La rubrique "Articles" regroupe vos histoires BDSM, vos confessions érotiques, vos partages d'expériences SM. Vos publications sur cette sortie de blog collectif peuvent aborder autant les sujets de la soumission, de la domination, du sado-masochisme, de fétichisme, de manière très générale ou en se contentrant très précisément sur certaines des pratiques quu vous connaissez en tant que dominatrice/dominateur ou soumise/soumis. Partager vos récits BDSM, vécus ou fantames est un moyen de partager vos pratiques et envies et à ce titre peut être un excellent moyen de trouver sur le site des partenaires dans vos lecteurs/lectrices. Nous vous rappelons que les histoires et confessions doivent être des écrits personnels. Il est interdit de copier/coller des articles sur d'autres sites pour se les approprier.
Par : le 13/05/24
"Il y a des personnes à qui on n’ose donner d’autres marques de la passion qu’on a pour elles, que par les choses qui ne les regardent point et, n’osant leur faire paraître qu’on les aime, on voudrait du moins qu’elles vissent que l’on ne veut être aimé de personne. L’on voudrait qu’elles sussent qu’il n’y a point de beauté, dans quelque rang qu’elle pût être, que l’on ne regardât avec indifférence, et qu’il n’y a point de couronne que l’on voulût acheter au prix de ne les voir jamais". En Littérature, on oublie parfois ce que l'on aime. L'œuvre qui attire devient celle que l'on dénigre, comme si elle révélait à quel point on ne la supporte plus. On se met à la décrier en toute occasion, on la prêche négativement à temps et à contretemps, comme un jésuite fou, généralement devant des gens qui n’ont rien demandé et que cette folie n’intéresse pas ­sinon comme indiscrétion et comme symptôme d’une pathologie amoureuse qui les rassure dans la mesure où ils ne l’éprouvent pas, leur inspirant plus de soulagement que de compassion. "La Princesse de Clèves" peut-elle échapper à cette déchéance en incarnant la dernière flamme, mince et pure de la courtoisie ? Madame de La Fayette doit à ce personnage naguère considérable un regain inattendu de notoriété. Ruse paradoxale de la déraison politique, son roman est devenu pour quelque temps un signe de ralliement pour des personnes qui, sans cette stimulation, ne l'auraient peut-être pas lu. Même si sa production est relativement peu abondante et que les œuvres qui l'ont précédé, comme "L'Histoire de la princesse de Montpensier" ou "Zayde", paraissent en être des esquisses, Madame de La Fayette est tenue pour avoir inventé sinon le roman moderne, du moins, selon l'expression de Paul Bourget, le roman d'analyse. D'elle, on aimerait pouvoir dire que rien n’égalait son esprit ni sa beauté, comme pour les héroïnes des romans qu’on lui attribue ou que "sa vie, qui fut assez courte, laissa des exemples de vertu inimitables", quoique sa vie ait été assez longue pour l’époque, soixante-neuf ans. Aidé de quelques connaissances contextuelles, on aimerait sonder son cœur à partir des textes, évaluer d’où lui seraient venus une méfiance si radicale à l’égard de l’amour, une connaissance si vertigineuse des effets ravageurs de la jalousie, un point de vue si désabusé sur le monde social, amitié comprise. Ou encore la reconnaître dans un détail, ainsi de l’attention précise portée au rougissement féminin, signe d’un trouble toujours annonciateur d'un rebond dramatique: "Parce que Zaïde rougit lorsque vous la surprenez", dit Alphonse à Consalve qui se désespère. "Je soupçonne qu’elle vous aime assez pour rougir toutes les fois qu’elle sera surprise de vous voir auprès d’elle." "La Princesse de Clèves" a fait de l'ombre à son auteur, savante du sentiment amoureux mais qui paradoxalement l'exempta tout au long de sa vie. Même les conditions de sa naissance paraissent incertaines. On a longtemps cru que Madame de La Fayette était née au Havre. Mais elle est parisienne. Son acte de baptême, retrouvé en 1846, l’atteste. En l’église Saint-Sulpice, le dix-huit mars 1634, elle a eu pour parrain le maréchal Urbain Maillé de Brézé, gouverneur de Saumur, et pour marraine Marie-Madeleine de Vignerod, dame de Comballet, plus connue sous le nom de duchesse d’Aiguillon, l’influente nièce de Richelieu. C’est dans la même église que ses parents s’étaient mariés le cinq février 1633. Ils avaient, le même jour, signé leur contrat près de là, au palais du Petit-Luxembourg. Mariage modeste à en juger par la dot de l’épouse, Isabelle Péna, quinze mille livres, plus une maison et des prés à Blois.   "Les femmes jugent d’ordinaire de la passion qu’on a pour elles, continua-t-il, par le soin qu’on prend de leur plaire et de les chercher mais ce n’est pas une chose difficile, pour peu qu’elles soient aimables, ce qui est difficile, c’est de ne s’abandonner pas au plaisir de les suivre, c’est de les éviter, par la peur de laisser paraître au public, et quasi à elles-mêmes, les sentiments que l’on a pour elles". Dans ses "Mémoires", le cardinal de Retz peint Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comme "une honnête femme dans le fond, mais intéressée au dernier point et aimant l'intrigue." Compte tenu de l'habileté qu'on lui reconnut par la suite, Marie-Madeleine semble avoir hérité de ce trait de caractère de sa mère. Elle perdit son père en décembre 1659. Sa mère se remaria un an après avec le chevalier Renaud René de Sévigné, l'oncle de la Marquise, laquelle devint une amie de la future Madame de La Fayette. Marie-Madeleine fit ses premiers pas en latin, en espagnol et en italien sous la conduite du grammairien mondain Gilles Ménage. Sinon sa beauté, il semble que son physique l'inclinait davantage à la pruderie qu'à la galanterie, sa jeune érudition et son vif esprit lui ouvrirent bien des portes. Outre son instruction qu'acheva le père Rapin, jésuite, homme de goût, Mademoiselle de La Vergne fut admise très jeune à l’hôtel de Rambouillet, à l’époque même où Bossuet, âgé de quinze ans, y prêchait son premier sermon. Si ce salon, où régnait Voiture, fut une école de politesse et de beau langage, elle profita des leçons qu’elle y reçut, et si l’affectation y dominait, elle échappa à la contagion. Du reste, elle se tira heureusement de dangers plus grands. Elle sortit des leçons de Ménage sans pédantisme, et elle encourut ses madrigaux en toutes langues, sans devenir ridicule. C’était le présage d’un bel avenir. Elle décida alors de profiter de la vie et de ne penser qu’à son plaisir. Quand on mit ses deux sœurs au couvent, elle s’en réjouit égoïstement. Puis elle eut hâte de les entendre prononcer leurs vœux. Ainsi civilement mortes, elles perdraient alors tous leurs droits à l’héritage familial. Au lieu du tiers d’une belle fortune, chacune d’elles se contenterait, pour son entretien, d’une modeste pension annuelle de six cents livres. Ce fut bientôt fait. La fille aînée de Marc Pioche devenait une riche héritière. La réputation naissante de Marie-Madeleine allaient soudain lui être ravies par la faute de sa mère, ou du moins de son remariage. René-Renaud avait les mêmes qualités d’officier cultivé que Marc Pioche. Il n’avait pas les mêmes engagements et ne faisait pas partie de la même clientèle. La Fronde l’avait déjà révélé. Le père de la jeune fille avait pris le parti de la cour aux côtés de Madame d’Aiguillon, qui sera sans trêve Mazarin. Le chevalier de Sévigné s’attacha alors à Paul de Gondi, auquel il restera toujours fidèle. L'orage passa sauf pour le jeune roi qui n'oublia jamais l'affront. Ainsi, après un temps d'exil, Marie-Madeleine, revenue à Paris, fréquenta-t-elle les salons de Mlle de Scudéry et l'hôtel de Rambouillet. Cet environnement, dominé alors par le mouvement précieux et le milieu des "augustiniens" de l'hôtel de Nevers, compta beaucoup dans l'affermissement de ses dispositions littéraires. Somaize, dans le "Grand Dictionnaire des prétieuses ", la dépeint "aimable, spirituelle, d'un esprit enjoué, d'un abord très agréable, civile, obligeante, un peu railleuse." En 1655, elle épousait Monsieur de La Fayette, officier en retraite de trente-huit ans, veuf de son état, de haute noblesse, mais désargenté, un établissement facilité par l'entrée en religion des deux sœurs puînées de Marie-Madeleine. Ce fut un mariage arrangé, sinon de raison, comme cela était d'usage, et certes pas un mariage d'amour, sentiment dont l'aînée des La Vergne se défiait déjà, car à dix-neuf ans elle écrivait déjà: "Je suis persuadée que l'amour est une chose incommode et j'ai de la joie que mes amis et moi en soyons exempts." De fait, on ne lui connut par la suite guère de liaison, sinon peut-être avec La Rochefoucauld, mais, dans l'ignorance du fond de l'affaire, ses biographes penchent plutôt pour une relation platonique, Mlle de Scudéry en faisant pour sa part la "meilleure amie" de l'auteur des "Maximes".    "Et ce qui marque encore mieux un véritable attachement, c’est de devenir entièrement opposé à ce que l’on était, et de n’avoir plus d’ambition, ni de plaisir, après avoir été toute sa vie occupé de l’un et de l’autre" .Ayant passé la cinquantaine, ce dernier appréciait sans doute l'esprit de Madame de La Fayette. Quoi qu'il en soit, le mariage assura à la femme de lettres une vie sereine. Durant ses plus belles années de jeunesse, elle passa l'essentiel de sa vie dans la campagne auvergnate. Sombre décor. Espinasse et Nades, les deux châteaux de son mari ne sont pas de somptueuses demeures, mais de grosses fermes munies de tours. Il a certainement fallu beaucoup de courage à Marie-Madeleine pour accepter ainsi ce nouvel exil dans un climat rude et parmi des horizons inconnus. Après avoir vécu ensemble quelque temps sur les terres auvergnates où naquit le premier de leurs deux fils, les époux trouvèrent un modus vivendi convenant à l'un et à l'autre. Monsieur de La Fayette, gentilhomme campagnard, demeurait le plus souvent sur ses terres, en Auvergne, tandis que Marie-Madeleine, soucieuse de restaurer les affaires de sa belle-famille, s'installait à Paris dans son hôtel de Vaugirard où elle tenait salon. Outre La Rochefoucauld et Ménage, on y pouvait voir La Fontaine, Pierre-Daniel Huet et Jean Regnault de Segrais, poète et homme de lettres. Madame de La Fayette tenait pour malséant de se mettre en avant. Son tempérament rêveur et romanesque fit que ses amis de l'hôtel de Nevers la surnommèrent le "Brouillard" à moins que ce ne fût une manière de souligner la réserve dont elle ne se départait guère. Après un portrait de Madame de Sévigné donné pour le "Recueil de Mademoiselle" (1659), Madame de La Fayette connut son premier succès littéraire avec une nouvelle que Ménage fit paraître sans nom d'auteur en 1662, "La Princesse de Montpensier." Au milieu des années 1660, elle entreprit d'écrire la biographie de la belle-sœur du roi, Henriette d'Angleterre. La différence d'âge n'empêcha pas une amitié de se nouer. Devenue la confidente de la princesse, Madame de La Fayette eut ses entrées à la cour et, à la demande de son amie et protectrice, commença à écrire "L'Histoire d'Henriette d'Angleterre." L'ouvrage fut abandonné à la mort soudaine de cette dernière. Le "Madame se meurt, Madame est morte" de Bossuet résonne encore dans notre mémoire collective. Cette perte fut une cruelle épreuve pour l'amie fidèle. Elle perdait à la fois une sœur et une source intime d'inspiration. L'année suivante, Madame de La Fayette ajouta à son récit une "Relation de la mort de Madame" et, après 1684, une préface. Dans celle-ci on peut lire que la mort de Madame avait été pour elle une perte "dont on ne se console jamais, qui laisse une amertume tout le reste de la vie." La première partie traite de l'atmosphère de la cour pendant les deux dernières années du gouvernement de Mazarin. Ce mémoire est le seul ouvrage, la correspondance exceptée, où, dissipant un peu le "Brouillard", Madame de La Fayette parle d'elle-même à la première personne. Outre son intérêt documentaire, il porte aussi une part de romanesque délibérément encouragée par Henriette d'Angleterre qui s'était adressée autant à la romancière qu'à l'amie. On y voit enfin combien étaient liés les affaires et l'amour. La cour fut ainsi pour Madame de La Fayette un poste d'observation privilégié de la nature humaine, d'autant plus qu'elle ne répugnait pas à entrer à l'occasion dans l'intrigue, jusqu'à ce que sa santé et son âge la décident fâcheusement à s'en éloigner. Parallèlement, Madame de La Fayette écrivit, en partie avec Segrais, une "histoire espagnole". Le succès de "Zayde" dépassa celui de "La Princesse de Montpensier."    "Vous m’avez donné de la passion dès le premier moment que je vous ai vue. Vos rigueurs et votre possession n’ont pu l’éteindre. Elle dure encore. Je n’ai jamais pu vous donner de l’amour, et je vois que vous craignez d’en avoir pour un autre. Et qui est-il, madame, cet homme heureux qui vous donne cette crainte ? Depuis quand vous plaît-il ? Qu’a-t-il fait pour vous plaire ?" Le roman fut publié sous le nom de son ami Segrais. Le nom du véritable auteur de "Zayde" demeura caché plus longtemps encore que celui de "La Princesse de Clèves." En 1671, le dix-huit décembre, le libraire Barbin obtint un privilège pour publier un roman intitulé "Le Prince de Clèves." En fait, "La Princesse de Clèves" ne parut sous l'anonymat chez Barbin qu'en mars 1678. Le chef-d'œuvre de Madame de La Fayette ne fut ni le roman d'une débutante, ni un roman bâclé, mais plutôt l'aboutissement d'une création dont l'une des clés littéraires est la lutte intérieure du personnage principal pour renoncer à l'amour traître et à ses désordres. Le départ de son ami de la maison de la rue de Vaugirard pour aller se marier en province fut pour Marie-Madeleine l'occasion de se rapprocher de l'auteur des "Maximes." Madame de La Fayette usait de son influence sur ce noble caractère, injustement aigri, pour le ramener à de meilleurs sentiments envers l’humanité. Elle lui faisait lire dans son âme tendre et dévouée, la réfutation des "Maximes." En retour de cet amendement moral, La Rochefoucauld achevait la culture de l’esprit de son amie, et réglait l’essor de son imagination. Échange profitable à tous deux, dont Madame de La Fayette souligne les traits. "Monsieur de La Rochefoucauld m’a donné de l’esprit, mais j’ai réformé son cœur." C’est de ce travail de cœur et d’esprit sur des souvenirs réels et des rêves vraisemblables, qu’est née "La Princesse de Clèves", roman inimitable où la fiction et la vérité se lient si heureusement que la fiction prête de l’intérêt à la vérité et la vérité de la vraisemblance à la fiction. Elle a donné dans "La Princesse de Clèves", les mémoires de son cœur. Elle a transporté dans le passé et sur un théâtre analogue, les événements de sa vie. On retrouve facilement la cour de Louis XIV dans celle de Henri II. C’est la même grâce et la même corruption polie. La duchesse de Valentinois plus jalouse de son crédit que de la fidélité de son royal amant, c’est madame de Montespan. La jeune reine d’Écosse, épouse de François II, galante et spirituelle, curieuse des intrigues de cour, avec son cercle de beaux esprits et de femmes élégantes, n’est-ce pas la duchesse d’Orléans ? Comment méconnaître Monsieur de La Fayette sous le nom du prince de Clèves, Monsieur de La Rochefoucauld sous les traits de Monsieur de Nemours ? L’analogie est frappante dans les caractères des personnages et les données générales de la fable. La différence est dans les incidents et dans la rigueur du dénouement. Mr de La Fayette ne meurt pas comme le prince de Clèves, il s’éclipse discrètement. Il fallait beaucoup de talent et un sens aigu d'observation des mœurs dépravés de la fin du long règne de Louis XIV. Comme œuvre littéraire, l'ouvrage est plus qu'une nouveauté, c’est presque une révolution. Le roman cessait par là d’être le mensonge de la nature, de l’histoire et de la passion. Il entrait enfin dans la vérité, il s’humanisait dans ses peintures et dans ses proportions. L’histoire n’est plus qu’un cadre où la passion se développe. Les événements réels se mêlant à la fiction ne sont pas altérés dans leur essence ni dénaturés dans leurs principes. L’action de "La Princesse de Clèves" est reportée aux dernières années du règne de Henri II et se prolonge sous celui de François II. L’intrigue du roman se lie habilement aux principaux faits historiques sans nuire à leur enchaînement. C’est le procédé de Walter Scott appliqué à la peinture des passions. Le succès de "La Princesse de Clèves" fut général. Pour justifier l’aveu de "La princesse de Clèves" et répondre à ses critiques par un argument victorieux, Madame de La Fayette écrivit "La Comtesse de Tende", nouvelle touchante et passionnée où une femme, entraînée aux dernières faiblesses de l’amour, n’a d’autres ressources, pour échapper à l’infamie, que de confier son secret à celui qu’elle a offensé. La mort de François de La Rochefoucauld en 1680 brisa le cœur de Marie-Madeleine de La Fayette. Il faut demander à Madame de Sévigné le tableau de son désespoir. Elle survécut plus de dix ans à son ami, et ne voulut pas être consolée. Elle se retira à jamais de la vie mondaine pour préparer sa mort et s'éteignit discrètement à Paris le vingt-cinq mai 1693.    Bibliographie et références:   - Roger Duchêne, "Madame de La Fayette" - Jean-Michel Delacomptée, "La Princesse de Clèves" - Pierre Malandain, "Madame de Lafayette" - François Gébelin, "Observations sur La Princesse de Clèves" - Jean Garapon, "Madame de la Fayette" - Lucien Gerber, "Trois siècles de Princesse de Clèves" - Alain Cantillon, "La vie de Madame de Lafayette" - Jacqueline Cancouët-Lenanton, "La Princesse de Clèves" - Patrick Palmer, "La Princesse de Clèves" - Sandra Rodino, "La Princesse de Clèves" - Gilles Siouffi, "Lectures de Madame de Lafayette"   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le Il y a 21 heure(s)
"Semita Voluptatis" est un livre qui se démarque par une approche rafraîchissante et profondément humaine de la relation BDSM. Écrit du point de vue d'un dominant, ce livre de Paul Fontaine offre une perspective rare et enrichissante sur la dynamique de pouvoir entre un Maître et sa soumise. Le récit, narré avec une plume à la fois élégante et incisive, explore les émotions complexes et les dilemmes moraux du Maître, un personnage que les lecteurs trouvent souvent "perturbant, troublant et excitant". À travers ses yeux, nous découvrons non seulement la puissance de la domination mais aussi la vulnérabilité inhérente à celui qui la détient. Ce dominant, loin d'être le stéréotype du tyran froid, se révèle être un personnage riche en émotions, partagé entre force et douceur, contrôle et doute. La soumise, décrite comme forte et déterminée, est loin d’être une victime passive. Elle est le pilier sur lequel repose l'équilibre de leur relation, apportant confiance et consentement, des thèmes chers aux lecteurs de ce genre. Le livre "a le mérite d’être clair" et offre une "immersion passionnante dans le monde du BDSM", comme le souligne un des commentateurs, ajoutant une couche de réalisme et d’authenticité à cette exploration de la soumission et de la domination. Les scènes détaillées de BDSM sont décrites avec un équilibre parfait entre intensité et respect, évitant l'écueil de la vulgarité tout en restant fidèle à la réalité de ces pratiques, ce qui fait de "Semita Voluptatis" un "voyage inconnu" qui provoque une "irrépressible envie de savoir jusqu'où ils vont aller". La relation entre le Maître et sa soumise est peinte avec une "belle plume" qui capture leur interaction complexe et leur croissance mutuelle. Cela est souligné par le fait que, selon les lecteurs, ce livre change la donne par rapport aux narrations typiques, offrant "une pépite dans le domaine du BDSM". "Semita Voluptatis" s'avère donc être un livre captivant et provocateur qui ne manquera pas de séduire celles et ceuxen quêtee d’une histoire où la psychologie des personnages est aussi importante que les actes qu’ils commettent. Dans les bonnes librairies ou en vente en ligne  
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Par : le Il y a 4 heure(s)
"Demande aux femmes de mon temps, bagnardes, cent-cinq, prisonnières, et nous te raconterons tout. Que la peur nous abrutissait, que nous élevions alors des enfants, pour la prison, la torture et la mort. Pinçant nos lèvres bleuies, Hécubes devenues folles, Cassandres de Tchoukhloma portant des couronnes de honte, nous serons un chœur de silence. Au-delà de l'enfer, il y a nous". "Tout est prêt pour la mort, ce qui résiste le mieux sur terre, c’est la tristesse, et ce qui restera c’est la Parole souveraine". Ces belles paroles sont de la grande poétesse russe Anna Akhmatova (1889-1966) qui, avec Osip Mandelstam et dans une moindre mesure Marina Tsvetaieva, aura été la nouvelle source de la littérature russe du vingtième siècle. Elle est à jamais cette parole souveraine qui aura fait taire toutes les voix de l’oppression. Les plus criardes, les plus haineuses. Elle semble trôner au milieu de nous comme une Pietà, avec sa douleur dans ses bras, son sourire las, sa présence intimidante, sa beauté hautaine. On ne voit d’ailleurs jamais les portraits de sa vieillesse, seulement ceux de sa belle moisson inaltérable de son visage des années vingt. Elle était la beauté même qui ne pouvait se flétrir. Le temps ne pouvait réaliser ce que les bourreaux ne purent. Voix de contralto sur les lettres russes, elle incarne la douleur et la résistance à la dictature. Si fortement que de son œuvre poétique on ne connaît souvent que le recueil "Requiem" composé à la fin des années trente pour témoigner, avec des millions de petites gens, sur la disparition d’êtres chers. Ce texte passant clandestinement de main en main sera le réconfort d’une population soumise à un fou sanguinaire, et qui trouvera dans ces mots la description de sa propre réalité quotidienne. Il ne sera publié officiellement en Russie qu’en 1980, vingt-sept ans après que les vers aient enfin pris possession de ce psychopathe nommé Staline et petit père des peuples par tous les communistes et affidés. Son œuvre importante va des "poésies antipopulaires et décadentes" du renouveau lyrique russe avec les passeurs d’âmes, les acméistes, au cœur du siècle, jusqu’aux œuvres de témoignage de la douleur du monde. Toujours cette fille de la haute bourgeoisie sera étiquetée "renégate", nuisible pour la jeunesse, réactionnaire et totalement morbide par le pouvoir de terreur de Staline. Seule sa renommée la sauvera du goulag. Comme le disait le pouvoir soviétique, "nous ne pouvons compatir avec une femme qui n’a pas su mourir à temps". Cette noble parole est de 1935 et Anna a trente-six ans. Trente ans, les cheveux blancs. C’est l’exil pour Marina, bientôt le rideau de fer. Dans le train, elle n’entend alors que l’appel du Cygne blanc, ce jeune père qu’Alia a si peu connu.    "Cette merveille de notre rencontre, était lumière et chanson. Je ne voulais plus aller nulle part. C'était une amère douceur qu'un bonheur au lieu d'un devoir, je devais ne pas lui parler, et j'ai parlé longtemps". Sergueï, son mari-fils, éternel adolescent qu’elle a voué à jamais au culte de leur jeunesse et promis, contre sa vie sauve, de suivre "comme un chien", galère piteusement. Le fiacre les conduit à la gare, elle et Alia, une dernière fois elle se signe devant l’église de Boris-et-Gleb. Pour quelle fatalité ? Vous êtes aveugle ? Non, voyante ! Vous êtes sourde ? J’ai une oreille de musicienne. Le train passe devant l’ancienne propriété de la famille Meyn, "Yasenka", et traverse Riga. Le voyage dure quatre jours. Marina ne dort ni ne mange, ne dit pas un mot. Elle a été prévenue: "Dans votre compartiment, il y aura un membre de la Tcheka, ne parlez pas inconsidérément". Au début des années révolutionnaires, elle fêtait avec une amie le Nouvel An en disant la bonne aventure, selon la coutume. Et Anna aura beaucoup à souffrir de ces psychopathes voulant le bien des ouvriers, et plus sûrement le leur. Elle leur survécut par les mots et devint l’étendard des pauvres et des persécutés, elle la haute bourgeoise. Elle restera universelle, les autres resteront seulement boue de l’humanité. "J’ai vécu trente ans sous l’aile de la mort". Née à Odessa le onze juin 1899, elle mourra d'un infarctus, le cinq mars 1966, à l'âge de soixante-seize ans, dans sa chère ville de Moscou. Son ami Josef Brodsky exilé à New York pour parasitisme, en fait victime de l’antisémitisme, écrira à la mort d’Anna: "Je salue les cendres de cette grande dame, pour avoir eu ces mots, dormant en terre natale, là où par son bienfait fut doté de parole un monde sourd-muet". "La souveraine du verbe et de la dignité" aura traversé les épreuves de sa vie comme une Pietà, une madone en douleur portant la mort de son mari Nikolaï Goulimev fusillé en 1921 pour déviationnisme et la longue détention en goulag, près de vingt ans, de son fils Lev, arrêté dès 1933, de ses amis exécutés comme Osip Mandelstam, ou traqués comme Boris Pasternak ou Marina Tsétaëva. Nul n’osera l’attaquer de front car grandes étaient son aura et sa faculté à universaliser le malheur. La force et le courage.   "Que les passions étouffent les amants, qu'elles exigent des réponses. Nous n'étions plus, ami, que des âmes sur le bord du monde. Enfant, déjà j'avais peur des masques". Elle traversera les frontières du monde comme oiseaux migrateurs. Mais tant de poèmes détruits, perdus ou non écrits marquent encore la victoire des salauds. Cette voix d’au-dessus des goulags doit encore faire son chemin en France, car si enracinée dans la langue russe par sa construction, ses rimes, ses sentiments, elle attend toujours ses traducteurs sachant rendre cette aveuglante simplicité, sa pureté de feu. Il est douloureux de voir tant de pauvres et fausses gloires en présentoir, ainsi le lâche Aragon, falsificateur de l’amour et de l’éthique, alors que pour trouver quelques bribes de poèmes de l’immense Anna Akhmatova un si long chemin de croix est nécessaire. Elle était d’une nature profondément aux aguets des signes de la vie et du destin. Profondément croyante, elle y mettait toute la superstition des vieilles babouchkas. Et en même temps totalement moderne dans ses relations sociales, n’hésitant jamais à proclamer son féminisme et son attachement viscéral à sa liberté. Elle ne pouvait pas alors vivre une relation amoureuse sans vouloir la détruire de l’intérieur. Belle, elle le savait, et savait séduire ses proies. Elle tentera mélangeant foi orthodoxe étroite et magie dans les hasards de décrypter sa vie et celle des autres. Ainsi elle est née le jour de la Saint Jean, le 23 juin 1899 en Russie, comme prédestinée à la quête du soleil et de la vie. Mais elle se trompait, comme souvent, et ni paix, ni amour, ni rire ne lui furent abondamment donnés. La douleur était sa plus proche amie à venir. Certains sont voués aux anges ou à la pluie, elle était vouée au tragique, et malgré la grâce souriante de ses premiers poèmes centrés sur les relations amoureuses, c’est bien de la condition humaine qu’elle devra témoigner. Née Anna Andreievna Gorenko, sa recherche de signes et de symboles la feront choisir le nom de son arrière-grand-mère maternelle, Akhmatova, pour s’auréoler alors d’un passé tartare sanguinaire. Elle pouvait signer un triple AAA ses poèmes, Anna Andreievna Akhmatova.   "Il me semblait toujours et j'ignore pourquoi, que je ne sais quelle ombre indésirable sans visage et sans nom, au milieu d'eux s'était glissée". Odessa et la mer Noire la marqueront bien moins que Saint-Pétersbourg sa ville d’adoption, dont elle devint le symbole. Loin des domaines de sa famille, de sa richesse, et ayant expérimenté la pauvreté avec le départ de son père, elle put rencontrer à la même hauteur ses pairs les poètes, et affirmer sa liberté, son égalité avec les hommes. Gardant en elle les fêlures de la séparation de ses parents, elle en imagina l’inéluctable destruction de tout amour avec le temps. Mariée par lassitude avec son ami d’enfance, Nicolas Goumilev en 1910, elle fut admise dans les cercles littéraires où sa forte personnalité s’imposa bien vite. Son charisme, sa séduction firent autant que ses poèmes. Sa tentation de la vie brillante l’amena dans de nombreux voyages, dont Paris où Modigliani lui fut alors très proche. Ses initiations se firent par les paysages et les rencontres. En 1912 une autre femme se révèle, moins encline au brillant des choses. Son fils unique Lev naît en 1912, et sa découverte des grands poètes russes, Pouchkine dont elle se croyait une réincarnation, Biely, Blok, Balmont et bien d’autres. Dépassant le symbolisme russe elle se joindra aux écrivains de sa génération pour se libérer de la perfection formelle et aller vers le réel. Ce réel ne se situait pas dans la vénération des machines comme pour Maïakovski, ni dans le mysticisme de l’acte créateur, mais dans la croyance absolue en la puissance de la Parole et de la force du verbe. Son mari Nicolas Goulimev fondera le mouvement des acméistes avec Osip Mandelstam. Sa forte personnalité faite alors de domination et de reconnaissance la fit devenir la figure de proue de ce mouvement. Elle sera célébrée, imitée, vénérée par la jeunesse russe. Elle devait être la louve alpha de sa vie et de ses proches. Là se tient une des clés de la psychologie d’Anna: le besoin de déification par le verbe, le vertige de la domination, le besoin d’être la grande prêtresse des choses, amour ou douleur. Elle se voulait chef de meute d’une troupe d’hommes valeureux et aucun lien ne pouvait l’en dissuader, surtout pas ceux du mariage. De divorces en remariages nombreux et vains, elle put alors expérimenter cela. "Je bois à la maison en feu, et à ma vie aux abois".   "La porte est entrouverte. Les tilleuls frémissent, oubliés sur la table, une cravache, un gant. La lampe fait un cercle de clarté. Il y a des bruits que j’entends. Pourquoi es-tu parti ? Je ne comprends pas". À ces problèmes d’amour et de liberté, de tension et de séduction, il suffit d’ajouter alors l’atroce impact de la première guerre mondiale et de sa boucherie insensée, pour comprendre l’évolution d’Anna à qui se révèle sa nature tragique. La révolution bolchevique fut la fin de son monde et de ses amis. Elle la croyante, ne pouvait comprendre ce matérialisme purificateur par le sang. Jamais, sauf une ode à Staline pour libérer son fils, elle ne se compromit avec ce régime qui bascula alors très vite dans la terreur qu’il prétendait abattre. Elle ne fuira pas, profondément patriote, mais sera "l’exilée de l’intérieur", la statue du commandeur raillant ses persécuteurs. La suite se tissa sinistrement logique: exécution en 1921 de son Pygmalion et premier mari Nicolas Goumilev, ferveur des gens jusqu’à l’hystérie pour une diva jusqu’en 1925. Puis le régime comprit qu’il ne pourrait jamais la récupérer, et qu’elle serait toujours cette émigrée intérieure dans la plus totale et irréfutable opposition. Alors pleuvent les interdits et les persécutions. D’abord rendue muette vers les années 1925, elle sera la bête à abattre quand Staline prit le pouvoir. Arrestations de ses maris, déportations, interdiction d’écrire et de publier, flicage, tout fut employé contre elle. Quelques poèmes appris par cœur par ses amis sont parvenus jusqu’à nous pour des centaines perdus ou brûlés. Les sept ou onze apôtres formaient la seule chaîne de mémoire. Ils avaient le droit d’apprendre par cœur le papier griffonné qui ensuite était détruit. Sans doute avait-elle inconsciemment attendu, espéré peut-être, cette épreuve, vue comme épreuve christique pour elle. L’apocalypse avait fondu sur elle. Elle prenait alors son envol au fronton de la résistance à l’horreur. De brèves accalmies n’empêchèrent pas son exécution littéraire par le subtil Jdanov, qui en 1946 la jeta aux chiens et la renvoya alors au vide des lecteurs.   "Demain matin la lumière sera pleine de joie. Cette vie est brève. Sois sage, mon cœur. Tu es à bout de force, tu bats plus sourdement. Tu sais, je l’ai lu quelque part, les âmes sont immortelles". La jeune fille d’autrefois, la foudre dans la poitrine sous le collier d’ambre héréditaire, l’amoureuse de Napoléon, célébrait à quinze ans la mise en terre de Manon Lescaut "à l’épée, non à la pelle" et fleurissait de roses blanches le tombeau de Marie Bashkirtseff au cimetière de Passy. Marina s’acheta alors un revolver, gardé dans son sac de velours, pour se supprimer, pendant la représentation de L’Aiglon, au moment où Sarah Bernhardt prononçait. "On n’avait pas le droit de me voler ma mort". Cette jeune fille qui courait à tire-d’aile envers et contre la mort peut-elle affronter son propre miroir et se reconnaître en cette femme aux mains rongées ? Seuls les anneaux tsiganes enlacent encore les doigts qui écrivent, au fil de sa fatalité. Le train persécuteur maudit le temps, le pourchasse, l’avale, mineur désincarné dans un grisou qui l’a fait exploser. Sa prédiction de vie, "je veux tout, que la veille soit une légende et chaque jour une fête", l’a reconduite aux sœurs éternelles. Eurydice égarée dans les Enfers, Ophélie enfoncée dans la vase de l’étang et absorbant les herbes amères en guise d’amoureuses, Anna Pavlova dansant “La mort du cygne”. La paix des lèvres et des mains, elle ne l’aura jamais. Le peuplier du jardin d’autrefois est devenu noir, les pogromes "étripent bétail et édredons" et la montagne de son poème pleure. Les requiems s’annoncent. Le suicide de Maïakovski secoue blancs et rouges. Et Marina jette sa rose en poème à l’archange aux semelles de plomb. Elle n’embrassera pas non plus le cercueil de Max Volochine. Sa mort lui ramène tout ce qui était en profondeur. Marina va descendre dans le puits éternel où tout reste toujours vivant le ressusciter dans sa prose. Par une mystérieuse coïncidence, dans le fatras d’un brocanteur près du bois de Clamart, Marina tombe sur les cinq volumes reliés de Joseph Balsamo, le roman-refuge qu’il lui avait fait lire dans sa jeunesse. Huit francs seulement, mais elle n’en a que deux, destinés à l’achat de Jeanne d’Arc. A cette heure même, midi, et ce jour même, Max mourait. Une lettre d’Assia lui en fait part. Il est enterré sur le mont des Janissaires.   "Chaque jour il est un instant et trouble et chargé de menace. Et à voix haute, les yeux somnolents, je bavarde avec mon angoisse". Aujourd’hui je suis retournée chez moi, admirez, champs labourés si chers, Ce qui pour cela m’est arrivé. L’abîme a englouti mes bien-aimés. Et la maison de mes parents est saccagée. Aujourd’hui, Marina, nous marchons avec toi dans la capitale nocturne, mais nous suivent des millions de nos semblables et il n’est pas de procession plus silencieuse. Tout autour sonne le glas et gémit, sauvage, la tourmente moscovite effaçant de nos pas les traces sur la neige. En gare de Moscou, le 18 juin 1939, seule Alia l’attend, avec Lilia, la sœur de Sergueï, celle qui jadis rêvait de théâtre. Sergueï, malade, a dû rester à Bolchevo, une banlieue résidentielle de Moscou, où il occupe une datcha avec la famille Klepinine-Sezeman. Mais où est Assia ? Atterrée, Marina apprend ce qui lui a été soigneusement caché: l’arrestation, la déportation de sa sœur bien-aimée, il y a deuxans. Leurs retrouvailles sont bouleversées. Sergueï est souffrant, au bord du désespoir. "Inconfort. Trouver du pétrole à brûler. Sergueï achète des pommes. Mon cœur se serre peu à peu. L’énigmatique Alia avec sa gaieté forcée. Je vis sans papiers, sans me montrer à personne". Alia vit avec Samuel Gourevitch, Moulia, qui gère cette datcha. Il la dit dépendre des éditions d’État, le Litfond, Fonds littéraire, mais un adolescent, Dimitri Sezeman, se lie immédiatement avec Mour et le renseigne. Il s’agit bel et bien d’agents du NKVD, le ministère de Bolchevo est un lieu redoutable. Le chef de Moulia, Mikhaïl Koltsov, journaliste international, a été arrêté. "Marina Ivanovna a bien fait, elle n’avait pas d’autre issue". Cette phrase, Mour la répéta à tout le monde, extérieurement calme, le regard froid. Malgré les apparences, son sommeil était agité, il gémissait la nuit. "Le plus dur, écrivit-il, ce sont les larmes solitaires, tandis que tout le monde alors s’étonne, comme il a le cœur sec, il est impénétrable. Pour payer la nuit qu’il passa chez Dima, Mour lui laissa le corsage, la veste de sport et le béret que Marina Ivanovna avait portés. On sait peu de chose de la vie de Georgui-Mour Efron après la mort de Marina. Le 4 septembre 1941, il se fit rayer de la liste des habitants d’Elabouga et prit le bateau, passa deux ans dans le dénuement le plus complet mais réussit néanmoins à terminer ses études. Il retrouva l’adresse de sa tante Anastasia Ivanovna Tsvetaeva, en déportation au fin fond du pays. Anastasia, l’Assia du passé, n’apprit la mort de Marina qu’en 1943. Elle ne revit pas son neveu vivant. Le soldat de l’Armée rouge Georgui Efron est tué sur le front un an plus tard.   "Notre séparation, je la supporterai mais sans doute pas nos retrouvailles. Celui qui n'a que peu de temps à vivre, qui ne demande à Dieu rien que la mort et qu'on oubliera pour toujours, fait les cent pas, il est alors plus de minuit". Le plus étonnant est que sa malédiction dura bien après la mort de Staline, tant la haine des communistes contre elle était forte. Mais jamais elle ne céda, de crises cardiaques en crises cardiaques elle attendait la délivrance. En 1964, elle put sortir de son pays, pour la première fois depuis plus de cinquante ans. Bien que morte le 5 mars 1966, son fantôme continue à terroriser les Poutine et autres. Et très rares sont les publications, mais sa reconnaissance par l’Occident lui a redonné la ferveur de la jeunesse russe qui en a fait son poète préféré. Cela aussi elle l’aura sans doute voulu. la résurrection après les épreuves terrestres. Vite dégagée des entrelacs précieux et surannés du symbolisme et même de l’acmétéisme, Anna Akhmatova se sera construit une langue poétique basée sur des rythmes souples, des rimes riches, et surtout d’un vocabulaire limpide et simple. La construction de sa grammaire poétique est désarmante de transparence. Sa poésie est fondée sur sa propre respiration, ample et transcendante. Elle refusera les artifices du métier de poète que tant d’autres emploieront (Essenine, Blok, Maïakovski). Et pourtant sa voix reste unique, originale et envoûtante. Elle disait que sa poésie ne pouvait pas être traduite car tout entière enracinée dans le terreau de la langue russe, de sa mémoire. Elle savait ce dont elle parlait, elle-même traductrice émérite. Chacun de ses mots si translucides en russe prend en français une lourdeur irrémédiable, et pour peu que l’on essaie de conserver un semblant de rimes, elles seront pauvres et affectant le sens premier de sa langue. Nul ne pourra reproduire le long fleuve de la respiration d’Anna Akhmatova. Chacun de ses mots va à la mer. Une part de l’indéfinissable nous restera celée. Pourtant grâce soit rendue aux intrépides marins qui ont osé s’aventurer en cet océan immense et faussement serein de sa poésie. Le public francophone aura un avant-goût de la sidérante beauté de l’écriture d’Anna par leurs tendres approximations. Elle s’était drapée dans les mots de la poésie, dont elle fit son maquis, sa terre de résistance. Elle reste la recluse, la beauté irradiante mise en cage par les bourreaux staliniens. Interdite de publication, traquée par la police et par les déportations ou la mise à mort de ses proches, elle semble par la force tranquille de ses poèmes s’opposer seule à la tyrannie du monde. Sa poésie, à peine redécouverte, nous saisit par ce qui semble irradier d’elle: une pureté d’eau. En ces temps toujours incertains, les mots de cette statue de la résistance au mal, à l’extermination folle, sont toujours dressés et actuels.   Bibliographie et références:   - Cédric Gras, "L'hiver aux trousses" - Antoinette Fouque, "Anna Akhmatova" - Sophie Benech, "Anna Akhmatova" - Alma De Groen, "The Woman in the window" - Jean-Louis Backès, "Poème sans héros et autres poèmes" - Modigliani, "Nus d'Anna Akhmatova" - Gil Pressnitzer, "Anna Akhmatova" - Henry Deluy, "Anna Akhmatova" - Claude Delay, "Marina Tsvetaeva" - Jacques Burko, "La poésie de Marina Tsvetaeva" - Paul Valet, "Requiem et autres poèmes" - Florence Corrado-Kazanski, "Marina Tsvetaeva"   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le Il y a 19 heure(s)
  Du 16 au 20 mai 2024 Zuip & The Queen donneront une exceptionnelle série de concerts/performances   Au programme   Parce que le con serre/sert tôt. Ouverture matinale pour 3 trombones à coulisse.   Sarah Bande & Tony Truand. Charivari à la manière de Mouret (1682-1738). Violes de gambe, tambourins, flutiaux.   Les esclaves fouettées Chœur à capella, gémissements, supplications, cris, claquements de fouets et  bruit de chaînes.   In the Moon for Love Solo de percussions   Le respect pervers. Pour piano préparé : fourchettes, couteaux, cutters, épingles à nourrice, bouteilles de Prosecco.   Les contraintes. Symphonie dodécacophonique pour cordes, chaînes et sangles.   L'enfer est au bout du chemin. Concert promenade nocturne : 1- le confessionnal 2- la cave 3- la prison   Chaque prestation se conclura par un vibrant Gode fuck the Queen (repris en chœur) Nombre de spectateurs très limité. Tenue débraillée bien venue Le noir, le cuir et les vêtements sexys seront proscrits. Chaque concert se poursuivra par une improvisation avec les participants (on peut venir avec son instrument) Le programme pourra varier selon les désirs et l'inspiration du Maître.     Une brassée d'orties pourra être offerte à La Queen à l'issue du concert.
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Par : le Hier, 05:52:01
  Le rendez-vous   Pour financer ma nullification et me faire quelques sous, j’ai le droit de recevoir un peu de monde. Un gars a pris rendez-vous pour une pipe. Il sonne, je vais ouvrir, je suis en fauteuil roulant. Dans l’encadrure de la porte se tient une sorte de géant, presque deux mètres et bâtit comme un bucheron. Il me suit dans ma pièce. Je n’ai pas le temps de parler qu’il sort son membre, il est énorme et sent la transpiration. Je me retrouve avec ce membre dans ma bouche, lui debout devant moi assise dans mon fauteuil. Il me tient la tête et commence un mouvement de vas et viens. Il se retire, m’arrache du fauteuil, arrache mon leggins et me retourne comme une crêpe. Je lui dit : » met une capote » Il en sort une, se la met et sort aussi un petit pot, je pense que c’est de la crème, mais je réalise que c’est du baume du tigre. Il en met généreusement sur sa queue recouverte de la capote. M’en tartine la rondelle et d’un coup sec s’enfonce en moi. Je hurle d’abord de douleur par la taille et ensuite par le sentiment de brûlure. Il explose en moi et reste un moment collé . Il se retire, j’ai el cul en feu, la tête qui tourne. Il pose quelques billets et s’en va sans un mot.
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