La rubrique "Articles" regroupe vos histoires BDSM, vos confessions érotiques, vos partages d'expériences SM. Vos publications sur cette sortie de blog collectif peuvent aborder autant les sujets de la soumission, de la domination, du sado-masochisme, de fétichisme, de manière très générale ou en se contentrant très précisément sur certaines des pratiques quu vous connaissez en tant que dominatrice/dominateur ou soumise/soumis. Partager vos récits BDSM, vécus ou fantames est un moyen de partager vos pratiques et envies et à ce titre peut être un excellent moyen de trouver sur le site des partenaires dans vos lecteurs/lectrices. Nous vous rappelons que les histoires et confessions doivent être des écrits personnels. Il est interdit de copier/coller des articles sur d'autres sites pour se les approprier.
Par : le 07/06/24
"Comme les vents sonores, soufflant en tempête, quand la poussière abonde sur les routes, la ramassent et en forment une énorme nue poudreuse, de même la bataille ne fait plus qu'un bloc des guerriers. Tous brûlent en leur cœur de se massacrer avec le bronze aigu au milieu de la presse. La bataille meurtrière se hérisse de longues piques, des piques tailleuses de chair qu'ils portent dans leurs mains. Les yeux sont éblouis des lueurs que jette le bronze des casques étincelants, des cuirasses fraîchement fourbies, des boucliers éclatants, tandis qu'ils avancent en masse. Il aurait un cœur intrépide, l'homme qui pourrait alors trouver plaisir, et non chagrin, à contempler telle besogne". Fille de Cronos et de Rhéa, la déesse Héra ou Héré, en grec ancien, Ἥρα / Hêra ou en ionien, Ἥρη / Hêrê, était la reine du ciel et de l'Olympe. Épouse et sœur aînée de Zeus, elle partageait avec lui la domination du ciel. Elle fait partie des douze Olympiens. Elle fut identifiée à Junon par les Romains et considérée comme la grande déesse préhellenique des phénomènes célestes dont, selon les Arcadiens, le culte était contemporain de celui de l'ancètre du Grec Pelasgos, né de la terre. Elle perdit progressivement sa dimension cosmique pour devenir le type de la femme idéale, la protectrice de la femme dans les différentes étapes de la vie, le mariage et la maternité. Elle était adorée dans tous les pays grecs comme représentant la belle saison. Primitivement adorée sous la forme d'un tronc d'arbre, d'une colonne, d'une planche ou d'un "xoanon", gaine enveloppant tout le corps. Elle fut plus tard vêtue d'une tunique et coiffée du polos. Son nom en grec signifie généralement dame. Il représente peut-être à l'origine une "Herwä" (protectrice). En sanscrit, il signifiait: "svar", c'est-à-dire, ciel. Héra était née sur l'île de Samos, ou, selon certains auteurs à Argos. Comme tous les enfants de Cronos, excepté Zeus, Héra avait été avalée par son père puis régurgitée. Dans une version rapportée par Hygin, Héra ne fut pas avalée par Cronos mais au contraire, c'est elle qui aurait sauvé et élevé Zeus en cachette. Elle se trouvait en Crète lorsque son frère tenta de la séduire en se transformant en coucou mouillé. Touchée, Héra recueillit l'oiseau sur son sein, l'oiseau Zeus la viola. Elle en conçut une telle honte qu'elle l'épousa. Ce mariage commémore les conquêtes de la Crête et de la Grèce mycénienne, c'est à dire crétoise, et la fin de sa suprématie dans ces deux pays et explique la fusion de deux cultes différents, crétois et grec. On raconte qu'à leurs noces, la Terre-Mère offrit à Héra un arbre couvert de pommes d'or dont la garde fut confiée aux Hespérides sur le mont Atlas, que leur nuit de noce dura trois cents ans et que Héra renouvelait régulièrement sa virginité. Pendant la titanomachie, elle fut élevée par Océan et Théthys ou bien elle aurait été élevée par Téménos, fils de Pélasgos, en Arcadie, ou bien par les Heures, en Eubée, ou encore par les filles du fleuve Astérion, en Argolide. Les Saisons furent ses nourrices puis elle fut élevée en Arcadie par Téménos. Zeus et Héra donnèrent le jour à Arès, Hébé, Héphaïtos et Illithye. Certains prétendirent qu'Héphaïtos fut alors conçu par parthénogenèse, c'est-à-dire, par autofécondation et que son époux soupçonneux l'attacha à une chaise mécanique qui la maintenait assise et l'obligea à jurer par le Styx qu'elle disait la vérité, légende née de la coutume d'attacher les statues divines à leur trône pour les empêcher de s'enfuir. En perdant la statue de sa déesse, la cité perdait sa protection divine.   "Ainsi que des moissonneurs, qui, face les uns aux autres, vont, en suivant leur ligne, à travers le champ, soit de froment ou d'orge, d'un heureux de ce monde, et font tomber dru les javelles, ainsi Troyens et Achéens, se ruant les uns sur les autres, cherchent à se massacrer, sans qu'aucun des deux partis songe à la hideuse déroute. La mêlée tient les deux fronts en équilibre. Ils chargent comme des loups, et Lutte, qu'accompagnent les sanglots, a plaisir à les contempler. Seule des divinités, elle se tient parmi les combattants". Son type plastique est peu caractérisé. Debout ou trônant, elle portait avec beaucoup de majesté les attributs royaux traditionnels: le sceptre et le diadème. Sa tête recouverte de voiles est le symbole du mariage. Parfois elle tenait dans l'une de ses mains une grenade, emblème de la fécondité. Le paon lui était consacré en souvenir d'Argos, dont elle prit les cent yeux, lorsqu' il eut été tué, pour les placer sur le plumage de l'oiseau. Elle était la protectrice par excellence de la femme et la déesse du mariage légitime, la protectrice de la fécondité du couple et, particulièrement avec Ilithye, des femmes en couches. Ses végétaux favoris: la grenade, l'hélichryse et le lys. Elle avait le pouvoir de conférer le don de prophétiser à un homme aussi bien qu'à un animal de son choix. Elle était aussi la protectrice d'Argos et de l'Argolide qu' elle avait disputée à Poséidon. Elle avait des temples qu'elle partageait souvent avec son époux, dans presque tous les pays grecs et tout particulièrement à Samos et Argos où se déroulait tous les cinq ans une grande fête "Héraea" en son honneur. Il y avait aussi la fête "Daedala" qui se passait tous les sept ans ou une grande fête tous les soixante ans. Gamelia, célébrée au mois de "Gamelion", fin janvier-début février, était le meilleur moment pour se marier. Ses animaux favoris: le paon et la génisse. Héra est le prototype même de la femme jalouse et rancunière qui se vengeait des constantes et humiliantes infidélités de son époux en persécutant ses rivales et leur progénitures. Les rapports de mari et femme entre Zeus et Héra sont le reflet de ceux qui existaient chez les barbares de l'âge dorien. Parmi ses victimes, on cite: Héraklès, fis de Zeus et d'Alcmène, sur le berceau duquel elle envoya deux serpents qui furent étranglés par le nouveau né; Sémélé, fille de Cadmos et d'Harmonie, mère de Dionysos, qui sur les conseils d'Héra, osa regarder Zeus dans toute sa gloire et fut foudroyée; la nymphe Io, que Zeus transforma en vache pour la protéger, mais qui fut malgré tout rendue folle par les piqûres d'un taon envoyé par Héra; Léto qui donna naissance à Apollon et Artémis. Héra, la protectrice du mariage était un modèle de fidélité. Il lui arriva toutefois d'être l' objet de l'assiduité des hommes, tels Ixion, Ephialtès ou le Géant Porphyrion qui furent rapidement chatiés par Zeus ou ses enfants.Toutefois il existe une légende où elle serait la mère de Pasithéa par Dionysos (Nonnus, Dionysiaca 31.103). Un jour, Héra abandonna ainsi Zeus, lassée par l' infidélité constante de son mari.    "Aucun autre dieu n'est là; ils sont assis, tranquilles, en leur palais, là où chacun a sa demeure bâtie aux plis de l'Olympe. Ils incriminent, tous, le Cronide à la nuée noire. Ils voient trop bien son désir d'offrir la gloire aux Troyens. Mais Zeus n'a souci d'eux. Il s'est mis à l'écart, et, assis loin des autres, dans l'orgueil de sa gloire, il contemple à la fois la cité des Troyens, et les nefs achéennes, et l'éclair du bronze, les hommes qui tuent, les hommes qui meurent". Alors sur le conseil du roi de Platée, Alalcoménée, ou Cithaeron, Zeus façonna une élégante statue en bois, il la recouvrit d'un voile et il la plaça à côté de lui sur son char. Puis il fit courir le bruit qu'il allait épouser Plataea, la fille du roi. Dès qu' Héra l'apprit, elle fut si furieuse qu'elle accourut immédiatement et renversa la statue. Mais en voyant la supercherie, elle se réconcilia avec son mari dans un grand éclat de rire. Ses attributs matériels étaient le diadème royal et le sceptre. De nombreux récits la montrent combattant les géants, troublant l' Olympe de ses jalousies et de ses querelles avec Zeus. Un jour, lassée de ses infidélités elle fomenta une révolte avec Poséidon, Apollon et tous les autres habitants de l' Olympe, sauf Hestia. Ils l'entourèrent par surprise tandis qu' il était endormi sur sa couche, l'attachèrent avec des lanières de cuir et firent cent nœuds afin qu'il ne puisse plus bouger. Il les menaça de les tuer sur-le-champ mais comme ils avaient mis la foudre hors de sa portée, ils se moquèrent de lui. Alors qu' ils célébraient leur victoire et discutaient âprement pour savoir qui serait son successeur, Thétis la Néréide, prévoyant une guerre civile dans l' Olympe, alla chercher Briarée aux cent bras qui défit promptement les lanières, se servant de toutes ses mains à la fois et libéra son maître. Elle était appelée par Homère, la déesse aux bras blancs. Comme Héra était l'instigatrice de la conspiration dirigée contre lui, Zeus la suspendit dans le ciel, une chaîne d'or attachée au poignet et une enclume à chaque cheville. Les autres dieux étaient furieux mais n' osaient pas lui porter secours malgré ses cris déchirants. Finalement, Zeus la libérera à la condition qu 'ils fassent le serment de ne plus jamais s' insurger contre lui. Ils obéirent à contrecœur. Elle favorisa des divinités ou des héros, les Argonautes et les combattants grecs de la guerre de Troie ou contrecarra d' autres. D'autres aussi furent l' objet de son courroux pour lui avoir déplu comme Pâris qui ne l' avait pas élue "la plus belle", et Tirésias qu 'elle rendit aveugle pour avoir affirmé que les femmes avait neuf fois plus de plaisir que les hommes. Mais les conquêtes féminines de son époux furent les principales cibles comme Io, Sémélé, Léto, Europe, Callisto ou leur progéniture comme Héraclès ou Dionysos. Héra en tant que reine du ciel a été très souvent représentée par les artistes grecs. À l'origine , ils lui donnèrent la simple forme d' un tronc d' arbre, d' une colonne, puis d' un xoanon. Ensuite, le type archaïque se constitua: une femme de grande stature, aux traits rigides, à la chevelure ondulée, coiffée du polos et vêtue d' une longue tunique. Les Jeux organisés en son honneur s'intitulaient les "Héraia". Au Vème siècle, Phidias et Polyclète créèrent un nouveau type pour donner à la déesse une attitude pleine de noblesse. Le mythe était ainsi né.    "Chante, déesse, la colère d'Achille, le fils de Pélée, détestable colère, qui aux Achéens valut des souffrances sans nombre et jeta en pâture à Hadès tant d'âmes fières de héros, tandis que de ces héros mêmes elle faisait la proie des chiens et de tous les oiseaux du ciel, pour l'achèvement du dessein de Zeus. Pars du jour où une querelle tout d'abord divisa le fils d'Atrée, protecteur de son peuple, et le divin Achille. Allons ! Achille, dompte ton cœur superbe. Non, ce n'est pas à toi d'avoir une âme impitoyable, alors que les dieux mêmes se laissent toucher. N'ont-ils pas plus que toi mérite et force ? Les hommes pourtant les fléchissent avec des offrandes, de douces prières, des libations et la fumée des sacrifices, quand ils viennent implorer après quelque faute ou erreur". L’irascible épouse de Zeus véhicule en depuis l’Iliade une désagréable réputation de mégère qu’elle a transmise à la cruelle Junon de l’Énéide. Les traditions mythiques l’associent aux monstres dont Héraklès doit débarasser le monde. Et pourtant, cette image négative ne correspond pas à la figure divine dont témoignent les cultes. La mégère des traditions épiques et mythiques était d’autre part la plus vénérée des grandes déesses à l’époque archaïque, celle qui fut honorée des premiers temples en dur. La déesse "aux bras blancs" rayonnait sur ses domaines particuliers, Argos, Samos, Corinthe, Platées, et sur la Grande Grèce, en particulier sur Crotone, sur Poséidonia. Elle rencontra en Italie la Junon italique et l’Astarté carthaginoise, et ce grand syncrétisme prépare dans le domaine de l’Italie méridionale et centrale la diffusion du culte marial. On l’enferme souvent dans son rôle de garante du mariage légitime. Mais sa sphère d’action est bien plus vaste. C’est avant tout, il est vrai, l’épouse de Zeus. En Argos, l’Argos assoiffée, elle garantit, grâce au "hieros gamos", le retour des pluies de printemps, donc la fécondité et la prospérité. Elle s’intéresse aux naissances, aux initiations féminines et au statut de la femme en général. Mais elle ne se cantonne pas dans ce domaine. Mère d’Arès, elle garantit la sécurité, assumant ainsi une certaine fonction militaire, symbolisée par le bouclier, et elle protège les navigateurs, à commencer par le premier d’entre eux, Jason. Elle est enfin, et surtout, la Reine, garante de la Souveraineté. Son lait d’immortalité dessine au ciel la Voie Lactée. Les fouilles des "Heraia d’Argos", de Samos, de Pérachora, de Poséidonia et de Crotone ont montré, grâce aux innombrables trouvailles d’offrandes souvent modestes et émouvantes, que la déesse était l’objet d’une vénération intense, y compris dans les couches populaires. C’est pourquoi sans doute, dans le cadre des évolutions religieuses de l’Antiquité tardive, elle a joué un rôle au moins localement, sur le territoire des cités où elle jouait un rôle dominant – dans la naissance du culte marial. Mais cet héritage va bien au-delà d’une réinterprétation locale. La continuité a été facilitée par le fait que la Vierge, en gagnant en puissance, devient elle-même plurifonctionnelle. Jeune épouse inépousée, certains de ses titres font d’elle tout autre chose qu’une "Grande Mère" confinée dans la sphère de la fécondité, même si celle-ci reste dominante. En effet, outre son statut de Mère ("christotokos", "theotokos, "theomêtôr", Mère du Christ, de Dieu), et de protectrice de la fécondité,  elle est, comme Isis et comme Héra-Junon, "maîtresse des étoiles", "miroir de la justice", "reine du ciel". Sa fonction souveraine et impériale sera développée en particulier à la cour de Byzance.    "Mérion, tu as beau être brave: pourquoi parler ainsi ? Doux ami, ce n'est pas en usant de mots injurieux que tu éloigneras les Troyens du cadavre. La terre auparavant doit garder une proie. Les bras décident à la guerre, comme les paroles au Conseil. Ce qu'il faut, ce n'est pas entasser des mots, c'est se battre. Le jour qui fait un enfant orphelin le prive en même temps des amis de son âge. Devant tous il baisse la tête: ses joues sont humides de larmes. Pressé par le besoin, l'enfant recourt aux amis de son père". C’est Pausanias lui-même qui écrit : "À la pointe de la Larisa se trouve un temple de Zeus dit Larisaios". L’épiclèse de l’Athéna honorée au sommet de l’Acropole était "Akria". Au fond, l’épiclèse de la "Vierge du Rocher" rappelle celle d’Héra. La localisation du sanctuaire d’Héra "Akraia" sur le site du couvent de la "Panaghia tou Brachou" paraît donc l’hypothèse la plus vraisemblable, mais reste une hypothèse. L’étape suivante sera sans doute plus convaincante. Pour une fois, Pausanias lève ne serait-ce qu’un petit pan du voile qui couvre les mystères. Et il nous permet d’entrevoir un lien entre d’une part le bain rituel et la virginité renouvelée, et d’autre part le rite central du "hieros gamos" de l’Héraion, qui garantit le retour régulier des pluies de printemps et la prospérité agricole. Le bain d’Héra est attesté également à Platées, à Samos, et même en Syrie. En Grande-Grèce également la continuité Héra-Vierge se révèle avec une particulière netteté. Nous ne pouvons ici qu’évoquer en quelques mots l’itinéraire d’Héra, qui à la faveur de la colonisation dont elle constitue l’une des patronnes, a rencontré les déesses italiques qui lui correspondaient, et fut vénérée par les Grecs et par les peuples indigènes, en son sanctuaire extra-urbain du Silaris, en limite de la "chora" de Poséidonia-Paestum. Son assimilation à la Junon romaine trifonctionnelle, qui dépend comme elle de l’héritage indoeuropéen, n’a rien d’artificiel. Et tout semble prouver qu’à l’avénement du christianisme, la "Madonna" a pris localement le relais d’Héra. À Paestum, les indices d’une certaine continuité religieuse sont en effet concordants. Le temple d’Athéna fut converti en église dès le Vème siècle. L’aire suburbaine consacrée à Aphrodite-Vénus a gardé le nom de "Santa Venera". L’essentiel n’est pourtant pas ici, mais sur les hauteurs de Capaccio Vecchio, qui dominent la plaine. C’est là, au-dessus du "Caput aquae", que les habitants, chassés par l’insécurité et l’insalubrité, ont trouvé refuge, pour y construire une église au VIIIème siècle. Dans l’église bâtie au XIIème siècle à côté de la précédente et pour la remplacer, une statue ancienne représente la Vierge à l’enfant tenant une grenade: c’est la "Madonna del granato" généralement considérée comme l’évidente héritière d’Héra. En fait, l’importance du fruit symbolique, qui donne son nom à la Madone locale, précisément sur le territoire de l’ancienne Poséidonia, dominé dans l’Antiquité par Héra, nous oblige à admettre une continuité. En effet, l’iconographie de la déesse, à Poséidonia comme dans les autres centres de son culte, est pour ainsi dire peuplée de grenades. À l’Héraion d’Argos, par exemple, Pausanias (II, 17, 4) a vu la grande statue chryséléphantine de Polyclète: "La statue d’Héra est assise sur un trône. Elle porte une couronne où sont sculptées les Charites et les Heures, et dans une main elle tient alors le fruit du grenadier, dans l’autre un sceptre".    "C'est Zeus qui m'envoie jusqu'ici. Il dit que tu retiens contre son gré le plus malheureux des héros qui combattirent sous les murailles de troie, Aujourd'hui il t'ordonne de le renvoyer, car son destin n'est pas de mourir sur cette île loin des siens. Les plus braves sont meurtris par le bronze impitoyable. Il est pourtant deux hommes, deux guerriers glorieux, Thrasymède et Antiloque, qui ignorent toujours que Patrocle sans reproche est mort, et qui s'imaginent que, vivant, il se bat encore avec les Troyens aux premières lignes". Quant à la grenade gardons le silence: le mythe est défendu par le secret". Comment devons-nous interpréter ce symbole ? La discrétion scrupuleuse du Périégète nous prive d’un "logos" essentiel. Il ne nous reste plus qu’à tourner autour du mystère pour en cerner les significations. Le fruit se caractérise par des traits riches d’associations: ses innombrables grains qui expliquent son nom en latin et dans les langues romanes suggèrent l’idée d’abondance, de richesse. La couleur rouge de sa pulpe et de son jus évoque le sang. Si l’on songe que le nom grec "rhoia" doit s’expliquer par l’idée d’écoulement (grec "rheô"), on entrevoit peut-être le sujet du "logos" mystérieux, en rapport avec l’écoulement du sang menstruel. Dans l’ensemble, le symbolisme de la grenade se rapporte à la féminité, à la fécondité-multiplicité, au mystère de la vie et de la mort. C’est donc tout naturellement qu’il sera passé d’une Dame à l’autre. Du reste, d’autres symboles leur sont communs: la couronne, la pomme et les fruits d’une façon générale, la colombe ou le lys. Bien sûr, faut-il le préciser ?, la Vierge, qui synthétise à la fois l’ensemble des grandes divinités féminines du paganisme et des valeurs éminemment chrétiennes, ne s’identifie pas à Héra sur le plan théologique et mythico-légendaire. La différence est évidente, puisque les forces monstrueuses, dont l’épouse de Zeus avait le contrôle, sont désormais les adversaires diaboliques de la Vierge. Ni cette différence importante, ni les élaborations théologiques, ni la profondeur de la conception proprement chrétienne de Marie, ne peuvent rien contre l’évidence de la continuité. La trop rapide étude que nous avons menée à la fois sur le terrain et dans les textes suffit en effet à démontrer, nous semble-t-il, qu’en Grèce comme en Italie méridionale la Vierge succède à Héra, comme elle succède à d’autres divinités païennes, essentiellement féminines, qu’elle synthétise. Elle ne se contente pas d’occuper mécaniquement le site ou le sanctuaire. Elle reprend à son compte une partie des fonctions de la divinité, mais il ne s’agit pas de "survivances". Nous sommes au contraire en présence d’une prodigieuse Source de Vie religieuse. Le processus que nous découvrons à l’œuvre est dialectique et créatif. Il intègre les fonctions des déesses et les fond dans un creuset religieux, où le symbolisme universel et les données du paganisme grec se croisent avec la théologie proprement chrétienne, en une synthèse profonde. "La lune se leva sur la rive orientale et ses ailes revetirent alors un éclat argenté".      Bibliographie et références:   - Callimaque, "Hymnes" - Hésiode, "La Théogonie" - Homère, "Odyssée" - Homère, "L’Iliade" - Pausanias, "Description de la Grèce" - Pierre Chantraine, "Dictionnaire de la langue grecque" - Platon, "République" - Platon, "Le Banquet" - Plutarque, "Vie de Lycurgue" - Philippe Borgeaud, "Héra, la mère des dieux" - Félix Buffière, " Les mythes d’Homère" - Jean-Claude Fredouille, "La déesse Héra" - Raymond Janin, "Constantinople byzantine" - Nicole Thierry, "Le culte de la déesse Héra"   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir. 
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Par : le 07/06/24
Une Nuit Inoubliable : Une Soirée BDSM dans une Église Abandonnée L'obscurité s'était installée lorsque nous avons pénétré dans les vestiges de cette église abandonnée. L'air était chargé de mystère et d'anticipation, l'endroit parfait pour une soirée BDSM d'une intensité rare. Nous étions cinq : deux dominants et trois soumis, prêts à transformer cette nuit en une expérience inoubliable. Le Choix du Lieu L'idée d'organiser une telle soirée dans une église abandonnée pouvait paraître sacrilège pour certains, mais pour nous, c'était l'ultime provocation, l'ultime liberté. L'atmosphère gothique de l'endroit, ses vitraux cassés et ses bancs poussiéreux, créaient une scène presque théâtrale. Les ombres dansaient sous la lumière des bougies, donnant à notre réunion des allures de rituel satanique. Le Périple pour Arriver Le voyage pour atteindre l'église s'est révélé être une aventure en soi. Située dans une région isolée, l'accès n'était pas simple. Nous avons dû emprunter des chemins de terre tortueux et mal entretenus, ce qui a ajouté une dimension supplémentaire d'excitation et de défi à notre soirée. Chaque embûche rencontrée sur la route renforçait notre détermination à parvenir à destination. Les voitures chargées d'équipements, de costumes et de participants ont lentement progressé dans l'obscurité, les phares perçant à peine l'épaisse végétation environnante. Lorsque nous sommes enfin arrivés, le soulagement et l'anticipation se mêlaient, marquant le début d'une nuit mémorable. Un Rituel de Soumission La soirée a débuté par un cérémonial de soumission. Chaque soumis a été conduit à l'autel, où il devait s'agenouiller et prêter serment d'obéissance. Les paroles résonnaient dans l'espace vide, amplifiées par l'acoustique de l'église. L'énergie qui circulait entre nous était presque palpable, une connexion profonde et intense. Les Jeux de Pouvoir Les dominants ont pris leur rôle à cœur, explorant les limites de chaque soumis avec une précision et une attention aux détails fascinantes. Les murmures de douleur et de plaisir se mélangeaient, créant une symphonie unique. Chaque acte, chaque geste était imprégné de respect mutuel et de consentement, fondement essentiel de notre communauté. Le Dépassement de Soi Parmi les soumis, l'un d'eux, Alex, a vécu une expérience de dépassement de soi particulièrement marquante. Alex, habituellement réservé et prudente, a choisi cette nuit pour explorer ses limites plus profondément que jamais. Sous la supervision attentive d'un dominant, Alex a accepté des défis qu'elle n'aurait jamais envisagés auparavant. L'un des moments les plus intenses a été lorsqu'elle a été attaché aux colonnes de l'église, ses bras étendus, et soumis à un jeu de sensations extrêmes. La douleur se mêlait au plaisir dans une danse envoûtante, chaque coup de fouet devenant un pas de plus vers une libération intérieure. Malgré la douleur, Alex a trouvé une force nouvelle en elle, découvrant une capacité de résistance et de résilience qu'elle ignorait posséder. Ce moment de vulnérabilité extrême a transformé Alex, lui permettant de se reconnecter avec elle-même d'une manière profondément authentique. L'émotion était palpable lorsqu'elle a exprimé sa gratitude et sa reconnaissance, les larmes aux yeux, marquant ce moment comme un tournant majeur dans sa vie. Un Rituel de Libération Au fur et à mesure que la nuit avançait, nous avons atteint un état de transe collective. Les limites du physique et du mental étaient repoussées, et nous nous sommes trouvés dans un état de libération totale. La soumission et la domination n'étaient plus que des concepts, remplacés par une pure expression de soi. Une Expérience Transformative Lorsque l'aube a commencé à poindre, nous étions tous transformés par cette expérience. L'église, témoin silencieux de notre soirée, semblait imprégnée de notre énergie. Nous avons quitté les lieux, laissant derrière nous un espace marqué par des souvenirs indélébiles. Cette soirée BDSM dans une église abandonnée restera gravée dans nos mémoires comme un moment de pure connexion, de dépassement des limites, et de liberté absolue. Ce fut, sans aucun doute, une nuit où nous avons touché l'essence même de notre être, dans un cadre à la fois sacré et profane.
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Par : le 06/06/24
A 37 ans, je cumule 20 ans d'attirance scato, avec quelques expériences de çi de là, solitaires le plus souvent et bien trop timides pour les rares occasions où elles sont partagées. Étrange attirance, incompréhensible pour le plus grand nombre. Alors, pourquoi ? Depuis notre plus jeune âge, ces matières brunes et leur odeur font l'objet d'un apprentissage rigoureux : "beurk, baaaah, caca, c'est dégoûtant". S'agissant de l'un de nos premier apprentissages, pas étonnant qu'aller à son encontre soit incompris et choquant. Mais une fois dépassé ce principe au demeurant fort respectable et recevable dans la plupart des cas, comment trouver du plaisir à travers des pratique scato ? Premièrement, il y a l'interdît : explorer ces aspects tabous, essayer quand même, braver l'interdit véhicule un sentiment subversif particulièrement excitant. Ensuite, il y a les sensations : ces objets ou ces doigts glissés dans la chaleur d'une anatomie que l'on finira, à terme, par bien connaître, ouvre de nouveaux horizons sensationnels. L'exploration, le plaisir, puis le contact avec ces matières, tantôt dures, tantôt molles, l'hésitation d'aller plus loin, puis trouver le courage d'y aller une première fois. Tenter des façons différentes de s'y prendre : pousser pour que tout sorte ? Dans la main, dans un récipient, à même le sol ? Tout extraire avec ses doigts en en récupérant un maximum à chaque tentative ?    Puis vient l'imagination : que faire du précieux trésor ? Qu'est-ce qui serait source de plaisir ? Que faire que certainement très peu font ? Se masturber "dessus" ? Et pourquoi pas avec ? Les sensations sont tout simplement folles... Lécher ce qui est dur ? Tenter d'en avaler un peu, pour voir si l'on en est capable, si l'on osera le faire, repousser les limites et voir quels sont les effets ? Pourquoi pas jouer à réintroduire tout ce qui peut l'être, puis le ressortir, recommencer... en en gardant une partie dans la bouche, jusqu'à ce que l'excitation l'emporte, et avec elle l'éjaculation, jubilatoire et arrivant toujours trop tôt tant on aimerait prolonger le plaisir... étaler ce qui est mou peut aussi s'avérer être une expérience intéressante... Le tout en regardant des vidéos sur Thisvid.com, qui recèle de trésors en la matière. A tout cela, le partage apporte une dimension exponentielle : donner à l'autre ses matières, c'est partager avec lui ce que l'on a de plus secret, c'est lui partager ce que d'ordinaire chacun garde pour lui toute sa vie durant dans l'intimité des espaces et du temps réservés aux commodités. Partager cela, c'est offrir les parties intimes de son corps au plus proche de l'autre, au bord de sa bouche et de ses lèvres, c'est, dans un silence magique ponctué de quelques bruits de circonstance (le glissement des matières, leur chute... en font partie), laisser glisser sciemment une partie de soi en lui et partager ensemble l'inavouable, dans une complicité et une connivence sans équivalents, loin des préjugés, des idées pré-conçues, des standards habituels. C'est aussi laisser l'autre disposer de ce cadeau comme bon lui semble : en avaler tout ou partie, tout recracher et arrêter là, en étaler un maximum, le lécher, ou pourquoi pas, chose que j'adore, insérer en soit tout ce que l'on peut du don de l'autre... sentir ses matières en nous, les porter, puis décider de la suite selon les envies (qu'il ôte en nous ce qui était encore en lui il y a peu ?), un fantasme si incroyable, si subversif et sans rien de semblable ! Alors oui, il y a l'odeur, pas toujours agréable et que l'on identifie depuis notre plus tendre enfance de manière négative. Oui, elle est tenace. Et oui, ensuite, une fois l'excitation retombée, il convient de ranger, nettoyer... mais quelle fut la puissance du plaisir obtenu ! La pratique scato peut s'avérer pleine de surprises, et loin des idées reçues, peut être une source de plaisir inattendue et intense grâce à un moment complice, non conventionnel, secret, tendre et sensuel. Photo : Scat_Machine_UK, thisvid.com (sa partenaire est absolument divine, un rêve)
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Par : le 05/06/24
"Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au dessus d’eux l’autorité de rien ni de personne, alors c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie. On peut aisément pardonner à l'enfant qui a peur de l'obscurité. La vraie tragédie de la vie, c'est lorsque les hommes ont peur de la lumière. Quelle impression mes accusateurs ont faite sur vous, Athéniens, je l’ignore. Pour moi, en les écoutant, j’ai presque oublié qui je suis, tant leurs discours étaient persuasifs. Et cependant, je puis l’assurer, ils n’ont pas dit un seul mot de vrai". Né à Athènes, Platon fonda en 387 dans cette même cité l’Académie, école philosophique très influente, aussi bien dans l’Antiquité, Justinien ferma l’École en 529 apr. J.-C., que de nos jours. Ses Dialogues, écrits pour le public, rendirent célèbre son maître Socrate. Nous n’avons que des données tardives sur son enseignement oral. Grand voyageur, il séjourna à trois reprises à la cour des tyrans de Syracuse, d’où il fut banni par Denys II, après avoir été emprisonné. Il cherchait à fonder en Sicile une cité idéale, gouvernée par un roi-philosophe. La théorie platonicienne des Idées eut un retentissement considérable. Nous la connaissons surtout par Aristote qui l’a vivement critiquée. L’art occupe dans la pensée de Platon une place importante, mais ambiguë. Platon, critique impitoyable de l’art, ne fut-il pas l’auteur de tragédies avant de se consacrer à la philosophie ? Le premier reproche adressé par Platon à l’art est d’obéir à une "technè", ensemble de règles qui régissent chaque domaine de l’art, à l’exception de la poésie qui, d’après Ion, repose surtout sur l’inspiration, d’où le problème du statut du poète (souvent aussi rhapsode). Faut-il y voir un homme inspiré, sans aucun mérite, puisqu’il tient tout du dieu ou un fripon, puisqu’il est incapable, comme Ion, de définir son savoir ? Pour Platon, le poète obéit à une inspiration divine, qui se transmet du poète au rhapsode, du rhapsode au public, selon un procédé qui rappelle les pouvoirs de la pierre d’Héraclée, un puissant aimant qui attire les anneaux de fer et leur communique sa puissance. Il existe un fort contraste, dans les dialogues platoniciens, entre le charme et la souplesse de la conversation, comme si, à l’instar du Phèdre, nous étions à proximité d’un cours d’eau devisant à l’ombre d’un arbre et au chant des cigales, et la violence d’une morsure au cœur de l’âme qu’ils nous font subir, telle la blessure sauvage de la vipère. La pensée prend son temps, laisse l’âme parcourir son chemin jusqu’à elle-même et ce qu’elle pense en vérité, ne craint ni les digressions qui tournent en rond ni l’ennui et même l’irritation de celui qui veut aller vite, trop vite ("Politique", 286 e), elle est la pensée libre, "vagabondage divin". Mais soudain elle intime l’exigence d’un revirement: "Ah si tu dis vrai Socrate, s’exclame Calliclès dans le "Gorgias" (481 c), toute la vie des hommes serait sens dessus-dessous, et nous, nous faisons le contraire de ce qu’il faut". C’est l’appel à une conversion et le combat pour obtenir de l’interlocuteur qu’il revienne vers les sources intérieures de son âme et que s’éveille en son cœur le souci de mener une vie juste: "Quand mes fils seront grands, punissez-les, citoyens, en les tourmentant comme je vous tourmentais, pour peu qu’ils vous paraissent se soucier de n’importe quoi d’autre plus que de la vertu" disait déjà Socrate à ses juges ("Apologie de Socrate", 41 e). Or c’est dans la pratique du dialogue que s’opère cette conversion. Le dialogue, en définitive est la pensée qui prend consistance: parler avec l’autre c’est penser avec lui. Non pas parler pour ne rien dire "Je n’ai que faire de mettre à l’épreuve des “si tu y tiens”, des “s’il te semble”, mais bien plutôt un toi et un moi. Et je nomme ainsi le toi et le moi parce qu’il n’y a rien de mieux pour mettre ce que nous disons à l’épreuve du questionnement" ("Protagoras"). "La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée".   "La réussite, ce n'est pas quand tu es au sommet, mais quand tu touches le fond et que tu es capable de rebondir. Le temps est l'image mobile de l'éternité immobile. Je considère qu'il vaut mieux jouer faux sur une lyre mal accordée, mal diriger le chœur que je pourrais diriger, ne pas être d'accord avec la plupart des gens et dire le contraire de ce qu'ils disent, oui, tout cela, plutôt que d'être, moi tout seul, mal accordé avec moi-même et de contredire mes propres principes". Le dialogue mené en vérité a pour critère qu’on puisse interroger et répondre, qu’on échange en se demandant "ce que peut bien être", et qu’on tente de se donner une réponse qu’on expose à l’autre. Et la parole extérieure est toujours soutenue par ce qu’on se dit à soi-même: "Appelles-tu penser la même chose que moi, demande Socrate à Théétète, une discussion que l’âme poursuit tout au long avec elle-même à propos des choses qu’il lui arrive d’examiner car voici ce que me semble faire l’âme quand elle pense: rien d’autre que dialoguer, s’interrogeant elle-même et répondant, affirmant et niant. Et quand, ayant tranché, que ce soit avec une certaine lenteur ou en piquant droit au but, elle parle d’une seule voix, sans être partagée, nous posons là que c’est son opinion. Mais s’interroger, c’est pour l’âme pensante vivre un dédoublement: elle "se demande" à elle-même, elle essaie de se donner une réponse à elle-même. Elle est incertaine de quelque chose et là où une distance de soi à soi se creuse, la réflexion naît. Ce peut être le fait d’une expérience très simple, celle du promeneur qui, ne voyant pas très nettement ce qu’il voit au loin, se demande ce que peut bien être ce qui paraît se tenir debout près d’un rocher ("Philèbe", 38c). Incertain, il peut se dire que cela lui paraît être un homme alors que c’est une statue, ou tomber juste. Petit dialogue, petite réflexion à l’occasion de ce qu’on ne voit qu’à distance, mais qui fait naître pour la pensée la possible différence entre l’être et l’apparence. Tout ce qui écartèle l’âme, fait obstacle à un jugement immédiat, est bon pour permettre à la pensée de prendre son essor. L’incertitude perceptive fait place à la perplexité intellectuelle lorsque l’âme se demande par exemple ce qu’est le nombre: est-il un, est-il multiple ? À la fois l’un et l’autre ? la contradiction stimule la pensée. Dans un autre domaine, celui du politique, la distance peut être rupture. La réflexion se mue alors en la recherche des énergiques préparatifs requis pour l’établissement d’une cité où un Socrate le juste ne serait pas condamné. Dans ce dernier cas tous les intérêts à l’œuvre dans la cité confronteront leurs forces, aidés par les techniques les plus raffinées de l’art oratoire. Il y aura comme un jeu de miroirs entre ce qui se passe dans cette cité et les pistes de la réflexion. Mais Platon voudra gagner une attitude autre que celle qui a cours dans cette cité, celle qui échappe à la violence et au meurtre intellectuel de l’autre, en s’arrogeant le droit de mener un discours sans que l’autre ne puisse jamais être à égalité avec celui qui parle. Il affirme alors que c’est le "logos", c’est-à-dire la recherche de ce que l’un et l’autre peuvent accorder au nom de la raison, qui doit mener le débat, et non l’envie de gagner: "Crois-tu, demande Socrate dans le "Charmide", que lorsque je te presse de questions, j’ai pour le faire une autre raison que celle qui me fait me scruter moi-même, je veux dire la crainte de me tromper en croyant savoir ce que je ne sais pas ?" (166 c) Et cela vaut pour la discussion que je mène avec moi-même lorsque je pense, car ma pensée est médiatisée par ce que tout autre en moi ou hors de moi pourrait me rétorquer.   "Il semble que, comme les yeux ont été conçus pour l’astronomie, les oreilles l’ont été pour les mouvements harmoniques, et que ses deux sciences, l’astronomie et la musique, sont sœurs, comme disent les pythagoriciens. Ingénieux Theuth, tel est capable de créer les arts, tel autre de juger dans quelle mesure ils porteront tort ou profit à ceux qui doivent les mettre en usage: c’est ainsi que toi, père de l’écriture, tu lui attribues bénévolement une efficacité contraire à celle dont elle est capable; car elle produira l’oubli dans les âmes en leur faisant négliger la mémoire: confiants dans l’écriture, c’est du dehors, du fond d’eux-mêmes qu’ils chercheront à susciter leurs souvenirs; tu as trouvé le moyen, non pas de retenir, mais de renouveler le souvenir, et ce que tu vas procurer à tes disciples, c’est la présomption qu’ils ont la science, non la science elle-même". Voilà la première conversion, préambule à toute pensée véritable: écouter le "logos" en écoutant l’autre, se laisser examiner par ses questions, accepter, sans rompre le débat, ou en sautant hors du sujet, de se voir mis en contradiction. Ce dont témoigne la figure de Socrate. L’ironie socratique va nous permettre de nous délivrer de l’ignorance la plus grande, celle de croire savoir alors qu’on ne sait pas, d’être accouché d’une attitude de responsabilité devant le devoir de penser, et également, peut-être, d’un beau "logos", d’une belle saisie de l’intelligible. Car la maïeutique, l’art d’accoucher les esprits, est solidaire d’une conviction: la vérité est, et il est de l’intérêt de tous les hommes que cela qui est se manifeste. Tout l’entretien platonicien va en être animé, refusant de tromper et de se laisser tromper, démantelant les leurres en montrant comment ils sont fabriqués, refusant d’en rester aux apparences, les fameuses "ombres" de la caverne que l’on prend pour des vérités ("République" VII), tout cela à travers questions et réponses mais sans esprit de polémique. La vie de la pensée est ici en jeu. C’est cette attitude de responsabilité et cette conviction qui nous feront refuser de jouer avec les "représentations" qui n’auraient aucun impact sur notre manière de vivre, à la manière de ces intellectuels sophistes s’amusant à produire de beaux effets de langage qui émerveillent les jeunes ("Sophiste", 234 c). Ils jouent avec les énoncés, avec des contenus de propositions, mais ne vont jamais jusqu’à l’acte même de penser, ils vivent à la surface de leur âme ou plutôt cèdent à la violence de leurs passions. Bien plus, il ne s’agit pas de persuader purement et simplement l’autre de la conception vraie ou fausse qu’on se fait de la réalité sans mettre en cause cette conception, ce ne serait que rhétorique et non véritable pensée. La distance requise est faite pour réfléchir, sans jamais abandonner le souci de penser en vérité. "On peut en savoir plus sur quelqu'un en une heure de jeu qu'en une année de conversation". "La connaissance des mots conduit à la connaissance des choses". Si maintenant les conditions d’un débat honnête sont acceptées, si nous avons consenti à être purifiés et débarrassés de nos faux savoirs ou de nos mensonges, des difficultés demeurent. Comment trancher devant la pluralité des points de vue ? Car, si l’on recherche la vérité, on ne peut seulement les juxtaposer. "Aussi quand l’être pressé d’enfanter s’approche du beau, il devient joyeux, et, dans son allégresse, il se dilate et enfante et produit; quand, au contraire, il s’approche du laid, renfrogné et chagrin, il se resserre sur lui-même, se détourne, se replie et n’engendre pas; il garde son germe et il souffre. De là vient pour l’être fécond et gonflé de sève le ravissement dont il est frappé en présence de la beauté, parce qu’elle le délivre de la grande souffrance du désir".   "Chacun, parce qu'il pense, est seule responsable de la sagesse ou de la folie de sa vie, c'est-à-dire de sa destinée. L’homme le plus heureux est celui qui n’a dans l’âme aucune trace de méchanceté. Une théorie selon Platon raconte qu’autrefois il existait des êtres dotés de quatre jambes, quatre bras et deux têtes. Ils étaient parfaitement heureux et puissants, mais trop puissants au goût de Zeus. Il les coupa et les éparpilla aux quatre coins du monde, si bien que les humains sont maintenant condamnés à rechercher éternellement leur moitié, celle qui jadis partageait leur âme. Seuls les êtres humains les plus chanceux retrouvent leur moitié coupée, leur âme sœur". Le seul moyen d’éviter l’anarchie où l’on ne s’entend plus (en jouant à travers les sens différents des mots), c’est de progressivement resserrer le débat en l’élaguant, et même d’arrêter la discussion pour convenir d’une définition communément acceptée et d’en vérifier la solidité: "ce qui s’impose, toujours et dans toute recherche, c’est plutôt de s’entendre sur la chose même au moyen des raisons ("logôn") qui la définissent que de s’entendre sur le nom sans se préoccuper d’une définition"("Sophiste", 218c). Penser, c’est donc essayer de saisir à travers la multiplicité des aspects d’une chose ce qui peut être entendu de tous, et resserrer progressivement cette entente autour d’une unité faite de raisons intelligibles et qui en sera le "logos", l’intelligible. Ce n’est pas commencer par la définition, mais se mettre en quête d’elle. Alors le débat prend un tour philosophique. En effet, la bonne définition doit renvoyer à ce qu’est véritablement la chose, à son "ousia", c’est-à-dire le "ce que c’est" de la chose, cette manière d’être à propos de laquelle vont questions et réponses, dont nous essayons de rendre compte en cherchant son intelligibilité, et qui se donne dans ce que Platon appelle sa Forme. "La musique est une loi morale, elle donne une âme à nos cœurs, des ailes à la pensée, un essor à l'imagination. Elle est un charme à la tristesse, à la gaieté, à la vie, à toute chose. Si on veut connaître un peuple, il faut écouter sa musique." On ne peut chercher ni ce qu'on connaît ni ce qu'on ne connaît pas; ce qu'on connaît, parce que, le connaissant, on n'a pas besoin de le chercher; ce qu'on ne connaît pas, parce qu'on ne sait même pas ce qu'on doit chercher". Cette manière d’être "se comporte toujours semblablement en restant même qu’elle-même" ("Phédon", 78 d), elle n’est pas sujette au devenir, elle est "en soi-même", absolu au sens où elle ne dépend pas du sensible mais c’est d’elle que le sensible participe pour avoir quelque être et quelque intelligibilité. Seul le regard de la pensée peut s’en saisir et voir sa causalité à l’œuvre dans ce monde phénoménal, c’est pourquoi on peut l’appeler "Eidos", Idée ("idein", "videre", voir). Cette Idée est le principe qui rend raison de ce qu’on essaie de penser, son sens pourrait-on dire. Et même si celui-ci a été découvert dans le temps il est intemporel, valable pour tous et en tout temps. La pensée découvre de la sorte l’universel, qui est ce qui rassemble et illumine, plus réel dans sa stabilité que ce que nous donnent nos appréhensions sensibles. Mais avant d’en goûter les joies, la pensée peut réfléchir les divers modes qu’elle met en œuvre selon les domaines où elle opère.   "Si, à l'un de vous, je donne l'impression de convenir avec moi-même de quelque chose qui n'est pas vrai, il faut interrompre et réfuter. Car moi, je ne suis pas sûr de la vérité de ce que je dis, mais je recherche en commun avec vous, de sorte que, si on me fait une objection qui me paraît vraie, je serai le premier à être d'accord. C’est maintenant, je crois, le tour de la démocratie; il faut en examiner l’origine et les mœurs, et observer ensuite la même chose dans l’homme démocratique, afin de les comparer ensemble et de les juger. Eh bien, voici à peu près comment l’insatiable désir de ce bien suprême, que tous ont devant les yeux, c’est-à-dire la plus grande richesse possible, fait alors passer un gouvernement de l’oligarchie à la démocratie". C’est ainsi que le dialogue épouse les divers chemins que la pensée peut prendre et qui délimitent les types de savoirs. En présence d’images et des reflets sensibles des choses perçues elle peut seulement faire des conjectures ; elle acquiert alors une conviction mais qui n’est pas encore fondée. Que ces choses sensibles viennent à leur tour servir d’images pour que l’âme aille du sensible à l’intelligible, et la pensée de type mathématique se découvre: c’est elle qui opère la médiation entre sensible et intelligible et qui déduit rationnellement les conséquences des hypothèses qu’elle a posées. Mais voilà qu’au-delà des propositions premières posées telles que par les mathématiques, la pensée nous mène en son lieu propre, là où la "dianoia" ("la pensée qui va son chemin") se découvre dialectique, la science des sciences seule capable d’atteindre le vrai intemporel. Là, elle touche l’être et le vrai tout en n’en finissant pas d’"examiner", mais en n’ayant affaire qu’à elle-même, ne s’occupant que de son libre domaine faisant jaillir les multiples aspects et rebondissements dans l’intelligibilité d’une question, dans la mise au point de la définition recherchée permettant l’accord entre tous. Le regard suit l’éclat de ces Formes intemporelles et non soumises au changement, qui sont chacune unes et mêmes qu’elles-mêmes. C’est pourquoi l’on peut parler de vision intelligible. Or cela-même exige une éducation incessante à laquelle ceux doués d’un naturel philosophe devront consentir. Malheureux l’excellent naturel à qui n’aura pas été donnée ou qui aura refusé une telle éducation, il sera le pire de tous ! L’œil de son âme restera enfoui dans le bourbier. Malheureuse plus généralement la condition humaine si on ne la tire pas vers ce qui la libère en lui enlevant ses chaînes de l’ignorance. Elle restera prisonnière de ses illusions: "compare notre nature, considérée sous l’angle de l’éducation et de l’absence d’éducation, à la situation suivante" ("République" VII 514). Suit le fameux mythe de la caverne où les hommes prisonniers ne peuvent détourner leur regard des vanités qui font les beaux jours de la cité dans une obscurité qui ignore la lumière du soleil. Indignation de celui que l’on contraint de retourner la tête et de marcher vers la lumière: penser en vérité en allant vers le vrai et l’ultime fait souffrir. Une dernière purification va être exigée pour ceux qui aiment les Idées: ne pas se les représenter à la manière des choses sensibles en leur donnant une existence que l’on imaginerait située dans un autre espace et un autre temps. L’Idée de feu n’est pas feu, L’Idée n’est pas une chose. Cette réification des Formes ferait de celles-ci d’inintelligibles conditions d’intelligibilité dont témoigne la gymnastique éblouissante du Parménide. " Comment un homme pourrait-il être heureux s'il est esclave de quelqu'un d'autre ? Veux-tu savoir ce que sont le beau et le juste selon la nature ? Hé bien, voici, si on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer. Au contraire, il faut être capable de mettre son courage et son intelligence au service de si grandes passions et de les assouvir avec tout ce qu'elles peuvent désirer. Seulement, tout le monde n'est pas capable, j'imagine, de vivre comme cela. C'est pourquoi la masse des gens blâme les hommes qui vivent ainsi, gênée qu'elle est de devoir dissimuler sa propre incapacité à le faire".    "La masse déclare donc bien haut que le dérèglement est une vilaine chose. C'est ainsi qu'elle réduit à l'état d'esclaves les hommes dotés d'une plus forte nature que celle des hommes de la masse et ces derniers, qui sont eux-mêmes incapables de se procurer les plaisirs qui les combleraient, font la louange de la tempérance et de la justice à cause du manque de courage de leur âme. Car, bien sûr, pour tous les hommes qui, dès le départ, se trouvent dans la situation d'exercer le pouvoir, qu'ils soient nés fils de rois ou que la force de leur nature les ait rendus capables de s'emparer du pouvoir, que ce soit le pouvoir d'un seul homme ou de celui d'un groupe d'individus, oui, pour ces hommes-là, qu'est-ce qui serait plus vilain et plus mauvais que la tempérance et la justice ?". Ainsi donc désormais la pensée apprend à vivre libre, dans la clarté. Et face à toutes questions dont chaque recherche en tous domaines est porteuse, elle reprend sa quête: elle analyse ("diairésis", analyse) et tente des synthèses ("synagogé") en vue de la définition qui regroupe dans l’unité une multiplicité de traits intelligibles. En effet, on n’arrive vraiment à comprendre que si on a une vue d’ensemble ("synopsis") architecturée, ordonnée selon des articulations naturelles. La vérité impliquée dans la vue d’ensemble dépend toujours de la clarté des distinctions, et donc d’une analyse, d’une division. Seule l’articulation, et donc la distinction du multiple dans l’un, détermine vraiment l’objet pensé. De là l’amour de Platon pour ces divisions, rapports de genres et d’espèces, ces subdivisions ("Philèbe", 16), qui arrive à piéger même le plus insaisissable, celui qui se cache dans la semblance, le sophiste ; voilà comment de façon plaisante, Platon va l’enserrer: "Réunissons tout ce qui est en rapport avec son nom, depuis le début jusqu’à la fin la technique de l’imitation, partie de la capacité de provoquer des contradictions, partie ironique de la technique de l’apparence, partie à son tour, du genre de la production d’illusions (issu de la production d’images) non divines mais humaines, partie enfin productrice de miracles confinés aux discours, voilà quelle est, me semble-t-il, la race et le sang, comme on dit, du sophiste. En remontant de parties en parties, la pensée synthétise ce qu’elle a d’abord analysé. "Mais, mon cher Glaucon, dans un État où les citoyens doivent être heureux, il ne peut pas être permis de former des unions au hasard ou de commettre des fautes du même genre, et les magistrats ne devront pas le souffrir". Encore faut-il juger juste. On ne le fera pas si l’on se faufile dans toutes les formes sans reconnaître que le tout de l’être exige également l’unité stable de l’en soi intelligible. Ceci par ruse et tromperie. Mais également si l’on échoue à relier les différences intelligibles selon une "juste mesure" qui limite convenablement ce qui est et est à dire. Il faudra même, ambition extrême !, trouver la mesure des réalités qui viennent à être et sont prises dans le devenir, donner sa mesure à ce qui, de soi, est l’illimité (par exemple le plaisir) et le fugitif. Mais quelle espèce de mesure ? Non certes une mesure purement quantitative applicable à propos de n’importe quoi, mais une mesure adaptée et diversifiée selon les types de problèmes et selon les situations: trouver le convenable, saisir l’opportun, exécuter le requis, discerner. Certes dans tous les cas, il faudra arriver à donner la structure articulée de ce qui est en question, mais en la "trouvant". Là, point de méthode à simplement suivre, mais en arriver à un tact, une finesse de pensée, à une inventivité qui sans cesse se renouvelle. Pour arriver à ce tact, à cette justesse dans la pensée, tout est bon pour exercer le jugement, le faire se corriger de multiples façons: ne pas se précipiter à donner la définition en demeurant ainsi victime de préjugés, ne pas tout confondre et mettre sur le même plan mais saisir la hiérarchie des articulations logiques, ne pas penser que tout mot renvoie nécessairement à une essence. C'est ainsi la règle.    "Ce sont des hommes qui peuvent jouir de leurs biens, sans que personne y fasse obstacle, et ils se mettraient eux-mêmes un maître sur le dos, en supportant les lois, les formules et les blâmes de la masse des hommes ! Comment pourraient-ils éviter, grâce à ce beau dont tu dis qu'il est fait de justice et de tempérance, d'en être réduits au malheur, s'ils ne peuvent pas, lors d'un partage, donner à leurs amis une plus grosse part qu'à leurs ennemis, et cela, dans leurs propres cités, où eux-mêmes exercent le pouvoir ! Écoute, Socrate, tu prétends que tu poursuis la vérité, eh bien, voici la vérité: si la facilité de la vie, le dérèglement, la liberté de faire ce qu'on veut, demeurent dans l'impunité, ils font la vertu et le bonheur ! Tout le reste, ce ne sont que des manières, des conventions, faites par les hommes, à l'encontre de la nature. Rien que des paroles en l'air, qui ne valent rien !".  Puis encore user du mythe pour relancer interrogation et réponse au lieu de suivre mécaniquement une méthode, fût-ce celle de division, monter des paradigmes pour remarquer des ressemblances inaperçues comme celui de l’art du tissage lorsqu’il s’agit, toujours dans "Le Politique", de mieux saisir celui du politique. Tout est bon pour une pensée vivante qui apprend à analyser et à synthétiser, mais jamais de la même manière selon les différents sujets. Quel est le secret d’un tel dynamisme ? Et qui fait que la pensée du philosophe soit "ailée" ("Phèdre", 249 a) ? C’est qu’un amour la soutient dans son effort et dans ses peines, un "erôs" qui, lui, ne peut être circonscrit par aucune définition car il est au principe de la recherche de toute définition. L’intelligence désire, l’amour est philosophe, manquant de tout et en recherche expédiente de ce dont il manque ("Banquet", 203b-c), il ne se satisfait pas de la seule diversité, veut l’unité mais il a la puissance d’unifier les différences en un élan qui le fait tirer vers le haut ce qui est lourd et pesant. La philosophie est amour libéré, "erôs" ayant recouvré ses ailes. L’âme, dans son élan, monte vers la source de toute intelligibilité et de l’être, vers cet Un au-delà de toute unité, ce Bien qui rend raison de l’intelligibilité de l’existence, cette Beauté qui resplendit et fait naître le meilleur des délires. Source qui est la substance même de la pensée, elle fait naître en l’âme le désir de se ressouvenir de toutes ces réalités intelligibles dont elle a comme la nostalgie. Ce que le mythe de la Réminiscence nous conte ("Phèdre", 248 a sq.). Apprendre en effet, n’est-ce pas se ressouvenir de ce que l’âme a contemplé jadis ? Quelle est donc la teneur de ce mythe ? Il est bien une manière de dire qu’on ne peut verser la vérité dans les âmes comme de l’extérieur, qu’il faut qu’elle la retrouve comme un bien propre en allant la chercher en elle-même pour la faire sienne. Mais il dit aussi la nostalgie que l’âme a de l’intemporel et de l’intelligible et son ardeur à les retrouver. Certes il parle d’un exil, Platon nous raconte dans le "Phèdre" la chute de l’âme dans le corps, mais n’est-ce pas pour nous montrer que l’âme dans son ressouvenir est capable de devenir une en ressaisissant dans son mouvement toutes les différences pour les orienter, par choix, vers l’Un ? Pour nous montrer que l’homme, désormais composé, a également la possibilité de surmonter une division en unifiant le composé ? Par cet auto-mouvement vers l’Un, son âme est apparentée à celle des dieux. Apprendre à penser c’est se ressouvenir de cela pour en vivre. Et, de la sorte se tourner autrement vers le monde et la cité des hommes. À nous d’en saisir la leçon. "Les yeux de l'esprit ne commencent à être perçants que quand ceux du corps commencent à baisser".   Bibliographie et références:   - Apulée, "Sur Platon et sa doctrine" - Pierre Aubenque, "Études sur le Sophiste de Platon" - Aristote, "Politique" - Florence Assouline, "La pensée de Platon" - Jacques de Beaurepaire, "La philosophie platonicienne" - Luc Brisson, "Platon: Œuvres complètes" - Harold Cherniss, "La critique d'Aristote à Platon" - Monique Dixsaut, "La pensée de Platon" - Franck Fischer, 'L'idée politique dans la République" - Alexandre Koyré, "Introduction à la lecture de Platon" - Victor Goldschmidt, "Les Dialogues de Platon" - Antoine Hartmann, "Aristote et Platon" - Léon Robin, "La Théorie platonicienne selon Aristote" - Bernard Williams, "Platon. L’invention de la philosophie"   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir. 
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Par : le 04/06/24
"À ceux qui fuient ne viennent ni la puissance ni la gloire. C’est sans honte que les mortels accusent les dieux de tousles maux. De nous, disent-ils, vient leur peine. De nous, disent-ils, vient leur misère. Mais ils sont en fait les seuls à blâmer. Eux et leur terrible folie. Chacun est exposé à perdre un être cher, plus proche qu'un ami, un frère sorti du même sein, unfils. La part une fois faite aux pleurs et aux sanglots, il s'en tient là. Les Parques ont fait aux hommes un cœur apte à pâtir. Mais, à celui-là, il ne suffit pas d'avoir pris la vie du divin Hector. Il l'attache à son char, il le traîne tout autour du tombeau de son ami. Ce n'est là alors, ni un beau ni un bon parti". Achille, Ulysse, Ithaque, Agamemnon, Circé, Pénélope, Hector,Télémaque. Le destin de ces personnages et héros grecs, chantés dans l’Iliade et dans l’Odyssée, a traversé les siècles, mais aussi nos vies à tous, à un moment où à un autre, dans nos lectures, à travers les récits mythologiques qui ont pu nous passionner, au théâtre, ou au cinéma. Sans oublier qu’il n’y a pas si longtemps, l’enseignement secondaire les mettait au cœur de ce qu’on appelait les "humanités", l’apprentissage du grec et du latin. Disons d’abord de quelle façon nous lisons Homère, et en quel sens il est pour nous l’auteur de l’Iliade et de l’Odyssée. Nous prenons Homère tel qu’il s’est offert aux Grecs anciens, en tout cas après Pisistrate. Nous nous en tenons à ce qu’il a semblé être, sans rechercher ce qu’il fut réellement. Homère comme phénomène, c’est-à-dire comme se donnant à voir alors dans la globalité de son œuvre, est ce qui nous importe: lecture phénoménologique, si l’on veut, par opposition à une lecture historique. Seule la première respecte et accueille le réseau entier des significations, réseau que la seconde démantèle, de sorte que bien des significations se perdent alors. Poète épique grec de la seconde moitié du VIIIème siècle av. J.-C., Homère est probablement originaire d'Ionie, en Asie Mineure. Depuis l'Antiquité on le désigne comme l'auteur de deux poèmes épiques, L'Iliade et L'Odyssée. Sur la vie d'Homère nous ne connaissons rien de certain. L'intérêt d'ailleurs se fixe aujourd'hui sur les conditions de genèse de son œuvre plutôt que sur les éléments de sa biographie, déjà légendaires dans l'Antiquité. Il existe en effet sept Vies d'Homère, toutes issues de l'Antiquité tardive mais remontant à une tradition biographique plus ancienne. Elles se rattachent alors pour l'essentiel au genre de la biographie romancée, destinée à satisfaire la curiosité du public. La multitude et la discordance des informations qu'elles contiennent montrent que les Anciens déjà ne disposaient pas de données indiscutables. La rareté des sources nous conduit à étudier l'œuvre.   "J'ai abandonné bien des richesses en empruntant cette route. Mais j'en retrouverai bien d'autres sur le chemin duretour. L'or, le bronze aux reflets rouge, les femmes à la peau claire et le gris scintillant du fer composeront alors mon immense butin. Comme les vents sonores, soufflant en tempête, quand la poussière abonde alors sur les routes, la ramassent et en forment une énorme nue poudreuse, de même la bataille ne fait plus qu'un bloc des guerriers. Tous brûlent en leur cœur de se massacrer avec le bronze au milieu de la presse". Pour déterminer la date approximative de son existence, l'on se fonde principalement sur des pratiques et des objets qui, présents dans les textes, peuvent être datés par l'histoire et l'archéologie. Ainsi le combat en phalange, les décorations d'une tête de Gorgone, les chaudrons à trépied, entre autres, ne pouvaient être connus avant le VIIIème siècle. Autre indice historique, la notoriété des deux épopées semble établie au tout début du VIIème siècle, puisqu'on en trouve des échos dans des sources littéraires de cette période, comme Hésiode ou Archiloque, et que des scènes homériques commencent à figurer dans les vases vers 680 av. J.-C. La région d'origine d'Homère, comme sa langue en témoigne, est la région ionienne en Asie Mineure, aujourd'hui la Turquie. Des sept localités qui se disputaient l'honneur de lui avoir donné naissance, Smyrne et l'île de Chios sont les plus probables. En dehors de ces indications concernant la date et la patrie du poète, nous ne pouvons faire que des suppositions. Peut-être était-il lui-même aède, autrement dit chanteur ou bien récitant professionnel reconnu. Un passage de L'Odyssée nous montre un aède à l'œuvre dans le palais d'Alkinoos. Il est entouré de respect et d'égards. La tradition voulait qu'Homère fût aveugle mais la cécité était souvent liée à l'idée d'inspiration. Quant aux étymologies de son nom, "celui qui ne voit pas" ou bien l'"otage" ou bien "celui qui réunit", on pencherait pour la dernière comme reflétant les réunions festives où les poèmes étaient récités. Il est difficile de dire aujourd'hui si Homère a été un individu historique ou bien une identité construite, un personnage conceptuel, et s'il est alors bien l'auteur des deux célèbres épopées qui sont au fondement même de la littérature occidentale.   "La bataille meurtrière se hérisse de longues piques, des piques tailleuses de chair qu'ils portent dans leurs mains. Les yeux sont éblouis des lueurs que jette le bronze des casques étincelants, des cuirasses fraîchement fourbies,des boucliers éclatants, tandis qu'ils avancent en masse. Il aurait un cœur intrépide, l'homme qui pourrait alors trouver plaisir, et non chagrin, à contempler telle besogne". Dans l'Antiquité on considérait aussi comme œuvres d'Homère l'ensemble du Cycle épique, ainsi que la "Batrachomyomachie", le "Margite", poème comique perdu etles Hymnes. Mais les critiques alexandrins déjà ne retenaient comme authentiques que L'Iliade et L'Odyssée. L'Iliade traite un épisode crucial de la guerre de Troie, ou Ilion, la colère d'Achille. L'Odyssée raconte le retour d'Ulysse, Odysseus, dans sa patrie, Ithaque, après vingt ans d'absence, dix au siège de Troie et dix pour le voyage du retour. Tandis que les événements racontés dans les poèmes remontent alors à la fin de l'époque mycénienne,XVIe-XIIe siècles av. J.-C., la composition, elle, date du VIIIe siècle. Ainsi, quatre siècles au moins séparent le sujet et la narration, siècles qui ont vu des événements historiques extrêmement importants mais peu connus. Vers le milieu du IIème millénaire avant notre ère, la civilisation mycénienne, du nom de la citadelle de Mycènes, siège du roi Agamemnon, s'étend sur plusieurs localités du continent et des îles grecs. Ayant assimilé les influences de la civilisation crétoise, elle succède à celle-ci comme puissance économique et surtout militaire. Les Mycéniens sont les Achéens, ou Argiens ou Danaens, d'Homère. Ils accomplirent vers 1200 une expédition contre Troie. Mais ils étaient alors proches de leur propre fin. La tradition attribue leur destruction à l'invasion dorienne qui marqua, avecla fin de l'ère mycénienne, le début du "Moyen Âge grec", XIe-IXe siècles, dits obscurs. Les recherches sur cette période n'ont pas encore éclairci tous les problèmes. Dans la perspective des épopées homériques, il est plausible de supposer que les Mycéniens qui, fuyant la catastrophe, s'installèrent sur la côte ionienne amenèrent avec eux leur patrimoine de légendes et le souvenir d'un passé glorieux, qui devint véritablement le matériau des épopées.   "Honte à vous ! Argiens ! Ah ! les lâches infâmes, sous leur magnifique apparence ! Où s'en sont donc allées vos vantardises ? Nous étions des preux, à nous croire, quand, à Lemnos, vous vous décerniez de vaines louanges, tout en mangeant force filets de bœufs aux cornes droites, en vidant des cratères remplis de vin à pleins bords". Homère n'a pas conçu L'Iliade et L'Odyssée "ex nihilo". Tout porte à croire qu'il a puisé dans une longue tradition de poésie composée et transmise oralement. L'oralité étant un élément fondamental, non seulement pour la compréhension des modalités de création mais aussi pour l'appréciation de l'esthétique même de l'épopée homérique. À cet égard les recherches de l'américain Milman Parry (1902-1935) sont véritablement inaugurales. Il les conduisit en 1933-35 en Yougoslavie auprès de bardes qui maintenaient encore vivante la tradition de la composition orale. Il put constater qu'ils produisaient des poèmes qui comptaient jusqu'à plusieurs milliers de vers sans aucun recours à l'écriture. La teneur littéraire de ces productions n'est évidemment pas à comparer avec les poèmes d'Homère; mais l'analyse de leurs techniques nous aide à expliquer celles des aèdes. Le rôle de la mémoire, infiniment plus développée dans les sociétés sans écriture, est ici primordial. Le compositeur doit en effet posséder l'énorme répertoire des thèmes traditionnels ainsi que des moyens mnémotechniques particuliers tant à l'échelle du vers qu'à celle du chant. En effet, dans ce type de composition où la mémoire est si importante, l'élément de base ne se limite pas au mot isolé. Il est constitué le plus souvent par des expressions stéréotypées, les "formules", pour reprendre le terme consacré mais de définition variable. Les formules sont constituées par des agrégats de mots qui occupent l'un des trois ou quatre segments naturels de l'hexamètre ou un vers entier ou un groupe de vers. Or l'un des traits saillants du style homérique consiste dans la récurrence de groupes de vers ou de locutions. L’Iliade ne contient que quatre journées de bataille.   "Il n'est rien dont on ne se lasse, de sommeil, d'amour, de doux chants, de danse impeccable. De tout cela pourtant qui ne souhaite se gaver beaucoup plus que de combats ? Un petit rocher peut retenir une vague". "On connaît les tournures telles qu'"Achille aux pieds rapides", "du navire à la proue azurée", "à peine avait paru l'Aurore aux doigts de roses". Formules "toutes faites", sans doute, mais que le poète singulier manie avec souplesse dans le contexte prosodique, et que des générations d'aèdes ont portées de leur côté à un degré élevé d'affinement esthétique en rejetant la cheville insignifiante et en recherchant l'insertion organique de la formule dans le fil du discours. Lors de chaque récitation l'aède faisait alors jaillir le chant en combinant la mémorisation et l'improvisation. Un chant traditionnel ne devait compter que quelques centaines de vers.L'Iliade (15537 vers) et L'Odyssée (12109) dépassent de beaucoup ces dimensions. La création des poèmes de cette envergure s'explique peut-être par la rencontre d'un poète extraordinaire avec une tradition parvenue à son sommet à cette époque de plein épanouissement que fut le VIIIème siècle grec. Ce poète, Homère, a-t-il existé ou non ? Voilà, en simplifiant, la fameuse question homérique. Il s'agit en effet de savoir si les deux épopées sont constituées de chants d'origines diverses, plus ou moins bien réunis, sans véritable contrôle de l'ensemble (thèse des analystes) ou bien si L'Iliade et L'Odyssée, par leur cohérence et leur unité littéraire, sont le résultat de l'acte créateur d'un auteur unique (thèse des unitaires). Dans l'Antiquité et jusqu'au XVIIème siècle cette question ne se posait pas. Les critiques alexandrins déjà avaient certes discuté sur les interpolations probables et autres interventions visibles au sein des textes, mais l'existence d'un poète créateur, soit un seul poète pour les deux épopées, soit deux poètes, un pour L'Iliade, un pour L'Odyssée ne faisait alors pas de doute. L'émergence de la question à la fin du XVIIIème siècle peut s'expliquer par un certain climat régnant qui exaltait l'œuvre anonyme issue du génie populaire. À cela s'ajoutaient l'absence d'informations crédibles sur la vie d'Homère, le doute sérieux qu'un homme ait pu créer des poèmes de cette envergure sans recours à l'écriture, et certains éléments qui dans la composition des épopées étaient jugés incohérents.   "Chacun de nous tiendrait, seul, au combat, face à cent, à deux cents Troyens, et aujourd'hui nous ne sommes pas même à la taille d'un seul, à la taille d'Hector, qui va dans un instant livrer nos nefs à la flamme brûlante. Ainsi que des moissonneurs, qui, face les uns aux autres, vont, en suivant leur ligne, à travers le champ, soit de froment ou d'orge, d'un heureux de ce monde, et font tomber dru les javelles, ainsi Troyens et Achéens, se ruant les uns sur les autres, cherchent à se massacrer, sans qu'aucun des deux partis songe alors à la déroute". La question fut posée pour la première fois par les "Conjectures académiques ou dissertation sur Homère" de l'abbé d'Aubignac, écrites en 1664 et publiées en 1715. Mais ce n'est que depuis les "Prolégomènes à Homère"de F. A. Wolf en 1795 que les philologues se sont divisés en "analystes" et "unitaires". Jusqu'au début du XXème siècle les théories analystes ont occupé presque tout le terrain des études homériques. Le travail a consisté surtout à éliminer des vers, déplacer des épisodes, distinguer les éléments récents des anciens, disséquer le texte afin de reconstituer un hypothétique "texte originel". Pour les analystes, il ne peut pas ne pas y avoir plusieurs mains. En philologues rigoureux ils tirent ainsi argument de détails enfreignant la stricte cohérence. Dans l'ordre de la trame, tel silence, telle reprise de scène ou tel retardement sont autant d'indices à l'appui de leur thèse pluraliste. De cela même les unitaires, littérairement plus fins, déduisent justement le contraire,c'est-à-dire les signes d'une conception unique de l'ensemble. Ces procédés seraient alors voulus à des fins architecturales. La querelle de l'unité s'est actuellement apaisée, l'idée d'un acte créateur unique s'est imposée même auprès des néo-analystes modérés. Les recherches des dernières décennies ont envisagé la poésie orale d'une autre manière. On a vu en elle un moyen de conservation et de transmission du savoir au sein de sociétés sans écriture, le langage formulaire et la versification facilitant alors la mémorisation et assurant l'exactitude. Or les poèmes homériques, sans que l'on puisse les réduire au rôle d'"encyclopédie tribale", véhiculeraient des souvenirs très anciens. Dans ce contexte la vieille question des rapports entre Homère et les réalités historiques peut se poser d'une manière renouvelée. Débat sans fin d'universitaires zélés.   "La mêlée tient les deux fronts en équilibre. Ils chargent comme des loups, et Lutte, qu'accompagnent les sanglots, a plaisir à les contempler. Seule des divinités, elle se tient parmi les combattants. Aucun autre dieu n'est là. Ils sont assis, alors tranquilles, en leur palais, là où chacun a sa demeure bâtie aux plis de l'Olympe". La découverte au XIXème siècle des sites mycéniens et troyens a confirmé avec éclat l'existence historique des royaumes mentionnés par Homère. Notre connaissance croissante du IIe millénaire éclaire plus d'un aspect du monde homérique, mais démontre aussi que ce monde ne correspond ni à une période historique ni à une région précises. Il est fait d'éléments repérables sur toute la trajectoire qui va de l'âge du bronze finissant, époque du contenu, au début de l'âge du fer, époque de la composition. Ainsi dans le domaine dela guerre, par exemple, coexistent des objets de grande ancienneté et des pratiques beaucoup plus récentes,la fameuse bataille en phalange d'hoplites. La langue d'Homère ne correspond pas non plus à celle d'une région ou d'une époque uniques. Il s'agit d'un amalgame de dialectes grecs. La base en est l'ionien auquel se mêle l'éolien et l'attique, ce dernier ayant été probablement renforcé lors de la mise par écrit effectuée à Athènes au VIème siècle av. J.-C. Ces premiers textes, biens précieux pour les rhapsodes, sont peut-être liés à l'instauration de la récitation intégrale des poèmes au cours de la fête des Panathénées. Trois siècles plus tard, l'activité philologique des érudits alexandrins fut alors décisive pour la transmission du texte. La plongée d’Ulysse dans l’univers fantastique du mythe a beaucoup plus fasciné les commentateurs que sa réapparition dans le monde de la normalité. L’intérêt s’est porté sur ce qu’Ulysse apprenait au cours de son voyage, sur ce que, réflexion faite, il avait décidé d’abandonner. Le mythe classique a délaissé Ithaque au profit de l’errance. Dans le mythe du voyageur, Ithaque posait un tel problème que, dans la version de Dante, Ulysse privilégie l’acquisition de l’expérience du monde au souvenir de l’oikos et reste un éternel vagabond qui ne reverra jamais sa terre. Ulysse tracerait ainsi une route, celle de la connaissance pure.   "Je le vois trop. On ne gagne pas de reconnaissance à se battre avec l'ennemi obstinément, sans trêve. La part est la même pour qui reste chez lui et pour qui guerroie de toute son âme. Même estime attend le lâche et le brave. Nous avons tous deux sans doute bien des outrages à lancer, toute une cargaison que ne porterait pas une nef à cent bancs". Les thèses platoniciennes et stoïciennes ne sont pas si éloignées, les unes et les autres tendent vers une condition humaine tournée non plus vers la "poikilia" homérique, la tendance à la diversité, à la complexité, l’ambiguïté, mais vers l’unicité, la simplicité, la pureté et l’authenticité. Alors que la poésie est chez Homère la célébration d’une mémoire "poikilè", bigarrée, composée, mélangée, variée, la pratique de l’anamnèse prônée par Platon en fait un exercice spirituel. La fortune d'Homère connut une continuité incomparable. Son interprétation fleurit à des époques aussi différentes que le Vème siècle grec et les siècles chrétiens. En l'allégorisant, ou en le moralisant comme on dira au Moyen Age, chacun y chercha et trouva un "sens caché". C'est dire aussi qu'il exerça une influence immense sur notre civilisation dont il semble une sorte de point de départ littéraire. Il constitua la base de l'éducation à l'époque classique, puis hellénistique et romaine. On y trouva exemples et motifs propres à assurer l'instruction littéraire. On y puisa aussi des modèles de vie. À plus d'un titre l'homme occidental peut voir dans L'Iliade et L'Odyssée des œuvres fondatrices. Avant la grande expérience des tragiques, qu'elles influencent, elles dépeignent pour la première fois l'être humain face à un destin qu'il a conscience de devoir accomplir. En outre le héros homérique, au-delà des pulsions qui l'animent et des forces surnaturelles au sein desquelles il se meut, nous offre l'image inaugurale de quelqu'un qui finit par se reconnaître en l'autre et à voir en lui un homme, fût-il son ennemi. Dans la scène qui dépeint la rencontre entre Priam et Achille au terme de L'Iliade, c'est unecertaine idée de l'homme qui commence son cheminement. La spiritualité et l’intériorité sont les outils quela philosophie et la poésie mettent en avant comme promesse de dépassement de ces limites. Elles sont les deux voies qui permettent à l’esprit, mû par la raison, de s’élever. "Durant notre court passage sur terre, Les dieux se chargent de nous apporter chaque chose en son temps. À voir le chaume, on peut juger de l'épi".   Bibliographie et références:   - Jacqueline de Romilly, "Homère" - Marc Auger, "Génie du paganisme" - Félix Buffière, "Mythes d’Homère et la pensée grecque" - Eva Cantarella, "Quelques jours dans la vie d’Homère" - Marcel Detienne, "Les Maîtres de vérité dans la Grèce archaïque" - Georges Dumézil, "Mythe et Épopée" - Fani Tripet-Pedis, "Les mythes homériques" - Louis Bardollet, "Les mythes, les dieux et l'homme" - Pierre Chantraine, "Grammaire homérique" - Alexandre Farnoux, "Homère, le prince des poètes" - Pierre Carlier, "Homère" - Pierre Judet de la Combe, "Homère" - Monique Trédé-Boulmer, "La littérature grecque d'Homère à Aristote"   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 03/06/24
Médée, en grec ancien Μήδεια / Mếdeia, est la fille d'Idya ou d'Eurylyte ou encore d'Hécate et d'Aetès, roi de Colchide, le gardien de la Toison d'Or, dont l'histoire est liée à la légende des Argonautes. Lorsque Jason et les Argonautes arrivèrent en Colchide en quête de ce trésor, ils se heurtèrent à l'hostilité du roi, peu soucieux de s'en séparer. Mais Médée s'éprit de Jason et les aida à se protéger des pièges de son père, avec l'aide de son frère, Absyrtos. Puisqu'elle possédait l'art de préparer des potions magiques, elle lui prépara un onguent corporel qui le rendit insensible aux flammes émanant de la bouche du dragon protecteur du trésor, endormit la bête par ses charmes, s'empara de la Toison qu'elle remit à Jason. Puis ils s'enfuirent, rapidement poursuivis par Aetès. Afin de retarder son père, elle tua Absyrtos, le mit en pièces et jeta ses membres sanglants dans la mer. Ils furent accueillis en héros à Iolcos, en Thessalie. Devenue l'épouse de Jason qui lui avait juré une fidélité éternelle, Médée eut maintes occasions de prouver ses compétences; si elle rajeunit son beau-père en le dépeçant et en plongeant ses membres dans une chaudière d'eau bouillante d'où le le viel Aeson sortit ragaillardi, ses pouvoirs eurent également des effets maléfiques. Pour se débarasser de Pélias, frère d'Aeson, qui s'était emparé du trône, elle persuada ses filles, les Péliades, d'essayer son procédé de rajeunissement sur leur père, mais se garda bien de le ramener à la vie. Aussitôt, Acaste, le fils de Pélias, chassa Jason et Médée qui durent se réfugier à Corynthe, où naquirent leurs fils. Depuis lors, tous les ans, sept filles et sept garçons vêtus de noir, passaient une année dans le temple d'Héra dans la région où fut commis le meutre. Médée, terrible Médée, femme coupable, qui trahit son père, tua son propre frère, par amour pour Jason, l’argonaute, pour l’aider à conquérir la Toison d’or. Après dix ans de fuite, d’errance et de passion, Médée et Jason s’installent à Corinthe. Jason, peu à peu gagné par les ans et la maturité, devient plus raisonnable, décide de se ranger. Il s’apprête à épouser la fille de Créon, roi de Corinthe. Médée est repoussée aux frontières du royaume, où elle vit avec leurs deux fils et une nourrice. Là, elle est l’étrangère, la fille du roi de Colchide, la barbare et l’exilée. Les habitants de Corinthe la redoutent comme meurtrière et magicienne. Le roi et Jason vont tour à tour venir la visiter avant le mariage, sans doute pour se prémunir d’une éventuelle vengeance. Tous deux auront la faiblesse de lui faire confiance. Le roi, dans un souci de justice et d’humanité, ou bien par lâcheté. Jason, pour d’autres raisons sans doute, peut-être parce qu’elle est la mère de ses enfants. Pourtant, Médée ne pardonnera pas. Elle va tuer encore et encore. Elle va empoisonner la jeune fiancée ainsi que son père, le roi Créon. Et elle va égorger ses propres enfants. Devenant ainsi l’infanticide que l’on sait. Cette antique tragédie a inspiré les plus grands auteurs. Tour à tour, Euripide, Ovide, Sénèque, Corneille et Anouilh se sont notamment inspirés des malheurs de Médée pour écrire des pages aussi belles que sombres. Le cinéma lui fit également place en 1969, avec Maria Callas comme interprète du très beau film de Pasolini. À tout jamais, Médée demeure lacriminelle, l’infanticide, la coupable.    "Je n'aurais pas dû quitter la Colchide. Aider Jason à s'emparer de la toison. Convaincre les miens de me suivre. Me lancer dans cette longue et terrible traversée, vivre toutes ces années à Corinthe comme une Barbare que l'on craint tout autant que l'on méprise". Jason l’avait prévenue: "Les mères n’appelleront plus jamais leurs filles de ce nom. Tu seras seule, jusqu’au bout des temps, comme en cette minute." Aussi, Médée peut bien inspirer le juriste à l’heure où la criminalité des femmes fait l’objet de colloques et d’ouvrages savants. La question récurrente dans ces travaux consiste à déterminer pourquoi la criminalité des femmes les rend monstrueuses alors que, d’un point de vue quantitatif, elle est minime par rapport à celle des hommes. Il est vrai que de tout temps, la figure de la femme coupable a fasciné. De Violette Nozière, l’empoisonneuse, à Véronique Courjault, coupable d’avoir tué trois de ses enfants après les avoir mis au monde, en passant par Charlotte Corday, Henriette Caillaux ou les sœurs Papin, la femme criminelle a toujours fait figure de monstre. Quant aux images archétypales que sont Ève, Lilith, les Amazones, les Bacchantes, ou Pandore, elles représentent celles par qui le scandale arrive, celles qui sont coupables du désordre de l’humanité. Or, qui mieux que Médée peut nous éclairer sur la criminalité des femmes ? Alors, pourquoi choisir Médée ? D’abord, parce qu’elle est coupable à elle seule de tous les crimes: trahison, meurtre, infanticide, adultère, sorcellerie, ensuite, parce qu’elle persiste et s’entête en direction du mal. Ensuite, parce que Médée impose aux hommes l’effrayant défi d’une femme qui tue ses enfants et qui, pourtant, s’en remet. La femme qui a commis le meurtre le plus horrible a non seulement survécu, mais elle est partie, glorieuse, sur son char ou par le feu, échappant ainsi à la justice. Son crime est bien autre chose qu’un drame passionnel. Et la vengeance est un bien piètre mot pour désigner son acte. Si sa violence infanticide n’était qu’un excès de passion humaine, son drame ne serait rien d’autre qu’un drame bourgeois. Il ne serait alors plus question de tragédie grecque. Or, qu’elle s’enfuie par char ou par le feu, Médée réussit en tout état de cause à échapper à la justice des hommes. À travers cet acte de vengeance privée et l’impunité dont elle bénéficie, Médée pourrait peut-être incarner la résurgence du féminin dans une société masculine, à une époque où les grecs croyaient avoir remplacé la vengeance privée par la justice publique. Si la figure de Médée est aussi fascinante, c’est parce qu’elle est emblématique de la criminalité féminine. D’ailleurs, lance-t-elle à Jason: "Je suis tous les sales gestes et toutes les sales pensées. Je suis l’orgueil, l’égoïsme, la crapulerie, le vice, le crime. Je pue ! Je pue, Jason ! Ils ont tous peur de moi et se reculent, tout ce qui est noir et laid sur la terre, c’est moi qui l’ai reçu en dépôt." Elle est, en premier lieu, coupable de crimes politiques dès lors qu’à la trahison des siens, s’ajoute le régicide, l’assassinat de Créon. En fuyant la Colchide avec Jason et les argonautes, elle s’est rendue coupable de trahison politique et filiale. Elle a également tué son frère et l’a découpé, pour en semer les morceaux dans la mer et ralentir la poursuite de leur père, qui s’arrêtait pour en recueillir les restes.   "Sur ce disque que nous appelons la Terre, il n'y a plus rien d'autre, mon cher frère, que des vainqueurs et des victimes. Et maintenant j'aimerais savoir ce que je vais trouver en franchissant ses bords". Quant au meurtre de Créon, la préméditation est incontestable dans la mesure où Médée savait qu’il s’empresserait de serrer dans ses bras le corps de sa fille mourante, et serait gagné par la contagion funeste. Médée est, par ailleurs, coupable de sorcellerie. Ses attributs de sorcière sont significatifs. Sénèque la décrit les cheveux dénoués, noirs, la poitrine dénudée, arpentant des forêts mystérieuses, prononçant des imprécations. Médée est enfin coupable de crimes domestiques, à savoir l’adultère et, bien évidemment, l’infanticide sur la personne de ses deux fils. L’adultère est brièvement évoqué par Jason dans la pièce de Jean Anouilh. Enfin, à propos du meurtre des enfants, Médée est présentée sans complaisance: la violence des meurtres est extrême et elle abandonne les cadavres de ses enfants sans sépulture, tandis qu’elle s’enfuit sur son char. Le personnage de la mère qui tue ses enfants incarne évidemment la criminelle impardonnable, fustigée par la loi et la morale. En cela, Médée apparaît comme une figure de la transgression et de l’altérité. Dès le départ, elle se situe comme une étrangère par rapport à sa Colchide natale. Femme du voyage, de l’exploration, elle refuse les interdits et désire connaître d’autres contrées que son pays natal. Elle embarque en compagnie de Jason et des argonautes mais, dans cette expédition d’hommes, elle est la seule femme. Elle est différente aussi parce que magicienne, tantôt figure de la guérison, du rajeunissement, tantôt figure de la malédiction, de la destruction des hommes comme des cités. Étrangère, elle le reste en s’installant à Corinthe avec Jason. Là, elle est une figure de l’éloignement géographique. Elle n’est pas grecque mais une barbare venue de la lointaine Colchide. Avant même de commettre l’infanticide, elle incarne donc tout ce qui est suspect, étranger et potentiellement inacceptable. Médée reste une figure de l’altérité jusqu’au terme de la tragédie. Sous la plume de Jean Anouilh, elle finit par se suicider en se jetant dans les flammes. Mais, dans les pièces d’Euripide et de Sénèque, elle parvient à s’envoler en char vers son ancêtre le Soleil. Il est vrai que la symbolique commune du feu renvoie tout à la fois à la connaissance et au mal. Médée en vient à apparaître comme la victime de Jason, qui n’a pas hésité à la répudier pour assouvir ses ambitions personnelles, comme il n’avait pas hésité à l’utiliser pour conquérir la Toison d’or. Il est vrai que le mythe de Médée a donné naissance au "complexe de Médée", traduisant le comportement d’une femme qui, abandonnée par son mari, réduit ses enfants à un objet de vengeance. D’une certaine manière, sous la plume de Sénèque, Médée semble effectivement être sous l’emprise de la fureur hystérique, souvent présentée comme un mal typiquement féminin. Si Euripide en a fait une héroïne, la Médée de Sénèque est plus proche d’une femme folle furieuse. En commettant le pire des crimes, Médée, fille naturelle de Méduse, sème le chaos, le trouble, le désordre, tandis que Jason apparaît comme le symbole de l’ordre, de la tempérance, de la mesure, et conséquemment du droit. Elle a passé un contrat avec l’humanité et le contrat a été rompu.   "Le serpent. Je rêve encore de lui. Le monstre de Colchide dont la longueur monstrueuse s’enroule autour du chêne, dans mon rêve je le vois tel que mes hommes le décrivent: à trois têtes, aussi gros que le tronc de l’arbre, crachant du feu bien entendu". La mauvaise conduite de Médée dérive du fait qu’elle ne se soumet pas aux règles de comportement établies par les institutions de la cité grecque. Aussi, son crime, parce qu’elle est considérée comme appartenant à un univers différent de celui de la cité et de la loi, est propice à la contestation d’un ordre. Au fond, Médée représente l’image d’un monde sinistre, archaïque et terrifiant. En tant que telle, elle incarne la violence originelle des barbares, avant que les grecs n’établissent l’ordre au sein de la cité. La figure de Médée pourrait bien être celle d’une déesse mère chtonienne et agraire, détrônée ensuite par les divinités du panthéon olympien. Tandis que Jason représenterait le fondateur d’une culture, d’un ordre, et de rites de sanctuaires. Dans ces conditions, Médée ne représente-t-elle pas une image de la nature profanée, une image colérique et vengeresse ? Alors, peut-être exprime-t-elle l’éternel féminin par-delà les siècles ? Le mythe de Médée a inspiré de nombreux artistes, écrivains, tragédiens, musiciens et cinéastes; Euripide, Eschyle, Sophocle, Ovide, Sénèque, Corneille, Charpentier, Cherubini, ou plus près de nous, de Bernardi avec son film "Médée Miracle" avec Isabelle Huppert. Faisant ainsi l’objet d’une centaine d’œuvres depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours sans compter tous les écrits qu’elle a occasionnés, entre autres dans le milieu psychanalytique. Chez Hésiode déjà, elle est présentée à la suite d’Héraclès et Dionysos, place non négligeable en tant que divinité féminine et bienfaisante ! Apollodore, quelques siècles plus tard, rassemble les épisodes épars et lui réserve un cycle des plus longs, compte tenu de la complexité de la figure polysémique et "féconde", devenue par le cumul "serial killer" impressionnante de sang-froid. Il y a avec Médée comme un mouvement compulsif à non seulement lui inventer des forfaits pour lesquels elle use de sortilèges et de philtres ou manie l’arme blanche, mais aussi à en ajouter par une surenchère d’aventures avec une énième cruauté. Ses pouvoirs font d’elle un "pharmakon" à savoir un objet à double face qui peut tout autant être potion curative que poison destructeur dont il faut manier l’usage avec précaution. Et comme à tout "pharmakon", il lui sera attribué une fonction de bouc émissaire. Peut-on penser que ce qui se supplémente d’une répétition sous le nom de Médée, serait l’inaccessible d’un trauma initial dont l’onde de résonance se manifeste en jouissance ? Médée qui, comme elle, officie sous la Lune lui adresse ses incantations. Elle a le secret des fascinantes racines de mandragore à forme humaine, mortelles pour qui ne sait ni les cueillir, ni en faire usage. Elle sait les utiliser à des fins de rajeunissement. La renommée de Médée en tant que magicienne bienfaisante est donc attestée dès son apparition dans le mythe des Argonautes chez Hésiode, mais reste méconnue, si ce n’est refoulée, au profit d’un potentiel maléfique qui va noircir son personnage. Dans les plus anciennes versions du mythe, elle permet à Jason la traversée initiatique d’une expédition réussie qui consiste à restituer aux Grecs un talisman royal consigné en Colchide pour accéder au trône sans pour cela qu’il y ait de meurtre.   "Médée: ce nom fait surgir en nous des images multiples et contradictoires; celle de la femme trahie par l'homme auquel elle avait tout sacrifié, mais aussi celle de la sorcière capable de tuer ses propres enfants; un être inhumain pourtant torturé par les émotions les plus humaines; la haine et l'amour porté à leur comble. Ce qui fascine en elle, c'est son ignorance absolue du médiocre, cette nécessité de franchir en tout domaine les bornes du connu, cette dimension superlative qu'elle acquiert dans le bien comme dans le mal".  Depuis son nom métaphorise une certaine jouissance, celle de l’"hainamoration". Cependant son acte de vengeance contre Jason, l’époux parjure, a pour arme non pas – comme on le lit souvent, son pouvoir maternel, mais son pouvoir "génésique". La nuance est de taille, car elle nous oblige à la considérer dans sa potentialité sexuée d’abord en tant que femme plutôt qu’en tant que mère. Car prenant la partie pour le tout, son nom reste négativement associé aux pouvoirs de vie et de mort conscients ou inconscients de la femme procréatrice, gestatrice ou mère lorsqu’il est question d’hospitalité charnelle rejetée, refusée ou néantisée et d’une "chair pensante" perturbée dans sa sensibilité jusqu’à devenir meurtrière. L’œuvre de la pulsion de mort qui conduit la déliaison psychique la plus destructrice de la psychose peut engendrer chez certaines des passages à l’acte infanticides qui défraient la chronique et déroutent les tribunaux. Il est toutefois fort intéressant de découvrir que ce nom de Médée, lorsqu’il est évoqué dans la Grèce ancienne d’avant la chute de Troie, représente un principe de vitalité dans ce monde protohistorique matriarcal, ordonné sous l’égide des Déesses primitives. Si une femme fait l’expérience de cette mise en abîme à l’infini d’avoir été engendrée par une femme qui a elle-même été engendrée par une femme et qui à son tour peut potentiellement engendrer une femme, elle le doit à son anatomie qui la fait détentrice d’un utérus, ce que l’homme ne possède pas. Ainsi, l'amer regret de Jason, dans la Médée d’Euripide, illustre sa blessure: "Ah ! il aurait fallu que les hommes puissent faire des enfants par un autre moyen, sans qu’il existât la race des femmes : ainsi les hommes ne connaîtraient plus le malheur !." La Médée d’Euripide use de son pouvoir sur les enfants pour casser l’arrogance de Jason qui ne vise, lui, que le pouvoir royal en la répudiant. La fureur de Médée est à la hauteur de l’ingratitude de Jason qui, sans elle, ne serait rien ou ne serait plus. Le tragédien connaît ce que les études philologiques et iconographiques ont révélé au sujet de ses rites pratiqués, selon qu’ils se soient déroulés en Colchide ou à Iôlcos. Ainsi trouve-t-on une représentation de Jason régurgité par le dragon gardien de la Toison d’or. Sur une coupe datée des alentours de 480, le dragon est sur la partie gauche et Médée se tient à droite, alors que Jason, tel un nouveau-né se dégageant du sexe de la femme, plonge les bras en avant vers ses pieds. Plus répandue dans l’imagerie populaire est la représentation de Médée faisant bouillir son chaudron. Soit elle utilise ses mixtures en transfusions avant l’heure que reçoit Aeson, le père de Jason, soit elle y plonge l’intéressé toujours de sexe masculin à des fins de rajeunissement, pour remédier à sa vieillesse, Pélias ou Aeson, ou pour une simple régénération, Jason. Dans son chaudron est notamment aussi plongé le bélier qui en ressort transformé en agneau. Cette séquence, qui vient d’une version plus tardive, nous est connue pour avoir été pratiquée devant les Péliades, filles de Pélias, afin de les convaincre du bienfait si elles confient le sort de leur père à Médée, mais cela ne s’avérera n’être qu’une supercherie pour se débarrasser de lui.   "Je suis partie avec Jason parce que je ne pouvais plus rester dans cette Colchide perdue, corrompue. C’était une fuite. Et voilà que j’ai vu sur le visage du roi Créon de Corinthe la même expression de présomption et de crainte qu’on repérait vers la fin sur les traits de notre père Aiétès". Il est attesté d’ailleurs que Pélias, roi de Iôlcos despote et illégitime, soit mort de sa belle mort et que des funérailles glorieuses furent célébrées avec des jeux funèbres plusieurs fois commentés. Des recherches déjà anciennes de philologues sur ce thème attestent que le meurtre de Pélias serait dû à une bifurcation du mythe installant Jason et Médée en fugitifs, pour maintenir la logique d’une vengeance d’Héra contre Pélias. L’hypothèse de ce procédé littéraire serait alors le prétexte de nouveaux épisodes en renversant la fonction de Médée bienfaisante en néfaste magicienne. Créophylos, qui en serait l’auteur, lui fait alors commettre deux meurtres: celui de son frère Absyrtos et celui de Pélias. Euripide n’aurait fait que prolonger cette voie en rajoutant l’infanticide. Figure de femme à l’aube de la civilisation occidentale, elle évolue dans un monde encore marqué par le culte de la Grande Déesse, force vitale qui représente le vivant et qui perpétue l’espèce. Nous verrons qu’avec "Les Argonautiques", épopée du poète alexandrin Apollonios de Rhodes écrite au iiie siècle avant notre ère, et qui préfigure la tragédie d’Euripide, la fonction de magicienne auprès de Jason ne sera pas encore celle de lui donner une descendance, mais celle d’assurer sa survie, en lui donnant son enveloppe narcissique. Car Jason, fils de Polymédée "la toute inventive"et "celle qui prend beaucoup soin", ne peut rien pour lui-même. On remarque bien sûr que le nom de Médée était déjà contenu dans celui de sa mère. La potentialité de Médée étant de puiser les pulsions de vie conduira Jason à une régression pour en revenir régénéré et fortifié. Jason ne tuera pas son père, ne couchera avec sa mère, mais reviendra dans la matrice. L’aventure de Jason va se concevoir comme une perpétuelle exposition à la mort due à l’injonction perverse de son oncle cruel. Pour y parvenir, des transgressions seront commises qui feront côtoyer à l’équipage de l’Argo les forces obscures de la régression. Ils seront aidés par les divinités. Héra, instigatrice de l’entreprise, est la déesse tutélaire qui veut le mort de Pélias. Elle fait appel à Athéna, l’indispensable conseillère des héros qui possède le potentiel bien nécessaire à Jason, pour traverser les épreuves à venir. Déesse de la Guerre et de la Pensée, elle le protégera avec ses compagnons par sa Sagesse et les guidera en présidant à la construction de l’Argo, qu’elle équipe d’une proue parlante taillée dans une poutre venant d’un bois sacré d’oracle et en suivant sa navigation. Rappelons la naissance d’Athéna. Métis, première amante de Zeus, est à la fois Sagesse et Prudence ou bien son envers Ruse. Zeus avait avalé son amante alors qu’elle était enceinte d’une fille, craignant qu’après cette première naissance elle ne mette au monde un fils, qui le délogerait comme lui-même avait délogé son père, Cronos. L’enfant sortit armée du crâne de son père qu’Héphaïstos fendit. Ainsi le fils présumé fut sacrifié avant d’exister, en supprimant sa gestatrice potentielle. "Qu'est-ce qu'un mortel ? Rien qu'une ombre. Le bonheur n'est pas fait pour nous les mortels".   "Vous me croyez donc capable, lui ai-je demandé, d’avoir tué mon propre frère, de l’avoir déchiré pour le mettre en morceaux pour l’emporter dans un sac de peau pendant ce voyage ? Il s’est tortillé, mon bon Jason. J’attends encore sa réponse". "Mais voilà que la Colchide me rattrape. Tes ossements, frère, je les ai jetés à la mer. Dans notre mer Noire que nous aimions et que tu aurais désiré avoir comme tombeau, j’en suis sûre". Apollonios ne se prive pas d’accentuer un retour vers l’originaire. Du début à la fin de son épopée, Apollonios place le périple de l’Argo sous la tutelle des divinités archaïques, rattachées au culte de la Grande Déesse. Le poète, dans son premier chant, surnomme Héra, Pelasgis, en référence à l’Héra primitive qu’honoraient les Éoliens, ancêtres des Thessaliens; un autre poète la nomme également "la glorieuse déesse éolienne, génératrice de toutes choses", la définissant alors comme une Grande Déesse Mère protohistorique. Il y aura le passage du stade occidental au stade oriental, à entendre comme passage d’un temps dit civilisé à un temps archaïque, où les forces premières et non domptées rencontrent les forces de vie, celles génésiques. Le récit nous porte vers le Pont-Euxin et le détroit de l’Hellespont, nous sommes alors conviés à suivre, avec suspens, une prouesse de l’Argo et une première transgression. Jusque-là, aucune embarcation ne s’était aventurée au-delà au risque d’être engloutie par les tumultueuses et fracassantes Symplégades, ces roches flottantes renommées comme infranchissables, car pouvant enserrer les navires dans ses récifs se rapprochant. Mais sans céder à la panique par un simple stratagème de sa proue parlante, la nef portera l’embarcation au-delà du danger vers des eaux calmes, en laissant un bout arrière de sa coque dans cette zone où Hellé, une petite fille a péri. Hellé auquel ce détroit vaudra son nom, Hellespont, chuta du Bélier à toison d’or et ailé qui la portait avec son frère Phrixos vers l’Orient. Elle se noya. Le bélier avait été envoyé par leur mère répudiée pour sauver son fils qui allait être sacrifié par le père, sous l’influence de sa nouvelle épouse. Phrixos parviendra jusqu’en Colchide. Aiétès, roi cruel et fils d’Hélios, l’accueille à condition de sacrifier le bélier pour le culte d’Arès. Ainsi la monture arrivée en Colchide, amputée de la part fille qu’elle transportait, était devenue ce fétiche royal, La Toison d’or, qui devrait un jour être restituée au peuple grec. C’est pour cette gageure que Jason est missionné et dont Pélias espère l’échec. Cependant, Aiétès, qui n’est pas du tout disposé à se faire déposséder de la Toison d’or, soumettra Jason à des travaux. Dès l’arrivée en Colchide, Héra et Athéna inopérantes auront recours à Aphrodite afin de déclencher l’état amoureux de Médée, la fille d’Aiétès qu’elles comptent utiliser. Aphrodite va convaincre son fils Éros d’atteindre la jeune femme de sa flèche. Elle deviendra cette force obscure, mais puissante, dont il sera dépendant en lui délivrant les drogues dont il aura besoin pour réussir sa mission. Dès son premier regard pour Jason, Médée sent son destin basculer sous l’emprise ravageuse de l’amour destructeur qui la conduit déjà à sa perte avec les trahisons à venir, d’abord la sienne vis-à-vis des siens, puis celle de Jason vis-à-vis d’elle. Magie et amour seront intriqués, comme le sont les destins des pulsions de vie et pulsions de mort jusqu’à la désintrication. Apollonios centre son récit sur les effets du coup de foudre nécessaire à l’intrigue, effets qui provoquent l’ébranlement affectif de la jeune femme. Le choc amoureux, loin de la rendre heureuse, provoque alors un véritable cataclysme.   "Alors cette femme, venant à notre rencontre dans la cour du roi Aiétès toute recouverte de vigne, était l'image opposée de ces horribles fruits macabres, peut-être est-ce pour cela qu'elle nous fit une aussi forte impression". Ce par quoi elle est pénétrée qui va la faire haïr Jason en même temps que sa force d’attraction s’exerce, la fait œuvrer vers un sacrifice d’elle-même, marque d’une jouissance bien au-delà du principe de plaisir. Le poète rend alors compte d’une bascule narcissique vers un narcissisme de mort, avant qu’elle ne mette ses pouvoirs au service de Jason. Désespérée, elle envisage même le suicide pour échapper à ce destin, sa boîte contient les ingrédients pour concocter une potion fatale. Mais la volonté d’Héra, qui tient les ficelles, la fait se ressaisir. Elle aidera Jason. C’est en précaire suppliant que Jason la retrouve dans le temple d’Hécate, pour obtenir d’elle les potions dont il a besoin. Il ne craint pas de la corrompre pour parvenir à ses fins. Mais cœur d’artichaut, il succombe lui-même au sentiment amoureux, alors qu’elle est ravagée par ses tourments. Aucun mortel ne peut accomplir les travaux auxquels Aïétès soumet Jason. Ils se dérouleront sur la plaine d’Arès et consisteront à dompter des taureaux d’une férocité sans nom pour en faire des bœufs de labour. Dans les sillons, des dents de dragon semées ont engendré des guerriers qu’il va combattre. Médée lui a préparé des drogues, dont un onguent, qui le métamorphosent en vaillant et invincible guerrier. Il accomplit le rite particulier destiné à Hécate que la magicienne lui a enseigné, afin que les puissances telluriques l’assurent d’une fureur sans limite pour un seul jour. Il sort vainqueur du combat, mais Aiétès, qui ne tient pas sa parole, ne lui rend pas la Toison d’or. Médée devra encore intervenir. La nuit venue, elle usera d’incantations et de potions pour décrocher secrètement le précieux talisman suspendu à l’arbre sacré et gardé par le dragon toujours éveillé qu’elle endort. Jason, couvert de la peau d’or qui va légitimer son pouvoir royal devant Pélias, embarquera sur l’Argo avec celle qui ne peut désormais que s’exiler et qui devient épouse aigrie aux pouvoirs maléfiques. Apollonios consacre plusieurs vers à l’onguent dont Jason a enduit son corps, ainsi que sa lance et son bouclier avec des précisions sur l’origine de sa substance et le lieu de la cueillette. L’onguent contient une mandragore spéciale, le "prométhéion". Médée l’a cueillie au pied du Caucase qui surplombe la Colchide, où Prométhée est enchaîné. Le "prométhéion" a poussé, nourri du sang s’écoulant du foie meurtri du Titan perpétuellement dévoré par l’aigle, supplice que lui a infligé Zeus. Lorsque la magicienne a arraché la plante à la terre, est-il dit, celle-ci a gémi de douleur. Cette référence à Prométhée par Apollonios, déjà présente dans "Les Colchidiennes" de Sophocle, associe le Titan et Médée: tous les deux ont commis une transgression au service de mortels : Prométhée vis-à-vis de Zeus, Médée vis-à-vis de son père. Pour Apollonios, Prométhée était un sage qui a enseigné la philosophie aux hommes, le don du feu qu’il leur accorde en serait la métaphore. Les anciennes versions littéraires ainsi que les figures iconographiques racontent qu’à leur retour à Iôlcos, elle procède au rajeunissement de Pélias et d’Aeson. Par cette opération, Médée viendrait-elle remédier à la blessure que suscite la maturité d’un fils auquel il faut céder la place ?    Bibliographie et références:   - Apollodore, "Bibliothèque" - Apollonios de Rhodes, "Les Argonautes" - Euripide, "Médée" - Hésiode, "Théogonie" - Hygin, "Fables" - Ovide, "Métamorphoses" - Pausonias, "Description de la Grèce" - Pindare, "Odes" - Sénèque, "Médée" - Michèle Dancourt, "Médée" - Arnaud Fabre, "La magie de Médée" - Antoinette Fouque, "Médée" - Bénédicte Daniel-Muller, "La Médée d’Euripide" - Patricia Rossi, "Médée magicienne"   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.  
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Par : le 02/06/24
La vie en Zuip (épisode 512) + 30 % de BDSM (offre découverte) – avec une épreuve originale : La tête dans l’eau !   Il la domine. Il le faut. Il la bafoue. Il la rabaisse. Il la gifle. Il lui crache à la gueule. Il lui pisse dans la bouche. Il le faut. Parce que c’est comme ça. Entre elle et lui. Entre elle et lui, il y a : cette épaisseur du désir. Cette tension, animale, même quand ils ne se touchent pas. C'est dense, c’est épais, c’est lourd. Et parce que c’est dense, épais, lourd : les coups tombent. Les coups. Il cogne. Il frappe. Il frappe son cul, sa croupe. Il envoie valser ses seins. Il la gifle.   « Soumise !... Soumise !... Tu n’es que ça !... » Il la réduit à son corps. A ses désirs. Ah ! Elle veut sentir le mâle ! Etre empoignée ! Malmenée ! Maltraitée ! Elle veut sentir son poids. Et son autorité. « Tu vas être servie… ma fille !... » (qu’on ne se méprenne pas : il n’y a aucun rapport entre eux d’un Daddy avec une little… même si elle le vouvoie et qu’il la tutoie… « ma fille »… il la rabaisse à ça… « pauvre femme ! »… « tu n’as pas le choix ! »…)   Ne pas avoir le choix ! C’est bien ce qu’elle désire…   *   Il impose. Il décide.   « Mettre un peu d’ordre dans tout ce bordel » pense-t-il.   Parce qu’il y a la vie commune. Les longues discussions en buvant un verre… « C’est l’heure du Prosecco ! »… Politique, musique, travail, lectures, souvenirs, famille, théâtre, voyages… Tout y passe… Ils se racontent… Toute une vie à se dire… Ils n’arrêtent pas de parler… « Tu as vu l’heure ?... Il est presque 22 heures !... Et si on dînait ?... »   Parce qu’il y a la vie commune. Zuip en cuisine. Carpaccio de coquilles Saint-Jacques ?... Salade de crevettes ? de saumon ? de haddock fumé ?...   Parce qu’il y a la vie commune. Zuip et La Queen sortent. Ils vont au théâtre. Ils vont voir des expositions : Sophie Calle au musée Picasso ; Le Paris de la modernité au Petit Palais ; Noir & Blanc à la Grande Bibliothèque ; Bernard Réquichot à Beaubourg… Zuip et La Queen déambulent. Se promènent : au bord de la Marne, dans le Jardin d’Agronomie Tropicale, à Saint-Sulpice et Saint-Germain-des-Prés… « Il est trop tard pour boire un verre chez Lipp… Dommage… » Zuip se lève tard et La Queen tôt. Ils ont des horaires décalés. Ils sortent tard. Ils dînent tard. Ils se couchent tard. La Queen dort déjà quand il se glisse sous la couette, pose discrètement une main sur son flanc, sur la courbe de sa hanche…   *   Et soudain… alors qu’ils boivent un verre… La Queen confortablement installée dans le canapé… Zuip dans son fauteuil vert…   Ils aiment cet instant. Quand tout est possible. Quand rien n’est décidé. Quand l’air entre eux devient plus dense, plus épais. Ils aiment cet instant. Ils aiment le prolonger. Sentir que leurs souffles déjà s’accélèrent. Sentir qu’ils sont liés par l’intensité de ce qui va suivre. Liés par leurs regards. Noués.   C’est à peine si Zuip esquisse un geste. Le bras posé sur l’accoudoir du fauteuil. Les doigts qui se déploient. Est-il besoin de lui signifier son désir qu’elle soit là ? Et la femelle se laisse glisser du canapé au sol. D’un seul mouvement souple, elle glisse, à genoux, et à quatre pattes, elle rampe, elle franchit la courte distance, elle vient : jusqu’à lui.   Et soudain : elle est là. Contre lui. A genoux. Au sol. La tête posée sur ses cuisses. Ou le regardant, souriant, les yeux déjà embués de désir.   Alors il pose la main sur son crâne. Tout peut commencer.   *   « Maintenant » dit-il.   Il lui impose des épreuves. Elle le sait. Elle l’attend.   Alors il se lève… l’abandonne… « Tu ne bouges pas »… Il la laisse là… à genoux… la tête posée sur le fauteuil vert… qu’il vient de quitter…   Il prend son temps. Il prend son temps pour remplir la cuvette d’eau tiède. La rapporter dans le séjour et la poser au sol, sur le tapis, devant le buffet rouge…   « Viens » dit-il. Elle a compris. Elle sait ce qu’elle doit faire… Et s’agenouille… au sol… devant la cuvette d’eau… « Allez ». Elle sait ce qu’elle doit faire… se penche… et plonge la tête dans l’eau… son visage… Elle retient son souffle… Alors il la branle… De son pouce dans sa chatte, il la prend, il la branle… Tout le temps qu’elle retient son souffle, la tête dans l’eau, elle sera branlée… Elle le sait… Mais quand elle n’en peut plus… quand elle se redresse et respire, enfin, bruyamment… il ne la branle plus… mais la frappe… la fesse… sa main tombe sur sa croupe… violemment… Alors vite… elle replonge… la tête dans l’eau… Et le pouce, les doigts, la main… la reprennent… la branlent vite et fort… Et chaque fois qu’elle ressort la tête de l’eau… à bout de souffle…  elle sait qu’elle sera fessée… sauvagement… tout le temps qu’elle reprend son souffle… quelques secondes… il la frappe… il la fesse… rudement… Alors vite… elle aspire l’air… profondément…  et vite… se penche… plonge tout son visage… dans la cuvette pleine d’eau tiède… Elle bloque sa respiration pour être à nouveau prise… caressée… branlée… prise par le plaisir… Cela dure… Et c’est à chaque fois plus intense… pus intime… plus profond… Cela dure… jusqu’à ce qu’il décide… enfin… de la faire jouir… Jouir ! Jouir ! Jouir !... dans son essoufflement… Jouir et gicler ! La femelle gicle et jouit… Elle inonde sa main, ses doigts… Elle inonde le tapis…   « Je n’ai pas mis une seule goutte à côté de la cuvette… » dira-t-elle plus tard en riant… et en contemplant la large tâche plus sombre sur le tapis…
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Par : le 29/05/24
Zuip ordonne et elle obéit. Toujours elle obéit. « A genoux. Vite ! » Aussitôt elle s’exécute. « Tête baissée ». « Je veux ton abnégation. Ton humilité ». Elle ploie sous les mots. Ses épaules s’affaissent. Elle devient cette chose. Obéissante. Docile. Humble. Cette chose entre ses mains. Sous son regard. Prise dans l’obéissance. Cette chose qui toujours l’émeut. « Empoigne ta chatte. «  « Triture. Malaxe » Il bande de la voir obéir. Il bande de la voir presser, broyer sa chatte, toute sa vulve serrée dans sa main. Il écoute son souffle. Ses gémissements. Pose sa main sur sa nuque. Sur son crâne. Il aime tenir son crâne dans sa paume. Faire ainsi d’elle sa femelle. L’attrape brusquement par sa tignasse. Et lui tire la tête en arrière. Voir sa gueule ! Voir sa gueule dans l’obéissance et le plaisir. « Continue. Et glisse un doigt dans ta chatte. Branle ». Alors il la gifle. Plusieurs fois. Fort. Elle en grogne. « Branle. Branle plus vite. Branle plus fort. » Elle est aux ordres. Elle obéit. Elle subit. Les gifles. Et sa bite qu’il promène sur son visage. Sur ses joue, son front, son nez. Il tourne autour de sa bouche. Avant de s’y engouffrer. Pour s’y imposer. Toute sa bite. Au fond. Qu’elle s’en étouffe ! Pour importe son plaisir à lui… Il ne se branle pas dans sa bouche. Il s’impose. « Branle. Remplis-toi. Plusieurs doigts ». Jusqu’à ce qu’il s’arrache à bouche. A sa bave. Qui coule. Voir alors son regard. Ses yeux d’un bleu intense. Voir sa bouche suffoquant en manque. Alors il attrape la cravache. Pour dessiner ses courbes. Pour qu’elle craigne. Simplement la frôler. Et s’agenouiller derrière elle. L’empoigner aux hanches. Fort. Il empoigne pour lui faire mal. Il empoigne pour l’encourager. Il l’empoigne pour la marquer. Il l’empoigne comme s’il la branlait. Jusqu’à ce qu’elle jouisse. « C’est ta seule issue ».
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Par : le 27/05/24
J’ai été toute contente de recevoir l’invitation de Georges. Nous faisions du tchat sur le site bdsm depuis quelque temps déjà en échangeant sans tabou des confidences sur nos fantasmes érotiques les plus secrets. Il connaissait mes sombres désirs de soumise exhibitionniste et je n’ignorais rien de ses penchants dominateurs. L’invitation était pour une soirée mondaine sur le thème de la Rome antique. Georges me prévint qu’il y aurait une invitée spéciale et que j’apprécierais le spectacle.   Il n’avait jamais voulu me donner son adresse, mais cette fois, elle était sur l’invitation et j’ai constaté avec plaisir que ce n’était qu’à une quinzaine de kilomètre de mon domicile. Dressing code de style romain et heure de début assez tardive, 22 heures.   J’ai choisi une toge en tissu soyeux, d’un blanc virginal, sans manches, drapée autour de moi et simplement attachée sur l’épaule. Une cordelière autour de la taille, des escarpins aux talons vertigineux, un soutien-gorge ? J’hésite, les Romaines n’en portaient sans doute pas. Donc, rien au-dessus ; à mon âge, mes seins, bien qu’opulents, tiennent encore bien. Et en-dessous ? Je me veux audacieuse, rien non plus, ma culotte restera à la maison.   A 22h15, je gare ma voiture au milieu d’une dizaine d’autres déjà sur place, m’inquiétant d’être en retard, et je sonne à la porte. C’est Georges qui vient ouvrir, et je vois qu’il est satisfait de mon aspect et de ma tenue. Heureux de faire ta connaissance en chair et en os, me dit-il, tu es parfaite, et il m’entraîne dans la pièce voisine.   Et là, brusquement, quelqu’un me saisit les deux bras par derrière, des menottes claquent autour de mes poignets, un bandeau me tombe sur les yeux, me voilà aveuglée, affolée, attachée sans défense, tandis qu’on m’écarte les mâchoires pour y introduire un anneau qui me bâillonne la bouche ouverte et qu’on me fixe une laisse de chien autour du cou. Tout s’est passé en quelques secondes sans que je trouve la possibilité de me défendre. La laisse se tend et me traîne vers ce que je devine être le salon.   Je perçois un brouhaha d’excitation lorsque je fais mon apparition. Georges m’a trompée sur l’heure du rendez-vous et toutes ses amies et ses amis étaient déjà présents depuis au moins une heure, buvant et s’amusant en attendant le spectacle annoncé. A ma grande terreur, j’ai compris que c’est moi qui en serais la vedette involontaire.   Un bourdonnement de voix salue mon apparition, accompagné de rires et de moqueries pour ma naïveté. Je ne vois rien, mais je devine une dizaine de personnes échauffées et prêtes à jouir de mon humiliation publique. Georges me fait avancer et monter sur une petite estrade. ‘Pas de soirée romaine sans son marché aux esclaves’ déclare-t-il. ‘Voici l’offre de ce soir. Qui la veut ? Je vous montre d’abord la marchandise’. Ce disant, il défait le ruban qui retenait la tunique sur mon épaule. Elle glisse jusqu’à mes pieds, révélant toute ma nudité à la grande joie des invités. ‘Elle se promène à poil dans les rues, s’écria-t-il, cette soi-disant bourgeoise est une salope dévergondée’ et, me forçant à écarter les jambes, il me donne la honte suprême d’être exposée grande ouverte sans pouvoir rien cacher. Très vite, je sens des mains commencer à tâter mes endroits les plus sensibles, mais Georges intervient brusquement : ‘Elle m’appartient encore. Si vous voulez en profiter, il faudra la gagner à la loterie’. ‘Nous allons faire cela comme au poker. Je vais distribuer 5 cartes à chacun et celui ou celle qui aura la plus belle main emportera la mise’. Dans un brouhaha général, je les entends comparer leurs combinaisons jusqu’à ce qu’une voix féminine proclame sa victoire avec un beau full de rois par les dames. Aussitôt elle prend possession de ma laisse et me traîne derrière elle dans toute la salle en laissant les spectateurs me palper les seins, me glisser une main indiscrète dans l’entrejambe, me claquer les fesses et les cuisses, tout en riant de mes tentatives aveugles de me protéger malgré mes mains toujours attachées. J’ai honte, je voudrais disparaître, la sueur me perle sur tout le corps.   ‘Après cette promenade, que voulez-vous comme autre divertissement pour cette soirée romaine ?’ demande ma nouvelle maîtresse. Si vous êtes d’accord, je vous propose quelque chose bien spécifique à cette civilisation. On va la faire participer à une petite crucifixion. Est-ce que cela-vous convient ? Un fracas d’acclamations me fit comprendre avec beaucoup d’appréhension que la soirée serait mouvementée pour moi. Tout était déjà prêt, car très vite, deux cordes descendirent de deux anneaux scellés au plafond, à 60 centimètres l’un de l’autre. Prestement, les menottes me furent enlevées pour être remplacées par deux forts bracelets de cuir, doublés de fourrure, auxquels les cordes furent fixées. Au signal de ma maîtresse, deux spectateurs se mirent à tirer chacun sur une corde, me forçant à lever les bras en forme de V et à me présenter, entièrement offerte, les seins dardés par la position et les tétons saillants par l’excitation qui commençait à m’envahir.   Mes pieds allaient quitter le sol quand ils cessèrent enfin de tirer. Je restai ainsi sur la pointe des pieds, respirant à petits coups à cause du bâillon qui me laissait la bouche béante. Me tirant la tête en arrière, ma maîtresse s’amusa à y verser lentement un grand verre de vin, m’obligeant à déglutir bruyamment pour ne pas m’étouffer.   Maintenant qu’elle a bien bu, on va passer aux choses sérieuses, la mise en croix, s’écria-t-elle. Deux autres bracelets furent fixés à mes chevilles et deux autres cordes vinrent s’y attacher. Ma jambe droite fut soulevée la première, jusqu’à ce qu’elle quitte le sol d’une vingtaine de centimètres. Soutenue uniquement par les bras et en équilibre sur mes orteils gauches, je n’en menais pas large. Ils me laissèrent ainsi quelques minutes puis, malgré mes cris étranglés, ils soulevèrent semblablement l’autre jambe, me laissant suspendue par les poignets, dans la parfaite situation d’une crucifiée.   Haletante, je me débattais sans espoir dans mes liens, au milieu des rires et des quolibets de l’assemblée, ravie de mes efforts infructueux pour me libérer.   J’ai vite compris pourquoi ils avaient choisi cette sorte de crucifixion pour se divertir : il est impossible à la victime de rester immobile plus que quelques minutes. Les bras étendus, l’air vient à manquer aux poumons et la crucifiée doit pousser sur ses jambes pour se soulever et respirer. Mais il est impossible de conserver les jambes raidies pendant longtemps et le corps s’affaisse, suspendu à nouveau par les bras. Le cycle reprend, à la grande joie des spectateurs qui jouissent de la détresse de la suppliciée. Dix fois, vingt fois, je régalai mes bourreaux de mes efforts et de mes cris, de plus en plus suppliants mais sans autres résultats que des insultes et des moqueries.   Finalement, mes cuisses refusèrent tout service et je restai douloureusement suspendue par les poignets, pantelante, des sanglots me soulevant la poitrine, avant qu’on me détache enfin.   Georges vint m’embrasser et, me serrant dans ses bras, il me promit que je serais encore invitée chez lui, mais cette fois parmi les convives, pour assister au baptême d’une nouvelle postulante aussi naïve que je l’avais été.    
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Par : le 22/05/24
Pas de malle ni de sac, rien à cacher, mes outils ne se rangent pas Mes outils c'est toi D'abord ta voix tes mots qui trébuchent sensuels comme la courbe d'une virgule, tes phrases alambiquées, les points de suspension qui volent de ta bouche jusqu’au ciel,   ta voix, le murmure de tes mots crus, le souffle de  tes silences, ténor pour l'ardeur soprano à tes heures, les sons de ta voix s’accrochent aux parois de mes hanches Ton regard,  grave et rieur, pervers et insolent, cinglant ou fouineur tes yeux cherche les miens cherche ma gène et mon plaisir, transperçant jusqu’à mon cœur Ta peau, virile, a l’odeur des champs de blé sauvages, des forêts solitaires, ta peau tannée, j'y glisse j'y glisse, si tu m'y autorises, ma langue dans le dédale de tes poils les cicatrices , tes grains de beauté , tes aspérités, ta peau ton odeur qui éveille mes sens,  le parfum de ta sueur, embruns salés, m’envole, j’ondule j’aspire je goutte tes écumes Ta bouche, aux lèvres fines, sait se faire ardente, impétueuse, elle ouvre mes orifices, magique et aspirante. Je plie je plie je plie j'abdique sous tes dents mordantes, chercheuses, fustigeantes, s’accrochant à mes seins, mâchonnant, mordillant, ogres luxuriants Tes mains puissantes brutales caressantes indomptables, elles dansent sur mon corps des arabesques folles, tes doigts obscènes, fouilleurs, pénètrent, tournent, secouent remuent, scrutent, sculptent inlassables ils examinent, consultent ; ils poussent plus loin, creusent plus à fond, intensifient l’instant, augmentent l’intensité, me décortiquent, me dissèquent et me désinhibe , rouge de honte et de plaisir Tes fluides, ta salive que je reçois, que tu me craches, que j’absorbe ta transpiration que je lape ton sperme que j'avale tes fluides, ces gouttes de toi qui s’impriment et s’imbriquent dans les miens Ta queue que je fais gonfler doucement dans ma bouche, tétant ton gland, aspirant ton vit, gorge profonde j’avale j’étouffe et j’en redemande. Ta queue se faufile, s’introduit, s’engouffre, s’enfonce, va et vient flux et reflux , elle plonge, se précipite savourant les jets que mon con et mon cul déchargent de jouissance, ta queue parfaite qui s’empare de moi, incrustant le Lien, droite fière elle nous réunit et embrasse nos êtres jusqu’aux râles lubriques d’euphorie Ton épaule, douce quiétude, pour déposer ma tête après la tempête de nos corps, elle m’accueille savourant la chaleur de ton corps quand je tremble, et reçoit mon retour sur terre légère Et avant tout Ton cerveau , le début de mes envies, le mécanisme qui ouvre  les couvercles de l’alchimie, qui vient pétiller mes synapses, lubrifier mon hypothalamus, ériger mon cortex   
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Par : le 21/05/24
Le général Valeri n'a pas pu s'empêcher d'aller en première ligne avec un commando d'élite de sa milice privée Stalin. Il a besoin d'action. Il aime entendre siffler les balles au dessus de sa tête.  Il aime sentir l'adrénaline couler dans ses veines chaque fois qu'un obus éclate à proximité. Le danger lui donne toujours une furieuse envie de baiser. Certains prennent du viagra ou des drogues, lui pas besoin, savoir qu'il vit peut être ses derniers instants, le met en érection.  Et les hommes et les femmes de son commandos sont comme lui, ils adorent la guerre.  De toute façon, nous sommes des mortels. La caste des guerriers ne craint pas la mort, non, elle craint la peur,   la lâcheté, les couilles ou les ovaires molles. La caste des guerriers ne craint pas les blessures ou la douleur, non  elle craint les pleurs dus à la trouille. Et pour cette caste il n'est plus grand plaisir que de vaincre sa peur. Encore un obus qui vient d'éclater tout près. Juste eu le temps de se coucher. La terre sale projetée par l'explosion retombe sur Valeri.  Cela sent la poudre et le cramé.  Devant lui le joli cul bombé de Lena. Il se rapproche et se couche sur elle, comme s'il voulait la protéger. Mais aucun des deux n'est dupe. Lena aussi a une furieuse envie de baiser. Elle embrasse Valéri à pleine bouche. Leur langues se mêlent, les braguettes s'ouvrent et la jeune capitaine entame une fellation sur son général.  Ce dernier n'en peut plus. Il retourne Lena, lui baisse son pantalon trempee de cyprine et la sodomise d'un coup de rein violent. Il ejacule vite dans ce si joli cul bien serré de sportive de haut niveau. Putain que c'est jouissif avec toutes ces balles qui sifflent.  Ils reprennent leurs esprits. Valeri rallume un de ses cigares usagés qui trainent dans ses poches.  Ils les fume en plusieurs fois, suivant les envies. Fumer tue...cela le fait toujours rire. - Tu as vu Lena,  150m à gauche, un bunker. Encore des occidentaux avec un uniforme ukrainien. On va les nettoyer. - il me reste une grenade spéciale. Je vais les flamber.  J'espère que c'est des macdo ou de rosbeef....ils sentent meilleur bien grillés.  Lena place la grenade au bout de son fusil. Un tir précis.  Le bunker planqué dans une grange flambe. On entend des cris. Valeri arrose la position.  Ils se remettent en route. Valeti et Lena adorent la guerre à pied, sans chars, ni autre. Qui sait, dans le bois plus loin, peut etre un sniper bien dissimulé? La mort rode partout, mais c'est étrange, elle sent bon. Le soir tombe. Ils trouvent un abri sous un grand arbre.  Lena se love dans les bras de Valeri, leurs lèvres se trouvent. La nuit va être longue. La nuit c'est fait pour les grands fauves.  Deux ombres se glissent dans le noir à la recherche de proies endormies..... Lena est ravissante avec son maquillage camouflage.  Elle se retourne et regarde Valeri de ses splendides yeux de panthère. Un sourire illumine ses belles lèvres si douces.  - à Paris, dit elle, à Paris ! En 44, la glorieuse armée rouge, disait: à Berlin! à Berlin! Valeri embrasse Lena à pleine bouche et rit de bon cœur. -oui, à Paris! A Paris ! Comme en 1814, après la raclée infligee à leur Napoléon.  
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Par : le 19/05/24
Cette série concerne à la fois le dressage de mon esclave et l'aménagement, en parallèle, d'une pièce spéciale (vous pourriez l'appeler un donjon, mais je n'aime pas trop ce terme). Il faut imaginer une pièce complètement vide, et, chaque récit verra apparaître un nouvel objet. Partie 1: Un sofa Partie 2: Grande table en bois Partie 3: Liens d'attache Partie 4 : Un set de godes Vendredi soir ! Enfin le week-end et un week-end qui s'annonce spécial pour toi. Tu es à quatre pattes à l'entrée de notre pièce. Ton collier autour de ton cou. Laisse attachée. Lingerie noire. Mais cette fois, tu ne rentreras pas comme d'habiture. Tu ne rentreras pas seule pour venir me retrouver, comme la parfaite chienne soumise que tu es en train de devenir, chienne qui désire tout ce qui va lui arriver. Cette fois, je t'ai bandé les yeux et je tiens la laisse. Je te force à marcher derrière moi. Suffisamment vite pour que ça soit inconfortable pour toi. On s'arrête. Ne bouge plus ! Je t'enlève ta laisse. je t'ordonne d'avancer de 30 centimètres. Et je donne le signal en faisant résonner sur ton cul une immense claque. - Lève bien les mains et les genoux en avançant - C'est bon. Immobile ! J'enlève ton bandeau et tu t'aperçois que tu es à l'intérieur d'une belle cage en acier. Une cage plus longue que haute qui t'oblige à te tenir couchée ou assise, la seconde option étant beaucoup moins confortable. La cage vient avec beaucoup d'options que tu vas découvrir tout ce week-end. Première surprise, l'avant de la cage s'ouvre pour que tu puisses passer la tête et se referme pour la bloquer à n'importe quelle hauteur. Le haut de la cage s'entrouvre et je peux attraper par les cheveux, te faire avancer de force et coincer ta tête tout en bas de la cage, front collé au sol. Je place une barre en travers de la cage pour maintenir ton cul en hauteur, offert. La position est aussi humiliante qu'elle semble inconfortable. Tu ne peux rien voir. - ça va être un week-end particulier. Il n'y aura pas un nouveau jouet mais un chaque session si je veux. Et surtout, surtout, tu vas rester enfermé tout le week-end. Et tu devras supplier mais surtout payer pour tout ce dont tu pourrais avoir besoin. La nourriture, tu devras la payer. L'eau aussi bien sûr. Un esclave doit gagner tout ce dont elle a besoin. L'accès aux toilettes. Evidemment que ça sera très cher. À tout à l'heure. Je te laisse bien réfléchir à ce que tu vas devoir subir, penser à qui tu es. Mon esclave mais aussi un simple objet pour mon plaisir. Dont je peux disposer à ma guise. Je vais te laisser quelque temps mais avant laisse moi prendre quelques photos pour les poster sur internet. Je veux que tout le monde sache quelle salope tu es ! Et pendant que je te dis ça, je me rapproche par derrière toi et je vérifie ce que je sais déjà. Tu es complètement trempée. Le week-end s'annonce sous les meilleurs auspices.
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