Catégories
La rubrique "Articles" regroupe vos histoires BDSM, vos confessions érotiques, vos partages d'expériences SM.
Vos publications sur cette sortie de blog collectif peuvent aborder autant les sujets de la soumission, de la domination, du sado-masochisme, de fétichisme, de manière très générale ou en se contentrant très précisément sur certaines des pratiques quu vous connaissez en tant que dominatrice/dominateur ou soumise/soumis. Partager vos récits BDSM, vécus ou fantames est un moyen de partager vos pratiques et envies et à ce titre peut être un excellent moyen de trouver sur le site des partenaires dans vos lecteurs/lectrices.
Nous vous rappelons que les histoires et confessions doivent être des écrits personnels. Il est interdit de copier/coller des articles sur d'autres sites pour se les approprier.
Le journaliste avait traversé un continent et une dignité pour arriver là. New York – Tucson – frontière mexicaine – puis un taxi déglingué dont les amortisseurs geignaient à chaque nid-de-poule comme une truie qu’on étrangle. Sur des heures de piste, il s’était enfoncé dans le cœur torride de la Sonora.
Le village de Tasir, s’il méritait ce nom, n’était qu’un agglomérat de taudis collés comme des croûtes de sel sur la peau sèche du désert. Juste du sable, des toits plats, des chiens faméliques, et des mômes aux yeux jaunes qui le dévisageaient comme s’il était un extraterrestre. Certains avaient ricané, en désignant cette bicoque. D’autres avaient mimé des gestes obscènes, le pouce dans le poing. Pas besoin de parler espagnol pour comprendre.
Il s’arrêta devant la baraque. Une triste masure en torchis, penchée comme un vieillard trop saoul pour tomber. Une chaleur lourde suintait des murs. L’air sentait la pisse de bouc et le mazout.
Et pourtant, sous la puanteur, flottait quelque chose d’autre. Un parfum entêtant. Une odeur de peau chaude, de foutre sec, de désir tourné en moisi.
C’était le plus étrange bordel dont le yankee ait jamais entendu parler. Ce qu’on racontait, ça tenait du délire : des filles sublimes, offertes à tout. Des corps de rêve pour des hommes miteux, malades, puants, édentés. Et tout ça pour une poignée de pesos. Pas de bavardage. Pas de préliminaires. Des bombes sexuelles muettes qui se laissaient baiser sans un mot. Personne ne savait d’où elles venaient, nul ne les ayant jamais entendues parler.
Une histoire diablement étonnante. Assez étonnante, en tout cas, pour qu’un journaleux de la grosse pomme accepte de traîner ses guêtres dans ce trou paumé.
Tiré de ses réflexions par les nuages de mouches bourdonnantes, le journaliste finit par toquer à la porte, une planche mal dégrossie, se demandant s’il avait bien fait de se déplacer jusqu’à ce bouge sordide. Un raclement lui indiqua qu’on venait.
La porte s’entrouvrit sur une brune. Nue sous un voile de coton trempé de sueur, collé à sa peau comme une seconde naissance. Des hanches pleines. Une bouche rouge, presque trop pulpeuse. Elle ne dit rien, lui tendit la main, l’invitant à entrer. L’américain se saisit des doigts les plus délicats qu’il ait tenus de sa vie et la suivit, subjugué.
L’intérieur sentait la moiteur, l’encens bon marché et la misère. Des ventilateurs en fin de course brassaient un air chaud, lourd, chargé de mouches. Des coussins défoncés jonchaient le sol. Des draps tachés, des lampes sans abat-jour, des murs qui suintaient d’humidité.
Et là… six, sept… peut-être huit filles magnifiques. Alanguies sur des banquettes déglinguées, jambes ouvertes, dos cambrés comme pour inviter une main à s’y poser. Des joyaux tombés dans la fange, taillés pour le vice. Et au centre, affalé comme un roi dans son trône de crasse : un mexicain trapu, torse velu, les bras larges, le regard sale. Ses dents ressemblaient à une nécropole. Sur ses genoux, une blonde incroyable, se laissant peloter comme une poupée.
Le mexicain pressait ses seins énormes comme des fruits trop mûrs, les triturant avec des doigts boudinés, collants de sueur. La fille, elle, ne bronchait pas. Au contraire. Elle entrouvrait la bouche, les yeux mi-clos, comme si tout cela n’était qu’un prélude banal à une baise prochaine.
— Tu la veux, gringo ? Deux cents pesos, et tu fais ce que tu veux avec. Sans capote si ça te fait plaisir.
Fenniway grimaça. Son regard glissa malgré lui vers les courbes de la blonde. Ses jambes entrouvertes, son ventre creusé, ses tétons dressés comme deux appels au crime.
— En réalité, je ne suis pas venu pour … consommer.
— Ah ouais ? Et tu viens pour quoi, alors ? Pour prier ? éructa le type, émettant une sorte de braiement qui se voulait un rire.
— Pour causer. Ou plutôt, vous écouter.
— ¡ Es loco, amigo !
— J’aimerai savoir pourquoi des filles pareilles acceptent de se prostituer dans votre… établissement, interrogea John, sans chercher à dissimuler sa répugnance. Et aussi d’où elles viennent. Et pourquoi elles ne parlent pas.
Le mac eut un rire gras. Un gargouillis entre le hoquet et l’insulte.
— Et pourquoi je t’expliquerais tout ça, cabrón ?
Le journaliste tira une épaisse liasse de sa veste.
— Voilà cent mille pesos qui me semblent être autant de bonnes raisons.
Le type haussa un sourcil. Claqua des doigts. Une rousse se leva. Presque nue. Un corps sculpté dans la luxure elle-même. Elle alla chercher un pichet et deux verres dégueulasses.
— Bueno l’américain… Seulement, il faudra garder tout ça pour toi. Ni una palabra a nadie. Si tu parles, je te fais égorger comme un chien !
Fenniway hocha la tête. Le mexicain tendit un verre. Fenniway le prit, le nez envahi par l’odeur âcre d’un mezcal de contrebande.
— ¡ Salud !
Le type but. Puis après avoir laissé échapper un rot satisfait, il le fixa droit dans les yeux.
— Ces poupées, ce sont pas des femmes ordinaires. Ce sont des filles de rêves…
John laissa échapper un rire sec.
— Oui, elles sont sublimes. Mais j’ai pas fait tout ce chemin pour une formule de poète raté.
— No, hombre. T’as rien pigé. Je dors, je rêve, et pouf… une fille apparaît. Vivante, Offerte.
John le fixa. Un long silence. Il aurait dû rire. Dire « c’est ça », et tourner les talons. Mais il n’y arriva pas. Il regardait la rousse. Elle ondulait, nue maintenant, comme si elle dansait au ralenti, les yeux mi-clos, offerte au néant.
Fenniway sentit une chaleur remonter dans son bas ventre. Quelque chose en lui voulait croire à cette absurdité.
— Tu veux la preuve ?
Le mac fit jaillir un long coutelas de l’étui en peau de serpent qui pendait à sa ceinture. Avant que John ait pu faire un geste, le mexicain avait tailladé le bras de la blonde. Fenniway laissa échapper un grognement, choqué par cette brutalité atroce, nauséeux à l’idée du sang qui n’allait pas tarder à pisser de la plaie béante.
Justement, aucun jet sanglant ne se produisit… Au lieu de ça, une sorte de sève blanchâtre se mit à sourdre des bords de l’entaille. Laquelle ne tarda pas à se recoller sous les yeux exorbités du journaliste, comme suturée par une fermeture éclair invisible.
— ¿Has visto? Es una encarnación de la fantasía …
L’incarnation d’un fantasme ? Des filles issues de l’esprit pervers d’un souteneur, prenant vie par génération spontanée ? Fenniway sentit vaciller sa raison. Il palpa le bras de la fille à l’endroit même de la coupure. Rien ! Pas la moindre rougeur, la plus légère boursouflure. La peau, fabuleusement douce, était exempte de tout stigmate.
— Et maintenant, tu me crois, cabrón ?
Fenniway avala lentement sa salive, regardant autour de lui. Ces corps, cette chaleur, ces visages vides, ces insectes qui tournaient. Et il sut qu’il venait de poser le pied dans quelque chose de bien plus incroyable — et plus obscène — qu’il ne l’avait imaginé.
— Ouais… je vous crois. Dites-moi… comment c’est arrivé ?
Alfonso resta silencieux un instant, les yeux dans le vague, un doigt grattant la touffe de poils poisseux sur son torse. Puis il hocha lentement la tête, comme s’il acceptait enfin de soulever le couvercle d’un secret trop lourd.
— C’est arrivé y’a deux ans. Pendant la fête de la Virgen. Tu sais, les dévots, les cierges, les morveux en costumes. Moi, j’avais jamais foutu les pieds dans une église. Mais ce soir-là, j’avais perdu un pari débile avec des cousins, et me voilà assis sur un banc, puant le mezcal, à essayer de pas m’endormir.
Il se gratta les couilles négligemment en se versant un verre.
— Et là… elle est apparue. Une créature céleste. Un ange. Elle s’assied à côté de moi. À la fin, elle se penche, me glisse un truc à l’oreille – j’ai rien compris, j’étais trop occupé à bander – et puis pouf. Disparue.
Il se tapa une gorgée, grimace de plaisir à l’appui.
— Le lendemain matin, j’ouvre les yeux… et là, y’a une nana à poil dans mon lit. C’était pas cet ange-là, mais presque. Une brune, peau dorée, seins parfaits, cul ferme. Sauf qu’elle parlait pas. Rien. Juste un sourire et du feu dans les yeux.
Il sourit, un rictus presque attendri.
— On a baisé comme des chiens en rut. Trois fois de suite, dès le réveil. Elle demandait que ça. Même pas besoin de parler. Tu bandais, elle ouvrait les cuisses.
Immobile, Fenniway l’écoutait, un filet de sueur coulant le long de sa tempe.
— Mais après deux jours, elle a commencé à changer. Sa peau devenait… translucide. Comme une vapeur. Ses traits flottaient, bougeaient, se barraient. Et puis un matin, elle s’est évaporée. Juste là, sous mes doigts. Pop. Plus rien.
Il claqua des doigts.
— J’ai cru devenir taré. Mais une semaine plus tard, paf ! Une autre. Une rousse cette fois. Et plus bonne encore, si c’est possible. Même scénario. Même silence. Même nymphomanie intégrale.
Il planta son regard dans celui de John.
— Tu piges ? Je rêve d’une gonzesse, elle apparaît. Nue. Affamée de queue. Et elle reste, tant que je continue à la désirer. Mais elles finissent toutes par partir. Elle se dissolvent et disparaissent.
Il soupira, s’essuya la bouche avec le dos de la main.
— Et plus je rêvais, plus ça marchait. Plus longtemps elles restaient. Plus nombreuses aussi. Bientôt, j’en avais trois, quatre en même temps. Elles se branlaient entre elles pendant que je reprenais un peu de vigeur. Et crois-moi, j’étais essoré. Mais incapable d’arrêter.
Il se passa la main sur la nuque, comme pris d’un frisson.
— C’était le paradis… et l’enfer. Un enfer à te faire jouir jusqu’à l’épuisement. J’allais y laisser ma peau.
Fenniway se racla la gorge, avalant difficilement sa salive.
— Alors j’ai commencé à les filer à des potes, discrètement. Des gars sûrs. Pas un n’a bronché. Comment veux-tu revenir à ta femme, après ça ?
Il rit.
— Et puis j’ai eu l’idée. Un bordel. Pas besoin de les nourrir, seulement de les loger. Elles veulent juste baiser, peu importe avec qui. Paysan galeux, flic véreux, touriste perdu : elles ouvrent les jambes et sourient.
Le silence retomba comme un drap moite.
Fenniway, blême, leva lentement la main, sortit la liasse et la tendit. Alfonso l’empocha sans cérémonie. Le journaliste se leva. Il avait la nausée, mais aussi cette excitation crue dans le bas-ventre. Une tension d’écriture. L’odeur du scoop. Il s’imaginait déjà rentrer à New York, taper à la Remington dans sa piaule de Brooklyn. Une page qui ferait trembler les lecteurs. Un Pulitzer, peut-être.
Mais alors qu’il atteignait la porte, Alfonso lança d’une voix pâteuse :
— ¡ Espera, amigo ! Prends Carmenita avec toi. Elle t’a à la bonne. Et il lui reste pas long à vivre. Autant qu’elle voie du pays avant.
La brune se tenait là, tout près, robe à moitié tombée sur les hanches. Elle battait des cils en souriant. Elle attendait, sublime et vide.
John la dévora du regard.
Il pensa aux photos. À la chair qui se reforme sous la lame. À l’effet qu’aurait une image de ce genre en pleine page du New-York Times. Il pensa aussi à un vieux médecin légiste à qui il avait déjà glissé quelques biftons pour fermer les yeux.
Il pensa, surtout, à ce corps. Avant la dissection. Avant les questions. Avant la disparition.
— Elle vient avec moi, dit-il.
— Bien, gringo. Bien. Bonne chance, souffla Alfonso en allumant un cigarillo avec un sourire de diable repu.
--ooOoo--
New York Times – 21 juin 1976
ÉDITION SPÉCIALE / FAITS DIVERS
UN JOURNALISTE RETROUVÉ ÉGORGÉ À BROOKLYN
Le corps sans vie de John R. Fenniway, 47 ans, journaliste indépendant, a été découvert ce samedi dans son appartement de Red Hook. Il était nu, assis devant sa machine à écrire, la gorge tranchée net.
Une page encore fraîchement dactylographiée relatait un récit à forte teneur sexuelle et surnaturelle.
Près du corps : un morceau de tissu féminin, ainsi que des traces de pas nus.
Un témoin affirme avoir aperçu une femme d’une beauté « incroyable », qui accompagnait Fenniway deux jours avant le drame.
La police lance un appel à témoins pour retrouver cette personne, la dernière à l’avoir vu vivant.
12 vues
1 like
Parfois le désir vous prend au bas-ventre comme une démangeaison.
Pas assez fort pour faire exploser un couple, mais trop présent pour disparaître.
Alors on reste là, coincé entre la routine du quotidien et cette furieuse envie d’autre chose.
On se dit qu’on n’a pas le temps.
Qu’on ne peut pas, qu’on ne doit pas.
Qu’on a une vie rangée, un lit partagé, des horaires, des enfants peut-être, des voisins qui entendent tout.
Bref, que le fantasme doit rester dans sa boîte.
Et pourtant.
Il y a ce besoin de se faire secouer. De se faire salir.
Ou de salir quelqu’un.
L’envie de réveiller ce qui sommeille en nous et parfois tape du poing.
Alors quoi ? Se lancer pour de vrai ?
La chair moite, la corde qui brûle, la voix qui ordonne ?
Ça fait peur quand on n’a jamais goûté.
Trop brutal, trop risqué.
Ça casse une vie trop bien tenue.
Et si on commençait autrement ?
Avec les mots.
Je parle pas des jolis mots, des phrases polies qu’on écrit au bureau.
Mais des mots qui griffent, qui claquent et qui collent.
Ces mots qui sentent le foutre et la peur, la honte délicieuse et l’envie de recommencer.
Écrire au lieu de frapper, lire au lieu de se faire attacher.
Construire une scène sur une page au lieu d’un lit défait.
Dit comme ça, ça peut paraître tiède.
Mais en réalité...
Il y a des phrases qui brûlent plus que les cordes.
Un ordre froid, sec, envoyé sans emoji, qui vous traverse le corps comme une gifle.
Un paragraphe bien senti qui vous ouvre les cuisses sans qu’aucune main ne vous touche.
On peut s’y perdre… sans se mettre en danger.
Deux cerveaux, deux sexes qui s’écrivent.
Sensations partagées, sévices imaginés.
La honte reste virtuelle.
Mais l’excitation, elle, est bien réelle.
Dans ce jeu-là, il y a un truc presque plus pervers.
C’est lent, et ça oblige à détailler.
À s’avouer ce qu’on veut vraiment.
À écrire, noir sur blanc, « j’aimerais qu’on me tienne en laisse et qu’on me prive de jouir jusqu’à ce que je supplie ».
Et ça, parfois, c’est plus humiliant qu’un genou à terre.
Alors oui, commencer par les mots, c’est un compromis.
Mais en soi, c’est aussi un kink.
Une faiblesse transformée en force.
Ne pas pouvoir posséder l’autre de ses mains… mais l’obliger à s’offrir par sa plume.
Ne pas pouvoir articuler des ordres… mais les glisser en silence, avec la certitude qu’ils seront lus, relus, enregistrés.
Est-ce que ça suffit ? Bien sûr que non.
Le manque des corps finit par se rappeler, frustration implacable.
Mais pour celles et ceux qui brûlent sans oser, c’est peut-être la première marche.
Un terrain d’essai, un laboratoire.
Un avant-goût qui n’abîme rien, mais qui, dedans, peut tout bouleverser.
Alors vous qui me lisez et qui hésitez, qui imaginez mais vous retenez…
Et si vous essayiez ?
Avec une phrase, puis une autre.
Jusqu’à ce que vos doigts tremblent sur le clavier.
Parce que parfois, la soumission commence par de simples mots tapés en silence.
190 vues
10 aime
Top rédacteurs
Sujets tendances