'autres membres : Observez comment l'individu interagit avec d'autres membres. Les personnes authentiques ont tendance à établir des dialogues respectueux et constructifs. Les comportements agressifs, manipulateurs ou inappropriés dans les interactions peuvent être révélateurs. Consistance avec le profil : Vérifiez si les interventions en ligne sont cohérentes avec les informations fournies dans le profil. Les incohérences entre ce qu'une personne dit dans les forums et ce qu'elle prétend dans son profil peuvent indiquer une fausse représentation.     Vous pouvez aider la communauté Si un profil vous détecter un profil manifestement déloyal, signalez-le par les boutons "Signaler" disponibles sur les profils et sur les publications. Les signalements font l'objet d'alerte immédiate auprès des administrateurs.  Une action est menée si les faits sont avérés (d'où les mentions "###PROFIL BANNI###" que vous voyez parfois). Par contre, la tendance du moment est de voir des "faux profils" partout. Notamment quand les dames refusent les avances des monsieurs, nous avons de plus en plus de signalements sans aucune précision "Fake", "Fantasmeuse". Sans rien de plus. Aucune sanction ne sera prise sans un minimum d'éléments descriptifs du problèmes. Nous ne traitons plus ces signalements avec juste un "Fantasmeuse" "Faux profil" comme argument. Expliquez un minimum la raison de votre signalement, faites des captures d'écran (pour envoyer par mail à contact[at]bdsm.fr. Merci d'avance.
3.5000 vues 51 aime
Par : le 01/12/23
1)Matériel nécessaire : Le minimum : -Aiguilles stériles,  pour débuter,  en général ce soit les 22g qui sont utilisées, leur bout est de couleur grise. -Désinfectant,  pour la peau : Dakin, c'est ce qui est utilisé par les pierceurs. -Compresses stériles en non-tissé, pour appliquer le désinfectant et nettoyer la peau. -Savon et solution hydro-alcoolique, pour les mains.  -Collecteur à aiguilles, appelé DASRI. Le mieux : -Gants, de préférence gants médicaux stériles.  -Sérum physiologique et savon, pour nettoyer la peau avant la désinfection  -Feutre stérile pour marquer, notamment pour faire des dessins ou des corsets. -Ruban, à désinfecter préalablement, pour faire des corsets notamment.  2) Préparation de la peau : Après s'être lavé et désinfecté les mains, puis avoir enfilé ses gants, on va laver la zone à piquer avec sérum physiologique et une pointe de savon. Puis désinfecter au dakin, toujours sur compresse. Désinfecter 2 fois est mieux. 3) Piquer : Il y a différentes techniques pour piquer, une technique simple et sans trop de risque, est de pincer légèrement la peau pour créer un bombé où l'on va piquer. 4) Retirer les aiguilles : Saisissez doucement l'aiguille par la partie non piquante, et tirez tout aussi doucement pour l'eniever. Jetez la directement dans le collecteur à aiguilles. 5) Désinfection : Vous pouvez désinfecter au Dakin sur une compresse, et passer à l'after-care.
557 vues 7 aime
Par : le 30/11/23
 "Le Lien" de Vanessa Duriès se démarque de bien des ouvrages sur le thème car il a été publié la première fois bien avant que le BDSM se démocratise.  Publié en effet en 1993, ce livre offre un regard intime et sans concession sur les dynamiques de soumission et de domination. À travers le récit de Vanessa Duriès, le livre explore la relation complexe et intense entre une jeune femme et son premier amant, Pierre, également son initiateur dans le monde du D/s. Ce qui frappe dans "Le Lien", c'est la manière crue et directe dont l'auteure décrit ses expériences. La souffrance et l'humiliation ne sont pas seulement des éléments érotiques, mais deviennent sous sa plume des expressions d'amour profond et de dévotion. Le caractère exceptionnel de ce livre réside dans sa capacité à présenter une image nuancée et réelle du BDSM. Au lieu de se concentrer uniquement sur l'aspect physique des pratiques BDSM, Vanessa Duriès explore les aspects psychologiques et émotionnels de la soumission. C'est un récit qui parle d'amour extrême, de l'acceptation de la douleur comme preuve d'affection, et de la recherche incessante des limites de l'adoration. Ce qui rend également "Le Lien" particulièrement captivant, c'est sa simplicité et son naturel. Vanessa Duriès ne cherche pas à embellir ou à édulcorer ses expériences. Elle les présente avec une franchise presque candide, offrant un aperçu précieux de ce qu'une femme peut être amenée à faire par amour. Sa prose, parfois crue mais souvent bien élégante, permet au lecteur de se faire une idée réelle de l'étendue des émotions vécues dans une telle relation. "Le Lien" est également une autobiographie qui se veut accessible, et qui peut servir de guide pour celles et ceux qui s'interrogent encore sur le sadomasochisme. Il ouvre une porte sur un monde qui peut sembler étranger et effrayant, mais qui est ici traité avec respect, honnêteté voire avec une certaine tendresse. Cet ouvrage porte un regard rare sur la soumission et la domination, non pas sous l'angle unique de simples fantasmes érotiques, mais comme des composantes d'une relation amoureuse complexe et profondément humaine. Pour les vieux bricards du BDSM, ou simplement pour ceux qui cherchent à comprendre cet univers, "Le Lien" est un livre à découvrir, fusse donc tardivement par rapport à sa publication. Si vous avez lu ce livre, n'hésitez pas à laisser votre avis en commentaires ci dessous. A propos de l'auteure : Vanessa Duriès, pseudonyme de Katia Ould-Lamara, est née le 7 février 1972 à Versailles.Optant pour le pseudonyme Vanessa Duriès,(Prénom en référence à  Vanessa Paradis, nom de famille tiré hasard dans l'annuaire téléphonique), elle se lance dans l'écriture de "Le Lien".  Malgré sa jeunesse et la supposée candeur qui l'entoure, Vanessa Duriès se fait remarquer dans le milieu littéraire et apparaît dans plusieurs émissions télévisées notables, telles que "Bouillon de culture" de Bernard Pivot, "Le Cercle de minuit" de Michel Field, et "Durand la nuit" de Guillaume Durand. Sa présence médiatique est renforcée par une interview et des photographies en noir et blanc publiées dans l'édition française de Penthouse en mai 1993, où elle apparaît en tenue de soumise, une image qui contribue à son aura mystérieuse et provocante. La vie de Vanessa Duriès est tragiquement écourtée à l'âge de 21 ans lorsqu'elle meurt dans un accident de voiture sur l'autoroute A7 près de Montélimar. L'accident coûte également la vie aux écrivains Jean-Pierre Imbrohoris (Joy Laurey), conducteur du véhicule, Nathalie Perreau (Sophie Viellard), et à leur fils Alexandre, âgé de trois ans. Vanessa est inhumée dans le village natal de sa mère. La postérité de Vanessa Duriès est assurée par la publication postume en 2007 des cinq premiers chapitres de son second roman, "L'Étudiante", retrouvés dans l'épave de la Mercedes accidentée. Sa mort prématurée et sa personnalité hors norme lui confèrent le statut d'icône dans les milieux SM, faisant d'elle une figure emblématique et énigmatique de la littérature érotique française.
801 vues 9 aime
Par : le 28/11/23
"La littérature est une substance maligne qui se glisse partout, sans prévenir, et s’en va comme elle veut. Ouvrez l'oreille, cchaque mot possède un cœur qui bouge. Comme il est doux de se rouler dans son plus grand défaut, d’avoir honte et surtout de ne pas prendre de bonne résolution". Le vingt-huit septembre 1962, Roger Nimier disparaissait dans un accident de voiture. Plus de soixante ans plus tard, l’auteur du "Hussard bleu" et du "Grand d’Espagne" est plus vivant que jamais. Nimier. Ce nom évoque un coup d’épée, une porte que l’on claque. Le prénom, Roger, évoque plutôt une France ancienne, un monde d’avant. Né le trente-et-un octobre 1925 à Paris, il a eu vingt ans "à la fin du monde civilisé", comme il l’écrivit en1950 dans son "Grand d’Espagne", manière de manifeste à travers lequel il payait sa dette envers Bernanos. Engagé au deuxième régiment de hussards de Tarbes en mars 1945, le jeune Nimier sera démobilisé en août sans avoir combattu. Peu importe, cette guerre il la mettra en scène dans son premier roman publié chez Gallimard en 1948, "Les Épées", où l’on découvre le trouble François Sanders, ancien milicien faisant oublier son passé en occupant l’Allemagne sous les couleurs de l’armée française. On retrouvera Sanders deux ans plus tard dans les pages du "Hussard bleu". Entre-temps, Nimier se sera aussi fait connaître en écrivant dans des revues des articles où il brocarde les "poumons de Monsieur Camus" et "les épaules de Monsieur Sartre". Littérairement, les goûts de ce gaulliste bernanosien cultivant la nostalgie du roi, le portent vers les réprouvés de la Libération: Céline, Morand, Chardonne, Fraigneau et Giono. Il a vu l’existentialisme de Sartre et l’humanisme de Camus s’accommoder des listes noires et des pelotons d’exécution de la Libération. L’esthétique rejoint l’éthique. D’autres aux pedigrees variés, font aussi leurs premiers pas littéraires. Ils s’appellent Jacques Laurent, Antoine Blondin, Michel Déon. Bernard Frank les dénoncera comme fascistes dans un article de décembre 1952 publié dans "Les Temps modernes" de Sartre: "Grognards et Hussards". Une mythologie littéraire naît. Ironie de l’histoire, exclu peu après par Sartre, Bernard Frank sera accueilli les bras ouverts par la petite galaxie "hussardienne". "Cette nuit, Roger, vous avez décollé de la terre et vous nous avez plantés là, au bord de la route, à perdre, nous aussi, un peu de sang de notre vie". Christian Millau, future célébrité de la gastronomie, alors journaliste à "Paris-Presse", est réveillé dans la nuit du vingt-huit septembre 1962 pour écrire quatre feuillets de nécrologie. Celle de son ancien rédacteur en chef à la revue "Opéra", Roger Nimier. Il vient de se tuer, à l'âge de trente-sept ans, au volant de son Aston Martin DB4. Sa voiture a percuté un pylône de l'autoroute de l'Ouest sur le pont de la Celle-Saint-Cloud, et l'écrivain, Suzy Durupt, connue alors sous le pseudonyme Sunsiaré de Larcône, est morte aussi des suites de l'accident. Les échotiers s'obstinent à transfigurer un accident de la route en destin romantique. Ils tiennent leur angle: les mécaniques lancées à pleine vitesse broient les Werther des temps modernes. Après Camus, Nimier. Ses proches s'offusquent du procédé. Ils pleurent "un garçon au grand cœur" (Aymé), "charmant, jeune, traînant tous les cœurs après soi" (Mauriac), "une pelure d'or, un noyau d'ombre" (Vialatte). Ils se souviennent de sa démarche, rapide et raide, militaire, de son visage, de cette "brume légère, où passaient et se mêlaient tristesse, fierté, timidité, tendresse et bien d'autres mouvements de l'âme et du cœur qu'il balayait ou même écrasait, d'un gros mot ou d'une obscénité bien graissée" (Christian Millau). Ils s'interrogent sur cet homme-météore qui publie six romans de 1948 à 1953 "Les Épées", "Perfide", "Le Grand d'Espagne", "Le Hussard bleu", "Les Enfants tristes", "Histoire d'amour",puis se tait, pendant près de dix ans. En cet automne 1962, l'Algérie découvre l'indépendance. De Gaulle, après l'attentat du Petit-Clamart, songe à consolider la Vème République. L'épisode littéraire des "hussards" vient de se fracasser sur le bitume, avec la mort violente de son chef de file, romancier, conseiller littéraire chez Gallimard. L'après-guerre est terminée.    "Un ami, c'est quelqu'un à qui vous pouvez demander de vous aider à transporter un cadavre aux alentours de minuit, et qui le fait sans vous poser de questions". Un mythe naît. Celui de Nimier et à travers lui du "hussard" brûlant sa jeunesse dans des draps de tôle froissée, pas très loin de James Dean. Les voitures, l’alcool, les femmes. Dans son "Histoire de la littérature française", Kléber Haedens expliquait plus justement le pouvoir d’attraction de Nimier: "Il existait en lui une force et une originalité spontanées qui le distinguaient. Son intelligence, son ton, son insolence, sa générosité, sa douceur, sa mélancolie vivent encore dans ses livres. Des jeunes gens s’y retrouvaient chaque jour jusque dans les plus lointaines provinces de pays étrangers". "Nimier écrit en français direct vivant, pas en français de traduction, raplati, mort" proclamait Céline dans une lettre à un confrère et néanmoins ami, pour dire son estime à l’égard d’un cadet. Il est vrai que Roger Nimier (1925-1962), disparu comme Albert Camus ou Jean-René Huguenin dans un accident de voiture, s’était démené sans compter pour sortir Céline du purgatoire. Fils de l'ingénieur Paul Nimier et de Christiane Roussel, Roger Nimier naîten 1925, quatre ans après sa sœur Marie-Rose, née en 1921, et six ans après un premier Roger Nimier, né et mort en 1919. La famille habite sur le boulevard Pereire, dans le XVIIème arrondissement de Paris. Son père meurt alors qu'il n'a que quatorze ans. De 1933 à 1942, il fréquente le lycée Pasteur de Neuilly. Il y est un élève brillant. Michel Tournier, son condisciple en classe de philosophie, juge sa précocité "un peu monstrueuse" et son intelligence et sa mémoire "hors du commun". En 1942, il obtient un premier accessit au concours général de philosophie. Après son baccalauréat, il débute des études à la Sorbonne à la rentrée de 1942, tout en étant employé par la maison de philatélie "Miro", dirigée par son oncle. Le trois mars 1945, il s'engage au deuxième régiment de hussards, situé à Tarbes. Il est démobilisé le vingt août 1945. Nimier écrit dans un style proche de Giraudoux et de Cocteau un premier roman autobiographique, "L'Étrangère", qui sera publié après sa mort. Il est édité pour la première fois à vingt-trois ans, avec "Les Épées" (1948), un bref roman narrant l'histoire d'un jeune homme passant de la résistance à la milice, dans le contexte de la seconde guerre mondiale. Deux années plus tard, paraît son roman le plus célèbre, "Le Hussard bleu", qui s'inscrit dans la veine des "Épées" et où il réemploie le personnage de François Sanders. En 1950, paraissent aussi le roman "Perfide" et "Le Grand d'Espagne", un essai historico-politique au ton pamphlétaire qu'il conçoit comme un hommage à Georges Bernanos. En 1951, Roger Nimier publie "Les Enfants tristes", puis, en 1953, "Histoire d'un amour". Suivant le conseil de Jacques Chardonne, qui juge sa production de cinq livres en cinq ans, trop rapide, il décide alors de ne publier aucun roman pendant dix ans. Il est alors sacré chef de file des "hussards" par Bernard Frank dans un article célèbre paru dans "Les Temps modernes".   "Évidemment, c'est la guerre. Mais la guerre, ça devient la barbe quand tout devient mort, éteint, embaumé. Il faudrait lui trouver des limites. Par exemple le foutebôle, on y joue dans des endroits spéciaux. Il devrait y avoir des terrains de guerre pour ceux qui aiment bien mourir en plein air". "À l'âge de quinze ans, il avait déjà tout lu, tout absorbé, tout dépassé. Ce garçon nous écrasait de sa supériorité" déclarait Michel Tournier. Nimier sut, par la suite, se faire des amis. Le premier tome de la "Correspondance Paul Morand-Jacques Chardonne" a montré à quel point les deux vieux écrivains, nés, l'un en 1888, l'autre en 1884, avaient pris en affection cet aimable jeune homme qui avait décidé de les réhabiliter, effaçant le zérode conduite que leur avait valu la guerre. En 1954, Chardonne, qui avait du génie, publiait chez Grasset  "Lettres à Roger Nimier". Ce n'étaient pas des lettres, mais une suite de méditations sous forme de roman, ou le contraire. Dans la véritable"Correspondance", parue en 1984, sa sollicitude se manifeste par un déluge de compliments assortis de conseils sublimes.Les échanges entre Morand et Nimier, aujourd'hui rassemblés, sont plus simples. Paul Morand s'autorise parfois de son expérience, mais c'est rare: "Profitez de la vie, buvez, baisez. Il faut posséder les choses, pour qu'elles ne vous possèdent pas. D'où mes fringales. Maintenant, j'en suis débarrassé, à temps, et je jouis de la vie, ne désirant plus rien". À ce garçon tôt orphelin de père, il écrit: "Je n'aime pas vivre loin de vous, mon fils". Ils sont sur un pied d'égalité. Nimier: "Il est bien vrai, comme le dit Chardonne, que j'ai trouvé un père en vous, mais un père qui serait aussi un fils". Salué dès ses débuts par Mauriac, Aymé et Green, Roger Nimier appartenait à la génération qui, ayant eu vingt ans en quarante-cinq, assista à la fin du monde civilisé. Ce pur-sang, né d’une famille bretonne qui comptait des officiers de marine, marqua à jamais les esprits et les cœurs. Lecteur boulimique et bourreau de travail sous ses airs désinvoltes, Nimier fit alors, par sa seule intelligence, trembler le parti dévot de son temps, Sartre et consorts, qui eurent le génie de l’affubler d’une panoplie incapacitante, celle du petit mufle sans profondeur. Aujourd’hui, tout le monde a oublié le médiocre B. Frank, qui, par un curieux phénomène de projection, gazelles et tord-boyaux, inventa les "hussards" pour mieux les neutraliser, c’est Nimier que l’on relit de nos jours.   "On voit bien que vous n'avez aucune expérience de la justice. On ne juge aujourd'hui qu'un personnage de papier et le sort de ce personnage dépend de l'arrangement de certains mots. La timidité d'un conditionnel peut le sauver quand unimpératif le tue. Je ne vais pas me mettre en peine pour l'avenir quand cet avenir dépend de la grammaire". "Hussards" ? Les intéressés ne contrôlent pas l'appellation. L'inventeur de la formule est un jeune adversaire de vingt-trois ans, Bernard Frank. Il taille alors en pièces dans un article des "Temps modernes" en décembre 1952, la revue de Jean-Paul Sartre, la prétention de ces "lurons", "jeunes insolents de droite". Emporté par son brio, il les qualifie de "fascistes". À l'époque, la formule vaut exécution. Les "hussards" ont "en horreur l'ennui et la littérature ennuyeuse". Ils cachent ainsi sous des" apparences frivoles" "des âmes d'écorchés". Ils aiment les jeunes femmes, les autos, la vitesse, les salons, les alcools, la plaisanterie. Frank étrille les "hussards", mais épargne Nimier: "Son âme est traversée de zébrures de feu. Il a des colères terribles. C'est un grand". Parangon de la phrase courte, il leur reproche de s'en croire "un peu trop les inventeurs". Frank aurait pu être "hussard". Il en a la fébrilité et la nervosité retenues, l'ironie à fleur de peau. Mais il n'a pas eu la même Occupation. Lui a été réfugié à Aurillac pendant la guerre, quand Laurent était fonctionnaire au ministère de l'Information à Vichy, et Michel Déon, secrétaire de Maurras. Eux vivaient une jeunesse française, à la Mitterrand. Le futur président dela République, Laurent l'a d'ailleurs rencontré à Vichy et le trouvera toute sa vie sympathique, pas dupe de ses nouveaux habits socialistes. Blondin votera pour lui. Il le rencontrera à l'Élysée. Ils y parleront rugby, ils gloseront sur les églises deSaintonge. Nimier, plus jeune, affiche une sensibilité gaullienne. Maurrassien de culture, il encense Bernanos et dénonce le parti munichois et capitulard de Maurras. Il préfère la figure d'un esthète barrèsien fricotant avec le Komintern, Malraux. Le journal qu'il lance s'appelle "La Condition humaine". Il participe alors à la revue "Liberté de l'esprit", dirigée par Claude Mauriac. Le "désengagement" proclamé des "hussards" est une bonne blague. Elle ne résiste pas à la guerre d'Algérie. Ils se retrouvent tous dans le "Manifeste des intellectuels français" condamnant le "Manifeste des 121", lancé par Sartre et encourageant alors les jeunes appelés à la désertion, dans "L'Esprit public", journal à l'époque très proche de l'OAS.   "Voilà vingt ans que vous prépariez dans vos congrès le rapprochement de la jeunesse du monde. Maintenant vous êtes satisfaits. Nous avons opéré ce rapprochement nous-mêmes, un beau matin, sur les champs de batailles". Pour le reste, Frank est bon juge. Oui, Nimier est "l'homme couvert de femmes", pour reprendre le titre de Drieu: Louise de Vilmorin, Madeleine Chapsal, Jeanne Moreau, Geneviève Dormann, sans oublier Nadine, la mère de ses deux enfants, Marie et Martin. Il aurait été plus amoureux de l'amour que des femmes. Et les "hussards", fait-on remarquer, n'auraient rien à remontrer en ce domaine à leurs aînés, Morand, Aymé, Giono, Chardonne et à leurs alter ego de l'autre rive, Sartre et Camus. L'alcool ? Oui, le "hussard picole, c'est un fait, mais à gauche on ne boit pas que de la citronnade", rappelle Christian Millau, gardien mélancolique et scrupuleux de la flamme. La passion des autos et de la vitesse fatale ? Cliché. Quant au goût pour la plaisanterie, oui, mais au sens où Bossuet écrivait que "l'existence n'est qu'un amusement inutile". Nimier en fit de sublimes. Comme ce télégramme adressé anonymement à Mauriac après la mort de Gide: "Enfer n'existe pas. Stop. Tu peux te dissiper. Stop. Préviens Claudel, signé: Gide". Aujourd'hui, que reste-t-il alors des "hussards" ? Une belle jeunesse pour ceux qui ont été de la partie. Et une écriture. Nimier c'est l'auteur type qui a du ton et une langue",dit Bernard Frank, un peu pingre. Florilège: "La France appartenait encore à la famille, mais on n'en parlait plus qu'à voix basse. On avait pour elle cette gentillesse méprisante que mérite une vieille personne dont on a trop longtemps attendu l'héritage. On a compté sou par sou ce qu'elle pouvait laisser, l'honneur comme le reste. Un jour, on apprend qu'elle a tout dilapidé et qu'il ne manque rien à sa ruine, rien, pas même la honte. En ce temps-là, il n'y avait pas d'espoir. Nous avions alors tout perdu dans une bataille. Le déshonneur, comme un grand mot maladroit, nous annonçait dans la vie"("Le Grand d'Espagne"). Un ton, Nimier ?  Allons donc, un style. Et quel style. S’il est un constat frappant à la lecture des romans de Roger Nimier, c’est sans doute celui de la hardiesse de leur ton. Ainsi de la scène d’ouverture des "Épées" aux emportements d’Olivier Malentraide dans "Les Enfants tristes", Nimier manifeste son plaisir à pratiquer alors une provocation qui n’est jamais gratuite, et qui prend en matière politique une dimension, une saveur particulières. Il semble chercher, par des bravades d’un goût qui a pu sembler douteux à ses contemporains et aînés, un étiquetage qui le libère de leur considération. Le scandale se fait jubilation et libération, au point que le lecteur, dérouté, peut se faire une idéet rop parcellaire de Nimier et ne voir chez lui que les saillies et les volte-face, sans toujours mesurer ce que la légèreté de ton et d’esprit masque de gravité. Dans son allégeance à Bernanos, Nimier notait que son vieux maître "savait que la vertu de scandale n’est pas donnée à tout le monde" et connaissait le vrai poids de ce travail. Entre ironie et sarcasme.   "La philo n'est pas mal non plus. Malheureusement, elle est comme la Russie: pleine de marécages et souvent envahie par les allemands. J'ai toujours aimé le café sans sucre et la nuit sans personne". Il y a là une façon d’écrire qui brouille les pistes consciemment, et il n’est pas interdit de se demander s’il ne s’agit pas pour Nimier d’éviter de délivrer un message trop univoque, car son œuvre romanesque est tout particulièrement politique. De la moquerie à l’autodérision, la malice de Roger Nimier prend dans ses romans des formes diverses qui témoignent d’un art consommé de brouiller les pistes. Tout se passe comme si Nimier jouait à plaisir avec le lecteur comme Sanders avec les autres personnages. Ce jeu avec le lecteur consiste à susciter une interrogation, servie par tout un arsenal de techniques littéraires. Parmi celles-ci, l'écrivain recourt volontiers à la volte-face. Le refus du pathos politique, chez Nimier, s’apparente à un goût de l’ethos. L’auteur s’intéresse aux passions humaines et à la passion politique en particulier, avec la lucidité d’un moraliste. À ce titre, il prend du recul sur l’activité politique. Pour Sanders, l’homme nouveau des révolutionnaires est une vieille lune bonne à mettre au rancard et l’homme éternel, une triste réalité. C’est en cela que Nimier ne manque pas de s’attirer les foudres de tous les candidats du Progrès. Il n’envisage pas la possibilité d’amender la nature humaine pour constituer une humanité et un monde meilleurs. Pas d’espérance messianique ni de sotériologie immanente chez lui, pas plus que chez les moralistes du Grand Siècle. "Tout ce qui est humain m’est étranger" dit François Sanders. Le propos est excessif, mais significatif. Derrière la provocation, le paradoxe que constitue le détournement d’une citation aussi commune, cet aphorisme révèle une confiance limitée en l’être humain, fondée sur la connaissance de la nature humaine. La référence à Montaigne, fût-elle inversée, n’est pas gratuite, car la nature humaine existe bien pour Nimier qui, en philosophie, tient manifestement pour le primat de l’essence sur l’existence. Son pessimisme, quoiqu’il ne soit pas de système, est ontologique et se double quant à l’homme d’une méfiance empirique. Nimier ne semble pas faire pas confiance à l’homme, qui de son côté ne s’est jamais montré apte à la mériter. "Nous débordons de lucidité mais l'énergie nous manque un peu". ("Les Épées").   "Paris, voici ton fleuve et les larmes que tu versas, voilà ton visage au front penché. Paris, voici tes rues et la plaque d'identité au bras de chacune. Les hautes maisons subissent l'amertume du soir. Mes pas sonnent sur le boulevard. Je connais mon rôle sur la terre, mais je ne sais qui je suis". Pour éviter tout contresens, il convient de préciser que cette passion qui habite les héros de Nimier et les justifie doit peu de chose au romantisme, et tient plutôt de l’ardeur. Il peut y avoir chez Nimier quelques complaisances romantiques, fruit d’une nature sentimentale, mais on n’y trouvera pas trace de dilection morbide. La passion chez Nimier ne prend pas les formes de la phtisie, mais celles de la soif d’action. "Je revenais à ma nature véritable, achève Sanders à la fin du "Hussard bleu", qui était de servir à quelque chose, sans amour mais avec passion". La véritable passion, qui prend l’apparence d’une ardeur passionnée, consiste pour Nimier à dompter ses passions et à se surmonter pour parvenir à cet équilibre qui se nomme mesure. Il s’agit de la mesure classique, faite de logique et de force, et dont Nimier dit qu’elle "était belle lorsqu’elle indiquait les passions domptées", alors qu’"aujourd’hui, elle n’est plus qu’un signe de déchéance". Cette "beauté" des passions domptées rapproche la vision politique de l'auteur de celle du surhomme des nietzschéens, du saint des chrétiens et de l’honnête homme des français. On retrouve ici l’élève d’Aristote, dans la recherche d’une mesure qui ne doit rien au goût de la paix, mais à l’amour de la vérité. L’exigence morale et politique de Nimier, fondée sur l’intelligence de la passion, débouche sur la passion de l’intelligence. C’est dans l’ardeur de l’intelligence que Nimier trouve la justification à son exigence humaine, qui est à la fois morale et politique. C’est elle également qui réconcilie les plans de la pensée et de la provocation chez Nimier. Ainsi la provocation à la bêtise se résout dans le sérieux de l’intelligence. C’est parce qu’il est animé d’une intelligence vivace que le sérieux de Roger Nimier n’est jamais gravité. Cette dernière, il la laisse aux esprits pesants. L’intelligence interdit à l’écrivain comme à ses personnages d’être doctes, et si Nimier s’autorise à exiger une élégance de la pensée, des actes, c’est au nom de cela seul qu’il voit de transcendant en l’homme. La gravité derrière la légèreté.    "Ils s'émerveillent d'avoir tenu si longtemps, d'avoir sauvegardé leur mise. Ils arriveront devant Dieu et montreront leur vie dont ils n'ont rien fait, ils lui diront comme ils furent économes". Aux clartés de la foi, Nimier préfère celles de l’esprit. Celles-ci dressent dans ses romans, par petites touches de couleur vive, un tableau d’idées qui n’est pas sans rappeler les grands maîtres de l’école française, au premier rang desquels Chamfort préfigurait Nimier lorsqu’il affirmait que "la meilleure philosophie, relative au monde, est d’allier à son égard le sarcasme de la gaieté avec l’indulgence du mépris". Quoiqu’il étende la maxime au-delà du monde des seuls mondains, Nimier le moraliste ne laisse pas que de le savoir et élabore sur ces bases son "art politique", distillé à force de gais sarcasmes et de mépris indulgent. Les praticiens de cet art auraient tout intérêt à lire Roger Nimier. Cette saine et distrayante lecture serait sans doute hautement profitable à leur action politique. Pour paraphraser Nimier, "ça leur apprendra qu’il existe une section de la philosophie qui s’appelle la morale", et sans le fondement de laquelle toute philosophie politique est une imposture. Ni Nimier, ni ses compagnons de route, désignés comme "hussards", n’ont formulé de programme esthétique commun. Ils refusaient même l’étiquette qui leur a été collée tout en la confirmant par leurs activités, par leur coopération et le soutien réciproque, par les thèmes analogues de leurs romans et par leurs partis pris esthétiques. Le style, fluide et élégant, d’apparence traditionnelle de Nimier est un leurre. Pour voyante qu’elle soit, la manipulation du code linguistique et graphique (coquetèle, foutebôle, téhessef), aussi bien que la subversion de la thématique de la guerre, est de moindre conséquence que le procédé de rupture au niveau du discours et de la narration. La syntaxe parfaite, limpide de Nimier contrastant avec la rupture des isotopies sémantiques qui brisent la logique de l’énoncé, obligent le lecteur à se détourner du sens premier, initial, pour en reconstituer un autre avant que celui-ci ne soit à son tour remis en question pour que soit relancé le processus de la restructuration du sens. La cohésion recouvre la non-cohésion sémantique, l’ordre est là pour créer un espace de jeu.   "Le principe qui règne aujourd'hui est une curiosité universelle. Chacun montre sa belle âme, raconte ses secrets. Qui a le malheur de ne pas s'y intéresser est un monstre. Il faut se passionner pour les ennuis de sa concierge, sinon douze balles dans la peau. L'humanité, ça ne transige pas". À un niveau supérieur, celui des genres, Nimier pratique un autre type de manipulation discursive. En ce qui concerne le roman, genre synthétique et ouvert, le fait est moins visible. Enrevanche, ce trait de l’écriture nimierienne éclate là où la tradition avait bien fixé les règles. Quel plaisir alors que de lire les critiques littéraires sous forme de pastiches, de notes de voyage, de recettes de cuisine, de formules chimiques, de reportages. Le jeu subversif ne consiste pas dans la destruction de l’ordre, mais dans le détournement de la pertinence du discours, dans l’utilisation d’un ordre contre l’autre, d’un code à la place de l’autre, et cela d’autant plus que le jeun’infirme pas le sérieux de l’intention. Quant au roman, la subversivité discursive du code générique reste perceptible auniveau de la narration qui se situe à la limite de l’ordre et de l’incohérence. Les ruptures touchent toutes les catégories narratives: espace, temps, narrateur et narration. La fragmentation et la discontinuité sont liées à la perspective narrative. C’est une poétique qui s’oppose à la logique du modernisme avant-gardiste tout en étant novatrice, voire expérimentale, par son anti-avant-gardisme même. Le rappel de la tradition et du classicisme vient d’une exigence de l’ordre comme cadre nécessaire à la subversion des codes langagiers, thématiques, compositionnels, discursifs, narratifs. L’ordre et larègle sont aussi la condition nécessaire à l’approche ludique, celle du jeu littéraire qui devient alors une méthode de représentation du réel, conçu non plus comme une entité distincte de la fiction, mais se confondant avec elle. Ainsi la voie esthétique qui dans le contexte intellectuel de l’époque était surtout une réponse à l’Histoire et à la raison historique hégélienne a permis de développer des principes d’écriture qui s’affirmeront ultérieurement, surtout à partir des années 1970. Les romans de Nimier annoncent les temps nouveaux, une postérité postmoderne. L'écrivain était un précurseur.    "Sanders, je violais cette allemande, mais à la même seconde, un SS violait la femme que j’aimais le plus au monde. Ainsi, tout était consommé. Cependant, l'amour a quelque chose pour lui. Il résume le monde en un visage". Nimier n’est pas un auteur de droite. Et ceux qui l’affirment ne se fondent que sur deux faits minimes: son soutien à l’Algérie française, et la fameuse réplique: "Je préfère rester fasciste, bien que ce soit baroque et fatigant". Le monde littéraire sait pourtant depuis longtemps que ce genre de phrase a été écrit pour choquer, au même titre que les premières lignes des "Epées", souillant sans raison le visage en papier glacé de Marlène Dietrich. Si chacun des "hussards" de notre littérature devait avoir une épithète homérique, on pourrait lui attribuer, sinon les mots de Frébourg, la panoplie des adjectifs de panache qu’on attribue à Cyrano, en y ajoutant le cynisme et l’air taquin qui lui sont propres. Le rapport de Nimier avec Dieu est étrange. Sa mort, pour beaucoup est un suicide déguisé. Peut-être avait-il hâte de rencontrer le créateur ? Pour ce qu’on peut apprendre de ses écrits, il n’était pas ce qu’on appelle un fervent catholique. Mais il n’en était pas pour le moins un homme profond. Son personnage entier se construisait sur ses répliques de Sanders, qui résonnent comme des droites sèches, suivies d’un sourire narquois. Lorsqu’il parle du Bon Dieu, il ne change pas de méthode. Il le place souvent au niveau de ses créatures, avec un air de défi. Il n’est pas athée, voilà qui est sûr. Il s’est peu exprimé sur ses convictions religieuses, on trouve pourtant dans l’excellent cahier de l’Herne à son sujet, un entretien avec François Billetdoux, un questionnaire aux réponses laconiques ressemblant à l’introspection de Proust. "Comment Dieu vous tracasse-t-il ?" "Angoisses et remords à deux heures du matin. Interrogations métaphysiques à dix heures. Contemplations des gouffres à seize heures trente. Approches théologiques vers minuit". Piètre ami pour Blondin, peu aimé de Déon, on garde de lui pourtant quelques bons mots de Jacques Chardonne, ou encore de Marcel Aymé, qui nous réconcilient avec cette allure "je-m'en-foutiste" que le monde lui colle sans nuance désormais: "Écrivain puissant, d’une force à tout arracher, qui semoque de la critique. Il se pose des questions pointues au lieu de se laisser aller à son humeur. Il se méfie de sa joie,de sa tristesse ardente et se demande si le mieux n’est pas d’écrire sur la pointe des pieds des choses rares et nettes". Les obsèques de Roger Nimier ont eu lieu le trois octobre 1962 en la chapelle de l'hôpital de Garches, suivies par son inhumation, l'après-midi, au cimetière Saint-Michel de Saint-Brieuc où est également enterré le père d'Albert Camus.     Bibliographie et références:   - Pierre Boutang, "Hommage à Roger Nimier" - Jacques Chardonne, "Lettres à Roger Nimier" - Bernard Pingaud, "L'œuvre de Roger Nimier" - Marcel Aymé, "Mon ami, Roger Nimier" - Antoine Blondin, "La vie de Roger Nimier" - Olivier Frébourg, "Roger Nimier, trafiquant d'insolence" - Marc Dambre, "Roger Nimier, hussard du demi-siècle" - Louis Malle, "Ascenseur pour l'échafaud (film 1958)" - Christian Millau, "Au galop des hussards" - Roger Nimier, "Le hussard bleu" - Roger Nimier, "Les Épées" - Alain Sanders, "Roger Nimier, hussard bleu et talon rouge" - Pierre-Guillaume de Roux, "Roger Nimier et l'esprit Hussard" - Alain Cresciucci, "Roger Nimier, masculin, singulier, pluriel"   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
508 vues 5 aime
Par : le 24/11/23
Première publication pour vous faire un retour sur notre première séance. (attention, pavé!)   Ca y est, nous avons enfin fait le grand saut. Le besoin de réaliser ce que nous avions en tête se faisait de plus en plus pressant. Une journée de libre se profilait et nous décidâmes que c’était le bon moment. Pas de contrat entre nous pour l’instant, mais un questionnaire sur les pratiques acceptées et surtout celles interdites. Remplis et validé par les 2 protagonistes bien entendu. J’avais acheter plusieurs accessoires pour l’occasion ( cravache, martinet, bandeau pour les yeux, roulette à pics, crochet anal, pince tétons, barre de contrainte, collier et laisse ainsi que du matériel photo pour les souvenirs) Miss Lily s’était, de son coté, acheter un harnais en cuir. Avec les accessoires que nous avions déjà (plug, godes, vibro) nous étions prêts et équipé. Je laisse Miss Lily se préparer pour sa première rencontre avec son Maître. Pendant que je prépare le matériel, une certaine appréhension commence à se manifester, les choses on fait que je n’ai pas eu le temps de planifier cette première rencontre comme je l’aurai souhaité, je vais donc improviser en grande partie. Miss Lily arrive dans le salon, la chatte parfaitement rasée, vêtue de son harnais et de son string noir. Elle me tend son plug, quelques coups de langues plus tard, je lui insère délicatement dans son joli petit cul. Je lui présente son collier d’appartenance, elle sourit, je lui passe autour du cou, et je lui met la laisse aussi tôt. Ca y est, le Maître rencontre enfin sa soumise et vice versa. Les pinces tétons en place et le bandeau sur les yeux, je prend le temps de l’admirer, de la prendre en photo, elle est magnifique, c’est la plus belle. La cravache sera son premier ustensile de « torture », je lui frotte l’extrémité en cuir sur le corps, puis tombent les premier coups, Miss Lily sursaute mais ne dis mot. Je la fait se mettre à genoux sur le canapé, de façon à ce que son petit cul soit tendu vers moi. Je continu de travailler ses fesses à coups de cravache, les premières rougeurs commencent à apparaître, elle ne bouge pas et reste dans la position que son Maître lui à ordonné de prendre. Elle rempli son rôle à la perfection, je bande comme un taureau, il est temps d’ôter ce plug. Aussitôt fait je ne peut m’empêcher de la sodomiser, avec délicatesse tout d’abord. Pénétration comme dans du beurre, comme si son cul était fait pour ma queue, un pur délice. Rapidement, les coups de cravache recommencent à pleuvoir, les coups de queue se sont plus intenses. - Ma petite chienne, est-ce que ça te plaît de te faire enculer par ton Maître ?  - Oui - Oui qui ? - Oui Maître - Qu’est ce qui te plaît ? - De me faire enculer par mon Maître Je veux lui faire dire ces mots, je veux l’entendre de sa bouche qu’elle aime se faire enculer par son Maître. Je lui fais dire que c’est une grosse salope, et c’est ce qu’elle est, le temps de cette séance… Comme une bonne petite soumise, elle s’exécute. Je me retire de temps à autre pour admirer ce trou qui commence à se dilater. J’essaye la roulette à pics, pour voir sa réaction. Un petit sursaut, quelques contorsions et la chair de poule sur ses cuisses, ses fesses…. Encore quelques allés retours dans son cul et je décide qu’il est temps de changer de pièce. Mais avant je lui met son chapelet anal, une seule boule, je veux la voir marcher avec le reste du chapelet qui balance telle une queue. Elle marche jusqu’à la chambre (je lui ai fait enlever son bandeau des yeux) je la suis, regardant ce chapelet balancer à chaque pas… C’est beau. Je la met sur le lit, le cul en l’air, la tête contre le matelas, ses mains passant entre ses cuisses attachées au niveaux de ses chevilles, elle ne pourra plus bouger ainsi. Je lui ôtes son chapelet , lui mets quelques coups de bites, parce que j’aime ça, puis je décide de lui enfiler le crochet anal… avec la laisse, attachée au crochet et passant par l’anneau de son collier, je peux ainsi faire remonter le crochet en tirant sur la laisse, elle est contrainte de la tête aux pieds, en passant par le cul. Je la prend ainsi pendant un moment par la chatte, prenant soins de garder la laisse tendue. Mais l’envie de retourner dans son cul est trop forte. Je vois son anus bien dilaté avec ce crochet à l’intérieur… Tu en as toujours rêvé, alors vas y, me dis-je… Ma queue rejoins donc le crochet dans son anus… Chaque seconde qui passe je repousse un peu plus les limites de ma soumise, je vis un rêve, c’est un bonheur indescriptible. Je fini par enlever le crochet, s’en suis un festival godes et de bite, en vaginal, anal, double etc. Le tout sous une pluie torrentiel de coups de martinet et de cravache. Puis une pause s’impose, Miss Lily à déjà bien encaissé. On débrief un peu et on se pose devant un film, histoire de redescendre en douceur de notre nuage. « Killer » sur Netflix est sorti il n’y a pas longtemps, le film commence, mais nous n’en verrons pas la fin… Ma soumise est blotti contre moi, je ne peu m’empêcher de lui malaxer sa belle grosse paire de seins, le désir commence à monter, Lily commencer à me sucer langoureusement pendant que je m’occupe de ses tétons, je sais qu’elle adore. Elle finit par venir se poser sur ma queue. Elle commence ses allers-retours, je lui demande si elle se l’est mise dans cul, elle me répond par l’affirmative, bien évidemment. Une sensation de bonheur explose alors en moi, elle vois son Maître pour la première fois et le connaît déjà si bien, salope jusqu’au bout des ongles. On repasse rapidement dans la chambre, je saisi la cravache au passage, je veux lui exploser le cul, mettre ses fesses a sang. Même position que tout à l’heure, mais sans contraintes, elle aime trop ça, je sais qu’elle ne partira pas. Je lui met son vibro dans la main, elle pourra s’occuper un peu de son clitoris pendant que je m’occupe de son cul. Je la pilonne avec toute la passion qui est en moi, un gode dans la chatte pour la combler au maximum. Les coups de martinets tombent, comme la grêle sur un vélux. Je me lâche, vraiment, je ne me contrôle plus, je sens cette chaleur monter en moi, puis c’est l’explosion, je déverse tout mon sperme sur son anus, qui dégouline le long des belles lèvres de sa petite chatte… Je suis vidé. Lily, n’a pas jouis, elle me fait comprendre qu’il lui en faut encore, je ne bande plus, je lui glisse un, puis deux, puis trois, puis quatre doigts dans les fesses en faisant de petits allers retours, de l’autre main je manie la cravache, de plus en plus rapidement, ses fesses rougissent de plus en plus le plaisir arrive à son summum. Et puis tout d’un coup, un cri, ou plutôt un gémissement, Lily est en train de jouir en se tordant de plaisir, plaisir que je partage, quelle sensation que de faire jouir sa soumise en lui faisant « mal », c’est exquis. Un petit tour à la salle de bain et je lui propose un massage, elle en a besoin, moi aussi, besoin d’un peu de douceur après ce moment des plus intense. On termine en buvant une petite verveine pour débriefer. Ainsi s’achève cette comptine pour adulte, ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants…. Mouhaha !   Donc voici notre première expérience dans ce vaste monde. De mon point de vue tout était parfait, j’ai abusé de Lily et de son petit cul comme jamais je n’aurais osé le faire dans un autre contexte, je l’ai pénétré et « fouetté » plus que je ne l’aurai jamais imaginé. Lily s’est abandonné comme jamais, totalement dévouée à son Maître. Très fière d’avoir été « la chienne de mes fantasmes ». Elle me fait juste remarque que j’aurais pu y allé un peu plus crescendo, m’occuper d’avantage de ses tétons et de sa petite chatte. Et jouer un peu plus avec elle, plus d’espièglerie me dit elle. J’ai pris un pied immense à la prendre directement par le cul sans lui demander son avis, de manière totalement égoïste. Néanmoins, je prend note des ses remarques pour la prochaine séance. Je dois m’affiner, trouver on style, apprendre à lui donner aussi ce qu’elle veux tout en lui donnant le sentiment que je la « méprise », bref que je la Domine avec un grand D. Le chemin est encore long. Nous savions que ce ne serait pas parfait, mais honnêtement, pour une première, ce fût au-delà de mes (nos?) espérances. Des photos vont arriver, malheureusement pas de très bonne qualité, il faut que je prenne en main l’appareil photo récemment acquis. Miss Lily les postera, elle a ordre de les commenter. Et vous, c’était comment votre première séance ?   Maître J.
1.1000 vues 15 aime
Par : le 19/11/23
"Mes jambes ne sont pas si belles que ça, je sais juste quoi en faire. En devenant l’égale de l’homme, la femme perd beaucoup. Une femme peut faire tout ce que peut faire un homme, et en plus elle peut faire des enfants. En langue, le genre est particulièrement déroutant. Pourquoi, s'il vous plaît, une table devrait-elle être masculine en allemand, féminine en français et castrée en anglais ?". Pour Anita Berber (1899-1928), travailler c'était surtout imaginer. Elle sent pousser des germes en elle. Des mots éclatent comme ça dans ses entrailles et elle les écrit pour les retenir. Oh, ce n'était point-là de la littérature, elle le savait bien. En revanche, ils allaient alors devenir poésie, charmes et envoûtements car son corps allait les exprimer, les cracher en mouvements. Alors, elle serait chacun des éléments: l'air, le feu, l'eau et la terre. Le papier serait sa scène éthérée et enivrante. Née le dix juin 1899 à Dresde en Allemagne, Anita Berber a choqué et diverti le cabaret et la foule bourgeoise de la république de Weimar jusqu'à sa mort prématurée à l'âge de vingt-neuf ans. Star de cinéma, danseuse nue, "princesse de la débauche" et modèle de peinture d'Otto Dix. Elle est jeune, très belle, libre, avant-gardiste, c’est une œuvre d’art à elle toute seule. Muse, danseuse expressionniste et icône d'une génération en plein désastre. Difficile de saisir en si peu de mots la personnalité complexe et multiple d'Anita Berber. En 1925, Otto Dix réalise son portrait alors qu'elle est totalement dépassée par sa célébrité. Elle n'est plus qu'une artiste perdue parmi ses démons. Droguée, prostituée occasionnelle, bisexuelle, paranoïaque, elle nourrit les scandales et fait les choux-gras de la presse de la république de Weimar. On la déteste autant qu'on l'adule, plus puissante que l'effet des psychotropes dont elle s'abreuve. Artiste de renom, performeuse avant l'heure, elle dansait pour survivre à une époque où tout restait à faire. Entre Berlin, Wiesbaden et Düsseldorf, Anita est une esquisse, une évocation. Le portrait fulgurant d'une femme qui tente péniblement de dépasser sa légende. Danseuse instinctive, elle incarne la décadence aux yeux de ses contemporains et participe pourtant aux bouleversements artistiques et culturels de son temps. Géniale provocatrice, sa vie fut un météore. Elle meurt à l'âge de vingt-neuf ans, seule, abîmée par les drogues et épuisée par la tuberculose. Anita Berber reste encore aujourd'hui une source d'inspiration pour bon nombre d'artistes tels Ingrid Caven, Michael Michalsky, Karl Lagerfeld, Death in Vegas, Nina Hagen ou encore Rosa von Praunheim.   "Ce qu'un homme remarque d'abord à propos d'une femme, c'est si elle le remarque. En Amérique, le sexe est une obsession. Ailleurs c'est un fait". Anita Berber fascine encore aujourd’hui, plus de cent ans après sa naissance. Née en1899, elle incarne la femme libérée de l’Allemagne d’entre deux guerres. Dès son jeune âge, la jeune femme se produit dans les cabarets de Berlin. Provocante, elle est l’une des premières danseuses à utiliser sa pleine nudité dans ses spectacles. Anita développe une dépendance aux drogues, particulièrement l’opium et la cocaïne. On raconte qu’à Berlin,il n’est pas rare de l’apercevoir le nez recouvert de poudre. Utilisant sans gêne sa sexualité, Anita poursuit une quête absolue de plaisir. Bisexuelle assumée, Anita se prostitue à quelques occasions à ses débuts dans les cabarets. Elle vit sans limites, dans une société pourtant rigide, patriarcale et rongée par la crise économique causée par la première guerre mondiale. La république de Weimar vit ses derniers moments. Ainsi que le raconte André Gide, "Berlin a l'air de se prostituer du haut en bas". Gide en sait quelque chose. L'auteur des "Nourritures terrestres" fait régulièrement des escapades à "Berlin-la-Sodome", attiré par son atmosphère de bacchanale frénétique. Il emmène d'ailleurs volontiers avec lui Malraux qui, en 1934, se retrouve avec lui dans un hôtel dont les grooms sont, à sa plus grande stupéfaction, tous plus jeunes et plus "disponibles" les uns que les autres. À Berlin, les partouzes touchent toutes les catégories de la population. Le fils de Thomas Mann, qui découvre cette ville "corrompue" à dix-sept ans, résume en un hymne ironique ce qu'il pense: "Entrez donc, Mesdames et Messieurs, chez moi, ça va fort, ou plutôt ça s'en va à vau-l'eau. La vie nocturne de Berlin, ah mes enfants, le monde n'a encore rien vu de pareil ! Autrefois, nous avons eu une jolie armée, mais à présent, nous avons de jolies perversions. Du vice, encore du vice, rien que du vice, un choix colossal". Les baigneurs, hommes et femmes, enfants et adultes, sont nus dans la piscine de Gartenstrasse, au centre de la capitale. Les clubs où des hommes peuvent danser ensemble, enlacés, sont nombreux malgré l'interdiction officielle de l'homosexualité. De fait, il existe, dans le Berlin des années folles, des centaines de bars fetish où les filles comme les garçons, parfois âgés d'à peine quatorze ans, attendent en buvant de l'alcool. Certaines prostituées sont nues sous leur manteau de fourrure. Des travestis habillés en femme stationnent dans les toilettes pour dames. Des lesbiennes habillées en hommes campent dans les toilettes hommes. Berlin offre le spectacle d'une ville décadente ou émancipée.   "Sans tendresse, un homme est sans intérêt. Les écrivains, les compositeurs, les peintres, mais aussi les artistes comme les réalisateurs et les acteurs entrent dans la même catégorie. Ils doivent être manipulés avec des gants pour enfants, mentalement et physiquement". Mais derrière ce décor de fêtes et de paillettes, le chômage explose. Alors, la belle Anita décide de devenir danseuse de cabaret. Flamboyante, les cheveux rouges, elle danse en pantalons lorsqu’elle n’est pas nue, ce qui est peu commun à cette époque. En parallèle de ses succès comme danseuse, Anita Berber fait quelques apparitions au cinéma, notamment dans des films du réalisateur Richard Oswald. Trois fois mariée, Anita épouse en 1919 un riche héritier, Eberhard Von Nathusius. Elle le quittera pour vivre alors une histoire passionnelle avec une femme, Susi Wanowsky. En 1923, Anita convole ensuite avec son partenaire de scène, Sebastian Droste. Leur union fera scandale et leur vie de débauche les fera bannir d’une partie de l’Europe et se terminera avec le départ de Sebastien pour New York. Et puis soudain, en 1928, Anita quitte notre monde. Elle laisse en héritage une vie où le désir de liberté est absolu, vital, entrant au panthéon des icônes de son époque. Elle a sciemment brisé toutes les conventions sociales et théâtrales de son temps, proclamant ainsi par la suite une théorie pour justifier son comportement provocateur et transgresseur. Elle hantait le quartier de Friedrichstadt, apparaissant dans les halls d'hôtel, les boîtes de nuit et les casinos, rayonnante et nue, à l'exception d'une élégante banderole de sable qui masquait ses épaules décharnées et une paire de chaussures en cuir verni. Un temps, Anita Berber a fait ses entrées post-minuit vêtue seulement de ses talons, un petit singe effrayé qui pendait à son cou, et une broche en argent ancienne contenant de la cocaïne. Sur les scènes de cabaret de Berlin, elle dansait alors des fantaisies érotiques fantasques, inspirées par des concoctions d'éther et de chloroforme, de cognac, d'injections de morphine, et d'une disposition chic, pansexuelle. Ses danses portaient des noms tels que "Cocaïne" ou "Morphium". Les Berlinois, après quelques saisons tumultueuses au début des années vingt, se lassèrent enfin des scandales de la Berber. La grande prêtresse de la décadence chorégraphique est décédée dans la pauvreté en 1928, résultat d'une tentative désespérée de quitter abruptement sa plus chère addiction, le cognac, lassée du champagne.   "Les devoirs sont ce qui rend la vie la plus digne d'être vécue. Il arrive un moment où tout à coup vous réalisez que le rire est quelque chose dont vous vous souvenez et que vous étiez celui qui riait". Anita Berber est la fille d'une chanteuse de cabaret, Anna Lucie Thiem, dite Lucie, et de Félix Berber, premier violon du Gewandhaus de Leipzig qui se mariera cinq fois dans sa vie. Elle a trois ans et demi le huit novembre 1902 quand ses parents divorcent pour "opposition de caractères irréconciliables". À partir de 19066, elle est élevée à Dresde par sa grand-mère maternelle, Louise, dans un confort bourgeois. Elle a six ans et ne voit plus sa mère partie à Berlin, où Rudolf Nelson a embauchée celle ci dans la"revue du Chat Noir", cabaret de l'avenue Unter den Linden. À dix ans, soit un an avant Mary Wigman qui deviendra la promotrice de la danse expressionniste, elle est inscrite dans ce qui devient en 1912 l'Établissement d'enseignement Jacques Delcroze de Hellerau, où est mise en œuvre une pédagogie nouvelle basée sur la rythmique Jacques Dalcroze. En 1915, après que la guerre a éclaté, Anita Berber suit avec sa grand-mère sa mère à Wilmersdorf, une banlieue de Berlin où s'entassent les immigrés de l'intérieur. L'adolescente vit là, rue Zähringer, entourée de femmes, dont ses deux tantes maternelles, Else et Margarete, toutes deux vieilles filles. Tout en se produisant dans des cabarets, elle suit des cours à l'École de théâtre Maria Moissi de Berlin. Elle apprend la danse moderne et la pantomime en même temps que Dinah Nelken auprès de Rita Sacchetto, une actrice adepte d'Isadora Duncan et amie de Gustave Klimt qui, après avoir donné des spectacles de tableaux vivants à travers le monde, a ouvert dans sa villa une école. Elle monte sur scène pour la première fois en février 19166 à la Salle Blüthner, où elle participe à une chorégraphie au côté d'une autre débutante, Valeska Gert. Le chef de la censure Ernest von Glasenapp, qui est présent, préfère celle ci et déclare à propos de la première, "ça va vraiment trop loin". Elle part toutefois en tournée avec la troupe Sacchetto à travers l'Allemagne, Leipzig, Hambourg et Francfort. Sa rousseur naturelle la distingue parmi les nombreuses autres filles.   "Une fois qu'une femme a pardonné à son homme, elle ne doit pas réchauffer ses péchés pour le petit-déjeuner". Elle se produit dès lors en solo à l'Apollo, puis au Wintergarten, sous la direction d'un certain Pirelli, qui bouleverse le style de danse qu'elle a pratiquée jusqu'alors au sein des sages tableaux vivants de Sacchetto. Elle danse sur des musiques de compositeurs contemporains, tels Claude Debussy, Richard Strauss ou Camille Saint-Saëns, mais aussi Léo Delibes. Elle répète auprès d'Hélène Grimm-Reiter dans l'École pour la danse artistique et la culture physique, Kurfürstendamm, là même où sa jeune cadette Leni Riefenstahl réussit à s'offrir quelques cours à l'insu de ses parents. Richard Oswald l'introduit dans le cinématographe en 1918 et elle devient un mannequin recherché par les magazines féminins, une figure des ateliers photographiques Alex Binder et Eberth. La même année, elle fait sa première tournée à l'étranger, en Suisse, en Hongrie et en Autriche. Elle est à Budapest quand l'armistice est signé. Au cours d'une soirée de retour de scène, dans un hôtel de Vienne, complètement ivre, elle se livre pour la première fois en public à une danse alors entièrement déshabillée. Dans une capitale défaite et traversée par la révolution spartakiste, Anita Berber dépense sans compter en vêtements, chapeaux, chaussures et bijoux. Elle habite une suite de l'hôtel Adlon et entretient son image d'excentrique en se promenant un singe sur l'épaule et en s'habillant en homme. Elle lance la mode à la Berber, smoking et monocle. Anorexique, elle consomme éther, chloroforme, opium, cocaïne et cognac. La consommation de poudre lui vaut le surnom de "Reine des neiges". Elle découvre le sadomasochisme et fréquente alors grands restaurants et palaces. Elle a l'habitude de s'injecter de la morphine devant les autres clients. Elle parait une fois dans la salle à manger de l'Adlon entourée de deux jeunes hommes peints, vêtue d'un seul manteau de fourrure noire, qu'elle laisse tomber en prenant le champagne et qu'aussitôt le maître d'hôtel remet délicatement sur ses épaules. Punk avant l'heure, elle se teint les cheveux rouge sang et peint ses lèvres d'un grand cœur noir. La mode berlinoise est à la vedette sexuellement libérée. La rumeur prêtera à celle qui s'honore alors du titre de "mauvaise fille" de nombreuses liaisons saphiques, dont Marlene Dietrich. Anita Berber se met en ménage avec Susi Wanowsky, une femme divorcée d'un haut fonctionnaire de la police, propriétaire d'un bar pour rencontres lesbiennes, "La Garçonne".   "Le sexe est beaucoup mieux avec une femme, mais on ne peut pas vivre avec une femme". Le couple pratique un triolisme saphique avec Celly de Rheidt. Elle est d'une revue de Rudolf Nelson intitulée "Payez, s'il vous plaît" sur la scène du Théâtre Nelson, où triomphera cinq ans plus tard la Revue nègre de Joséphine Baker. Elle se produit sur la minuscule scène de "La Souris blanche", qui appartient à un puissant industriel, Peter Sachse, où certains spectateurs ne se présentent que le visage masqué. Son interprétation de "Morphine", sur la musique d'une valse lente écrite pour elle par Mischa Spoliansky, est un tube repris jusqu'à Paris. En juin 1922, Anita Berber rencontre au cours d'une soirée privée du Casino son prochain partenaire de scène, le poète homosexuel Sebastian Droste, qui, cocaïne aidant, prend aussitôt la place de Susi Wanowsky au poste de régisseur général. Fils de famille hambourgeois, c'est un danseur qui fut membre de la compagnie de Celly de Rheidt, une des maîtresses d'Anita Berber célèbre pour ses mises en scène subversives, plus blasphématoires qu'obscènes. Le spectacle que le nouveau couple met au point sans attendre se veut transgressif à la scène comme à la ville. La scénographie est confiée au viennois Harry Täuber, élève du peintre Franz Cižek, lui-même promoteur d'une pédagogie nouvelle qui laisse l'enfant s'exprimer. Évocation ambiguë du sadomasochisme comme du tabou sexuel qui pèse alors sur un possible métissage, l'entrée du personnage féminin, armé de fouets, se fait entre deux "nègres". À Vienne, Anita Berber a une brève, et incertaine, aventure avec la baronne Léonie von Puttkamer, cocotte extravagante qui fut cinq ans plus tôt l'obsession de Margarethe Csonka, la jeune homosexuelle suicidaire analysée par Sigmund Freud et plus connue sous le pseudonyme de Sidonie Csillag. Les tournées sont l'occasion de rencontres artistiques, en particulier avec Felix Albrecht Harta, Otto et Martha Dix, admirateurs qui n'hésiteront plus à parcourir de longues distances pour l'admirer sur scène. "Si charmante, si adorable, très spontanée et très séduisante" aux yeux de Martha Dix, qui la voit alors pourtant vider en moins d'une heure unebouteille de cognac tout en se maquillant dans sa loge, Anita Berber est peinte par Otto Dix sous les traits d'une vieillarde moulée dans une robe rouge, portrait totalement différent de la vision idéalisée qu'en a alors son épouse.   "Nous dansons la mort, la maladie, la grossesse, la syphilis, la folie, la famine, le handicap, personne ne nous prend au sérieux". À l'occasion, Anita Berber se prostitue, sans gêne, voire par provocation. À Wiesbaden, en 1925, devant ses amis Martha et Otto Dix avec lesquels elle se promène au sortir d'une représentation, elle répond à tout admirateur qui l'aborde: "C'est deux cents marks". Elle justifie cette pratique par le peu que lui rapporte son métier et le prix élevéde ses costumes qu'elle doit payer elle-même. Physiquement épuisée, elle se réfugie à Berlin auprès de son ami, le docteur Magnus Hirschfeld. Elle est hébergée dans une pièce qui sert d'infirmerie. C'est au salon Eldorado, qu'elle s'adonne à la cocaïne. Elle y entend les chansons de rue de Claire Waldoff, qui tient salon avec sa compagne Olgavon Roeder, ainsi que le duo Margo Lion Marlène Dietrich interprétant la chansonnette explicite "Ma meilleure amie". L'ex-actrice essaie de se reconvertir dans le théâtre. Embauchée au Theâtre intime de la Bülowstrasse par Gustave Heppner, elle joue, entre autres rôles, un des multiples personnages dans "Un Jeu de rêve" d'August Strindberg, qui est un hommage à la "Traumdeutung" de Sigmund Freud. La tournée au Proche-Orient reprend à l'automne. Dans la nuit du dix juin 1928, Anita Berber s’effondre dans une boîte de nuit de Beyrouth. Le médecin lui diagnostique alors une "phtisie galopante". Elle doit renoncer à poursuivre la tournée jusqu'à Damas. Son rapatriement en compagnie d'Henri Hofman est un calvaire dispendieux, son état imposant de longues étapes. Arrivée désargentée à Prague au bout de quatre mois, il faut alors qu'une collecte soit organisée dans les coulisses des cabarets de Berlin pour lui permettre d'acheter les billets de train. Hébergée par sa mère, elle est admise à l'hôpital Béthanie, qui accueille les indigents, et reste optimiste, forme des projets, prend soin de ses jambes. Elle meurt moins de trois semaines après son hospitalisation, le dix novembre, à l'âge de trente neuf ans. L'enterrement a lieu sous la pluie, trois jours plus tard, au cimetière Saint-Thomas de NeuKölln de Berlin. Elle est alors enterrée très pauvrement, sans pierre tombale.   "Les mots peuvent blesser et briser les cœurs et les esprits". Madonna et Lady Gaga ignorent probablement tout de la vie d’Anita Berber, l’oiseau de nuit le plus excentrique de l’Allemagne de Weimar, dont le tableau d’Otto Dix, La danseuse Anita Berber, peint en 1925, a longtemps tenu lieu de seul fil mémoriel. Pourtant, elles lui sont redevables d’une même filiation: la scène comme lieu où s’effacent et se réinventent les frontières entre avant-garde, érotisme et provocation. Danseuse, actrice, cabarettiste et poète, Anita Berber fut sans doute la première performeuse de l’histoire de la scène. Une performeuse dont le destin aussi flambant que dramatique semble inséparable des crises de la société allemande d’après-guerre. Érotisme d’après-guerre, Salomé, la dernière perversité. C’est en ces termes que se construisait sa gloire. Cette génération qui a vingt ans en 1918 a été alors marquée au vitriol par la grande guerre et découvre le chaos d’une Allemagne destituée de son Empire, en pleine révolution politique et dans la tourmente économique. Elle doit construire sa liberté dans ce paysage ravagé. La révolte contre l’autorité des pères sera alors volcanique. Anita Berber met alors en scène cette révolte, sans l’assortir d’un discours politique, comme le font les dadaïstes, mais lui donnant la tournure d’un anarchisme subjectif. Lorsque cette femme danse ses danses du vice, de l’effroi et de la folie, elle se danse elle-même. Ce n’est pas de la fantaisie, mais son propre être intérieur qu’elle met à nu devant les spectateurs. Son parcours ressemble à une suite de fuites en avant, chaque provocation en entraînant une autre toujours plus osée, chaque prise de risque visant à lui assurer le maintien de sa notoriété."Je suis une artiste et non une perverse. Vous pensez que je suis folle parce que je poudre de blanc mon visage, que je danse nue et prends de la cocaïne. La raison à cela est que j’ai sans doute alors commencé très tôt à lire Baudelaire et les ouvrages d’Henri Barbusse sur la guerre. Mon partenaire Sebastian Droste a traduit pour moi des textes grecs qui disent que ce n’est pas un vice de montrer son corps nu, car le corps est un cadeau de Dieu". La stabilisation économique a mis fin à la vie nocturne et ses excès. Les nouvelles idoles de Weimar sont alors désormais des reines de jour aux silhouettes sportives et bronzées. Comme la cabarettiste Valeska Gert, sortie de l’oubli grâce au cinéaste Völker Schlöndorf, Anita Berber ne sera redécouverte que tardivement, au cours des années 1980, par ses biographes en quête des derniers témoins des tumultes de Weimar, époque trop aisément regardée comme un âge d’or. Elle incarne sans doute l’esprit d’une génération qui fut la première au XXème siècle à se révolter et à réclamer le droit d’inventer sa propre vie. Une aspiration dont l’écho traversera tout le siècle avecplus ou moins de bonheur et dont s’empareront à leur tour la génération de mai soixante-huit et les postmodernes.   Bibliographie et références:   - R. M. Pettis, "Anita Berber" - Varo Andor, "Anita Berber" - J. Jentchik, "Anita Berber" - Klaus Thomas Mann, "Anita Berber" - Mel Gordon, "Five professions of Anita Berber" - L. Fischer, "Anita Berber, 1918-1928" - U. Scheub, "Anita Berber, göttin der nacht" - Ralf Georg Czapla, "Anita Berber" - Merrill Cole, "Anita Berber, danseuse nue" - L. Guilbert, "Anita Berber ou la danse par le scandale" - Leo Lania, "Anita Berber, a Weimar performance artist"   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.  
511 vues 9 aime
Par : le 17/11/23
Dans "L'Emprise", Christine Arven dépeint avec une finesse remarquable le parcours de Laure, professeure dans un lycée d'Aubagne, dont la vie bascule suite à la réception d'un colis mystérieux. Arven, avec un doigté d'écriture féminine, nous plonge dans l'intimité bouleversée de Laure, une femme confrontée à des désirs inavoués et à une soumission librement acceptée. Ce roman se distingue par sa capacité à traiter de thématiques BDSM sans jamais verser dans la vulgarité. L'auteure maîtrise l'art de la suggestion, utilisant la subtilité plutôt que l'explicite, un choix qui enrichit la narration et confère une élégance rare au genre. Les descriptions sensibles et détaillées de l'éveil de Laure à de nouvelles expériences sexuelles et émotionnelles sont traitées avec un respect et une profondeur qui captivent le lecteur. La transformation de Laure, d'abord réticente puis progressivement envoûtée, est un voyage initiatique qui explore les limites entre désir, pouvoir et contrôle. Christine Arven réussit à tisser une histoire où la soumission devient un chemin vers la découverte de soi, loin des clichés souvent associés au BDSM. Elle démontre que la soumission peut être une expérience libératrice et consentie, un aspect souvent négligé dans les représentations littéraires de cette pratique. Le style d'Arven est fluide et accessible, rendant le livre agréable à lire. Sa prose est à la fois riche et facile à suivre, ce qui est une prouesse pour un sujet aussi complexe. Elle sait captiver son lectorat, jonglant habilement entre les scènes intimes et les aspects plus psychologiques du récit. "L'Emprise" est un roman qui se démarque dans le paysage littéraire du BDSM. Christine Arven offre une œuvre sensible et réfléchie, une lecture qui s'adresse autant aux amateurs du genre qu'à ceux qui cherchent à comprendre ses nuances. Ce livre est une invitation à explorer les zones d'ombre et de lumière de nos désirs, dans un cadre de respect et de consentement. Un incontournable pour ceux qui cherchent à appréhender le BDSM sous un angle nouveau et élégant.   Si vous avez lu ce livre, n'hésitez pas à laisser votre avis en commentaires ci dessous
671 vues 9 aime
Par : le 16/11/23
J’ai reçu beaucoup de messages, en direct ou en privé, m’informant que mon écriture plaisait alors, je me suis dit : continuons et voyons où ça nous mène. Sachez d’abord que cette histoire se déroule avant les deux premiers épisodes « Elle s’appelait Géraldine » et « Elle s’appelait Géraldine, l’autre Caroline » que vous retrouverez, normalement facilement, sur ce site. Bref, ça se passe avant l’épisode 1 et 2, c’est mon côté « Star Wars ». Je pense que nous sommes en 1999, je suis alors militant dans une association et deux jeunes femmes, elles aussi étudiantes et militantes, nous proposent, après une réunion de ladite association, d’aller boire un verre ensemble. Frédéric et moi, amis à l’époque, acceptons avec plaisir. J’ai 26 ans, je suis célibataire, une petite alarme se déclenche dans ma tête : « serions-nous en présence de deux femmes attirées par deux hommes ? ». A ce moment-là, rien ne permet de l’affirmer alors, prudence, allons dans un café, Lille est assez bien lotie à ce niveau. Après avoir, facilement, choisi le bar, nous entamons la conversation par notre point commun : notre militantisme. Nous sommes dans une association très militante donc, comme d’habitude, le débat s’enflamme (dans le respect, bien sûr) et quelques divergences d’opinion entre nous apparaissent mais rien ne permettant d’entraver la bonne humeur et la bière belge. La serveuse, que je connais, commence à discuter avec moi. Je l’aime bien, toujours souriante, charmante et bienveillante. Son regard et, j’imagine, son intérêt, glisse doucement vers Frédéric qui, lui, n’était jamais venu ici et ne la connaissait donc pas. Je me souviens du regard de Fabienne lors de cette tentative d’intrusion : le regard noir de celle à qui l’on veut piquer sa proie (alarme niveau 2). La serveuse comprend le message d’un œil un peu aigri et repart derrière son zinc ramasser ses verres en même temps que sa déception. Cette scène, à la fois pénible et heureuse, me laisse à penser que Fabienne a choisi son homme (pour la soirée ou plus) et que Sylvana m’a été « attribuée » lors d’une discussion secrète pendant un passage aux toilettes (voici donc pourquoi, Mesdames, vous y aller toujours à deux !). Il ne me manque plus qu’un détail pour confirmer mon intuition : une proposition d’un « dernier verre » au domicile de l’un ou de l’une d’entre nous. Ça n’a pas tardé. Au bout d’un moment, les filles nous demandent si nous habitons loin et s’il serait possible de prolonger la soirée chez l’un ou l’autre (alarme niveau 3) : contextuellement, Frédéric et moi avons chacun un appartement relativement près du bar, un simple passage dans le métro lillois nous permettra d’y être en 10 minutes. Le mien étant plus grand et mieux adapté à la situation, on se dirige donc vers Fives (NDLA : un quartier de Lille). Pour la petite histoire, c’est ce même appartement qui accueillera Géraldine quelques mois plus tard pour une soirée -dont le lecteur aguerri se souvient sûrement- mémorable (cf. Episode 1). Si votre mémoire est bonne, je possède un lit d’appoint, apte à accueillir les amours débutants en dehors de MON lit. Pour décrire un peu le lieu, j’ai 50m² (à l’époque, c’était encore à peu près jouable de se loger à Lille) : Une grande salle à manger, une grande chambre, une cuisine et une salle de bain/WC, le tout en longueur, comme beaucoup d’habitations lilloises. La grande chambre peut largement accueillir le groupe. Ici siège un lit 2 personnes, un canapé convertible 2 personnes, 2 fauteuils assortis au canapé, une table basse et une télévision, peu utilisée. Je sors quelques boissons de mon frigo, les amène à mes hôtes et essaie de changer de conversation, le militantisme étant peu compatible avec la séduction. J’ai quelques affiches de films dans ma chambre et la discussion part donc dans le monde de Quentin TARENTINO et autres génies. J’ai sorti de la bière et quelques alcools forts (vodka, whisky). Les filles m’indiquent que je veux les enivrer pour mieux profiter d’elles, je leur réponds qu’à priori, notre discussion dans le café et dans le métro aurait dû suffire à les saouler et que je ne leur apporte là qu’un moyen pacifique de clore le débat. Mon humour fait mouche : Sylvana me regarde avec, dans les yeux, une tendresse qui me laisse entrevoir un espoir ou, au pire, une espérance (alarme niveau 4). A ce niveau de l’histoire, je sens poindre en vous, cher lecteur, une certaine impatience faite de martinet, de fesses qui claquent et de cris de douleurs. Patience, mon ami, patience. C’est Frédéric qui a fait glisser la soirée dans un autre monde. Lui aussi pratiquait le BDSM, on avait même pratiqué ensemble plusieurs fois. Cela entretenait la pratique car trouver une femme BDSM, surtout à cette époque, était une aventure compliquée. Donc, comme je le disais, c’est Frédéric qui a tout déclenché. « Tu sais où est mon briquet ? », me demanda-t-il comme si j’étais son intendant. Je lui répondis que non, je ne le savais pas, n’étant pas fumeur (et ne l’étant toujours pas). C’était un beau briquet, un Zippo, que son frère lui avait offert récemment pour son anniversaire. N’étant pas d’un naturel inquiet, Frédéric fouilla simplement sa veste et abandonna sa recherche, sachant pertinemment que, si je le retrouvais, je n’irais pas aussitôt le mettre en vente sur « le bon coin », ce site n’existant pas encore. Mais, curieusement, la présence de cette veste le perturbait, il se dirigea donc vers mon armoire pour s’en débarrasser. Et c’est là que ce qui aurait pu devenir un drame arriva : l’armoire en question contenait mes fringues (normal), une couverture et une couette pour le lit d’appoint (normal) et un martinet, 4 paires de menottes, des cordes, des bougies et quelques sex-toys (normal ?). Impossible de détourner le regard de mes hôtes, déjà intriguées par cette entrée en matière pour le moins indélicate. Oui, j’aime le BDSM, et vous le savez si vous me lisez, mais j’ai aussi une vie hétérosexuelle des plus banales qui me pousse, parfois, à côtoyer le sexe opposé pour des raisons plus… biologiques. Et cette soirée devait en être une, ce ne fût pas le cas. Enfin, pas entièrement. Etant à MON domicile, dans MA chambre, devant MON armoire, je ne pus nier que ce matériel était le mien. Je tentai maladroitement de chercher une raison mais mon bafouillage et, surtout, ma gêne (on est 1999) essayaient de fuir, au moins mentalement, la scène hallucinante qui se jouait chez moi, et ça ne pouvait pas m’aider à être clair dans mes propos. Les deux femmes étaient amies, à priori de longue date, peut-être même amies d’enfance. Leurs regards complices depuis le début de la soirée ne laissaient planer aucun doute à ce sujet. Après m’être emberlificoté dans des explications dont le niveau de crédibilité approchait la température de mon frigo, j’essayai de me raccrocher à quelque chose, à un regard (celui de Frédéric était perdu dans l’armoire, cherchant sans doute à analyser son geste : il savait que le « matériel » était dans ce meuble), celui de Fabienne était dans celui de Sylvana et vice-versa. Seul mon verre de whisky m’apportait un peu de soutien et de contenance, je le bus d’une traite pour essayer de contenir une irrésistible envie de faire mes bagages, de quitter l’Europe, de m’installer au Canada, au milieu des grizzlys et de chanter du Céline Dion un pancake à la main. Le regard de Sylvana croisa le mien au moment où je rouvris les yeux (car c’était un très bon whisky). Curieusement, à l’heure où je m’attendis à entendre un « bon, on va rentrer, merci pour le verre » et autres charabias visant à cacher la gêne occasionnée, elle lança une phrase non dénuée d’intérêt pour la suite : « Tu pratiques depuis longtemps ? » « Où est ma bouteille de whisky ? », pensais-je aussitôt. Je me rassis dans le fauteuil, près de l’armoire coupable, pris un temps pour remettre mes organes en place, Frédéric me servit un whisky. On était ami, à l’époque et il savait que j’en avais besoin. Une nouvelle discussion démarra donc. Frédéric dit adieu à son armoire chérie et s’assit à côté de Fabienne sur le canapé. Il avait, lui aussi, compris que la soirée avait changer de thème. Quelques explications plus tard, je retrouvai chez ma compagne nocturne le même regard qu’avant l’incident : de la tendresse en barre et j’étais prêt à y goûter. Une demande émana de Fabienne : « on peut voir ton matériel ? ». Ok, je sens poindre un intérêt mais attendons, passons d’abord le niveau de l’alarme à 5 et voyons ce qui se passe. J’avais quelques sex-toys, achetés récemment (des soldes monstres dans mon sex-shop habituel) non pas pour mon plaisir personnel mais pour une éventuelle soumise future. D’ailleurs, ils étaient encore sous blister. Les jeunes femmes les regardèrent sans pour autant y voir un grand intérêt. Par contre, les menottes avaient l’air de les intéresser. Je sortis les clés d’un tiroir pour leur signifier que le jeu était permis et les voilà parties dans un essayage fait de rire et de complicité. Oui, elles se connaissent depuis longtemps, c’est certain. La récréation passée, la discussion pris une tournure plus directe : quel rôle aimerions-nous jouer ? Pour être le plus simple possible, Fred et moi étions switch mais lui était encore en recherche. Il ne le savait pas encore. Cette nuit lui apportera peut-être quelques réponses. De leur côté, nos gentes damoiselles laissaient planer le suspense. Sylvana me prit par la main, comme pour m’emmener quelque part mais, en fait, elle se rapprocha de moi, s’assit sur mes genoux et m’embrassa « comme au cinéma », un baiser long, délicat et fougueux. Va-t-on finalement finir la nuit en mode vanille ? Point du tout. Un autre objet avait attiré l’attention de ma compagne : un jeu de cartes, 52 cartes et 2 jokers. « Et si on jouait à un jeu ? ». La saga Saw n’ayant pas encore commencé, je ne pris pas mes jambes à mon cou mais caressa délicatement celui de ma partenaire d’un soir. Donc, pour les deux du fond qui n’ont pas suivi, cette phrase signifiait que les deux femmes en question étaient switch. Dans le jargon, on appelle ça un Bingo car on peut multiplier les scénarios et les possibilités. Sylvana mélangea les cartes et les posa sur la table, faces cachées. « Voici les règles, annonça-t-elle d’un ton autoritaire : Nous allons tous tirer une carte en même temps et la retourner à mon « top ». Chaque carte aura ses conséquences : Le pique représente le martinet Le trèfle représente la main (fessée) Le cœur représente la bougie Le carreau représente un « tripotage intime » Quant aux valeurs, elle représente le nombre que vous subirez si vous perdez (2,3,4... le valet 11, la dame 12, le roi 13 et le terrible as représentant le 14). Pour le carreau, ce chiffre correspondra aux secondes. J’étais stupéfait. Fabienne me rassura : « c’est un jeu auquel on joue souvent. Nous l’avons inventé il y a des années ». Je comprenais mieux son assurance. « La dernière règle à connaitre est la suivante : si vous piochez le joker, vous devrez subir tout ce que vous avez pioché avant » La tension était palpable. Frédéric et moi nous étions donnés rendez-vous le matin même pour aller en cours, qui n’avait lieu que le matin, l’après-midi étant consacré à la recherche de stage (et nous avions déjà nos entreprises). Nous avions donc passé l’après-midi en ville (oui, les mecs font aussi du shopping). Par la suite, chacun était rentré chez lui et nous nous étions retrouvé le soir même pour la fameuse réunion. Aucun d’entre nous ne se serait doutés, en se levant le matin, finir dans un suspense sauce BDSM. Après avoir signalé que 104 gouttes de cire, ça pouvait faire beaucoup (maximum si l’on tire tous les cœurs), la maîtresse du jeu m’indiqua que cela n’était jamais arrivé et que le joker tombait relativement tôt. Elle avait raison. Nous fîmes un essai « blanc » et, en effet, la 7ème carte fût un joker. Une question me vint vite : « et si on pioche le joker en première carte ? » « Ça te coûte une vie », lança-t-elle à la volée. Elle venait, en fait, d’inventer cette règle pour pimenter la soirée. Explications : nous démarrons tous avec 5 vies : Un joker trouvé = mini-séance de torture comme indiqué plus haut + une vie en moins. Celui, ou celle, qui n’a plus de vie est exclu du jeu et deviendra l’esclave de son partenaire de ce soir. J’étais donc en concurrence avec Sylvana. Joli challenge. J’avais donc, c’est le cas de le dire, les cartes en main pour passer une bonne soirée. Je souhaitais, secrètement, jouer les deux rôles dans la soirée, je ne fus pas déçu. Fabienne tira le premier joker : comme elle n’était pas novice dans ce jeu, elle se leva, retira ses vêtements, tous ses vêtements pendant que Sylvana retirait les cartes de la table basse. Et y installa la condamnée. Une table, 4 pieds et une quadrupède : Le calcul était vite fait. Nous participons tous à la séance d’attache : les jambes sont encordées et les mains menottées : rapide, pratique, efficace et jubilatoire au plus haut point. Nous faisons les calculs, les 4 symboles sont présents mais le nombre est faible. Restons positifs, on a de quoi s’amuser. Dernier détail, Sylvana retire son écharpe légère pour bander les yeux de Fabienne. « Bon sang, mais bien sûr, me dis-je à l’intérieur de mon cerveau cerné par l’excitation et les effets des whisky précédents, nous sommes trois bourreaux potentiels et, par cette subtilité aveugle, Fabienne ne pourra pas savoir qui lui inflige les douleurs récoltées. Je dois de toute urgence ranger ce jeu dans mes favoris (alors que je n’avais pas encore d’ordi à l’époque). » Je vis dans le sourire de Sylvana une certaine fierté d’avoir ajouté cet élément, celui de Fabienne, par contre, semblait lui dire « espèce de petite coquine ». Nous étions entre gens de bonne compagnie. Les cartes qu’a tirées Fabienne sont sur le sol, dos tourné et nous allons chacun piocher une carte et lui faire subir la sanction liée. Je commence : 7 de trèfles, je dois fesser la prisonnière. Sylvana annonce « 7 de trèfle ». Je fis mon office avec, dans l’idée, de ne pas frapper trop intensément pour ne pas, à mon tour, souffrir trop si par « malheur » je perdais aussi mais avec la certitude de l’anonymat qui, quoi qu’il arrive, me garantissait l’absolution. Les petits sursauts de Fabienne, à chacun de mes coups, m’envoyer un message clair : vivement que je perde. Les deux autres, spectateurs de la scène, prenaient leur pied, eux aussi. Vint le tour de Frédéric qui tombait sur une bougie de « 12 » : une dame de cœur. La victime se débâtit, en vain, et je vis mon ami très attentionné lorsqu’il fallut, comme le veut la tradition, lui enlever les gouttes qui avaient séché. Un peu de tendresse, en somme. Sylvana, avec sa carte « martinet », ne fit pas dans la dentelle. Les coups étaient nets et clairs. Elle nous indiquait clairement son choix : je vais vous faire mal si vous vous retrouvez à sa place. Message reçu. On continue ? C’est Frédéric qui eût la dernière carte de ce premier round : martinet 11. Il fit de son mieux pour ne pas trop abimer ce cul qui, se disait-il, lui serait destiné à un moment ou un autre de la soirée. Une fois terminé, nous détachâmes la femme dont les seins, bien que plaqués sur la table depuis 10 minutes, pointaient clairement en direction de nos yeux et qui semblaient réclamer vengeance. Fabienne demeura nue pour la deuxième partie. A chaque tirage, notre cœur battait la chamade. Impossible de résister à la tentation d'espérer soit de toucher un joker, soit de voir un autre le faire selon les circonstances et, il faut bien l’avouer, l’excitation. Cette partie fut un peu plus longue et le joker se fit attendre. A la 9e carte, ce dernier tomba, mal, très mal pour moi : j'étais le second condamné de la soirée. Alea Carta Est : les cartes en sont jetées. Je pris la même position que Fabienne quelques minutes auparavant, après m’être déshabillé. La sensation de se faire manipuler par 3 personnes qui vous attachent à une table est absolument grandiose. Je suis le centre d'intérêt du moment. Ça promet. Mes 8 cartes sont étalées sur le sol. Je les vois encore, pas longtemps. Une écharpe vient me bander les yeux. Dès lors, mes oreilles sont attentives. Une carte est tirée : directement un as de pique, 14 coups de Martinet et je ne sais pas qui va officier. Le premier coup me laisse entrevoir une partie de la réponse. Il est relativement violent. Aucun doute, c'est une des 2 filles, soit Sylvana qui a clairement planter le décor dans le round précédent, soit Fabienne qui se venge du même round. Au bout des 14 coups, j'ai déjà bien mal et je sais qu'il me reste encore 7 cartes. Parmi ces 7 cartes 2 seront des carreaux. Les mains correspondantes me semblent clairement féminines mais je peux me tromper tant il est vrai que les hommes peuvent être aussi délicats que les femmes dans ces circonstances. A la fin, lorsque je lorsque l’on me détache, je ne pense qu’à une chose : me venger. Je comprends le regard précédent de Fabienne, nous sommes désormais compagnons de souffrance. Je n’en aurais pas l'occasion : au bout de la 6e carte, je perds le 3e round. Il me reste 3 vies. Comme Fabienne, je suis demeuré nu pendant le jeu, pour ne pas perdre de temps. Au début du 4e round, je sens qu'une main me caresse délicatement le dos. C'est Sylvana qui marque son territoire, m’imaginant sans doute bientôt sans vie. Elle me fait aussi comprendre que la suite de la nuit sera, elle aussi, agréable. Quelle belle soirée ! Sylvana perdra cette quatrième manche. Elle devra payer un lourd tribut : de plus de 50 gouttes de cire de bougie : atroce mais tellement jubilatoire que je ne puis m'empêcher d’être déjà excité au plus haut point. La question se pose : Va-t-on finir ce jeu ? Pas sûr, Fabienne se décide enfin à embrasser son prétendant, en pleine séance de torture de Sylvana, pendant que je lui caressais l’entre-jambe (un dix de carreau, de mémoire). Frédéric, seul à être encore habillé, ne s’en laisse pas conter et entreprend désormais de rattraper son retard, tant sur le plan vestimentaire que sexuel. Sylvana tend l’oreille. Elle comprend que quelque chose se passe. Je lui retire son écharpe. Ses yeux assistent, impuissants, à cette scène surréaliste. Nous n’existons plus. Nos deux partenaires de soirée sont partis dans un autre monde et je sais que la mienne espère la même chose. Oui, mais elle est attachée. Je lui caresse, à mon tour, le dos, sorte de retour sur investissement précédent. Elle se débat, pensant que je vais abuser de la situation. Je lui tripote, tendrement, le sexe, pour lui envoyer un message de paix. Elle accepte de signer ce traité, fermant les yeux pour partir dans ces cieux où vous partez, parfois, mesdames, sans nous emmener, simple instrument du plaisir que nous sommes mais tellement heureux d’y participer. J’embrasse goulument ma prisonnière, désormais volontaire. Je sens ses mains sur mes cuisses, car les menottes laissent une certaine liberté de mouvement. Elle tente d’atteindre mon sexe mais je le lui refuse pour le moment. Je vais d’abord lui procurer du plaisir. Je change de côté et attaque « le sanctuaire des sanctuaires », hommage au grand Tarantino, pile sous l’affiche de Pulp Fiction, conjecture parfaite. Fabienne, retirant un morceau de mon ami de sa bouche, décide de s’enquérir de l’état de sa compagne. Elle se rend compte, comme dans certains contes qui se racontent, que le compte à rebours vers l’extase est déjà entamé pour ma partenaire et décide de retourner à son occupation première afin de garantir la rigidité de l’organe qui, si tout se passe bien, lui permettra dans un certain temps, d’atteindre, elle aussi, l’extase. « A la fin de l’envoi, je touche », le génial Edmond n’aurait pas démenti, tant la scène était belle. Sylvana était l’extase personnifiée. Elle reprend désormais sa respiration. Je sais que je ne suis pas forcément un spécialiste de la jouissance linguale mais les circonstances ont joué en ma faveur : je dois absolument faire durer le plaisir. Avant de détacher ma partenaire, je prends mon temps et une vodka. Je suis désormais debout devant ma prisonnière et elle se rend compte que, moi aussi, je suis prêt pour partager une extase avec elle, surtout avec la vision que nous avons sur Fabienne délicatement occupée à entretenir la flamme de mon ami sans pour autant lui surchauffer la mèche. Je lui détache les jambes et me dirige vers les menottes. A peine la première main est-elle désentravée que cette dernière se précipite aussitôt vers ma partie intime afin de rattraper son retard préliminaire. Surpris par cette sympathique initiative, je me retrouve en grande difficulté pour gérer l’autre menotte. Sylvana le comprend et me retire les clés de ma main tremblante de désir et se détache seule. Nous sommes désormais deux êtres libres et prêts à partir dans le train de l’extase. Ce sera un wagon couchette. Mon lit est confortable, vieux mais très confortable, j’y invite ma princesse d’un soir. Dans ces moments, nous, les hommes, bien que recherchant la jouissance, voulons absolument faire durer le plaisir, prendre notre temps. Ces moments sont rares, alors profitons-en. Nos voisins de pieux font une pause. Apparemment, Fabienne est très douée et Frédéric ne veut pas quitter le wagon trop tôt. C’est leur phase tendresse à eux. On se colle l’un à l’autre mais on ne touche pas aux jouets, trop instables pour le moment. Ça ne dure pas longtemps. Frédéric, lui, est un expert en langue. Il est temps pour lui de faire ronronner sa partenaire et cette dernière n’est pas déçue du voyage. Nous non plus, nos oreilles enchantées par ce doux chant rajoutent de la couleur à ce tableau déjà bien garni. Sous ma couverture, une forme monte et descend. Sylvana, elle aussi, s’y connait en langue. Je me concentre : « surtout ne pas venir, pas maintenant ». Une grande affiche de la série FRIENDS trône au- dessus de mon bureau. J’essaie de penser à cette série que j’adore afin de me déconnecter de la scène mais rien n’y fait. Une dernière pensée pour Chandler et sa bande et je décide d’arrêter là les préliminaires qui, jeu inclus, durent quand même depuis près d’une heure. Je retire ma partenaire de ma bite et décide d’entreprendre ce que nous cherchons tous dans cette pièce, la fin de l’acte 1. Préservatif ? Ok ! Excitation de ma partenaire ? Ok. Elle se met instinctivement à 4 pattes, mais sans la table cette fois. Riche idée. J’ai ainsi une vue sur l’autre scène. A priori connectée à sa comparse, Fabienne se met dans les mêmes dispositions, les deux amies se regardent et se préparent à jouir ensemble. Hors de question de rater le coche, d’un seul regard, Frédéric et moi-même décidons de synchroniser nos montres qui, pour le moment, affiche midi pétante. L’acte de pénétration est sacré, le sexe féminin est un sanctuaire, c’est Samuel L. Jackson qui le dit. J’y entre donc avec respect. Un soufflement extatique m’indique que le seuil est franchi. Je peux donc visiter les lieux, agréables au plus haut point. Tout, dans cette scène respire l’extase, les fesses de ma partenaire, sa position, les respirations de ces demoiselles, entre douleur et plaisir, le regard de Fabienne plongeant dans les yeux de son amie et, parfois aussi, dans les miens. Frédéric, tout en contrôle, me regarde parfois avec, au fond des yeux, une question : « Alors, on y va ? ». Pour être honnête, à ce moment, je ne sais pas si nos invitées comptent rester pour la nuit ou pas. Y aura-t-il un acte 2 ? En fait, peu importe. Sylvana a déjà commencé à faire des allers-retours avec ses hanches pour me signifier qu’il était temps. Oui, il était temps. Le départ est donné et notre concentration a laissé place à une envolée lyrique digne des plus grands opéras. Ce qui est certain, c’est que ce fût un grand moment. Inoubliable. La preuve : je vous le raconte plus 20 ans après. Des instants magiques, comme la vie vous en offre parfois, au détour d’une réunion militante. Je regarde l’heure : il est un peu plus de minuit. C’est bientôt le dernier métro. Sylvana, collée à moi dans un moment de répit, remonte la couverture sur elle. Frédéric prend celle de l’armoire pour protéger sa belle. Elles n’ont pas eu besoin de demander si elles pouvaient rester. Nous étions bien. Et maintenant, on dort ? Pas tout à fait, on boit un verre, on allume la télé car c’est l’heure de la diffusion de 3 épisodes de FRIENDS, sur Canal Jimmy, une chaîne du câble. Oui, nous sommes en plein dans le succès de cette série légendaire et j’ai la chance d’avoir un média qui la diffuse en VO. A la fin des épisodes, tout le monde est fatigué (oui, le shopping, c’est épuisant) Chaque couple rejoint sa bulle, parfois perturbée par des initiatives nocturnes salutaires car réveillant à la fois la libido du partenaire et celle de l’autre duo. Magique, je vous dis. Magique.   Vous comprendrez aisément qu’il n’était pas question de se dire « adieu » après cette soirée. Nous échangeâmes nos numéros et j’allais grandement le regretter mais ça, c’est une autre histoire. Si vous voulez la connaitre, j’attends vos commentaires.
714 vues 6 aime
Par : le 14/11/23
"Oui Monsieur" d'Alexandre Contart se présente comme une œuvre éducative et introspective dans le domaine du BDSM et des pratiques Kinky. Ce livre, structuré sous forme de questions-réponses, vise à démystifier un univers souvent entouré de stéréotypes et d'idées reçues. À travers mes lectures et analyses, je vais explorer les forces et les faiblesses de ce travail, en me basant sur les réactions et les attentes du public cible. L’auteur utilise son expérience personnelle pour fournir des réponses claires et sincères. La structure en questions-réponses rend le contenu accessible et engageant. Cela permet aux lecteurs de naviguer facilement à travers les sujets et de trouver des réponses pertinentes à leurs interrogations spécifiques. Alexande Contart aborde des notions essentielles telles que le consentement et les risques associés au BDSM. Cette approche responsable est cruciale pour un public à la fois novice et expérimenté, contribuant à une compréhension plus sûre et éthique de ces pratiques. Le format papier du livre et la clarté de son écriture en font un outil pratique pour revenir sur des concepts spécifiques, permettant aux lecteurs de l'utiliser comme une référence dans leur parcours BDSM. Points faibles Bien que de faire reposer le livre sur l'expérience personnelle apporte authenticité et crédibilité, c'est parfois un handicap. L'expérience individuelle de l’auteur ne peut pas toujours refléter la diversité et la complexité des pratiques BDSM et des manières de les aborder. Les plus exigeants resteront parfois sur leur faim : certaines réponses auraient peut-être méritée d'être approfondies. Parfois l'auteur ne s'attaque peut etre pas suffisamment à la complexité de certains sujets. Si la plupart des lecteurs y trouveront leur compte, l'ouvrage pourrait ne pas satisfaire ceux qui recherchent une exploration plus poussée de tels ou tels sujets. Il leur faudra se tourner vers des ouvrages encore un peu plus spécialisés par rapport à la problématique qui est la leur. Parfois, on regrettera que l'auteur aille si loin dans l'auto-promotions de ses livres et soirées. C'est un jeu d'equilibriste entre le marketing et la formation de manière éducative et objective. Malgré cela, "« Oui Monsieur » d'Alexandre Contart se présente comme un guide incontournable pour quiconque s'intéresse au BDSM et aux pratiques Kinky. Rédigé avec clarté et authenticité, cet ouvrage fournit des réponses concrètes et bien argumentées aux questions fréquemment posées sur ce sujet complexe et souvent mal compris. Grâce à sa mise en page accessible et son format papier pratique, il devient un outil de référence pour les débutants comme pour les pratiquants plus expérimentés. Ce livre s’impose non seulement comme un guide instructif, mais aussi comme une source d'inspiration et de réflexion, encourageant une approche saine et bienveillante du BDSM. Pour ceux qui cherchent à approfondir leur compréhension des dynamiques de pouvoir, de consentement et de plaisir dans les sexualités alternatives, "« Oui Monsieur » est indéniablement une lecture enrichissante et nécessaire. Si vous avez lu ce livre, n'hésitez pas à laisser votre avis en commentaires ci dessous.
717 vues 4 aime
Par : le 13/11/23
"Le livre de la vie est le livre suprême. Qu'on ne peut ni fermer, ni rouvrir à son choix. Le passage attachant ne s'y lit pas deux fois. Mais le feuillet fatal se tourne de lui-même. On voudrait revenir à la page où l'on aime. Et la page où l'on meurt est déjà bientôt sous vos doigts. Vivez, aimez, c'est la vraie sagesse: hors le plaisir et la tendresse, tout est mensonge et vanité". Romantique, bel et fier aristocrate amoureux de son Mâconnais natal, croyant désespéré, homme politique d’envergure, encensé par des admirateurs fervents mais voué aux gémonies par des détracteurs virulents, Alphonse de Lamartine naît à Mâcon le vingt-et-un octobre 1790 et il passe son enfance en Bourgogne, principalement à Milly, un petit village proche de Mâcon qui a pris le nom de Milly-Lamartine, en son hommage. Les bucoliques, verdoyants et doux paysages de ce que l’on nomme désormais "le val lamartinien" enchantent la vie et l’œuvre de ce séduisant aristocrate, tout au long de son enfance auprès de parents aimants qui élèvent dans la piété ce fils d’autant plus chéri qu’il est alors l’aîné d’une fratrie qui comptera cinq filles. Mais passées les belles années d’enfance, il faut qu’il se trouve une position car la famille Lamartine, quoique noble, n’est pas aisée. Or, un monarchiste ne saurait servir l’usurpateur qui est alors en place: Napoléon. Alors, au terme d’une enfance aussi rustique qu’heureuse, Alphonse, ne sachant quel destin choisir, sombre dans la mélancolie. Victime de langueur, Il sera envoyé à Aix-les-Bains, où une aventure sentimentale lui inspirera alors le poème: "Le Lac". Son père, Pierre de Lamartine, chevalier de Prat, capitaine de cavalerie au régiment Dauphin jusqu'en 1791, où il quitta volontairement l'armée, n'avait fortune et rang que de cadet. Sa mère, Alix des Roys, fille de la sous-gouvernante des enfants d'Orléans à Paris, épousée par amour, avait reçu une solide culture classique au chapitre noble de Saint-Martin en Beaujolais. Elle en avait rapporté un sincère sentiment de piété. Lamartine appartient donc à l'élite de la bourgeoisie et à la noblesse dite de robe. Son grand-père et son oncle Louis, possesseur du château et du domaine de Monceau, firent une assez fastueuse figure dans leur province, mais ses aïeux ne remontent pas plus loin que le XVIème siècle. Le chevalier de Lamartine, dès son retour en Bourgogne, décida de vivre sur sa modeste part d'héritage, le vignoble de Milly, proche de Mâcon. Royaliste fervent, qui avait combattu le dix août 1792 pour la défense des Tuileries, il considéra dès le début Bonaparte, consul et empereur, comme un "usurpateur", et se condamna, en pleine maturité, à une morose retraite. À Alphonse, entre 1790 et 1802, il donna cinq sœurs, et un frère mort en bas âge. La toute première éducation d'Alphonse de Lamartine eut lieu ainsi en pleine campagne parmi des fils de vignerons et de manœuvriers. Il fréquentait l'école rurale tenue par le jeune abbé Dumont, vicaire de la paroisse de Bussières, limitrophe de celle de Milly. il reçut de lui ses premières leçons de latin et de français. Aux veillées, sa mère contrôlait et complétait alors son instruction. Elle écrivait elle-même avec élégance: Fénelon et Racine étaient ses dieux, et Alphonse en récitait des pages entières.   "Rien n'est vrai, rien n'est faux, tout est songe et mensonge, illusion du cœur qu'un vain espoir prolonge. Tout change, ainsi tout passe, ainsi nous-mêmes nous passons, hélas sans laisser plus de trace que cette barque où nous glissons sur cette mer où tout s’efface". Au printemps de 1801, il fut placé comme interne à Lyon dans la pension Puppier. Il s'en évada. Repris, il s'y ennuya cruellement. À partir d'octobre 1803, il trouva un climat plus favorable au collège de Belley, tenu par les pères de la Foi. Il y parcourut, jusqu'au début de 1808, le cycle régulier des classes, de la troisième à la philosophie. Il y remporta des succès scolaires appréciables et y noua alors de solides liens d'amitié avec trois de ses camarades, Aymon de Virieu, Louis de Vignet, Prosper Guichard de Bienassis. Avec le premier qu'il appelait ainsi sa "conscience", bien que tous deux différassent d'idées et de convictions politiques, il entretint une correspondance faite de confidences et de discussions. Elle devait durer alors jusqu'à la mort d'Aymon en 1841. De 1808 à la première Restauration, Lamartine demeure à Milly. Un séjour à Mâcon, dans le commun hôtel familial, rompait pour lui en hiver la monotonie des jours. Les siens ne pouvant alors rien faire de lui, ni dans l'armée, ni dans la diplomatie, ni dans l'administration, puisqu'il eût ainsi servi Napoléon, se décidèrent à tolérer qu'il ne fit à peu près rien. Oisiveté tout apparente. C'est dans ces années, entre ses dix-sept et ses vingt-trois ans, que le jeune homme sent s'affirmer sa vocation poétique déjà éveillée à Belley. Un peu au hasard il fait d'amples lectures. Il se donne ainsi, sans que les siens s'en doutent, une formation personnelle qu'un voyage va compléter. Envoyé en Italie, de juillet 1811 jusqu'en avril 1812, il découvre à Florence, à Rome, surtout à Naples, l'éblouissement, la volupté de la lumière d'outre-monts. C'est à Naples qu'il séjourne le plus longtemps, près de cinq mois, reçu chez un cousin de sa mère qui y dirigeait la manufacture des tabacs. Il y entretient une intrigue ardente avec une jeune fille qui tenait dans la maison le rôle d'intendante. De cette Antoniella, il devait faire, quarante ans plus tard, la pudique Graziella. L'influence de ce voyage fut décisive. Aux premiers jours de la Restauration, Mr de Lamartine obtient alors pour son fils une place de garde du corps de Louis XVIII, acceptée avec entrain. À Beauvais d'abord, où il tient garnison, puis à Paris où il fait, six semaines, le "service du château" aux Tuileries, Lamartine s'y ennuie. Après s'être exilé en Suisse pendant les Cent-Jours pour échapper au service de Napoléon, il se fait alors rayer des contrôles. Sa vocation littéraire l'emporte décidément sur toutes les ambitions. Ses premiers essais montraient en lui un disciple de Voltaire, de Parny, mais aussi de Chateaubriand. Dès 1813, il a commencé à écrire un poème épique et national sur Clovis. Dans le même temps, il conçoit une tragédie biblique, "Saùl", écrit une tragédie antique, "Médée", commence une "Zoraïde". Voilà pour les grands genres. Des inspirations plus intimes: "quatre petits livres d'élégies", écrites pour célébrer le séjour à Naples d'Antoniella. Elle était morte, hélas, poitrinaire, en janvier 1815, il l'avait harmonieusement appelée "Elvire".   "Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. Toutes les grandes lectures sont une date dans l'existence. Il n'y a d'homme complet que celui qui a beaucoup voyagé, qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie". À l'automne 1816, il était venu à Aix-en-Savoie, près du lac du Bourget, pour soigner une crise de foie. C'est à l'âme surtout qu'il souffrait. Dans la pension de famille où il était descendu, il rencontra une jeune femme qui achevait sa cure: Mme Julie Charles, femme du physicien illustre, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, qui, en 1783, avait accompli avec succès la première ascension scientifique. Pâle et brune, Mme Charles était, à trente-deux ans, menacée par la phtisie. Un mutuel attrait, dès le premier échange de regards, réunit les deux isolés. Brève idylle. Dès le vingt-six octobre, Mme Charles regagnait Paris. Lamartine l'y rejoignait au début de janvier 1817. Reçu par elle en son salon de l'Institut, présenté aux amis royalistes qui fréquentaient alors ce cercle un peu fermé, entre autres au philosophe Bonald, il ne repartit pour la Bourgogne qu'au début de mai. Tous deux étaient ainsi convenus de se retrouver en août au bord du lac de Savoie. Mme Charles, dont le mal avait progressé, ne put alors faire le voyage. Lamartine l'attendit plusieurs semaines, en vain. Dès la fin août il commença d'esquisser l'ode qui, sous le simple titre "Le Lac", deviendra la plus célèbre des Méditations poétiques, poème où, après avoir évoqué une promenade faite sur ces flots l'année précédente, après avoir rythmé le chant de la jeune femme, il conjurait la nature, moins périssable que l'homme, de conserver le souvenir de l'ivresse passée. Mme Charles mourut en décembre suivant, réconfortée par un retour à la foi, après lui avoir légué le crucifix sur lequel s'était posée sa "bouche expirante". Pendant deux ans Lamartine se partage entre Mâcon et des séjours à Paris, où il est accueilli avec faveur dans les salons. il y subit, en 1819, la séduction d'une "passion ardente et involontaire" pour une radieuse Italienne, véritable"Circé", "magicienne", épuisante. Cette comtesse Lena de Larche le divertit de son regret, sans lui faire oublier Mme Charles. Il travaille aussi à "Saùl", qu'il lit sans succès à Talma, et, à des intervalles inégaux, il laisse couler de son cœur des élégies ou des méditations qu'il soumet à Virieu. Ce sont tantôt des strophes ou des quatrains,"L'Isolement", "Le Vallon", "L'Automne", tantôt des sortes de "discours en vers", plus harmonieux, plus nourris de sentiments que ceux de "Voltaire", "Dieu", "La Foi", "L'Homme, "L'amour et l'amitié" ou encore de "L'Immortalité".   "On est toujours, crois-moi, du pays que l'on aime. La liberté économique, c'est la liberté pour le commerçant de s'enrichir sans limitation, et c'est la liberté pour le pauvre de mourir de faim. Chers enfants, bénissez, si votre cœur comprend. Cet œil qui voit l'insecte et pour qui tout est grand". Élégies ou discours, il en donne des lectures dans  plusieurs salons parisiens. Villemain, alors jeune professeur en Sorbonne, l'abbé-duc de Rohan, se joignent à ses admirateurs. Une rumeur de renommée monte alors autour de son front charmant. C'est pour y satisfaire, et pour l'éprouver qu'il accepte alors de laisser imprimer, à cinq cents exemplaires, le recueil des "Méditations poétiques". Il n'en attendait pas la gloire, tout au plus une estimable réputation. Or ce fut, dit plus tard Sainte-Beuve, une"révélation". Toute une génération, la première génération des romantiques, y découvrit en des images amples et simples, en des rythmes souples, la poésie du sentiment, de l'inquiétude religieuse, de la foi, toute la poésie pure qui enivre et qui plane. Pour cette génération, Lamartine fut ainsi en même temps un Racine moderne et un Chateaubriand en vers. Pendant dix ans, d'avril 1820 au lendemain de la Révolution de 1830, le poète suivit la carrière de la diplomatie. Carrière coupée par de longs congés. Il ne fut en poste qu'à Naples comme "attaché", jusqu'au début de 1821, et à Florence, comme secrétaire de légation, du printemps de 1825 à l'été de 1828. Un peu moins de cinq années au total. Marié dès le mois de juin 1820 à Chambéry, sur le chemin de l'Italie, avec une anglaise convertie au catholicisme, Mlle Marianne-Elisa Birch, qui fut pour lui une épouse pleine d'admiration et de dévouement, il vécut, pendant ses congés, en Bourgogne. Son père lui avait fait don du château de Saint-Point, à proximité de Mâcon, qu'il restaura dans un style gothique, mais où, à l'intérieur, il installa le "confort anglais". Paris ne le voyait que pour d'assez brefs séjours. Il noua de sûres amitiés avec ses confrères plus jeunes: VictorHugo, Alfred de Vigny, Émile Deschamps et ne fréquenta pas les cercles littéraires et cénacles. Les premiers romantiques, ceux de "La Muse française" ou ceux du "Globe", acceptaient que sa gloire indiscutée les dominât d'un peu haut, d'un peu loin. À l'automne de 1823, Lamartine, à peu de jours d'intervalle, publia, chez un nouvel éditeur, deux livres nouveaux. "Les Nouvelles Méditations" répondaient, en apparence, par leur titre et par leurs sujets, à l'attente du public. Cependant, la composition en était plus artificielle que celle du volume de 1820. Elles étaient formées surtout d'élégies, d'odes et de stances. Plus variées et diverses que les premières, les"Nouvelles Méditations" n'obtinrent qu'un demi-succès. "La Mort de Socrate" eut plus d'admirateurs. Les mêmes qualités d'élégance, mais non pas toujours de mesure, se retrouvent dans le poème qu'on pourrait appeler "La Mort de Byron" et qui parut en septembre 1825 sous le titre: "Le Dernier Chant du pèlerinage d'Harold".   "Mon ami avait vingt ans, j'en avais dix-huit. Nous étions donc tous deux à cet âge où il est permis de confondre les rêves et les réalités. Celui qui peut créer dédaigne de détruire. On n'a pas deux cœurs, l'un pour l'homme, l'autre pour l'animal. On a du cœur ou on n'en a pas". En cette année 1825, au moment où il va partir pour Florence comme secrétaire de légation, un vaste projet, connu seulement de quelques intimes, occupe l'imagination de Lamartine: celui d'un vaste poème conçu alors le vingt janvier 1821, au sortir de Naples, comme il remontait par Rome vers la France. Cette "épopée de l'âme", il l'a, plus tard, définie "l'histoire de l'âme humaine et de ses transfigurations à travers des existences et des épreuves successives, depuis le néant jusqu'à la réunion au centre universel: Dieu". Ce poème mystique autant qu'épique faisait ainsi une large place à l'histoire de l'humble humanité, incarnée en quelques-uns de ses fils de choix. Leur destin se fût déroulé en une suite d'épopées significatives, et le poète, "barde de Dieu", eût aperçu le développement de ces tableaux comme une série d'harmonieuses visions. Ainsi avait abouti la fermentation épique qui, depuis sa jeunesse, travaillait l'imagination de Lamartine. Dès 1823, il avait tenté de disposer sur le chantier une ou deux des visions prévues. Mais le loisir lui avait vite manqué. Quand pourrait-il se retourner vers le "grand œuvre" ? À Florence, de 1825 à 1828, ce sont d'inépuisables chants qui sortirent de son âme, des chants à la gloire de Dieu qu'il appelait des "psaumes modernes". Pour la première fois, peut-être, il se sent l'âme comblée. Si, ennovembre 1822, il a perdu après quelque vingt mois son premier enfant, Alphonse, sa fille Julia est née peu de mois auparavant. Âgée maintenant de quatre ans, elle est devenue, par sa gentillesse et sa précocité, l'objet de son adoration. Avec Marianne-Elisa, elle est, ici, le sourire de son foyer. Près d'elles, il est heureux et serein.L'enivrement du ciel et du paysage toscans ajoute à son bonheur. Par l'intermédiaire de la nature, en des êtres qu'il aime, son âme s'élance jusqu'à Dieu. Elle s'exprime en hymnes, en des cantiques d'un lyrisme abondant, en des effusions "sans transition apparente" dont l'ensemble formera une symphonie à la gloire de la divinité.   "C'est là que Dieu et l'homme, la nature et l'art ont placé ou créé de concert le point de vue le plus merveilleuxque le regard humain puisse contempler sur terre, je jetai un cri involontaire et j'oubliai le golfe de Naples et tous ses enchantements". Avec elle, l'homme et la nature, qui sont également son œuvre, constituent les notes fondamentales de l'harmonie universelle que le poète tâche de dégager. Du printemps de 1826, date des deux premiers morceaux, "L'Hymne du matin" et "L'Hymne du soir dans les temples", part le déroulement de ce large flot poétique. À peine si Lamartine se retourne une fois vers Milly ou la terre natale. En 1828, "L'Infini dans les cieux" reprend, en l'élargissant, "L'inspiration stellaire des Étoiles" de 1823. Et la suite dite des "Quatre Grandes Harmonies", "Jéhova", "Le Chêne", "L'Humanité", "L'Idée de Dieu", ramasse et condense la démonstration du recueil entier. Tout dans l'univers, mais aussi dans l'histoire, tout parle de Dieu, tout démontre sa présence. Retrouvée à l'automne de 1828, la France lui rendit son âme tourmentée. Il écrivit "L'Hymne de la mort" et le magnifique "Hymne au Christ", dernier acte public de sa croyance chrétienne. Dès l'automne de 1829, le poème intitulé "Novissima verba", après un regard jeté sur le passé de l'auteur, ne traduit plus que de l'inquiétude, du regret et du doute. Et bientôt, remontant jusqu'à l'Italie de 1812, le "Premier Regret" pleure sur la tombe de la Napolitaine, morte en 1815, que Lamartine appellera Graziella. Ces dernières Harmonies ne méritaient plus leur nom. Elles n'étaient alors que les plus douloureuses et amères des "Méditations". Mais, par la virtuosité débordante de la forme, elles étaient élégantes. Lorsqu'en juin 1830, parurent les "Harmonies poétiques et religieuses" réparties entre quatre livres, si quelques-uns en discutèrent l'inspiration qu'ils ne jugeaient pas assez variée, tous admirèrent la maîtrise poétique de l'inspiré. Deux événements, à cette date, avaient fait époque dans sa carrière. Élu à l'Académie au début de novembre 1829, il venait d'y prendre séance le deux avril. Au lendemain alors de la victoire d'"Hernani" sur le Théâtre Français, sa réception avait revêtu l'allure d'un triomphe de "l'école nouvelle". Mais un deuil cruel obscurcissait secrètement ce triomphe. Au milieu denovembre, comme il était encore à Paris, sa mère, à Mâcon, avait été alors victime d'un affreux accident. Ébouillantée dans un bain, elle était morte en trois jours: "Chaque jour, je sens plus que j'ai perdu la moitiéde ma propre existence", écrivait-il. Un troisième événement, la proche révolution de Juillet, renforçant l'action des autres, allait pratiquer comme une coupure dans sa destinée. C'est donc au lendemain des "Harmonies"que s'achèvent ses dix premières années de gloire. Mais ce premier Lamartine va se modifier. En octobre 1830, le poète eut quarante ans. Alors commença pour lui l'époque de ce qu'on peut nommer les "grands desseins". Il voulut tout logiquement ajouter alors à la gloire littéraire celle d'un député, d'un orateur, d'un homme d'État.   "La nature est là qui t'invite et qui t'aime. Plonge-toi dans son sein qu'elle t'ouvre toujours. Qu'est-ce qu'un bonheur qui se compte par jour et par semaine, et qui s'avance, à chaque minute, vers sa catastrophe finale, la mort ?" Après s'être démis de son emploi dans la diplomatie, pour demeurer fidèle à la branche aînée des Bourbons, il accepta de poser sa candidature à la députation dans la petite ville de Bergues, capitale électorale d'une circonscription dépendant de Dunkerque. L'un de ses beaux-frères résidait aux environs. Il lui manqua, le six juillet 1831, dix-sept voix pour être élu. Le poète satirique Barthélémy l'ayant violemment attaqué dans son journal "La Némésis", Lamartine, le jour même du vote, riposta par des strophes enflammées. Au milieu de1832, cependant, Lamartine quitte la France pour accomplir fastueusement, avec les siens et quelques amis, un long voyage en Orient. Il a nolisé pour lui seul un brick, l'"Alceste", qui, en deux mois de navigation, avec une brève escale à Athènes, le mène à Beyrouth où il installe sa femme et sa fille. De là, en des courses successives, il visitera le Liban, les lieux saints, Galilée et Judée, avec Jérusalem, les ruines de Balbek et Damas. Le retour aura lieu par Constantinople, les Balkans et la vallée du Danube. Lamartine ne sera qu'en octobre 1833 en Bourgogne, et il y transférera aussitôt, de Marseille où l'"Alceste" l'avait ramené par mer, le cercueil de sa fille, la petite Julia, déjà malade au départ et qu'une crise de phtisie avait emportée à Beyrouth en décembre. Deuil que, dans le récit même du voyage, d'admirables vers, "Gethsémani", allaient immortaliser.Quels sentiments, cependant, avaient décidé Lamartine à s'acquitter de ce pèlerinage ? Dans cette aventure, autant que le poète, c'est l'homme entier qu'il engageait. Quelques amis seulement, comme Virieu, en avaient reçu la confidence. Depuis les environs de 1830, la foi chrétienne, en lui, vacillait. Il espérait alors la raffermir, recevant une révélation qui ferait de lui comme un prophète, au-delà des dogmes et des liturgies, d'une forme plus rationnelle de la croyance. Des lieux Saints, il ne rapporte que sa fille morte et sa croyance agonisante. Les quatre volumes intitulés "Souvenirs, Impressions, Pensées et Paysages pendant un voyage en Orient", publiés en 1835, laissent saisir en plein travail de renouvellement les idées de Lamartine sur la poésie et surle monde. Ses réflexions inclinent vers le libéralisme et vers un libéralisme de plus en plus affranchi du dogme chrétien, sans rien renier nettement des croyances catholiques, il va se faire l'apôtre de ce qu'il appellera un"christianisme libéral et social". Pendant son voyage, les électeurs de Bergues avaient fait de lui leur député.   "On admire le monde à travers ce qu'on aime. La gloire ne peut être où la vertu n'est pas. Les poètes sont les voix de ceux qui n'ont pas de voix. L’Église n'a pas besoin de réformateurs, mais de saints". L'année suivante, il deviendra conseiller général de Mâcon. En 1838, obligé au choix, il abandonne ses commettants du Nord pour ses compatriotes dont il demeurera le représentant jusqu'à la fin de sa carrière politique. De 1833 à 1840, refusant de servir dans la Chambre aucun parti, on connaît son mot: "Je siégerai au plafond", il groupe autour de lui un nombre croissant de sympathies, créant ainsi le "Parti social", lequel ne doit s'occuper que "de ce qui peut être utile ou nuisible à la société". Et rapidement, par un effort discipliné, il s'assure l'aisance et la maîtrise oratoires. Ce poète a le secret des formules frappantes. Dès la fin de 1838, dans un discours où il rallie des voix autour du ministère Molé, il crie alors à tous les partis, au risque de les mécontenter tous: "Les générations qui grandissent derrière nous ne sont pas lasses, elles. Elles veulent agir et se fatiguer à leur tour. Quelle action leur avez-vous donnée ? La France est une nation qui s'ennuie !" Ainsi, dans ces années-là, sur le plan politique, menait-il son ambition vers les cimes. Mais il n'oubliait pas le grand dessein littéraire de son adolescence. De l'épopée humaine, humanitaire et mystique conçue en 1821, il écrivait deux chants ou plutôt deux "visions", dressait ainsi deux piliers qui devaient servir de soutien à cette construction monumentale: "Jocelyn", "La Chute d'un ange". Jocelyn ne fut d'abord, à l'automne de 1831, dans l'esprit de son auteur, qu'un récit élégiaque, un"poèmetto", ces mémoires eussent conté l'aventure survenue, pendant la Révolution, au futur abbé Dumont, premier maître du poète. Interrompue par les préparatifs du pèlerinage oriental, la rédaction fut reprise à l'automne 1834. "Jocelyn", "Épisode", "Journal trouvé chez un curé de campagne", parut en deux volumes en février 1836. Il comportait alors neuf "époques", dont la dernière était particulièrement longue et importante.Le succès de Lamartine avait, de nouveau, touché la France au cœur et retrouvait le prestige des "Méditations". L'œuvre, au total, est bien, comme le désirait son auteur, un poème épique, fondé sur l'idée du sacrifice, une apothéose de la vie simple et de la résignation. Il voulait en faire, aussi, comme un chef-d'œuvre de style familier. Défauts et qualités éclatèrent plus nettement dans "La Chute d'un ange", dont les deux volumes parurent au printemps 1838. Dans ce vaste tableau de "poésie antédiluvienne, primitive, orientale" et biblique, Lamartine affichait alors comme une volonté réelle de grandeur: il l'appelait aussi un "fragment dantesque".   "L'égoïsme et la haine ont seuls une patrie, la fraternité n'en a pas. Je suis de la couleur de ceux qu'on persécute. Je suis concitoyen de toute âme qui pense. La vérité, c'est mon pays". Au printemps 1839, Lamartine assembla dans les "Recueillements poétiques" les poèmes, alors inédits ou non, fruits incertains de trop rares loisirs. Les deux derniers étés, surtout, à Saint-Point, l'inspiration l'avait visité avec une largeur, parfois même une violence d'émotion qui l'avait laissé tout vibrant. La mort de Louis de Vignet avait rouvert pour lui la source des souvenirs. La réflexion politique et sociale avait, d'autre part, éveillé en lui plus d'un rêve et d'une suggestion. Il avait été amené, en outre, à composer plusieurs poèmes dits de circonstance. Et quelles strophes de circonstance que celles qui lui avaient été arrachées par la mort de sa fille. Deux ans encore, au printemps 1841, La Marseillaise de la paix distendra témérairement cet amour de l'humanité par-dessus les préjugés et les frontières des nations. À partir de 1840 environ, des deux grands desseins de Lamartine, le second, l'ambition politique, l'emporte décidément. Il devient puissant orateur, opposant redoutable à la monarchie de Louis-Philippe. Tous ses loisirs, jusqu'en 1847, il les consacre à dresser la monumentale "Histoire des Girondins", œuvre de poésie plus encore que d'histoire, écrite pour le peuple, et destinée à lui donner une "haute leçon de moralité révolutionnaire, propre à l'instruire et à le contenir à la veille d'une révolution", d'une nouvelle révolution de 1789 et de 1791, qu'il s'agira d'arrêter avant 1793. Lorsqu'elle éclate le vingt-quatre février 1848, l'auteur des "Girondins" est l'un des fondateurs de la seconde République et, depuis le soir du vingt-cinq février où, à l'Hôtel de Ville, debout sur une chaise de paille, il fait, à force de courageuse éloquence, écarter l'adoption du drapeau rouge, il exerce sur la France et l'Assemblée, comme membre du gouvernement et ministre des Affaires étrangères, ce qu'on a pu appeler "trois mois de dictature oratoire", ce qu'on pourrait nommer aussi "trois mois de poétique espérance". Les "journées de Juin" font alors écrouler son prestige et, en décembre suivant, à l'élection pour la présidence de la République, la France entière lui accorde moins de vingt mille suffrages. Son rôle politique est terminé. Un autre souci entre alors profondément dans sa vie et l'écrase. Les embarras financiers, qui s'étaient manifestés pour lui dès le lendemain de 1830, l'accaparent après 1849. Comment vivre en éteignant d'immenses dettes ? Ses vignobles, ses châteaux de Bourgogne lui coûtent, certaines années, plus qu'ils ne lui rapportent. Il ne peut compter que sur sa plume. Il se condamne lui-même, comme il dit, aux "travaux forcés littéraires". Point de répit. Il publie d'abord une série de textes autobiographiques en préparation alors depuis plusieurs années, où il cède à l'instinct d'idéaliser son passé: "Confidences" (1849), dont il détache l'épisode"Graziella", vite aussi célèbre que "Paul et Virginie", "Raphaël", les "Nouvelles Confidences" et "L'isolement".   "Les liaisons sont des serments tacites que la morale peut désapprouver, mais que l'usage excuse et que la fidélité justifie. L'amour seul est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un songe effacé. La plus belle attitude de l'homme c'est de se tenir debout devant ses semblables, à genoux devant Dieu". Raphaël est la transposition souvent romancée des amours avec Mme Charles. Séduisantes et souples, ces trois œuvres sont à mi-chemin souvent du poème et de la réalité. La même formule caractérise les deux romans de 1851: "Geneviève, histoire d'une servante", et "Le Tailleur de pierres de Saint-Point". Ici et là, les personnages sont des humbles qui, par un effort quotidien, s'élèvent jusqu'à l'héroïsme de la vertu. Lamartine semblait inaugurer ainsi une forme familière du roman social. Attiré par un dernier voyage en Asie Mineure, où le sultan lui a concédé un vaste domaine, le poète doit se contenter de publier le récit pittoresque de ce nouveau voyage en Orient. Il entasse ensuite des compilations historiques, de deuxième ou de troisièmemain: "l'Histoire de la Restauration", qui est la meilleure parce qu'il a connu de près certaines années dont il rend bien l'atmosphère, "L'Histoire des Constituants", "de la Turquie", "de la Russie". À partir de 1856 enfin, il fait paraître, par livraisons mensuelles, un cours familier de littérature, dont il est l'unique rédacteur, pour lequel, chaque année, il sollicite les réabonnements. Tant d'efforts ne le libèrent pas. En 1860, il est contraint de consentir à la vente de Milly. Sous cet amas de besognes et de soucis matériels, la poésie lamartinienne, cette "respiration de l'âme", n'était pas morte. À plusieurs reprises, dans cette vieillesse laborieuse, de hautes inspirations revinrent le solliciter. En 1856, les souscripteurs du cours de littérature eurent la surprise d'y lire une méditation poétique, "Le Désert", poème philosophique laissé inachevé en 1832, dialogue entre l'âme du poète et l'esprit de Dieu. Surtout, en 1857, le quinzième entretien leur présentait "La Vigne et la maison", sublime élégie composée un soir de vendanges, à l'ombre de la maison de Milly, sorte de symphonie à deux voix, où résonnent toutes les harmonies de la vieillesse, du souvenir, de la mort. Large composition en mineur couronnée par la voix d'une espérance douce et résignée. Le poète semble, ainsi, inaugurer une suprême"manière", plus musicale et dépouillée. Il prélude aux trouvailles de la génération symboliste. Alphonse de Lamartine s'éteignit à Paris le vingt-huit février 1869, réconforté par le sourire de sa nièce et fille adoptive Valentine, à côté du crucifix d'Elvire. Autour de lui, le Paris du second Empire littéraire ou politique l'avait oublié. Pendant tout le romantisme, et préludant à l'âge symboliste, il avait été le maître de la poésie pure.   Bibliographie et références:   - Anne-Marie de Brem, "Alphonse de Lamartine" - Henri Guillemin, "Lamartine, l'homme et l'œuvre" - Richard Alix, "L'univers aquatique de Lamartine" - Louis Barthou, "Lamartine orateur" - Ernest Zyromski, "Lamartine, poète lyrique" - Maurice Levaillant, "Alphonse de Lamartine" - Pierre-Maurice Masson, "Lamartine" - Jean-Pierre Richard, "Études sur le romantisme" - Maurice Toesca, "Lamartine ou l'amour de la vie" - Gérard Unger, "Lamartine. Poète et homme d'État" - Arnaud Vendryes, "Amaurandes, Pratz et Lamartine" - Sylvie Yvert, "Au moins le souvenir, Lamartine"   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
385 vues 9 aime
Par : le 09/11/23
  Rituels BDSM, de quoi parle-t-on ? Le BDSM est souvent mal compris par ceux qui n'en ont qu'une connaissance superficielle. Pourtant, au cœur de ces pratiques se trouvent des rituels qui servent de fondement au cadre même de la relation entre un(e) dominant(e) et un(e) soumis(e). Ces rituels ne sont pas de simples actes superflus; ils sont chargés de significations, forment une base sur laquelle la relation se construit et évolue. Les rituels en BDSM varient énormément d'une partie à l'autre, allant de simples signes de respect, comme la pose d'un collier, à des cérémonies complexes qui marquent des événements importants comme la naissance d'une relation de domination et soumission. Chaque rituel, qu'il soit petit ou grand, est un moyen de renforcer les rôles et les règles convenus, et de rappeler à chacun son engagement dans la dynamique du couple. Par exemple, la cérémonie du collier peut être considérée comme l'un des rites de passage pour un novice en soumission, marquant une distance symbolique des visites passées et une entrée dans un état de dévotion et d'éducation sous la tutelle d'un maître ou d'une maîtresse. Ces rituels ne sont pas statiques; ils peuvent évoluer avec le temps, subissant des modifications à mesure que les besoins et les désirs du couple se transforment. C'est la beauté du rituel BDSM: il est aussi unique que les personnes qui l'intègrent dans leur vie. La soumise ou l'esclave qui reçoit un collier lors d'une cérémonie peut le voir comme un objet de fierté et d'appartenance, un point de contact constant avec son maître ou sa maîtresse, même en leur absence. De même, le dominant peut voir dans ces rituels une affirmation de son contrôle et de son influence sur la vie de la soumise, un moyen de maintenir l'ambiance et le sens de leur lien, peu importe la distance ou les circonstances. Que vous soyez novice ou expérimenté, seul ou en couple, les rituels BDSM offrent une façon de matérialiser la nature profonde de la soumission et de la domination, créant des liens qui vont bien au-delà des séances et des cérémonies, s'inscrivant dans la vie de tous les jours. Les fondements des rituels en BDSM Le BDSM se base sur une série de rituels qui définissent les rôles et les règles d'engagement entre les partenaires. Ces pratiques ne sont pas de simples traditions; elles forment le cadre dans lequel les relations de domination et de soumission peuvent prospérer. Un rituel peut englober des actions aussi simples que le port de sous-vêtements spécifiques décidés par le dominant, ou aussi élaborées que des cérémonies de contrats où la durée et la nature de la soumission sont formalisées. Dans le contexte du BDSM, un maître ou une maîtresse utilise des rituels pour établir et maintenir la dynamique de pouvoir avec son soumis ou sa soumise. La mise en place de règles précises et le suivi de protocoles spécifiques sont essentiels pour assurer que les besoins de chaque personne sont satisfaits. Par exemple, la cérémonie du collier de soumission peut être un rituel puissant qui symbolise l'entrée du soumis dans un état de dévotion et l'acceptation du dominant comme sa principale figure d'autorité. Les rituels varient selon le type de relation BDSM et sont souvent adaptés pour répondre aux besoins spécifiques des personnes impliquées. Certains peuvent être quotidiens, comme un rituel de bonjour ou de bonne nuit, tandis que d'autres peuvent être réservés pour des occasions spéciales. Les cérémonies de collaring, où un collier en cuir est souvent utilisé comme symbole de soumission, sont un exemple de rituels qui marquent des étapes importantes dans la relation BDSM. Chaque modification des rituels ou des règles au sein d'une relation BDSM doit être négociée avec soin. Les apports et questions des soumis sont cruciaux dans ce processus, car ils garantissent que la modification des rituels reste en ligne avec les limites et le contrat établi. L'éducation permanente et la communication ouverte entre les partenaires sont la base pour une relation BDSM saine. Le Maître ou la Maîtresse, ainsi que le soumis ou la soumise, doivent tout deux comprendre la signification derrière chaque rituel. Ce n'est pas seulement une question de soumission; il s'agit aussi de construire une ambiance de confiance et de respect mutuel. Pour le novice, l'assimilation de ces rites peut sembler écrasante, mais avec le temps et l'expérience, ils deviennent une seconde nature, façonnant le travail quotidien et la vie de la relation. Types de rituel BDSM Dans l'univers du BDSM, les rituels sont une partie intégrante qui reflète la nature et la dynamique d'une relation entre un dominant et un soumis. Ces rituels sont ancrés dans des règles et des protocoles établis pour répondre aux besoins spécifiques des partenaires et renforcer leur lien. Il existe une multitude de rituels, chacun avec sa propre signification et fonction au sein de la relation. Rituels de salutation Les rituels de salutation sont souvent les premiers à être établis. Un exemple classique est le rituel où le soumis salue son maître ou sa maîtresse d'une manière particulière, que ce soit par une pose spécifique, un geste de révérence, ou le baiser des pieds ou de la main. Ces actions peuvent paraître simples, mais elles marquent le début et la fin de chaque séance, créant un cadre et rappelant à tous les rôles et la structure de leur relation. Rituels de punition Les rituels de punition sont mis en place pour traiter les transgressions des règles convenues. Ils peuvent varier de la récitation d'une lettre d'excuse, à des tâches physiques ou même l'imposition d'une position inconfortable pour une durée déterminée. Ces rituels ne sont pas seulement un moyen pour le dominant d'exercer son autorité, mais aussi une façon pour le soumis de montrer sa volonté de se corriger et de se réaligner avec les attentes de son partenaire. Rituels de Récompense À l'opposé des rituels de punition, ceux de récompense reconnaissent et célèbrent les actions positives et le comportement souhaité du soumis. Cela peut aller de mots d'encouragement à des récompenses physiques comme des caresses ou des cadeaux. Pour un novice, ces rituels peuvent constituer des moments de fierté et de renforcement de l'identité de soumise ou d'esclave. La mise en place des rituels La création de rituels BDSM requiert une approche minutieuse et collaborative pour s'assurer qu'ils sont en harmonie avec les désirs et les limites de tous les partenaires impliqués. Voici quelques conseils pour établir des rituels qui renforcent la relation et respectent les besoins individuels. Débuter par une franche discussion Avant d'intégrer des rituels dans votre pratique du BDSM, engagez une conversation franche avec votre partenaire. Discutez de ce que chaque personne espère accomplir à travers ces rituels et comment ils pourraient être intégrés dans vos séances. Les mots choisis et les idées partagées ici posent la base de ce qui sera construit ensemble. Établissez des règles claires Des règles bien définies sont cruciales pour le succès des rituels. Elles déterminent non seulement ce qui est attendu de chacun, mais aussi la façon dont les rituels seront exécutés et ce qui se passe en cas de non-respect. Toutes les parties doivent comprendre et consentir à ces règles avant de vous lancer. Construisez sur la confiance et le consentement La confiance est au cœur de tout rituel BDSM, et le consentement en est le gardien. Chaque action et chaque rituel doivent être consentis par le dominant(e) et le/la soumis(e). Établissez des mots de sécurité (safeword) et des gestes qui permettent de communiquer efficacement, surtout lorsqu'il s'agit de pratiques impliquant une soumission profonde. Personnalisez selon les désirs et besoins Les rituels ne doivent pas être tirés d'une liste générique mais adaptés aux besoins spécifiques de votre relation. Qu'il s'agisse de la cérémonie d'un collier ou de rituels de punition et de récompense, chaque élément doit être réfléchi pour refléter la dynamique unique entre le maître et le soumis. Restez flexibles La vie change, et avec elle, les besoins et les désirs peuvent évoluer. Les rituels doivent être flexibles et susceptibles d'être adaptés ou modifiés en fonction des circonstances changeantes de la relation. Permettez une révision périodique des rituels pour s'assurer qu'ils restent pertinents et bénéfiques. (In)Formez-vous ! La formation et l'éducation sont une partie intégrante de la mise en place de rituels. Pour les novices, c'est essentiel pour comprendre la portée et l'importance des rituels dans la dynamique BDSM. Des articles sur les sites internet, des ateliers, des livres et surtout des échanges sur les forums peuvent être très instructifs. Contractualisez les pratiques Pour les cas plus formels, il peut être utile de documenter les rituels convenus. Cela peut prendre la forme d'un contrat ou d'une lettre d'intention, offrant une référence claire et un rappel des engagements pris. En respectant ces étapes, vous pouvez créer des rituels qui renforcent le travail d'équipe et la connexion au sein de la relation BDSM, tout en honorant la nature et les rôles de chaque personne impliquée. Les bénéfices du rituel BDSM Les rituels en BDSM offrent de multiples avantages qui renforcent non seulement la connexion entre les partenaires, mais aussi enrichissent l'expérience globale du BDSM. En établissant des routines et des rites, les partenaires créent un espace sécurisé où la confiance peut s'épanouir et où les dynamiques de pouvoir peuvent être explorées de manière saine et contrôlée. Renforcement de la confiance La confiance est la pierre angulaire de toute dynamique BDSM. Les rituels, par leur nature répétitive et prévisible, créent un environnement de sécurité émotionnelle. Lorsqu'un soumis se soumet aux rituels établis, il démontre sa confiance envers son maître ou sa maîtresse. Inversement, lorsque le dominant respecte les règles et les limites établies dans ces rituels, il affirme son engagement envers le bien-être et le respect du soumis. Raffermissement de la connexion La pratique de rituels spécifiques permet aux partenaires de se reconnecter à un niveau profond à chaque session. Cela va au-delà de la simple action physique; il s'agit d'une communication non verbale qui, par le biais de gestes et de mots, confirme la nature de leurs engagements mutuels. Par exemple, une cérémonie de colliers peut servir de rappel tangible de la connexion qui existe entre un maître et son esclave. Amélioration de l'expérience BDSM Les rituels peuvent enrichir l'expérience BDSM en ajoutant une couche de profondeur et de signification. Ils ne sont pas simplement des actes; ils sont des symboles de dévotion, de pouvoir et de respect. Ils peuvent transformer des actions autrement ordinaires en moments chargés de signification, augmentant ainsi l'intensité émotionnelle et psychologique de la séance. Développement personnel et éducation L'adoption de rituels peut également jouer un rôle dans l'éducation et le développement personnel des soumis et soumises. À travers la répétition et la discipline, ils apprennent à mieux se connaître et à comprendre leur place dans la dynamique BDSM. De même, les dominant(e)s peuvent affiner leur capacité à guider et à protéger, affirmant leur rôle à travers les rituels qu'ils établissent. Création d'une cadre Les rituels instaurent une structure qui peut aider les partenaires à naviguer dans leurs dynamiques de pouvoir. Cette structure peut fournir une liste claire d'attentes et de comportements souhaités, aidant les partenaires à rester dans le cadre convenu et à éviter les incertitudes ou les malentendus. Lancez-vous ! (ou pas !) En explorant les différentes facettes des rituels dans la pratique du BDSM, nous avons souligné leur rôle essentiel dans la création et le maintien d'une dynamique saine et épanouissante entre les partenaires. Nous avons vu comment ces rituels, loin d'être de simples formalités, sont des piliers sur lesquels la confiance, le respect et la connexion entre un maître, une maitresse et sa soumise, son soumis ou un esclave peuvent être construits et renforcés. La mise en place de rituels avec des règles claires et consensuelles est un processus qui requiert une communication ouverte, une formation continue, et un engagement réciproque. Chaque rituel, chaque geste et chaque parole contribuent à l'effet global des sessions de BDSM, les transformant de simples actions en cérémonies empreintes de signification. La nécessité d'ajuster les rituels aux besoins spécifiques des partenaires, d'adopter une attitude flexible face aux changements, et de toujours maintenir le consentement et la sécurité au premier plan est une évidence. Nous espérons que ces idées et informations inspireront des questions et des commentairesainsi qu'une réflexion de chacun plus profonde sur le sujet.  Gardez en tête que les rituels en BDSM sont une matière complexe et personnelle, et que ceux qui s'en passent ne sont pas dans l'erreur, mais vivent leur BDSM à leur façon. Le rituel est ce que les partenaires décident d'en faire et sont aussi uniques que les personnes qui les pratiquent. Ce qui importe, c'est que tout ce qui est fait, le soit dans le cadre de règles convenues, avec respect, et avec un désir partagé d'explorer les profondeurs de la domination et de la soumission d'une manière qui enrichit la vie de tous les participants.
4.3000 vues 6 aime
Par : le 07/11/23
J'avais été invité à une soirée officielle et, après le repas, la boisson aidant, la conversation a glissé sur certaines pratiques sexuelles bizarres. J'avais signalé cette curieuse coutume qu'ont certaines femmes de se serrer excessivement la taille pour aguicher les hommes, mais aussi pour se procurer des sensations inédites. Comme la réunion était fort guindée, chacun et chacune a pris des mines effarouchées pour parler de ces déviances inavouables mais en partant, un couple qui m'avait paru fort libre m'a demandé si cela m'intéresserait d'en savoir plus. A quel propos ?, ai-je demandé. Le masochisme féminin m'a répondu l'homme, tandis que sa compagne, silencieuse, prenait un air soumis. J'ai un bel exemple à te montrer, quand tu le voudras. Curieux et un peu excité, je leur donnai rendez-vous dès le lendemain soir, dans mon appartement de célibataire. Quand on a sonné à la porte, ils étaient là tous les deux. Lui, très chaleureux, elle, un sourire un peu crispé sur les lèvres et bizarrement habillée d'une cape enveloppante. J'ai vite compris pourquoi en la débarrassant : elle avait les mains et les bras durement ligotés en arrière, ce qui faisait ressortir une poitrine qui ne m'avait pas paru aussi opulente lors de la soirée précédente. Surpris, je la détaillai d'un peu plus près et notai que sa blouse laissait deviner des tétons fortement dardés et, sous son torse, une taille mince soulignée par une large ceinture. Sonia a voulu se faire belle en ton honneur, me dit Karl, après s'être présenté. Viens ici, lui dit-il et montre lui comme tu as aimé être parée pour cette rencontre amicale. Sonia s'avança avec une certaine difficulté tout en essayant de garder son sourire. Karl s'approcha et lui enleva sa ceinture puis, comme on montre fièrement un objet précieux, il lui ouvrit brusquement sa blouse et me dit : regarde, voilà le plaisir et la douleur de Sofia !   Je n'avais jamais vu ça…   Sa taille, qui m'avait déjà paru mince sous sa ceinture, était en réalité durement entravée par un haut corselet de cuir qui prenait appui sur ses hanches et montait jusqu'aux premières côtes. Il était serré à la limite du possible par trois fortes sangles disposées à l'arrière, hors de sa portée, et dont le bout était en outre solidement cadenassé. Le corset a été fait sur mesure, me dit Karl et Sonia le porte jour et nuit depuis un mois. Bientôt, elle pourra encore perdre un centimètre ou deux, mais je dois garder les clés des cadenas sur moi, car elle tente parfois d'échapper à la torture.   Et pour terminer, regarde ce qu'elle porte plus bas. Soulevant sa jupe, il me montra deux godemichés, chacun inséré dans son logement naturel selon sa grosseur et solidement maintenus par une lanière fixée au corset. Ils sont radiocommandés me dit-il et je peux les activer quand je le souhaite ou quand elle me le demande gentiment. Et pour me convaincre, il se mit à pianoter sur son iphone, déclenchant des râles et des soubresauts frénétiques chez Sonia.   Celle-ci ne pouvait plus se tenir debout et demanda enfin grâce. Magnanimes, nous la lui accordâmes en la libérant des décharges électriques. Je ne tiens pas à perdre mon joyau, me dit Karl, en embrassant une Sonia chancelante, mais souriante au milieu de larmes de douleur et de plaisir.
978 vues 11 aime
Par : le 07/11/23
"C’est après une nuit orageuse, et pendant laquelle je n’ai pas fermé l’œil. C’est après avoir été sans cesse ou dans l’agitation d’une ardeur dévorante, ou dans l’entier anéantissement de toutes les facultés de mon âme, que je viens chercher auprès de vous, Madame, un calme dont j’ai besoin, et dont pourtant je n’espère pas pouvoir jouir encore". (Lettre 48 Du Vicomte de Valmont à la Présidente de Tourvel). "C'est en vous voyant que je me suis éclairé. Bientôt j'ai reconnu que le charme de l'amour tenait aux qualités de l'âme. Qu'elles seules pouvaient en causer l'excès et le justifier. Je sentis enfin qu'il m'était également impossible et de ne pas vous aimer, et d'en aimer une autre que vous." (Lettre 52 Le Vicomte de Valmont à La Présidente de Tourvel). "Ce livre, s'il brûle, ne peut brûler qu'à la manière de la glace" (Charles Baudelaire). Rien ne semblait destiner l'officier d'artillerie, Choderlos de Laclos (1741-1803) à la Littérature, ni son roman, "Les Liaisons dangereuses", paru en 1782, à un tel succès, dans lequel le public vit un outrage, à clef scandaleux. Pierre Ambroise Choderlos de Laclos naquit à Amiens en 1741, dans une famille de la petite noblesse. Sa formation lui assura une solide culture scientifique et technique. Il choisit l’armée, se retrouva affecté dans l’artillerie, son extraction ne pouvant lui permettre plus noble carrière. Il parvint toutefois à s’illustrer en participant à l’élaboration du "boulet creux", aux qualités balistiques reconnues. En 1789, il devint le secrétaire du Duc d'Orléans, Philippe-Egalité. La période révolutionnaire ne l'épargna pas. Incarcéré à deux reprises, il échappa de peu à la guillotine. Il participa à la victoire de Valmy, puis au coup d’État du 18 Brumaire. En 1800, il fut nommé général de brigade dans l’artillerie par Bonaparte, entendant ainsi le récompenser. Désigné commandant de l’artillerie de l’armée d’observation dans les Etats du royaume de Naples, le 21 janvier 1803, il mourut à Tarente, pendant la campagne d'Italie, le 3 septembre, de dysenterie et de malaria. Laclos entreprit l'écriture des "Liaisons dangereuses" durant un séjour à l'île d'Aix en 1779. Sa vie morne, de garnison en garnison, lui permit de côtoyer le libertinage aristocratique, plutôt que de le pratiquer lui même, préférant conserver un regard distant, afin d'offrir, de l'Ancien Régime finissant, le portrait glaçant d'une société corrompue, et à la tradition littéraire du roman libertin, un chef-d'œuvre intemporel. Le sous-titre complet du roman, "Lettres recueillies dans une société et publiées pour l'instruction de quelques autres", indique la forme adoptée: le roman épistolaire, dont le genre littéraire était très prisé au XVIIIème siècle. "En effet, la situation où je suis en vous écrivant me fait connaître, plus que jamais, la puissance irrésistible de l’amour; j’ai peine à conserver assez d’empire sur moi pour mettre quelque ordre dans mes idées; et déjà je prévois que je ne finirai pas cette Lettre, sans être obligé de l’interrompre". (Lettre 48 Du Vicomte de Valmont à la Présidente de Tourvel).   "Quoi ! ne puis-je donc espérer que vous partagerez quelque jour le trouble que j’éprouve en ce moment ? J’ose croire cependant que, si vous le connaissiez bien, vous n’y seriez pas entièrement insensible. Croyez-moi, Madame, la froide tranquillité, le sommeil de l’âme, image de la mort, ne mènent point au bonheur. Les passions actives peuvent seules y conduire et malgré les tourments que vous me faites éprouver, je crois pouvoir assurer sans crainte, que, dans ce moment même, je suis plus heureux que vous. En vain m’accablez-vous de vos rigueurs désolantes. Elles ne m’empêchent point de m’abandonner entièrement à l’amour, et d’oublier, dans le délire qu’il me cause, le désespoir auquel vous me livrez. C’est ainsi que je veux me venger de l’exil auquel vous me condamnez. Jamais je n’eus tant de plaisir en vous écrivant". Consacré par Montesquieu dans "Les Lettres Persanes", adopté par Goethe dans "Les Souffrances du jeune Werther" puis par Rousseau dans "La Lettre des deux amants." C'est en disciple de Jean-Jacques Rousseau, que Laclos peignit les mœurs dépravés de la noblesse de cour, le conformisme de la morale religieuse, et la frivolité cynique des libertins se jouant de l'amour et du mariage. Les "Liaisons dangereuses" dénonçaient les douteuses fréquentations de salon ou d’alcôve, de jeunes gens candides, prompts à des égarements, dont la correspondance, servaient d'armes redoutables, à des séducteurs sans scrupules. L'œuvre, construite en architecture diabolique, apparaît comme une peinture complaisante des conduites de séduction. Mais Laclos n’est pas Valmont, son roman de mœurs n'est pas davantage un "catéchisme de débauche." Œuvre unique sur bien des aspects, "Les Liaisons dangereuses" marque durablement celui qui en entreprend la lecture. Par l’intelligence de sa structure: le genre épistolaire permet une construction diffractée d’une intelligence confondante. Alternant les personnages, les réactions, différant certaines lettres quand il en perd d’autres, anticipant la réaction de certains destinataires, l’auteur tisse un écheveau à la mesure des forces agissantes. Action et psychologie s'interpénètrent réciproquement. L'action s'implique dans l'analyse psychologique, en la relançant, tandis que la psychologie, en nouant et dénouant l'intrigue soutient l'action. Le récit, tout au long du roman, pourtant riche de cent soixante quinze lettres, demeure unifié. Le talent de Laclos est d'avoir su admirablement unifier les éléments dans un ensemble harmonieux. Les lettres, ensuite, ont rarement été exploitées avec autant de malice: Confidence intime, l’épanchement adolescent de Cécile, perverti par la complicité vénéneuse du duo, oie blanche à peine sortie du couvent, "commune pupille", conduite à la dépravation et à la luxure. le désespoir moral de Madame de Tourvel face aux assauts de moins en moins vindicatifs de Valmont.   "Tout semble augmenter mes transports: l’air que je respire est brûlant de volupté; la table même sur laquelle je vous écris, consacrée pour la première fois à cet usage, devient pour moi l’autel sacré de l’amour. Combien elle va s’embellir à mes yeux ! J’aurai tracé sur elle le serment de vous aimer toujours ! Pardonnez, je vous en supplie, le délire que j’éprouve. Je devrais peut-être m’abandonner moins à des transports que vous ne partagez pas. Il faut vous quitter un moment pour dissiper une ivresse qui s’augmente à chaque instant, et qui devient plus forte que moi". Qualité romanesque remarquable, chaque lettre nous renseigne sur celui qui raconte autant que sur ce qui est raconté. Selon le principe qui sera plus tard porté par Proust à son sommet, chaque personnage apparaît comme être de langage: précision, ironie de la Marquise de Merteuil, vivacité et clarté intellectuelle de Valmont, peu à peu dégradées par la passion, exaltation sentimentale niaise de Danceny, naïveté brouillonne et spontanée de Cécile, lucidité amusée, sagesse bienveillante, politesse un peu désuète, chez Madame de Rosemonde, bien-pensance et modestie extrême chez la Présidente de Tourvel, puis émoi, égarement, jusqu’à sa fin tragique. Mais, au-delà, la véritable innovation littéraire de Laclos, consiste de faire de ces lettres, des forces agissantes. Interceptions, copies, pressions, indiscrétions, restitutions, détournements, changements de destinataire. Il n’est pratiquement pas un tournant de l’intrigue dont le jeu épistolaire ne soit l’agent. Les personnages ne cessent donc de se croiser, de se séduire, de se débattre, peu-à-peu pris au piège par l'auteur. Le flamboyant Vicomte de Valmont joue à séduire, sans aucune vergogne mais tout bascule lorsque les sentiments mêlés de larmes prennent le dessus. Le libertin devient amoureux et se noie dans les méandres de l'amour, il chutera. La Marquise de Merteuil, femme raffinée à la beauté diabolique, complice de Valmont, perdra tout. Les jeunes gens, d'une naïveté confondante, pris aux pièges des maîtres du jeu, ne s'en remettront pas non plus. Les règles semblent simples dans ce jeu amoureux, deux cartes maîtresses: la vanité et le désir sexuel, Capitaine d'artillerie, Choderlos de Laclos révèle alors toute la froideur de la stratégie militaire, dans cette élégante comédie échiquéenne de l'égotisme et de la sensualité, où "conquérir" pour "prendre poste", nécessite toujours "attaques" , "manœuvres, "déclaration de guerre" pour "prendre poste", "jusqu'à la capitulation." Le duel par lettres échangées entre la Marquise de Merteuil et Valmont brille à chaque page. "J'ajoute que le moindre obstacle mis de votre part sera pris de la mienne pour une véritable déclaration de guerre: vous voyez que la réponse que je vous demande n'exige ni longues ni belles phrases. Deux mots suffisent." Réponse de la Marquise de Merteuil écrite au bas de la même lettre: "Hé bien ! La guerre" La polyphonie permet dans un premier temps à Laclos une démonstration de force, celle de la maîtrise de tous les tons et des nuances les plus fines dans la psychologie et la caractérisation. C’est aussi une plongée dans les eaux troubles de la rhétorique libertine: le lecteur se voit confronté à une langue brillante mais manipulatrice, mensongère et ciselée comme le diamant.   "Je reviens à vous, Madame, et sans doute j’y reviens toujours avec le même empressement. Cependant le sentiment du bonheur a fui loin de moi. Il a fait place à celui des privations cruelles. Si je me retrace encore les plaisirs de l’amour, c’est pour sentir plus vivement le regret d’en être privé. Je ne me vois de ressource que dans votre indulgence, et je sens trop, dans ce moment, combien j’en ai besoin pour espérer de l’obtenir. Cependant jamais mon amour ne fut plus respectueux, jamais il ne dut moins vous offenser". La mécanique épistolaire étant consubstantielle au libertinage en tant que tel. Feindre, tromper, détourner les soupçons, flatter, toutes ces manœuvres de séduction sont en réalité des opérations de langage écrit. L’écriture est pour les libertins, une action, le verbe précédant la chair. L'immersion dans le récit plonge le lecteur attentif, dans un système d’une telle ampleur qu’il en devient libertin lui-même: on jubile dans un premier temps de toute cette intelligence déployée au service de l’immoralité. Dans le secret, on occupe cette place omnisciente qui nous fait rire du ridicule et de la fragilité des "roués", comprenant davantage qu’eux, leurs aveux inconscients sur la voie royale de la dépravation. Mais le génie de Laclos est de, progressivement et insidieusement, gripper la machine. Puisque nous sommes devenus experts dans l’analyse des victimes, pourquoi ne pas faire celle des bourreaux ? La relation entre La Marquise de Merteuil et Valmont, l’amour pris dans les rets de l’orgueil, du pouvoir et de la réputation mènent la fin du roman vers des sommets. Le brillant libertin agonise en amoureux inconsolable, la marquise perd son honneur et sa beauté. Conformant ainsi le roman, au romantisme du XIXéme siècle, qui n'hésita pourtant pas, à le condamner pour outrage aux bonnes mœurs, et qu'une bonne part du cinéma du siècle suivant, contrairement au théâtre, préféra le tirer vers le drame sentimental. Sensuel et brillant, le roman est à l’image des libertins: il sait nous séduire par ses éclats pour nous éduquer à notre insu, et nous faire prendre le parti inverse de ceux qu’on avait idolâtrés, soudain bouleversés par une émotion authentique, sincère et sans calcul. Peut-on trouver meilleur moyen pour véhiculer une morale que l’excitant discours de l’immoralité ? "Voyez-vous, l’humanité n’est parfaite dans aucun genre, pas plus dans le mal que dans le bien". (Lettre 134)   "N'avez-vous donc pas encore remarqué que le plaisir, qui est bien en effet l'unique mobile de la réunion des deux sexes, ne suffit pourtant pas pour former une liaison entre eux ? et que s'il est précédé du désir, qui rapproche, il n'est pas moins suivi du dégoût, qui repousse ? C'est une loi de la nature, que l'amour seul peut changer. Et de l'amour, en a-t-on quand on veut ?".  Vénéneux, sensuel et brillant, le roman est à l’image des libertins. Il sait nous séduire par ses éclats pour nous éduquer à notre insu, et nous faire prendre le parti inverse de ceux qu’on avait idolâtrés, soudain bouleversés par une émotion sincère et sans calcul. Ainsi, quelle que soit la modalité adoptée par un personnage, la corporéalité s'en venge. On assiste à une revanche des corps sur les modalités du désir qui cherchaient alors à les subordonner au langage à l'état pur. Mais le physique ne se laisse pas faire, et se révolte contre une telle abstraction. Or, le dénouement marque une autre victoire, il désigne le triomphe de l'auteur, sa victoire sur ses personnages. En tant qu'auteur, Laclos ordonne, orchestre avec brillance les modalités qu'il a su donner à ses protagonistes, jusqu'à ce que le présent subjectif de chaque lettre concoure au présent pseudo-objectif de l'auteur, et du lecteur, et affirme, dans la destruction finale de ce monde romanesque, la création même de son récit. Par là Laclos est complètement un homme de son temps, du siècle des Lumières finissant, qui se caractérise précisément par ce désir de se voir agir, de réfléchir alors sur son propre moment historique en même temps qu'on le vit, une volonté d' héroïser le présent. Il faut voir dans "Les Liaisons dangereuses" une redéfinition du savoir triomphant des Lumières. Ce n'est plus le fruit des sciences désintéressées, mais des intelligences fort intéressées, où savoir serait vraiment pouvoir, et où Laclos décèle une volonté et une puissance qui sous-tendent les projets dits philosophiques tout comme vouloir et pouvoir animent les projets libertins de Merteuil et Valmont. Mais, à la différence de l'abondante littérature philosophique de l'époque, la spécificité des Liaisons serait son optique libertine qui ne voit chacune de ces modalités qu'à travers le prisme du désir subjectif. Si les Lumières fondent l'ère moderne, "Les Liaisons dangereuses", témoin de leur siècle, sont par leurs caractères, les modes désirants qui dépassent magistralement les personnes qu'elles font s'aboucher.   Bibliographie et sources:   - Jean-Paul Bertaud, "Pierre Choderlos de Laclos" - Betty Becker-Theye, "The seducer as mythic figure in Laclos" - Jean Goldzink, "Le vice en bas de soie" - Georges Poisson, "Choderlos de Laclos ou l’obstination" - Jacqueline Spaccini, "Choderlos de Laclos" - Roger Vailland, "Laclos par lui-même" - Colette Verger Michael, "Choderlos de Laclos" - Charlotte Simonin, "Marivaux, de l’autre côté du miroir" - Franck Salaün, "Le romantisme chez Marivaux" - Jacques Guilhembet, "L’œuvre romanesque de Marivaux" - Frédéric Deloffre, "Marivaux et le marivaudage" - Juliette de Bosmelet, "Le libertinage de Marivaux à Laclos" - Aliette de Pracomtal, "Les clés des Liaisons dangereuses"   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
453 vues 10 aime
Par : le 06/11/23
"But words are things, and a small drop of ink, falling like dew, upon a thought, produces that which makes thousands". Borné dans sa nature, infini dans ses vœux, l’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux. Il y a de la musique dans le soupir du roseau. Il y a de la musique dans le bouillonnement du ruisseau. Il y a de la musique en toutes choses, si les hommes pouvaient l'entendre. Nous pouvons éprouver ou imaginer le regret avec lequel on contemple les ruines de cités, jadis capitales d'empires. Les réflexions suggérées par de tels objets sont trop banales pour être répétées ici. Mais jamais la petitesse de l'homme et la vanité de ses meilleures vertus n'apparaissent plus frappantes qu'au souvenir de ce que fut Athènes et qu'au constat de ce qu'elle est. Il était réservé à un minable antiquaire, et à ses vils agents, de rendre cette ville aussi méprisable qu'eux-mêmes et leurs carrières". George Gordon Byron était le sixième baron Byron. Il est né le vingt-deux janvier 1788 à Londres et il est décédé le dix-neuf avril 1824 à Missolonghi en Grèce à seulement trente-six ans. Il figure parmi les plus célèbres poètes de la littérature anglaise du début du XIXème siècle. Aujourd’hui encore, son nom est réputé. L’auteur est connu pour son style assez classique et figure parmi les principaux acteurs du romantisme aux côtés de Wordsworth, Robert Southey ou encore Coleridge. De par une sensibilité étonnante et un génie irrévocable à maîtriser la rime tel Don Juan qui maniait avec grâce l’épée de la séduction. Le nom de George Gordon Byron brille plus que jamais comme celui de l’une des figures emblématiques du romantisme anglais du XIXème siècle. Or, "qu’est-ce un nom ? Ce n’est ni une main, ni un bras, ni un visage", au-delà du nom de Lord Byron s’illustre un talent jamais égalé et une poésie qui reflète son âme d’une sensibilité singulière. Sa rime reflète ses angoisses, les tragédies qui jonchaient son parcours, ses amours passionnées et toute la fragilité d’un être hors du commun. Il glissa de lui-même dans chacune de compositions et tout au long de sa courte vie, fascine par sa beauté et son air majestueux. Si bien quel a presse conservatrice de l’époque avait peur que les écrits de Byron et sa figure magnétique, tel un buste de marbre n’écarte les femmes britanniques du chemin de la vertu. Mais, le côté sombre et orageux de la lune de Lord Byron est bien ses mœurs légères. Sa vie est marquée par les scandales de ses prouesses amoureuses jugées outrageuses et lui valant les critiques et la satire de la société, assez réactionnaires, de l’époque. Un génie sans pareil, fait écho à une sexualité débridée et à des envies non-réprimées. L’inceste, les maîtresses, l’abandon de ses enfants et sa bisexualité qu’il consommait dans l’ombre, puisque un comportement pareil était puni de mort à l’époque, contribuent à dessiner les traits d’un artiste qui faisait du danger son quotidien. Le voyage en Orient est une étape primordiale pour tous les poètes de veines romantiques. Aussi, Lord Byron ne fit pas exception à cette perspective très répandue dans ce siècle et visita la Grèce et la Turquie. Son mythe fut scellé par les secrets à jamais perdus d’une vie marquée par l’amour du danger, l’interdit bravé, le culte du moi. Byron est le génie tourmenté qui s’est éteint trop tôt, de cette malédiction que subissent les esprits supérieurs et novateurs. C’est la légende d’un homme qui a consommé l’amour et la poésie à doses égales.   "Perhaps millions, think. It is strange, the shortest letter which man uses instead of speech, may form a lasting link. Arrière les fictions de vos romans imbéciles, ces trames de mensonges tissues par la folie. Donnez-moi le doux rayon d’un regard qui vient du cœur, ou le transport que l’on éprouve au premier baiser de l’amour". Fils de John Byron, capitaine aux gardes, et de sa seconde femme Catherine Gordon de Gight, d’une famille d’Aberdeenshire descendant des Stuarts. Le capitaine ayant dissipé la fortune de sa femme, celle-ci se retira avec son fils à Aberdeen et y vécut avec un mince revenu de cent trente livres. C’est donc dans les montagnes de l’Écosse que Byron passa sa première enfance qui fut triste et maladive. Le caractère aigri, capricieux et emporté de sa mère, qui l’accablait tour à tour de caresses et de mauvais traitements, développa cette irritabilité et cette susceptibilité excessives qui furent alors les principaux défauts de son caractère. D’une beauté remarquable, il avait eu un pied tordu à la suite d’un accident survenu à sa naissance et cette difformité, quoique légère, fut pour lui une source constante d’amertumes. Il n’avait pas neuf ans qu’il tombait alors amoureux d’une jeune écossaise, Marie Duff, lorsqu’il apprit son mariage quelques années après, il fut, il le raconte lui-même, comme frappé de la foudre. Une de ses cousines, Margaret Parker, fillette de treize ans, fut sa seconde passion. C’était, dit-il, une des créatures les plus belles et les plus éphémères qui aient vécu. Toute paix et beauté, elle semblait sortir d’un arc-en-ciel. Elle mourut à quatorze ans, à la suite d’un accident, alors que Byron d’un an plus jeune était au collège de Harrow, et cette mort lui inspira ses premiers vers. En 1798, il hérita alors de la fortune et de la pairie de son grand-oncle William lord Byron, ainsi que du domaine de Newstead-Abbey donné à un de ses ancêtre par Henri VIII. Sa mère l’envoya au collège de Harrow où il se fit remarquer par son indiscipline et sa haine de toute tâche imposée. À Newstead-Abbey, en 1803, il s’éprit d’une jeune fille du voisinage, Mary Chaworth. Il n’avait que quinze ans et Mary, de deux ans plus âgée, dédaignait cet enfant boiteux qui devait pourtant, comme Dante à Béatrice, lui donner une poétique immortalité. Son père, tué en duel par l’oncle William, rendait d’ailleurs tout mariage impossible. Elle se fiança à un autre et l’adolescent envoyé à Trinity College, Cambridge, se consola par de nombreuse amours et scandalisa bientôt l’Université par son indiscipline coutumière et des excentricités que sa fortune lui rendait faciles. C’est à Cambridge qu’il publia son premier recueil de poésies, imprimé à Newark (1807), sous le titre de "Hours of Idleness", où s’étalent ses passions précoces et où percent déjà son humeur fantasque, son scepticisme et sa misanthropie. Lord Brougham, dans La Revue d’Edimbourg, en fit une violente critique à laquelle le jeune poète répliqua par une satire, "English Bards and Scotch Reviewers" (1809), où il s’attaque, avec une verve féroce, à toutes les personnalités marquantes d’alors. Il regretta alors plus tard cette boutade, car il essaya, vainement, de retirer ce pamphlet de la circulation.   "Of ages. To what straits old time reduces frail man, when paper, even a rag like this, urvives himself, his tomb. Rimeurs, qui ne brûlez que du feu de l’imagination, dont les passions pastorales sont faites pour le bocage, de quelle heureuse source d’inspiration couleraient vos sonnets, si vous aviez savouré le premier baiser de l’amour". Au sortir de l’Université, où malgré l’irrégularité de sa conduite il fit de bonnes études, il se lança dans toutes les extravagances de la jeunesse dorée et devint le héros de maintes aventures scandaleuses, puis en 1809 prit sa place à la Chambre des lords sur les bancs de l’opposition, et bientôt, las des débats parlementaires, partit pour le continent. En deux années, il visita successivement le Portugal, l’Espagne, les rivages classiques de la Méditerranée, résida quelque temps en Grèce et en Turquie. Les deux premiers chants de "Childe Harold’s Pilgrimage", parus en 1812, sont le récit de ses impressions de voyage et de ses propres aventures. Le succès en fut immense: "Je me réveillais un matin, dit-il, et j’appris que j’étais fameux". Sa popularité s’accrut encore du retentissement d’un discours qu’il prononça à la Chambre Haute contre les mesures de rigueur nouvellement prises pour étouffer les émeutes d’ouvriers. De 1812 à 1814, la publication du "Giaour", de "Bride of Abydos", du"Corsair" et de "Lara", augmentent l’enthousiasme. Byron devint l’idole des cercles de la jeunesse aristocratique et viveuse de Londres. Enfin, fatigué de cette vie de dissipation, rassasié de plaisirs, il voulut se ranger et épousa la fille de sir Ralph Milbanke, baronnet du comté de Durham, qui s’était éprise de lui. Le mariage fut célébré le deux janvier 1815 à Seaham, la résidence de son père. Ce fut un grand étonnement pour ceux qui connaissaient le caractère de Lord Byron, qui déclara d’ailleurs dans "The Dream" que le jour de ses noces toutes ses pensées étaient pour la demoiselle d’honneur de sa femme, qu’il trouva placée entre elle et lui dans la voiture. Cependant, de son propre aveu aussi, il fut quelque temps heureux, quoique "fort ennuyé par son pieux beau-père" qui avait offert au jeune couple une de ses résidences, dans le comté de Durham, pour y passer leur lune de miel. Mais dès le mois de mars les époux allaient s’installer à Londres, et c’est là qu’éclata leur incompatibilité d’humeur. Lady Byron, jolie, intelligente, distinguée, mais imbue de tous les préjugés du clan britannique, dévote et d’une vertu hautaine, ne pouvait faire les agréments du foyer d’un homme qui professait le mépris le plus profond pour toutes les conventions sociales, la haine féroce du dogme religieux aussi bien que du credo politique de la "respectabilité". Aussi dès sa grossesse se vit-elle délaissée par son mari, qui cherchait des distractions illicites du dehors, bien qu’il eût écrit d’elle avant son mariage: "Elle est si bonne que je voudrais alors devenir meilleur". Correcte, sèche, sans tempérament, incapable de faillir et de pardonner, elle était de ces femmes qui rendent la vertu insupportable. Il faut ajouter les embarras financiers sans cesse croissants et qui sans doute aigrissaient son caractère. Les dettes de Byron ne diminuaient en rien le chiffre de ses dépenses. En novembre 1815 il avait été obligé de vendre sa bibliothèque, en moins d’un an les huissiers avaient fait neuf fois irruption dans la maison.   "And now I'm in the world alone, upon the wide, wide sea. But why then publish ? There are no rewards of fame. Si Apollon vous refuse son aide, si les neuf sœurs paraissent vouloir s’éloigner de vous, ne les invoquez plus, dites adieu à la muse, et essayez de l’effet que produira le premier baiser de l’amour". Le dix décembre 1815, la jeune femme accoucha d’une fille, Augusta-Ada, et le six janvier son mari, qui ne communiquait plus avec elle que par lettres, lui écrivit qu’elle eût à quitter Londres aussitôt que possible pour vivre avec son père en attendant qu’il ait pris des arrangements avec ses créanciers. Elle partit huit jours après rejoindre ses parents à Kirkby Mallory et, bien qu’elle lui écrivit à son départ une lettre affectueuse, elle s’occupa alors de faire déclarer son mari "insane", affirmant qu’elle ne le reverrait jamais plus. Cette séparation fit scandale. Quelques propos répétés excitèrent une explosion d’indignation publique. Byron fut accusé de toutes sortes de vices monstrueux, et la presse anglaise, toujours hypocritement vertueuse et champion de la morale le compara à Néron, Héliogabale, Caligula, Henri VIII. Il n’osa plus se montrer en public de crainte des outrages de la foule et des brutalités de la populace. La cause de cette fureur, tenue secrète par la génération suivante, ne fut révélée que cinquante-cinqans plus tard par Harriett Beecher Stowe: Byron aurait eu des relations incestueuses avec sa demi-sœur Augusta, fille d’un premier mariage de son père, devenue Mistress Leigh. Cependant celle-ci continua jusqu’en 1830 d’être en bons termes avec lady Byron, servant d’intermédiaire entre elle et son mari tant qu’il vécut. Elle mourut en 1851, et ce ne fut qu’en 1856 que lady Byron aurait confié ce secret à la romancière américaine, et cela par charité évangélique. Elle pensait qu’en ternissant la mémoire du poète, elle diminuerait l’influence néfaste de ses écrits et par suite son expiation dans l’autre monde. Mistress Stowe ne publia ces confidences qu’en 1869 dans le "Macmillan’s Magazine" et dans "The Atlantic Monthly". Dans son livre "The Real Lord Byron", J. C. Jeaffreson revint sur cette question de l’inceste, qui ne devrait pourtant laisser aucun doute, à en juger par des stances écrites à sa sœur Augusta pendant le séjour du poète à la villa Diodati (1816), et des vers adressés à "My Sweet Sister" ("Ma douce sœur"), détruits à sa mort sur son expresse volonté. Byron implora son pardon, qui lui fut implacablement refusé, et la séparation à l’amiable eut lieu le deux février 1816, à la suite de quoi il quitta l’Angleterre pour n’y plus revenir, après avoir publié "The Siege of Corinth" et "Parisina". Le premier ouvrage fut composé pendant son année de cohabitation conjugale, car le manuscrit tout entier est copié de la main de Lady Byron. L’éditeur Murray envoya un chèque de mille guinées que Byron lui retourna.   "I ask in turn why do you play at cards with them ? But why drink ? Why read ? To make some hour less dreary. Je vous hais, froides compositions de l’art. Dussent les prudes me condamner et les bigots me désapprouver, je recherche les inspirations d’un cœur qui bat de volupté au premier baiser de l’amour". Il visite la France et la Belgique, se rend en Suisse où il se lie avec le poète Shelley, dont la vie agitée et courte eut tant de similitudes avec la sienne. À Genève, il compose le troisième chant de "Childe Harold" et "The Prisoner of Chillon", et, en face des glaciers de l’Oberland, s’inspire pour son sombre drame de "Manfred", écrit en 1817 ainsi que "Lamentof Tasso". De 1818 à 1821, il habita Venise et Ravennes, complétant "Childe Harold", écrivant "Mazeppa", "MarinoFaliero", "Werner", "Caïn", "Difformed Transformed". Mais de toutes ces œuvres, la plus extraordinaire est bien l’épopée de "Don Juan", qu’il acheva à Pise en 1822. Don Juan, héros railleur, cynique, passionné, enthousiaste, aventureux et mobile comme lui. La vie de plaisirs excessifs avait sans doute fatigué son cerveau, car il ne travaillait plus que sous l’influence de copieuses libations. Après un amour scandaleux avec la comtesse Guiccioli, sentant sa verve poétique lui échapper, il essaya de la politique. Whig en Angleterre, il ne pouvait être alors que carbonaro chez ce peuple qui aspirait à son émancipation. Le mouvement ayant avorté, il fonda, avec les poètes Leigh Hunt et Shelley, "Le Libéral", qui n’eut que quelques numéros. Dépité et mécontent, voyant ses forces s’user, son génie s’appauvrir et sa fortune se fondre, il résolut de mettre au service de l’insurrection des grecs pour leur indépendance tout ce qui lui restait. Il partit sur un brick frété à ses frais et débarqua à Missolonghi le quatre janvier 1824, ne trouvant partout que confusion, discorde, anarchie, rapacité et fraude. Un peuple brave mais sans discipline, une populace armée, cruelle, criarde, imbécile et turbulente, des chefs jaloux, antagonistes et mal obéis. Pendant trois mois, avec son âme de poète et son argent de grand seigneur, il essaya des remèdes. Désespéré et déjà malade, il fut saisi le neuf avril dans une de ses courses quotidiennes à cheval d’une fièvre qui l’emporta en dix jours. Les grecs prirent le deuil et son corps fut rapporté en Angleterre, dans le caveau de sa famille, en la petite église de Hucknoll, près de Newstead. Lord Byron est l’un des plus grands poètes de l’Angleterre et, à un moment donné, il éclipsa la gloire de tous, même celle de Walter Scott, Wordsworth, Southey, Moore et Campbell. On l’a quelquefois comparé à Burns. Tous deux, le pair et le paysan, écrivirent d’après leurs impressions et leurs sentiments personnels, se montrant tout entiers dans leurs œuvres, esclaves de passions impérieuses, livrés également au doute et à la mélancolie, ils moururent tous deux prématurément, après une vie d’extraordinaire activité physique et intellectuelle. Ils furent l’un et l’autre des apôtres de cette école négative et stérile de misanthropie, de doute et de désespérance, qui fit tant de ridicules adeptes et de niaises victimes. Les écrits de Byron c’est lui-même, et de lui l’on peut dire. Le poète et l’homme ne font qu’un. Malgré son titre, son rang et sa naissance, il a beaucoup haï les anglais, c’est peut-être pourquoi il fut si populaire en France.   "It occupies me to turn back regards on what I've seen or pondered, and what I write I cast upon the stream. Vos bergers, vos moutons, tous ces sujets fantastiques peuvent amuser parfois, mais ne pourront jamais émouvoir. L’Arcadie n’est qu’un pays de fictions. Que sont ces visions-là, comparées au long premier baiser de l’amour ?". Les deux premiers chants du "Pèlerinage de Childe Harold" ont été publiés à Londres en 1812. Ces deux chants poétiques, sous couvert d’une fiction, constituent le récit masqué des pérégrinations de Lord Byron en Orient. Ne pouvant se rendre ni en France, ni en Italie sous domination napoléonienne, Byron et so nami Hobhouse, tous deux âgés d’une vingtaine d’années, inventent une sorte de nouveau grand tour. Partis d’Angleterre le deux juillet 1809, ils débarquèrent à Lisbonne, puis gagnèrent peu à peu l’Espagne alors en pleine lutte contre la présence des troupes françaises sur son sol. De Gibraltar, ils entreprirent ensuite une longue traversée de la Méditerranée pour gagner l’actuelle Albanie, à cette époque largement méconnue des voyageurs européens. De là, ils pénétrèrent en Grèce continentale qu’ils visitèrent avec entrain avant de gagner les rivages de l’Asie mineure, Constantinople et de se replier à nouveau en Grèce, le pays préféré de Byron. Ce voyage, long de deux ans, dont on connaît les moindres détails grâce au poème et surtout à l’abondante correspondance de Byron, a été pour le poète anglais un moment charnière dans sa trajectoire personnelle, une sorte d’hapax existentiel délimitant un avant et un après dans son cheminement identitaire. Bien sûr, une chose est le voyage lui-même, une autre sa transfiguration poétique. Au regard de la riche correspondance de Byron, la tonalité du poème est infiniment plus sombre, avant tout dominée par les thèmes de la conscience malheureuse, du désenchantement et de la révolte. Il constitue le récit de voyage d’un pèlerin qui hante les glorieux vestiges de l’Europe et qui ne trouve en toute chose que le reflet de sa propre mélancolie. Avec cette publication, Byron connaît une célébrité immédiate et phénoménale en Angleterre tout d’abord, mais bientôt étendue à toute l’Europe et alimentée par sa réputation de poète maudit, ses postures de dandy et ses aventures de libertin si commentées dans les cercles intellectuels et les salons mondains. Dans son journal intime, peu de temps après la publication de l’œuvre, il prend acte de cette gloire soudaine en y inscrivant cette courte phrase: "Un matin, je me suis réveillé célèbre".   "The sails were fill'd, and fair the light winds blew, as glad to waft him from his native home, his house. Oh ! ne dites pas que l’homme, depuis sa naissance, depuis Adam jusqu’à nos jours, a été soumis à la loi du malheur. Il y a encore sur la terre quelque chose du paradis, et l’Eden revit dans le premier baiser de l’amour". Le succès de librairie est en effet prodigieux et les rééditions en Angleterre n’en finissent pas. Pas moins d’une douzaine entre 1812 et 1821. Au final, Byron devient avec Walter Scott l’un des deux premiers écrivains européens à vivre réellement de sa plume. Son succès se répercute alors ensuite, avec quelques années de décalage, sur tout le continent depuis l’Espagne jusqu’à la Russie. L’extension géographique de la publication du poème et le rythme des traductions témoignent d’un succès dont, en réalité, il y a peu de précédents dans l’histoire européenne. Pour Tomasi Di Lampedusa, l’un de ses biographes, "Childe Harold"ne fut rien de moins que "la bombe atomique de la littérature européenne". En France, où ses œuvres complètes furent rééditées pas moins de sept fois entre 1819 et 1827, l’influence de Byron et de son poème fut particulièrement prégnante. Pourtant les traductions françaises réalisées dans l’urgence furent plus qu’approximatives tant elles firent subir au poème de fortes distorsions. Byron s’en plaindra ouvertement, regrettant qu’elles abandonnent alors largement la versification qui était la sienne pour une forme hybride s’apparentant davantage à des poèmes en prose. À son départ, Byron n’avait pas de projet de relation de voyage. Il disait alors vouloir voyager pour voyager, sans autre dessein. Son projet d’écriture est né tardivement, une fois le jeune poète plongé dans l’atmosphère hautement exotique de l’Albanie, dont la profonde étrangeté semble avoir rendu l’écriture impérative. Reste qu’à son retour en Angleterre, Byron considérait son œuvre comme étant indigne d’être éditée. Sans l’insistance et la ténacité de son ami Dallas, il ne l’aurait probablement pas publiée. Sans doute n’aurait-il pas connu alors pareille célébrité. Initialement, le poème devait porter le nom médiéval des Byron: Childe Burun. Or, Byron remplaça l’un par l’autre sans se soucier pour autant de changer les nombreux détails qui révélaient clairement son identité au lecteur. Au final, le lectorat ne se laissa pas abuser et, malgré les préfaces successives du poète, le voile de fiction ne cacha pas longtemps la part largement autobiographique du poème. Toute la réception de son texte fut ainsi largement ordonnée par cette confusion entre Byron et Harold, ce qui contribua à faire de Byron un véritable mythe vivant et à faire de sa légende un acteur historique à part entière. À plusieurs reprises par le passé, les historiens de la Méditerranée ou du paysage ont montré combien la peinture des paysages méditerranéens dans "Childe Harold" joua un grand rôle dans le renouvellement des représentations collectives de la Méditerranée et de ses rivages. Alors que les prémices du romantisme avaient tourné les regards vers les rivages septentrionaux de la Calédonie, ce livre contribua à associer de nouveau le pourtour méditerranéen à des chaînes d’images positives, quitte à rapprocher comme le fait Byron les Highlanders des montagnes écossaises de son enfance et les albanais qu’il a sous les yeux, dont les mœurs fières et violentes et le port de jupes courtes appellent inévitablement l’analogie.   "And so fast the big white rocks faded from his poor view, And soon were lost in circumambient foam. Quand l’âge aura glacé notre sang, quand nos plaisirs auront disparu, car les années pour s’enfuir ont les ailes de la colombe, le souvenir le plus cher et qui survivra à tous les autres, celui que notre mémoire aimera le plus à se rappeler, c’est le premier baiser de l’amour". Mais face au Nord de la poésie ossianique, tissé de brumes, de tempêtes et d’orages, Byron opposa une Méditerranée lumineuse et exotique qui constitua un second pôle d’attraction de l’imaginaire de l’espace romantique, autorisant des aventures perçues comme plus authentiques dans un monde qu’on imaginait plus sauvage et plus archaïque. Toutefois, c’est certainement quant à l’épanouissement de l’orientalisme que son poème fut le plus efficient. Si les récits des voyageurs et les traductions des orientalistes avaient déjà inauguré un vif mouvement d’intérêt pour l’Orient à la fin du XVIIIème siècle, Byron de par l’immense succès de son poème et de ses contes orientaux renforça considérablement ce tropisme oriental et fut l’un des foyers majeurs de la vogue orientaliste qui se déploya tout au long du XIXème siècle. "Childe Harold" participe d’une érotisation de l’espace oriental. En ce premier XIXème siècle, il constitue l’une des étapes majeures de la construction du mythe de la femme orientale, incarnée ici par la figure de l’andalouse associée à l’Orient de par le passé maure de l’Espagne du Sud. Au fil du poème se dessine alors ensuite une sorte d’Orient hédoniste, où l’itinéraire d’Harold est ponctué de multiples rencontres féminines, celles de femmes voilées et lascives dont le pouvoir de séduction est avivé par le mystère des harems, par les parfums, la pourpre et la douce torpeur qui imprègnent les modes de vie. En laissant place aux amitiés masculines, cet Orient semble aussi permettre toutes les licences et incarner l’évasion loin du carcan des mœurs occidentales d’alors. Ainsi, Byron, à la suite de Chateaubriand et avant Hugo, contribua fortement à l’émergence d’un Orient rêvé, d’un espace fantasmé à la fois fascinant et inquiétant qui n’allait plus cesser d’attiser le désir du voyage en Orient et d’ordonner ses pratiques et ses itinéraires. Après la Méditerranée et l’Orient, "Childe Harold" a également participé de certaines métamorphoses des représentations de la Grèce. Voyager en Grèce, c’est bien sûr avant toute chose voyager dans le temps, retourner vers la terre originelle, recouvrer la matrice culturelle de l’Occident. Arrivé en Grèce durant l’hiver 1809, le premier geste de Byron fut ainsi de s’agenouiller devant le Mont Parnasse. Comme tant d’autres avant lui, il ne put s’empêcher au début de regarder alors la Grèce au prisme de son riche passé mythique et historique.   "Cold is the heart, fair Greece, that looks on thee, nor feels as lovers o'er the dust they loved. Dull is theeye that will not weep to see thy walls defaced, thy mouldering shrines removed by hard british hands. Une petite goutte d’encre, tombant comme la rosée sur une pensée, crée ce qui fait penser des milliers,voir des millions d’êtres. Le cœur d’une femme est une partie des cieux, mais aussi, comme le firmament, il change nuit et jour. Dès ma jeunesse, mon âme se tenait à l'écart des autres âmes. Je ne voyais pas la terre avec les yeux des hommes". Du point de vue de la sensibilité, "Childe Harold" traduit admirablement l’émergence de l’esthétique romantique du voyage. Ce que Byron délaisse en partie, à travers le récitdes aventures d’Harold, c’est le modèle du voyage classique qui fut dominant à l’époque moderne et ordonné par la pratique du parcours érudit dans les sites riches en souvenirs antiques. Pareilles manières de parcourir l’espace visaient avant toute chose à la réactivation de la culture classique, à la réminiscence des souvenirs scolaires ayant trait à l’Antiquité. Plus qu’une ouverture à l’Autre, qu’une quête de l’inconnu, ce modèle célébrait avant tout le plaisir de la reconnaissance et des inlassables retrouvailles avec le même. Autant d’états d’âme, de poses, d’attitudes proprement romantiques qui dessinent ensemble l’une des expressions les plus abouties du mal du siècle. Reste à savoir jusqu’où ces modèles littéraires affecteront les pratiques. En tout cas, ce personnage de héros maudit que Byron étoffera texte après texte n’a pas manqué d’exercer en France un réel pouvoir de fascination sur la jeunesse des écoles. Mais l’adéquation entre Byron et ses personnages, entre sa vie et son œuvre, contribua plus encore à faire de lui l’icône de la jeunesse romantique. Byron sera pour tous un exemple, le premier dans l’époque qui incarne scandaleusement l’unité des extrêmes, aristocrate rebelle et satanique, héros fatal s’en allant mourir à Missolonghi pour la défense de la Grèce. Mieux vaut encore mourir, selon le poète, rejoindre les spartiates défunts encore libres, dans leur fier charnier des Thermopyles, plutôt "que de stagner dans notre marécage". Inclusive, l’expression "notre marécage" se veut générationnelle autant que personnelle. L’image traduit comme nulle autre le profond malaise qui fut celui des poètes de la deuxième génération des romantiques anglais. À eux qui n’ont pas connu la Révolution française et ont assisté impuissants à la trahison de ses idéaux, il n’aurait donc été offert d’autre perspective que celle consistant à subir le destin qui vous accable, à entrer vivant dans une forme de lente agonie ? Face à la contagion de l’endeuillement généralisé, Byron voulut remonter en selle au plus vite. Donnons le dernier mot à Byron qui, au retour de son périple à Douvres, nous laissa cette pensée si révélatrice des arcanes du désir de voyage à l’âge romantique: "Le grand objet de la vie est la sensation. Sentir que nous existons, fut-ce dans la douleur. C’est ce grand vide mortifère qui nous pousse au jeu, à la guerre, au voyage, à des actions quelconques mais fortement senties, et dont le charme principal est l’agitation qui en est inséparable car sourire et soupir sont un même abîme".     Bibliographie et références:   - Bernard Blackstone, "Byron and greek love" - Martin Garrett, "Lord Byron" - Phyllis Grosskurth, "Lord Byron" - Teresa Guiccioli, "Lord Byron's life in Italy" - André Maurois, "Lord Byron, une vie romantique" - Robert Escarpit, "Lord Byron, un tempérament littéraire" - Leslie Marchand, "Lord Byron, portrait d'un homme libre" - Daniel Salvatore Schiffer, "Lord Byron" - Jerome McGann, "Byron and romanticism" - Donald Prell, "Lord Byron coincidence or destiny" - William St Clair, "Byron and greek love" - Jean-Pierre Thiollet, " Lord Byron" - Marc Vaugham, " Lord Byron"   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
359 vues 7 aime
Par : le 31/10/23
Exposition Privée N°6 Seins. Je ne connais rien de plus excitant que de pouvoir commencer une séance BDSM par le travail de mes deux seins ! Bien sur après  la pose préalable d'un bandeau ou d'une cagoule ! Bien sur avant le travail de mes deux seins, il sera plus facile de poser une cage de chasteté, tant l'excitation du travail de mes seins me procure une réelle excitation bien facile à vérifier un peu plus bas ! En réalité, ce ne sont pas les pinces ou les baguettes chinoises, ou mêmes de grosses pompes d'aspiration qui font mal, qui sont douloureuses, mais plutôt lorsque Mon Maître les enlèvent : alors la circulation sanguine revient avec un forte augmentation de la sensibilité et donc de la douleur ! On peut garder assez longtemps les pinces ou les baguettes, il suffit juste de bien vérifier que les pointes ainsi serrées ne deviennent pas bleues ! Pour les pompes, un préalable évident est de fortement lubrifier toute la partie autour des seins qui vont être aspirés, voir même l'intérieur des pompes: cela facilitera et augmentera réellement l'aspiration qui peut devenir impressionnante ! Il m'est arrivé de devoir garder une bonne demi-heure de grosses pompes, ensuite il sera bien délicat de pouvoir dormir sur le ventre et cela pour plusieurs nuits consécutives ! Il est vrai qu'un bon massage après un travail des seins, un massage très sensuel peut soulager la douleur, voir même une belle aspiration buccale! Dans tous les cas, il sera important de bien les laisser au repos après un intense travail. Je ne connaissais pas cette sensualité jusqu'à ce  qu'un Maître Varois m'initie bien agréablement à s'occuper de mes deux seins !   Je Vous souhaite bien sur si tel n'était pas le cas de pouvoir trouver un Maître qui saurait Vous initier à la pratique du travail des seins! En attendant, Vous pouvez toujours Vous entrainer en célibataire avec l'avantage de bien mesurer Votre capacité  de résistance à cette douleur bien particulière ! Mes pinces préférées sont bien sur celles à serrage réglable qui peuvent être utilisées simultanément avec les baguettes chinoises pour en augmenter encore un plus leur efficacité !
863 vues 2 aime
Par : le 27/10/23
"Les lectures, les connaissances pêchées ici ou là, tout contribue à cet enrichissement des mots. Même nos souvenirs personnels, même ceux de conversations , de mots entendus, de paysages aimés. Il faut d'abord employer les mots correctement, ensuite les reconnaître dans leur histoire même, et enfin, s'entraîner à percevoir, à l'usage, toutes les résonances poétiques que peut leur apporter ce retentissement secret". Longtemps, les lecteurs et admirateurs de Jacqueline de Romilly ont été avant tout ses auditeurs de la Sorbonne, puis du Collège de France, et la communauté internationale des hellénistes. Cela faisait déjà beaucoup de monde, d'autant que la précocité et le nombre de ses succès de jeune fille aux concours les plus ardus, ou jusqu'alors réservés aux garçons, avaient fait d'elle, dès avant la Seconde Guerre mondiale (elle était née en 1913), une vedette maintes fois photographiée d'un féminisme républicain, à une époque où celui-ci misait sur le mérite, et non sur les quotas. En 1969, elle entra en croisade pour la sauvegarde de l'enseignement classique et des études grecques déjà marginalisés par la réforme Faure. Ses pamphlets ("Nous autres professeurs", "L'enseignement en détresse"), ses livres de généreuse vulgarisation ("Pourquoi la Grèce ?"), "Une certaine idée de la Grèce, Alcibiade, Hector" ou encore, "La grandeur de l'homme au siècle de Périclès"), ses apparitions à la télévision où son charisme crevait l'écran firent d'elle une étoile de plus en plus éclatante. Amer triomphe, car ce civisme épuisant et l'immense sympathie qu'il suscita n'ébranlèrent pas le moins du monde nos princes successifs, persuadés par le Saint-Esprit hégélien que le progrès technique en marche se charge lui-même de l'éducation des jeunes générations. Elle tint bon, jusqu'à épuisement, voyant bien, sous l'alibi du réalisme, à quel lâche fatalisme elle avait à faire. La grande philologue, pour défendre la cause de l'école, s'était faite vocifératrice. Est-ce pour compenser cette extériorisation publique qu'elle alla chercher répit dans l'intime ? À la surprise générale, elle publia en 1987, avec la timidité d'une débutante, une célébration rétrospective de son paysage de prédilection, la Sainte-Victoire, récemment ravagé par un incendie. En 1990, puis en 2006, elle se hasarda dans le roman, puis en 1993, 1999 et 2002 dans le recueil de nouvelles. Par intervalles, elle publia aussi plusieurs essais où elle explorait, à la première personne, ses expériences de la mémoire et de l'oubli.   "Il n'est pas donné à tout le monde d'accepter sans inquiétude cette réalité si surprenante que constitue le bonheur. Jeanne était agnostique et frondeuse, mais j'ai découvert après coup qu'elle n'avait jamais cru à l'anéantissement de ceux qu'elle avait aimés". Un écrivain était né. La fraîcheur de sentiment, le tour d'esprit exquis, la pudeur, la grâce sans prétention de ces improvisations souriantes à fond de mélancolie lui conquirent un nouveau et vaste public. Savante de rang mondial, professeur d'audience nationale, la voici devenue une autorité morale et littéraire, appelant l'individualisme prédateur à l'intériorité et à la générosité. Aveugle, ravagée d'infirmités, elle avait peu à peu reçu du temps un masque de tragédie grecque, qu'elle savait éclairer de bonté et de gaieté par un sourire miraculeusement jeune. La France  entière a pris le deuil le jour de sa disparition, le dix-huit décembre 2010. La grande dame du savoir, devenue sur le tard grande dame des lettres, avait un secret. Seuls quelques-uns de ses proches avaient été admis à lire, dès la fin de l'année 1978 (l'achevé d'imprimer fait foi), son premier livre non professoral, un chef-d'œuvre qui aurait dû lancer sa seconde carrière. C'est le portrait biographique de sa mère, morte un an plus tôt. Elle l'avait intitulé simplement "Jeanne". Elle le fit imprimer à compte d'auteur, stipulant qu'il ne serait publié qu'après sa propre mort. Voilà presque quatorze ans, elle en avait encore sous son lit quelques exemplaires à l'intention des élus parmi ses derniers visiteurs. Nous sommes tous de ceux-là. Son livre secret, selon son vœu, est publié. Ce portrait d'une veuve de guerre parisienne, sa mère, qui eut son temps de notoriété littéraire dans les années trente, est d'une lecture enchanteresse. Née en 1887, Jeanne Malvoisin avait fait ses études, comme plus tard sa fille, au lycée Molière. Le bac était alors un excellent viatique. Veuve en 1914, seule et pauvre, intelligente et élégante, elle se voulut ambitieuse pour son enfant, née un an plus tôt. Elle se trouva des emplois, elle se créa un réseau de sympathies et surtout elle s'essaya, avec un succès grandissant, à la traduction et à la fiction.    "La démocratie ne peut s'accommoder de valeurs en veilleuse. Et c'est pourquoi la qualité de l'éducation, où se forment les hommes à venir, devrait être le premier souci des hommes politiques amis de la démocratie, ce qui, apparemment, n'est pas le cas". C'était une femme moderne et à la page, aimant rire et jouer, mais ne transigeant pas avec sa propre ligne de conduite. Elle savait décourager net les éditeurs empressés. Jusqu'à la mort de Jacqueline, un buste de stuc Art déco, posé sur une commode dans le couloir d'entrée de son appartement, évoquait les traits gracieux et la coiffure à la garçonne de cette contemporaine de Colette et de Coco Chanel. En 1939, celle-ci était devenue, sous le nom de plume de Jeanne Maxime-David, une romancière connue, dont les principaux critiques parisiens avaient à plusieurs reprises vanté le talent. Le portrait que trace sa fille de cette Jeanne oubliée devient très vite un fascinant double portrait. La narratrice a beau mettre en lumière sa mère ressuscitée et rester dans l'ombre, les deux visages, si différents pourtant, s'éclairent l'un par l'autre et vivent l'un pour l'autre. Les deux destins eux-mêmes sont à ce point entrecroisés qu'ils auraient pu et dû se nuire, s'aigrir, s'arracher violemment l'un à l'autre, si l'intelligence de l'amour et le sacrifice silencieux ne s'étaient relayés de part et d'autre pour en faire un contrepoint ininterrompu, appelé à se poursuivre au-delà de la mort de Jeanne. Portée à ce degré d'intensité, la remémoration des âmes appelle leur perpétuation. Dans les merveilleux tête-à-tête qu'elle accordait à contre-jour, devant ses fenêtres, rue Chernoviz, en fin d'après-midi, il arrivait qu'affleurât la question de l'immortalité de l'âme. Elle en avait acquis la certitude, et peut-être l'expérience. Dans les trois "états" successifs, comme on dit en gravure, de ce portrait de Jeanne, buriné à la fois par la mémoire du cœur, l'interprétation imaginative d'anciennes photographies et la lecture de correspondances, il y a du suspense, du désastre et de grandes joies. La jeune fille d'avant 1914 s'éprend d'un jeune professeur agrégé de philosophie, sorti de la rue d'Ulm, et l'épouse en 1909, malgré les réserves qu'inspirait à ses parents catholiques le nom du jeune homme: Maxime David.   "Lorsqu'on dit "tous les hommes sont mortels", il est clair que, dans ce cas, le mot "hommes" englobe, au masculin et au féminin, toute l'humanité. C'est d'ailleurs là l'origine de cette définition qui nous avait jadis fort amusés quand nous lisions dans le dictionnaire pour le mot homme: "Terme générique, qui embrasse la femme". Mère en 1913, elle devient veuve dès 1914. Le professeur David est mort pour la France, dans les premiers massacres du front. Désastre et défi pour la Jeanne de la guerre et de l'entre-deux-guerres. Tandis qu'elle déploie tout son talent et son énergie pour offrir un nid douillet et une vie agréable à sa fille, celle-ci emploie toute son intelligence à briller au lycée et dans les classes préparatoires, comme pour suivre les traces laissées par un père qu'elle n'a pas connu, mais dont elle sait l'admiration que Jeanne lui voue et la ferveur avec laquelle elle lui est restée fidèle. Comme son père, Jacqueline est reçue rue d'Ulm. Comme son père, elle réussit le concours d'agrégation. Quelles joies pour Jeanne ! Sa fille répète son mari disparu, mais plus triomphalement, étant chaque fois la première femme à remporter des palmes jusque-là inaccessibles à son sexe. Comme son père, elle devient professeur de lycée, un titre de noblesse alors. En 1940, elle épouse le jeune et charmant héritier d'une fortune de presse, Michel Worms de Romilly. Jeanne va-t-elle, belle et vivace encore, connaître une seconde vie, bien à elle ? Nouveaux désastres, nouveaux défis: la guerre, la défaite, l'occupation allemande. Jeanne abandonne Paris et suit dans l'exode le jeune couple désemparé. Y reviendra-t-elle, lorsque la situation paraîtra se stabiliser ? Il était temps pour elle de faire fructifier son capital de notoriété littéraire, et peut-être de retrouver le bonheur en compagnie d'un grand musicien qui s'est épris d'elle et qu'elle ne hait point ? C'est alors que les lois raciales de Vichy chassent de l'enseignement public la fille de l'officier David, mort pour la France, et condamnent le jeune couple à se cacher dans la campagne d'Aix, puis d'Aix-les-Bains.   "C'est à chaque fois une surprise, quand on a mesuré la complexité des circonstances, des temps et des sources qui ont abouti à la genèse des épopées homériques, que de découvrir soudain, au bout de ce cheminement confus, l'extraordinaire harmonie qui commande à leur structure". Fidèle à l'ombre offensée de son mari, Jeanne ne reviendra pas à Paris, elle ne retrouvera pas son grand ami, elle ne quittera plus sa fille et son gendre menacés. Au service des siens, elle met sans compter son entregent, son sens pratique, son espérance, indispensables pour la survie en temps de terreur et de famine. Sans hésiter, elle a sacrifié à sa fille sa carrière littéraire et sa seconde promesse de bonheur. La guerre terminée, Paris regagné, Jacqueline entame la brillantissime carrière universitaire et académique que l'on sait, tandis que sa mère, fière, mais les ailes de l'inspiration coupées, vit un peu dans son sillage. Elle ne retrouvera avec sa fille l'intimité quotidienne qu'elles avaient connue entre les deux guerres qu'après le divorce de Jacqueline, qui précéda de quelques années la mort de Jeanne. Qui sait si Jacqueline elle-même n'a pas longtemps sacrifié sa vocation secrète d'écrivain pour ne pas se trouver en rivalité avec Jeanne ? Le fait est que la mort de Jeanne a laissé place à une Jacqueline romancière, mais romancière de la remémoration intime, sur un tout autre terrain littéraire, donc, que sa mère, fertile en situations et en intrigues. Avec cet admirable portrait d'une femme adorable, qui embrasse deux générations féminines du XXème siècle, et sur fond de deux guerres civiles européennes, Jacqueline de Romilly a écrit son "Grand Meaulnes", "Jeanne au bracelet d'argent ". C'est ainsi qu'on l'appelait à cette époque, quand elle avait seize ou dix-sept ans. Je sais même d'où lui venait ce nom, et qui lui avait offert ce bracelet: un oncle le lui avait rapporté d'Indochine. J'imagine, connaissant les faibles moyens dont disposait sa famille, que ce bracelet, de provenance lointaine, devait être modeste. Sans cela, d'ailleurs, on ne le lui aurait pas laissé. Quelque parente le lui aurait pris. Mais, malgré sa modestie, on prêtait attention au bijou, parce que, déjà alors, elle devait le porter avec cette fine coquetterie qui, toujours, attirait les hommes. Elle aimait plaire. Elle aimait l'élégance. "Et que ne donnerais-je pour l'avoir entendue rire, alors, dans la grâce de ses seize ans !"   "L’Iliade et l’Odyssée occupent une place à part dans la littérature en général. Ce sont les premières œuvres écrites qu’ait produites la Grèce. D’emblée, elles se sont imposées à l’admiration de tous". Immortelle, sûrement, dans le souvenir qu'elle nous lègue. D'abord à cause d'une extrême délicatesse de sentiment. On peut en relever une jolie trace dans son discours de réception à l'Académie, la tradition voulant que l'on prononce l'éloge de son prédécesseur au fauteuil duquel l'on succède. Que pouvait-elle bien dire d'André Roussin, maître du théâtre de boulevard, à cent lieux de son univers ? Elle trouva le propos juste et qui touche au cœur: "Il s'est inquiété, une fois, de ce que le mot "gentil" pouvait avoir de protecteur et de légèrement méprisant. Pour moi, il exprime au contraire un éloge sans réserve. C'est un mot qui rayonne. Associée à l'intelligence, la gentillesse étonne et charme". Que nous laisse-t-elle encore ? Justement: son pur amour de la richesse des mots, et, en mémoire, sa légendaire colère contre le pédantisme d'un certain vocabulaire. Jacqueline de Romilly s'incline devant Racine et sa "Bérénice", éblouie par la sobriété du verbe choisie pour exprimer un sentiment si fort: "Depuis cinq ans entiers chaque jour je la vois, et crois toujours la voir pour la première fois". L'élégance, si l'on devait tenir compte de sa modestie, voudrait que l'on passât sous silence la litanie de ses nombreux titres. Qu'elle nous pardonne encore: les énumérer donne une idée de son éclectisme. "J'ai eu beaucoup de chance, confiait-elle, je suis née dans une société éminemment masculine, mais à toutes les étapes de ma vie, je suis arrivée, comme femme, au bon moment". Sait-on qu'elle fut aussi membre de la British Academy, des Académies du Danemark, de Vienne, d'Athènes, de Bavière, des Pays-Bas, de Naples, de Turin, de Gênes, et de l'"American Academy of Arts and Sciences" ? Le titre dont elle pouvait être particulièrement fière lui fut attribué en 1995. Cette année-là, Jacqueline de Romilly obtint, en hommage à son oeuvre inlassable en faveur de l'hellénisme, la nationalité grecque.    "Les poètes lyriques grecs, les tragiques, les historiens en ont été nourris et les ont imitées. Leur texte a servi de base à l’éducation en Grèce. Les héros des deux poèmes sont ensuite passés dans le monde moderne où ils ont inspiré d’autres œuvres, des allusions, des rêves poétiques, des réflexions morales". Elle n'appartenait pas à l'école héllénistique inspirée par le structuralisme et incarnée par Louis Gernet, Jean-Pierre Vernant, Pierre Vidal-Naquet ou Claude Mossé. Mais ses travaux, de facture plus classique, entendaient éclairer nos sociétés, d'autant plus que Jacqueline de Romilly, loin de s'enfermer dans une tour d'ivoire universitaire, n'a jamais cessé d'enseigner, de transmettre généreusement son savoir. "On découvre dans l'étude de ces langues le point de départ des principales idées contemporaines. C'est vrai pour la démocratie mais aussi de tous les mots qui aujourd'hui, désignent les grands principes et les grandes valeurs de la vie quotidienne". L'idée grecque qui l'aura jusqu'au bout fascinée le plus est "le sens de l'humain". "Tous les textes grecs parlent de l'homme et fondent les vertus sur l'idée suivante. "Je suis homme comme lui, et cela pourrait m'arriver. Ce qui est à l'œuvre ici, ce n'est pas la charité du pardon mais bien le sens de l'humain". Ne cherchons pas ailleurs ce qui a motivé le combat de cette grande dame en faveur d'un enseignement littéraire de qualité. "Le progrès scientifique a facilité la vie matérielle, mais les valeurs ont changé et les gens manquent de repères. L'important est de faire connaître les expériences passées, non pas comme des modèles à imiter mais comme des références pour comprendre le présent. Il faut à tout prix sauver la formation littéraire, qui non seulement apporte aux jeunes des éléments de comparaison leur permettant de juger, mais leur donne aussi une force intérieure". Cette force dont elle-même donna l'exemple jusqu'au bout, malgré la fatigue, la quasi-cécité. "Avoir traversé le siècle, c'est fatigant. Aujourd'hui j'arrive au terme. Je ne redoute pas la mort".   "Achille et Patrocle, Hector et Andromaque, Ulysse sont devenus des êtres familiers à tous et capables d’incarner, selon les cas, telle ou telle idée de l’homme. Qui plus est, quand quiconque reprend le texte même d’Homère, encore aujourd’hui, il est difficile de résister à cette simplicité directe, et pourtant nuancée, à cette vie rayonnante, et pourtant cruelle, à ces récits pleins de merveilles et pourtant si humains". Les textes de la Grèce antique ont pénétré d'abord le monde romain, puis toute la culture européenne et leur influence s'exerce encore en notre temps, de cent façons. Pourquoi ? Telle est la question que Jacqueline de Romilly se posait vaguement au cours de ses recherches sur telle ou telle œuvre grecque. Ces textes et cette culture de la Grèce antique avaient-ils donc en commun quelque chose de particulier, pour justifier une influence pareille ? La réponse est que toutes ces œuvres cherchaient de façon constante, obstinée, délibérée, à atteindre l'universel, c'est-à-dire précisément, ce qui pourrait toucher les hommes, en tous temps, et en tous lieux. Ce fut le cas pour la Grèce en en général, et plus encore pour l'Athènes du Vème siècle. Cette tendance a pris des formes diverses: simplification des personnages, symboles, mythes, formulations abstraites, tentatives pour fonder des sciences de l'homme. Tout se rejoint chez Jacqueline de Romilly. Elle ne défend pas le grec, mais bel et bien la Grèce, et le caractère unique de son apport à notre civilisation qu'elle marque encore aujourd'hui de façon vivante. "Parler, s’expliquer, se convaincre les uns les autres: c’est là ce dont Athènes était fière, ce que les textes anciens ne cessent d’exalter". Homère retient dans le héros l’aspect le plus humain. Il simplifie et met en scène des sentiments purs, universels, à leurs limites extrêmes. Les "mortels" ont le respect de l’autre, de la pitié pour les souffrances humaines. Les dieux s’incarnent, ramenant la métaphysique à l’humaine condition, la grandissant et la glorifiant par là même. Polythéiste, le Grec ne pouvait trembler devant une volonté divine, et la tolérance religieuse allait de soi. Hérodote voulait sauver de l’oubli les événements passés et leurs enchaînements instructifs. Pour Thucydide, il s’agit de comprendre ce qui peut se reproduire. Hippocrate fait de même pour soigner. "La tragédie naît et meurt avec le grand moment de la démocratie athénienne". La tragédie conduit tout droit à la philosophie. Socrate est déçu de voir que l’esprit qui offre un sens à tout n’est pas une finalité et que l’homme fonde son action en-dehors de lui, sur des causes morales. Plutôt que les discours habiles, masques des passions, Socrate pratique la maïeutique, la méthode critique pour apprendre à penser par soi-même, à réfléchir. "Pourquoi la Grèce ? Parce qu’elle est toujours vivante, parce qu’elle est la matrice de notre civilisation et la base de notre identité, parce qu’elle nous parle encore, à nous, Occidentaux". Jacqueline de Romilly nous a fait découvrir la lumière grecque, le souffle léger de la liberté et l'amour de l'humain. Grâce lui soit rendue.    Bibliographie et références:   - Louis de Courcy, "Jacqueline de Romilly, une vie au service des belles lettres" - Bernard Jourdain, "Jacqueline de Romilly, la vigie grecque" - Gilles L’Hôte, "Jacqueline de Romilly, première femme au Collège de France" - Sébastien Lapaque, "Jacqueline de Romilly, d'Athènes à Jérusalem" - Antoine Oury, "Jacqueline de Romilly" - Florence Noiville, "Jacqueline de Romilly, pythie du grec ancien" - Jean-Thomas Nordmann, "Le regard sur la Grèce de Jacqueline de Romilly" - Claude Mossé, "Jacqueline de Romilly" - Jacqueline de Romilly, "Jeanne" - Jacqueline de Romilly, "Pourquoi la Grèce ?" - Jacqueline de Romilly, "La douceur dans la pensée grecque" - Jacqueline de Romilly, "Histoire et raison chez Thucydide" - Jacqueline de Romilly, "Dictionnaire de littérature grecque ancienne et moderne" - Monique Trédé-Boulmer, "Jacqueline de Romilly. La pasionaria du grec ancien"    Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
476 vues 8 aime
Par : le 25/10/23
L’encre violette ou La Partie de Poker   par orldiabolo   Cela faisait des heures qu'on jouait, elle et moi, mais depuis un moment elle perdait régulièrement... Les autres joueurs ne faisaient plus que de la figuration dans la fumée des cigarettes. Toute les quinze secondes elle passait nerveusement une main en peigne dans sa volumineuse crinière. Mauvais signe. Elle me devait déjà plusieurs mois d'un salaire que je savais modeste, et cela ne pouvait pas durer. Elle était de plus en plus nerveuse. Mais la nervosité lui allait bien, et la rendait pathétique comme une bête aux abois. Ses yeux couleur de saphir étaient agrandis par l’imminence de l'estocade... « J'ai une proposition à vous faire, dit-elle. Jouons tout sur ce coup. Si je gagne, ma dette est éteinte. Si je perds... Eh bien, si je perds je vous appartiendrai pour le week-end... Vous êtes tous témoins, dit-elle à la cantonade, il faut que j'arrête de me faire tondre ! Si elle avait pu prévoir, elle n'aurait pas employé ce mot là... Mais elle pensait s'acquitter à bon compte, d'autant qu'il me semblait que je ne lui étais pas indifférent. Ainsi elle ne perdrait dans aucun cas de figure... J’acceptai néanmoins sa proposition, m’offrant même le luxe de souligner à quel point cette offre était généreuse. Cinq minutes plus tard j'abattais une couleur qui anéantissait ses derniers espoirs. Elle n’avait pas l’air effondrée. Des gloussements entendus parcouraient l’assistance. Tout le monde ici se connaissait plus ou moins, et avait assisté au petit jeu. Elle m'accompagna gentiment à ma villa, et dès la porte franchie, se jeta à mon cou avec un air mutin en disant: "Je crois que c'est une dette que je vais payer avec plaisir". Aussi la baisais-je pratiquement debout contre le meuble de l'entrée, me faufilant entre sa robe et son collant à peine baissé. Un moment plus tard un verre à la main, elle me demanda de lui appeler un taxi, promettant de me téléphoner dans la semaine. « Aurais-je mal compris, m'étonnai-je? Le week-end commence à peine...et vous voulez déjà me quitter? - Je suis crevée! Franchement, cette journée m’a épuisée. Soyez chic, je vous promets de vous appeler très vite, conclut-elle en me faisant claquer un bisou sur la joue. - Fatiguée? J’avoue que je vois mal dans ce que nous venons de vivre le moindre motif d’épuisement...car pour tout vous avouer, j'ai trouvé votre prestation d'une grande tristesse : vous baisez comme une collégienne, sans goût ni imagination. Vous avez le con mou, et vous vous en servez mal. Une vraie planche. Folle de rage, elle saisit son sac et se dirigea vers la porte d'entrée en lançant: "Et bien si çà ne plaît pas à Môssieur, j'me tire". J'avais bien fait de fermer la porte à clé pendant qu'elle se toilettait : je la sentais mauvaise joueuse dans tous les sens du terme. Elle s'escrimait en vain sur la clenche. - Oh non! vous ne vous tirerez pas, douce amie, répliquais-je. Dans notre monde on paye ses dettes cash, et la vôtre ne s'éteindra que lundi matin. D'ici-là vous allez vivre des moments exaltants, et surtout formateurs, ce qui ne sera d'ailleurs pas un luxe. Pour vous faire pardonner votre mouvement d'humeur, vous allez ôter vos vêtements...à commencer par cet infâme collant vulgaire. La nudité vous ira mieux. - Le strip-tease n'est pas compris dans le deal !, grinça-t-elle d'un ton chipoteur, aggravé par ce goût du franglais qu'affectionnent les gens qui n'ont jamais franchi la Manche. Mais sur mon insistance elle finit par se calmer et s'exécuta, m'offrant au bout d'un temps le spectacle d'une superbe femelle, de cette rare espèce plus à l'aise nue qu'habillée.   Satisfaite de son corps, elle me regardait d'un air un peu supérieur, la poitrine dressée mais une main sur le sexe. - Vous voyez, vous êtes mieux comme çà, lui dis-je, et d'ailleurs vous le sentez vous-même. C'est heureux car vous resterez ainsi un bon moment continuai-je en jetant ses affaires dans la cheminée, où l'horrible collant se racrapota comme un insecte. - Salaud!, lança-t-elle, en me transperçant du regard. - Encore un mauvais point rétorquais-je. Je n'aime pas les vilains mots, sauf, peut-être, quand ils sont bien placés. Approchez donc, je vais vous montrer. Nous allâmes vers le bureau, où trônait mon encrier. J'aime l'encre violette de notre enfance, de plus en plus difficile à trouver au demeurant. D'une feuille de papier roulée je me fis un pinceau, avec lequel  j'écrivis en grosses lettres le mot "salope". Sur sa poitrine. Elle rechigna bien un peu pour le "S", mais après cela alla tout seul. Je pris un peu de recul. - Remarquez, dis-je, comme cela tient à peu de choses. Il y a trois minutes vous me toisiez avec votre air de frimeuse, et maintenant vous avez l'air d'un quartier de bœuf estampillé par les services vétérinaires... Troublant, non? Et encore... les quartiers en question ne présentent pas cette pilosité de guenon qui massacre votre entrejambe, et que vos deux mains ne suffisent pas à cacher. Allez, ôtez vos mains de là, qu'on voie la forêt vierge. Mazette, quelle touffe... un vrai plumeau! écartez un peu les jambes...Bien, penchez-vous en avant...   Je passai derrière elle. - Aïe!, d'ici c'est pire encore. On dirait une balayeuse municipale... - Ça suffit !, arrêtez de m'insulter, cria-t-elle en se redressant. - Tout doux, allons. Je disais cela pour votre bien. Et aussi pour le mien, car j'ai l'intention de vous baiser encore. Mais pas à travers ce pelage, que vous allez m'enlever sur le champ, lui dis-je en lui tendant les longs ciseaux du bureau. - Hors de question, ce n'est pas dans le contrat. - Vous m'appartenez, souvenez-vous, et j'ai horreur de l’astrakan  Préférez-vous que j'arrache ce tas de crins poil par poil ? C'est un bien petit sacrifice que je vous suggère, et dont vous me remercierez ensuite. Un peu ronchonnante, elle s'assit sur le coin du bureau, et s'attaqua lentement à sa toison, à petits coups de ciseaux, penchant la tête vers son ouvrage, et découvrant ainsi -penaude- l'encre sur sa poitrine. En quelques minutes son pubis fut presque présentable, rafraîchi comme une barbe de huit jours. Elle laissa tomber les ciseaux sur le bureau, et cracha: - J'espère que vous êtes content ? Il y a un mieux pour la motte, mais je vous conseille d'écarter les jambes pour rafraîchir vos grandes lèvres : on dirait un paillasson... Elle poussa un grand soupir avant de céder et de reprendre sa tâche. Quelques instants plus tard, le gros de sa fourrure formait un petit tas au bord du bureau, et elle m'interpella: -Alors, ça vous fait une belle jambe"? -Mais oui. Voilà une salope plus nette ! On sait où on va, maintenant, lui dis-je d'un ton réjoui. Restez assise, et écartez bien les genoux, que je voie mon cadeau : belle vulve de nullipare, ma foi. Et bien déployée. Presque tout est en vitrine, prêt à servir. Elle trépignait littéralement, ce qui me donna une idée. Je braquai le faisceau d'un petit spot à halogène sur son entrejambe et suggérai : -Maintenant que vous avez posé les ciseaux, écartez-donc vos grandes lèvres des deux mains qu'on voie vos trésors... Elle manifesta un refus total à cette demande, mortifiée à l'idée d'exposer elle-même son intimité, mais je lui fis comprendre que cet examen faisait incontestablement partie de sa créance. Alors, très lentement, elle entrouvrit la corolle de son sexe. -Mieux que ça!, la stimulais-je. Bien, les petites lèvres maintenant... Le premier pas franchi, elle obéissait plus docilement. -Mais c'est très mignon tout çà ! Retroussez-moi donc ce capuchon, là, plus haut, que ce gracieux clitoris prenne un peu l'air, allez-allez, sans discuter... Mais il est ravissant ! Je repris mon pinceau improvisé, et lui peignis un petit "putain" au-dessus du mont de Vénus, puis, prenant un peu de recul pour un bref examen d'ensemble, je repris : - Vous êtes beaucoup mieux comme cela, si-si, vraiment ; je pense que j'arriverai à vous rebaiser... Il n'y a plus que votre rouge à lèvres, un peu criard à mon goût. Je n'ai pas envie de m'en mettre partout. Prenez ce mouchoir et frottez fort. - Vous êtes vraiment ignoble, cracha-t-elle en se frottant les lèvres. J'aurais mieux fait de m'endetter pour dix ans que de me faire sauter par un mufle... - Vous parlez trop. Je sais un moyen de vous clore le bec. Et ces belles lèvres serviront enfin à quelque chose: il y a un moment que je me demande si vous êtes plus habile avec la bouche qu'avec le con, lui dis-je en enfonçant un centimètre d’index entre ses lèvres. Je l’entraînai devant un grand fauteuil où je m'assis après l'avoir agenouillée devant moi. Elle me regardait stupéfaite. - Allez-y, vous avez carte blanche, lui dis-je, en lui désignant mon pénis. Elle eut un sursaut de recul. - Ah non, pas ça, vous n'y pensez-pas! Ce truc de pute m'a toujours dégoûtée au plus haut point, et je n'ai pas l'intention de commencer aujourd'hui... - C'est curieux, car pute vous êtes bel et bien... Ne m'avez-vous pas librement proposé d'échanger votre corps contre l'argent que vous me devez? Allons, il y a un début à tout, et je ne vous demande pas grand-chose...Réveillez seulement mes ardeurs avec cette belle bouche de suceuse. Ce sera l'affaire de quelques instants...Et ne vous inquiétez pas: si je sens une dent, la cravache vous préviendra... Elle finit par prendre ma verge dans son poing, et l'agiter mécaniquement devant sa bouche entrouverte, les yeux ailleurs. J’optais pour la patience. Ma badine caressait son corps, s'insinuant de-ci de-là, balayant sa motte en faisant crisser les poils courts. Pressée d'en finir, elle accéléra le rythme de sa main, ses lèvres se contentant d'une présence symbolique à un centimètre de mon gland. Je décidai de me fâcher. - Vous appelez çà une pipe, tonnais-je! Mais c'est une lamentable branlette d'écolière... - Je ne peux pas, c'est plus fort que moi, je ne peux pas ! Bien que fort agacé, je lui fis une suggestion : -Mais si vous pouvez, il suffit d'un peu de bonne volonté. Regardez : au lieu de rester une main pendante tandis que l'autre me secoue, posez-la donc sur votre chatte... Alors?...Cette petite moquette ne vous picote-t-elle pas plus agréablement le creux de la main, que la vilaine touffe de tout à l'heure ? Caressez-vous, ma grande, ne vous gênez pas pour moi, je ne suis pas un égoïste. Allez-y : entrez le médius si ça peut vous inspirer, mais n'oubliez pas ma queue pour autant : allez mon petit, sucez correctement"... Elle reprit son mouvement de va-et-vient avec la main droite, les lèvres arrondies cette fois posées sur mon gland, qui rencontrait quand même la barrière de ses dents serrées. C'en était trop! D'un coup je l'allongeai en travers de mes jambes, immobilisais ses bras derrière son dos, et abattis rapidement la badine une demi-douzaine de fois sur ses fesses, pendant qu'elle glapissait. Je la laissai tomber par terre, toute pleurnichante. - Décidément vous n'êtes pas douée... Mais cela s'arrangera. Et vous avez tout intérêt à ce que cela s'arrange, parce que si j'informe nos amis que vous ne payez pas vos dettes, il vous arrivera des choses bien plus désagréables. Elle frissonna, se remémorant sans doute l'histoire de ce joueur malchanceux mystérieusement "attendri" à la batte de base-ball, et qui passerait plusieurs semaines dans le plâtre. - C'est d'accord, dit-elle dans un souffle, les yeux baissés. Elle reprit mon sexe dans sa main, en approchant sa bouche. - Attendez, lui dis-je, ce serait trop facile. Je veux entendre clairement vos bonnes dispositions, afin qu'il n'y ait plus d'ambiguïté. Elle resta à genoux, tête baissée, de longues secondes. Je ne voyais plus que la masse de ses cheveux. Puis j'entendis le faible son de sa voix... - O.K.....je suis à vous...j'accepte... - Soyez claire. Elle réfléchit. - Je suis prête... Le mot n'arrivait pas à franchir ses lèvres. Je la pressais. -Oui, prête à quoi? Je suis prête à...vous sucer... Enfin ! et sans chipotage ? - Oui, comme vous le voudrez...et...je m'efforcerai...de vous satisfaire". - À la bonne heure: tout est donc clair entre nous! Alors, pour vous faciliter la tâche, et vous éviter d'abuser de vos mains, je vais vous attacher les coudes derrière le dos. Je vous promets que vous apprendrez mieux. D'une corde de coton je cravatai derrière son dos ses bras sous les biceps, et les rapprochai vers l'arrière. Pour que la corde ne glisse pas, j'en nouai l'extrémité à son épaisse chevelure, après l'avoir rassemblée en fagot sur le sommet du crâne, ce qui lui maintenait la tête droite. Et je m'assis sur le bord du bureau, mon sexe devant son nez. - Vous voilà prête pour la leçon. Alors reprenons, et souvenez-vous : attention les quenottes! Elle arrondit la bouche laborieusement, prenant garde de recouvrir ses incisives avec les lèvres, et attaqua son ouvrage en m'engainant timidement. Pour amorcer la pompe, je vous suggère de commencer par le taille-crayon, une figure facile. Faites tourner votre langue autour de mon gland...comme çà, oui, mais sans jamais perdre le contact...Dans un sens, d'abord...Bien. Puis dans l'autre maintenant... Pas mal. Accélérez à présent...Encore...encore... Attention le contact ! Pas si facile, n'est-ce pas, le tourniquet ? Ne vous en faites pas, cela viendra avec la pratique: les plus habiles de vos collègues font plus d'un tour à la seconde ! - Dites-donc, explosa-t-elle, vous ne croyez tout de même pas... Mais j'endiguai net ses protestations d'un petit coup de badine sur l'épaule. - Leçon n° 1 : ne jamais vous arrêter avant que je ne vous le dise. Et surtout, pensez toujours à ce que vous faites. C'est vrai, vous manquez de concentration. Votre regard parcourt la pièce comme si vous faisiez l'inventaire... Tenez, je veux bien vous aider encore : je vais vous bander les yeux, vous serez plus à ce que vous faites. Avec son carré Hermès, je lui fis un bandeau, et repris : - Voilà. Vous pourrez ainsi mieux analyser vos sensations buccales. Mouillez-vous bien les lèvres. Ouvrez la bouche... Tirez la langue... Restez comme çà. La prenant par l’oreille, je la guidai jusqu'à ce que mon gland se pose sur la muqueuse rose. - Reprenez depuis le départ : le derviche tourneur n'a plus de secret pour vous maintenant, alors sprintez un peu. Je la laissai s'entraîner un long moment : c'était une pouliche qu'il fallait l'encourager de la voix pour qu'elle donne son maximum. -Bien, après ce petit solo de fifre, passons maintenant au mouvement de base : la pompe. Pas de besoin de vous faire un dessin ? , alors en piste, et sans dégainer... Elle commença autour de mon gland un petit va-et-vient hésitant. Elle n'avait pas menti : c'était une première... Bien sûr, sans les mains c'était plus difficile, mais le coup de langue n'était pas mauvais, et elle prit un rythme convenable. - Eh bien nous-y voilà! Je me doutais bien que vous pouviez faire mieux qu'une petite secouette...Vous faut-il toujours des coups sur les fesses pour que le talent vous vienne ? Il faudra que je m'en souvienne. Continuez comme çà, mais embouchez-moi plus profondément... Elle progressa jusqu'à mi-verge, et s'en tint là un bon moment. -Allez, repris-je, enfournez plus à fond, vous êtes loin du compte! Mais elle ne semblait pas décidée à faire plus. -Vous voyez, si vous baissez un peu la tête en gardant le cou droit, vous pourrez m'engouffrer jusqu'à la garde, dis-je en saisissant comme une poignée la touffe de cheveux que j'avais nouée sur le sommet de son crâne. Au bout d'une dizaine de tractions progressives -qui par le jeu de son lien lui faisait écarter les mains au maximum- elle se mit à émettre des sons bizarres, sans doute de protestation. -Ne parlez-pas la bouche pleine et pensez plutôt à ce que vous faites, sinon vous ne vous améliorerez jamais ! Puis, prenant sa tête à deux mains, je parvins à sentir en bout de course le massage de mon gland entre ses amygdales. -Lààà...enfin...je commence à vous sentir ! C'est si difficile ? Allez, ma grande, continuez toute seule maintenant, dis-je en lâchant sa crinière. C'était plus fort qu'elle, elle raccourcit sa course...D'un coup de badine sur la tête, je lui rappellai ses devoirs: - Le nez dans mes poils à chaque mouvement, bon sang! Elle se reprit, mais je fus encore long à peaufiner sa technique: - Arrondissez-bien la bouche. La langue plus ferme, je vous prie. Oui, c'est mieux comme çà. C'est un peu sec, mouillez-bien vos lèvres...Très souple à l'aller, mais ferme au retour, que je me sente bien aspiré, oui, comme çà...c'est bien mieux! Elle commençait à transpirer un peu, aussi décidai-je de varier un peu ses plaisirs. J'ôtai son bandeau. -Je vous propose un petit intermède, lui dis-je en m'arrachant d'elle, pendant lequel vous vous occuperez un peu de mes couilles. Elle me regarda d'un air stupéfait, et avala plusieurs fois sa salive avant de comprendre. Puis elle se mit à lécher en tâtonnant un peu, soulevant par moment ma verge avec son nez.. -C'est cela, lapez, lapez bien, comme une gentille petite chienne. Mais tout doux. Descendez, maintenant. Encore. Encore...jusque dans la raie. Allez, sortez-moi cette langue mieux que çà, et que je la sente farfouiller et frétiller partout. Passée trop rapidement de la révolte à la docilité, elle n'obtempérait à mes injonctions qu'avec un temps de retard, que le bout de ma badine s'efforçait d'écourter. Elle fouillait maintenant très habilement du nez et de la langue entre mes jambes , avec des petits bruits de chiot dans sa pâtée. -Puisque vous avez la forme, titillez-moi donc le trou du cul avec cette petite langue ferme et pointue, dis-je en basculant allongé sur le bureau, les jambes repliées. J'avais prévu son hésitation, mais j'avais repris la badine...Aussi elle s'exécuta, d'abord mollement, puis à merveille à mesure que la stimulais de la voix. -Enfoncez-vous...mieux que çà...à fond...encore...Forcez encore... bien. Maintenant gigotez la langue...en tournant...c'est cela, mais sans vous presser. Ce fut un moment savoureux. - Bon, assez gambadé, repris-je la sentant s'assécher. Réenfournez ma verge, et pompez fort. Comme tout-à-l’heure, et bien en rythme. C'est ça. Pas si vite, ce n'est pas un cent mètres... nous avons tout le temps. D'ailleurs je me sens d'humeur plutôt marathonienne, ajoutai-je en prenant un Code Général des Impôts que je parcourus longuement. On découvre là-dedans bien des économies, mais il faut être à ce qu'on fait, et accomplir de nombreux aller-retour pour en tirer toute la moëlle. Exactement comme la pauvrette qui s'agitait entre mes jambes, et levait vers moi depuis un moment un regard implorant. Je lui demandai : - Vous avez un problème ?, je vous sens moins gaillarde. A peine vingt minutes que vous tétez. D'une chiquenaude sur la tête, je lui signifiai un répit, dont elle profita immédiatement. - J'ai une crampe dans la mâchoire, j'ai mal...par pitié finissez-en, dit-elle en reprenant un peu de souffle. - C'est ce que craignais... Manque d'entraînement. Cela se produit souvent au début. Relevez-vous. Faites quelques mouvements de mandibule dans tous les sens. Voilà. Cela va déjà mieux, non? Savez-vous que quand vous êtes à genoux, je ne vois pratiquement plus mes inscriptions? Avec la corde je la tirai vers le bureau et lui écrivit sur le front. - Vous voulez voir ? Je la plaçai devant le miroir de la cheminée afin qu'elle puisse se voir, nue, les deux mains écartées par son lien - et déchiffrer sur son front en grosses lettres carrées -inversées dans la glace- le mot "SUCEUSE". Avec ses trois inscriptions, les cheveux noués en l'air comme un palmier et sa chatte mitée, elle avait moins fière allure, et il me semblait que ses yeux s'embuaient tandis je lui attachais les pieds, très écartés, à ceux du bureau. - C'est votre faute; si vous n'aviez pas interrompu sciemment une fellation qui s'annonçait acceptable, vous n'en seriez pas là à pleurnicher pendant que je débande, dis-je d'un ton de reproche. C'est votre motte qui vous navre? Vous avez raison. Ces derniers poils font désordre. Je n'ai pas de rasoir, mais nous allons nous débrouiller...A la flamme, comme dans la marine, dis-je en allumant une chandelle. - Vous êtes fou ? sursauta-t-elle. - Pas du tout, vous allez voir. Comme les poulettes chez le volailler. Ne bougez pas du tout, ou je risque de vous brûler. Elle ne se le fit pas dire deux fois, et resta comme une statue tout le temps que je passai et repassai rapidement la bougie sous ses grandes lèvres, peaufinant la raie des fesses et la motte bombée. Cela grésilla un peu, sentit beaucoup, mais pas une plainte ne s'échappa. - Vous voyez, lui dis-je passant largement la main sur son entrejambe, c'est lisse comme un oeuf. Je pris la serviette qui trempait à moitié dans le seau à champagne et lui fit la toilette des zones charbonneuses, contact glacé qui lui arracha son seul cri. Puis je repris place au bord du bureau, après avoir délié ses pieds, et jeté un coussin devant les miens. La badine à la main. - Je pense que vos muscles masticateurs sont bien reposés après cet intermède...Alors assez de temps perdu, dis-je en martelant mes mots. Reprenez la position et pompez-moi à fond, comme si vous vouliez me soulever par la queue, en pensant bien à ce que vous faites et sans vous interrompre, comme une bonne petite salope de putain suceuse me l'a demandé. Je veux sentir le cuir du bureau me rentrer dans le trou du cul! Suis-je clair ? Elle s'agenouilla sagement, puis leva vers moi un regard implorant. - Pardonnez-moi, mais j'ai très soif, dit-elle. - C'est bien normal après un tel effort. Hélas, nous n'avons que du champagne, et cela vous refroidirait la bouche. Mais si vous terminez bien votre ouvrage, vous aurez droit à ma liqueur personnelle, que vous avalerez jusqu'à la dernière goutte. Au travail. - Juste une faveur, s'il vous plaît, reprit-elle suppliante. Libérez juste mes cheveux: chaque mouvement de la tête me fait horriblement mal, et cela m'empêche de me concentrer. - S'il n'y a que çà pour vous rendre efficace, c'est bien facile, dis-je en prenant les ciseaux et passant derrière elle. Je coupai le faisceau de sa tignasse juste sous l'anneau de corde. Il tomba à terre assez de cheveux pour faire trois perruques, et ne restait plus sur le sommet du crâne qu'une brosse de l'épaisseur d'un doigt, à travers laquelle je lui voyais la peau sur dix centimètres de diamètre. Autour, cela partait en toit de chaume jusqu'aux oreilles...Elle mit quelques secondes à réaliser et commença à m'insulter, mais un coup de badine sur les seins la coupa net. - Ah silence, la pute ! J'ai fait ce que vous m'avez demandé, mais je vois que j'ai encore été trop bon. Alors je sais comment activer la manœuvre. Je pris dans le tiroir trois petites pinces à mors crocodile dont je testai l'élasticité en les faisant claquer sous son nez, avant d'en refermer les mors sur chacun de ses tétons. Son visage se contracta, mais elle tint bon pour ne pas crier. - Vous avez de la chance que la dernière soit détendue, lui dis-je, car elle est pour votre charmant clitoris... - Non pas çà, cria-t-elle épouvantée, mais -les coudes liés- elle ne put rien lorsqu' écartant le haut de ses grandes lèvres je lui plaçai la troisième pince à la racine du bouton, tandis que son visage se contractait dans une grimace. - Cela fait mal, je sais, repris-je contrit, mais si je ne vous motive pas un peu on y sera encore demain matin. Alors c'est simple: dès que vous m'aurez pompé correctement, j'enlève les pinces, d'accord ? - Oui, je suis prête, souffla-t-elle matée, en se remettant péniblement à genoux face à moi. Elle m'emboucha comme une affamée, et dès cet instant elle fut parfaite. Active, concentrée, les yeux mi-clos, la pression buccale agréablement modulée, le rythme impeccable. Pendant de très longues minutes, on n'entendit plus que le crépitement du feu de bois, et le régulier clapotis de ses lèvres. - C'est mieux, ma salope, l'encourageai-je en caressant sa petite tonsure, beaucoup mieux...que de chemin parcouru en moins de deux heures! Sans plaisanter, vous pourrez bientôt passer professionnelle. Vous voyez: on croit qu'on n'y arrivera jamais, alors qu'il suffit d'un bon professeur et d'un peu de bonne volonté... Je mis quand même longtemps à identifier ce qui inhibait encore mon plaisir depuis la demi-heure que -matée et transpirante- elle me pompait impeccablement. Puis cela me sauta aux yeux. - Un dernier problème, lui dis-je. A chaque mouvement de tête, vos grands cheveux me titillent le ventre et l'intérieur des cuisses, et c'est fort désagréable, mais ne vous interrompez surtout pas, je vais arranger çà tout seul, lui dis-je en allongeant le bras vers les ciseaux. Sous l'inscription violette de son front, les grands yeux assortis me jetèrent un regard terrifié. Ce n'est pas si difficile de couper des cheveux sur une tête qui bouge, si le balancement est régulier ; et cette fille était devenue un vrai pendule. A chaque mouvement de la tête, elle introduisait elle-même une touffe entre les mors des ciseaux, et je n'avais plus qu'à les refermer. Les petites houppes tombaient sur ses épaules et sur ses seins. Dix minutes plus tard, il ne persistait plus de sa crinière que les zigzags d'une brosse inégale en avant, dessus, et sur les côtés. Seule intacte demeurait la masse postérieure, à la Tarass Boulba. Domptée, elle continuait à pomper stoïquement, mais elle ferma les yeux pendant toute l'opération. Dès lors tout alla vite, et l'empoignant par les oreilles, j'explosai longuement au fond de sa gorge... Elle m'avala jusqu'à la dernière goutte. - Bien, lui dis-je au bout d'un temps, ce n'était pas trop mal. Mais que de temps perdu pour une petite pipe de rien du tout ! Enfin, il faut voir d'où on partait... Bon prince, je décrochai les trois pinces, ravivant la douleur endormie. Elle récupérait doucement, le souffle un peu court, allongée sur la moquette, se massant le bout des seins et l'entrejambe. Puis elle se traîna vers la bouteille de champagne dont elle éclusa un bon tiers pratiquement d'une seule traite. Se regardant dans le miroir, elle découvrit avec consternation son nouvel aspect, passant plusieurs fois la main sur sa tête. - Quel massacre, s'exclama-t-elle. Vous êtes content ? Vous allez me prêter un jean et un tee-shirt, et surtout un chapeau, que je rentre chez moi sans provoquer d’attroupement! - Rentrer chez vous ? Mais nous sommes à peine dimanche ! Souvenez-vous : "Je serai à vous pour le week-end". C'étaient bien vos termes, non ? La fête commence tout juste, et vous voulez déjà me quitter ?, lui dis-je en l'asseyant dans le fauteuil. - Que voulez-vous de plus, espèce de salaud ?, vous m'avez baisée, humiliée, à moitié tondue, je vous ai sucé, ça ne vous suffit pas ?... -A-moi si -pour le moment-, mais à vous, je ne pense pas. Vous avez encore des choses à apprendre, et pas seulement le poker, hélas. Je passai derrière le fauteuil et commençai à tresser la longue coulée postérieure de ses cheveux. -Apprendre à baiser correctement, par exemple, lui susurrai-je à l'oreille. Elle cria "Salaud, salaud" et se leva en rage pour me gifler, mais je tenais la tresse fermement enroulée autour de mon avant-bras. -Allons, tout doux, la calmai-je, c'est vrai je suis un peu sévère, mais je me faisais une telle joie de passer ces quelques heures avec vous que la déception me rend injuste... D'ailleurs voyez: ma nature reprend ses droits devant votre légitime et stimulante colère, dis-je en montrant un début d'érection. Je la fis s'allonger sur le dos, devant le feu, sur une peau de zèbre dont la crinière lui picota un peu les fesses, et tentai une intromission d'un grand classicisme, avec des paroles d'encouragement. - Je suis sûr que je vous ai mal jugée, et que vous pouvez faire mieux que cette rapide étreinte derrière la porte. Mais elle s'était fait un oreiller de ses mains, regardait le plafond avec ennui, et opposait à mon mouvement la contraction de ces muscles que les anatomistes appellent "custodes virginitatis"... Devant mon étonnement irrité, elle dit avec un petit air pincé : - Désolée. Comme vous voyez je ne suis pas en forme. Et je trouve que ça suffit comme ça ! La moutarde me montait un peu au nez. Aussi lui passai-je prestement des menottes que je dissimulais dans la bouche du zèbre. Puis je les ramenai derrière sa nuque, et nouai la natte autour de la chaînette. Ainsi entravée, ses deux coudes pointaient vers l'avant, et soulignaient la courbe impeccable de ses seins. - Etre novice, c'est bien pardonnable, lui dis-je. Mais refuser d'apprendre...c'est un pêché supérieur ! Mais ne vous inquiétez pas, dans quelques minutes vous serez étonnée d'être aussi... "réceptive" ! L'ayant entraînée dans la salle de chirurgie, je l'allongeai sur la table d'opération, et lui attachai les pieds dans les étriers de gynécologie avec des lanières de velcro. Puis je fixai les deux potences à l'écartement maximum, exposant totalement sa belle chatte et son joli trou du cul imberbes. - Vous êtes douée pour le grand écart, lui dis-je en passant la main à l'intérieur des cuisses. Et quelle superbe vulve... Mal utilisée, mais superbe! Je me penchai pour effleurer son bouton d'un petit coup de langue qui la fit sursauter, d'autant que l'épisode de la pince l'avait rendu fort sensible. - Un tel vestibule laisse augurer un intérieur moelleux, dis-je en élevant la table hydraulique jusqu'à ce que la pointe de mon érection se trouve à bonne hauteur. J'entrepris de la pénétrer, mais ne provoquai qu'une douleur partagée. - Eh bien cela commence mal, ma pauvre, vous êtes sèche comme une centenaire... A votre âge ! Je tentai d'introduire l'index, avec difficulté, et en lui arrachant une plainte. - Arrêtez, vous me faites mal, espèce de brute, vous voyez bien que je ne suis pas en état. - Écoutez ma petite, vous êtes venue là pour ça, et de votre plein gré…, alors faites un effort que diable, concentrez-vous donc, on dirait du papier de verre! - Vous voudriez que je mouille pour un salaud comme vous ?, ben merde alors, plutôt crever !, glapit-elle en s'asseyant du seul effet de ses abdominaux, ce qui -dans sa position- était un bel exploit. - Çà, c'est votre problème... Je ne sais pas, moi, pensez à Harrison Ford ou… à Patrick Bruel, dis-je en lui replaquant le dos sur la table. Une bande Velpeau passée devant son cou, et nouée sous la table, entrava ses efforts de redressement. - Merde, merde, merde, détachez-moi tout de suite. Devant tant de vulgaire mauvaise volonté, je pris un gros tube de vaseline. Je l'avais à moitié dévissé quand une autre idée me vint. Je reposai le tube, et revint à la tête de la table d'opération, bravant son regard haineux. Il me fallut lui pincer le nez quelques secondes pour la forcer à ouvrir le bec, et placer un ouvre-bouche à cliquets que j'ouvris modérément. Assez toutefois pour qu'elle ne puisse plus produire que des sons inarticulés de débile. - Voilà qui m'évitera vos trivialités, pendant que je tenterai charitablement de vous mettre en condition, dis-je en enfilant un gant de crin, sans que son angle de vue lui permît de voir mes préparatifs. - Je vous promets qu'après cela, vous serez plus en forme, ajoutai-je. Elle resta pétrifiée trois secondes lorsque je lui plaquai le gant râpeux sur la motte. Puis -comme j'attaquais des va-et-vient jusqu'à la raie de ses fesses- elle se mit à tressauter dans ses entraves comme une épileptique, en gargouillant des choses inintelligibles, et très aiguës. Mais je lui fourbissais l'entrejambe avec la constance d'un bon ouvrier. Pas très longtemps, mais bien. Puis, abandonnant mon astiquage, je fixai avec deux sparadraps en croix le gant de crin sur sa vulve, et l'arrosai généreusement d'un délicieux alcool de poire, avant d'aller m'en servir un verre au salon. Liqueur de paysan d'une telle qualité qu'on en oubliait ses 65°... Quand je revins au bout d'un quart d'heure, elle se tordait dans tous les sens, battant des fesses sur la table comme un espadon sur le pont d'un navire, avec des grognements disharmonieux. Presque désarticulée, elle s'étranglait à moitié, mais sans parvenir à se soustraire à la brûlure. Sa belle musculature -soulignée par une transpiration fine- saillait sous ses contorsions, et l'encre violette de son pubis, en partie dissoute par l'alcool et mêlée de sueur, faisait une rigole jusqu'à son nombril. -Voulez-vous que j'éteigne l'incendie ? demandai-je en lui libérant la bouche, prêt à une avalanche d'insulte. Mais elle inspira largement quelques goulées d'air et souffla, le regard implorant : -Oui, par pitié, vite, vite, vite... J'ôtai le gant de son entrejambe, qui semblait avoir pris un fameux coup de soleil, mais cela ne l'apaisa pas complètement : elle se tortillait toujours avec des mouvements de reptation du plus bel effet. - Cela ne va pas mieux? demandai-je en soufflant sur la zone enflammée. Je peux faire quelque chose de plus? - Posez votre main...caressez-moi, je vous en prie, vite. Je posai deux doigts sur son mont de Vénus que je balayai distraitement. - Plus bas, plus bas, implora-t-elle. - Plus bas? Je ne sais si j'ose, mentis-je. - Plus bas, par pitié. Je me mis à la caresser de tout mon art, et lécher le reste d'alcool, et insistant autour du bouton avec douceur, ce qui sembla l'apaiser. Elle reprit néanmoins: - Votre doigt aussi, s'il vous plaît, votre doigt... - Vraiment? Elle ne s'étranglait maintenant que pour mieux tendre son pubis vers ma main.. - Entrez votre doigt, je vous en prie, maintenant... Je fis ce qu'elle demandait, avec beaucoup plus de facilité que tout à l'heure. Miracle : en quelques instants, je ressortis inondé. - Eh bien ma salope, pour quelqu’un qui ne voulait rien savoir il y a moins d'une demi-heure, voilà que vous mouillez comme une fontaine ! C'est incroyable, il faut que je vérifie, dis-je en réintroduisant deux doigts en canon de fusil, préalablement trempés -mais hors de sa vue- dans la williamine... - Ma parole, repris-je, il va falloir vous mettre une couche-culotte, sinon vous allez laisser des traces comme un escargot... Vous voilà mieux lubrifiée qu'une formule 1, dis-je en retirant index et médius luisants, on peut dire que j'ai la main heureuse ! - Je ne sais pas, balbutia-t-elle, je ne comprends pas...mais...cette sensation de soulagement...après cette brûlure atroce. Je ne voulais pas, mais c'est plus fort que moi... Elle s'interrompit net : l'alcool commençait son effet en profondeur. - Aïe! maintenant que vous avez retiré votre main je sens que cela recommence...ooh...par pitié, remettez votre doigt, tout de suite...ou plutôt baisez moi, oui allez-y, allez-y, je vous en supplie, vite... Elle battait des fesses au bord de la table comme un catcheur vaincu qui implore la fin du combat. - Vous êtes bien gentille, rétorquai-je, mais c'est un peu tard maintenant...je n'ai pas envie de me brûler dans votre réchaud ! - Salaud, salaud, souffla-t-elle dans un sanglot, je ferai tout ce que vous voudrez mais ne me laissez pas comme çaaaa...Pénétrez-moi, viiite... - D'accord. Mais je ne peux vous satisfaire que dans cet endroit encore préservé, que vous exposez toutefois de manière si suggestive, dis-je en lui déposant une noisette de vaseline sur la rondelle, avant de pointer face à la cible. Elle ne comprit que lorsqu'elle sentit mon gland s'appuyer, et poussa un glapissement. - Non pas çà, pas là, jamais, personne...cria-t-elle en contractant son sphincter dans un spasme invincible, tandis que j'augmentais ma pression. - C'est toujours la même chose avec vous...Vous commencez par dire non, puis vous implorez les plaisirs que vous refusiez quelques minutes plus tôt... C'est lassant ! Heureusement je commence à vous connaître, ainsi que les arguments qui vous rappellent vos engagements. Et comme vos récriminations commencent à m'insupporter, je crois que je vais vous replacer l'ouvre-bouche. Ce que je fis, le bloquant cette fois en ouverture maximum. Puis, prenant une cravache au large bout de cuir plat, je lui en portai quelques coups sur la face interne des cuisses, puis sur sa motte rebondie. A chaque bruit sec répondait du fond de sa gorge un étrange petit cri. Espaçant mes coups en descendant vers les zones les plus sensibles, je repris : -Dès que vous souhaiterez sincèrement que je vous sodomise, faites-moi signe en soulevant votre bassin de la table : je comprendrai." Il ne fallut pas bien longtemps. Au troisième coup sur les nymphes, je cru voir ses fesses se soulever de quelques centimètres. Une tape les rabattit sur la table. Elle émit un cri différent, vite suivi d'un soulèvement plus net. J'avais compris ; mais il fallait qu'elle comprenne également. Après l'avoir replaquée sèchement d'une nouvelle tape, je pris délicatement le capuchon de son clitoris entre deux doigts, et tirai doucement vers le haut comme pour la soulever, en disant : - Ce n'est pas très clair... Alors, bandant tous les muscles de la colonne vertébrale, ne prenant plus appui que par les talons dans les étriers et le sommet du crâne, elle souleva majestueusement le bassin vers le plafond -le corps cintré comme une arche de pont. Elle s'aidait un peu des coudes, les mains toujours menottées derrière la nuque. S'immobilisant dans cette inconfortable hyperextension, elle gargouilla quelque chose comme : -"en...hu...hé...oi..." Sa bouche bloquée en ouverture la rendait peu compréhensible. Je la laissai ainsi un peu ainsi, tournant autour de la table pour jouir de ce spectacle peu commun. Enfin, ponctuant chacune de mes phrases d'une tape sèche sur ses aréoles: - Dois-je comprendre que vous êtes mieux disposée ? -"Hhui......Hen...hu...hé...hoi... - Vous êtes sûre que vous ne changerez pas d'avis au dernier moment ? -"Hhhon...Hen...hu...hé...hoiiii.. - Sûre-sûre ? - "Huiiiii... Elle semblait à point. Sur mon ordre elle abandonna son inconfortable posture, et reposa les fesses sur le bord de la table. Je replaçai mon gland sur son ultime virginité, et -l’encourageant d’un "détendez-vous bien, ça ira tout seul"- m’intromis sans difficulté de quelques centimètres : juste le gland. Au gargouillement qui s'échappa de sa bouche, je sentais qu'elle venait à nouveau de vivre -péniblement- une première expérience... - C'est autre chose, n'est-ce pas ? Que dites-vous de cette sensation nouvelle ? Bien sûr elle ne pouvait pas répondre, mais au raccourcissement soudain de sa respiration, je compris que cela lui faisait de l’effet. -Et encore...il ne s’agit que de peu de choses, comme la première mouillette d’un œuf à la coque... Mais je vous sens impatiente de connaître la suite, repris-je en crochant une main derrière chacune de ses cuisses. Et d'une seule poussée, je pénétrai vigoureusement jusqu'à la garde... Ce fut comme une crise d’épilepsie: sans ses entraves, elle aurait traversé la pièce ! Son sphincter tétanisé semblait animé d’une vie propre, et je compris la sensation que pouvait donner le rodéo au Far-West... Cela dura quelques secondes, puis -comme je ne bougeais plus- elle s’immobilisa rapidement. -Alors, jeune pouliche, que pense-t-on de ce premier coup de piston ? J’espère que c’est à votre goût, parce qu’il va y en avoir beaucoup d’autres ! Je n'attendais personne ce week-end-là, et en la circonstance, le coup de sonnette me contraria beaucoup. Grâce à l'écran de télésurveillance, je pouvais heureusement sélectionner les importuns. La découverte de la bonne bouille de John sur me fit plaisir. Je lui ouvris le portail à distance. Fils de ministre africain, aussi bel athlète que bon chirurgien, ce joyeux compère était depuis près d'un an mon assistant, et déjà un ami très cher. - Entre donc, lui dis-je comme je le voyais hésiter tout en sueur sur le pas de la porte, je vais te présenter une amie. Vêtu d'un survêtement des "Harlem Globe-trotters", il introduisit dans la pièce ses deux mètres de pur muscle. - J'ai poussé un peu loin mon jogging ce matin, commença-t-il, alors je me suis retrouvé devant chez toi. Je n'ai jamais autant transpiré de ma vie, et je me disais qu'une petite pause... Il s'interrompit en découvrant le spectacle insolite de ma compagne, mais j'arrêtai son mouvement de recul.. -N'aie pas peur, le rassurai-je, Mademoiselle est une amie de passage. Viens voir comme elle est ravissante ! Interloqué mais curieux, John s'approcha de la fille qui -derrière un canapé- essayait de se soustraire aux regards du nouvel arrivant. Je la tirai par l'oreille devant John en la priant de le saluer, tandis que celui-ci la détaillait de haut en bas avec stupéfaction. Plus que nue -avec sa motte encore rubescente- dressant inévitablement sa superbe poitrine en tortillant les mains derrière la tête à cause des menottes, recouverte d'inscriptions étranges, et plus bizarrement coiffée que la reine des punks, elle laissa échapper un plaintif "bonjour John" en regardant le plancher. - Bonjour Anne-Séverine, répondit John. Là il m'en bouchait un coin l'Africain : ils se connaissaient donc ! -Tu te souviens, reprit-il devant mon étonnement, je t'avais parlé d'une fille superbe qui m'avait aguiché plusieurs jours avant de me renvoyer sèchement dans mon coin devant toute la salle de garde...C'est elle. Celle qui a horreur des "macaques ambitieux", celle qui n'aime pas "l'odeur des nègres..." Elle cria presque : -Je regrette John, sincèrement je regrette. Je n'en pensais pas un mot, je ne voulais pas, mais ce sont les autres qui... Je l'interrompis. - Allons, allons, ce n'est pas grave, un simple malentendu...que cette rencontre heureuse va permette de dissiper... John, ne reste pas là, va donc prendre une douche. Il s'éloigna. J'en profitai pour faire à Anne-Séverine un peu de morale, et quelques suggestions. Très oppositionnelle au début, mes arguments finirent par la convaincre, mais elle ne m'en cracha pas moins un "vous me le paierez" furibard juste avant que John ne revienne dans la pièce, drapé dans un de mes peignoirs de bain. -Alors comment trouves-tu ton ex-conquête ?" -Belle... très belle, dit-il d'un air un peu gêné. On pourrait peut-être lui ôter les menottes ?, continua-t-il comme pour rompre un silence, qui se prolongea un peu trop à mon goût. Sur mon regard insistant, ce fut la fille qui répondit. - C'est très aimable, John, mais je préfère rester entravée, comme je l'ai demandé à notre hôte. Mais vous n'avez pas tout à fait répondu à sa question...Me trouvez-vous toujours à votre goût ? - Absolument. Aussi belle que mon souvenir. Évidemment, cette étrange coiffure change de la crinière de jadis. - Je ne sais pas ce qui m'a pris...j'ai voulu me faire toute seule une coupe à la mode, reprit-elle d'une voix de petite fille prise en faute, et voilà le résultat ! Je resterai affreuse des semaines avant de pouvoir égaliser tout ça... In petto, j'admirais la comédienne. - Mais non, reprit John, un peu décoincé, ce n'est pas affreux. Savez-vous que dans mon village -en Afrique- les jeunes filles en âge de se marier se rasent la tête, et tout le corps, et font en dansant l’offrande de leur toison à celui qu'elles choisissent ? - Quelle horreur !, s'exclama-t-elle. Je la fusillai du regard, tandis que John restait pensif, l'esprit dans des souvenirs lointains. - Moi je trouve ça très beau, et très sensuel, reprit-il, mais je comprends que vous ne compreniez pas. Un autre silence s'installa, pendant lequel Anne-Séverine s'efforçait d'éviter mon regard, mais elle savait que je lisais ses pensées, et que sa tâche était tracée. Au bout d'un moment elle reprit enfin. - Mais si John, je comprends. Très bien. Et suis heureuse de savoir maintenant comment vous plaire. Je souhaite vous faire ce même don en signe de réconciliation. John ne semblait pas comprendre. - Vous voulez dire... -Oui, reprit-elle d'une voix presqu'inaudible. Me couper les cheveux pour vous plaire. Sincèrement, cela me ferait plaisir. John était troublé, mais je ne lui laissai pas le temps de réfléchir. - Excellente idée, dis-je en libérant la natte de la chaînette des menottes, et aussi élégante que romantique. Montrez à notre ami que les filles de Passy peuvent faire aussi bien que les Bamilékés. Je l'amenai devant le miroir, les mains toujours menottées par devant, et lui tendis les ciseaux. John ne disait rien. Après un temps, comme les plongeurs avant de se jeter à l'eau, Anne-Séverine attaqua sa natte à la racine, tentant de mieux se voir dans la glace en tordant la tête dans tous les sens. Bien qu'un peu gênée par les bracelets, elle trancha sa tresse. Puis, un peu à tâtons, elle coupa grossièrement de ci de là, trichant un peu avec les gros ciseaux, et créant en quelques minutes un chaume aux zébrures inégales. Puis elle posa l'outil sur la cheminée, comme soulagée. -Vous voilà bien changée... Alors, est-ce ainsi qu'elles sont dans ton pays ?, repris-je à l'adresse de John. Celui-ci hésitait un peu. -Pas tout à fait. En fait les jeunes filles de là-bas ont le crâne parfaitement lisse... Anne-Séverine écarquilla les yeux sous ses épais sourcils, mais resta coite. - C'est bien ce que je pensais dis-je en m'éloignant vers la salle de bains . J'en ramenai un petit rasoir de sûreté et une bombe de mousse à raser que je posai à côté des ciseaux. -Voilà qui vous permettra de parfaire votre ouvrage, chère amie. - Êtes-vous bien sûre de pas le regretter ?, s'inquiéta John. - Certaine, souffla Anne-Séverine, fataliste. Elle secoua le flacon avec un cliquetis de chaîne, et se couvrit une pleine main de mousse. Puis elle s’en massa la tête et prit le rasoir. Ce fut assez long car elle le maniait gauchement, mais nous avions tout notre temps pour la regarder sillonner son crâne avec l'outil, qui laissait derrière lui -dans un crissement- des chemins de peau nue. Je dû quand même l'aider pour la finition, puis passai la serviette humide sur les restes spumeux. Elle était lisse comme un galet. - Et comme çà ? demandai-je à John, qui me semblait présenter une légère érection sous le peignoir. Il contempla cette tête irréelle un moment, puis dit : - C'est tout à fait cela. Encore que... Il réfléchissait avec l'air agacé des gens qui ont un mot sur le bout de la langue. -Je ne sais plus, il me semble qu'il manque quelque chose, mais quoi ?... Il tournait autour d'elle comme un sculpteur avant la dernière touche. -Les sourcils, peut-être ? hasardai-je. Le visage de John s'éclaira. - Mais oui, bien sûr, les sourcils, s'exclama-t-il avec excitation, comment cela a-t-il pu m'échapper... Il prit le rasoir, et en deux mouvements, débarrassa Anne-Séverine de son ultime pilosité. Cette dernière touche la transforma plus que je ne l'avais imaginé. - À la bonne heure ma petite Anne-Séverine, enchainai-je après avoir ôté ses menottes, mais ne vous asseyez-pas. N'aviez-vous pas parlé d'une offrande ?... Elle comprit, et tendit la natte qu'elle avait ramassée: - Je suis heureuse d'être belle pour vous, John. Elle avait l'air plus serein, comme une naufragée qui aperçoit la côte après des jours de mer.. Mais l'Africain restait les bras le long du corps, peu empressé de saisir son cadeau. J'eus une intuition. - Et la danse ? Tu as bien dis qu’elles dansaient pour leur élu, John ? - Oui elles dansent, dit-il les yeux au ciel. Longuement. D'abord sur une lente mélopée envoûtante, puis de plus en plus vite et fougueusement. Anne-Séverine semblait plus inquiète. En effet, je lui avais fermement enjoint d'obtenir le pardon de John, d'obtempérer à tous ses désirs, et surtout, de les précéder. Elle ne semblait pas au bout de ses peines. - S'agit-il de ces tambours de brousse dont tu m'as rapporté un enregistrement cet hiver ?, dis-je en fouillant dans le compartiment à cassettes du meuble de hi-fi. - Oui, c'est bien ça, répondit John. - Je ne connais pas grand-chose aux danses africaines, hasarda Anne-Séverine sur la défensive. - Pas de fausse modestie, rétorquai-je, ce n'est pas plus sorcier que ces macarenas endiablées, avec lesquelles je vous ai vu éclipser les plus belles filles de chez Castel ! Ah, la voici cette fameuse cassette... Pendant près d'une heure, nous eûmes droit à une représentation auprès de laquelle le Crazy Horse Saloon aurait fait figure de salle paroissiale. Au début la mise en scène fut un peu laborieuse. Mais entre les suggestions naïves de John et mes menaces silencieuses, la marge de manœuvre d'Anne-Séverine était mince, et le spectacle prit forme. Libérée de ses menottes, elle tangua d'abord lentement, pendant que je me renseignais -champagne à la main- sur les usages subtropicaux. Nous pûmes ainsi, avec l'encre violette, maquiller notre artiste selon la coutume: d'élégantes zébrures sur tout le corps, un masque de loup, et une particulière mise en valeur des zones sexuelles. Les souvenirs de John se précisaient. A l'aide d'un pinceau, j’appliquai sur le sommet du crâne fraîchement tondu une couche de colle qui finissait en pointe entre les sourcils, et sacrifiai un oreiller pour y faire adhérer un plumetis d'oie d'une blancheur immaculée -symbole de pureté sous toutes les latitudes. Puis je passai le pinceau à John pour le pubis. Il pria Anne-Séverine -qu'il savait bonne gymnaste- de faire l'arbre droit, puis d’écarter les jambes au maximum, afin d’exposer commodément ses trésors. A large coups de pinceau, il encolla le triangle lisse, pour y plaquer une poignée de duvet qui lui fit comme un string écumeux surmontant sa vulve nue. Anne-Séverine pu se relever ; elle ne se ressemblait plus du tout. Elle était devenue une mutante irréelle, à qui nous demandâmes de danser. Pendant qu'elle accélérait ses trémoussements pour suivre le rythme des tambours, John se souvint de curieux bijoux mammaires tribaux -fixés aux tétins-, que j'imitai sommairement grâce à deux des sinistres pinces, alourdies de glands de tapisserie. Après avoir allumés des havanes, nous priâmes Anne-Séverine -les mamelles ainsi lestées- de passer devant nous en sautillant, mais toujours en rythme, pour faire tournoyer les glands dans tous les sens. C'était assez douloureux, mais le sentiment d'humiliation effaçait un peu la souffrance, et au bout de plusieurs passages, le balancement de sa superbe poitrine fut parfaitement au point. Partie d'une sorte de jerk banal, notre danseuse -pénétrée par le martèlement des tambours- réinventait irrésistiblement les postures obscènes des bacchanales exotiques. Le tempo devenait infernal, mais son corps de gymnaste, incroyablement ferme -et maintenant inondé de sueur- restait admirable. Je dû toutefois rappeler à Anne-Séverine l'importance des mouvements du bassin, qu'elle avait tendance à négliger. Pour l'y aider, je lui fis une ceinture avec la corde de coton, y nouai sous le nombril le petit bout de la tresse, et lestai l'autre avec les menottes. Ainsi le métal froid et la touffe de cheveux venaient-il scander en cliquetant sur sa vulve glabre, le rythme de ses hanches. La cassette prit fin sur un tonnerre de roulements tétanisant, qui laissa Anne-Séverine pantelante, allongée sur la moquette, et totalement vidée. Nous applaudîmes courtoisement cette belle prestation pendant qu'elle reprenait lentement son souffle à terre. Puis John se leva devant elle, immense dans son peignoir blanc, et Anne-Séverine sut que le moment était arrivé. Elle commença à se relever, mais l'Africain ayant posé doucement la main sur son épaule, elle resta à genoux pour le rituel. Elle décrocha la natte de sa ceinture improvisée et l'éleva devant John des deux bras tendus au-dessus de sa tête duveteuse, les yeux vers le sol, et dit : - John, je vous supplie de me pardonner ma conduite, et de recevoir l'offrande ma chevelure. Prenez aussi mon corps -si vous le voulez encore- pour vous prouver la sincérité de mon repentir. La bosse qui déformait le peignoir de John répondait à sa place, mais il dit gentiment : - J'accepte de grand cœur, mais seulement si ce plaisir est partagé. Et justement notre hôte, qui pressentait votre offre, m'a délicatement fait comprendre votre préférence marquée pour la fellation, comme le rappelle avec franchise l'inscription sur votre front. Ne lui en veuillez d'avoir trahi ce petit secret, puisqu'il me donne l'occasion de vous satisfaire. J'espère que vous ne serez pas déçue, continua-t-il faussement modeste en faisant tomber son peignoir. Anne-Séverine ne put réprimer une exclamation en découvrant au-dessus de son nez une verge monumentale, et elle resta frappée de stupeur, la bouche grande ouverte.   John prit cela pour une invite et, empaumant la nuque rase pour l'attirer vers son ventre, pénétra -un peu en force- dans le fourreau offert, qu'il commença à pistonner. Je ne savais pas qu'une bouche pouvait s'ouvrir à ce point ! Anne-Séverine était méconnaissable. Pas seulement à cause du maquillage qui coulait sous les larmes. Le menton au sternum, elle cherchait son air par le nez avec une sorte de ronflement disgracieux. Par bonheur elle n'était pas enrhumée : l'asphyxie eût été immédiate… Ses mains en trompette ne faisaient pas le tour de l'énorme pénis, auprès duquel ses poignets ne semblaient pas plus gros de ceux d'une poupée, et mes bijoux improvisés -toujours fixés au bout des seins- balayaient les cuisses du géant noir. Étonnant contraste que les saccades du crâne laiteux d'Anne-Séverine où voletaient les plumes blanches, devant l'ébène luisant de la peau de John ! Au bout d'un long moment, il se pencha et lui dit gentiment à l'oreille : - Vous avez des dents magnifiques, belle amie, mais pour l'heure j'aimerais mieux qu’elle se fasse oublier. Elle obtempéra, en battant des cils vers lui pour se faire excuser, et John put amplifier le mouvement du globe chauve calé dans sa main de basketteur. Longuement excité par la danse, il ne tint pas longtemps, mais quand il accéléra pour le galop final, je cru que la tête d'Anne-Séverine allait s'ouvrir comme une pastèque... Sentant les prémices du feu d'artifice, John se retira une fraction de secondes avant d'exploser dans un cri sous le nez d'Anne-Séverine, qu'il aspergea de longues giclées successives sur la poitrine et le visage, faisant voler quelques plumes.                                                                      …OOOOOOOOO…              
589 vues 2 aime
Par : le 23/10/23
Le terme "subdrop" est dérivé de l'anglais et fait référence à une chute, une descente, dans ce cas, émotionnelle ou physique. Cette réaction est souvent la conséquence d'une expérience intense, qui peut être aussi bien psychologique que physique. Les pratiques BDSM peuvent engendrer des niveaux élevés d'adrénaline et d'endorphines. L'adrénaline, souvent appelée "hormone du stress", est libérée en réponse à une situation stressante ou excitante. Elle prépare le corps à réagir, que ce soit pour fuir ou combattre. Les endorphines, quant à elles, sont des peptides qui agissent sur les récepteurs opioïdes du cerveau pour réduire la perception de la douleur. Elles sont souvent surnommées les "hormones du bonheur" car elles peuvent provoquer des sensations d'euphorie. Après une scène ou une session BDSM, où ces substances chimiques ont été libérées en grande quantité, leur niveau dans le corps commence à diminuer. C'est à ce moment que le "subdrop" peut se manifester. Les participants peuvent ressentir une profonde tristesse, une sensation de dépression, ou un épuisement général. Cette descente émotionnelle et physique est parfois comparée à la sensation que l'on peut ressentir après un événement très attendu qui prend fin, comme un concert ou un grand événement sportif. Il est absolument crucial de comprendre que le "subdrop" ne témoigne pas d'une expérience négative ou traumatisante en soi. C'est plutôt une réaction naturelle du corps à la suite d'une montée intense d'émotions et de sensations. Cependant, il est essentiel d'en être conscient et de prendre les mesures appropriées pour soutenir la personne qui en fait l'expérience. Le "subdrop", bien que souvent associé au BDSM, trouve en réalité ses racines dans la biologie humaine. Pour comprendre ce phénomène, il est essentiel de se pencher sur les mécanismes neurobiologiques qui se déclenchent lors d'expériences intenses. Lorsque nous vivons des moments d'intensité, qu'ils soient d'ordre physique, émotionnel ou psychologique, notre corps a une réponse chimique. Une des principales substances chimiques libérées est l'endorphine. Les endorphines sont des neurotransmetteurs, c'est-à-dire des messagers chimiques qui transmettent des informations d'un neurone à un autre dans le cerveau. Ces molécules jouent un rôle crucial dans la modulation de la douleur et la production de sensations agréables. Agissant comme des analgésiques naturels, les endorphines ont la capacité de réduire la perception de la douleur. Elles sont souvent comparées à des opioïdes comme la morphine, bien qu'elles soient produites naturellement par le corps. Lors de leur libération, elles peuvent provoquer une sensation d'euphorie, un sentiment d'extase ou de bien-être intense. Cependant, la nature a une manière d'équilibrer les choses. Après une telle montée d'endorphines, il est courant que leur niveau diminue une fois l'expérience intense terminée. Cette chute peut être abrupte, et c'est là que le phénomène du "subdrop" intervient. L'euphorie laisse place à des sentiments contrastés de tristesse, de mélancolie ou de vide. Cette transition peut être déroutante, surtout si la personne n'est pas préparée ou consciente de cette réaction biologique. Il faut donc garder en tête que le "subdrop" n'est pas simplement une réaction psychologique, mais aussi une conséquence directe de la manière dont notre cerveau et notre corps gèrent les expériences intenses. La compréhension de ce mécanisme peut aider à mieux anticiper, gérer et soutenir ceux qui vivent cette descente émotionnelle. Il est essentiel d'apprendre à reconnaître et à comprendre le "subdrop" pour plusieurs raisons : Pour préserver sa santé mentale et bien-être émotionnel et/ou celle de son/sa partenaire : Impact psychologique : Le "subdrop" n'est pas simplement une baisse d'humeur passagère. Pour certains, il peut s'apparenter à une véritable dépression temporaire, avec tous les symptômes associés tels que la tristesse, l'anxiété ou le sentiment d'isolement. Soutien nécessaire : Ignorer ou minimiser le "subdrop" peut aggraver ces symptômes et avoir des conséquences durables sur la santé mentale d'une personne. Il est donc primordial d'offrir un soutien adapté, qu'il soit émotionnel, psychologique ou même physique, à ceux qui traversent cette période délicate. Pour maintenir la confiance entre les partenaires : Échange ouvert : Dans le contexte des relations BDSM, où la confiance est un pilier, la communication revêt une importance capitale. Les partenaires doivent être en mesure de discuter ouvertement de leurs ressentis, de leurs craintes et de leurs besoins. Anticipation : Être conscient du potentiel de "subdrop" permet d'anticiper et de préparer la suite d'une session. Cela peut inclure des discussions préalables sur ce à quoi s'attendre et comment y faire face. Prévention et gestion : Mesures préventives : Bien que le "subdrop" ne puisse pas toujours être totalement évité, il est possible de mettre en place des stratégies pour en réduire l'impact. Cela peut inclure des techniques de relaxation, de méditation ou même des activités distrayantes. L'importance de l'aftercare : L'aftercare, ou les soins post-session, est un élément essentiel pour aider à gérer le "subdrop". Il s'agit d'un moment dédié à la récupération, où les partenaires peuvent se reconnecter, discuter et s'assurer du bien-être de l'autre. Cela peut inclure des gestes simples comme se tenir la main, échanger des mots réconfortants ou partager une activité apaisante. Le "subdrop" est un phénomène complexe qui mérite une attention toute particulière. En comprenant ses origines et ses implications, nous pouvons mieux soutenir ceux qui en font l'expérience.
1.4000 vues 12 aime
Par : le 23/10/23
  Alain et Fabrice, deux hommes aux antipodes, se sont rencontrés dans une tranquille petite ville de l'Aude, une ville paisible où la vie semblait suivre son cours sans heurts. Alain était un homme calme et réservé, un libraire de la ville. Il passait ses journées à entretenir sa petite boutique, à choisir soigneusement les livres pour sa clientèle variée et à savourer la quiétude de la lecture. Ses soirées étaient généralement consacrées à une petite promenade solitaire le long des ruelles pavées. En revanche, Fabrice était un homme flamboyant et extraverti, un avocat renommé qui ne passait pas inaperçu. Il aimait la vie nocturne, les soirées mondaines et était réputé pour sa nature charismatique. Les deux hommes semblaient tout droit sortis de mondes différents, et leurs chemins n'auraient probablement jamais dû se croiser. Cependant, le destin, ce mystérieux orchestrateur, avait d'autres plans. Un après-midi ensoleillé, alors qu'Alain se trouvait dans un café de la place principale de la ville en train de déguster un cappuccino et de lire un livre, Fabrice entra dans l'établissement. Son énergie éclatante semblait illuminer la pièce, et il s'installa à la table voisine. Un simple "Bonjour" de Fabrice brisa la barrière de l'indifférence. Les deux hommes engagèrent la conversation, et très rapidement, Alain fut subjugué par la personnalité magnétique de Fabrice. Ils échangèrent des histoires de vie, des passions et des rêves. Alain découvrit que derrière l'extraversion de Fabrice se cachait un esprit incroyablement ouvert et un profond intérêt pour les sujets les plus divers. Un jour, alors qu'ils se retrouvaient attablés devant leur café habituel, Fabrice aborda un sujet qui, pour Alain, était complètement inattendu : la soumission et la domination dans les relations intimes. Intrigué par le sujet, Alain commença à poser des questions et à explorer davantage cet univers si éloigné de sa routine calme. Fabrice, avec sa nature charismatique, lui parla de la complexité des relations et de la confiance nécessaire pour se livrer à de telles expériences. Il partagea des récits de rencontres passionnées où les limites étaient explorées, où la douleur et le plaisir se mêlaient dans une danse sensuelle. Alain, bien que surpris par ces révélations, sentit une curiosité grandissante en lui. Il se laissa emporter par les récits de Fabrice et commença à envisager un aspect inexploré de sa sexualité. Les discussions devinrent plus intimes et ils partagèrent leurs fantasmes les plus secrets, créant un lien profond basé sur la confiance et l'ouverture d'esprit. Ces conversations audacieuses élargirent les horizons d'Alain, l'amenant à remettre en question ses propres croyances et à explorer une sensualité oubliée. Il découvrit un nouveau niveau d'intimité avec Fabrice, où les frontières entre le plaisir et la douleur s'estompaient, où la confiance et le consentement étaient les fondements de leur relation. Cette découverte inattendue de l'univers de la soumission et de la domination dans leur intimité allait changer leur relation à jamais. Alain et Fabrice s'engagèrent dans un voyage de découverte mutuelle, où la passion, la confiance et l'exploration de soi se mêlaient harmonieusement. Ils réalisèrent que leur amour était bien plus profond et complexe que ce qu'ils avaient imaginé au départ, et ils embrassèrent cette nouvelle dimension de leur relation avec audace et affection. Au fur et à mesure de leurs rencontres, Fabrice continua à initier Alain vers de nouveaux horizons. Ils discutaient de fantasmes, de désirs, de consentement, et Fabrice partageait avec son nouvel ami des lectures éclairantes sur le BDSM, un univers bien éloigné de la littérature classique que vendait Alain dans sa librairie. Les deux hommes organisaient également des rencontres amicales en extérieur, explorant de nouvelles sensations et découvrant ensemble des aspects insoupçonnés de leur personnalité. Alain, à la fois curieux et réservé, se laissa emmener sans s'en rendre compte, malgré lui, dans cet univers si particulier. Au fil des mois, leur amitié se renforça, et leur complicité grandit. Ils partageaient des secrets, des confidences, et les escapades en plein air se transformèrent en véritables aventures. Ils naviguaient ensemble dans les eaux tumultueuses de la découverte de soi, de l'exploration de nouvelles sensations, et de la redéfinition de leurs limites personnelles. L'amitié entre Alain et Fabrice était, d'une manière étrange, une fusion de leurs mondes, une coexistence de la tranquillité et de l'extraversion. Ils avaient appris que les préférences personnelles et les choix de vie ne devaient pas définir une amitié, mais plutôt la renforcer. Ensemble, ils avaient découvert que la vie, même dans une petite ville tranquille de l'Aude, pouvait être pleine de surprises, d'aventures et d'amitiés qui transcendent les conventions sociales. Un jour, Fabrice invita Alain chez lui pour un dîner, une occasion de prolonger leur amitié dans un cadre plus intime. La soirée se déroula de manière agréable, avec des conversations animées et des plats délicieux. La chaleur d'un feu de cheminée et la douce lueur des bougies créaient une atmosphère propice à la confidence. Après le dîner, alors que la nuit enveloppait la maison de Fabrice, une tension électrique flottait dans l'air. Alain, habituellement si réservé, sentait son cœur battre plus vite, attiré par cette aura de sensualité qui l'entourait. Fabrice, avec sa nature charismatique, posa une main délicate sur celle d'Alain, lui faisant comprendre qu'il était là pour le guider dans cette nouvelle exploration. Sans un mot, ils se dirigèrent vers une pièce spéciale dans la maison de Fabrice, un sanctuaire intime où les désirs les plus profonds se réalisaient. Les murs étaient ornés d'instruments de plaisir, d'accessoires en cuir, d'attaches soigneusement disposées. Un mélange d'excitation et d'appréhension envahit Alain, mais il se sentait en sécurité avec Fabrice à ses côtés. Fabrice prit doucement la main d'Alain et commença à lui expliquer les différents outils et pratiques qu'ils pourraient explorer ensemble. Il lui parla de la confiance, du consentement et de l'importance de communiquer ouvertement tout au long de leur expérience. Alain, bien que novice dans ce domaine, se sentait prêt à se laisser emporter par cette nouvelle aventure. La nuit se transforma en une danse sensuelle de plaisir et de découverte. Alain et Fabrice s'abandonnèrent à leurs désirs les plus profonds, explorant les limites de leur propre confort et se laissant guider par l'autre. La confiance mutuelle était la clé de leur expérience, et chaque moment était marqué par une profonde connexion émotionnelle et une complicité inébranlable. Après cette nuit intense, Alain et Fabrice se retrouvèrent dans les bras l'un de l'autre, épuisés mais comblés. Ils avaient découvert un nouveau niveau d'intimité, une passion qui transcende les normes sociales et les attentes de la société. Leur amitié avait évolué en une relation unique, où l'amour, la confiance et l'exploration mutuelle se mêlaient harmonieusement. Alain avait trouvé en Fabrice un guide, un confident et un amant qui lui permettait d'explorer les aspects les plus profonds de sa sexualité. Ensemble, Alain et Fabrice continuaient à s'épanouir, à se soutenir mutuellement dans leurs aspirations et à embrasser les surprises que la vie leur réservait. Leur histoire était une preuve vivante que l'amitié peut transcender les frontières de l'ordinaire, offrant une véritable connexion qui va au-delà des conventions et des attentes. Alors que les deux amis discutaient, Fabrice commença à jouer subtilement de son charme. Il effleura le pied d'Alain sous la table, faisant naître une pointe d'électricité dans l'atmosphère. Alain pensa d'abord que c'était une simple erreur, une coïncidence. Cependant, Fabrice répéta l'action de manière intentionnelle, cette fois-ci plus audacieusement. Alain se sentit submergé par un mélange de surprise, de confusion et d'excitation. Bien qu'il n'était pas préparé à ce genre de situation, l'attirance qu'il ressentait pour Fabrice ne pouvait être niée. Face à face à la table, Fabrice prit doucement la main d'Alain, plongeant son regard dans les yeux de son ami. Ce geste simple mais rempli de sens fit battre le cœur d'Alain plus vite. Il regarda Fabrice, voyant la chaleur et l'affection dans ses yeux. Pour la première fois, Alain réalisa toute l'intensité de l'amitié, voire plus, qu'il éprouvait pour cet homme si différent mais pourtant si proche de lui. Fabrice, d'une voix douce, lui avoua son désir, son penchant pour les hommes soumis et son goût pour la féminisation. Il expliqua à Alain ce qu'il attendait, en prenant soin de souligner qu'il s'agissait d'une exploration consentie, respectueuse et basée sur une profonde confiance mutuelle. Alain était à la fois surpris, déconcerté et intrigué par cette révélation soudaine de la part de Fabrice. Il avait entendu parler de la soumission et de la domination, mais il n'avait jamais imaginé être lui-même impliqué dans une telle relation. Cependant, la curiosité et l'attraction qu'il ressentait pour Fabrice le poussaient à écouter attentivement et à essayer de comprendre. Fabrice continua à décrire ses fantasmes et ses attentes, mettant en avant l'importance de la communication, du respect des limites et du consentement mutuel dans ce genre de relation. Il expliqua à Alain qu'il voulait explorer avec lui le potentiel de leur connexion, tout en préservant leur précieuse amitié. Ses mots étaient empreints de tendresse et de sincérité, soulignant combien il tenait à préserver leur lien et à établir une relation basée sur le respect et la confiance. Fabrice prenait soin de choisir ses mots avec délicatesse, cherchant à rassurer Alain. Il lui expliqua que ses fantasmes n'étaient pas une demande de changement pour Alain, mais plutôt une invitation à découvrir ensemble de nouveaux horizons, à explorer les limites de leur amitié et à établir une complicité encore plus profonde. Il insistait sur le fait que rien ne devait être précipité, que chaque étape devait être franchie avec l'accord et le consentement mutuel. Il soulignait également qu'il était prêt à respecter les limites d'Alain et à ajuster leurs explorations en fonction de ses désirs et de son confort. Alain, ému par la sincérité de Fabrice, sentait une part de lui-même s'éveiller à cette nouvelle possibilité. Il appréciait la façon dont Fabrice avait pris soin de présenter ses désirs et d'expliquer ses attentes, sans jamais forcer ni exiger quoi que ce soit. Les deux amis se regardèrent, leurs regards se remplissant d'une compréhension mutuelle et d'une connexion profonde. Alain savait qu'il devait prendre le temps de réfléchir, d'explorer ses propres sentiments et de discuter de cette nouvelle dynamique avec Fabrice. Mais il sentait également que leur amitié avait la force nécessaire pour évoluer et se transformer, tout en préservant l'amour et le respect qui les unissaient. Dans cette scène, l'accent est mis sur l'importance de la communication et du respect mutuel dans le contexte de la découverte de nouveaux aspects d'une relation. La volonté de Fabrice de préserver leur amitié tout en explorant de nouvelles dynamiques est mise en valeur, tout en laissant à Alain le temps et l'espace nécessaires pour réfléchir et prendre des décisions en toute liberté. Alain, bien que confus et incertain de sa propre réaction, écouta Fabrice avec une attention croissante. Il se sentait à la fois vulnérable et curieux, et il réalisa que cette conversation pouvait changer à jamais la dynamique de leur amitié. Cependant, il savait aussi que cette discussion était une occasion d'explorer des aspects de sa propre sexualité et de sa personnalité qu'il n'avait jamais envisagés auparavant. Alors, avec un mélange d'appréhension et de désir, il choisit de continuer à écouter et à découvrir ce nouveau monde que Fabrice lui proposait. Les paroles de Fabrice résonnaient dans l'esprit d'Alain, suscitant une multitude de pensées et d'émotions. Il se demandait comment il avait pu être aveugle à cette part de lui-même, à ces désirs qui semblaient maintenant prêts à émerger de l'ombre. L'idée de se laisser guider par Fabrice dans cette exploration inconnue était à la fois effrayante et excitante. Lentement, Alain rassembla son courage et prit la parole. "Fabrice, je dois avouer que je suis confus et que tout cela est nouveau pour moi. Mais je suis également attiré par cette idée d'explorer de nouveaux horizons avec toi. Notre amitié est si profonde et sincère, je pense que nous pouvons traverser cette expérience ensemble, en respectant nos limites et en nous soutenant mutuellement." Fabrice sourit doucement, reconnaissant la bravoure d'Alain et son ouverture d'esprit. Il prit délicatement la main d'Alain dans la sienne, transmettant ainsi un sentiment de réconfort et de complicité. "Je suis heureux que tu sois prêt à entreprendre cette aventure avec moi, mon cher ami. Nous allons avancer à notre rythme, en explorant chaque recoin de nous-mêmes et en préservant toujours notre lien précieux." Alain sentit un poids se lever de ses épaules, remplacé par une légèreté nouvelle. Bien que les défis et les incertitudes les attendaient, il savait qu'ils avaient maintenant une chance de se découvrir mutuellement d'une manière qu'ils n'auraient jamais imaginée. Leur amitié, profonde et solide, était le socle sur lequel ils pourraient construire une relation exploratoire, empreinte de confiance, de respect et d'amour. À la fin du repas, Alain et Fabrice se retrouvèrent dans le confortable canapé du salon de Fabrice. L'atmosphère était chargée d'anticipation et d'excitation, alors que Fabrice se montra de plus en plus entreprenant, déposant des baisers délicats sur le cou d'Alain. Les caresses subtiles et les murmures sensuels enveloppaient la pièce d'une aura chargée d'érotisme. Alain, incapable de résister à l'attraction magnétique qu'il ressentait pour son ami, se laissa emporter par le moment, ses inhibitions s'évanouissant au fur et à mesure que Fabrice approfondissait son contact. L'expérience était nouvelle, intrigante et incroyablement excitante pour lui. Les frissons parcouraient le corps d'Alain alors que Fabrice continuait d'explorer chaque parcelle de sa peau avec une tendresse et une passion troublantes. Les caresses se faisaient de plus en plus audacieuses, les souffles se mêlaient dans une danse enivrante. Les lèvres de Fabrice se posèrent doucement sur celles d'Alain, déclenchant une vague de désir intense. Leurs baisers étaient à la fois doux et ardents, révélant une connexion profonde qui transcendaient les mots. Leurs corps se rapprochèrent, se pressant l'un contre l'autre, cherchant à se fondre ensemble dans une fusion passionnée. Les mains de Fabrice parcouraient avec assurance les courbes d'Alain, explorant chaque recoin de son être avec une attention délicate. Les soupirs et les gémissements témoignaient de leur désir mutuel, d'une alchimie enflammée qui les consumait. Dans cette intimité partagée, Alain se sentait libre d'explorer ses propres désirs, de se laisser guider par les mains expertes de Fabrice. Chaque sensation, chaque contact, était un voyage intime vers la découverte de soi et de l'autre. Ils se perdaient dans l'étreinte passionnée, leurs corps s'entremêlant dans une danse de plaisir et de complicité. Leur exploration se prolongea mélangeant rires, soupirs et étreintes dans une symphonie sensuelle. Ils avaient franchi une frontière inconnue, mais le sentiment de confiance et de respect mutuel les guidait tout au long de cette expérience. Ils savaient que cette nuit n'était qu'un début, le début d'une aventure inoubliable qui allait redéfinir leur amitié et leur sexualité. C'est alors que Fabrice fit une pause, ses yeux plongés dans ceux d'Alain. Il lui demanda avec une voix douce, empreinte de désir, s'il pouvait aller plus loin. Cependant, il posa une condition avant de poursuivre, voulant s'assurer qu'Alain comprenait bien ce à quoi il s'engageait. Fabrice commença à expliquer en détail ce qu'il attendait d'Alain dans cette relation. Il parla de la soumission, décrivant avec précision les scénarios sensuels et les jeux de rôle qu'il avait en tête. Il précisa qu'il aimait la féminisation, la douceur et la confiance mutuelle qui devaient être au cœur de leur exploration. Il rassura Alain sur le fait que son amitié resterait intacte, quoi qu'il décide, et qu'ils pourraient maintenir une communication ouverte et honnête tout au long de leur parcours. Alain écouta attentivement, absorbant chaque mot, et sentant son désir monter encore plus. Les détails que Fabrice lui donnait éveillaient en lui une curiosité et une excitation qu'il n'avait jamais ressenties auparavant. Il était partagé entre l'excitation de l'inconnu et la peur de franchir cette étape. Cependant, Fabrice était compréhensif et patient, lui donnant le temps de réfléchir, de poser des questions et de décider s'il était prêt à explorer cet aspect de lui-même. Les pensées d'Alain étaient tourbillonnantes, oscillant entre l'envie de se laisser aller à cette nouvelle expérience et l'appréhension des conséquences. Mais alors qu'il regardait Fabrice, il voyait la confiance et l'amour dans ses yeux, et cela le rassurait. Il savait qu'il ne serait pas seul dans cette aventure, qu'ils iraient de l'avant ensemble, main dans la main. Finalement, Alain prit une profonde inspiration et répondit à Fabrice, sa voix légèrement tremblante mais remplie de détermination. "Je suis prêt à découvrir cet aspect de moi-même avec toi, Fabrice. Je suis prêt à t'offrir ma confiance et à explorer ces nouvelles frontières, à condition que nous restions toujours sincères l'un envers l'autre et que nous respections nos limites." Un sourire radieux illumina le visage de Fabrice, et il entrelaça ses doigts avec ceux d'Alain. "Je suis honoré que tu acceptes de partager cette expérience avec moi, mon ami. Je serai là à chaque instant, pour t'écouter, te guider et t'aimer. Ensemble, nous allons explorer des horizons insoupçonnés et vivre une passion qui transcendera tout ce que nous avons connu jusqu'à présent." Alain et Fabrice continuèrent leur soirée, mêlant leur complicité amicale à leur nouvelle dynamique. La tension sexuelle qui flottait dans l'air créa une atmosphère chargée d'excitation. Ils se lancèrent dans des conversations plus intimes et explorèrent plus en détail les désirs et les fantasmes de chacun. Fabrice partagea avec Alain sa passion pour la soumission, expliquant comment elle pouvait être une source de plaisir et d'accomplissement. Il décrivit plus en détail son goût pour la féminisation, pour la douceur et la confiance. Alain écouta avec attention, désireux de comprendre ce monde encore inconnu pour lui. Il posa des questions, cherchant à approfondir sa compréhension et à se familiariser avec les concepts et les pratiques dont Fabrice parlait. Chaque explication de Fabrice éveillait en Alain une curiosité grandissante, un désir de connaître ses propres limites et de se laisser guider par cette nouvelle expérience. Les mots de Fabrice étaient empreints d'une sensualité troublante, et Alain sentait son corps réagir à chaque description. Les images évoquées dans son esprit suscitaient une excitation grandissante, mêlée à une certaine appréhension face à l'inconnu. Mais il était déterminé à explorer ces aspects de lui-même, à se découvrir d'une manière qu'il n'avait jamais envisagée auparavant. Fabrice, voyant l'étincelle dans les yeux d'Alain, savait que leur connexion devenait de plus en plus profonde. Il était heureux de partager cette part intime de lui-même avec son ami, de l'inviter dans ce monde de plaisir partagé. Il promit à Alain d'être patient, de l'accompagner dans ses découvertes et de respecter ses limites à tout moment. Fabrice était patient et attentif à ses questions, et ils établirent des règles claires pour leur nouvelle aventure, garantissant que leur amitié et leur bien-être restaient au centre de tout ce qu'ils entreprenaient. La nuit avançait, et Alain se laissa guider par Fabrice dans cette exploration de soi, établissant un équilibre délicat entre la confiance et le respect. Ils se découvrirent mutuellement, franchirent des frontières et s'épanouirent dans leur nouvelle relation naissante. Leurs corps s'entrelaçaient dans une danse sensuelle, chaque caresse étant un pas de plus vers une intimité profonde et enivrante. Les murmures échangés entre eux étaient empreints d'une complicité grandissante, et chaque regard échangé était chargé d'une connexion intense. Alain se sentait libre d'explorer ses propres désirs, ses propres limites, sachant qu'il était soutenu et aimé par Fabrice à chaque instant. Les sensations qui parcouraient son corps étaient à la fois familières et nouvelles, un mélange exquis de plaisir et d'excitation. Chaque toucher, chaque souffle, était une exploration de soi, une découverte de leur chimie unique. Fabrice, doux et attentionné, guidait Alain avec une délicatesse incroyable, respectant ses limites et écoutant attentivement ses réactions. Chaque moment partagé était une symphonie de sensations, une fusion de désirs qui les enveloppait dans une bulle intime, loin du monde extérieur. Ils s'abandonnaient l'un à l'autre, en se laissant porter par les vagues de plaisir et de désir qui les submergeaient. Les soupirs et les gémissements se mêlaient, créant une symphonie envoûtante qui remplissait la pièce de leur passion partagée. La nuit s'étira, et les étreintes se firent de plus en plus passionnées, les frontières entre leurs corps et leurs esprits s'estompant progressivement. Ils se perdaient dans une extase mutuelle, explorant les profondeurs de leurs désirs et créant des souvenirs qui resteraient gravés dans leur esprit et leur cœur pour toujours. La nuit avançait, et Alain se laissa guider par Fabrice dans cette exploration de soi, établissant un équilibre délicat entre la confiance et le respect. Ils se découvrirent mutuellement, franchirent des frontières et s'épanouirent dans leur nouvelle relation naissante. Leur complicité grandissait à mesure qu'ils se plongeaient dans cette expérience inattendue. Chaque instant était empreint d'une intensité palpable, d'une connexion profonde qui les enveloppait dans un cocon d'érotisme et de désir. Fabrice, avec une assurance mêlée de tendresse, guida Alain dans une danse sensuelle. Leurs corps se mouvaient en harmonie, explorant chaque recoin de leur être avec une passion dévorante. Chaque caresse était un écho de leur complicité grandissante, chaque souffle échangé était une promesse de plaisir partagé. Dans l'intimité du salon, Fabrice fit preuve d'une audace de plus en plus enivrante. Il demanda à Alain de se lever du canapé, créant une dynamique nouvelle entre eux. Alain, mêlant excitation et anticipation, obéit à sa demande, se mettant debout à côté de Fabrice. Le regard intense et perçant de Fabrice se posa sur Alain, avec une tendresse mêlée de désir brûlant, Fabrice défit lentement le bouton du jean d'Alain, faisant glisser la braguette et descendant délicatement le tissu jusqu'aux chevilles d'Alain. Chaque geste était empreint d'une sensualité troublante et d'un appétit insatiable, chaque mouvement calculé pour provoquer une excitation grandissante et pousser Alain vers de nouveaux horizons de plaisirs inexplorés.tandis que Fabrice manipulait la cage de chasteté, la faisant glisser sur le membre d'Alain avec une précision infinie. Les sangles se resserraient progressivement, enserrant fermement le membre d'Alain et le maintenant en captivité. Alain ressentait un mélange de sensations intenses, entre l'envie irrépressible de jouissance et la frustration délicieuse de sa liberté entravée. Alors que son esprit s'ouvrait à cette nouvelle facette de leur relation, où le contrôle et le consentement se mêlaient dans une danse sensuelle et provocante. Chaque détail était soigneusement pris en compte, chaque sensation savourée avec une intensité troublante. L'atmosphère était chargée d'une excitation électrisante, où le moindre geste, le moindre souffle, amplifiait le désir brûlant qui les consumait. Ils étaient prêts à explorer ces territoires inconnus, à se laisser guider par leurs pulsions les plus profondes, dans un voyage riche en émotions et en plaisirs enivrants. C'était une expérience qui dépassait les limites de la convention pour Alain. Une union où la confiance et le consentement se mêlaient à une exploration audacieuse du plaisir. Les deux amants se perdaient dans cette étreinte passionnée, se laissant emporter par la délicieuse torture de la chasteté et la promesse de libération ultime. Ils étaient prêts à se découvrir mutuellement, à repousser les frontières du plaisir et à s'abandonner à l'extase de l'inconnu. Dans ce moment de connexion intense, Fabrice ressentait une excitation mêlée d'une profonde affection pour Alain. Son regard pénétrant exprimait à la fois la confiance qu'il avait en Alain et l'excitation de se lancer dans cette aventure inexplorée. Alain, captivé par le regard intense de Fabrice, sentait son cœur battre plus vite. Il comprenait que ce moment marquait le début d'une exploration profonde de leur relation, une exploration qui allait les conduire vers des territoires inconnus et excitants. Leur complicité grandissait à mesure qu'ils se regardaient, leurs yeux se perdant dans une communication silencieuse. Ils étaient prêts à se laisser guider l'un par l'autre, à se découvrir mutuellement dans cette expérience partagée. Ce moment était chargé d'une énergie électrique, d'une promesse de découvertes et de plaisirs à venir. Fabrice, avec un sourire complice, prit doucement la main d'Alain, lui signifiant qu'ils étaient prêts à franchir ensemble les limites de leur imagination et à explorer les profondeurs de leur désir. Fabrice dit doucement à Alain: "Tu n'es plus Alain, mais elle, et je t'appellerai Pat." La transformation symbolique était complète, et Pat se laissa emporter par ce nouveau nom, se sentant vulnérable, mais aussi libéré d'une manière inattendue. Les mots de Fabrice résonnaient dans l'air, créant une atmosphère chargée d'excitation et de découverte. Pat se sentait à la fois ému et intrigué par cette nouvelle identité qui lui était attribuée. C'était comme si une porte s'ouvrait vers un monde inexploré, où les limites de l'expression de soi étaient repoussées. Fabrice, conscient de l'importance de ce moment, se leva avec précaution. Il savait que chaque geste, chaque contact, serait empreint de sens et de significations profondes. Avec une grande délicatesse, il commença à déshabiller Pat, retirant ses vêtements un par un. Chaque vêtement qui tombait révélait la peau nue et vulnérable de Pat. Chaque mouvement de Fabrice était calculé pour susciter une excitation grandissante, mais aussi pour créer un sentiment de confiance et de sécurité. Pat se sentait à la fois exposé et protégé, prêt à se laisser guider par Fabrice dans cette aventure singulière. Leurs regards se croisaient, transmettant une connexion profonde et une compréhension mutuelle. Fabrice était conscient de la responsabilité qui lui incombait, celle de prendre soin de Pat, de l'accompagner dans cette exploration de soi. Chaque geste était empreint d'une tendresse infinie, d'un respect mutuel. Alors que les vêtements tombaient un à un, Pat se sentait de plus en plus libre, débarrassé des contraintes et des attentes de la société. Chaque morceau de tissu qui tombait était comme une libération, permettant à Pat d'embrasser pleinement cette nouvelle identité et de se laisser emporter par les sensations et les émotions qui se déployaient. Après avoir dénudé Pat, Fabrice sortit de sa garde-robe une jolie nuisette en dentelle, soigneusement choisie pour mettre en valeur la féminité de Pat. Il l'aida à enfiler la nuisette, ajustant chaque détail avec soin. Chaque contact de la dentelle sur la peau de Pat provoquait une sensation délicieusement sensuelle. La douceur du tissu caressait sa peau nue, amplifiant l'éveil de sa féminité. Fabrice prenait le temps de s'assurer que chaque ajustement soit parfait, veillant à ce que Pat se sente à l'aise et belle dans cette nouvelle parure. Pat ressentit un mélange de gêne, d'excitation et de découverte. Cette expérience était une exploration de soi, une redéfinition de son identité. Mais il se laissa guider par Fabrice, se laissant aller à cette transformation. Chaque geste de Fabrice était empreint d'une tendresse infinie, d'une compréhension profonde de la vulnérabilité et de la beauté de cette expérience. Cette nouvelle expérience redéfinissait leur amitié, tout en approfondissant la confiance et la complicité entre eux. Ils se soutenaient mutuellement dans cette aventure singulière, s'encourageant à embrasser pleinement cette exploration de soi. Chaque instant était empreint d'une connexion profonde, d'une intimité partagée qui les rapprochait davantage. La soirée se poursuivit, et Pat, désormais dans la peau de cette nouvelle personne, se laissa emporter par la découverte de sa propre féminité et de cette aventure unique. Chaque pas, chaque mouvement était une exploration, une affirmation de soi. Pat se sentait à la fois vulnérable et puissante, se dévoilant progressivement à travers cette transformation. Après avoir aidé Pat à enfiler la délicate nuisette en dentelle, Fabrice laissa échapper un soupir d'approbation, ravi du résultat. La nuisette mettait en valeur la silhouette de Pat, soulignant sa féminité naissante. Chaque détail de la dentelle accentuait la beauté de Pat, faisant ressortir ses courbes avec élégance et sensualité. Ils se rapprochèrent, leurs corps se frôlant délicatement, et échangèrent des regards empreints de désir et de complicité. Les lèvres de Fabrice se posèrent doucement sur celles de Pat, scellant cette nouvelle étape de leur relation avec des baisers tendres et passionnés. Leurs étreintes se firent plus intenses, empreintes de cette connexion profonde qui se renforçait à chaque instant. Dans cette soirée chargée d'exploration et de sensualité, chaque geste était empreint de douceur et de respect. Leurs corps se mouvaient en harmonie, explorant les contours et les sensations de l'autre. Chaque caresse, chaque contact était intensément ressenti, faisant monter en eux une vague d'excitation et de plaisir partagé. Les caresses étaient douces et pleines de désir, chaque geste chargé de la promesse de quelque chose de nouveau et d'excitant. Les lèvres de Fabrice cherchaient celles de Pat, les effleurant avec tendresse avant de s'enfoncer dans des baisers passionnés. Leurs corps étaient enflammés par une passion dévorante, leurs souffles s'entremêlant dans une danse sensuelle. Les mains de Fabrice parcouraient chaque centimètre de la peau de Pat, explorant avec ardeur les contours et les courbes qui éveillaient en lui un désir insatiable. Les vêtements de Pat glissaient lentement sur son corps, révélant petit à petit sa nudité brûlante. Chaque caresse était un feu qui s'allumait, chaque contact un écho de plaisir qui se propageait entre eux. Les murmures de désir se mêlaient à leurs soupirs de plaisir, créant une symphonie érotique qui remplissait la pièce. Fabrice et Pat partagèrent ces moments intimes, laissant le désir monter, mais aussi laissant place à la tendresse et à la connexion émotionnelle. Leurs corps se mouvaient en harmonie, dans une danse passionnée qui éveillait des sensations enivrantes. Chaque toucher, chaque frôlement était une invitation à explorer les limites de leur sensualité, à s'abandonner à cette expérience érotique qui les unissait d'une manière inoubliable. Finalement, Fabrice, le visage empreint d'anticipation, prit la main de Pat et l'emmena jusqu'à son lit, où ils s'allongèrent doucement. Leurs corps se rapprochèrent, laissant place à une proximité électrisante. La tension sexuelle était palpable, chacun d'eux étant conscient de l'intensité de ce moment. Fabrice, les yeux brillants d'excitation, caressa délicatement le visage de Pat, laissant ses doigts effleurer chaque courbe avec une tendresse infinie. Il murmura à l'oreille de Pat avec une voix rauque : "Tu es maintenant une femme, et nous ferons l'amour comme tel." Ces mots résonnèrent dans l'air, créant une atmosphère chargée de désir et de passion. Pat sentit son cœur s'emballer, mêlant l'excitation et l'appréhension de cette nouvelle expérience. Chaque fibre de son être était éveillée, prête à se laisser emporter par les sensations et les émotions qui allaient suivre. Les lèvres de Fabrice cherchèrent celles de Pat, s'unissant dans un baiser torride et langoureux. Leurs langues dansaient en parfaite harmonie, explorant chaque recoin de leurs bouches avec une intensité enivrante. Les mains de Fabrice se déplaçaient avec assurance, caressant la peau nue de Pat, provoquant des frissons délicieux qui se propageaient dans tout son corps. Ils se découvraient mutuellement, mettant en pratique leur désir d'explorer cette nouvelle dimension de leur relation. Chaque toucher, chaque effleurement était empreint d'une délicatesse enivrante, amplifiée par l'amour et le respect qu'ils éprouvaient l'un envers l'autre. Les vêtements glissèrent lentement, révélant la nudité brûlante de leurs corps enlacés. Fabrice prenait son temps, savourant chaque instant de cette union charnelle. Les caresses se firent plus intenses, les soupirs se mêlaient aux gémissements dans une symphonie de plaisir partagé. dans une intimité passionnée et consentie. Alors que leur exploration se poursuivait, Fabrice éprouva un plaisir intense et finit par jouir dans l'anus de Pat. Pat ressentit une sensation nouvelle et agréable d'être pénétré pour la première fois. Chaque mouvement de Fabrice était empreint de douceur et d'attention, procurant à Pat une expérience à la fois excitante et pleine de découvertes. La cage ajoutait une dimension de jeu et de restriction à leur expérience, intensifiant les sensations ressenties par Pat. La sensation du sperme coulant le long de ses fesses ajouta une pointe de sensualité et de connexion intime à leur expérience partagée Cette promesse était chargée d'émotion, de désir et de confiance. Les deux amis devenus amants savaient qu'ils s'engageaient dans un territoire inconnu, mais ils le faisaient ensemble, dans le respect et l'amour mutuel, avec la conviction que cette nouvelle étape de leur relation les rapprocherait davantage, tout en les emmenant vers des horizons sensuels et émotionnels encore inexplorés pour Pat. Le lendemain matin, alors qu'ils partageaient leur petit déjeuner, Fabrice posa son regard sur Pat avec un sourire chaleureux. Il rompit le silence en disant : "Pat, ce que nous avons vécu hier soir n'était que le commencement. Nous allons continuer à explorer cette nouvelle dynamique." Pat, un mélange de nervosité et d'anticipation dans les yeux, écouta attentivement ce que Fabrice avait à dire. Fabrice continua : "Je pense qu'il est temps pour toi de t'habituer à ton nouveau statut. Bientôt, tu t'habilleras en femme, et nous ferons notre première sortie en ville. Ce sera une expérience pour toi, une chance de t'immerger dans ce nouveau rôle et de te sentir plus à l'aise dans ta peau." Les mots de Fabrice résonnaient dans l'air, créant une excitation palpable chez Pat. L'idée de se présenter au monde en tant que femme était à la fois intimidante et exaltante. Pat se demandait comment les autres réagiraient, comment elle se sentirait dans ce nouveau rôle qui se dessinait devant elle. Cependant, Fabrice était là pour la soutenir, pour la guider dans cette nouvelle aventure. Son sourire bienveillant et son soutien inconditionnel lui donnaient la confiance nécessaire pour se lancer dans cette expérience. Pat savait qu'elle pouvait compter sur Fabrice à chaque étape de cette transformation, et cela lui apportait un sentiment de réconfort et de sécurité. La perspective de cette première sortie en ville était à la fois excitante et terrifiante. Pat imaginait déjà les regards curieux des passants, les chuchotements et les regards interrogateurs. Mais elle se rappelait aussi les paroles de Fabrice, l'encourageant à être fière de qui elle était et à embrasser cette nouvelle identité. Fabrice et Pat commencèrent à planifier cette sortie, choisissant avec soin les tenues et les accessoires qui mettraient en valeur la féminité de Pat. Chaque détail était pensé avec soin, chaque choix fait avec amour et respect. Pat se sentait soutenue et aimée à chaque étape de cette aventure. Le jour de la sortie arriva enfin. Pat se tenait devant le miroir, vêtue d'une tenue élégante qui reflétait sa nouvelle identité. Elle se regarda avec fierté, réalisant à quel point elle avait parcouru un chemin incroyable avec l'aide de Fabrice. Main dans la main, Fabrice et Pat sortirent dans la rue, prêts à affronter le regard du monde. La confiance de Pat grandissait à chaque pas, se nourrissant de l'amour et du soutien de Fabrice. Cette première sortie marquait le début d'une aventure passionnante, d'une exploration de soi et d'une découverte de la véritable essence de Pat. La ville était animée, avec ses rues commerçantes bondées de passants et ses cafés en terrasse où les gens profitaient du soleil. Pat, mélange de nervosité et d'excitation, ressentait les regards curieux de quelques passants, mais aussi les sourires bienveillants de ceux qui semblaient apprécier sa démarche. Ils déambulèrent lentement, s'arrêtant de temps en temps pour explorer les boutiques et les vitrines. Fabrice, avec son charisme habituel, l'accompagnait avec une présence rassurante, partageant des conversations légères et distrayantes pour détendre l'atmosphère. Ils s'installèrent finalement à une terrasse de café pour déjeuner, où Pat se sentit de plus en plus à l'aise dans son nouveau rôle. Les serveurs les accueillirent avec gentillesse, et le déjeuner se déroula de manière agréable, renforçant la confiance de Pat dans cette nouvelle réalité. Le soleil caressait doucement leur peau, ajoutant une touche de chaleur à cette journée déjà empreinte d'émotions. Les conversations animées se mêlaient aux rires qui s'échappaient de leurs lèvres, créant une ambiance joyeuse et complice. Pat admirait les passants, observant la diversité des personnes qui peuplaient les rues. Elle se sentait partie intégrante de cette mosaïque de vies, d'histoires et d'expériences. Chaque sourire, chaque regard bienveillant qu'elle croisait renforçait sa confiance et sa fierté. Fabrice, toujours aux petits soins, partageait avec enthousiasme ses découvertes et ses coups de cœur. Il encourageait Pat à exprimer ses préférences, à choisir des vêtements qui reflétaient sa personnalité et à s'approprier pleinement son nouveau rôle. Chaque décision prise était un pas de plus vers l'acceptation et l'expression de soi. Après le déjeuner, ils se promenèrent main dans la main le long des rues animées. Les regards curieux se transformèrent en sourires complices et en signes de reconnaissance. Pat se sentait de plus en plus à l'aise dans sa peau, embrassant sa féminité avec grâce et détermination. La journée se termina avec un coucher de soleil magnifique, illuminant le ciel de teintes chaudes et dorées. Pat et Fabrice s'assirent sur un banc, contemplant le spectacle avec émerveillement. Ils partagèrent un moment de silence, bercés par la beauté de l'instant et la satisfaction de cette première sortie réussie. Pat se rendit compte qu'il s'agissait d'une étape cruciale dans son processus d'adaptation à ce nouveau statut. Il était reconnaissant envers Fabrice pour son soutien constant et sa compréhension. De retour à la maison, la journée en ville avait été à la fois stimulante et épuisante pour Pat. Fabrice avait été présent à ses côtés à chaque instant, offrant son soutien silencieux et sa compréhension. Alors qu'ils s'installèrent confortablement dans le salon, Fabrice demanda à Pat comment il se sentait après cette première sortie en tant que femme. Pat exprima sa gratitude envers Fabrice pour son accompagnement, mentionnant les regards curieux, mais aussi les sourires bienveillants des passants qui avaient marqué sa journée. Ils discutèrent des moments forts de leur expérience, et Pat exprima sa confiance croissante dans son nouveau rôle. La douce lueur des lampes éclairait le salon, créant une atmosphère intime et chaleureuse. Pat se blottit confortablement dans le canapé, savourant la sensation de sécurité que lui procurait la présence de Fabrice à ses côtés. Les émotions de la journée tourbillonnaient dans son esprit, tandis que son corps se détendait peu à peu. Fabrice, avec une tendresse palpable dans les yeux, écouta attentivement les paroles de Pat. Il comprenait l'importance de cette première sortie, le mélange d'excitation et d'appréhension qui l'accompagnait. Il prit doucement la main de Pat dans la sienne, offrant un soutien silencieux mais puissant. Les mots s'échappaient des lèvres de Pat, exprimant sa gratitude envers Fabrice pour son rôle essentiel dans cette transformation. Chaque sourire bienveillant, chaque regard encourageant des passants avait renforcé sa confiance et sa détermination à embrasser pleinement cette nouvelle identité. Ils revécurent ensemble les moments forts de leur journée, partageant les anecdotes, les rires et les émotions qui avaient marqué cette expérience. Fabrice écoutait attentivement, offrant des mots de réconfort et d'encouragement lorsque c'était nécessaire. La connexion entre eux s'intensifiait, renforçant leur lien d'amitié et leur complicité. Pat se sentait de plus en plus à l'aise dans son nouveau rôle, dans cette identité féminine qui s'épanouissait peu à peu. La confiance grandissait, nourrie par l'amour et le soutien de Fabrice. Ils savaient qu'ils étaient sur un chemin unique, une aventure qui les rapprochait et les transformait en même temps. La soirée se poursuivit dans une atmosphère paisible, remplie de conversations profondes et d'échanges sincères. Ils partagèrent leurs espoirs, leurs aspirations et leurs craintes, renforçant leur complicité et leur confiance mutuelle. Après cette discussion, Fabrice prit doucement la main de Pat et l'invita à le suivre dans la chambre. Ils s'engagèrent dans cette pièce intime, leur cœur battant la chamade alors que l'excitation montait en eux. Fabrice guida Pat jusqu'au lit, où il l'assit avec précaution. Une pause s'installa, remplie d'une tension électrique qui les enveloppait. Leurs regards se croisèrent, fixant intensément l'autre, les yeux reflétant à la fois le désir et la curiosité. Avec une voix chargée de désir, Fabrice ouvrit lentement le bouton de son pantalon, l'atmosphère se chargeant d'une excitation palpable. Chacun des gestes de Fabrice était empreint d'une sensualité captivante, captivant l'attention de Pat. Son regard ne quittait pas Fabrice, absorbant chaque détail et se préparant pour ce qui allait suivre. Fabrice se rapprocha lentement de Pat, leurs corps se trouvant à une distance si proche que l'air semblait électrifié. Il murmura à l'oreille de Pat avec une voix suave et envoûtante : "Maintenant, Pat, nous allons continuer notre voyage dans cet univers. Je veux que tu comprennes ce que cela signifie d'embrasser pleinement cette nouvelle réalité. Comporte-toi comme une femme, montre-moi que tu as bien compris." Ces mots résonnèrent dans l'air, créant une tension érotique qui s'empara d'eux. Pat sentit son pouls s'accélérer, mêlant l'excitation et une pointe d'appréhension face à l'inconnu. Néanmoins, la confiance en Fabrice et le désir de se laisser emporter par cette expérience nouvelle l'encouragèrent à se laisser guider. Le regard de Pat se teinta d'une lueur d'assurance et de détermination. Elle comprenait l'importance de se comporter comme une femme, d'incarner pleinement cette nouvelle réalité pour eux deux. C'était un acte d'amour et de confiance, une façon de montrer à Fabrice qu'elle était prête à explorer ce territoire inconnu avec lui. La scène se déroula dans une aura de mystère et de passion, avec Fabrice prenant l'initiative et Pat se laissant guider par ses désirs et ses attentes. Chacun des gestes, chaque regard échangé, était chargé d'une électricité sensuelle qui les enveloppait. Ils étaient prêts à se perdre dans les profondeurs de cette nouvelle réalité, prêts à explorer ensemble les limites du plaisir et de l'intimité. Pat, se trouvant maintenant devant le sexe tendu de Fabrice, ressentait un mélange de désir et d'anticipation. Pat acquiesça, consentant à se laisser guider par Fabrice dans cette aventure érotique. Fabrice, conscient de l'excitation de Pat, guida doucement Pat jusqu'à ce que sa bouche soient parfaitement synchronisés. Pat sentit la chaleur et la pulsation du sexe de Fabrice dans sa bouche, tandis que Fabrice atteignait les sommets de l'extase. Chaque mouvement de Pat était une caresse sensuelle qui ravivait le plaisir de Fabrice, le conduisant inévitablement vers l'apogée de la jouissance. Alors que Fabrice se déversait dans la bouche de Pat, Pat ressentit un mélange de goût salé et sucré, une sensation à la fois nouvelle et délicieuse. L'expérience était intense et passionnée, Cette étape marquait une nouvelle profondeur dans leur relation, une exploration de leur désir mutuel et une acceptation complète de cette nouvelle identité de Pat. Ils savaient que ce voyage les emmènerait encore plus loin dans un monde d'intimité, de découverte de soi. La scène se déroula dans une atmosphère chargée de sensualité et de connexion profonde. Les gestes de Pat étaient empreints d'une volonté d'offrir du plaisir à Fabrice, de se laisser guider par les désirs de l'autre. Chaque mouvement était empreint d'une douceur et d'une attention dévouée, créant une symphonie d'érotisme et de passion. Pat ressentait un mélange incandescent de désir et d'excitation alors que Fabrice était à la fois son guide et son partenaire dans cette exploration intime. La sensation de la jouissance de Fabrice se déversant dans sa bouche fut à la fois enivrante et gratifiante, une preuve tangible de leur connexion profonde et de leur confiance mutuelle. Cette étape marquait un tournant dans leur relation, une acceptation complète de cette nouvelle identité de Pat. La satisfaction et la fierté se mêlaient alors que Pat prenait conscience de la profondeur de leur amour et de leur désir mutuel. Ils savaient que ce voyage ne faisait que commencer, que chaque étape les rapprocherait davantage l'un de l'autre et les emmènerait vers de nouveaux sommets de plaisir et de découverte de soi. Après cette étape et avoir discuté des aspects de leur nouvelle relation, Fabrice prit Pat avec douceur et l'allongea sur le lit, mélange de nervosité et d'anticipation, le suivit. Fabrice, avec prévenance, commença à ouvrir la robe de Pat, révélant sa lingerie soigneusement choisie. La tension sensuelle entre eux grandissait, et Fabrice alluma une bougie pour créer une ambiance romantique. Les flammes vacillantes éclairaient doucement la pièce, créant une atmosphère de mystère. Les ombres dansaient sur les murs, ajoutant une touche de séduction à l'instant présent. Le regard de Fabrice se perdait dans les courbes délicates de Pat, s'attardant sur chaque détail de sa lingerie qui soulignait sa féminité. Il caressa doucement la peau de Pat avec ses doigts, faisant monter l'excitation à chaque contact. Les frissons parcouraient le corps de Pat, mêlant le plaisir à une légère appréhension. Fabrice tenait dans sa main une bougie parfumée, la cire chaude se liquéfiant au-dessus de la flamme. D'une manière délicate mais audacieuse, il versa lentement la cire chaude sur la peau de Pat, créant des gouttes qui se figeaient instantanément en un frisson délicieux. Pat ressentait une sensation de chaleur et de douceur contrastée, un mélange exquis de plaisir et de légère sensation de brûlure. Chaque goutte de cire qui touchait la peau de Pat était un éveil des sens, un symbole de confiance et de soumission consentie. La douleur douce se transformait rapidement en une sensation de plaisir, envoyant des vagues d'érotisme à travers tout son être. Pat abandonnait complètement le contrôle, se laissant porter par les sensations et la passion qui les enveloppaient. Fabrice observait attentivement les réactions de Pat, veillant à ne jamais dépasser les limites du plaisir et du consentement. Chaque geste était empreint de respect et de sensualité, renforçant leur connexion intime. La pièce était imprégnée d'une atmosphère enivrante, où la cire chaude devenait un symbole de leur complicité et de leur désir partagé. Les flammes dansaient toujours, jetant des ombres suggestives sur leurs corps enlacés. Dans cet instant de passion et d'intimité, ils se découvraient mutuellement, explorant les profondeurs de leur désir et de leur amour Pat se sentait libre d'être guidée, laissant sa confiance en Fabrice la mener vers de nouveaux horizons. Le lâcher-prise total permettait à Pat d'explorer cette nouvelle facette de son identité, et elle répondit avec enthousiasme aux mots de Fabrice, signifiant ainsi son consentement et sa volonté de poursuivre ce voyage ensemble. Fabrice retourna Pat sur le ventre, dévoilant son dos nu et sensuel à la lueur tamisée de la bougie. Sa main caressa avec tendresse le fessier de Pat, créant des frissons de plaisir. Il commença à tapoter doucement, rythmant les battements de leur cœur. La caresse se fit de plus en plus insistante,  Le fessier de Pat prend une teinte rosée sous l'étreinte sensuelle de Fabrice. Chaque claque résonne dans l'air, créant une symphonie érotique de passion et de plaisir. Les soupirs de Pat se mêlent habilement au rythme des fessées, exprimant un mélange de désir et d'extase. Chaque coup fait monter en Pat une vague d'excitation et de plaisir, intensifiant l'expérience partagée entre eux. Les sensations se propagent à travers le corps de Pat, créant une connexion profonde entre la douleur et le plaisir. Fabrice, attentif aux réactions de Pat, ajuste l'intensité de chaque claque pour maintenir le juste équilibre entre stimulation et sensation, créant ainsi une expérience érotique unique et personnalisée. Ils se perdent tous deux dans ce ballet sensuel, où la fessée devient une forme d'expression intime et consentie, renforçant leur connexion physique et émotionnelle.Les soupirs de Pat deviennent une musique enivrante, exprimant à la fois le désir ardent extase. Fabrice glisse avec sensualité sur la peau de Pat, parcourant chaque centimètre carré avec une douceur enivrante. Les doigts de Fabrice explorent le corps de Pat, éveillant les sens et provoquant un tourbillon de sensations électriques. Chaque caresse délicate fait frissonner Pat de plaisir, créant une connexion intime entre eux. Puis, avec une tendresse infinie, Fabrice glisse un doigt dans l'anus de Pat, effectuant des va-et-vient doux et progressifs. Chaque mouvement fait monter en Pat une vague de plaisir qui se propage dans tout son être. La combinaison des caresses sensuelles sur la peau et des mouvements délicats dans l'anus crée une expérience érotique intense. Pat se laisse emporter par cette exploration intime, ressentant une fusion de plaisir, entre excitation et extase. Les sensations se multiplient, amplifiant le désir qui brûle en eux. C'est un moment de complicité profonde. La chaleur de la bougie qui baignait la pièce créait une atmosphère envoûtante, amplifiant les sensations ressenties par Pat. Les frissons parcouraient son échine à mesure que les tapotements se faisaient plus intenses. Le rythme régulier des battements de cœur semblait se synchroniser avec les mouvements de Fabrice, créant une danse sensuelle et hypnotique. Le fessier de Pat, sous les mains expertes de Fabrice, prenait une teinte rosée, témoignant de l'intensité de cette étreinte sensuelle. La douceur des caresses se mêlait à une pointe de fermeté, procurant à Pat une excitation grandissante. Chaque tapotement était une invitation à lâcher prise, à se laisser emporter par le tourbillon de plaisir qui les enveloppait. Les soupirs de Pat, à la fois empreints de désir et d'extase, se faisaient entendre dans la pièce, créant une symphonie envoûtante de passion et de plaisir partagé. Chaque souffle était une expression de la connexion profonde entre Fabrice et Pat, une communication silencieuse qui renforçait leur intimité.  Fabrice, animé par une passion dévorante et une exploration audacieuse de leur sexualité, décide d'attacher Pat au lit. L'atmosphère est chargée d'une tension sensuelle alors que Fabrice prépare le lit pour cette nouvelle expérience. Les draps soyeux et les coussins moelleux ajoutent une touche de confort et de luxe à la scène. Avec précaution, Fabrice attache les poignets de Pat aux montants du lit à l'aide de menottes en satin. Les mains liées, Pat se sent vulnérable mais excitée, prête à se laisser emporter par les sensations et les limites qu'ils s'apprêtent à explorer ensemble. Fabrice s'éloigne momentanément du lit pour chercher quelque chose dans le tiroir de sa table de nuit. L'anticipation grandit alors que Pat observe curieusement chaque mouvement de Fabrice. Puis, Fabrice réapparaît, tenant un fouet dans sa main. La vue du fouet provoque une montée d'adrénaline chez Pat, mêlée d'excitation et d'appréhension. Les yeux de Fabrice se remplissent d'une lueur d'excitation mêlée d'une affection profonde. Il caresse doucement le visage de Pat avec le fouet, créant une sensation légère et chatouilleuse. Le contact de l'objet sur la peau de Pat éveille une multitude de frissons et de désirs.Chaque coup du fouet est précisément calculé, alternant entre des caresses légères et des sensations plus intenses. Lorsque les coups de fouet effleurent la peau de Pat, une cascade de sensations se déclenche à la fois physiquement et psychiquement. Les sensations physiques varient en intensité, allant d'une douleur délicieuse à une sensation de picotement et de chaleur qui se propage à travers le corps. Chaque coup du fouet laisse une marque éphémère sur la peau de Pat, créant une empreinte sensuelle qui se mêle à l'excitation croissante. Chaque impact du fouet provoque un mélange complexe de douleur et de plaisir, déclenchant une montée d'endorphines qui inonde le corps de Pat. Les sensations se propagent comme des vagues, éveillant les nerfs et intensifiant le désir. Les coups du fouet sont précisément calculés pour stimuler les zones sensibles, créant une symphonie de sensations qui transcendent le corps de Pat. une libération émotionnelle, permettant à Pat de se laisser aller et de se perdre dans l'instant présent. Lorsque l'ensemble du corps de Pat eut pris une teinte bien rougie sous les gestes suggestifs de Fabrice, ce dernier se pencha tendrement vers elle, caressant doucement son visage. Il admirait la beauté de Pat, tout en exprimant son admiration. Fabrice était fasciné par chaque courbe et chaque détail de Pat. Son regard était empreint d'amour et d'appréciation, reflétant l'admiration qu'il ressentait pour elle. Ses doigts effleuraient doucement sa joue, explorant chaque centimètre de sa peau avec une tendresse infinie. La lueur tamisée de la pièce accentuait la beauté de Pat, créant une aura mystérieuse qui enveloppait leur intimité. Fabrice se perdait dans les profondeurs de ses yeux, captivé par la passion et l'amour qui brillaient en eux. Le contact délicat de Fabrice sur le visage de Pat était une caresse d'affection, un langage silencieux qui exprimait tout ce qu'il ressentait. Il admirait la douceur de sa peau, la perfection de ses traits et la manière dont chaque émotion se reflétait sur son visage. Les mots d'admiration s'échappaient des lèvres de Fabrice, exprimant son émerveillement face à la beauté de Pat. Il louait sa grâce, sa sensualité et la manière dont elle illuminait sa vie. Chaque mot était empreint d'une sincérité profonde, témoignant de l'amour et de l'admiration qu'il éprouvait pour elle.  Les gestes doux et les mots sincères créaient une connexion profonde entre eux, renforçant leur lien d'amour et de complicité. "Tu as été merveilleuse, ma chère Pat," murmura Fabrice, laissant Pat profiter de l'après-scène. Puis, Fabrice annonça : "Demain, nous irons plus loin dans notre exploration, découvrant de nouvelles étapes de notre aventure sensuelle. Mais pour l'instant, il est temps que tu te détendes et te ressources, ma chère." L'anticipation de la prochaine étape créait une ambiance excitante, laissant Pat imaginer les délices à venir dans ce voyage unique. Le lendemain, alors que les premières lueurs du soleil baignaient la chambre d'une douce lumière, Fabrice prit délicatement un collier de soumission en cuir noir. Chaque centimètre du collier était soigneusement travaillé à la main, témoignant de l'attention et du dévouement de Fabrice envers cet aspect particulier de leur relation. Les boucles en métal argenté ajoutaient une touche de sophistication et de force à l'ensemble. Avec une tendre détermination, Fabrice passa le collier autour du cou gracieux de Pat, sentant la douce pression du cuir contre la peau délicate. Ce geste symbolique annonçait leur engagement mutuel dans un jeu de rôle érotique, où Fabrice endossait le rôle dominant et Pat embrassait son rôle de soumise consentante. Lorsque le collier fut attaché, une vague de sensations électrisantes parcourut le corps de Pat. La présence du collier renforçait le lien physique et émotionnel qui les unissait. Chaque mouvement, chaque contact avec le collier rappelait à Pat sa place dans cette dynamique de pouvoir consensuelle, créant un mélange enivrant d'excitation et de confiance. Fabrice, le regard empreint d'amour et de respect reconnaissant son engagement dans ce jeu de rôle intime. Il admirait la beauté de Pat, tout en exprimant son admiration pour sa volonté de se laisser guider et explorer de nouveaux territoires sensuels. Pat avait traversé une transformation profonde, passant de l'identité d'un homme à celle d'une femme, et désormais, vers celle d'une femme soumise et docile. Cette métamorphose était bien plus qu'une simple évolution physique. Elle avait découvert une facette d'elle-même qu'elle n'aurait jamais imaginé explorer auparavant. Au fur et à mesure de ces expériences, elle plongeait au plus profond d'un océan d'émotions complexes, naviguant entre les vagues tumultueuses de la nervosité initiale et les courants puissants de l'excitation et de l'anticipation. Chaque fois qu'elle se trouvait face à ce seuil de l'inconnu, une boule d'excitation se formait dans son ventre, faisant palpiter son cœur avec une intensité électrisante. Le lâcher-prise total, cette sensation enivrante qu'elle avait découvert dans cette nouvelle dynamique avec Fabrice, était une révélation pour elle. C'était comme si elle avait trouvé une clé secrète qui ouvrait les portes de son âme, libérant toutes les inhibitions et les contraintes de son ancienne identité. Elle se sentait légère, comme si elle flottait dans les airs, prête à s'abandonner complètement à de nouvelles sensations et à se laisser guider par les désirs ardents de Fabrice. Chaque rencontre était une danse sensuelle et passionnée, où les corps s'entrelaçaient avec une harmonie envoûtante. Les caresses devinrent des poèmes érotiques, tracés avec des mains expertes sur la peau frissonnante. Les soupirs se mêlaient aux murmures de plaisir, créant une symphonie intime qui résonnait au plus profond de leur être. Elle se laissait guider par les désirs de Fabrice, se soumettant volontairement à son contrôle, savourant chaque sensation nouvelle qu'il lui offrait. Chaque geste de domination était un cadeau, une preuve tangible de l'affection et de la confiance qu'ils partageaient. Dans ces moments de soumission consentie, elle se sentait libre, libérée des chaînes du quotidien, plongée dans un océan d'extase où seule l'essence de leur passion existait. Les mots crus et les supplications douces se mêlaient dans un ballet langoureux, érigeant un pont entre le désir et la réalité. Chaque mot prononcé était un écho de leur connexion profonde, une manifestation de leur intimité partagée. Dans ces instants de vulnérabilité partagée, elle trouvait une force insoupçonnée, se sentant plus vivante que jamais. Au fil de ces expériences, elle découvrait des recoins inexplorés de son être, embrassant sa sexualité avec une audace nouvelle. Elle se sentait puissante et vulnérable à la fois, une fleur épanouie dans le jardin secret de leur amour. Chaque étreinte était une fusion des sens, une évasion vers un monde où les limites étaient repoussées et où la passion débordait sans retenue. Elle avait découvert que se soumettre à Fabrice ne signifiait pas un abandon total de son pouvoir, mais plutôt une exploration de nouvelles dimensions de la relation. Elle avait appris à trouver sa force dans la vulnérabilité, à se connecter avec une profondeur émotionnelle et à s'épanouir dans cet espace de confiance mutuelle. Chaque expérience leur permettait de se comprendre davantage, de communiquer d'une manière différente et de renforcer leur complicité. Ils apprenaient à lire les signaux subtils, à répondre aux besoins et aux désirs de l'autre sans même avoir besoin de mots. C'était une danse intime et harmonieuse, où chaque mouvement était guidé par l'amour, le respect et la bienveillance. À travers cette exploration continue, ils se découvraient mutuellement, repoussant les limites de leur confort et trouvant de nouvelles facettes de leur sexualité et de leur identité. C'était une aventure partagée, une quête de découvertes et d'épanouissement personnel. Elle avait réalisé que cette exploration n'était pas seulement une expérience sexuelle, mais aussi un moyen de se connecter plus profondément avec soi-même et avec Fabrice. C'était un voyage vers l'acceptation de soi, vers une compréhension plus profonde de ses propres désirs et besoins. C'était une occasion de grandir en tant qu'individu et d'évoluer dans la relation. Dans cette dynamique de soumission consentie, elle se sentait libre d'exprimer ses désirs les plus profonds, de les partager avec Fabrice sans crainte de jugement. Ils créaient ensemble un espace où chaque émotion, chaque fantasme était accueilli avec amour et compréhension. Dans leur exploration continue, elle avait découvert un monde de sensations intenses et de plaisirs inexplorés. C'était une aventure sans fin, une danse passionnée et enivrante qui les transportait vers de nouveaux horizons. Et dans cet univers de soumission et de découverte, elle avait trouvé sa véritable essence, une femme épanouie et libre d'explorer tous les aspects de son être. Son désir de continuer ce voyage, de se transformer en une femme soumise et docile, était alimenté par la confiance et la sécurité qu'elle ressentait aux côtés de Fabrice. Elle savait qu'elle pouvait être authentique dans cette nouvelle identité. Elle était prête à poursuivre cette aventure avec ouverture, confiance et désir, à la découverte de ce que l'avenir leur réserverait. Le lendemain, Fabrice fit mettre à Pat une tenue à la fois audacieuse et captivante. Un corset noir en satin, orné de dentelle délicate, épousait parfaitement les courbes de son corps, accentuant sa silhouette féminine avec élégance. Des jarretelles en dentelle noire s'accrochaient à des bas résille, soulignant ses jambes galbées avec sensualité. Chaque détail de cette tenue mettait en valeur sa féminité et sa beauté, créant une aura de confiance et de séduction. Ensuite, Fabrice emmena Pat dans un club, un lieu empreint de mystère et de désir. Les portes s'ouvrirent sur un espace sombre et sensuel, où flottait une ambiance électrique. Les murs étaient tapissés de cuir, les lumières tamisées créant une atmosphère intime et mystérieuse. Des couples, vêtus de tenues évoquant à la fois le pouvoir et la soumission, se déplaçaient avec grâce et assurance. Des regards ardents et complices se croisaient, transmettant des promesses silencieuses d'exploration et de plaisir partagé. La musique sensuelle et hypnotique s'élevait dans l'air, créant un rythme envoûtant qui résonnait dans les corps de chacun. Les murmures des conversations intimes et les soupirs de plaisir se mêlaient, formant une symphonie érotique qui semblait embrasser tout l'espace. Pat pouvait sentir l'excitation monter en elle alors qu'elle prenait conscience de l'atmosphère chargée de désir qui régnait dans le club. Les sensations étaient à la fois familières et inconnues, un mélange enivrant de nervosité et d'anticipation. Fabrice la prit par la main, l'entraînant plus profondément dans ce monde de plaisirs interdits. Ils s'approchèrent d'une zone où des jeux de domination et de soumission se déroulaient. Des cordes, des fouets et des accessoires variés étaient utilisés avec assurance et expertise. Pat sentait les regards des autres invités se poser sur elle, mélange de curiosité et d'admiration pour sa beauté et son audace. Elle se sentait à la fois exposée et protégée, entourée d'une atmosphère de respect et de consentement qui régnait dans ce lieu de liberté sexuelle et d'exploration. Les sensations qui l'envahissaient étaient intenses, un mélange de désir et de fascination pour cet univers qui s'ouvrait devant elle. Elle était prête à se laisser guider par Fabrice, à découvrir de nouvelles facettes de sa sexualité, tout en sachant qu'elle était en sécurité et soutenue dans cette aventure. Dans ce club, elle trouverait un espace où elle pourrait embrasser pleinement son désir, explorer son côté soumise et plonger dans un monde où les limites étaient repoussées. C'était une invitation à la découverte, à la confiance et à l'ouverture, où elle pourrait se connecter avec Fabrice d'une manière profonde et intime, tout en s'abandonnant aux plaisirs inexplorés qui les attendaient. après avoir bu un verre au bar. L'atmosphère est chargée d'une tension palpable alors que Fabrice s'approche d'elle, un sourire vicieux étirant ses lèvres. Son regard brûlant transmet à Pat une combinaison de peur et d'excitation, faisant monter en elle une vague d'émotions contradictoires. Dans l'intimité de cette pièce, le désir est palpable. Fabrice, avec une confiance arrogante, commence à baisser la culotte de Pat, révélant une intimité déjà marquée par les jeux précédents. C'est un moment où le contrôle et la soumission se rencontrent, où les limites sont repoussées et les frontières de l'interdit sont explorées. La peur qui serre le cœur de Pat se mêle à une excitation indéniable. Elle se sent prise au piège, mais elle a embrassé cette soumission volontairement, prête à tout pour découvrir les profondeurs inexplorées de ses désirs. C'est une expérience à la fois excitante et terrifiante, où les émotions s'entremêlent dans une danse passionnée. Pat réalise que son appétit pour l'inconnu et l'interdit ne connaît plus de limites. Elle obéit à Fabrice, plongeant dans un océan de sensations intenses, prête à se perdre dans le tourbillon de ce voyage passionné. Pat, obéissant à Fabrice, se met à genoux et prend le sexe d'un premier homme en bouche. Elle ressent la réaction de son membre qui grossit et durcit, et elle s'applique à le sucer avec détermination. d'autres hommes se rapprochent, certains la touchant sans retenue pendant que Fabrice continue de la caresser et d'exciter son corps exposé.  Pat était complètement offerte aux désirs des hommes, prête à faire tout ce qui était demandé d'elle. Elle se retrouvait dans une situation inversée, où elle était à leur merci entière. Mais elle savait qu'elle était prête à payer n'importe quel prix pour découvrir davantage sur cette nouvelle vie de soumission et de domination. Dans cet état de vulnérabilité, elle se sentait à la fois effrayée et excitée, un mélange tumultueux d'émotions qui alimentait son désir ardent d'exploration. Être à la merci de ses  hommes lui procurait une sensation d'abandon et de libération, où elle pouvait se perdre dans l'exploration de ses propres limites. Chaque demande, chaque geste, était accueilli avec une détermination sans faille de la part de Pat. Elle était prête à se donner corps et âme pour satisfaire les volontés des hommes présents a la demande de Fabrice, consciente que cette expérience ouvrirait les portes d'un monde inconnu et fascinant. Pat embrassait cette nouvelle vie sans réserve, sachant que cette exploration de la soumission et de la domination lui permettrait de découvrir des facettes d'elle-même qu'elle n'avait jamais explorées auparavant. Elle était prête à se laisser guider par les désirs des hommes, cherchant à repousser ses propres limites et à plonger dans les profondeurs inexplorées de sa sexualité. Pat toujours à genoux, entourée d'hommes nus. Le regard satisfait de Fabrice fixé sur elle, elle sentit son souffle chaud lui caresser l'oreille alors qu'il lui murmura : "Tu es ma petite pute maintenant, tu vas satisfaire ces messieurs." Ce simple mot, prononcé avec autorité, fit frissonner Pat de désir et d'anticipation. Elle sentait son corps s'électriser, parcouru par un mélange de peur et d'excitation. Les mots de Fabrice résonnaient en elle, éveillant une part sombre et inconnue de sa sexualité. À travers le voile de soumission qui enveloppait son esprit, Pat percevait le pouvoir qui lui était conféré. Elle se sentait à la fois vulnérable et libre, prête à se donner entièrement à ces hommes, en quête de plaisirs inexplorés. Son esprit embrassait cette nouvelle identité, celle d'une femme qui se dédiait entièrement à la satisfaction des désirs et fantasmes des autres. Le sourire satisfait de Fabrice était le reflet de sa propre satisfaction. Il avait trouvé en Pat une partenaire consentante, prête à se laisser guider dans ces eaux troubles de la passion et de la soumission. Il savait que cette expérience allait les emmener tous les deux vers des sommets de plaisir inconnus, où les limites seraient repoussées et les tabous brisés. Dans cette pièce, les corps se mêlaient dans une danse sensuelle et débridée. Pat se laissait porter par les mains expertes qui l'exploraient sans retenue, chaque contact électrisant son être. Elle était prête à se perdre dans le tourbillon de cette nouvelle réalité, où la domination et la soumission se confondaient dans une symphonie de désirs inassouvis. Les heures qui suivirent furent un mélange enivrant de plaisir et d'extase. Pat se découvrit des réserves insoupçonnées de passion et de désir, repoussant ses propres limites avec chaque nouvelle expérience partagée. Elle se sentait vivante, libérée de toutes inhibitions, embrassant pleinement sa sexualité. Pat était complètement offerte aux désirs de ces hommes. Alors que la tension montait, certains des hommes succombèrent à leur plaisir et éjaculèrent dans la bouche de Pat, laissant échapper des gémissements de satisfaction. D'autres choisirent de libérer leur extase sur son corps, marquant sa peau de leur désir ardent. Cependant, la sensation la plus intense et intime vint lorsque Pat sentit l'un des hommes qui était en train de la pénétrer atteindre son point de non-retour. Elle ressentit une chaleur brûlante se répandre en elle tandis qu'il éjaculait profondément dans son anus, provoquant un mélange d'extase qui la submergea. C'était un moment de lâcher-prise total, où Pat se sentait à la fois vulnérable et puissante. Elle avait embrassé cette soumission et cette exploration des plaisirs les plus sombres de sa sexualité, prête à tout pour découvrir davantage sur ses propres limites et désirs. Avec confiance et détermination, Fabrice guide Pat vers la croix. Il la fait se tenir debout devant elle, observant chaque aspect de sa beauté. Il admire la courbe de ses hanches, la douceur de sa peau et l'envie qui brille dans ses yeux. Puis, avec précaution, il attache ses poignets et ses chevilles aux sangles en cuir. Fabrice s'approche d'elle et dépose un doux baiser sur ses lèvres. « Maintenant, ma belle, tout ce qui compte, c'est mon plaisir et ton obéissance. Oublie tout le reste et laisse-toi aller à l'extase. »  t obéit et se laisse emporter par les sensations qui la submergent. À mesure que les coups de fouet caressent sa peau, elle sent sa liberté intérieure augmenter. Chaque gémissement, chaque marque devient un symbole de sa soumission et de son amour pour Fabrice. Pat ressent une excitation intense mêlée à une profonde connexion avec son dominant. Elle se sent vivante, pleinement engagée dans cet acte de confiance ultime. Attachée fermement à la croix de Saint-André, Pat ressent un mélange de douleur et de plaisir qui la transporte dans un état d'extase. Chaque coup de fouet est une libération, une façon pour elle de se libérer de toutes les inhibitions et de se plonger dans un monde de sensations intenses. Fabrice, son partenaire dominant, sait exactement comment repousser les limites de Pat tout en veillant à son bien-être. Il est à l'écoute de ses réactions, ajustant l'intensité de chaque coup pour lui procurer un plaisir exquis. Pat se sent en sécurité, pleinement consentante à chaque instant. Dans cet instant de soumission, Pat explore les profondeurs de son être, découvrant de nouvelles facettes de sa sexualité et de sa personnalité. Elle embrasse son rôle de soumise avec une passion dévorante, se laissant guider par les désirs de Fabrice. C'est dans ce club, dans cette pièce secrète, que Pat trouve une liberté totale, dépassant les frontières traditionnelles de la sexualité et de la domination. Chaque instant est une aventure pleine d'intensité et de passion, où Pat se perd et se trouve à la fois. Pat, épuisée de toutes ses émotions et marquée par les coups de fouet sur son fessier et son dos, est détachée par Fabrice. Il l'aide à se rhabiller avec précaution, prenant soin de ses blessures. Une fois prête, ils décident de prendre un verre ensemble au bar. Ils s'assoient sur des tabourets, laissant leurs corps se détendre après cette expérience intense. Pat ressent une combinaison de satisfaction et de vulnérabilité, reconnaissant l'amour et la confiance qui existent entre elle et Fabrice. Au bar, ils commandent leurs boissons préférées et se plongent dans une conversation calme et réconfortante. Fabrice prend soin de Pat, s'assurant qu'elle se sent en sécurité et respectée. C'est dans ces moments de calme après la tempête que Pat réalise à quel point leur relation est unique et spéciale. Ils partagent une connexion profonde et intime qui va au-delà des jeux de domination et de soumission. Alors qu'ils sirotent leurs boissons, ils rient, partagent des regards complices et se projettent dans l'avenir. Ils savent que leur voyage ensemble ne fait que commencer et qu'ils sont prêts à explorer de nouvelles facettes de leur sexualité De retour dans le confort de leur foyer, Fabrice regarde Pat avec admiration et affection. Il exprime sa fierté envers elle, reconnaissant sa confiance et son engagement dans leur relation de domination et de soumission. Autour d'une tasse de café fumante, ils prennent le temps de se reconnecter émotionnellement. Fabrice encourage Pat à partager ses émotions, à exprimer ce qu'elle a ressenti pendant leur expérience au club. Pat boit une gorgée de café, prenant une pause pour rassembler ses pensées. Elle exprime à Fabrice la profondeur de ses émotions, décrivant la combinaison de douleur et de plaisir, d'excitation et de libération qu'elle a ressentie. Fabrice écoute attentivement, offrant un soutien et une compréhension sans jugement. Il encourage Pat à explorer ses sentiments plus en profondeur, à s'exprimer pleinement sans retenue. La conversation se poursuit, les laissant se découvrir mutuellement à un niveau plus profond. Ils partagent leurs pensées, leurs désirs, et renforcent leur connexion en tant que partenaires. C'est dans ces moments de partage sincère et d'écoute attentive que Pat et Fabrice renforcent leur lien, Pat se dirige vers sa chambre pour se changer en tenue de nuit. Elle choisit une chemise de nuit en satin rose pâle, légère et fluide, qui épouse délicatement les courbes de son corps. La chemise de nuit a de fines bretelles réglables et est agrémentée de dentelle délicate sur le décolleté et l'ourlet. Elle est à la fois féminine et confortable, offrant une sensation de douceur et de sensualité.t. Elle se glisse sous les draps, prête à se reposer et à se ressourcer après une journée intense. Fabrice rejoint Pat, se dénude et se glisse sous les draps. Avec douceur, il glisse sa main sous la chemise de nuit en satin de Pat, caressant délicatement sa peau. Ses doigts parcourent lentement les contours de son corps, éveillant des frissons de plaisir sur son passage. Pat se laisse emporter par les sensations, son corps réagissant aux caresses expertes de Fabrice. Elle ressent une combinaison de désir et de tendresse, se laissant aller à l'intimité partagée entre eux. Les mains de Fabrice explorent chaque centimètre de la peau de Pat, créant une connexion profonde et sensuelle entre eux. Les gestes sont empreints de respect et de consentement, renforçant le lien de confiance qui les unit. Dans l'obscurité de la chambre, les soupirs de plaisir se mêlent aux murmures de douceur. Pat se sent aimée et désirée, en harmonie avec Fabrice. Leur intimité se poursuit dans une danse passionnée, où les caresses se font de plus en plus intenses. Ils se perdent dans le plaisir partagé, explorant ensemble une fois de plus les limites de leur désir. Fabrice pose sa main sur le sexe de Pat, qui est encagé, et lui dit d'une voix dominante : "Tu seras tout le temps et pour toujours une femelle soumise." Pat ressent un mélange d'excitation et de soumission face aux paroles de Fabrice. Elle se sent désirée et accepte pleinement son rôle de soumise dans leur relation. une histoire d'amour et de passion qui transcende tous les tabous et les limites. Une histoire qui les conduira vers des sommets inexplorés de plaisir et de bonheur, où leur amour brûlera avec une intensité qui ne pourra jamais être éteinte. Un goût de jouissance la promesse d'un avenir rempli d'une passion qui ne pourra jamais être éteinte.
393 vues 4 aime
Par : le 22/10/23
"Ignorant quand l'aube viendra, j'ouvre toutes les portes. L'espoir est une étrange chose dans notre âme, hante des chansons sans paroles, et ne s'arrête jamais. Pourquoi je vous aime, monsieur ? Parce que. Le vent ne demande jamais à l'herbe de répondre pourquoi, lorsqu'il passe, elle ne peut rester en place. L'éclair n'a jamais demandé à l'œil pourquoi, il se fermait quand il survenait. Car l'éclair sait que l'œil ne peut parler. Et qu'il y a des raisons qui ne sont pas contenues dans la parole, préférées par les gens plus délicats. Le soleil levant, monsieur s’impose à moi. Parce qu’Il est le soleil levant et que je le vois. Voilà pourquoi, monsieur, je vous aime."   ("Why do I love you-1862")       "L'espoir est une étrange chose à plume qui se pense dans notre âme, hante des chansons sans paroles, et ne s'arrête jamais." "Que vers un cœur brisé, nul autre ne se dirige, sans le très haut privilège, d'avoir lui-même aussi souffert." Ces strophes semblent être extraites du Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry tant leur poésie est belle et intemporelle. Même univers magique où tout, plantes, animaux possède une âme. Tout est amical, y compris les éclairs. Apparaît le sens du symbolique, la manière la plus simple de s'exprimer. Par son génie unificateur et totalisant, le symbole frappe naturellement les esprits. Les frères Wright étaient alors trop jeunes. Ainsi la poétesse américaine n'a pas connu leurs exploits. Mais elle partage avec le père de la rose et du renard, la même critique adressée au rationnel et au monde adulte. Personne n'écoute le savant turc qui a découvert l'astéroïde du petit prince car il était habillé en persan. Même réprobation des apparences pour la poète. Dès l'adolescence, elle fait preuve d'un esprit alerte et spirituel, d'un style pittoresque et mordant qui jongle volontiers avec les mots et expérimente avec le langage. Lorsqu'elle est triste, la beauté d'un coucher de soleil suffit à la consoler. L'esthétique toujours au-dessus de la morale, car celui qui n'est pas sensible n'est pas sage.   "Le rivage est plus sûr, mais j’aime me battre avec les flots." "Pour être hanté, nul besoin de chambre, nul besoin de maison, le cerveau regorge de corridors plus tortueux les uns que les autres. Le rivage est plus sûr, mais j’aime me battre avec les flots". Lovée dans son silence et sa vie médiocre, elle fascine car elle s’inscrit à jamais dans le creux du monde, et c’est cela qui nous bouleverse. Considérée aujourd’hui comme l’un des plus grands poètes américains, Emily Dickinson (1830-1886) n’eut pas droit à la reconnaissance littéraire de son vivant. Presque absente de la scène littéraire, elle fut également peu présente dans le théâtre de sa vie. Il a fallu attendre 1955 et la grande édition de ses poèmes pour découvrir enfin son œuvre dans un texte sûr. Elle n'avait publié de son vivant que cinq poèmes qui passèrent inaperçus. Quatre ans après sa disparition, des amis et des parents rassemblèrent quelques centaines d'autres poèmes dont la transcription était loin d'être exacte. L'édition de Thomas H. Johnson permet aujourd'hui de mesurer la stature de celle qu'on s'accorde à classer parmi les plus grands auteurs américains du XIXème siècle. Son œuvre est inégale, difficile, intensément personnelle, mais aussi parcourue d'éclairs de beauté. Sans rien devoir de reconnaissable à aucun maître, elle se situe entre la tradition romantique américaine et la tradition calviniste de la Nouvelle-Angleterre. Fille d’Edward Dickinson, avocat et sénateur, et d’Emily Norcross de Monson, Emily Elizabeth Dickinson nait le dix décembre 1830 à Amherst, ville aux confins des États du Massachusetts et du Connecticut. Paysage pittoresque.   "Sometimes with the Heart, seldom with the soul." "Pour faire une prairie il faut un trèfle et une seule abeille, Un seul trèfle, et une abeille, Et la rêverie. La rêverie seule fera l'affaire, Si on manque d'abeilles. Ce monde n'est pas conclusion car un ordre existe au-delà, invisible". La ville est assise sur une pente au-dessus de la vallée du fleuve Connecticut. Des collines l'entourent de tous côtés. Les hivers sont froids et enneigés alors que les étés sont très chauds. Son champ d’expérience fut limité, puisqu’elle ne s’éloigna d’Amherst que pour passer une année au collège de Mount Holyoke à South Hadley ou lors de rares séjours, à Washington ou à Boston. Il semble donc qu’elle n’ait guère quitté le cercle de cette petite communauté puritaine de Nouvelle-Angleterre, ni franchi le seuil de la maison familiale où elle disait tant se plaire, entre son père juriste et homme politique, admiré et craint, et sa mère plus effacée, entre sa sœur Lavinia, qui ne partit jamais non plus et son frère Austin, installé dans la vaste maison voisine avec sa femme Susan, amie de cœur de la poétesse. Le choix d’un certain retrait du monde livre un signe essentiel, la mise à distance, l’ironie. Mais, à certains égards, ce retrait fut peut-être moins absolu qu’il n’y paraît. Tout en se dérobant au monde et au mariage, elle adressa des lettres passionnées à de nombreux correspondants masculins. Secrète et expansive, grave et moqueuse, discrètemais audacieusement libre, sa personnalité est aussi complexe que l’espace réel de son expérience fut restreint. "Ignorant quand l'aube viendra, j'ouvre toutes les portes." "Pour voyager loin, il n'y a pas de meilleur navire qu'un livre. Ce que je peux faire, je le ferai, parmi toutes les fleurs". La hardiesse de sa pensée et de son écriture inquiétait les éditeurs qui voulaient lui faire remanier ses poèmes, ce qu’elle refusa toujours. Seule Hélène Hunt, poète et romancière, reconnut son génie et l’encouragea. En dehors d’elle, les poèmes d’Emily ne furent lus que par le cercle de famille, élargi à quelques amis, à qui elle les offrait, en guise de fleurs ou de bouquets disait-elle. Sa poésie reflète le tumulte de sa vie intérieure, sentimentale et mystique, parsemée d’amours impossibles, une amitié amoureuse avec une camarade de classe qui deviendra sa belle sœur, puis avec deux hommes mariés, dont le dernier était pasteur, constellée d’invocations et de pieds de nez à Dieu. Le style très novateur d’Emilie Dickinson a déconcerté et choqué ses contemporains. L’extrême densité de ses poèmes exprime une émotion intense. Passion et spontanéité donnent une écriture concise, elliptique, "explosive et spasmodique", comme elle la décrira elle-même. Par la poésie, elle se fait homme, femme, animal, objet. Tous les moyens lui sont bons pour questionner la vie et donc la mort, cherchant à connaître le monde, elle-même, Dieu, prêtant à l’écriture des pouvoirs quasi-magiques pour l’aider dans cette quête. "Le rivage est plus sûr, mais j’aime me battre avec les flots", écrit elle à l'âge de quinze ans. Tout laisse penser qu’Emily est une petite fille sage aimant la musique et le piano.   "We never know we go, when we are going, we jest and shut the door". "Et chante la mélodie sans les paroles, et ne s'arrête-jamais. C'est dans la tempête que son chant est le plus suave." En 1830, lorsque naît Emily Dickinson, l'atmosphère morale et religieuse est celle de la Nouvelle-Angleterre. Puritains, calvinistes, les bourgeois et les paysans vont à l'office le dimanche matin et l'après-midi, font leur lecture quotidienne de la Bible, ne jouant jamais aux cartes, achetant peu de romans, s'invitant peu à des thés ou à des soirées. Pas d'autres fêtes que la distribution des prix du collège au mois d'août et la foire du bétail en octobre. Il y a un collège universitaire à Amherst. Il a été fondé, en 1821, afin de donner une éducation pieuse à de jeunes gens défavorisés, de former despasteurs et des missionnaires, de défendre l'orthodoxie contre les hérésies intellectuelles répandues par Harvard. L'église est congrégationaliste. On y chante les vieux hymnes faits de quatrains aux vers octosyllabes et aux rimes croisées. La seule concession aux goûts séculiers des paroissiens, c'est une chorale, une dizaine de chanteurs aidés d'un violon, d'un violoncelle, d'une flûte, plus tard d'un petit orgue. Les fêtes chrétiennes sont célébrées en toute sévérité. Amherst ignore les arbres de Noël, les gâteaux de Pâques. Ce n'est qu'en 1864 qu'une église catholique peut s'y établir.   "Fate following behind us bolts it, and we accost no more." "Et bien mauvais serait l'orage, qui pourrait intimider le petit oiseau, je l'ai entendu dans les contrées les plus glaciales". Le père d'Emily fit ses études à l'université de Yale, à l'école de droit de Northampton. Il s'installa comme avoué et avocat dans sa ville natale en 1826. Homme actif, considéré, d'habitudes régulières, il allait chaque matin et chaque après-midi à son bureau, portant un chapeau de feutre gris, un col haut, une cravate noire, une chaîne de montre en or sur son gilet, une canne à pomme d'or. Il était mince, silencieux et hospitalier. Il avait, dit Emily dans une de ses lettres "la démarche majestueuse de Cromwell." Il fut membre de la législature, du Sénat de Massachusetts, du Congrès, administrateur de l'Academy d'Amherst, et trésorier du collège. Cultivé, mais autoritaire, il avait une riche bibliothèque de livres de droit et d'histoire. Il surveillait les lectures de ses enfants, les engageant à ne pas se déparer l'esprit par des romans. Le dimanche, il allait aux offices, accompagné de sa femme qui lui tenait le bras, suivi de ses trois enfants. Sa mère, Emily Norcross, était une épouse docile mais froide et distante. Emily se plaignit un jour de n'avoir jamais eu de "mère, de femme vers qui l'on court lorsqu'on a un ennui". Il semble bien que Mrs. Dickinson, pas plus que son mari, ne se douta jamais des dons poétiques de sa fille aînée. Un an après la mort de son mari, en juin 1875, Mrs. Dickinson eut une attaque et demeura paralysée jusqu'à sa mort, le quatorze novembre 1882. Elle ne pouvait plus lever la tête pour boire, elle ne se souvenait même plus d'avoir perdu son mari. Ce fut Emily qui la soigna, tandis que sa sœur Lavinia assurait la conduite du foyer. Lourde tâche, car même les familles les plus aisées n'avaient alors ni eau chaude ni salle de bains. Les diverses tâches ménagères représentaient une charge énorme pour les femmes à cette époque précédant juste la guerre de Sécession.   "Ce que je peux faire, je le ferai, même si c'est aussi petit qu'une jonquille". "Et sur les mers les plus insolites, pourtant jamais même dans la pire extrémité, Il ne m'a demandé la moindre miette".Le frère aîné d'Emily, William Austin Dickinson était moins ambitieux, moins entreprenant. Il avait plus d'esprit, était plus enclin à la bonne humeur et au bavardage. Il fit ses études au collège d'Amherst, puis à l'école de droit de Harvard. Il devint l'associé et le successeur de son père comme administrateur et économe du collège. En 1856, il épousa Susan Huntington Gilbert, ancienne compagne d'Emily au collège d'Amherst, jeune femme brillante et coquette, spirituelle, mondaine, aimant les réceptions, les visites, la société. Ils habitaient une maison toute proche de celle des parents Dickinson. Les relations entre Emily et sa belle-sœur furent tantôt amicales, tantôt tendues, tantôt simplement cordiales. Elles s'envoyaient des billets et des fleurs. Emily disait que Sue lui avait appris autant de choses que Shakespeare. Sa jeune sœur, Lavinia dite Vinnie, fut sa meilleure amie et confidente. Lavinia était plus jolie, le visage moins naïf et moins austère. Nous avons peu de détails sur l'enfance d'Emily. D'après ses poèmes, c'était une fillette très sensible à la nature et aux saisons, de santé délicate. Elle aimait les papillons, les oiseaux. Elle adorait faire des promenades en famille dans les prés et dans les bois.   "Si le courage te fait défaut, va au-delà de ton courage." "Je me cache alors dans ma fleur, pour, me fanant dans ton urne, t'inspirer à ton insu un sentiment de quasi solitude". Emily suit l’école primaire dans un bâtiment de deux étages sur Pleasant Street. Son éducation est "ambitieusement classique pour une enfant de l’époque victorienne." Son père tient à ce que ses enfants soient bien éduqués et suit leurs progrès même lorsqu'il est au loin pour son travail. L'année scolaire était partagée en quatre trimestres, septembre, janvier, mars, juin, avec une quinzaine de jours de vacance entre chaque trimestre. Emily y étudia l'anglais, le latin, le français, l'allemand, l'histoire, la botanique, la géologie et la philosophie. Chez elle, elle apprenait le chant et le piano avec une de ses tantes. Elle dut plusieurs fois, notamment durant l'automne et l'hiver de 1845 et de 1846, interrompre ses études à cause de rhumes persistants et de crises de toux. Durant ces vacances forcées, elle apprit à coudre, à cultiver le jardin, et à cuire le pain. En 1846, elle fut pensionnaire au séminaire supérieur de Mount Holyoke à South Hadley. De l'hiver 1848 au début de 1850, Edward Dickinson employa dans ses bureaux un secrétaire nommé Benjamin Franklin Newton, né en 1821, étudiant en droit, jeune homme atteint de tuberculose pulmonaire, très cultivé, pieux et épris d'idées socialistes.   "Les étoiles que tu rencontres sont comme toi, car ce sont les étoiles qui signalent la vie humaine." "Si le courage te fait défaut, va au-delà de ton courage. Pour être hanté, nul besoin de chambre, nul besoin de maison". Une grande sympathie s'établit bientôt entre le secrétaire et les deux sœurs Dickinson, spécialement Emily. II leur prêtait des livres, les poèmes de Ralph Waldo Emerson. Il les éclairait sur le mouvement littéraire et philosophique, leur parlait de la nature, de Dieu et de spiritualité. Emily lui lisait ses poèmes. Il les aimait, lui disant, qu'un jour elle serait honorée commeune grande poétesse. Elle l'appelait son précepteur, son répétiteur, son frère aîné. À quel point leur amitié fut-elle proche de l'amour ? Une légende veut qu'il passait à Emily des livres en les cachant dans un arbre près de la porte. Une autre légende qu'ils eurent des rendez-vous dans le jardin et qu'un soir Edward Dickinson surprit sa fille et son secrétaire entendre conversation au clair de lune. Il mit opposition à tout projet de mariage. Sur quoi B.F. Newton retourna à Worcester, alla travailler chez un autre avoué. Un an après, le quatre juin 1851, de plus en plus malade, il épousa miss Sarah Warner Rugg qui avait douze ans de plus que lui. Il s'installa à son compte, fut nommé procureur. Sa maladie s'aggravant, il mit ordre à ses affaires et mourut le vingt-quatre mars 1853. Il semble qu'Emily et Newton continuèrent de correspondre. Elle apprit sa mort sans doute par une notice publiée dans le journal Springfield Republican, le vingt-six mars 1853. La nature et la profondeur du sentiment d'Emily pour B.Newton apparaissent dans une lettre qui ne fut publiée qu'en 1933.   "Only love can would, only love assist the would". "Je me dis la terre est brève, l’angoisse absolue, nombreux les meurtris, et puis après ? Je me dis, on pourrait mourir". Si l'on peut affirmer que B. F. Newton fut pour Emily un précepteur intellectuel et métaphysique, on ne peut affirmer qu'elle le considéra jamais comme un mari possible. Il y a des poèmes où elle dit que nous n'apprécions un trésor qu'après l'avoir vu glisser entre nos doigts, qu'il existe un livre donné par un ami qu'elle ne peut lire sans interrompre sa lecture de larmes. Et les lettres qu'elle écrit à son frère, en 1853, sont teintées de mélancolie. En 1852, Edward Dickinson est élu membre du Congrès. Emily et Lavinia se rendent en 1855 à Washington pour y voir leur père. À son retour, Emily effectue un séjour de deux semaines chez l’une de ses amies à Philadelphie. C’est durant ce séjour qu’elle fait la connaissance du Révérend Charles Wadsworth, pasteur presbytérien, pour qui elle conçoit une grande et irréalisable passion. Austin se marie en 1856 avec Susan Gilbert, la meilleure amie de sa sœur Emily. Sue restera toute sa vie la confidente privilégiée d’Emily, en particulier pour la création poétique. Mais Emily éprouve de l’agacement à l’égard du conformisme puritain de son amie. Elle commence en 1858 à à rassembler en fascicules les poèmes qu’elle écrit depuis une dizaine d’années. En 1860,Charles Wadsworth fait une courte visite à Amherst. Mais, dès l’année suivante, il accepte l’invitation qui lui est faite des’installer en Californie. Son départ provoque chez Emily une grave crise affective. C’est à cette époque que prend dans son œuvre toute sa dimension le thème de l’éloignement des amants et de leurs retrouvailles sous l’habit blanc des "Élus au Jour de la Résurrection". Afin d’incarner ce symbole, Emily prend l’habitude de ne se vêtir que de blanc. Hormis deux cures à Boston pour soigner ses yeux, en 1864 et ensuite en 1865, elle entre dans une vie de réclusion presque absolue.   "Nature is a haunted house, but art, a house that tries to be haunted". "La meilleure vitalité ne peut surpasser la pourriture, mais je me dis qu’au ciel, d’une façon, Il y aura bien compensation". Emily a écrit en 1862 au critique Thomas Wentworth Higginson pour lui demander un avis sur ses poèmes. Les réserves de Higginson la déterminent à n’en publier aucun. Higginson se rend à Amherst en 1870 puis en 1873. les années 1874 et 1875 marquent pour Emily le commencement d’une longue série de maladies et de deuils. Le seize juin 1874, c’est la mort soudaine de son père à Washington. L’année suivante, sa mère est frappée de paralysie. Le troisième enfant d’Austin et Sue, Gilbert Dickinson, meurt du typhus. Les habitants de la ville commencent à la trouver étrange, la considérant alors comme la curiosité du pays. Emily Dickinson devient la légendaire nonne d'Amherst, la vieille fille excentrique toujours habillée de blanc, celle qu'on ne voit plus en ville, qui ne se montre plus aux visiteurs, qui ne sort plus qu'au jour tombant pour aller soigner ses fleurs dans le jardin. Cette réputation débute en 1862, après le départ du pasteur Wadsworth pour la Californie. Jusqu'alors elle avait témoigné un grand goût pour la solitude, mais elle ne vivait pas encore dans la réclusion.   "J'essayais d'imaginer solitude pire, qu'aucune jamais vue, une expiation polaire, un obscur augure". "On apprend l’eau par la soif, la terre par les mers qu’on passe, l’exaltation par l’angoisse, l'amour par une image gardée". Durant sept ans, de 1875 à 1882, elle doit s'occuper de sa mère paralysée. Ensuite elle ne veut plus voir personne. On ne peut que supposer qu'elle préférait s'abandonner à ses regrets d'amour déçu, à ses rêves de poèmes qu'elle accumulait dans une malle en bois de camphrier. Emily Dickinson incarne une forme d’absolu, l’absence au monde. C’est à la feuille de papier qu’elle confie son âme, ses enchantements et ses colères, ses visions, ses interrogations, ses certitudes. Nul ou presque n’en saura rien. Soixante-dix ans s’écouleront avant que paraisse une édition complète de ses mille sept cent soixante-quinze poèmes, fondateurs avec ceux de Whitman de la poésie américaine. Presque un siècle avant la première biographie fiable, celle d’une jeune fille de la bourgeoisie d’Amherst, Massachusetts, qui un jour se retira dans sa maison, puis dans sa chambre, et n’en sortit plus jusqu’à sa mort. Les rares privilégiés avec qui elle voulait converser la trouvaient bavarde, fatigante, souvent incompréhensible. "À certains moments, dit le professeur John Burgess qui fut de ces rares privilégiés, elle semblait très inspirée et exprimait plus de vérité dans une phrase de dix mots que le plus savant professeur dans un cours d'une heure." À l’automne 1884, elle écrit que "les décès ont été trop importants pour moi, et avant que moncœur ait pu se remettre de l’un, un autre survenait." "De Moi-même, me bannir, si j’en avais l’art. Imprenable ma forteresse,de tout cœur." Alors que les morts se succèdent, que les fantômes la hantent, Emily Dickinson voit son monde s’effondrer.   "À jamais est fait d'un myriade de maintenant." "Les êtres d’épreuve, sont ceux que signale le blanc, les robes étoilées, parmi les vainqueurs, marquent un moindre rang". Sa dernière lettre, adressée à ses cousines Norcross, est du quinze mai 1886. Elle se compose de deux mots empruntés, à ce qu'il semble, au titre d'un livre qu'elle venait de lire: "Called back", on me rappelle. Emily s'endormit aussitôt après et mourut le soir même à l'âge de cinquante-cinq ans. "Quand ce sera mon tour de recevoir une couronne mortuaire, je veux un bouton d’or." Emily Dickinson est enterrée dans un cercueil blanc, avec un un bouquet de violettes et des orchidées. Ce qu'Emily Dickinson suggère avant tout dans sa poésie en tant que marginale qui résista aux règles et imposées, c’est que la folie n’est pas là où on l’attend, et que c’est d’un conformisme aveugle que naît l’aliénation véritable. En un retournement ironique qui rappelle l’inversion des valeurs dont Érasme joua dans son "Éloge de la folie", le sens commun, "much sense"qui prévaut dans la communauté est pure folie. Véritable déclaration d’hérésie au cours de laquelle Dickinson se débaptise pour se rebaptiser elle-même, ses tonalités incantatoires et conjuratrices rappellent presque l’invocation de Lady Macbeth.   "Que ma première certitude soit de toi, à la chaude clarté du matin, et ma première crainte, que l'inconnu dans la nuit t'engloutisse". "Mais ceux qui vainquirent le plus souvent, ne portent rien de plus commun que la neige blanche, nul autre ornement". Avec ses accents de rituel, son appel à des forces supérieures, la présence d’un corbeau qui croasse et la perspective d’être reine, si la visée n’était, là encore, de se libérer des carcans de la tradition plutôt que de s’enchaîner à eux, par une une superstition maléfique. On prend la mesure, de la relation ambivalente et complexe que la poétesse entretenait avec les valeurs et les croyances dont elle avait hérité. La pratique poétique lui offrait la plus grande marge de liberté et de recréation possible. Le mouvement de résurgence accompagnant la conversion poétique d'Emily Dickinson impliquait le redressement et le redéploiement de son être, et sa seconde naissance, librement déclenchée dans le monde lyrique, devait lui permettre, de se réconcilier avec elle-même, de retrouver sa conscience, ainsi que sa valeur littéraire. La poésie revêtait une fonction maïeutique, en délestant son génie de connaissances de croyances reçues, elle le révélait en toute plénitude et en vérité profonde, comme Socrate, l’ensorceleur et magicien. "Mes bouquets sont pour des yeux captifs et attendant depuis longtemps. Les doigts refusent de cueillir, patientent jusqu’au Paradis. " C'est bien cette suite poétique qui témoigne le mieux de la vie secrète d'Emily Dickinson, qui fut une constante méditation sur les paradoxes du visible et de l'invisible, de la parole et du silence. Poèmes-paysages, scènes bibliques, élégies, sonnets ou apostrophes, c'est de manière discontinue mais selon un système d'échos qu'elle écrivit ses poèmes. La discontinuité même est d'ailleurs la figure qui donne paradoxalement à l'œuvre son unité profonde, pour âme en incandescence dans un monde étranger.   Bibliographie et références:   - Claire Malroux, "Quatrains et autres poèmes" - Helen McNeil, "Emily Dickinson" - Harold Bloom, "Emily Dickinson life" - Thomas W. Ford, "Emily Dickinson poesy" - Richard B. Sewall, "The white poet" - Cynthia Griffin Wolff, "Emily Dickinson, the great poet" - Toru Takemitsu, " "Emily Dickinson poesy" - Christian Bobin, "La Dame blanche" - Terence Davies, "A Quiet Passion" - Madeleine Olnek, "Wild nights with Emily" - Frédéric Pajak, "Emily Dickinson" - John Evangelist Walsh, "The white poet" - Terence Davies, "A Quiet Passion- film 2016"   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
426 vues 7 aime
Par : le 17/10/23
"Si un jour tu parviens à cette contemplation, tu reconnaîtras que cette beauté est sans rapport avec l'or, les atours, les beaux enfants et les beaux adolescents dont la vue te bouleverse à présent. Oui, toi et beaucoup d'autres, qui souhaiteriez toujours contempler vos bien-aimés et toujours profiter de leur présence si la chose était possible, vous êtes tout prêts à vous priver de manger et de boire, en vous contentant de contempler vos bien-aimés et de jouir de leur compagnie. Les hétaïres, nous les avons pour le plaisir, les pallaké pour les soins de tous les jours, les guné, pour avoir une descendance légitime, une gardienne fidèle du foyer", ainsi énonce Démosthène, (384 av. J.C-322 av. J.C), homme d'État athénien et adversaire du roi de Macédoine Philippe II. "Amour platonique", "lesbien", "pédérastie", autant d’expressions se référant à la Grèce ancienne mais qui n'ont pas grand chose à voir avec, respectivement, les théories de Platon, l’homosexualité féminine ou la pédérastie en Grèce ancienne. L’amour décrit dans les dialogues de Platon était loin d’être purement spirituel, les pratiques "lesbiennes" n’avaient rien à voir avec l’homosexualité féminine mais se référaient à une sexualité orale et la pédérastie grecque n’avait pas pour but, du moins dans les discours "indigènes", le plaisir de l’adulte, mais l’éducation de l’enfant. Les fonctions attribuées dans l’Antiquité à la sexualité sont loin d’être, pour nous, aussi transparentes que nous le pensons souvent. Ainsi, "l'amour a nécessairement pour objet aussi l’immortalité". Selon la philosophe Diotime, la savante de Mantinée qui instruisit Socrate aux choses de l’amour, les relations pédérastiques ne sont pas stériles puisqu’elles permettent de dégrossir l’âme. Quant aux adultes, hommes et femmes, les médecins hippocratiques leur prescrivaient le coït afin de tempérer l’humidité du corps. C’est pourquoi, dans le discours "Contre Nééra" (122), lorsque le plaideur élabore, pour les Athéniens du IVe siècle av. J.-C., un classement schématique des types de femmes et de leur bon usage, il est question de "pallakai", une catégorie de femmes avec lesquelles les relations étaient censées avoir un but thérapeutique. Il s'agissait de prostituées. Quant aux deux autres sortes de femmes, les "hétairai" et les "gunai", seules les premières servaient au plaisir tandis que les secondes étaient destinées à la reproduction légitime. Cette division entre "femmes de plaisir" et épouses ou "mères reproductrices", dont l’aspect normatif a été maintes fois souligné, avait des conséquences non seulement juridiques, seuls les enfants des secondes pouvaient accéder à la légitimité, mais aussi cultuelles puisque toutes les divinités n’étaient pas accessibles à toutes les femmes. C’est par ailleurs ce qui est reproché à la fille de Nééra. D’avoir participé aux rites en l’honneur de Dionysos. À ces rites secrets et sacrés, seules pouvaient participer les femmes légitimement mariées et, qui plus est, se présentaient forcément vierges, "parthenoi", avant le mariage.   "À ce compte, quels sentiments, à notre avis, pourrait bien éprouver, poursuivit-elle, un homme qui arriverait à voir la beauté en elle-même, simple, pure, sans mélange, étrangère à l'infection des chairs humaines, des couleurs et d'une foule d'autres futilités mortelles, qui parviendrait à contempler la beauté en elle-même, celle qui est divine, dans l'unicité de sa Forme ? Estimes-tu, poursuivit-elle, qu'elle est minable la vie de l'homme qui élève les yeux là-haut, qui contemple alors cette beauté et qui s'unit érotiquement à elle ? La pensée trop vive n'est pas la plus sûre". Les pratiques sexuelles apparaissent dans la documentation de manière allusive, par le biais de sous-entendus, double-sens et jeux de mots que seule une analyse minutieuse permet de saisir. En effet, comprendre les règles qui encadraient les pratiques sexuelles se révèle une tâche difficile car ces dernières ne sont pas isolées dans une sphère spécifique qui serait la “sexualité”, mais elles apparaissent dans des sources diverses, allant du VIIIème siècle av. J.-C. au VIème siècle de notre ère et appartiennent à des genres littéraires variés: épopées, comédies, discours d’orateurs, traités philosophiques, épigrammes, commentaires savants, "scholies" ou, des notices de lexicographes. Compte tenu de la rareté des sources pour l’Antiquité en général et pour cette thématique en particulier, l'analyste n’a parfois d’autre choix que de prendre en considération toute la documentation disponible, quitte à laisser de côté les questions chronologiques. L’érôs antique n’implique pas une "orientation" particulière du désir ni une caractéristique spécifique d’une relation sexuelle. Mais alors que le terme d’érôs est ancien, nous constatons qu’il n’y a pas de terme grec ou latin pour exprimer notre "sexualité" sous son acception contemporaine. En effet, nos pratiques sexuelles n’étaient absolument pas ressentis par les Anciens comme relevant d’un ensemble d’actes cohérents ou d’un ensemble d’attitudes pouvant être regroupés en un même ensemble. En résumé, la sexualité ou l'orientation sexuelle n'existait pas dans la Grèce antique. Les termes grecs insistent sur l’opposition, la dissymétrie, rien n’exprime une identité de fonction.   "Ne sens-tu pas, dit-elle, que c'est à ce moment-là uniquement, quand il verra la beauté par le moyen de ce qui la rend visible, qu'il sera en mesure d'enfanter non point des images de la vertu, car ce n'est pas une image qu'il touche, mais des réalités véritables, car c'est la vérité qu'il touche. Ce qu'on cherche, on peut le découvrir, ce qu'on néglige échappe". Un individu n’a pas de "sexualité", il se livre à des pratiques. En Grèce, on parle des "aphrodisia", qui relève du "domaine d’Aphrodite", mais simplement pour se référer aux choses du sexe et non à un ensemble de discours qui formerait le champ de la sexualité. L’idée de relation sexuelle où les partenaires sont égaux, où une pratique peut être le fait de l’un ou de l’autre partenaire, n’existe pas. Par ailleurs, il n’existe pas de pratique bonne ou mauvaise, louable ou condamnable en soi, comme ce fut le cas, un temps, de la sodomie, entendue au sens de pénétration anale. Dès lors , il n’est pas étonnant que les Grecs n’aient pas élaboré ni construit une catégorie hétérosexualité. le mariage antique, lorsqu’il existe et qu’il est pratiqué, est un contrat social où il n’est question ni d’amour, ni même de sexualité. Être une femme libre, c’est fonder un "oikos", un foyer, la qualité attendue de la femme est de faire des enfants, de les élever pour en faire des futurs citoyens. Dans les textes poétiques, il est très rare que les textes évoquent des relations maritales comme des relations intenses et érotiques. Ce qui est mis en jeu, en revanche, ce sont les relations des hommes grecs avec des prostituées, avec des maîtresses, des concubines, ou des jeunes amants. Un des traits saillants de la différence entre les manifestations antiques d’érôs et la sexualité contemporaine est le fait que l’élan est ainsi détaché de l’identité de sexe de son objet. Cette conception non sexuée d’érôs, cette asexuation, apparaît nettement dans un passage très connu de Platon, un extrait du "Banquet" que l’on désigne à tort comme "le mythe de l’androgyne." Selon Aristophane, érôs, c’est l’élan vers l’unité primitive, son récit reste au niveau du sensible. "Mieux vaut pour toi ne plus vivre que vivre aveugle à jamais".   "Mais pourquoi de la procréation ? Parce que, pour un être mortel, la génération équivaut ainsi à la perpétuation dans l'existence, c'est-à-dire à l'immortalité. Or le désir d'immoralité accompagne nécessairement celui du bien, d'après ce que nous sommes convenus, s'il est vrai que l'amour a pour objet la possession éternelle du bien. L'amour a pour objet aussi l'immortalité. S'aimer et se faire aimer, de ce qu'on a de plus cher. Il n’est pas de plus noble tâche sur la terre". Chez les Grecs règne un système très dur de contraintes et d'inégalités, reposant sur une conception très misogyne voire phallocratique de la femme. L'art d'aimer, chez les Anciens, a ses codes, souvent choquants à nos yeux et très éloignés des idées reçues, et ses interdits déroutants. Prenons un couple marié. L'épouse infidèle risque la mort. Son mari, en revanche, peut fréquenter des prostituées ou des hétaires. "Lorsque ton bas-ventre se gonfle, écrit le poète Horace, si tu as à ta disposition une servante ou un esclave de ta maison sur lequel te jeter à l'assaut immédiatement, préfères-tu par hasard crever de tension ? Moi non." Dans cette société qui ne connaît pas alors l'égalité, l'homme libre domine outrageusement. Il peut avoir des relations avec ses propres esclaves, des prostituées, des femmes d'un rang social inférieur respectables et non mariées, des courtisanes, avec lesquelles il peut entretenir une relation durable. Nous n’avons guère de témoignage sur ce monde des femmes, dans lequel les filles formaient leur personnalité où elles trouvaient leurs modèles. Et le peu que nous savons de ce monde nous est transmis par le témoignage des hommes. Nous n’avons donc pas accès à la parole des femmes de la Grèce ancienne. Tout est relayé par le regard masculin et par la parole des hommes. La société grecque est androcentriste, tant sur le plan de l’organisation sociale que sur le plan idéologique. L’idéologie collective est masculine et même phallocentrique, avec de légères variantes selon les cités. Ainsi l’Athènes démocratique, sur quoi la documentation est la plus abondante, correspond, sans doute, à la période la plus misogyne et la plus répressive à l’égard des femmes, parce que l’individu y est défini par sa participation à la vie politique, et que la femme en est exclue. Certes, il y a d’autres catégories d’exclus, esclaves, étrangers etc. Mais toutes les femmes, quel que soit leur statut social, sont des exclues. La femme du citoyen athénien, homme adulte, jouissant des droits civiques et politiques, n’est pas une citoyenne, tout en étant obligatoirement fille, épouse et mère d’Athénien.   "Tous les êtres humains sont gros dans leur corps et dans leur âme, et, quand nous avons atteint le terme, notre nature éprouve le désir d'enfanter. Mais elle ne peut accoucher prématurément, elle doit le faire à terme. En effet, l'union de l'homme et de la femme permet l'enfantement, et il y a dans cet acte quelque chose de divin. Et voilà bien en quoi, chez l'être vivant mortel réside ainsi l'immortalité, dans la grossesse et dans la procréation, mais Éros doit être des nôtres". Les idéaux se résument ainsi aux qualités que la société exige de la femme. Essentiellement la réserve et la discrétion. Sa parure la plus grande est le silence. Toutes ces qualités composent la "sophrosuné", ou sagesse. Le plus grand éloge que l’on puisse faire d’une femme, disent les auteurs anciens, est qu’elle ne fasse pas parler d’elle, complément de son silence. Est ainsi associé au féminin tout ce qui est posture de soumission et passivité, l’activité qualifiant le masculin. Représentation mentale qui est attestée aussi sur le plan des théories de la conception. Selon la plupart des auteurs, Aristote en particulier, la matrice féminine n’est qu’un réceptacle de la semence masculine, qui y imprime sa forme. Une autre composante de l’image idéale de la femme grecque est le concept de "Philergia" qui désigne l’amour du travail, c’est-à-dire du travail de la laine. Ici encore l’activité que cela pourrait impliquer est atténuée par les représentations figurées qui montrent la femme assise, filant, presque immobile. La femme libre doit aussi avant tout assurer le lignage. Tout ceci vaut surtout pour la femme du citoyen aisé, où les valeurs aristocratiques subsistent à l’âge de la Cité. La femme idéale doit savoir faire quelque chose de ses dix doigts, c’est-à-dire filer et tisser. La "Philergia", l’amour du travail, qualité prisée chez une épouse, correspond, dans une certaine mesure, aux ouvrages de dames d’autres sociétés et d’autres époques. La femme du citoyen doit aussi savoir gouverner sa maison et diriger les serviteurs. Ce tableau idéal est en contradiction totale avec ce que la tradition misogyne raconte de la femme, qui est vue comme paresseuse, gourmande, ivrogne, dévergondée et bavarde, ainsi souvent reprise par des auteurs comiques.   "Il est parfaitement clair même pour un enfant, que ce sont ceux qui se trouvent entre les deux, et qu'Éros doit être du nombre. Il va de soi, en effet, que le savoir compte parmi les choses qui sont les plus belles. Or Éros est amour du beau. Par suite, Éros doit nécessairement tendre vers le savoir, Telle est bien, cher Socrate, la nature de ce démon". L’héroïsme ne fait pas partie des idéaux féminins athéniens. Cet idéal, aligné sur l’idéal masculin, qui est attesté pour quelques femmes romaines, est, en Grèce, projeté sur l’image fantasmatique de Sparte. Dans la majorité des cités grecques, en état de guerre perpétuel, et dans une culture qui ne croit pas à un paradis pour les guerriers morts au combat, l’héroïsme est réservé aux hommes. On ne songe pas à réclamer de l’abnégation aux femmes. On ne leur demande que de mener le deuil à la maison: réserve toujours, discrétion, soumission et comme toujours passivité. Tout cela concerne les idéaux de la femme mariée, épouse de citoyen. L’homme grec a pourtant une autre femme dans sa vie, un autre type de femme, l’hétaïre. Car les Grecs étaient aussi sereinement polygames que bisexuels. Démosthène, brillant orateur du IVème siècle résumait ainsi: "nous autres, Athéniens, nous avons trois femmes, l’hétaïre pour le plaisir, la concubine pour les soins du corps et l’épouse pour les enfants légitimes". La concubine, telle une seconde épouse, non légitime et librement choisie, vivait soit à la maison, soit dans un autre domicile. L’hétaïre, ou courtisane, appartient à une catégorie importante. Le mot hétaïre est le féminin d’"hétairos", signifiant compagnon. L’hétaïre est donc une compagne de plaisir, c’est-à-dire essentiellement de banquet. Le banquet est une institution fondamentale des sociétés grecques tant aristocratiques que démocratiques, un lieu de plaisir collectif pour les citoyens, organisé et réglementé, autour de la consommation du vin. On y pratique la musique, la poésie, la danse, la discussion et l’amour. Mais, sauf rare exception les femmes mariées n’y sont pas admises. En revanche l’hétaïre est une femme qui participe au banquet. Elle est la compagne de plaisir de l’homme et doit par conséquent posséder des idéaux différents de ceux de l’épouse. Son rôle est de susciter le désir masculin et elle reçoit une formation adéquate. Celle vouée à devenir épouse légitime ne reçoit, à l’époque classique, aucune éducation autre que celle que lui donne sa mère. Elle ne va pas à l’école, et ne sait ni lire ni écrire. En revanche, les hétaïres, reçoivent une formation artistique assez poussée qui les rend aptes à tenir compagnie à l’homme.   "Par ailleurs, il se trouve à mi-chemin entre le savoir et l'ignorance. Voici en effet ce qui en est. Aucun dieu ne tend vers le savoir ni ne désire devenir savant, car il l'est, or si l'on est savant, on n'a pas besoin de tendre vers le savoir". La brillante Aspasie doit sa célébrité à deux hommes. Elle fut la compagne aimée et respectée de Périclès, ainsi que l’interlocutrice privilégiée et admirée de Socrate. Sa situation de compagne valorisée et d’intellectuelle reconnue, exceptionnelle dans une cité où la norme voulait que la plus grande gloire d’une femme soit l’invisibilité et le silence, fut sans doute liée à son statut d'étrangère résidente. Tout en lui interdisant d’être l’épouse légitime de l’homme dont elle partageait la vie, ce dernier lui accordait, au risque d’une réputation un peu sulfureuse, la liberté de se montrer, de penser et de s’exprimer. Elle tenait parallèlement une école de jeunes filles qu’elle formait à devenir des hétaïres. Aspasie de Millet était une femme grecque qui a vécu au Vème siècle avant J-C. Le nom d’Aspasie signifie "la belle bienvenue". Elle est née à Milet, tout comme certains des philosophes grecs: Thalès, Anaximandre et Anaximène. Elle a ensuite abandonné sa ville natale pour aller vivre à Athènes alors qu’elle avait vingt ans. On sait qu’Aspasie était une belle femme, très intelligente. Son père l’aurait poussée à vendre ses charmes. Mais contrairement aux "pornai", les prostituées destinées aux hommes sans richesses, Aspasie de Milet avait une grande formation intellectuelle. Des observateurs contemporains ont avancé l'hypothèse qu'elle ne fut jamais courtisane, et victime de pure calomnie. Aspasie, un "maître" ? Somme toute, Plutarque ne dit pas vraiment autre chose au sujet de la Milésienne lorsque, réfléchissant sur ce qui lui valut l’indéfectible attachement de Périclès, il commence par mentionner l’opinion la plus répandue, en vertu de laquelle cet amour s’adressait aux talents et au savoir de cette femme savante et versée dans dans la chose politique. Elle fréquentait Socrate. On ne s’étonnera pas trop que ce texte de Plutarque, qui donne d’elle, le portrait le plus exact dont nous disposions, soit un chapitre, précisément le chapitre vingt-quatre de la Vie de Périclès.   "Il interprète et il communique aux dieux ce qui vient des hommes, et aux hommes ce qui vient des dieux. D'un côté les prières et les sacrifices, de l'autre les prescriptions et les faveurs que les sacrifices permettent d'obtenir en échange". La brillante hétaïre a commencé par diriger une maison close à son arrivée à Athènes; les hommes les plus importants de la ville s’y rendaient. Parmi les visiteurs, on retrouvait des noms comme Socrate, Anaxagore et le gouverneur Périclès. On dit que ce dernier est tombé amoureux d’elle et en a fait son amante, en abandonnant son épouse légitime pour elle. Aspasie de Milet a alors été victime de ridiculisation; le poète comique Hermippos l’a forcée à comparaître devant la justice avec une double inculpation: impiété et libertinage. Périclès l’a cependant aidée pour qu’elle ne soit pas condamnée et a obtenu le pardon de ses juges. Courtisane de haut rang, elle était réputée autant pour son intelligence que pour sa beauté. Périclès II naquit de leur union. Elle fut autant son maître que sa mère. Devenue veuve, selon Eschine, elle fréquenta Lysiclès, décrit par Plutarque, comme un riche marchand de moutons, "grossier de naissance et d'éducation qui devint grâce à elle, le premier des Athéniens". Être une femme signifiait appartenir à quelqu’un. Les grands hommes avaient le droit d’avoir plusieurs femmes. En d’autres termes, elles étaient vues comme une sorte de gage, de reconnaissance. Si les femmes rencontraient des obstacles et connaissaient beaucoup d’interdictions dans la Cité, il est vraisemblable que la situation ait été différente à Milet et que les femmes y aient connu alors une plus grande liberté qu’à Athènes. Les hétaïres, sur le plan de la formation, se situaient bien au-dessus des femmes mariées. Les politiciens et philosophes les appréciaient pour leur talent d’interlocutrices. Aspasie de Milet était particulièrement spéciale parmi les courtisanes car elle bénéficiait de la confiance de nombreux intellectuels et hommes importants. Ce rôle lui a valu de sévères critiques mais il lui permettait de fréquenter les hommes les plus importants de l’époque, comme Socrate, qui sollicitait ses services et recommandait à ses disciples d’étudier avec elle. On prétend même qu'elle écrivait les discours de Périclès à sa place.   "Ne force donc ni ce qui n'est pas beau à être laid, ni non plus ce qui n'est pas bon à être mauvais. Éros est ainsi dans le même cas. Étant donné, disait-elle, que toi-même tu conviens qu'il n'est ni bon ni beau, tu dois de façon analogue estimer non pas qu'il est laid et mauvais, mais qu'il est quelque chose d'intermédiaire entre les deux. C'est ce dieu qui nous vide de la croyance que nous sommes des étrangers l'un pour l'autre, tandis que c'est lui qui nous emplit alors du sentiment d'appartenir à une même famille, lui qui a institué toutes les réunions du genre de celle qui nous rassemble, qui dans les fêtes, dans les chœurs et dans les sacrifices, se fait notre guide, qui apporte la douceur, alors qu'il écarte l'agressivité". Elle avait reçu une éducation importante en rhétorique et en art oratoire. Aspasie n’était pas une exception. On raconte que Socrate était fasciné par son intelligence. Grâce à cette habileté, elle a obtenu une certaine reconnaissance et a conquis le gouverneur Périclès, qui était autant attiré par elle sur le plan intellectuel que sur le plan érotique. Il abandonna son épouse légitime et fit d’Aspasie son épouse illégitime ou concubine à cause de sa condition d’étrangère. Les auteurs comiques de l’époque, comme Aristophane, critiquaient l'importance de l'influence d'Aspasie de Milet sur les choix politiques de son mari. Dans un passage de son discours rhétorique, elle demande à Xénophon et Philésie s’ils préféreraient les époux de leurs voisins si ceux-ci étaient meilleurs que les leurs. Voyant qu’aucun ne lui répond, elle leur dit: "Vous, Philésie, vous désirez d’avoir le mari le plus digne d’estime, et vous, Xénophon, la femme la plus vertueuse. Si donc vous ne faites pas en sorte chacun de votre côté que l’on ne puisse trouver ni un homme meilleure, ni une femme plus accomplie, vous regretterez toujours de ne pas posséder ce qui vous paraîtra le plus parfait. Votre vœu sera toujours d’être vous, Xénophon, l’époux de la femme la plus vertueuse, et vous, Philésie, l’épouse de l’homme le plus digne d’estime." Maîtrise de l'art oratoire.   "Chaque fois que le hasard met sur le chemin de chacun la partie qui est la moitié de lui-même, alors tout être humain, pas seulement celui qui cherche un jeune garçon pour amant, est alors frappé par l'extraordinaire sentiment d'affection, d'apparentement et d'amour. L'un et l'autre refusent, pour ainsi dire, d'être séparés, ne fût-ce que pour un peu de temps". C'est son goût pour les mots. Cette composition rhétorique n’est pas un argument qui exprime une véritable logique. C’est un discours qui est plaisant à l’oreille, qui invite à faire des efforts dans la vie de couple, son art oratoire se retrouve dans l’Oraison funèbre de Périclès. Aspasie de Milet a été l’un des personnages les plus emblématiques de la Grèce du Vème siècle av. J-C. Ses qualités éreintaient le statut traditionnel de la femme qui, à Athènes, devait se contenter du rôle de la bonne épouse honorable. Le seul rôle de la femme était d’être l’ombre de son époux et de passer inaperçue. L’image d’Aspasie contrastait avec celle de la majorité des femmes athéniennes de la seconde moitié du Vème siècle. Eschine, élève de Socrate, a écrit un dialogue, "Aspasie", qui est aujourd'hui perdu, à l'exception de quelques fragments qui témoignent d'un portrait positif. Des auteurs ultérieurs, comme le rhéteur Quintilien (35-100 de notre ère), la tenaient en haute estime, tout comme le satiriste Lucien (125-180 de notre ère), qui la citaient tous deux comme une enseignante éloquente et intelligente. Lucien parle d'elle comme d'une femme sage, compréhensive, tandis que Quintilien appréciait suffisamment son influence pour en parler à ses élèves, les deux louant son immense érudition et son grand art oratoire. Aspasie a été une figure clé dans la sphère culturelle de la démocratie à Athènes. Elle a joué un rôle fondamental dans la naissance de l’émancipation de la femme. Grâce aux leçons qu’elle donnait à de jeunes Athéniennes, elle leur a permis d’intervenir dans la vie publique de la cité. À travers ses discours, elle revendiquait discrètement la dignité de la femme. La belle hétaïre a réussi à démontrer qu'il y avait bien une place pour les femmes dans la société grecque. De nos jours, la réputation d'Aspasie continue d'être élevée et a connu une renaissance spectaculaire, au départ, romantique, après avoir été critiquée puis presque totalement obscurcie. L'auteur et poète Walter Savage Landor publia son populaire "Pericles and Aspasia" en 1836. Un ouvrage de lettres fictives entre eux deux dans lequel Périclès, tragiquement mais à tort, meurt pendant la guerre du Péloponnèse. Aspasie de Milet, en dehors de la littérature antique, inspira également la prose contemporaine. Elle apparaît dans le roman "Les Misérables" de Victor Hugo. Par delà le scandale et la rumeur, Aspasie a traversé l'Histoire. Il demeure d'elle, le souvenir séduisant d'une intellectuelle influente et avant-gardiste, trop libre et trop lettrée pour son époque, qui a œuvré par ses multiples talents, entre alcôve et art oratoire, à la progressive reconnaissance des femmes. Quand Aspasie donnait une fête, le vice et la folie soupaient tous les soirs avec le génie.   Bibliographie et références:   - Plutarque, "Vie des hommes illustres, livre un: Périclès" - Madeleine M Henry, "Aspasie de Milet" - William Durand, "Aspasie de Milet" - Callimaque, "Hymnes" - Déméter, "Les Hymnes homériques" - Foucault M, "L’invention de l’hétérosexualité" - Hésiode, "La Théogonie" - Homère, "Odyssée" - Homère, "L’Iliade" - Pausanias, "Description de la Grèce" - P. Chantraine, "Dictionnaire étymologique de la langue grecque" - Platon, "République" - Platon, "Le Banquet" - Plutarque, "Vie de Lycurgue"   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
497 vues 7 aime
Par : le 15/10/23
Bonjour à toutes & à tous, aujourd'hui je vais vous faire vivre la séance de Nadine. Femme mariée de 43 ans qui, a le fantasme d'être fortement contrainte et de subir les plaisirs intenses de l'orgasme forcé. Elle m'a contactée pour me révéler ce fantasme, être très fortement attachée sur une table, bâillonnée, les jambes écartées, dans l'impossibilité de les resserrer et ainsi exposer son intimité. Ainsi offerte, dans l'impossibilité d'empêcher cet Homme, ce dominateur, ce Maître de lui faire subir les plaisirs intenses, voire à la limite de l'insupportable qui, peuvent même aller jusqu'à provoquer l'évanouissement d'être ainsi stimulée au plus profond de son corps de Femme, de son esprit, de son âme et ne pouvoir rien faire, subir dans l'extrême des plaisirs féminin. Voilà plusieurs années qu'elle regarde ces vidéos de Femmes qui, ainsi offertes à leurs fantasmes, subissent ces plaisirs aux orgasmes multiples et tellement puissants qu'il lui semble voir ces Femmes en transes. Après en avoir parlé de nombreuses fois à son époux, celle-ci à décider de franchir le pas et de trouver celui qui réaliserait ce fantasme qui, la ronge de plus en plus. Elle m'a contacté et après bon nombre d'échanges, de réponses à ses questions, le temps que la confiance s'installe, qu'elle se sente prête à vivre cela dans les mains expertes mais, des mains étrangères qui, jusqu'à maintenant n'avait pas eu accès à son corps, celui-ci étant réservé à son époux. Le rendez-vous est pris, viendra-t-elle? Aura t’elle le courage, la volonté de venir et de s'offrir à cet homme mais avant tout, à ses fantasmes d'être ainsi prête à se livrer corps et âme et de subir ces plaisirs qui, lui semble irréels ?  Le jour du rendez-vous est arrivé, je l'attends dans mon donjon et d'une oreille attentive, guette le moindre bruit sur la porte extérieure de celui-ci.  J’ai préparé le bâillon, mes cordes sont toutes prêtent à lui contraindre le corps et l'âme, mes jouets vibrants et autres sont sur la table voisine à celle qui va accueillir son corps, son esprit et son âme de femme et ainsi, libérer la soumise qui sommeille en elle et la révéler au grand jour pour enfin qu'elle vive son lâcher prise. J'entends que l'on frappe à la porte, c’est bien le code que je lui ai dit de faire par mail pour être sûr que cela soit bien elle.  J'ouvre la porte et la découvre pour la première fois, le visage inquiet, le regard bas, noyé dans son esprit entre peur et excitation.  Je l'invite à entrer. Elle est là, devant moi, dans la tenue que je lui ai ordonné de porter, coiffée, maquillée, très féminine avec sa jupe droite, ses bas porte-jarretelles, ses escarpins à talons hauts et fins, son chemisier à petits boutons, sa queue-de-cheval, magnifique d'élégance, tout ce que j'aime et, en prenant en compte qu'elle s'est préparée pour moi, selon mes ordres ce qui, est encore plus jouissif comme pour elle quand elle s’est préparée pour venir s'offrir au Maître du lieu. Comme elle me l'a demandé, pas de discussion, pas d'échange, l'action immédiate pour qu'elle ne puisse écouter sa petite voix intérieure et partir en courant.  Non il n'en est pas question, elle est arrivée jusqu'ici alors, il faut qu'elle se fasse violence et aller jusqu'au bout et vivre enfin ce fantasme. Je retire son sac de son épaule, retire sa veste, la regarde droit dans les yeux et commence à déboutonner son chemisier. Bouton après bouton, son chemisier s'ouvre sur sa poitrine. Je retire le bouton de poignet, puis l'autre et lui retire son chemisier. Là toute chose, les joues rouges, la chair de poule, elle n'ose me regarder. Je glisse un doigt sous son menton et par ce geste, l'oblige à me regarder. De l'autre main que je glisse dans son dos, je dégrafe son soutien-gorge et libère ses seins qui sont d'une taille moyenne, ni gros, ni petit, qui serons très beaux car mis en valeur par mes cordes rouges. Voilà son buste nu, ses seins à ma vue la trouble, elle est gênée. Je prends une longueur de corde et prends ses bras pour les contraindre .Ses poignets, les bras, passe ma corde en dessus et en dessous de ses seins, plaquent ses bras contre son corps par une corde fermement liée avec son buste, bloquent le tout par les passages au niveau de ses épaules. Je continue sa contrainte par des passages de ma corde entre ses seins, ses bras relient ceux-ci et ainsi bloquant tout mouvement.  La voilà entièrement contrainte sur la totalité de son buste, offerte et prête à continuer. Je prends un moment pour lui demander si cela lui plaît, si elle ressent la soumission la gagner, si elle aime ce sentiment d'appartenance et d'offrande ?  Elle me répond qu'elle est envahie de sensations, de ressenties et que ceux-ci lui donnent du plaisir, plaisir qu'elle n'avait pas compris pendant nos échanges mais qu'elle comprend aujourd'hui. Elle me fait part également de sentiment qu'elle pense honteux d'être excitée d'être à ce point soumise et offerte à cet inconnue qui la touche aussi intimement. Ainsi contrainte, encordée, à ma merci, soumise à ses fantasmes, je déboutonne sa jupe, fait glisser la fermeture éclair, fait glisser doucement sa jupe le long de ses jambes, la faisant vibrer, légèrement trembler et, à la fois troublée.  Je découvre sont serre taille, ses bas couture, ses jarretelles et constate quelle à bien suivis mes ordres.  Sans petite culotte, sont intimité bien lisse et douce, elle est prête pour la suite de sa contrainte autant que son offrande. Nue devant moi, son intimité féminine sous mes yeux, elle est toute chose et les joues rougissantes, je la prends dans mes bras pour la poser délicatement sur la table, sur son dos. Cela l'impressionne encore plus, elle se sent encore plus offerte, plus soumise allongée ainsi sur cette table, encordée, contrainte, offerte et dans l'obligation de continuer la soumission qui l'envahie et qui inonde de sensation la totalité de son corps comme la totalité de son être.  Je saisis sa cheville droite, prends une corde et ainsi tour de corde après tour de corde, bloque celle-ci contre la cuisse oblige la jambe dans son entier d'être ainsi écarté. Quand je prends la cheville gauche, je sens un sursaut de la part de ma soumise, impressionnée par le sentiment de contrainte extrême d'être ainsi allongée, contrainte, attachée et exposée. Avec une autre corde, que je passe dans les liens de la cheville et de la cuisse, cette corde va tendre vers l’extérieur de la table la jambe droite. Celle-ci ne pourra plus revenir vers l'autre jambe et ouvre encore plus fortement l'accès à l'intimité de ma soumise qui commence à bien mouiller de ces plaisirs reçu et qu'elle découvre au fur et à mesure. Avec une autre corde, je fais de même avec la jambe gauche. Là, entièrement ouverte, offerte, sa féminité exposée, elle est toute soumise et n'attends plus que l'extrême contrainte du bâillon qui va par son action, amplifier grandement l'emprise de mes cordes sur son corps mais surtout, sur son âme de soumise prête à n'être et se révéler aux grands jours.  Je prends ce bâillon boule, à la lanière de cuir noir et cette boule de rouge vêtue, me dirige vers sa bouche, lui pose sur les lèvres et, attends qu'elle ouvre la bouche comme un signe d'acceptation et ainsi glisser la boule entre ses lèvres, entre ses dents et verrouiller très fermement le fermoir dans son cou.  Bâillonnée pour la première fois de sa vie, très fortement encordée, attachée, contrainte et offerte, le bâillon commencent à la faire baver, il est temps de commencer la sentence t'en fantasmée et désirée. Pour commencer, la pulpe d'un doigt sur ces grandes lèvres.  M’immiscer doucement avec ce doigt vers le haut de celles-ci. Appuyer doucement, bouger doucement, laisser les sensations, les ressenties monter en pressions. Insister légèrement sur le clitoris, avec un second doigt, faire semblent de vouloir m’immiscer entre ses grandes lèvres.  Attendre que la respiration s'accélère, attendre que les premiers gémissements se fassent entendre. La pénétrer avec un doigt et la faire sursauter, fouiller son intimité, trouver son point G, commencer à accélérer ses plaisirs, constater que sa respiration s'emballe, que les gémissements sont de plus en plus présents, insérer un deuxième doit, puis un troisième et commencer à la faire hurler dans son bâillon qui étouffe ses cris. La fouiller, va et vient, la rendre folle, tentent de se libérer, de bouger, de m'empêcher de continuer, constatent qu'elle ne peut, qu'elle est à moi et que je vais continuer à la posséder ainsi et commencer à prendre conscience qu'elle est prisonnière de ses fantasmes et que ceux-ci vont la rendre complètement en overdose de plaisirs intenses.  Haletante, le souffle saccadé, elle est complètement submergée par t'en de plaisir qu'elle ne peut contrôler et de ce fait, les ressenties, les sensations sont une adorable torture. Trempée sur la totalité de son corps, dégoulinante de plaisirs entre ses cuisses, je lui retire son bâillon, lui ressuie sa bouche, son cou, lui donnent à boire de l'eau bien fraiche.  Je lui demande si j'arrête là et, elle me répond non encorder Maître, emportez-moi, baissé-moi, prenez-moi, je suis votre chose, votre objet, votre jouet, encoreeeeee. Gentleman, je saisis le bâillon pénis, lui insert dans la bouche et verrouille celui-ci. Étonnée par cette intrusion buccale, heureuse de ce nouveau jouet dans sa bouche, je reprends mon jouet vibrant et le place  sur ses grandes lèvres que j'écarte largement pour, y introduire la boule vibrante de mon magic Wang. Bougeant l'outil d’intense plaisir de haut en bas de ses grandes lèvres, passant sur son clitoris, m'attardent sur celui-ci, passant de vitesse un à vitesse deux, elle est complètement en phase de jouissance, d'orgasme.  Le premier orgasme se fait entendre, un deuxième vient aussi tôt en suivant le rythme de mes irrésistibles actions sur son intimité trempée. Elle est complètement tordue dans mes cordes, ne sachant plus ou elle en est, crient, bavant, tremblant de tout son corps, de tout son être. Rouge de plaisirs, sa tête allant de gauche à droite de façon hystérique, son corps entièrement en émoi, bouleversée par toutes ces endorphines qui inonde la totalité de son corps de Femme soumise et offerte, dans l'impossibilité de gérer-t-en de plaisirs, elle crie dans son bâillon son incontrôlable plaisir. Je la laisse ainsi se reposer, reprendre ses esprits mais, aussi chaude que la braise, ses grandes lèvres très ouvertes, ses tétons bien tendus et durs, sa respiration au maximum,  Je reprends mon action elle démarre au quart de tour, un orgasme pratiquement instantané se fait entendre, son corps est entièrement en spasme, folle de plaisir elle ne contrôle plus rien et je suis l'heureux propriétaire de ses plaisirs et c'est moi et moi seul qui dirige ses orgasmes, laissant le magic Wang opérer sur son intimité, celui-ci la rendant complètement folle des plaisirs reçus, ne pouvant vraiment contrôler ce qu'elle subit.  Je choisis de lui introduire dans le vagin un god vibrant pour la priver de tout contrôle et qu’elle prenne conscience qu’elle est ma chose et je suis le seul à contrôler la totalité de son être. Celui-ci complétant à merveille le magic Wang et permet à mon objet de subir un trio d'orgasme qui la fait chavirer dans les overdoses de plaisirs si forts qu'elle a du mal voir, qu'elle ne peut contrôler. Jouant du magic Wang, jouant du god vibrant, elle perd pied et hurle tellement qu'elle sectionne la lanière du bâillon avec ses dents ne pouvant plus rien contrôler et succombent à la puissance intense des plaisirs reçus qui la mettent dans un état second, provoquant deux orgasmes supplémentaires et une petite perte de connaissance et, ne pouvant plus se retenir, urine sur le sol du haut de la table. vidée, exténuée, épuisée, je lui ôte le bâillon, la détachent des chevilles aux épaules, la prends dans mes bras car, ne pouvant plus tenir debout, ne pouvant plus marcher, tremblante, sans voix, le souffle irrégulier, le rythme cardiaque à 160 sous ses seins gonflés et durs. Je la dépose délicatement sur le lit du donjon, la prend dans mes bras, l'apaisent pour la calmer et lui permettre de reprendre pied.  Lui essuient le front, le visage, les seins tout mouillés de la bave provoquée par le bâillon et l'imposante excitation reçu, elle est là toute absente, le regard hagard. Elle se colle contre moi, je lui caresse les cheveux et lui parle doucement pour l'apaiser. Un petit peu remise de ces émotions très fortes, je lui offre boisson et petit gâteau pour lui permettre de reprendre des forces. Nous échangeons sur cette séance, elle m'avoue n'avoir jamais connu une t'elle jouissances, première fois pour elle d'avoir de multiples orgasmes. Elle m'avoue avoir vraiment perdu pied, d'avoir pour la première fois découverte ce qu'est le lâcher pris. Elle m'avoue également cette sensation incontrôlable et presque irréel d'être à ce point possédé. Sa séance était pour elle plus que réussie même si elle m'avoue que c'est tellement puissant qu'elle ne pourrait le vivre trop souvent tellement c'est presque une torture de plaisirs, deux mots qui ne vont pas ensemble mais qui relatent à la perfection les ressenties de cette séance. Elle ses rhabillée, vient m'embrasser et retourne vers son mari, va-t-elle lui raconter sa journée de plaisirs intensément incontrôlable, je ne peux vous dire. J’espère que le récit de cette séance vous a plu et mesdames, si l'envie vous prend de vivre cette expérience orgasmique, la porte de mon donjon vous est ouverte. Bien cordialement Passions. #photoperso
4.6000 vues 20 aime
Par : le 10/10/23
"Le visage aristocratique du baron von Blixen-Finecke me salua, comme toujours, du plus gracieux sourire, qui l'éclairait comme un rayon de soleil éclaire un morceau de cuir familier, un cuir bien entretenu, sans rides, mais tanné et dur comme une selle de cheval. C'est d'ailleurs la seule concession accordée par le visage de Blix à l'image populaire qu'on se fait d'un chasseur blanc". L’association, dans une même phrase, des mots "fermière" et "Afrique", fait immédiatement penser à Karen Blixen, l’auteur de "La Ferme africaine", roman porté à l’écran sous le titre "Out of Africa". Pourtant, l’Afrique peut s’enorgueillir d’une autre pionnière de la même trempe, elle aussi fermière au Kenya, aussi talentueuse que l’auteur danoise, pourtant largement moins connue: Beryl Markham. Pionnière de l’aviation de brousse kényane d’origine anglaise, Beryl Markham (1902-1986) a été la première femme à traverser l’Atlantique en solo, d'Est en Ouest, sur un avion à peine équipé. Elle a appris le Swahili, chassé dans des safaris, dormi dans des huttes africaines. Mais elle a aussi brisé de nombreux cœurs, épuisé son entourage. Beryl Markham ne fait pas l’unanimité, sauf lorsqu’il s’agit de saluer sa singularité et de sa force de caractère. L’histoire de Beryl Markham débute véritablement quelques années après sa naissance, lorsque son père fait l’achat d’une ferme au Kenya. La famille Barkham quitte alors la pluie grisâtre du Leicestershire pour le soleil de plomb de la vallée du Grand Rift. Pour la petite Beryl qui court pieds nus après les termites, c’est la cour de jeu rêvée. Pour sa mère, c’est l’enfer. Elle quitte le Kenya quelques temps plus tard, en emmenant avec elle le grand frère de Beryl. Celle-ci restera seule avec son père et l’amertume d’avoir été abandonnée par sa propre mère. Les deux femmes ne se reverront que des dizaines d’années plus tard, avec une joie modérée. Beryl n’a jamais pardonné à sa mère d’être partie sans elle. Tout l’amour qu’elle lui portait s’est reporté sur son père, qu’elle admire sans condition. Ensemble, ils se délectent alors de la vie africaine, "un monde sans mur" dira-t-elle plus tard. Elle grandit ainsi entourée d’animaux et se lie d’amitié avec les tribus environnantes, qui lui apprennent à chasser et à parler leur langue. Bientôt, la petite Beryl maîtrise mieux le Swahili que l’anglais. Son père ne la surveille jamais. La savane se charge de lui enseigner les grandes leçons de la vie. Ce cadre de vie en fera une jeune fille indépendante, hardie, dure aussi. Après trois ans passés dans une école privée de Nairobi, elle est renvoyée définitivement. Trop turbulente, insolente, elle n’en fait qu’à sa tête et insupporte ses professeurs. En amour, elle a du mal à se consacrer à une autre personne qu’à elle même. Ses trois mariages seront des échecs cuisants. De l’une de ces liaisons naîtra un fils, Gervase, dont elle a laissé la garde à ses beaux parents, qu’elle n’a pratiquement pas connu, par manque d’intérêt. Dans son entourage, on l'appelait "la garce intrépide".   "Ses yeux sont gais et bleu clair, et non froids et gris comme de l'acier. Il a des joues rebondies, et non un visage en lame de couteau. Ses lèvres sont pleines et généreuses, et non resserrées par la dure expérience de la nature à l'état sauvage. Il parle volontiers. Il n'a pas de silences lourds de sens". Mais c’est cela qu’on aime dans la vie de Beryl Barkham. Tout n’est pas glorieux, héroïque, remarquable. L’histoire a du relief, le personnage est couvert d’aspérités. Cette jeune femme sublime, aux mensurations de mannequin, au look androgyne, très coquet a de quoi surprendre. Elle aime séduire les hommes mais déteste l’engagement. Elle tient à être mise sur un pied d’égalité avec ses alter egos. Comme eux, elle veut découvrir le monde, se réaliser sans avoir alors à se soucier du dîner du soir. Farouchement indépendante, elle a grandi en liberté et ne veut surtout pas que cela change. Elle était connue pour user de sa féminité à son avantage, ensorcelant les hommes pour qu’ils ne jalousent pas son intrusion dans les métiers de tradition masculine comme le dressage de chevaux et l’aviation. Sa détermination et cette ambiguïté assumée dans ses relations avec les hommes lui ouvrira de nombreuses portes. À dix-neuf ans seulement, elle est la première femme à obtenir une licence de pilote commercial, sur les encouragement de son amoureux de l’époque, Tom Campbell-Black. Elle se lance alors dans la préparation d’un vol transatlantique en solo. Sans radio ni feu, elle s’élance au dessus des déserts africains et relie Khartoum au Caire, Tripoli à Tunis, Cannes à Cagliari, jusqu’au grand jour. Le quatre septembre 1936, elle décolle d’Abingdon, en Angleterre. Le temps est à la pluie, au vent et au brouillard, mais Beryl n’a pas peur. Beryl n’a jamais eu peur en avion. Après vingt-et-une heures de vol, son avion se crashe non loin de New York, mais pour elle, le défi a été relevé. Elle est la première femme à avoir traversé l’Atlantique en solo, d'Est en Ouest. Et tout cela pour épater son doux Tom, parti flirter avec une autre femme au cours d’un voyage d’affaires. Mais l’exploit ne suffira pas à le faire revenir. Beryl perd le goût de voler et part s’installer en Californie avec un nouveau garçon, Raoul Schumacher. Là, elle fait la rencontre d’Antoine de Saint Exupéry, un aviateur qu’elle admire et qui lui recommande vivement de se mettre, elle aussi, à l’écriture. Il ne fallait pas le lui dire deux fois. Beryl travaille immédiatement sur la rédaction de ses mémoires, "West with the Night". Elle fait lire le résultat à Ernest Hemingway, qu’elle avait rencontré lors d’un safari au Kenya. Il est époustouflé: " Cette fille, qui est, selon moi, une personne détestable, on pourrait même dit une garce de haut niveau, est capable de surpasser tous ceux qui, comme moi, se disent écrivains".   "Peut-être que j’ai besoin d’un changement, d’une année en Europe cette fois, de quelque chose de nouveau, de mieux si possible. Si la vie n’avance pas, elle stagne. C'est, je crois, la vie que je mène ici. Ça ne sert à rien de se dire qu’un jour on pensera peut-être qu’on aurait mieux fait de ne pas changer de vie". Grâce à lui, "West with the Night" est publié en 1942, mais le succès n’est pas au rendez-vous. Après cinq ans de mariage, Beryl et Raoul divorcent. L’aviatrice retourne au Kenya et renoue avec la passion de son enfance, l’équitation. Mais elle peine à vivre de ses activités d’entraîneuse hippique et décide, en 1983, de republier "West with the Night". Cette fois, le public est sous le charme et Beryl triomphe une deuxième fois. L’histoire se termine trois ans plus tard, lorsque "l'intrépide garce" décède alors d’une pneumonie, le trois août 1986 à Nairobi, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Pionnière de l'aviation, aventureuse, indépendante et belle, Beryl Markham était admirée et décrite comme une non-conformiste réputée, même dans une colonie. À l'époque le Kenya s'appelle l'Afrique orientale britannique, connue pour ses excentricités. Elle se marie trois fois, prenant le nom de Markham de son deuxième mari, le riche Mansfield Markham. Elle a une liaison en 1929 avec le prince Henry, duc de Gloucester, fils du roi George V, mais les Windsor demandent de mettre un terme à cette relation. Elle a également une liaison avec Hubert Broad, ancien pilote britannique de la première guerre mondiale. Mansfield Markham, lors de son divorce en 1937 avec Beryl, demandera le témoignage d'Hubert Broad. Après sa traversée de l'Atlantique, elle revient pour vivre avec Broad, qui avait influencé sa carrière de pilote. Elle s'était liée d'amitié avec l'écrivain danoise Karen Blixen pendant les années où cette dernière gérait la plantation de café de sa famille dans les collines de Ngong près de Nairobi. Lorsque la relation romantique de Blixen avec le chasseur et pilote Denys Finch Hatton se termine, Markham entame une liaison avec lui. Il l'invite à reconnaître tous les terrains d'aviation du Kenya, ce qui s'avéra fatal pour lui, mais Markham refuse, suivant la prémonition de son instructeur de vol, le pilote anglais Tom Campbell Black. Beryl a fini par séduire, Denys Finch Hatton, fils d'Henry Finch-Hatton, treizième comte de Winchilsea, le meilleur fusil d'Afrique, vif argent solaire, mort bien trop tôt, bien trop jeune. Amoureuse des hommes et du sexe, elle était le genre de femme à qui tout homme sain d'esprit, préférait l'abri d'une cage où tournaient deux ou trois tigres. "Cela ne sert à rien de prévoir les regrets. L’avenir n’a pas besoin de ressembler au passé. Les êtres humains ont tiré, à la loterie de l’évolution chère à Monsieur Darwin, le ticket gagnant et la souche qui va avec". Beryl n’a que quatre ans lorsque sa famille arrive au Kenya, à Njoro. Elle n’a guère qu’un an de plus lorsque sa mère jette alors l’éponge et retourne en Angleterre, son fils aîné, de faible constitution, sous le bras. La vie s’organise donc comme elle peut chez les Clutterbuck. Le père élève des chevaux de courses, la fille vagabonde dans les collines alentour et fait l’apprentissage de la savane avec les enfants du village Kipsigi, parmi lesquels Kibii, son meilleur ami. Mais conseillé par de bons amis, le père s’aperçoit assez vite que Beryl ne peut être laissée ainsi, à presque dix ans, à courir à moitié nue dans les taillis. Arrive donc Emma, une vraie lady de la colonie, chargée de domestiquer et de discipliner la jeune fille.   "La beauté intrépide, son ermitage au pied des vagues et des nuages". La première leçon consistera à lui apprendre à porter des chaussures. Constatant que les cours sont totalement inefficaces, plusieurs préceptrices et autres gouvernantes se succéderont chez les Clutterbuck, afin d’instruire la jeune fille. Au grand dam d’Emma, c’est à coups de mamba noir glissé entre les draps et autres farces que Beryl chasse le personnel. Elle ira donc en pension. Mais elle a la peau dure et son obstination paye. Elle revient très vite au domaine et travaille aux côtés de son père, soignant et dressant les chevaux. Exactement là où elle le voulait depuis le début, en fait. Une chose est sûre, Beryl ne manque ni d’obstination, ni de volonté. Ce trait de caractère la conduira loin. Lorsqu’à contrecœur, elle prend conscience des problèmes financiers de son père, elle décide de se marier avec Jock Purves, un voisin bien plus âgé qu’elle, alors qu’elle n’a que dix-sept ans. Las, elle va vite déchanter. Rien ne pressait et Jock s’avère être tout sauf le mari idéal. Mais il en faut plus pour abattre la jeune toute jeune Madame Purves. Elle décide donc de quitter le domicile conjugal pour aller travailler. Quoi de mieux que d’entraîner des chevaux chez un ami de son père ? Malgré les bouderies de Jock, qui a peur du qu’en-dira-t-on et se montre affreusement jaloux, Beryl établit ses quartiers et il ne lui faut pas longtemps pour également imposer son savoir-faire. Elle se révèle être née pour élever des chevaux. Elle deviendra entraîneuse professionnelle. Peu importe qu’elle soit une femme, anglaise, qu’elle ait dix-huit ans, et qu’elle vive séparée de son mari. Inutile de s'embarrasser de tous ces détails sans intérêts. Si Beryl n’éprouve aucun problème à courir en pagne, pieds nus, dans les taillis, à chasser avec les Kipsigi et à monter son cheval à cru, on attend plutôt d’une jeune lady, qu’elle soit toujours élégante et distinguée, qu’elle ait de la conversation et d'excellentes manières, tout ce que déteste profondément notre héroïne. De fait, l’éducation très libre de Beryl lui a donné des idées extrêmement modernes, voire choquantes pour les membres les plus prudes de l’intelligentsia locale. Moderne, anticonformiste, libre, sensuelle, Beryl est aux antipodes du modèle idéal de la jeune fille britannique mondaine. "Voilà sans doute pourquoi nous sommes si merveilleux, pourquoi nous savons faire des fils, des rasoirs électriques et des appareils de radio, et des fusils pour tuer les éléphants, les lièvres, les pigeons d’argile, et nos semblables". Inspirée et entraînée par Tom Campbell Black, Beryl a appris à voler. Elle a travaillé durant quatre années comme pilote de brousse, repérant les gibiers depuis les airs et signalant leur emplacement à des safaris au sol. C'est une des premières femmes à avoir pu vivre de son activité dans l'aviation commerciale. Dans son autobiographie parue en 1942, sous le titre, "West with the night", en français, "Vers l'Ouest avec la nuit", les premières pages évoquent tout naturellement un souvenir ayant trait à sa carrière de pilote: un vol de Nairobi à Nugwe figurant dans son carnet de bord en date du seize juin 1935. Ce jour-là, elle devait livrer un cylindre d'oxygène à un chercheur d'or atteint d'une maladie pulmonaire dans ce petit village perdu au milieu de nulle part. Elle devait également essayer de retrouver Woody, un collègue aviateur qui n'était pas rentré à Nairobi et était sans doute en panne quelque part dans la brousse. Les vols de nuits, les atterrissages en rase campagne sur des pistes cahotantes et les pannes étaient monnaie courante. Comme le relève Markham, "À une distance de mille pieds, la lumière dansante des torches de pétrole ne révélait qu'une piste très étroite, mince cicatrice sur le grand corps étendu de la brousse". Arriver sain et sauf à destination représentait un exploit qu'il convenait de renouveler alors chaque jour et tous les pilotes n'eurent pas la chance d'y parvenir.   "Elle avait mis ses mains dans son dos comme une enfant effrayéeé". L'atterrissage de Merkham en pleine nuit à Nugwe dans un nuage de poussière que les torches coloraient d'une teinte orangée, son décollage au petit matin après avoir livré sa bouteille d'oxygène, et le sauvetage de Woody qu'elle retrouve en mauvaise posture sur le chemin du retour, ne sont qu'un avant-goût des péripéties relatées par la suite. Toutefois, ce n'est pas au cœur de l'exploit que la narratrice plonge le lecteur au tout début de son ouvrage. Elle entend en préambule lui rappeler que la mémoire donne une couleur particulière à toute évocation du passé, qu'elle est subjective, personnelle et irrationnelle. "Comment peut-on mettre de l'ordre dans des souvenirs ?" écrit-elle, avant de concéder qu'il s'agit d'une mission impossible: "Je voudrais pouvoir commencer par le commencement. Je voudrais pouvoir dire, Voilà le point de départ, mais il y a cent points de départ, car il y a cent noms: Mwanza, Serengeti, Nungwe, Molo, Nakuru. Il y a une bonne centaine de noms et, pour commencer, il faut que j'en choisisse un, non pas parce que c'est le premier, ni parce qu'il évoque une aventure particulièrement spectaculaire, mais parce qu'il est là, sous mes yeux, sur une page de mon carnet de vol. Les noms sont des clés qui ouvrent des corridors enténébrés dans notre esprit, mais que le cœur reconnaît sans peine". Beryl Markham n'était pas qu'un brise cœur, c'était une aviatrice chevronnée. "Denys possédait cette qualité inestimable à mes yeux. Il savait écouter une histoire. L'art d'écouter une histoire s'est perdu en Europe. Les indigènes d'Afrique, qui ne savent pas lire, l'ont conservé. Les blancs eux ne savent pas écouter une histoire, même s'ils sentent qu'ils le devraient". Les commentaires de Merkham sur les images contradictoires de l'Afrique que les auteurs proposent à tout un chacun sont eux aussi intéressants. Résolument moderne dans son approche de la chose littéraire, l'auteur souligne que son ouvrage, comme de tous ceux des écrivains qui l'ont précédée, ne propose pas une image définitive de "la réalité" mais recrée ainsi le monde et les événements qu'elle a vécus au fil de sa mémoire vagabonde. L'Afrique est "une entité qui prend naissance dans les espoirs et les rêveries des hommes". "Il y a donc de nombreuses Afrique. Il y a autant d'Afrique qu'il y a de livres sur l'Afrique. Quand on écrit un nouveau livre à ce sujet, on a la satisfaction de savoir que l'image que l'on va en donner sera inédite, qu'elle se démarquera de toutes les autres, mais qu'elle se heurtera sans doute au refus hautain de tous ceux qui croient en une Afrique différente". Cette approche non doctrinaire de la perception du monde et de la manière subjective dont chacun en parle, contraste avec les certitudes de l'idéologie coloniale. L'Afrique que nous raconte Beryl Markham se situe résolument en marge des clichés ressassés par la majorité de ses contemporains. Contrairement aux expatriés souffrant du mal du pays et rêvant de quitter "l'enfer des colonies ", elle ne considère pas l'endroit où elle vit comme un monde étranger, sous-développé et plein de dangers. Elle se plaît où elle est et considère l'endroit où elle a grandi, comme "son pays". La ferme familiale, les gens qui y travaillent et les vastes étendues de brousse qui l'entourent lui fournissent tous les repères nécessaires à la compréhension du monde.   "J'avais quatre ans quand j'ai quitté l'Angleterre", dit-elle à son ami Otieno, "Peut-être que c'était le pays de lait et de miel, mais je ne me le rappelle pas ainsi. Je ne connais pas d'autres pays que celui où je vis, ces collines, familières comme un souhait de toujours, ce veldt, cette forêt". Cet attachement au Kenya explique son désir de rester sur place lorsque la faillite contraint son père à vendre sa ferme et à quitter le pays, comme sa voisine Karen Blixen un peu plus tard. Beryl a à peine dix-huit ans, une passion dévorante pour les chevaux de course et la certitude qu'elle en sait assez sur le sujet pour entraîner des pur-sangs et les mener à la victoire sur les hippodromes. Dès lors, le cœur gros mais confiante en l'avenir, elle quitte le domaine paternel avec son cheval Pégase et deux sacoches de selle. "Jamais je n'ai possédé si peu de chose et je ne suis pas sûre qu'il m'en ait jamais fallu davantage". Au sortir de l'adolescence, l'idée de thésauriser lui est étrangère et elle le demeurera toute sa vie. Cigale sans attirance pour la vie besogneuse des fourmis, elle se laisse porter par ses projets, son goût de l'aventure, ses engouements et ses désirs de réussite. À dix-huit ans, lorsqu'elle quitte son père, ce qui compte avant tout pour elle, c'est d'obtenir une licence professionnelle d'entraîneur du très chic Jockey Club de Nairobi, de devenir une femme entraîneur, et de courir de victoire en victoire avec les chevaux confiés. Projet utopique, car les propriétaires de pur-sangs ne voyaient d'un très bon œil une jeune femme ayant la prétention de s'immiscer dans leur chasse gardée. "Denys Finch Hatton avait une passion, si l'on peut qualifier de passion le besoin fanatique de sécurité et de solitude. Ce besoin s'apparentait au mal du pays, ou à l'instinct du pigeon, qui le pousse à revenir vers son nid. Tout ce qu'au plus intime de son être il exigeait de la vie, était de rentrer chez lui et de s'y enfermer, certain que personne ne le suivrait ou ne viendrait le déranger". Mais à force de détermination, de persistance, de séduction et de travail, Beryl Markham finit par imposer sa présence sur les champs de course avec plusieurs victoires. Son engouement pour l'aviation, dans les années trente, mit fin à ses activités hippiques. Ce n'est que bien des années plus tard, lorsque Beryl Markham rentra au Kenya après un long séjour aux États Unis, dix ans après la publication de son autobiographie, qu'elle renoua avec la passion des chevaux de sa jeunesse et reprit son activité d'entraîneuse pour devenir l'un des entraîneurs les plus couronnés de Nairobi. Sa rencontre fortuite avec Tom Black sur un chemin de campagne au milieu de nulle part fut alors à l'origine de son intérêt pour les aéroplanes. Le jeune homme réparait sa voiture qui venait de tomber en panne et Beryl qui passait par là avec Pégase s'était arrêtée. Elle discutait de choses et d'autres avec le jeune homme alors qu'il s'activait, les mains pleines de cambouis. Ils parlaient d'automobiles et de progrès techniques, mais ce qui passionnait Tom par dessus tout, c'était les aéroplanes. Il en avait piloté un pendant la première guerre, ça lui avait beaucoup plu et il n'attendait que le moment de trouver l'argent nécessaire pour acheter son propre appareil. "Quand vous volez, vous avez l'impression de posséder le monde, plus que si vous étiez propriétaire de toute l'Afrique. Vous sentez que tout ce que voyez vous appartient. Tout est là, et tout est à vous. Vous vous sentez plus grand que vous n'êtes et plus proche d'un idéal que vous pensiez vaguement être capable d'atteindre mais que vous n'aviez jamais eu le courage d'envisager sérieusement". Sa passion était communicative et il ne fallut pas longtemps pour que Beryl ne se décidât à apprendre à piloter. "Tom commença mon apprentissage sur un D.H. Gipsy Moth. Son hélice pulvérisait le silence de l'aube sur les plaines de l'Athi. Nous nous balancions au-dessus des collines, au-dessus de la ville, puis nous revenions, et je compris comment un homme peut être maître d'un avion, et comment un avion peut être maître d'un élément. Je vis l'alchimie de la perspective réduire le monde que je connaissais, et tout le reste de ma vie, aux dimensions de grains de blé dans une tasse. J'appris à partir à l'aventure. J'appris ce que tout enfant imaginatif et intrépide, a besoin de savoir, qu'il n'existe pas d'horizon si lointain qu'on ne puisse survoler et dépasser. La vraie liberté consiste à voler pour quitter la terre".   "Bien des gens penseront qu'il est insensé d'attendre un signe du Destin. Pour en arriver là, à vrai dire, il faut un état d'esprit que tout le monde, heureusement, ne connaît pas. Mais à ceux qui l'ont connu et qui demandent un signe, la réponse ne peut manquer, elle est une conséquence de la demande". Obtenir son brevet de pilote ne fut qu'une formalité et une année et demi après avoir commencé à voler, elle passa son brevet B, c'est-à-dire, "la Grande Charte d'un pilote" qui lui permet de devenir professionnel. Elle avait environ mille heures de vol à son actif et décida de se mettre à son compte, "transportant du courrier, des passagers, des provisions pour les safaris, ou toute autre cargaison". Parallèlement, Tom consacrait toute son énergie à l'expansion de la Wilson Airways dont il était le directeur et le pilote principal. "Il œuvrait avec acharnement comme ambassadeur du progrès à l'intérieur du pays, et souvent, nous quittions l'aéroport de Nairobi juste après l'aube, Tom en route pour l'Abyssinie et moi pour le Soudan anglo-égyptien, le Tanganyika, la Rhodésie du Nord, ou n'importe quelle autre destination où m'appelait un contrat". Bien que passionnée par son métier, le transport très routinier de passagers et de matériel finit par perdre son piquant, d'autant que Tom à qui l'on avait offert un nouvel emploi était parti pour l'Angleterre en laissant un grand vide derrière lui. Mais, n'ayant rien perdu de son dynamisme, elle releva le défi de Denys Finch-Hutton, et plus tard du Baron Bror von Blixen-Finecke qui organisaient des safaris pour les milliardaires de l'époque. Leur idée était de repérer alors les éléphants à l'aide d'un avion et d'indiquer la position du gibier aux chasseurs progressant à travers la brousse. "L'émerveillement de mes premières heures de pilote néophyte s'était émoussé et repérer les éléphants permettait non seulement de sortir de la routine, mais c'était aussi un travail très lucratif". "Ce n'est ni brutal, ni héroïque, c'est tout juste une de ces entreprises ridicules dans lesquelles les hommes aiment se lancer". Exubérante et pragmatique, elle n'est pas femme à s'inquiéter des contradictions qui émaillent son comportement et ses propos. C'est donc sans remords et en toute connaissance de cause qu'elle s'accoquine avec Denys Finch-Hutton puis avec le célèbre Baron Blix dont elle apprécie le charme et admire la détermination, le sang-froid et la capacité de sortir indemne des situations les plus périlleuses. Sa seule faiblesse, selon elle, est d'avoir été trop modeste dans sa manière d'évoquer ses exploits. "Il fait de toutes les montagnes qu'il a escaladées des taupinières, et relate comme de minces incidents des histoires vraies qu'un homme moins modeste aurait transformées en épopée".   "L'homme est effrayé, au fond, par l'idée du temps. Il ne trouve pas son équilibre par suite de son déplacement incessant entre le passé et le futur. Quand le souffle passait en sifflant au-dessus de ma tête, c'était le vent dans les grands arbres de la forêt, et non la pluie. Quand il rasait le sol, c'était le vent dans les buissons et les hautes herbes, mais ce n'était pas la pluie". La même remarque conviendrait aussi bien à la vie de Beryl Merkham dont les prouesses comptent un nombre incalculable de vols de nuit et d'atterrissages très périlleux, plusieurs vols du Kenya en Angleterre, et la traversée en solitaire de l'Atlantique. Autant de performances qui sont présentées comme des exercices somme toute assez ordinaires. Cette modestie qui contraste avec la vivacité de l'auteur n'a rien d'artificiel et elle n'empêche d'imaginer les obstacles que cette femme d'exception a dû surmonter tout au long de sa vie. Il n'était pas possible de défier l'ordre social des années 1920 et 30, de s'arroger des droits qu'on refusait aux femmes à l'époque et de se faire une place au sein d'un univers masculin bien gardé sans être la proie de féroces critiques. "Les êtres qui rêvent pendant leur sommeil éprouvent une satisfaction particulière et profonde, inconnue du monde diurne, une forme d'extase assez passive, une légèreté du cœur semblable à celle procurée par du miel sur la langue. Le véritable ravissement du rêve réside dans le sentiment de liberté sans bornes qu'il apporte avec lui. Ce n'est point la liberté du tyran qui impose son bon vouloir au monde, mais celle de l'artiste libéré de la volonté. Ce n'est pas le sujet du rêve qui donne ce bonheur distinct, mais le fait que, dans le rêve, tout se passe sans le moindre effort, sans hâte ni rupture. Ainsi, celui qui rêve sent la liberté qui l'entoure et l'habite comme une lumière et un air des sommets, un bonheur surnaturel. Le rêveur est l'élu, une personne comblée qui n'a pas à intervenir dans ce qui arrive, tout lui apporte richesse et plaisir. Il prend part à une grande bataille, une battue ou un bal, et, au milieu de cela, se demande pourquoi il reçoit tant de faveurs en restant toujours allongé. Quand vous commencez à perdre ce sentiment de liberté, quand la nécessité fait irruption dans le monde du rêve, quand pointe une exigence de hâte et d'effort, que ce soit une lettre à écrire ou un train à prendre, quand il faut se donner de la peine pour faire galoper les destriers du rêve ou éviter qu'ils ne fassent long feu, alors vos rêves sont sur le point de s'achever et de se muer en cauchemar, une forme de rêve vulgaire et mauvaise". Aucun palais n'aurait pu retenir celle dont la vie était traversée par une violence silencieuse qui la poussait à tout détruire sur son passage. Beryl Markham est à jamais l'enfant d'un monde premier dont elle a vécu les derniers instants. Ayant survécu à la cruauté d'une mère qui pouvait vivre sans elle, elle finit par intégrer l'idée, que quelle que soit l'intensité de la douleur infligée, aussi irréparable que soit la perte, l'homme doit faire face et de tout supporter. De quoi créer un égocentrisme farouche. Ce qu'elle fit.   Bibliographie et références:    - Beryl Markham, "West with the night" - Karen Blixen, "Afrique, terre de liberté" - Katell Faria, "Les aventurières du ciel" - Errol Trzebinski, "The lives of Beryl Markham" - Sara Wheeler, "The Life of Denys Finch Hatton" - Judith Thurman, "Karen Blixen" - Nathalie Skowronek, "Karen et moi" - Dominique de Saint Pern, "Baronne Blixen" - Paula McLain, "Beryl Markham" - Sally Shuttleworth, "Fly with Beryl Markham" - Ulf Aschan, "The man whom women loved"   Bonne lecture à toutes et à tous.   Méridienne d'un soir.
473 vues 6 aime
Par : le 05/10/23
"Je regardais autour de moi pour ne découvrir que la destruction la plus totale de la peinture. La banalité dans laquelle l'art avait sombré m'inspirait du dégoût. J'étais révoltée. Je recherchais un métier qui n'existait plus. Je travaillais très vite avec un pinceau souple. J'étais en quête de technique, de métier, de simplicité et de bon goût. Mon but: ne pas copier. Créer un nouveau style, des couleurs lumineuses et brillantes, retrouver l'élégance dans mes modèles". Elle aimait le champagne, les bijoux, les fourrures, les toilettes de Poiret et de Chanel. D'une élégance racée digne de Greta Garbo ou de Marlene Dietrich, Tamara de Lempicka (1898-1980) est une artiste et une personnalité mondaine du Paris de l'entre-deux-guerres. Ses tableaux, principalement, des portraits et des nus féminins, mélangeant esthétique moderne et maniérisme, sont à l'image des Années folles. Lempicka, dont l'œuvre ne ressemble à aucune autre, a su créer son style. Sulfureuse, émancipée, à la bisexualité déclarée, autant fascinante que dérangeante pour l'époque, elle est la peintre icône du style Art déco. Un graphisme, un trait, des ombres, un style Lempicka. Et puis derrière l'œuvre, ou en parallèle, comme toujours, il y a la personne, l'âme, la femme: Tamara, née Maria Gorska, à Varsovie en 1898, d'une mère polonaise et d’un père juif russe. Ses premières émotions artistiques, elle les ressent à douze ans, à la découverte des peintres de la Renaissance lors d’un voyage en Italie. Elle entame plus tard des études d'art, qu'elle abandonne pour se marier à un comte, Tadeusz de Lempicki. Avec lui, elle doit quitter la Russie et son confort aristocratique, lors de la révolution bolchévique, abandonnant tout sur place, pour rejoindre Paris. Paris qui lui ouvre ses portes, celles de sa future émancipation, et qui lui permet de reprendre, à vingt ans, ses études d’art. Sur sa route, elle rencontre un professeur, un mentor, déterminant, André Lhote. Elle devient la portraitiste du Paris huppé le jour, et la sulfureuse jeune femme plongeant dans l’ivresse noctambule parisienne, à l’heure où les masques tombent, où l’on ose tout. Elle y laisse libre cours à son attirance pour les corps, voluptueux , féminins comme masculins. Une source d’inspiration et même plus, une nourriture pour la peintre en devenir, dont elle ne se rassasie pas. Ainsi, sans tabou, elle délaisse foyer, mari et fillette, pour briller le soir dans les salons mondains où elle croise marquis et duchesses, mais aussi le fleuron du monde artistique underground, Cocteau, Colette, et ensuite finir ses nuits au bras de son ami André Gide dans les cabarets de la capitale, jusqu’aux clubs travestis, le cheveu plaqué et en costume d’homme, attirant dans sa toile ses futures modèles. "Tu n’es pas une femme ! Tu es un monstre ! Un monstre d’égoïsme et de vanité !" lui crie son mari.   "Non, je ne suis pas un monstre ! Je suis une femme ! Je suis même l’incarnation de la femme ! Une femme moderne qui fait de sa vie, ce qu’elle a décidé d'en faire", lui répond-elle. Une modernité et une sensualité que l'on retrouve dans ses œuvres du moment, ces fameuses années folles. "Pensez au rythme qu’il faut insuffler sur le tableau. Travaillez vos diagonales" lui dit le professeur Lhote. Bientôt, l'élève dépassera le maître. Les nus signés Lempicka font parler d’eux, laissant dans leur sillage un parfum de scandale, exemple lors d’un vernissage, au cours duquel elle met en scène l’une de ses modèles, entièrement nue, à peine couverte par les coquillages et toasts destinés aux invités, telle un plateau vivant prêt à déguster tout offert au public. Et puis il y a la rencontre avec la muse, Rafaëla, aux courbes si généreuses, aux ombres suaves, aux chairs palpitantes, qui "possède ce don divin de déclencher le désir rien qu’en la regardant", celle qui devient "La belle Rafaëla", l’un des tableaux les plus illustres de l’œuvre de l’artiste, le plus beau nu du XXème siècle selon ses admirateurs. Durant les années art déco, elle fut aussi, parmi d'autres, de Louise Brooks à Coco Chanel, l’un des visages incarnant le style garçonne, l’expression d’un des premiers mouvements sociaux de poids qui contribueront à faire naitre le féminisme. Une vision haute couture des femmes au sortir de la guerre, cheveux coupés et corset abandonné après avoir dû remplacer dans les usines et les champs, les hommes alors sur le front. Plus tard, dans les années 1960, consciente de faire partie de cet ancien monde, l'artiste tente de relancer sa carrière à Paris. Révisant sa technique, elle adopte le couteau, mais le public n’est pas au rendez-vous. Délaissant Paris, elle rejoint encore les États-Unis puis le Mexique où elle meurt à l’âge de quatre-vingt-un ans.   "Avant toute chose, pour réussir dans la vie, il faut ne penser qu’à ça. Le verbe aimer est difficile à conjuguer: son passé n'est pas simple, son présent n'est qu'indicatif, son futur est toujours conditionnel. Les rêves sont la littérature du sommeil. Même les plus étranges composent avec des souvenirs. Le meilleur d'un rêve s'évapore le matin. Il reste le sentiment d'un volume, le fantôme d'une péripétie, le souvenir d'un souvenir, l'ombre d'une ombre". Joséphine Baker, Tamara de Lempika, Hélène Boucher, Suzanne Lenglen, Joan Bennett, Mistinguett, Greta Garbo, autant de femmes célèbres qui forgèrent la légende du glamour des années folles. Si leurs noms et leurs silhouettes nous sont familières: corps sportifs et élancés, cheveux courts coiffés de petits chapeaux cloches, manteaux manches chauve-souris sur pantalons fluides, c’est que le cinématographe les immortalisa. Alors au service de la femme moderne, une femme émancipée par la première guerre mondiale, engagée et active, les créateurs de cosmétiques ou d’accessoires redoublent de fantaisie et de faste. À la suite de Paul Poiret, premier couturier français à créer son propre parfum en 1911, Jeanne Lanvin propose Arpège, en 1927, dans une bouteille goutte mordorée. Renée Lalique, Coty ou Jean Patou embrassent la tendance et multiplient les fragrances aux flacons géométriques fantaisistes. Au "Petit Echo de la Mode" succèdent les magazines "Vogue" ou "Eve", diffusant tendances et interviews de starlettes et championnes, nouvelles égéries d’une société en mutation. Tenues de soirées, souliers à boucles, pochettes du soir et affiches de mode déclinent la femme sous toutes ses coutures, mi garçonne mi amazone. Ainsi, les robes de facture française permettent de saisir l’élégance des lignes souples de cette nouvelle Eve. La femme chinoise de cette époque, silhouette magnifiée par la qipao et le cinéma shanghaïen, succombe, elle aussi a cette mode gracile et plus fluide, en témoignent les photographies de l’actrice sino-américaine Anna May Wong. S’il est un domaine où l’expression "Années folles" s’est imposée avec constance, c’est sans doute l’histoire de l’art. Bien que les continuités soient en vérité très fortes avec la période précédente, une génération d’artistes s’affirme en rupture avec les normes et le bon goût dominants, recherchant l’audace, l’interdit, allant parfois jusqu’à revendiquer l’anti-art. Avant-gardistes, ces créateurs le sont dans leur rejet des conventions, à la fois dans leur art et, souvent, dans leur mode de vie. La portée de leurs gestes et de leurs œuvres diffère cependant. Si, succédant au mouvement dada, le surréalisme promeut le rêve et la révolution, les nouvelles bohèmes qui voient le jour dans le domaine des arts plastiques et en littérature affirment moins leur volonté de transformer la société qu’elles n’assument en réalité leur marginalité, tandis que les expérimentations menées sur scène soulèvent la question de la place du spectateur. Les femmes se firent phare.   "Avancer toujours avancer, sans regarder en arrière, et ne penser qu'à l'avenir. Les miroirs feraient bien de réfléchir avant de renvoyer les images". Grâce à un talent inné pour la communication et la médiatisation, l'artiste a savamment construit son personnage de femme peintre. Furieusement à la mode dans l’entre-deux-guerres, elle intégra les codes de la société du spectacle naissante, créant des œuvres aussi efficaces que des affiches publicitaires ou des photos hollywoodiennes. Dans un film des actualités Pathé, projeté dans les cinémas français au début des années 1930, deux belles femmes déambulent dans Paris. Une brune un peu hiératique, et une blonde spectaculaire. Toutes deux portent des chapeaux d’homme, marchent avec l’assurance des mannequins de Madame Grès et fument cigarette sur cigarette. Surtout, elles osent s’installer sans chaperon dans un café, où elles flirtent ouvertement avec un homme. Ce film, qui sent passablement le soufre pour l’époque, est consacré ainsi à une journée type de la vie de Tamara de Lempicka. Tamara, c’est la femme blonde, aussi à l’aise que Garbo, son idole, devant l’objectif. Une figure du tout-Paris, et même du gotha international. Une aristocrate, émigrée polonaise, qui s’est fait un nom dans la peinture. La meilleure société, cette coffee society ancêtre de la moderne jet-set, veut être immortalisée sous ses pinceaux. La brune, c’est Ira Perrot, l'une de ses maîtresses. En l’exhibant ainsi devant des centaines de milliers de spectateurs potentiels, Tamara de Lempicka sait parfaitement ce qu’elle fait. Si elle est au sommet de sa carrière de peintre au début de cette décennie où s’annonce l’épouvantable orage de la seconde guerre mondiale, elle joue aussi le rôle de sa vie. Celui de la femme libérée, sans tabou. Elle construit sa légende. Comme l’écrit à son propos un journaliste, aussi épouvanté que sentencieux, répertoriant les nouvelles habitudes féminines de l’époque, entre conduite automobile, pratique du sport et sensualité affirmée. Ève est devenue l’égale d’Adam. En cette période qui suit de près le krach de 1929 et conserve le souvenir affreux de la boucherie de 1914-1918, tous les repères traditionnels sont alors remis en cause. Mais des débâcles, Tamara de Lempicka, née Tamara Gorska à Varsovie en 1898, en a affronté d’autres. Et elle a toujours triomphé. Étourdissante de culot et de confiance en elle, elle a un don pour survivre qui va de pair avec celui de se mettre en scène. Où a- t-elle acquis cette fantastique assurance ? Difficile de le savoir, tant l'irrésistible a menti toute sa vie sur sa biographie, pour être plus crédible sur le théâtre de son existence. Peut-être au cours d’une adolescence dorée et choyée. On sait qu’elle reçoit, auprès de sa sœur Adrienne, une excellente éducation, qu’elle séjourne dans les villégiatures élégantes et à la mode d’Europe, et que sa famille est liée à l’aristocratie russe.   "La journée est faite pour le travail, la nuit pour les plaisirs. C'est ainsi que fonctionne ma vie. Le tout dans l'audace, c'est de savoir jusqu'où on peut aller trop loin". Née le seize mai 1898 à Varsovie, fille de Boris Górski, un juif russe, et d'une mère polonaise, son enfance se passe dans un milieu aisé et cultivé entre Saint-Pétersbourg et Lausanne. En 1914, elle est retenue par la guerre à Saint-Pétersbourg où elle s'inscrit à l'Académie des Beaux-Arts. Elle épouse en 1916 Tadeusz Łempicki (1888-1951), un jeune avocat polonais. La révolution d'Octobre bouleverse sa vie et, après un court détour par Copenhague, elle gagne Paris. Elle y est recueillie par ses cousins qui l'ont précédée dans l'exil. Tamara commence alors avec beaucoup de ténacité une carrière de peintre. En 1920, à l'académie Ranson, elle reçoit l'enseignement de Maurice Denis et à l'académie de la Grande Chaumière, celle d'André Lhote. C'est là qu'elle forge peu à peu son style qui, dans une synthèse inattendue de l'art maniériste de la Renaissance et du néo-cubisme, va correspondre parfaitement à la mode de son époque. L'envol de sa carrière coïncide avec sa première exposition personnelle à Milan en 1925. C'est là qu'elle fait la connaissance de Gabriele D'Annunzio et de son entourage, aussi aristocratique qu'excentrique. Héros de la première guerre mondiale, il soutient le fascisme à ses débuts, s'en éloigne par la suite. Principal représentant du décadentisme italien, il reste aujourd'hui célèbre pour deux de ses sept romans, "L'Enfant de volupté" (1889) et "Les Vierges aux rochers" (1899). Passionné de vitesse et de sports mécaniques, et notamment de vitesse sur l'eau depuis l'expédition de Buccari, qui utilisait des bateaux à la pointe du progrès technique, équipés de très puissants moteurs Isotta Fraschini, D'Annunzio s'associe en 1927 avec Attilio Bisio, un ingénieur naval, pour une tentative de record de vitesse à bord du racer Spalato couronnée de succès. La vitesse est très à la mode. De toutes les clés incontournables de la machine, la pédale est, la première, familière aux femmes. Celle de la machine à coudre les rivait à la maison, celle de la voiture met la mobilité à disposition. Pourquoi ne pas y réfléchir ? Sous le pied, au pied, une machine d’une puissance inouïe, capable d’arracher les femmes à leur poids tellurique, de les rendre aériennes, de les libérer. Pour convaincre les femmes, il ne suffit pas d’améliorations techniques ni de confort en trompe l’œil. Et d’abord créer les fantasmes, en déclinant mille fois l’image-choc, celle de la collusion intime et non pas de la collision accidentelle entre la femme et la voiture. Faire de la voiture une image de femme. Pour la vendre, a- t-on usé et abusé de cette représentation, jusqu’à développer une sorte de sémiotique iconique du sexe ? L’image de la femme ne renvoie- t-elle pas d’abord à l’amour ? L’auto de course est un pénis, l’auto de ville une conque. Vénus peut y naître. À vos marques, artistes, écrivains, poètes. Transformer jusqu’à la mode, et la rendre synchrone.   "L'amour ne connaît pas de genre, le désir est universel, seule compte la liberté et le plaisir. L'avenir n'appartient à personne. Il n'y a pas de précurseur, il n'existe que des retardataires". Paul Poiret, précisément, présente en 1912 une collection portée par des top-models automobilistes de voilure allégée: aigrettes raccourcies au sabre, taille très souple, sans corsets, jupes-culottes protégeant la conductrice contre l’indiscrétion des voituriers de Maxim’s. Les constructeurs, grâce à Poiret, peuvent abaisser les toits des "conduites intérieures". Une double révolution. Sonia Delaunay va plus loin. Elle ose créer pour l’exposition des Arts Déco de 1925 une carrosserie de couleurs simultanées assorties aux robes et aux étoffes. Chanel, Patou, Molyneux rivalisent de tenues sport aux couleurs neutres, assorties aux carrosseries, beige, gris, noir. Leurs modèles de robes ou de manteaux s’appellent "torpedo", ou bien "cigarette". La boucle est achevée lorsque les concours d’élégance automobile font oublier qu’elle roule. Elle défile le long des plages à la mode. Le moteur réduit au silence par les caméras du muet. Luxe, calme et beauté. La vitesse qui effraie, et sent la mort, est abolie, escamotée. Il n’est pas question d’admettre que la voiture retire à la femme une once de féminité. Imposer l’image double est le must des publicitaires. Ils ont le plus extrême besoin d’une représentation tout à la fois irréelle et positive de la femme, pour matérialiser les ventes. On lui concède quelques aménagements luxueux à l’intérieur, pour donner le sentiment qu’elle peut y vivre et y paraître aussi avantageusement qu’en son boudoir. Un peuple d’artisans travaille à décorer l’intérieur, des carrossiers s’acharnent à concevoir l’extérieur comme une forme, un objet d’exposition, presque une œuvre. "Ma Bugatti est plus belle que toutes les œuvres d’art" dit alors le peintre Giacomo Bella. Et Colette, parlant dans Gigi de la voiture comme d’une robe: "Cette année là, les automobiles se portaient hautes et légèrement évasées". Tamara de Lempicka "divinité aux yeux d’acier de l’ère de l’automobile" pour le New York Times, pilote d’une Renault jaune vif s’immortalise alors dans son autoportrait "Tamara dans la Bugatti verte". La voiture n’est plus un objet d’art, mais un objet pour l’art. L’opération séduction est au sommet. La fascination pour les machines rapides, avions, automobiles et trains, s’affirme dans le fameux autoportrait de 1929 qui fait la couverture du magazine de mode allemand "Die Dame", où l’artiste se représente au volant d’une Bugatti verte, casquée et gantée. Le vertige qui saisit l’intelligentsia de la vieille Europe devant les gratte-ciel illuminés de New York, preuve irréfutable qu’un nouveau monde est né, se retrouve dans le célèbre "Nu aux buildings" de mars 1930. "Une femme seule est toujours en mauvaise compagnie. Ensemble à deux, elles se délectent de leurs sens. La beauté est une des ruses que la nature emploie pour attirer les êtres les uns vers les autres et s'assurer leur appui. Je suis un mensonge qui dit toujours la vérité". Elle ne quitte plus l’hôtel des Ioussoupov à Boulogne, que fréquentent des artistes comme le peintre Alexandre Iacovlev et le pianiste Arthur Rubinstein. C’est là qu’elle choisit alors le nouveau personnage qui va lui permettre d’obtenir ce qu’elle attend de la vie. Cette fois, le programme est plus ambitieux qu’une simple opération de séduction. Réussir, coûte que coûte, devenir célèbre et riche, acquérir la gloire qui réparera les outrages que l’histoire a infligés à sa jeune existence. Tadeusz s’étiole et Tamara la flamboyante s’est déjà lassée de lui. Elle a appris à peindre, comme bien des jeunes filles de la bonne société. Dans ce loisir destiné à la désennuyer en attendant un mari, elle a démontré des aptitudes certaines. Son choix est fait. Elle sera peintre. D’ailleurs, ne vit-elle pas à Paris, où d’excellents artistes qui font référence internationalement donnent des cours gratuits ? À l’académie de la Grande Chaumière, à deux pas de ce Montparnasse où rugissent le jazz et le surréalisme, Maurice Denis et André Lhote enseignent. Elle devient l’élève de ce nabi fou de lumière et de ce cubiste amoureux d’Ingres. Elle partage le credo de Maurice Denis selon lequel la peinture doit être décorative. De Lhote, qu’elle présente comme son maître essentiel, elle hérite le souci de la composition, de la répartition virtuose des lignes, des volumes et des couleurs sur la toile, l’obsession de créer un tableau d’emblée attirant pour l’œil. Son œuvre se nourrit aussi des influences des avant-gardes. Certes, Lempicka ne cède jamais au lâcher-prise surréaliste. Mais cette cosmopolite connaît fort bien le futurisme italien et les avant-gardes polonaises, leur travail sur le mouvement et le rythme. De toutes ces influences, elle fait son miel et élabore une peinture imparable. Immédiatement séduisante par sa composition. Suffisamment classique dans ses références pour séduire l’élite financière dont elle fait sa clientèle. Suffisamment fidèle à l’esprit du temps pour provoquer l’admiration de la critique et des intellectuels, de Gide à D’Annunzio. Car toute la frénésie de ces années qui pressentent le désastre, on la retrouve en arrière-plan des portraits qui font la gloire de Lempicka.   "Rien de plus beau que le corps d'une femme désirée par une autre. Dans la vie on ne regrette que ce qu'on n'a pas fait. De temps en temps, il faut se reposer de ne rien faire". Au fil des œuvres de Lempicka, les postures convulsives ou trop abandonnées des corps, les déformations volontaires des lignes suggèrent l’étourdissement auquel s’abandonne une société qui danse au bord du gouffre, entre cocktails surdosés et rythmes du jazz, s’enflamme pour les postures outrées du paso doble et la sensualité quasi animale de Joséphine Baker. "La Tunique rose" de 1927, portrait de la très alanguie et pulpeuse Rafaëla, prostituée du bois de Boulogne qui fut peut-être le grand amour de Tamara de Lempicka, évoque les corps qui exultent, le saphisme à la mode, paré de tous les attributs des garçonnes. Cheveux courts, regard charbonneux et poitrine arrogante. Elle participe pleinement à la vie artistique et mondaine parisienne où elle rencontre de nouveaux modèles: André Gide, Suzy Solidor, des industriels, des princes russes émigrés. En 1929, elle installe sa maison-atelier au numéro sept de la rue Méchain, dans le quatorzième arrondissement de Paris, conçue par le célèbre architecte Robert Mallet-Stevens, décoré par Adrienne Gorska, sa sœur, et illuminé par Jean Perzel. Sa vie amoureuse est agitée. Elle la partage entre Rafaëla et Suzy Solidor. De son vrai nom, Suzanne Marion, elle est chanteuse, actrice et romancière à ses heures perdues. Celle que l'on nomma "la Madone des matelots", fut une figure emblématique des années 1930. Symbole de la garçonne des "Années folles", elle a contribué à populariser auprès du grand public le milieu lesbien parisien. Elle apprend à conduire en 1916 et passe son permis l'année suivante, ce qui à l'époque était exceptionnel pour une femme. Peu avant l'armistice de 1918, promue chauffeur des états-majors, elle conduit des ambulances sur le front de l'Oise, puis de l'Aisne. Après la guerre, elle s'installe à Paris. C'est à cette époque qu'elle rencontre ainsi Yvonne de Bremond d'Ars, la célèbre et très mondaine antiquaire, qui sera sa compagne pendant onze ans. Ce fut Bremond d'Ars qui la première lança Solidor en tant qu’œuvre d'art et qui la présenta au public comme icône. "Elle m'a sculptée, déclarait Suzy Solidor". Après leur séparation en 1931, Suzy Solidor aura plusieurs liaisons avec des femmes. Elle se tourne vers la chanson en 1929, et prendra peu après le pseudonyme sous lequel elle est connue. Elle fait ses débuts à Deauville, au cabaret "Le Brummel". Son répertoire se compose essentiellement de chansons de marins et d’œuvres plus sensuelles, équivoques et audacieuses. Sa voix grave, quasi masculine, "une voix qui part du sexe" selon Jean Cocteau, son physique androgyne, ses cheveux blonds et sa frange au carré marquent les esprits. Tamara de Lempicka réalise alors son plus beau portrait. "Ce qu'on te reproche, cultive-le, c'est toi. Je ne suis ni gaie ni triste. Mais je peux être tout l'un ou tout l'autre avec excès. Dans la conversation, si l'âme circule, il m'arrive d'oublier les chagrins que je quitte, un mal dont je souffre, de m'oublier moi-même, tant les mots me grisent et entraînent les idées". Ces amazones font écho aux nouvelles idoles que l’artiste vénère, les sulfureuses vedettes du cinéma que sont Brooks, Dietrich et Garbo. Le septième art se transforme alors en culture de masse. Les foules oublient les rigueurs de la grande dépression dans de nouveaux temples, immenses salles de projection créées par des architectes spécialisés, notamment une certaine Ada de Montaut. Cette autre idole du Paris de l’époque, première femme membre de l’Union des artistes modernes, n’est autre qu’Adrienne, la sœur de Tamara. Ce n’est pas seulement pour cette raison que le peintre raffole du cinéma. Sa toute-puissance hypnotique l’inspire. Elle prend très au sérieux l’art de la pose des studios d’Hollywood. Elle le pratique au quotidien dans sa vie mondaine, ce qui lui vaut d’être occasionnellement le modèle de célèbres photographes de mode, comme Madame d’Ora. On retrouve l’influence de la photo de stars dans ses tableaux, où l’éclairage, comme des coups de projecteurs sur l’architecture des visages, sur les pleins et déliés des corps de femmes, appâte l’œil. L’art de l’affiche, à la fois étendard du cinéma, support de la publicité naissante et spécialité des avant-gardes polonaises, influence aussi sa peinture. Tamara de Lempicka utilise les mêmes méthodes d’opposition des couleurs pour donner encore plus d’impact à ses images. Les critiques de l’époque parlent de "l’immédiateté" de ses tableaux, et certains s’en plaignent au début des années 1930. Quelle frontière entre tant d’efficacité picturale et une forme de tricherie ? Qu’importe, l’artiste écrit un nouveau chapitre de son existence. Divorcée de Tadeusz depuis 1928, elle épouse en 1933 un amant de longue date, Raoul Kuffner, propriétaire terrien hongrois dont la famille a été anoblie par l’empereur d’Autriche. C’est un grand admirateur et collectionneur de ses toiles. La même année, appelée par Rufus Bush, un riche américain qui lui a commandé le portrait de sa fiancée, Tamara de Lempicka fait son premier voyage à New York. Outre le portrait de commande, elle exécutera sur place plusieurs tableaux, dont des études de gratte-ciel. Elle expose simultanément en Pologne (médaille de bronze à l'exposition internationale de Poznan), à Paris, dans quatre salons et à la célèbre galerie Colette Weil, et aux États-Unis au "Carnegie Institute" de Pittsburgh".   "On ne doit jamais reconnaître une femme à son style mais à son regard. La critique compare toujours. L'incomparable lui échappe". Dès qu’elle devient la richissime baronne Kuffner, Tamara change de vie et de peinture. Elle s’autorise ainsi une dépression. Est-ce un simple lâcher-prise, enfin, après tant d’efforts fournis pour parvenir à cette réussite sociale ? Le pressentiment de ce qui attend le monde, et plus particulièrement la Pologne qui l’a vue naître ? Ses tableaux se peuplent de créatures fragiles, enfants angéliques, vierges implorantes, tristes paysannes polonaises en fichu. En 1939, les Kuffner fuient l’Europe à feu et à sang pour s’installer aux États-Unis avec Kizette, la fille de Tamara et Tadeusz. New York et Hollywood, dont l’artiste a tant rêvé, deviennent sa deuxième patrie. Elle pose avec Garbo dans les magazines, dispense aux célébrités ses conseils de reine parisienne de la mode. Elle continue de peindre, s’oriente même vers l’abstraction à l’orée des années 1960. Mais quel rapport entre cette virtuose de la mise en scène sophistiquée des corps et la vague hippie qui s’annonce ? Après l'échec de son exposition de 1962 à la galerie "Iolas" de New York, elle quitte la scène artistique. Au tout début des années 1970, l’engouement pour l’esthétique Art Déco la met de nouveau sous le feu des projecteurs, mais elle se désintéresse alors du passé. Elle s’éteint, le dix-huit mars 1980, à l'âge de quatre-vingt-un ans dans sa retraite dorée de Cuernavaca, au Mexique. Aujourd’hui, ses toiles de la grande époque 1919-1939 atteignent des sommes folles. Les stars, comme Madonna, se les arrachent. Un destin rêvé pour cette pionnière du "star system". Malgré une production modeste, à peine cent cinquante tableaux, dans sa meilleure période, T. Lempicka occupe une place à part dans l'art du XXème siècle. Avec une stylisation néo-cubiste, ses œuvres, principalement des portraits, se caractérisent par un modelé accentué, des couleurs vives mais dans une gamme restreinte, mises en valeur par des fonds gris ou noirs. La composition très resserrée s'inspire du cadrage cinématographique. Brillante, belle et audacieuse, inclassable, mystérieuse et contradictoire, elle a fait de sa longue vie une succession de mises en scène très élaborées. Prônant le luxe et la modernité, elle aimait avant tout les femmes mais s'est mariée deux fois. Son œuvre se rattache au mouvement Art déco qui prend naissance en Belgique avant la première guerre mondiale. Il s’internationalise dans les années 1920 et 1930 puis décline. Il s’agit d’un mouvement artistique global qui concerne aussi l’architecture, la sculpture, la décoration. Influencé par le cubisme, il se caractérise par des formes géométriques arrondies, car les angles droits sont proscrits, et un goût pour l’ornementation répétitive. Ses plus grands succès sont des portraits qui restent classiques par le dessin apparent, la surface parfaitement lissée, les ombrages très appuyés. Ingres, le dernier grand portraitiste académique, utilisait la même technique. Les fonds, tout en nuances de gris, contrastent puissamment avec les couleurs vives habillant les figures. Le modelé des étoffes et des visages est travaillé avec soin, comme le faisaient les artistes de la Renaissance. Mais l’influence cubiste apparaît nettement dans l’assemblage des formes géométriques et dans le refus de la convention perspectiviste. Mais au-delà de son style, Tamara de Lempicka fait évoluer l’image de la femme. Cheveux courts, regard assuré, corps libéré, sensualité revendiquée, tout correspond au climat années folles dans les hautes sphères de la société et débouchera après la seconde guerre mondiale sur une réflexion (Simone de Beauvoir, "Le deuxième sexe") et de nombreux mouvements de libération des femmes dans les pays occidentaux. Tamara de Lempicka propose donc une lecture nouvelle de la féminité, d’autant que sa bisexualité assumée constituait un acte de liberté rarissime. Preuve qu'elle se considérait pleinement comme une artiste moderne.   Bibliographie et références: - Arsène Alexandre, "Le regard de Tamara de Lempicka" - Dictionnaire Bénézit, "Chapitre Art Déco, Tamara de Lempicka" - Jean Chanterlain, "Tamara de Lempicka" - Georges Anglade, "L'œuvre de Tamara de Lempicka" - Béatrice Reslin, "Art Déco et peinture: T. de Lempicka" - Kizette Foxhall, "Art and Times of Tamara De Lempicka" - Gioia Mori, "La vie de Tamara de Lempicka" - Gilles Néret, "L'art de Tamara de Lempicka" - Isabelle Mourgere, "Tamara de Lempicka, femme libre" - Tatiana Fromet de Rosnay, "Tamara par Tatania"   Bonne lecture à toutes et à tous.   Méridienne d'un soir.
663 vues 8 aime
Par : le 25/09/23
La question se pose : naissons-nous avec des tendances plus ou moins prononcées pour la domination ou la soumission ? La réponse me semble évidente et se résume en un seul mot : oui. Sauf que ce oui, selon moi, ne va pas sans un ’’mais’’. Vous conviendrez comme moi, enfin je l’espère, que l’homo sapiens est né il y a entre 150 000 et 200 000 ans. Certains parlent même de 300 000 ans… L’homo sapiens, c’est vous, c’est moi, c’est nous : son crâne et son cerveau ont la même forme que la nôtre… et donc, par définition, les mêmes aptitudes que celles que nous avons. La seule vraie nuance, c’est que cette humanité naissante a d’autres priorités… Se nourrir et survivre dans un milieu hostile. Alors oui, il y a de la domination et de la soumission mais elle est la même que celle que l’on voit encore de nos jours dans le monde animal : un mâle qui cherche à avoir la main mise sur toutes les femelles. L’humanité avance… et arrive dans le Néolithique. C’est la naissance des civilisations. Une autre hiérarchie s’installe, s’instaure : un ’’chef’’ unique, tout en haut de la pyramide, accompagné d’une poignée de ’’fidèles’’ juste en dessous, tandis que le reste de la structure est soutenue par un peuple qui subit plus ou moins, en fonction du statut de chacun, les décisions prises par le meneur. Cette pyramide est toujours d’actualité, même si elle a été maquillée à la fin du 19ème siècle. En effet, ce siècle de l’industrialisation naissante apporte son lot de problèmes aux meneurs et à leurs sbires : ils ne vont plus pouvoir tout cacher car on permet au petit peuple de s’informer, chose à laquelle il n’était pas invité jusque là. Ils optent alors pour des solutions qui sont celles que nous connaissons de nos jours. Pour bien comprendre mes propos et les associer au BDSM, je vais reprendre mes explications de la naissance des civilisations jusqu’à cette fin du 19ème siècle. Le petit peuple, donc la grande majorité de l’humanité, a d’autres choses à penser qu’à attacher, impacter ou toute autre pratique liée aux images que nous avons d’une relation entre une personne dominante et une personne dominée. L’idée première est de faire des enfants pour avoir de la main d’œuvre en sachant que, à cause de la famine ou encore des maladies et épidémies, cette main d’œuvre est précaire. Ce n’est donc que dans les hautes sphères que des personnes s’adonnent à des pratiques autres que la simple procréation utile voire essentielle. Plus que tout, ceux qui dirigent mettent aussi une pression supplémentaire en jouant avec la religion : si vous péchez, vous irez en enfer. Ainsi, dans sa grande majorité, le petit peuple obéit tandis que les dirigeants, grâce à leur pouvoir, leurs moyens démesurés comme à leur lassitude après avoir fait le tour du ’’classique’’, baignent alors dans l’homosexualité, la domination sexuelle ou autre, la pédophilie, etc... Les seuls récits que nous avons de telles pratiques, depuis l’aube de l’humanité, concernent seulement les dirigeants et non les dirigés alors que, bizarrement (ou pas) on trouve des récits plus ordinaires sur les dirigés, au fil de cette période… Ceci expliquant (peut-être) cela. Je reviens donc à l’aube du 20ème siècle, quand ceux qui tiennent les rênes comprennent qu’il va falloir lâcher du lest pour, au final, avoir encore plus d’emprise. Et voici ce qu’ils se disent : donnons-leur l’illusion qu’ils sont nos égaux. Donnons-leur la possibilité de dépenser, d’emprunter à outrance… Cela nous enrichira d’autant plus. Arrivent par exemple les congés payés qui, à bien y réfléchir, obligent à dépenser… et de vivre alors à crédit, la plupart du temps. Et n’oublions pas les divers autres crédits, ceux à la consommation notamment… et qui permettront, entre autres, d’acheter du matériel, des vêtements BDSM. J’ai conscience que vous qui lisez ceci, comme moi qui l’écris, sommes nés à une époque où nous avons eu ces informations… alors que nous avons, pour en revenir à l’Homo sapiens, le même cerveau quand lui n’avait aucune pensée BDSM. C’est donc bien l’information, celle voulue par ces dirigeants, qui a fait que nous nous sommes intéressés à cette pratique. Prenez ces peuples aborigènes ou indigènes (Brésil, Australie, etc...) qui sont de notre monde, de notre époque… Pas de BDSM chez eux. Parce qu’ils n’ont pas l’information… et je serais même curieux de savoir ce qu’ils pourraient voire sauraient en faire. Ces mot que j’écris le sont parce que j’en ai la possibilité. Mais, à l’échelle de l’humanité, il suffirait d’un tout petit bond en arrière pour que cela ne soit pas faisable, pour que vous et moi ayons d’autres pensées que celles qui nous motivent actuellement. Tout ça pour dire que, non, nous ne naissons pas avec des aptitudes à être des personnes dominantes ou soumises dans un esprit BDSM. Seule l’information, ce que l’on nous a permis de savoir fait que nous gravitons dans cet univers qui, qu’on le veuille ou non, reste l’apanage de ceux qui nous dirigent. Ceci dit, n’ayant comme vous qu’une vie, je fais avec mon temps… mais j’essaie au mieux de créer ma bulle dans ce monde qui nous trompe et qui n’a pas changé : les petits resteront petits et les grands toujours plus grands.
653 vues 1 like
Par : le 21/09/23
Mon besoin de sécurité émotionnelle a été comme un fil invisible qui s’enroulait autour de mon cœur à mesure que je grandissais. J'avais toujours été émotive, sensible aux moindres fluctuations de mon monde intérieur, et je savais que pour survivre à mon entrée dans le monde des adultes, je devais me protéger. C'était devenu une nécessité, presque une obsession. À l'aube de ma jeunesse, alors que je m'apprêtais à plonger dans le tumulte des études supérieures, je me tenais à la lisière de mon monde connu. Issue d'une famille bourgeoise et catholique, j'avais grandi dans un cocon de traditions et d'attentes, mais quelque chose en moi criait l'indépendance depuis aussi loin que je me souvienne. La rupture avec mes parents, riches et enracinés dans une noblesse de pacotille, était inévitable. Nos chemins s'étaient écartés de manière irréversible, comme deux trains filant en sens opposés sur des voies parallèles. Nous étions en opposition totale, non seulement sur les valeurs, mais aussi sur la place de la religion et sur la notion même de bourgeoisie. Leur monde était celui des apparences, des réceptions fastueuses et des conventions sociales rigides. Ils se drapaient de titres et de statuts, comme autant de médailles qu'ils arboraient fièrement. Pour eux, la richesse était un gage de respectabilité, la foi religieuse une nécessité incontestable, et la bourgeoisie un horizon indépassable. Moi, j'étais une rebelle depuis ma plus tendre enfance. Je ne me reconnaissais pas dans leurs valeurs superficielles, dans leurs préoccupations mondaines. J'étais une rêveuse, une âme en quête de vérité, d'authenticité. Mes années d'études avaient été une évasion nécessaire, une bouffée d'air frais qui avait ravivé mon esprit et piqué ma curiosité à de nombreux égards, emportée par l'excitation de tout ce qui était nouveau et différent. J’ai pu étancher ma soif de découverte dans cet environnement intellectuel exigeant, et je me suis épanouie au sein de cet univers qui me ressemblait bien davantage que celui proposé par ma famille conservatrice. Ce fut l’époque de mes premiers amours, ils ont éclairé ma route de leurs étincelles. J'ai découvert les arcanes de l'amour, ses détours délicieux et ses détresses douloureuses. Tout d’abord avec les garçons, puis plus naturellement avec les filles. Mon cœur émotif naviguait entre les espoirs et les déceptions, mais chaque expérience me rapprochait de la personne que je devenais. Je construisais des murs autour de moi, imperceptibles pour les autres mais solides comme de l'acier. Les personnes extérieures étaient tenues à distance, observées avec méfiance. Je me tenais en retrait, me préservant de leurs intentions, comme si j'avais le pouvoir de lire dans leurs âmes. Les plus douces, celles que je choisissais, étaient invitées à me rejoindre de l’autre côté des barrières que je m’étais évertuée à dresser pour me protéger. J'étais devenue une gardienne inflexible de mon bien-être émotionnel et ceux que je laissais entrer dans ma vie ne devaient jamais tenter d’en sortir, sous peine de subir mon courroux et de provoquer en moi une infinie tristesse. De fait, mes amitiés étaient rares mais inestimables. Je me suis entourée de quelques personnes qui partageaient ma vision du monde, des amis loyaux qui ont éclairé mes journées et adouci mes nuits. Avec eux, j'ai bâti des liens solides, des relations durables qui ont d’ailleurs survécu aux tempêtes de l'âge adulte. Ce désir de conservation était un fardeau lourd à porter, mais je connaissais autant ses effets positifs que négatifs. D'un côté, j'avais trouvé une stabilité intérieure, une paix que peu de gens pouvaient comprendre. J'étais ma propre forteresse, mon propre sanctuaire. Les perturbations de la vie pouvaient gronder à l'extérieur, mais à l'intérieur, j'étais en sécurité. D'un autre côté, ma nécessité constante de protection m'isolait. Je restais en marge, observant les autres vivre leurs vies avec une certaine distance. Les amitiés, les amours, tout devait passer par le prisme exigeant de ma sécurité émotionnelle. Je pouvais manquer des opportunités, des rencontres qui auraient pu m'enrichir. Je sais que cela est arrivé. Je vivais pourtant dans cette dualité permanente, entre le besoin impérieux de sécurité émotionnelle et désir secret de dépasser mes propres frontières. C'était une danse complexe, une lutte intérieure que je menais chaque jour. Je savais que la sécurité était mon trésor, ma bouée de sauvetage dans l'océan tumultueux de la vie. Mais parfois, je me demandais si, dans ma quête de stabilité, je n'avais pas laissé échapper quelque chose de précieux : la spontanéité, l'audace, la magie des connexions humaines qui se tissent dans la vulnérabilité partagée. Alors, j'avançais avec précaution, tentant de trouver un équilibre entre mon besoin de sécurité émotionnelle et le désir de laisser le monde entrer, de découvrir la beauté qui pouvait surgir lorsque l'on se risquait à être vulnérable. C'était un voyage continu, une exploration constante de moi-même, guidée par le fil fragile de cette nécessité profondément enracinée en moi. Cette quête incessante avait forgé en moi une force inattendue, une sorte de nécessité impérieuse de garder le contrôle. J’étais convaincue que pour préserver ma tranquillité intérieure, il fallait que je maîtrise chaque aspect de ma vie mais également une partie non négligeable de celle des autres. Cette conviction était adressée aux personnes qui auraient pu potentiellement me blesser, par mégarde ou par désintérêt. Je devinais le danger se loger autant au sein de mes amitiés que dans mes rapports amoureux. J'étais devenue une stratège, une tacticienne émotionnelle possessive qui se tenait à l'affût de la moindre menace. Les relations sentimentales étaient un terrain glissant où je ne pouvais m'empêcher de chercher à tout diriger. Je percevais chaque relation comme un défi, une bataille pour maintenir ma position de pouvoir. Je n'étais pas de celles qui se laissent submerger par l'amour, non, j'étais une rebelle, une insoumise qui ne laissait personne la surpasser. C'était une danse délicate, une confrontation silencieuse, parfois invisible pour l'autre. Je laissais mes sentiments s'épanouir, seulement lorsque j’exerçais un contrôle absolu. Bien entendu, je gardais toujours cette part de moi à l'abri des regards indiscrets, je ne prenais aucun risque. J'observais, j'analysais, je prévoyais chaque mouvement, anticipant les éventuelles menaces. J’ai appris à dominer les autres pour ne jamais avoir à l’être. Je ne connaissais rien au BDSM, à son décorum, ou à ses règles et coutumes, pourtant, sans même le savoir, certaines de mes pratiques pouvaient y être apparentées. Ainsi, en fonction de mes partenaires et de leur degré d’inclinaison, il n’était pas rare que je m’amuse à jouer sur leurs sens, leurs yeux étaient régulièrement bandés, leurs mains ligotées, et quelques mots crus pouvaient discrètement être murmurés à l’oreille des plus soumis(es), afin d’accompagner leurs orgasmes et ainsi les teinter d’une honte aussi dégradante qu’excitante. Cela n’allait jamais véritablement plus loin. L’exercice du pouvoir m’amusait énormément, posséder le corps et l’esprit d’une personne le temps d’une soirée était pour moi jouissif et devenait progressivement la norme à mes yeux. Sans véritablement m’en rendre compte, habitée par la passion, j’étais rapidement devenue dominante dans la totalité de mes rapports amoureux. Durant mes années à la faculté, j’étais cette jeune fille discrète et pensive au fond de l’amphi qui, sous ses airs d’étudiante modèle, passait ses heures de cours à réfléchir au meilleur moyen d’attacher sa copine à son lit le soir même, afin qu’elle soit totalement immobilisée et à sa merci. Et puis, lors de mon stage de fin d’études, il y a eu cette personne, le seul individu qui ait été en mesure de s'infiltrer dans mes défenses, et d’ébranler ma forteresse émotionnelle. Il était une âme rebelle, à l’instar de la mienne, quelqu’un qui ne se laissait jamais dominer, ni par Ses émotions, ni par celles des autres. J’ai rapidement été fascinée par Sa créativité, Sa passion débordante, et Sa très grande bienveillance. Cela prête à sourire aujourd’hui mais Il était mon maître de stage... J’étais subjuguée par Sa capacité à fédérer et Son autorité naturelle. Il était le leader inspirant et visionnaire de Son équipe, toujours à l’écoute, ne laissant personne sur le côté, pas même moi, petite stagiaire sans la moindre expérience professionnelle. Je n’ai pas su masquer mon attirance pour Lui très longtemps, curieusement, je ne fantasmais pas à l’idée d’en faire mon jouet comme j’en avais pris l’habitude, j’aimais relever des défis mais celui-ci me semblait insurmontable au regard de ce qu’Il dégageait, de Sa grandeur et de Sa répartie. Toute forme de combat contre Lui semblait perdu d’avance. Pour la première fois de ma vie, mon attirance pour quelqu’un n’était pas corrélée à ma soif de contrôle car je la savais inefficace et même inapplicable par avance. J’en venais à me questionner sur mes propres motivations à prendre le dessus sur toutes les personnes qui entraient dans ma vie, plus encore sur celles qui parvenaient à atteindre ma sphère privée et mon intimité sexuelle. Depuis toutes ces années, n’étais-je pas en train d’offrir à mes partenaires ce que je cherchais à vivre au plus profond de moi ? Dominer les autres était le meilleur moyen pour moi de toucher du doigt cette envie enfouie à laquelle je me sentais contrainte de renoncer, par méfiance, par crainte d’y prendre goût peut-être même. Je vivais mon désir par procuration. Notre rapport hiérarchique jouait pour beaucoup dans le développement de cette idée, recevoir des ordres n’avait jamais été aussi agréable, alors que je détestais l’idée même d’obéir. Déterminée à conquérir Son cœur déjà pris, j'ai puisé au plus profond de moi pour surmonter ma timidité et braver la peur cuisante de l'échec. Mon intention était de l'attirer, de susciter en Lui ce désir irrésistible de bâtir une histoire à deux. Plus Il arborait cette façade imperturbable, ce masque de froideur, plus mon propre désir s'intensifiait. Nous nous croisions régulièrement dans le café en face de l’agence, un lieu ou se réunissaient les membres de Son équipe après le travail. Il était devenu le théâtre de notre jeu de séduction silencieux. Les conversations anodines étaient ponctuées de sourires complices, de regards furtifs, de ces détails subtils qui en disaient bien plus long que des mots. Chacune de nos rencontres était une bataille de charme, une lutte d'émotions retenues, dissimulées derrière une élégance polie. Mais, un jour, j'ai pris l'initiative d'ajouter une touche d'inattendu à notre ballet. J'ai suivi l'impulsion de l'improvisation, comme une artiste de la séduction. Je l'ai invité à une exposition d'art contemporain, un peintre dont je ne connaissais absolument rien. L'excitation montait en moi, tout en sachant que je m'aventurais en terrain inconnu, que je risquais de dévoiler mes émotions de manière irrévocable. Il a accepté mon invitation avec cette aisance feinte, ce jeu subtil du chat et de la souris. Le jour de l'exposition, nous nous sommes retrouvés devant une série d'œuvres abstraites, de couleurs vives et de formes intrigantes. Je me suis lancée dans une description imaginaire des intentions de l'artiste, de sa démarche créative, comme si chaque toile renfermait un fragment de sa personnalité mystérieuse. Ce n’était pas brillant. À mesure que je parlais, Ses yeux se posaient sur moi, perçants, comme s'Il cherchait à lire mes pensées, à dévoiler les secrets cachés derrière mes mots, sinon Il avait compris depuis longtemps que j’affabulais depuis plusieurs minutes et cherchait à me faire comprendre que je pouvais m’interrompre. Nous étions seuls dans cette petite salle, isolés du reste du monde par cette bulle d'art absurde et d'attraction. À cet instant, j'ai décidé de franchir une nouvelle étape de notre jeu. J'ai laissé mes doigts effleurer les siens, une caresse légère, presque invisible. Il a tressailli, un frisson de surprise que j’ai volontairement traduit en désir traversant ses traits impassibles, pour me rassurer. Mon cœur battait la chamade, mais j'ai gardé mon sang-froid, mon sourire énigmatique. Cette rencontre fictive dans l'univers artistique s'est transformée en une danse envoûtante de sentiments et de désirs. Plus il résistait, plus je m'enflammait. Notre jeu de séduction, une toile complexe tissée de non-dits et de promesses, se déployait devant nous, une œuvre d'art en constante évolution. Il m’a embrassée, mon voile de pudeur s’est envolé.
17 vues 1 like
Par : le 19/09/23
"Oui c'est un mal de mourir, car si ce n'eût pas été un malheur, les dieux seraient morts eux-mêmes".Tout comme le monde animal où la conduite sexuelle peut parfois être non "conventionnelle", le genre humain a créé une multiplicité de comportements amoureux. En atteste, la pluralité des postures, des illustrations et des règles dans les divers composés d'un même corps social, dans des sociétés distinctes, étudiées à des âges différents. Le sexe humain est le seul à percevoir par le prisme historique cette originalité, cette réceptivité à la société et à l'exigence de faire corps. Il n'existe pas d'état de nature de la sexualité humaine, qui est toujours déjà une expression de l'histoire et de la culture. La construction culturelle ne vient donc pas censurer un prétendu instinct naturel, mais elle établit ou modifie les bases sociales de l'interaction sans laquelle rien de sexuel ne saurait jamais advenir. Longtemps pourtant, sexualité et reproduction humaines avaient fait à tel point partie intégrante de l'ordre du monde qu'elles n'étaient pas perçues comme un domaine à part, qui aurait obéi à des lois particulières. La procréation était inscrite dans une métaphysique, embrassant la nature et les corps, qui témoignaient d'un ordre des sexes immuable, et de sociétés se reproduisant à travers l'alliance et la filiation. Cet ordre a cessé d'aller de soi. Une étape importante est l'apparition en Occident, dans la seconde moitié du XIXème siècle, du terme même de sexualité et de savoirs qui la prennent pour objet, en rupture avec le discours religieux traditionnel sur la chair, parallèlement à l'invention de techniques et de disciplines du corps qui distinguent strictement le normal et l'anormal, comme l'a démontré Foucault dans le premier volume de son "Histoire de la sexualité." En dehors de l'obligation de la très stricte phallocratie des corps sociaux ancestraux, la femme grecque archaïque vivait une existence érotique où la mutualité était fondamentale et la passsion authentique. Alcman, poète spartiate du VIIème siècle, composait des poèmes destinés à des chœurs de jeunes filles. Celles-ci chantaient leur admiration et leur élan érotique pour plusieurs figures féminines. L’élan érotique se formulait selon une situation inverse à ce que l’on trouve dans les poèmes érotiques dits pédérastiques. La personne occupant une position supérieure était représentée comme l’objet du désir de celles qui lui étaient inférieures. Au yeux des hommes, la jeune fille était toujours objet du désir. Le cas des poèmes de Sappho est différent, car certains d’entre eux supposaient un auditoire complétement féminin. L’existence d’une asymétrie dans l’éros est essentielle pour comprendre les strophes où Sappho n’est pas protagoniste du rapport érotique, mais simplement assiste à un lien entre deux femmes. Il est essentiel d’utiliser ici le terme de "femme", car l’idée que les amies, les "phílai" étaient toutes des jeunes filles est un préjugé contemporain ou une surinterprétation littéraire.   "Si Jupiter voulait donner une reine aux fleurs, la rose serait la reine de toutes les fleurs". Les Grecs anciens ne se définissaient pas personnellement en fonction d’une sexualité, le sexe de la personne désirée n'était pas un critère pour définir et catégoriser un individu. Ils n’ont jamais considéré que pouvaient être regroupés dans une même catégorie d’individus des personnes, hommes et femmes, de tous statuts (citoyens, étrangers, esclaves), de toutes origines et de tous milieux sur le simple critère qu’ils étaient attirés par des personnes de l’autre sexe, ou sur le critère d’une attirance pour des personnes du même sexe. L’étude des textes montre que la première distinction perçue par les anciens n’est pas celle du sexe mais celle qui oppose les individus libres à ceux qui ne le sont pas, ceux qui disposent de leur corps et ceux dont le corps appartient à un maître, à savoir une timportante proportion de la population, la population servile. De façon générale, quand les grecs évoquaient les "ándres" ou "gynaîkes", ils désignaienr uniquement la population citoyenne, ou au mieux les individus libres (citoyens, affranchis, métèques, étrangers). De ce fait, ces termes n’ont pas le même sens aujourd’hui. Hommes, femmes, hétérosexualité et homosexualité n’existaient pas dans l’Antiquité. Les individus étaient classés selon le seul critère de leur appartenance à un groupe social bien déterminé et hermétique. Homère dans ses "Hymnes homériques" (VIIème siècle av. J.-C.) nous fournit des indications précieuses sur les diiférentes étapes de l'existence d’un homme libre. C'est ainsi que l'on peut dissocier successivement, l'enfance, l'adolescence, la jeunesse atteinte à vingt-et un-ans, la période adulte ou "néos", la maturité et l'âge de la sagesse ou la vieillesse. Cette subdivision ne s’adapte pas aux femmes. Chez elles, en effet, on trouve l’enfance; la nubilité ("parthenía"), qui dure plus ou moins quatre ans et qui est caractérisée par le désir érotique que la jeune fille suscite; la condition brève de jeune épouse (nýmphía) qui n’a pas enfanté; celle de femme adulte ("gunê"), qui est désormais devenu mère; la vieillesse quand la femme a perdu la possibilité d’enfanter. La future épouse, alors est donnée en mariage par son père ou son tuteur, parfois promise très tôt et avant même que la cérémonie du mariage ("gámos") ne soit célébrée. Enfin, les jeunes filles pouvaient être mariées avant d’avoir leurs premières menstruations. Les Grecs étaient plutôt indifférents à la virginité des filles. Les qualités que la société exigeait de la femme étaient la réserve et la discrétion. Sa parure la plus grande était le silence. Toutes ces qualités composaient la "sophrosuné", sagesse. Il était associé au féminin tout ce qui est posture de soumission et passivité, l’activité qualifiant le masculin. Cela concernait les idéaux de la femme mariée, épouse de citoyen. L’homme grec avait pourtant une autre femme dans sa vie, un autre type de femme, l’hétaïre. Car les Grecs étaient aussi sereinement polygames que bisexuels.   "Beauté ne demeure que le temps d'un regard. Mais vertu aussitôt sera beauté demain". Dans les représentations des historiens, les femmes incarnent aussi le sexe faible par excellence. Faibles parce que sans aucune force physique. Cyrus promet de rendre le fleuve Gyndès si faible que que même "les femmes pourraient le traverser aisément sans se mouiller les genoux" (Hérodote). Le féminin est associé dans les représentations historiographiques à des caractéristiques physiques précises: peau claire, épilation, vêtements, bijoux, maquillage. La lubricité et la recherche excessive des plaisirs du corps ne conviennent donc pas à l'homme viril, l'historiographie comme l'ensemble de la littérature grecque montrent bien que ces vices sont bel et bien très féminins. Toujours d'après la coutume phallocratique de la Grèce archaïque et illustrée singulièrement par Pausanias et Homère, la femme est une créature inassouvissable, sans cesse en quête de sexe. Ces femmes soumises à une libido démesurée se retrouvent de même dans la comédie ancienne, qui regorge de ces représentations de femmes lubriques et ivrognes. Celles qui par exemple, chez Aristophane, planifient de faire la grève du sexe pour rétablir la paix dans la cité, ont peine à s'imaginer devoir vivre en se "privant de verges." Certaines de pratiques, cependant, échappent à ces critères et ont été peu étudiées jusqu’à présent. Il s’agit des relations sexuelles entre femmes. Loin de ce que l’on imagine aujourd’hui de l’"Amazone" ou de la femme débauchée et adonnée à la luxure, loin aussi des images d’Épinal des amours saphiques et éthérées, la littérature et les documents figurés se font l’écho d’attitudes et de représentations écrites par les poètes. Au début du XXIème siècle, les courants histoire des femmes et histoire de la sexualité confluent alors pour promouvoir une analyse des normes, porter une attention aux contextes où se trouvent formulées des catégorisations liées au corps, à ses pratiques et à son genre. La question de l’homosexualité féminine, souvent négligée dans les ouvrages consacrés aux femmes antiques et peu abordée dans les ouvrages généraux sur la sexualité ou l’homosexualité antiques, était essentiellement traitée à la fin du siècle dernier par les spécialistes de Sapphô. Elle a fait l’objet d’une étude spécifique, en 2007, par Sandra Boehringer, non sans susciter d’inattendues controverses, qui rappellent que le corps, la sexualité et le genre étaient, encore récemment, perçus comme des sujets peu légitimes dans le champ de l’histoire ancienne grecque. La régle de l'intégrité du corps libre n'est théoriquement pas à débattre. Idéalement, il en serait de même pour le principe de liberté qui devrait s'appliquer à tous les êtres humain, du genre masculin comme du genre féminin. Toutefois, il faut bien admettre que l'histoire vient les contredire jusqu'à les ignorer. Elle permet d’expliquer que la torture, par exemple, ait été réservée aux esclaves et que la prostitution ait été une activité de non-libres. De même, elle permettrait d’expliquer la mise en relation des maisons closes avec les institutions de la cité démocratique. Solon aurait créé ou favorisé la création de maisons closes publiques où les prostituées, des esclaves étaient mises à la disposition de tous les citoyens libres.   "La persuasion est fille d'Aphrodite." Cette offre était une manière de rendre, dans la pratique sexuelle, chaque citoyen égal à un autre et de toujours le placer dans une position de supériorité par rapport aux esclaves asservis aux plaisirs des maîtres. De leurs côtés, les courtisanes ou les hétaïres. Ces femmes étaient-elles des femmes libres ? De quelle manière étaient-elles rémunérées ? Dès lors, leur statut opérerait une sorte de différenciation entre la "pornê" démocratique et l’hétaïre des cercles aristocratiques, sans que la question du statut juridique de la femme impliquée dans ce commerce sexuel soit cruciale. Pourtant, les distinctions entre "pornai", "hetairai", "pallakai" et "gunaikes" sont toujours débattues, ainsi que les activités et fonctions qu’on leur prête. Si Homère relate les exploits des "Amazones", il faudra attendre le VIIème siècle av. J.-C., pour découvrir Sapphô et ses chants d'amours saphiques. la place des femmes a été une terre parcourue au moyen de l’outil anthropologique, grâce auquel l’histoire ancienne a négocié un important virage de méthode. En même temps, la question de la différence des sexes a suscité chez des historiens-anthropologues le souhait d’aborder le monde antique avec le regard de l’explorateur désireux de comprendre des pratiques étranges et non pas de les juger. Dès lors, l’homosexualité doit se comprendre au sens strict d’actes sexuels entre personnes du même sexe. Au Moyen Âge, une femme cherchant à avoir des rapports sexuels avec une autre femme est perçue comme masculine, parce qu’elle peut adopter un rôle actif. Dans la littérature médiévale, l’homosexualité est traitée à travers des euphémismes pour tenter d'enfouir "ce vice honteux contre-nature." Le relatif silence sur l’homosexualité féminine dénote une ambivalence. D'un côté, les pratiques sexuelles entre femmes semblent ne pas valoir la peine d’être étudiées, car elles ne représentent pas de véritables pratiques. De l’autre, le mystère et l’incompréhension qui les entourent, inspirent l’anxiété. Les communautés religieuses féminines étaient des espaces où les femmes ont pu avoir des opportunités d’avoir des rapports homo-érotiques. Des distinctions de classe apparurent une fois que l'homoérotisme féminin passa de mode. Le XIXème siècle fut celui des amitiés romantiques. C'est ainsi que la poétesse Emily Dickinson, abordée lors d'un précédent article, écrivit plus de trois cents lettres à Susan Gilbert. L'identité homosexuelle s'est peu à peu construite en Europe et aux États-Unis au début du XXème siècle. La femme lesbienne d'abord corsetée par son "anormalité de genre" s'est libérée d'elle-même et du regard des autres, non sans mérite mais aussi sans excès, parfois même sans provocation. La revendication sexuelle, non dénuée de bravades et de dangers, devint partie intégrante des mœurs lesbiennes en construction, et l'expérimentation sexuelle se répandit. La révolution sexuelle introduisit une différenciation entre identité et comportement sexuel. Beaucoup de femmes profitèrent de leur liberté nouvelle pour tenter de nouvelles expériences. Les hétérosexuelles consommèrent des rapports saphiques sans toutefois se redéfinir en faveur de leurs nouveaux goûts. L'indépendance farouche de ces femmes par rapport aux hommes, qu'elles considéraient comme des oppresseurs, fut le paradigme central du féminisme-lesbien et beaucoup de celles qui y adhéraient s'efforcèrent de faire sécession avec l'institution traditionnelle androcentrique. La deuxième vague féministe a vu l'émergence également du lesbianisme politique qui inclut mais ne se limite pas au séparatisme lesbien. Pour elles, l’intériorisation de la contrainte à l’hétérosexualité est leur ennemie. Il en va de même, selon toujours elles, de l'impossibilité pour la "lesbienne masculine" de satisfaire pleinement la "lesbienne féminine."   "Ah! ce désir d'aimer qui passe dans ton rire. Dès que je te regarde, je ne peux plus parler." Puisque cette dernière est une femme, il n’est que normal qu’elle aspire à la maternité et à la respectabilité sociale du foyer. Quant à la "lesbienne masculine" elle ne peut être qu’un "homme manqué", un substitut toujours en manque par rapport au modèle original. In fine, la lesbienne "masculine" doit donc laisser la lesbienne "féminine" aller vers son destin social, c’est-à-dire vers un homme. Ainsi la mort n’est que symbolique et la lesbienne au singulier se perd dans la solitude. On retrouve cette image dans l’approche développée par Simone de Beauvoir dans "Le Deuxième sexe." Le chapitre sur "la lesbienne" qui clôt la section "formation" du premier tome de l’ouvrage laisse entendre qu’il pourrait s’agir d’un type inédit de relations qui ne met pas la femme en position d’altérité mais en fait l'actrice de son histoire. C'est ce qui fait sa "solitude désespérée." Dès lors, les homosexuelles émancipées revendiquèrent un féminisme radical en récusant la place typée qu'elles s'étaient auparavant accordée à l'intérieur du corps social. De même, davantage politisées, elles firent secession avec le mouvement "gay" empreint selon elles d'un machisme résiduaire. Beaucoup d'entre elles refusèrent dès lors de militer à leurs côtés. Toutefois, les lesbiennes ayant une position plus essentialiste, à savoir celles qui se vivaient homosexuelles depuis la naissance, et qui n'avaient que faire de critères martiaux pour les définir, considérèrent que la position séparatiste des féministes lesbiennes qui utilisaient le terme de lesbienne pour qualifier exclusivement une orientation sexuelle, nuisaient à la cause homosexuelle. Le parti lesbien se dota d'une politique identitaire d'ordre, reconnaissons-le, plus heuristique que chronologique. Selon les tenantes de cette idéologie, être lesbienne, c’est se situer dans le déni ou l’impossibilité dans une société patriarcale et hétérosexiste. Cela relève largement du registre de l’insulte. Ce moment est caractérisé par la volonté d’affirmer ce qu’est une lesbienne, en cherchant à naviguer entre l’identité "femme" et l’identité "homosexuelle" qui disent certaines parties de l’expérience mais qui, simultanément nient cette expérience comme totalité et surtout dénient aux lesbiennes toute possibilité d’être des sujets de leur histoire. Cette phase apparaît caractéristique du destin tragique de "la" lesbienne. C'est ensuite, admettre, toujours selon elles, leur "excentricité." En effet, celle-ci prendrait naissance dans le combat contre l’identité assignée comme forme immédiatement perceptible de l’oppression. Dès lors, Il y aurait donc un double mouvement. D’abord, le refus de la binarité sexuelle hommes/femmes faisant apparaître d’autres positions sexuées. Il s’agirait là d’une identité militante qui ne pourrait se résumer à la posture combattante ou réactive. Elle se doublerait de la recherche du sujet excentrique, d’expérimentations sociales d’une société lesbienne, qui n’est certes pas une société réelle mais qui relèverait de la société "imaginée" d’un au-delà de l’hétérosexualité, une réécriture de soi dans le tâtonnement. Enfin, selon les théoriciennes du mouvement lesbien féministe, l'ultime phase s'incarnerait dans la pluralité communautaire. C'est à dire, se plaçant de l’au-delà de l’hétérosexisme. Il ne pourrait exister de lesbienne au singulier mais des lesbiennes au pluriel, à la fois pour marquer la dimension sociale du lesbianisme, mais aussi parce qu’il ne saurait y avoir de norme.   "On m'a jeté tant de pierre, que plus aucune ne m'effraie, le piège s'est fait haute tour." La constante réinvention de soi, qui se distingue de la politique parodique prônée par Butler, est essentielle à l’échappement à la catégorisation normative. S'engouffrant dans cette brèche, cela leur permettrait de s'auto-victimiser, introduisant alors la notion de "paria", en voyant dans quelle mesure elles auraient pu devenir des "parias" conscientes à travers le féminisme radical mais aussi des parvenues conséquemment à l’assimilation d’une partie de la contestation homosexuelle par l’ordre social hétérosexiste. De façon cynique, il leur serait même possible de prétendre bientôt que l’un des principaux effets du mouvement pour les droits des gays et des lesbiennes serait de rendre possible cette double dimension du statut de "paria" en levant l’hypothèque du déni, en la remplaçant partiellement par un système de droits. Le lesbianisme associé d’abord au féminisme radical, puis s’exprimant plutôt à travers le lesbianisme politique revenant partiellement au féminisme radical, a contribué largement à faire émerger les lesbiennes comme des actrices profondément engagées dans la critique de l’hétérosexisme en ce qu’il repose à la fois sur l’oppression des femmes par les hommes et sur l’institution hétérosexuelle comme modalité importante de cette oppression. Les critiques féministes des catégories de "genre" traditionnelles n’ont toutefois pas résolu le problème de la dysphorie de genre, ne serait-ce que parce que les études sociologiques n'ont guère eu d’influence sur les pratiques éducatives. Bien que la dysphorie de genre soit attestée dans des sociétés peu complexes, on peut penser qu’elle est amplifiée par les processus sociohistoriques donnant naissance au féminisme, venu modifier l’économie, la structure et la fonction de la socialisation. Selon les lesbiennes militantes, Il faudrait nier l’association entre le lesbianisme et la masculinité, non parce qu’elle n’aurait pas lieu d’être, mais parce qu’il existerait d’autres possibilités. Selon Adrienne Rich, l’orientation sexuelle et le particularisme de type serait des théories diamètralement opposées, quoique interconnectées. En témoignerait, selon l'universitaire, la profusion de variations genrées, profondément inscrites dans la race et dans l’ethnicité, que l’on observerait aujourd’hui dans la communauté lesbienne. Si beaucoup d'entre elles seraient masculines, la plupart aurait adopté alos un style mixte et nombre d’entre elles aurait une féminité marquée. La notoriété de Stephen Gordon a éclipsé des images plus ésotériques, moins typiquement britanniques, plus féminines de la lesbienne, telles "La décadente" de Renée Vivien, la bisexuelle de Colette ou "L’amazone" de Natalie Barney. L’idée que l'homosexuelle puisse être féminine contredirait la théorie congénitale à laquelle souscrivaient maint-e-s homosexuel·le·s de l’époque de Radclyffe Hall, car elle leur donnerait des arguments pour refuser de suivre des thérapies punitives. Dans "Le Puits", les femmes dont s’éprend Stephen sont féminines, y compris Mary qui de fait la séduit, bien qu’elle soit, nous dit Hall, "normale", autrement dit hétérosexuelle. Havelock Ellis conférait lui, davantage de consistance à la lesbienne à l’aise avec sa "féminité." Outre le roman de Radclyffe Hall, celui qui aurait mérité de devenir célèbre, c’est sans nul doute le premier, "The Unlit Lamp" (1924).   "Il me parait égal aux dieux l’homme qui, assis en face de toi, écoute ta douce voix et ton rire charmeur qui affole mon cœur". Mais, la palme du roman lesbien aurait dû revenir à l’"Orlando" de Virginia Woolf (1928) ou à l’œuvre de Natalie Barney. Depuis le début du XX ème siècle, l'image de "la lesbienne masculine" symbolise sur la scène publique, la nouvelle catégorie socio-sexuelle de "la lesbienne." Certaines parmi nos historiennes féministes déplorent l’apparition de "la lesbienne masculine" en raison de son association avec un archétype médical de la pathologie. Elles regardent le XIX ème siècle comme l’âge d’or lesbien peuplé de couples innocemment amoureux. L'unification des aspirations féministes et de l'homosexualité féminine a été réalisée par le psychiatre germano-autrichien Richard von Krafft-Ebing. Dans "Psychopathia sexualis", il classe les lesbiennes en quatre types masculins de plus en plus déviants. Pour lui, non seulement la lesbienne la plus "dégénérée" est la plus masculine, mais de surcroît toute entorse au code vestimentaire, toute aspiration aux privilèges masculins est un symptôme de lesbianisme. Krafft-Ebing est si bien convaincu de la justesse de sa thèse que le trait féminin de cette femme, le seul qui soit indiscutablement biologique, pas "de barbe", est listé avec les traits masculins, comme s’il avait, lui aussi, valeur de démonstration. Ni homme, ni femme, l’invertie véritable est donc un être tiraillé entre deux catégories de genre, un "troisième sexe" ou une "âme prise au piège". Krafft-Ebing, Ellis et Freud ont tous associé cette figure aux manifestations du désir sexuel féminin et à la révolte féministe contre les rôles traditionnels, deux composantes qui les laissaient, au mieux ambivalents, au pire horrifiés. Comme les sexologues hommes, ils se servent du travestissement et de l’inversion de genre pour symboliser la sexualité lesbienne. Comment la "Nouvelle Femme" aurait-elle pu revendiquer de vivre pleinement sa sexualité ? Les hommes hétérosexuels ont utilisé cette distinction pour condamner les lesbiennes et intimider les femmes hétérosexuelles. Les peurs et les antagonismes qui nous opposent ont certainement affaibli le mouvement féministe moderne, et cela explique que les féministes lesbiennes se sont acharnées aujourd’hui à redéfinir le lesbianisme en tant qu’identification-femme, modèle qui d’ailleurs, cela mérite d’être relevé, met les féministes hétérosexuelles en position de faiblesse. Le lesbianisme ne serait-il pas tout simplement de l’ordre de la différence sexuelle ? Évidemment, plus les catégories de genre sont étroites et rigides, plus il est difficile de s’y sentir à l'aise dans son rôle. D’ailleurs, leur disparition entraînerait de facto celle du féminisme. À partir du moment où le désir sexuel des lesbiennes émancipées se mue en force politique, leur univers idéalisé bascule. Car de Sapphô à Monique Wittig en passant par Teresa de Lauretis ou encore Marie-Josèphe Bonnet, la serpe détrône ni plus ni moins la lyre. Dès lors, en dehors de toute théorie conceptuelle, l'idéologie homosexuelle féministe, en prônant une intransigeante identité ne fragilise t-elle pas bien malgré elle, par sa revendication extrémiste, la stricte égalité des genres ?     Bibliographie et références:   - Homère, "Iliade, IX" - Plutarque, "Erotikos, dialogue sur l'amour" - Plutarque, "Œuvres morales" - Sapphô, "Odes et fragments" - Thomas d'Aquin, "Commentaire de Paul" - Bonnie Zimmerman, "Lesbian histories" - Juliette Récamier, "Lettres à Madame de Staël" - Richard von Krafft-Ebing, "Psychopathia Sexualis" - Virginia Woolf, "Orlando, a biography" - Nicole Albert, "Saphisme et décadence" - Monique Wittig, "La Pensée straight" - Alice Coffin, "Le Génie lesbien" - Teresa de Lauretis, "The practice of love" - Adrienne Rich, "Blood, bread and poetry"   Bonne lecture à toutes et à tous.   Méridienne d'un soir.
731 vues 9 aime
Par : le 18/09/23
"Tout ne lui serait pas infligé à la fois, elle aurait le loisir de crier, de se débattre et de pleurer. On la laisserait respirer, mais quand elle aurait repris haleine, on recommencerait, jugeant non par ses cris ou ses larmes, mais par les traces plus ou moins vives ou durables, que les fouets laisseraient sur sa peau." Histoire d'O (Anne Cécile Desclos)     Les réponses à cette question ont très largement évolué avec le temps. Douleur et plaisir sont des sensations. Elles s'incarnent et permettent très tôt dans l'enfance de donner un espace au corps. Celui-ci se construit comme espace sensible traversé de perceptions tantôt déplaisantes, tantôt plaisantes. Le corps est initialement délimité par ces expériences. Le plaisir est tiré de la satisfaction des besoins tandis que le déplaisir provient de leur frustration. Au départ, le plaisir est lié à la survie tandis que le déplaisir indique une situation de danger vital. Il précède une possible disparition du sujet. Il se rattache donc à la mort. Plaisir et déplaisir sont donc respectivement articulés autour des notions de pulsions de vie et pulsions de mort. L'analyste décrit ainsi cette dualité. On considère habituellement le masochisme comme étant le fait de trouver du plaisir dans la souffrance, qu'elle soit physique ou morale. Ce n'est pas exactement cela, car le plaisir provient aussi des conséquences de la douleur, après la douleur ressentie. Le masochiste, lorsque son corps ou son âme est agressé, il souffre, il a mal, ce qui à l'instar de chacun génère une excitation psychique. De cette excitation, il trouvera dans certaines conditions sa jouissance. Le terme masochisme fut élaboré par le psychiatre austro-hongrois Richard Freiherr von Krafft-Ebing (1840 - 1902) à partir du nom de Leopold Ritter von Sacher-Masoch (1836 - 1895) qui décrivit ses fantasmes désormais masochistes dans un roman intitulé "La Vénus à la fourrure". D'ailleurs, Sacher-Masoch ne fut pas très heureux de cet honneur que lui fit Krafft-Ebing de désigner à partir de son nom ce que l'on considèrerait dorénavant comme une perversion sexuelle. Ne percevons-nous pas derrière l'appellation masochiste un jugement de valeur, une connotation morale qui, comme l'homosexualité, se voit qualifiée de perversion, alors qu'il s'agit de trouver son plaisir différemment du commun. La question est par conséquent de savoir s'il y a du mal à se faire du bien en se faisant mal ? Cela étant, comme dans le roman de Sacher-Masoch, cette question n'a d'intérêt que dans le cadre d'un masochisme sexuel assumé, ce qui est bien loin d'être toujours le cas, tant sur le versant sexuel qu'assumé, notamment pour ce qui est du masochisme moral. Le sadisme, terme développé à partir du nom du Marquis de Sade consiste, pour une personne, à infliger des souffrances à l’objet de son désir en vue d’accéder au plaisir. Le masochisme à l’inverse, consiste à recevoir, et à avoir besoin, de cette souffrance pour atteindre ce même plaisir. Les partenaires vont donc établir une relation de dominant/dominé, où la mise en œuvre de violences verbales, de sévices corporels va leur procurer une satisfaction intense pour le plaisir intense des deux.    Mais dans cette pratique longtemps considérée comme déviante et répréhensible, il faut faire une distinction entre violence et agressivité. La violence est une pression que l’on exerce sur l’autre, une contrainte. Elle blesse et détruit. La violence n’entraîne pas d’excitation, parce qu’elle nie l’existence de l’autre, elle ne lui accorde pas de liberté. Pour la psychanalyse, souffrance et jouissance comme amour et haine, tendresse et cruauté s’éprouvent dans une intrication de physiologique, de psychique, de psychosocial et, prenant source dans l’ambivalence des pulsions de vie et de mort, se confondent ou s’inversent dans l’extrême de la sensation. Mais les personnes adeptes de pratiques sadomasochistes encadrent, balisent, contrôlent leur violence qui, finalement, se résume à une agressivité consentie. De nos jours, le sadomasochisme, longtemps condamné par la société, est beaucoup mieux toléré. La médecine porte toujours au contraire un regard plutôt méfiant sur ce type de comportement, estimant que le sadisme relève d’une pathologie psychiatrique sévère; toutefois, le risque de rencontrer un réel sadique est rare, car les règles du jeu doivent être au départ définies par les partenaires. Il s’agit plus d’un comportement dominateur temporaire consenti, que d’un réel penchant pervers qui n’aurait pas de limites. Des limites doivent être fixées pour éviter les dérapages. Certaines pratiques sont dangereuses, car qui dit violence, dit blessures. Les partenaires auront donc établi un code (safeword) qui, lorsque utilisé par la personne qui se soumet, commande l’arrêt immédiat, sans discussion de l’action en cours. La sécurité est ici une condition non négociable, de la même manière qu’il faut bien mesurer l’impact de ces pratiques sur l’équilibre psychologique de chacun, en particulier sur celui de la dominée ou de la soumise. Dans les pays européens, le sadomasochisme n’est pas interdit par la loi tant qu’il se pratique entre deux adultes consentants. Et c’est là que se situe la limite. Même si le sadomasochisme repose sur une relation dominant/dominé, les sévices ne peuvent être infligés à l’autre sans son consentement. Sinon il s’agirait d’une agression caractérisée, et la victime serait ainsi en droit de porter plainte pour atteinte à son intégrité physique et/ou agression sexuelle. Les violences et humiliations que les partenaires s’autorisent ne sont pas indissociables du lien affectif qui les unit. Au contraire. Les rituels sadomasochistes reposent d'abord sur la confiance mutuelle de chacun envers l’autre, c’est pourquoi le sadomasochisme se pratique le plus souvent dans le cadre d’une relation de couple stable. S’adonner au sadomasochisme se décide à deux, et comme tout comportement sexuel, il n’est pas indépendant des sentiments qui existent entre les deux personnes. La dimension affective ou amoureuse est essentielle. Se retrouver sans préparation dans l’une ou l’autre des situations peut conduire à un échec voire au pire à un traumatisme. Le dialogue est indispensable.    Il est irraisonnable de réduire l'impression de bien-être ou de jouissance à sa seule expression biologique. Le plaisir lorsqu'il survient recouvre la sensation désagréable précédente; c'est l'expérience d'une tension déplaisante qui indique quel est le besoin à satisfaire (la faim, la soif,..). Leur résolution procure du plaisir. L'expérience désagréable est donc nécessaire à l'avènement du plaisir. Il est donc possible d'érotiser la douleur en prévision du plaisir qui viendra lors de son apaisement. De plus, le sentiment d'indignité dans le masochisme rend possible l'émergence d'un partenaire qui viendra le contredire. Le masochiste appelle donc un objet qui, en l'avalisant dans cette position, lui permet de prendre du plaisir. C'est le masochiste qui crée le sadique; en attirant sur lui ses foudres, le masochiste est en situation d'être porté et secouru; ce secours peut prendre la forme d'une punition. L'autre, même s'il punit, répond à une tension à contrôler. Lors des actions SM, nous percevons un passage à l'acte sexuel des tendances psychiques. La sexualité confronte à des représentations du corps qui touchent aux couples propre/sale, bien/mal; certaines parties du corps sont ainsi honteuses et attirantes (sexe, anus, …). Toutes pratiques sexuelles oscillent alors entre attirance et dégoût, douleur et plaisir. Dans le SM, cette alternance devient l'objet visé par la pulsion. La mise en œuvre sexuelle du masochisme réalise le fonctionnement psychique inconscient. Cette tendance est universelle. Posséder la douleur, c'est s'autoriser à la transformer, à la renverser en jouissance. Me concernant, de nature profondément masochiste, la douleur me grise et me plonge dans un état second. Le sadisme a une connotation négative dans nos sociétés. Il réfère à un acte délictueux, là où le masochisme correspond à une position de victime; hors des situations pénalement condamnables, le couple sadomasochiste est pourtant solidaire. Le sadique est convoqué par le masochiste qui détient le pouvoir. Il est maître de l'acte; c'est lui ou elle qui fixe le début et la fin des hostilités; le sadique n'est alors qu'un outil du masochiste. Il se plie au besoin de soumission et le rend possible. Les rapports fondés sur le pouvoir voire la violence sont courants dans la vie quotidienne; nous les retrouvons dans de nombreux systèmes hiérarchisés (entreprise, famille, …). Certains individus y sont dominés tandis que d'autres y sont dominants. La position adoptée dépend de la structure névrotique des êtres. Celle-ci est toujours liée au pouvoir, c'est-à-dire au rapport au phallus: le détenir, l'envier, le vouloir, le perdre, ou de la matrice pour une femme dominatrice. Le SM n'est donc pas une perversion mais l'expression dans la vie sexuelle de mouvements inconscients ordinaires. Dans une certaine mesure, en mettant en jeu les désirs les plus profonds, ces pratiques pimentant la sexualité, ne posent généralement aucun souci puisqu'elles sont fondées sur un profond respect et une écoute soutenue de l'autre. Le sadomasochisme actualise et réalise de façon positive une part des désirs inconscients informulés des partenaires.   Bonne lecture à toutes et à tous.   Méridienne d'un soir.
1000 vues 14 aime