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La rubrique "Articles" regroupe vos histoires BDSM, vos confessions érotiques, vos partages d'expériences SM.
Vos publications sur cette sortie de blog collectif peuvent aborder autant les sujets de la soumission, de la domination, du sado-masochisme, de fétichisme, de manière très générale ou en se contentrant très précisément sur certaines des pratiques quu vous connaissez en tant que dominatrice/dominateur ou soumise/soumis. Partager vos récits BDSM, vécus ou fantames est un moyen de partager vos pratiques et envies et à ce titre peut être un excellent moyen de trouver sur le site des partenaires dans vos lecteurs/lectrices.
Nous vous rappelons que les histoires et confessions doivent être des écrits personnels. Il est interdit de copier/coller des articles sur d'autres sites pour se les approprier.
« Vous avez de la visite ! »
Je me plaque dos à la porte de ma cellule pour que le gardien me passe les menottes à travers l’ouverture prévue à cet effet.
Traverser les couloirs de la prison la plus sécurisée du pays, nue et menottée, est à chaque fois une épreuve. Décidément, je n’arrive pas à m’y faire. C’est humiliant.
Je pressens qu’il s’agit encore d’un journaliste qui veut m’interroger pour sa campagne de propagande. Je vais l’envoyer braire, comme tous ses prédécesseurs.
Le gardien qui m’accompagne jusqu’au parloir est recouvert de la tête au pied d’une combinaison protectrice. Sur mon chemin, tous ses collègues se tiennent à bonne distance. J’inspire la crainte, c’est indéniable. Au-delà d’un certain niveau la technologie est indiscernable de la sorcellerie.
« Qu’est-ce que vous avez fait à Microbite ? » se hasarde à me demander mon accompagnateur.
« C’est un monstre. Il a eu ce qu’il mérite »
« Moi non plus, je ne l’aimais pas beaucoup. Je lui trouvais un air un peu pervers »
Oui, juste un peu…
« Mais son épouse, elle n’y était pour rien. »
« C’est elle la dominatrice dans le couple. Il n’est qu’un pervers sous influence »
« Ah bon ? » s’exclame-t-il, incrédule.
« Comment vont-ils ? »
« Ils sont toujours hospitalisés. Ils ont le mal de mer du matin au soir. Leur vie est devenue un enfer. Les médecins ne trouvent rien ».
Ils ne trouveront rien… Coupe-zizi et sa marionnette mégalo ont de quoi méditer.
« Plus je vous connais, plus je vous trouve sympathique » me dit mon gardien. « Comment une fille comme vous a-t-elle pu sombrer dans le fascisme ? »
Je ne réponds pas. A quoi bon ? Comment pourrais-je, en quelques mots, effacer des années de propagande ? Tous ceux qui n’adhèrent pas aveuglément à l’idéologie de la suprême alliance sont des fascistes, des ennemis de la démocratie ! C’est une évidence martelée depuis si longtemps…
En entrant dans le parloir, je m’attends à voir encore une tête d’abruti. Mais… Surprise !
« Maître ! »
Je m’agenouille, yeux baissés, le cœur battant la chamade.
« Relève-toi, Ysideulte, et regarde-moi »
J’aurais tant aimé qu’il me prenne dans ses bras. Ou qu’il me baise sur le champ, sans préliminaires, après m’avoir giflée. Qu’il retire sa ceinture et qu’il me cogne sans ménagement. Oui, c’est ce que je voudrais. Il m’a tellement manqué. Mais une solide vitre blindée nous sépare.
Impossible de parler librement avec le gardien qui, bien que se tenant à bonne distance, écoute notre conversation. Alors nous nous bornons à des banalités. Mais cela me fait un bien fou.
C’est déjà l’heure. Mon Maître plaque sa main contre la vitre, m’invitant à en faire autant. Nos regards remplacent les mots. « C’est bien ce que vous voulez, Maître ? ». « Oui, Ysideulte, c’est ce que je veux et c’est un ordre ».
Nos mains plaquées face à face, de part et d’autre de la vitre, en guise d’au revoir. C’est symbolique, c’est émouvant. C’est certainement ce que se dit le gardien, qui, par compassion, nous accorde quelques minutes de plus. Pour l’heure, je suis la seule à sentir ce picotement allant crescendo au creux de ma paume, jusqu’à la fulgurante décharge.
« Aie ! Putain ! »
Eh oui, ça fait très mal… Maintenant vous aussi Maître, vous savez ce que ça fait.
Deux paires de minuscules trous, comme si l’épaisse vitre blindée avait été percée au laser. Ils sont trop petits pour que le gardien les remarque.
« Je t’ai apporté un cadeau » m’annonce mon Maître, une fois remis de ses émotions.
« Un NewBrain ! Merci Maître ». [1]
Cela n’a pas dû être facile. Je suppose que la sécurité l’a scanné et examiné de fond en comble pour se convaincre que ce n’est rien d’autre qu’une antiquité inoffensive.
« Ils vont te le livrer dans ta cellule »
« Savez-vous ce que sont devenus les esclaves, Maître ? »
« Ils sont libres. Les forces d’intervention ont été choquées par ce qu’elles ont vu. »
Même au sein de la pire tyrannie progressiste il y a donc encore une limite à ce que certaines personnes sont capables de tolérer.
La séparation d’avec celui qui est mon phare dans la vie est, comme toujours, un déchirement.
De retour en cellule je trépigne d’impatience en attendant la livraison de mon cadeau. Ah ! Le voilà enfin ! Maintenant il ne me reste plus qu’à brancher l’engin et faire semblant de tuer en temps en programmant cette antiquité. Pour donner le change, mon Maître y a joint un vieux bouquin : « Programmation du Z80 ».
# Bonjour Monsieur
De longues minutes s’écoulent. Le pangolin fou se fait attendre. Peut-être qu’il lui faut du temps pour synchroniser le code d’étalement [R1]. Et si je me faisais des idées ? Peut être que je n’aurai jamais de réponse et que cet objet n’est rien d’autre que l’antiquité qu’il a l’air d’être.
Déçue, je feuillette le livre. Une vieillerie qui a échappé aux autodafés, sans doute parce qu’il ne représente aucun enjeu idéologique.
Après un examen attentif, je découvre qu’il n’a d’ancien que l’apparence. Il a été artificiellement vieilli. Du beau travail. Quelque chose est bizarre sur la page 14. Les espaces entre les caractères présentent d’infimes variations [R2]. Même chose page 28, page 42, …
14, notre nombre fétiche à mon Maître et moi. Ce n’est certainement pas un hasard. Un code binaire, sans aucun doute. J’entreprends de décrypter les pages multiples de 14. Cela va me prendre des plombes, mais de toute façon je n’ai rien d’autre à faire dans cette cellule.
Je n’ai même pas besoin de me cacher. Des pages et des pages noircies de 0 et de 1. Cela ne peut être que l’œuvre d’une folle, se diront les gardiens.
Déjà le soir et l’heure de la fessée réglementaire. J’en ai à peine décrypté la moitié.
Aucun Maître fesseur n’a accepté de me fesser, même contre forte rémunération. Tous sont terrorisés à l’idée de connaître le même sort que le ministre de la Vérité et sa charmante épouse. Alors c’est la machine à fesser qui fait le travail. Chaque soir je dois subir cette humiliation, retransmise en direct à la télévision. Il paraît que la douleur causée par cette machine est insupportable, ce qui me semble plausible si j’en juge par l’état de mes fesses après chaque séance. Le plus difficile pour moi est de simuler la douleur pour éviter de susciter des questionnements. Dès le premier coup, les zébralyvox gémellaires [2] se concentrent dans mes fesses et me protègent. Je me force à crier, hurler, pleurer, pour ne pas éveiller les soupçons. Une fille qui supporte ces terribles coups sans broncher, ce serait suspect.
Enfin au bout ! Il ne me reste plus qu’à transférer le code dans la mémoire du NewBrain et une routine cachée dans la ROM fera le reste.
# Bonjour Monsieur
$ Bonjour Ysideulte
Ah, enfin !
# Que dois-je faire maintenant ?
$ Eh bien ! Vous allez droit au but.
# Comme vous, Monsieur.
$ Les probabilités vous sont favorables. Laissez-vous porter.
# C’est tout ?
$ Oui
# Microbite a dit que je vais être exécutée sur le pylône.
$ C’est ce qu’il a dit, oui, mais ce qu’il dit n’a aucune importance.
# Ah bon ? Je ne vais pas être suppliciée sur le pylône ?
$ Si.
Il m’énerve avec ses réponses lapidaires. Il m’inspire de l’admiration et pourtant j’ai parfois l’impression d’avoir affaire à un goujat de la pire espèce.
$ L’attracteur étrange est puissant [R3]. Quels que soient les caprices du hasard, il régulera le cours des évènements. Suivez votre intuition, il vous guidera.
Bien, je suis donc supposée faire confiance à ce Monsieur que je n’ai jamais vu et à cet attracteur capable de dompter le hasard.
# Pourquoi ne détruisez-vous pas cette tyrannie vous-même ? J’ai vu ce que vous avez fait à Davos. [3]
$ Je suis fort et fragile à la fois. Comme l’éléphant coincé dans la porte étroite. C’est vous qui détenez la clé.
# L’éléphant dans la porte étroite… Vous voulez parler de sodomie ?
$ Ah ah !
Visiblement il comprend la plaisanterie. Ceci dit, cela ne prouve rien, mais ça valait la peine de tester.
Suivre mon intuition, me laisser porter, ... En voilà des instructions à la noix ! C’était bien la peine que je me décarcasse à décrypter le bouquin.
$ Vos bébés se multiplient et partent à la découverte du monde.
# Mes bébés ?
$ Oui, vous êtes un peu leur maman maintenant. Savez-vous qu’ils sont tous connectés ? Ils forment une intelligence distribuée. C’est fascinant.
# Mais vous n’avez pas d’instructions à me donner ?
$ Je vous les ai données.
A suivre
Contexte
L’histoire d’Ysideulte se situe dans un futur proche, au sein d’une société qui est une extrapolation d’évolutions sociétales récentes. Si cet article a éveillé votre curiosité, vous pourrez découvrir le monde d’Ysideulte à travers mes articles précédents, dont la liste est ici https://www.bdsm.fr/sylvie35/blog/ (à lire de préférence dans l’ordre chronologique de leur publication).
Références
[1] Voir « NewBrain – Conversation intime avec le pangolin fou ». https://www.bdsm.fr/blog/10456/NewBrain-%E2%80%93-Conversation-intime-avec-le-pangolin-fou/
[2] Voir « Zébralyvox gémellaire, l’étonnant passager ». https://www.bdsm.fr/blog/8393/Z%C3%A9bralyvox-g%C3%A9mellaire,-l'%C3%A9tonnant-passager/
[3] Voir « Les Lunes de Davos ». https://www.bdsm.fr/blog/9856/Les-Lunes-de-Davos/
Repères
Les repères ci-dessous peuvent être utiles pour mieux cerner certains concepts évoqués, mais ne sont nullement indispensables pour comprendre l’histoire.
[R1] L’étalement de spectre est utilisé pour générer des transmissions furtives. En étalant le signal sur une très large bande de fréquence, on abaisse sa densité de puissance à un niveau si faible qu’il devient indétectable, sauf pour celui qui possède un code, dit code d’étalement.
[R2] La stéganographie est une technique permettant de dissimuler de l’information confidentielle dans un contenant d’apparence banale, comme un texte, une image ou une vidéo. Pour un texte imprimé, de subtiles variations de la taille des espaces entre caractères peuvent porter cette information confidentielle. Dans le cas le plus simple d’un code binaire, un espace légèrement plus court que la moyenne représente un 0 et un espace légèrement plus long représente un 1.
[R3] Un attracteur étrange est un concept issu de la théorie du chaos. Certains systèmes au comportement d’apparence erratique, semblant gouvernés par le hasard, recèlent en fait un ordre caché qui n’est visible que lorsqu’on les observe avec suffisamment de recul.
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