La rubrique "Articles" regroupe vos histoires BDSM, vos confessions érotiques, vos partages d'expériences SM. Vos publications sur cette sortie de blog collectif peuvent aborder autant les sujets de la soumission, de la domination, du sado-masochisme, de fétichisme, de manière très générale ou en se contentrant très précisément sur certaines des pratiques quu vous connaissez en tant que dominatrice/dominateur ou soumise/soumis. Partager vos récits BDSM, vécus ou fantames est un moyen de partager vos pratiques et envies et à ce titre peut être un excellent moyen de trouver sur le site des partenaires dans vos lecteurs/lectrices. Nous vous rappelons que les histoires et confessions doivent être des écrits personnels. Il est interdit de copier/coller des articles sur d'autres sites pour se les approprier.
Par : le Il y a 2 heure(s)
Je ne t’ai pas touchée. Pas encore. Je t’ai seulement tenue avec des phrases qui savent où elles vont. Une laisse de mots. Calme. Discrète. Tenace. — Bonsoir. Ta première phrase avait la douceur d’une porte qui se referme sans bruit. Fin de journée, écran qui chauffe un peu les doigts. Nous n’avions rien promis. Et pourtant, tout était déjà là, contenu dans le silence entre deux messages. — Je lis depuis longtemps. Je ne sais pas comment dire… j’ai besoin d’être tenue. Tu te décris sans t’excuser. La quarantaine. Des formes faciles à aimer. De longs cheveux blonds qui te tombent dans le dos. Une voix qui se devine dans tes mots, basse, retenue. Je reconnais cette faim tranquille qui ne veut pas faire d’ombre, mais qui ne part jamais. Je réponds peu. Je coupe dans l’inutile. Je te fais de la place. — Tu veux quoi ? — De la clarté. De la douceur. De la fermeté. Il n’y a pas de hasard. Seulement une évidence posée là, comme une main ouverte. Je te parle de limites avant que le désir ne s’emballe. Pas une liste. Un cadre. Sobre. — Quand c’est trop, tu dis « ambre ». Si tu veux arrêter, tu dis « rouge ». Tu ne me dois pas plus que ce que tu choisis d’offrir. Je veille. Tu obéis. Je réponds. Tu marques un temps. J’entends presque ta respiration changer. — D’accord. Merci. Je souris sans le montrer. La nuit s’installe. L’écran devient la seule lampe. Je referme doucement la main. — Je ne te prendrai pas avec mon corps. Pas encore. Je te prendrai avec mes mots. Tu laisses tomber une hésitation, une goutte claire. — Oui, Maître. Je te fais simple. Deux rituels pour commencer. Une respiration pour le matin. Une autre pour le soir. — À 7 h, posture d’accueil. À genoux, ou assise si tu préfères. Tête inclinée. Dos long. Trois respirations lentes. Tu poses un mot pour ton jour. À 22 h 30, tu m’envoies trois phrases : « J’ai obéi à… » / « J’ai résisté à… » / « Demain, je… ». Ni plus, ni moins. Tu acceptes. Tu offres ta discipline comme on laisse la porte du jardin entrouverte. Les choses commencent toujours par une poignée. Celle-ci tient bien. Le lendemain, tu écris tôt. — J’ai choisi mon mot : douceur. Je ne te félicite pas. Je te confirme. — Reçu. Continue. Je ne presse pas. Je laisse mûrir. La tension naît d’elle-même quand le corps comprend que l’on ne le précipitera pas. L’esprit, alors, s’avance. La troisième nuit, je donne ta première mission. Aucun effet de manche. Une instruction propre, lisse. — Choisis une culotte. Coton si possible. Blanche si tu as. Tu la porteras chaque jour. Tu te caresseras parfois, sans jamais te prendre. Tu t’arrêteras avant de tomber. Tu respireras dans le manque. Tu la laisseras boire de toi. Tu l’emballeras ensuite. Tu la déposeras dans un jardin que je t’indiquerai. Nous ne nous verrons pas. Silence. Le genre de silence où l’on s’entend dire oui. Tes doigts doivent trembler. Je ne t’aide pas. Je n’ajoute rien. La laisse se tend par elle-même. — Oui, Maître. Je t’envoie un plan. Un petit jardin discret, traversé par un banc de pierre. Lieu autorisé, calme, presque oublié. Le midi, la lumière y descend en biais et s’endort sur les feuilles. On y entend une fontaine qui sait se taire. Les jours de denial commencent. J’écris peu. Tu écris mieux. — Jour 1. Tu racontes la chaleur fine du tissu contre toi. Le bord élastique qui marque la peau. La sensation quand tu croises les cuisses dans l’ascenseur. Tu dis que ton corps appelle, que tu lui réponds par la paume, deux minutes seulement, puis tu retires la main comme on retire une mèche du feu. Tu expliques sans crudité. Tu poses des mots clairs. Je te réponds à la mesure. — Deux minutes, puis trente secondes immobiles. Recommence une fois. Ensuite, mains à plat sur le ventre. Inspire. Laisse passer. Tu m’obéis. Tu m’écris le soir : trois phrases. Rien de trop. C’est juste. — J’ai obéi à la consigne. J’ai résisté à la seconde vague. Demain, je me tairai davantage. Je sens que la culotte t’apprend. Le coton prend ce qu’il doit. Sel, tiédeur, effluves. Une signature. Tu t’y tiens. — Jour 2. Tu avoues une micro-désobéissance. Tu as prolongé de dix secondes sans me le dire. Une piqûre de honte, vite. Je te recadre sans fracas. — Tu me dois la vérité, pas la perfection. Demain, tu reviendras au protocole. Tu me l’écriras en premier. Tu peux respirer. La nuit, tu m’envoies un vocal. Ta voix basse. Un peu râpeuse. Le frottement d’un drap. « Je porte. Ça chauffe. Ça colle. J’ai pensé à toi dans un supermarché, au rayon fruits. J’ai serré les dents. J’ai cessé. J’ai eu envie de pleurer, puis de rire. Je continue. » Je coupe le fichier. J’écoute le silence après. Il a la forme de ta soumission. Il tient. — Reçu. Tu fais bien. — Merci de me tenir. Jour 3. Le texte raccourcit. Tu économises tes mots pour économiser ta force. C’est bon signe. Tu listes ce que perçoivent tes sens. « Coton : humide. Peau : chaude. Odeur : plus marquée. Esprit : clair par moments, impatient souvent. » Je serre la laisse d’un cran. — Aujourd’hui, tu ne te caresseras qu’une fois. Soir, rideaux tirés. Deux minutes. Arrêt net. Prononce tout bas “calme” à l’expiration. Trois fois. Tu te coucheras sans chercher le sommeil. Il viendra. Tu appliques. Tu confirmes. Je te félicite sans éclat. La lumière basse fait son travail à notre place. Jour 4. Le tissu devient un langage. Tu apprends à t’y lire. Tu indiques le sillage qu’il laisse sur ta peau quand tu t’assois trop vite. Tu notes la petite morsure de l’élastique après l’escalier. Le midi, tu dis que l’air a une odeur d’écorce humide. Tu dis que ça t’apaise. Tu répètes « calme » sans que je te le demande. Tu m’offres de toi sans t’en rendre compte. J’accepte. — Ce soir, rien. Pas de main. Tu respireras seulement. Tu laisseras la chaleur monter puis redescendre toute seule. Tu noteras ce que ça fait à ta nuque, à ta poitrine, à ton ventre. Tu m’écriras ces trois endroits, et rien d’autre. J’aime quand tu te retires au lieu de te fuir. C’est là que je serre fort et que tu ne casses pas. Jour 5. Tu écris tôt. Une ligne. « La nuque : tiède, lourde. La poitrine : creuse, vive. Le ventre : docile. » Je relis. J’entends la place que tu me fais. — Aujourd’hui, tu prépareras l’enveloppe. Papier brun. Ficelle. Une carte blanche, petite. Tes initiales au dos, en crayon gris. Pas de parfum. Pas d’artifice. Tu enregistres un autre vocal. J’entends le froissement du papier. Le petit clic régulier de la ficelle qui glisse sous tes ongles. La fermeture d’une boîte. Son mat. Tu souffles dessus comme sur une bougie. « C’est prêt. C’est simple. C’est à toi. » À midi, je t’envoie l’heure et le point. En plein jour. Pas de cachette ridicule. Le banc de pierre. Côté ombre. Une pierre plate posée près du pied du banc t’attendra, comme un clin d’œil. Tu soulèves, tu glisses la boîte dans la cavité, tu remets la pierre. Tu t’éloignes. Voilà tout. — Tu ne m’attendras pas. Tu ne te retourneras pas. Tu reprendras ta route comme si de rien n’était. — Oui, Maître. La veille, je te parle d’aftercare. Pas un grand mot. Une vraie chose. — Après le dépôt, tu iras boire un verre d’eau, lentement. Tu enverras trois phrases : « C’est fait. » / « Je me sens… » / « Je respire. » Je répondrai. Je serai là. Ambre et rouge restent valides à chaque instant. Tu comprends ? — Je comprends. Je ne veux pas ambre. Je ne veux pas rouge. Je veux oui. Le jour dit, la lumière a cette clarté qui gomme les angles. Je suis en avance, à distance. Le jardin respire. Les feuilles font leur minuscule musique. On dirait que tout le quartier retient son souffle pour lui-même. Une heure avant l’heure, je glisse sous la pierre, dans la cavité, un ruban blanc roulé et une petite carte : « Porte‑moi. » Rien d’autre. Tu entres. Tes pas sont simples. Pas de théâtre. Un jean, un tee-shirt clair. Tes cheveux blonds serrés dans un élastique. Tu n’as rien de plus que l’essentiel. Je sens ta décision jusque dans ma paume. Tu fais le tour du banc comme si tu cherchais une ombre. Tu trouves la pierre. Tu la soulèves à peine. Cavité. Tu glisses la boîte, et tes doigts rencontrent un ruban blanc roulé, une petite carte. Tu les prends sans t’attarder, paume refermée. Froissement. La pierre reprend sa place avec un son feutré, plein, comme une note tenue. Rien ne déborde. Tu restes une demi-seconde de trop. Tu te retires. Tu pars. Tu ne te retournes pas. Je ne bouge pas. Je te laisse gagner la porte latérale. Tu disparais. Le jardin redevient un jardin. Je m’avance seulement alors. J’agenouille ma main sur la pierre. Je la soulève. La boîte est là. Elle a déjà pris la température du lieu. Je la prends comme on prend une offrande. Je la range sans l’ouvrir. Pas ici. Pas devant les feuilles.   Je m’en vais par l’autre issue. Nous gardons le jardin entier entre nous comme un témoin. Deux minutes plus tard, ton message arrive : « C’est fait. Je me sens légère et profondément tenue. Je respire. » Je t’envoie un vocal. Ma voix reste basse. « Reçue. Bien reçue. Tu as fait exactement ce que je t’ai demandé. Maintenant tu vas rentrer. Une douche tiède. Le ruban au poignet gauche. Trois respirations longues. Tu t’allongeras dix minutes, mains sur le ventre. Tu laisseras descendre. Ce soir, 22 h 30, tu m’écriras tes trois phrases. Et demain, nous parlerons de ton silence au banc. » Je garde la boîte fermée jusqu’à la nuit. Ce n’est pas une précaution. C’est une façon de respecter. J’aime le poids discret qu’elle a pris dans ma poche. Je la pose sur la table, chez moi, quand la lumière s’adoucit. Je défais la ficelle. Le bruit est presque une caresse. Le papier brun garde l’odeur du jour. La culotte est là, simple, blanche, devenue autre. Chaleur gardée, sel, effluves. Je la prends dans ma paume, doucement. Je la porte à mon visage. Je ferme les yeux. L’odeur me traverse. C’est dense. C’est chaud. Ça monte droit. Comme une morsure lente. Elle a ton nom. Elle a ton souffle. Elle a tes silences. Je respire plus fort. Je retiens. Puis je rouvre les yeux. Je suis là. Avec toi. Contre rien. Et c’est immense. Je referme. La lenteur est une prière quand on sait à qui l’on parle. Je te renvoie seulement : — Porte le ruban demain. T-shirt clair. Pauses de respiration à 10 h, 14 h, 18 h. Mot du jour : ancrage. Tu réponds vite. — Oui, Maître. Je coupe l’écran. Le silence tient la pièce. J’entends, dans la mémoire de mes doigts, la douceur mate du papier, le petit chuintement de la ficelle. J’entends aussi ta seconde de trop près du banc, celle où tout a basculé sans bouger. Nous ne nous sommes pas croisés. Nous nous savons. C’est plus charnel que toutes les mains. Demain, je resserrerai d’un cran. Rien d’autre. Rien de plus. Tu porteras le ruban comme on porte un secret qui respire. Et moi, je continuerai de te prendre avec mes mots, jusqu’à ce que tes silences disent oui avant même que tu écrives. La laisse ne se voit pas. Elle tient. Nous aussi.
13 vues 1 like