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La rubrique "Articles" regroupe vos histoires BDSM, vos confessions érotiques, vos partages d'expériences SM.
Vos publications sur cette sortie de blog collectif peuvent aborder autant les sujets de la soumission, de la domination, du sado-masochisme, de fétichisme, de manière très générale ou en se contentrant très précisément sur certaines des pratiques quu vous connaissez en tant que dominatrice/dominateur ou soumise/soumis. Partager vos récits BDSM, vécus ou fantames est un moyen de partager vos pratiques et envies et à ce titre peut être un excellent moyen de trouver sur le site des partenaires dans vos lecteurs/lectrices.
Nous vous rappelons que les histoires et confessions doivent être des écrits personnels. Il est interdit de copier/coller des articles sur d'autres sites pour se les approprier.
Ce petit article sans prétention m’a été inspiré par des commentaires et réflexions que j’ai lues ici, au fil de mes pérégrinations. Je suis là pour découvrir d’autres « vérités » que les miennes et je vais être honnête, je n’ai (encore) jamais eu d’esclave à mes pieds, ou même tenu un fouet. Je parle donc, forcément, avec ce décalage, ce manque d’expérience directe qui me rend étranger à certains codes, mais pas sourd au vertige de la question. Parce que ce qui m’intrigue, au fond, c’est ce qu’on recherche derrière l’idée d’« esclave ». Et ce qu’on risque de perdre à vouloir une appartenance parfaite.
Imaginez un instant – on y vient, à grands pas – qu’un jour, les plus riches d’entre nous pourront s’offrir des esclaves mécaniques. Des machines programmées pour vous plaire, deviner vos humeurs, obéir sans jamais broncher. Des robots sexuels sans une once de libre arbitre, et pourtant capables de tout faire. Une sorte de « fantasme » poussé à son comble : l’objet qui s’anime, s’offre, sans jamais dire non.
Mais, transposé à une recherche parfaite d’obéissance, à quoi ressemblerait ce pouvoir, vraiment ? Et surtout, qu’est-ce qu’il resterait du jeu du trouble, du rapport vivant ?
Je crois que dans cette soumission extrême, il y a une donnée fondamentale et existentielle : le choix. La possibilité pour l’autre de rester ou de s’en aller. De dire non, même en tremblant, ou de dire oui parce que « c’est Vous, Maître, et pas un autre ». Ce battement fragile, ce risque, c’est ce qui distingue l’humain de la machine, l’érotisme de la pure consommation.
On dit parfois que l’abnégation est totale, que l’esclave n’est rien d’autre que ce que veut son maître. Mais même dans le jeu, même dans les rituels, il y a toujours, derrière le rideau, cette liberté qui gronde. Le maître le sait : l’autre peut partir. Peut-être un jour, peut-être jamais. Mais ce possible-là fait tout tenir, même quand on joue à l’abolir.
Je ne sais pas si j’ai raison. Je n’affirme rien, je me pose juste la question : à quoi bon un esclave sans âme, sans révolte, et un maître sans peur de perdre ou d’être perdu ? Qu’est-ce qu’il viendrait chercher dans cette relation et qu’il n’aurait pas avec un cyborg, sinon la possibilité d’être choisi, aimé, défié ?
C’est juste ma petite pierre dans la mare. Peut-être à côté, sûrement incomplète. Mais je crois que je préfèrerai toujours la faille, l’accident, l’incertitude, à la perfection mécanique.
J’aimerais bien savoir ce que vous en pensez, vous. Parce que ce sujet-là, on ne l’épuise pas tout seul.
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Nous gardions de chaque rencontre, fruit de tant de hasards, une confiance dans la prédestination qui y avait présidé, mais en même temps ce destin qui avait instruit les conditions de ce rendez-vous mystérieux fixé place Furstemberg pouvait avoir arrêté l'instant de notre rupture. Nous sentions que ni notre volonté, ni nos vœux n'y pourraient rien. C'était ce lien avec l'angoisse qui donnait tant d'intensité et de force à nos rencontres. Elles avaient ainsi un goût de première et de seconde fois. Nous savions que l'instant serait bref. Cette perspective de la séparation jetait sur nous son ombre mais aussi elle exacerbait notre soif de profiter du présent. Une exaltation inconnue aux couples qui n'ont pas d'obstacles à affronter. Charlotte ne me disait presque rien de sa vie. Elle ne me posait aucune question sur la mienne. Peut-être par crainte d'apprendre des choses qui auraient pu lui déplaire. Mon existence en dehors d'elle ne méritait pas que je la fisse souffrir avec des passades sans importance. Je ne vivais que dans l'attente d'un prochain rendez-vous. Où aurait-il lieu ? À Florence, à Rome, à Londres à Paris ? Aussitôt informée, j'imaginais la couleur de notre rencontre, sa lumière, son éclairage. Les horaires des trains et des avions me devenaient familiers: ils étaient les clés de ma nouvelle vie. En réalité, je passais plus de temps à imaginer Charlotte qu'à la voir. Et quand je la retrouvais, c'était à travers la brume de ce songe que j'avais construit autour d'elle. En était-il de même pour elle ? Elle m'écrivait de petites lettres brèves, quelques phrases denses comme des aphorismes, datées avec précision. Elle indiquait toujours l'heure et le temps qu'il faisait. Mais ces lettres n'entraient pas plus dans l'actualité que si elles avaient été écrites au XVIIIème siècle. C'était des instantanés de son cœur. Ainsi je n'appris que beaucoup plus tard qu'elle avait enseigné à la Sorbonne. Je menais une existence double. Ici et ailleurs. Nul ne le soupçonnait et à qui aurais-je pu en faire la confidence ? Souvent je pensais à Balzac et sa liaison avec sa comtesse polonaise. Vingt ans à correspondre, à s'aimer de loin, à se voir très peu, avec toujours l'espoir de se retrouver. Madame Hanska était peu à peu devenue en creux un personnage de "La Comédie humaine". Aucune héroïne ne lui ressemblait mais elle donnait à chacune un peu d'elle-même: une robe, un ruban, un mot d'esprit ou un soupir. Évelyne qui allait devenir son épouse, pendant six brefs mois, avait tout pour devenir un rêve éveillé de Balzac. Elle était d'abors issue de cette aristocratie à laquelle ce petit-fils d'un paysan guillotiné pour assassinat a toujours rêvé d'appartenir. Butant sur cette impossiblité avec la même rage qu'il bute contre la réalité, il trouve dans cette liaison, puis le mariage morganatique, un ennoblissement symbolique. Il peut ainsi devenir le prince qu'il voulait être. N'a-t-il pas étendu son pouvoir sur tant de personnages, régné sur tant de provinces ? L'écrivain est à sa manière plus despotique que le tsar de toutes les Russies qui détient entre ses mains le sort de Madame Hanska. En plus du droit de cuissage avec ses héroïnes imaginaires qui le vengent de son échec avec la duchesse de Castries, il exerce sur eux un droit de vie et de mort. Madame Hanska est sa revanche. Il la rêve, ce qui le dispense de la voir. Cette femme séduisante, aussi sèche et cérébrale que son amant est généreux et puissamment instinctif, est snob à sa manière. Mécène et très courtisée, elle attendait le décès de son mari.
Il ne lui déplaît pas ainsi d'avoir à ses pieds un écrivain que l'Europe adule. Quand elle est enceinte et que Balzac exulte de bonheur, elle ne songe qu'aux moyens de faire une fausse couche. Elle était destinée à demeurer un rêve. Dès qu'il l'épouse, l'écrivain tombe malade. Tout est prêt pour l'accueillir dans l'hôtel de la rue Fortunée, quel symbole pour un écrivain criblé de dettes ! Tous ces meubles rares, bibelots précieux, tentures magnifiques qu'il a accumulés dans le seul but de l'éblouir, ne serviront qu'à être le décor de son agonie. Dans une lettre à sa sœur, Balzac montre à quel point ce mariage lui tourne la tête: "Ainsi épouser cette femme alliée à toutes les familles princières, n'est-ce pas une réussite aussi importante que d'avoir écrit "La Comédie humaine" ?" Est-ce le sort cruel qui m'attendait avec Charlotte ? Devrais-je patienter vingt ans pour qu'elle soit libre, et ne connaître le bonheur qu'à la veille de rencontrer la mort ? Je l'attendais mais j'ignorais la date exacte de son arrivée. C'était un après-midi chaud de juin. Je me promenais dans le jardin du Luxembourg avec une amie rencontrée quelques jours plus tôt, une ravissante blonde aux cheveux courts qui aurait pu être la sœur jumelle de Jean Seberg, vive et toujours souriante. Nous descendîmes la rue Bonaparte. Au moment de nous séparer, je l'embrassai. Ce baiser dégénéra plus que je ne l'eusse souhaité. Il devint une étreinte. Au fond de moi, même si le hasard m'avait entraînée, je sentais l'indélicatesse d'un tel geste dans ce lieu si symbolique de ma rencontre avec Charlotte. Le souvenir de son joli visage pâle et presque bleuté, le port de sa haute taille, dans sa démarche, et qui m'évoquait non sans raison, le charme de Jeanne Hébuterne, la compagne de Modigliani. Soudain pris d'appréhension, je me dégageai de cette étreinte. J'avais l'impression qu'on nous observait. Je tournai la tête: Charlotte, à quelques mètres de là me regardait. Son visage était d'une pâleur extrême. Je ne pus esquisser un geste. Déjà elle avait disparu. Je la vis entrer dans son hôtel au coin de la rue Férou. Je demeurai sous le choc. Que pouvais-je faire ? Je raccompagnai ma jeune amie à une station de taxis. Puis j'entrepris de retrouver Charlotte. Hélas, à l'hôtel, je ne pus obtenir aucun renseignement. Le réceptionniste me dit qu'elle était absente. Je laissai une lettre. Je rôdai autour de la place, attendant son retout. Je veillai une partie de la nuit. Sans succès. Le lendemain, je revins: le portier m'annonça qu'elle était partie la veille. Ce visage de Charlotte tandis qu'elle me fixait, avec son expression de tristesse, de stupeur et d'accablement, combien d'années faudrait-il pour que je l'oublie ? Il était sans cesse en moi. Dès lors je lui écrivis chaque jour: je lui demandai pardon, je la suppliai de me revoir, je l'implorai. J'essayais par tous les moyens d'obtenir sa grâce. Elle fut impitoyable. Parfois je pensais que le temps finirait par user sa détermination. Au bout de six mois, je compris qu'il n'y avait plus d'espoir. Dans les premiers temps d'une rupture, on peut espérer guérir les blessures d'amour-propre. Mais avec le temps, les hésitations cessent, la décision si fragile au début est devenue une résolution indestructible. Je pensai à notre amour. Il était mort. Soudain je sentis combien j'étais seule. J'avais froid. Je retrouvai alors un vieil ami: le désespoir. Nous nous étions perdus de vue. Cela faisait longtemps qu'il ne m'avait pas donné de ses nouvelles. Il est vrai que pendant des années j'avais vécu absente de moi-même puisque j'étais amoureuse. La rupture avec Charlotte me renvoyait en face de la réalité. La vie me punissait. Je ne pouvais lui en vouloir. C'était dans l'ordre des choses. Je fréquentais alors des femmes égarées dans la vie, comme autrefois, mais je ne croisais que des ombres mortes. Je pensais toujours à Charlotte. Et chaque soir, j'avais la terrible impression non de la tromper mais de me trahir.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Non, les kinksters ne sont pas des paumés en mal d’amour ou des âmes torturées. Au contraire. Ce que l’étude de Psychology & Sexuality confirme, c’est ce que beaucoup de membres du microcosme ressentent, incarnent, pratiquent au quotidien : un rapport à soi et aux autres profondément conscient, lucide, ajusté. Bref, sécurisé !!!
Le mythe du BDSM comme symptôme psy
Je suis fatiguée d’entendre que le BDSM serait une forme de déviance, une conséquence d’un passé traumatique non résolu, ou pire : un échapatoire. Comme si l’intensité du plaisir ou de la douleur dans nos pratiques ne pouvait venir que d’une carrence, d’un vide, d’un dysfonctionnement.
Et pourtant. Les kinksters ne vont pas plus mal que les autres. L’étude dit même qu’ils vont mieux. Moins d’anxiété d’attachement, moins d’évitement relationnel. Traduction : une meilleure capacité à être en lien, à faire confiance, à poser des limites claires. Une meilleure tolérance à la proximité. Une moindre peur du rejet.
On est loin du cliché du Dom tyrannique et de la soumise brisée.
BDSM et attachement : un binôme évident
Ce qui me fascine dans cette étude, c’est ce qu’elle laisse entrevoir : pour s’adonner au BDSM de manière consciente et épanouie, il faut une forme de stabilité intérieure. C’est presque une condition de possibilité. Et ceux qui la possèdent sont plus à même de passer à l’acte.
Ça paraît logique, non ? Pour dire à quelqu’un : "je veux que tu m’attaches, que tu me fasses mal, que tu me fasses jouir en me privant", il faut une sacrée confiance. En l’autre, bien sûr. Mais aussi en soi. Il faut savoir ce qu’on veut, savoir l’exprimer, oser le formuler, négocier, ajuster, arrêter si besoin.
Cest tout sauf la peur du lien. C’est sa maîtrise !
Le paradoxe : pour jouer avec la perte de contrôle, il faut... du contrôle
J’adore ce paradoxe. Et c’est probablement ce qui distingue les praticiens sincères du BDSM des touristes ou des abuseurs : cette capacité à se mettre en danger (symboliquement, corporellement), sans mettre en péril le lien.
Un(e) Dom(me) solide, c’est pas quelqu’un qui veut tout contrôler. C’est quelqu’un qui sait comment tenir l’espace. Qui sait quand guider, quand écouter, quand faire baisser la pression. Ce n’est pas une figure toute-puissante, c’est une figure fiable.
Et un(e) soumis(e) sécure ? Ce n’est pas quelqu'un(e) qui s’abandonne parce qu’elle n’a pas d’autre choix. C’est un homme ou une femme qui choisit. Qui connaît sa valeur. Qui sait ce que vaut sa confiance ... et qui la donne, en conscience.
Le BDSM n’est pas le terrain des personnalités dysfonctionnelles. C’est le terrain de celles et ceux qui savent qu’elles ont le droit d’avoir des désirs puissants. Et de les vivre.
Mais alors… pourquoi ce mythe de fragilité ?
Pourquoi cette idée persiste, encore et toujours, que les soumis(es) seraient forcément cabossé(e)s, abîmé(e)s, « à soigner » ? Je crois que ça arrange tout le monde. Ça évite de voir le BDSM pour ce qu’il est : une sexualité complexe, adulte, exigeante.
C’est plus rassurant de croire que ceux qui pratiquent le BDSM sont des gens « à part ». Que ce n’est pas pour vous, pour nous, pour les gens « normaux ». Sauf que… c’est faux. Et tant mieux.
Ce que cette étude révèle, au fond
À mes yeux, elle ne dit pas seulement : les kinksters sont plus sécures. Elle dit quelque chose de plus profond, presque subversif : que la sexualité peut renforcer la sécurité affective. Que jouer avec les rôles, les cordes, les ordres ou les douleurs peut (s’il est fait dans un cadre consenti) être un moteur de stabilité, pas une menace.
Et là, je dis oui. Mille fois oui.
Parce qu’à force de nommer ses besoins, de poser des limites, de traverser ses peurs dans un jeu érotique maîtrisé... on apprend à se connaître. À se faire confiance. À se donner de la valeur. À devenir plus sécure.
Pas besoin d’être parfait(e) pour entrer dans le BDSM. Mais ce que je vois, c’est que le BDSM peut rendre plusus serein(e), plus lucide....
Alors, le kink comme école de l’attachement sécure ?
Et si on regardait les choses dans l’autre sens ? Si, au lieu de penser qu’il faut être sécure pour pratiquer le BDSM, on envisageait que le BDSM est un chemin vers cette sécurité ?
Ce serait quoi, alors, une relation D/s bien menée ?
Un espace de confiance absolue, où l’on peut être nu(e), vulnérable, entier(e).
Un contrat explicite, où chacun(e) connaît les règles du jeu.
Une écoute fine, un ajustement constant, une conscience aiguë du consentement et des affects.
Franchement… quel couple vanille propose tout ça, dès le début ?
Bref ...
Le BDSM n’est pas en marge de la sexualité. C’est peut-être son cœur, le plus sincère, le plus lucide, le plus adulte.
Et si vous doutez encore… posez-vous cette question : est-ce que vous avez déjà eu, dans vos relations "classiques", un espace aussi clair, aussi libre, aussi sécure que dans une bonne scène D/s ?
Moi, j'ai ma réponse.
C'est aussi un peu de ça que l'on parle dans notre bouquin avec Pierre (voir Livre "BDSM: Guide pratique de l'homme soumis").
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