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La rubrique "Articles" regroupe vos histoires BDSM, vos confessions érotiques, vos partages d'expériences SM.
Vos publications sur cette sortie de blog collectif peuvent aborder autant les sujets de la soumission, de la domination, du sado-masochisme, de fétichisme, de manière très générale ou en se contentrant très précisément sur certaines des pratiques quu vous connaissez en tant que dominatrice/dominateur ou soumise/soumis. Partager vos récits BDSM, vécus ou fantames est un moyen de partager vos pratiques et envies et à ce titre peut être un excellent moyen de trouver sur le site des partenaires dans vos lecteurs/lectrices.
Nous vous rappelons que les histoires et confessions doivent être des écrits personnels. Il est interdit de copier/coller des articles sur d'autres sites pour se les approprier.
Je vis mon BDSM comme un voyage intérieur, le plus beau des voyages.
"Le plus grand voyageur est celui qui a su faire une fois le tour de lui même"
Cette phrase m'invite à entamer ce voyage intime et personnel, celui de mon BDSM.
Une exploration périlleuse qui me conduit vers moi, à la source de mes pensées. RéApprendre à me connaitre, prendre conscience de cette dimension entre mon espace intérieur et extérieur, qui loin d'être donné, est le résultat d'une activité réfléchie, destinée à construire, nourrir et maintenir l'équilibre entre mes zones de lumières et d'ombres. Lovée au creux de mon être, je conserve des grands et des petits secrets vécus comme des trésors.
Dans cette intimité singulière règne l'invisible de mes désirs les plus profonds. Je trouve ma liberté et une joie véritable en cultivant mes désirs les plus personnels, ceux qui me font grandir, qui donnent du sens à ma vie, qui me permettent de me réaliser pleinement.
Consciente que cette révélation puisse être puissament libératrice. Telle une alchimiste, je sais "me bousculer" et séparer le bon grain de livraie, toujours en quête d'authenticité et de vérité.
Je re-trouve un alignement avec mes valeurs les plus profondes, cet équilibre, cette paix intérieure au milieu du chaos extérieur.
Je me mets à nue et dépasse mes limites, cérébrales, émotionnelles et physiques.
Je suis le premier et le plus naturel des instruments de musique. Un diamant brut.
La philosophie de mon BDSM est impossible à définir, elle est évolutive et infinie et au delà des évidences. Matérialiser la coincidence de nos désirs/besoins à la recherche de sens : Le lien...
LifeisLife
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"Si les choses ne vont pas aussi mal pour vous et pour moi qu’elles eussent pu aller, remercions-en pour une grande part ceux qui vécurent fidèlement une vie cachée et qui reposent dans des tombes que personne ne visite plus. L'orgueil vient à notre aide, l'orgueil n'est pas une mauvaise chose quand il se contente de nous pousser à cacher nos propres blessures, et non à blesser autrui. Nos morts ne sont jamais vraiment morts, jusqu’à ce qu’on les oublie. Les étoiles sont le fruit doré d'un arbre hors d'atteinte". "Middlemarch" et "Le Moulin sur la Floss", deux œuvres magistrales de l'écrivaine anglaise George Eliot (1819-1880), née Mary Ann Evans, injustement oubliée, permettent de la découvrir. Elle est considérée comme un des plus grands écrivains victoriens. Ses romans, qui se situent dans une Angleterre provinciale, les Midlands ruraux, sont connus pour leur réalisme et leur profondeur psychologique. Elle prit un nom de plume à consonance masculine afin que son œuvre soit prise au sérieux. Même si les écrivaines de cette période publiaient librement sous leur vrai nom, l'usage d'un nom masculin lui permettait de s'assurer que ses œuvres ne soient pas perçues comme de simples romans d'amour. Elle souhaitait également être jugée séparément de son travail d'éditeur et de critique déjà reconnu. Enfin, elle désirait préserver sa vie privée des curiosités du public, notamment sa relation déshonorante avec George Henry Lewes, un homme marié avec qui elle vécut plus de vingt ans. Naguère lue, étudiée, commentée en France, elle y était un peu tombée dans l’oubli. Rien ne prédisposait Mary Ann Evans à la création littéraire, si ce n’est l’influence d’instituteurs, des voyages, des rencontres, des bibliothèques et surtout une soif d’apprendre, puis de créer. Avant d’aborder la fiction avec un recueil de nouvelles, elle apprend le grec, le latin, l’allemand, l’italien, s’intéresse à Spinoza dont elle traduira plus tard "L’Éthique", traduit "La Vie de Jésus" de Strauss et "L’Essence du christianisme" de Feuerbach. Deux ouvrages critiques qui firent scandale à l’époque. En exergue du "Moulin sur la Floss", une phrase de la Bible, reprise aux dernières lignes, "Dans la mort ils ne furent pas séparés". Son tragique s’étend sur la narration. Dans le moulin familial, la petite Maggie vit avec son frère Tom les plus belles heures de sa vie avant leur séparation, et le dur contact avec le réel: la ruine causée par l’imprévoyance de leur père, incapable de comprendre alors les mutations de l’Angleterre rurale. L’épreuve rend Tom insensible. Maggie vivra dans l’incertitude des sentiments, l’impossibilité d’accepter en elle le désir et même de lui donner un nom. Présente aux premières lignes, la Floss, "charmante petite rivière" capable de brusques colères, sera l’instrument du destin, réunissant dans la mort le frère et la sœur. La souffrance d’être réprouvée fait écho à des épisodes douloureux de la vie de George Eliot: l’incompréhension de son père quand elle refuse d’assister à un office religieux. Celle de son frère quand il découvre sa liaison avec un homme marié. Le dénouement renvoie bien sûr aux figures de Tristan et Yseult dont l’union dans la mort hante la poésie et la fiction européennes. Les plus grands ont reconnu ce qu’ils lui devaient, pour ne citer que Marcel Proust, écrivant en septembre 1910: "Deux pages du "Moulin sur la Floss" me font pleurer".
"Nos vies sont tellement liées entre elles qu'il est absolument impossible que les fautes des uns ne retombent pas sur les autres. Même la justice fait ses victimes, et nous ne pouvons concevoir aucune punition qui ne s'étende en ondulations de souffrances non méritées au delà de son but". Née le vingt-deux novembre 1819 dans le Warwickshire en Angleterre et décédée le vingt-deux décembre 1880 à Londres, George Eliot, de son vrai nom Mary Ann Evans, est une romancière, poète, journaliste, traductrice et critique de l’époque victorienne. Issue d’une famille aisée de fermiers, George Eliot est, dès ses cinq ans, éduquée dans divers collèges pour jeunes filles. En 1835, elle doit interrompre ses études et rentre à la maison pour s’occuper de sa mère Christiana Pearson, qui est tombée malade. Suite à sa disparition, elle lui succède dans la gestion du ménage familial, en prenant soin de ses frères et sœurs ainsi que de son père Robert Evans tout en poursuivant sa formation à la maison. À partir de 1840, elle fréquente à Coventry les salons intellectuels de milieux politiques libéraux et de libres penseurs, comme Charles Bray et l’écrivaine Cara Bray, son épouse. Quand son père décède en mai 1849, Mary Ann Evans a trente ans. Elle refuse alors d’aller vivre avec son frère et son épouse et part en voyage en Suisse avec les Bray. Une fois arrivée à Genève, qu’elle dépeignait quelque temps auparavant comme "le genre de ville romantique dans laquelle il serait merveilleux de passer un an, en lisant, en réfléchissant dans un attique", Mary Ann Evans prend la décision d’y séjourner seule. Elle loge quelques semaines dans une pension proche des bâtiments qui aujourd’hui abritent l’Organisation des Nations unies, puis se lie d’amitié avec le couple de peintres Julie et François d’Albert-Durade, qui l’invitent dans leur maison à la rue de la Pélisserie. En mars 1850, après un séjour de près de huit mois à Genève, Mary Ann Evans repart, mais pendant de longues années elle reste alors en correspondance avec ses amis. François d’Albert-Durade est le principal traducteur français de son œuvre. Dix ans après son voyage, elle reprendra ses souvenirs sur ce séjour genevois décisif dans sa nouvelle, s’inspirant du genre fantastique, "The Lifted Veil". De retour en Angleterre, Mary Ann Evans s’installe à Londres et s’insère dans le monde de la politique et du journalisme. Elle devient la rédactrice de la prestigieuse "Westminster Review" et se rapproche d’Herbert Spencer, théoricien du darwinisme social. Sa vie personnelle est marquée par des choix qui suscitent alors le scandale. En couple depuis 1854 avec l’écrivain George Henry Lewes, qui est séparé de sa femme, elle ne peut faire ménage commun qu’en abandonnant l’Angleterre pour voyager avec lui en Allemagne. À leur retour, marginalisés, ils ne peuvent pas s’installer à Londres et déménagent à Richmond. Des années passent avant que le couple ne soit réadmis dans la société londonienne. Mary Ann Evans est désormais une éditrice, critique littéraire et traductrice reconnue. C’est pour protéger sa vie privée et professionnelle que, lorsqu’elle fait paraître en 1856 ses premières nouvelles, elle choisit un nom de plume masculin, George Eliot, comme le fit ainsi George Sand.
"Le sentiment d’être un gentleman ne devrait faire qu’un avec le sentiment d’être un homme. Oh j’ai relativement une vie facile. J’ai essayé d’être institutrice et je ne suis pas faite pour cela, j’ai l’esprit trop indépendant. N’importe quelle tâche pénible vaut mieux, je trouve, que de faire une chose pour laquelle on est payé et qu’on ne fait pourtant jamais bien". Elle ne veut pas être associée à ses travaux critiques déjà parus et souhaite en outre se distancier du cliché de la littérature "féminine" jugée alors par la critique comme attachée à des sujets sentimentaux ou frivoles, qu’elle-même a d’ailleurs contribué à évaluer sévèrement dans ses articles. Suite au succès immédiat de son roman "Adam Bede" en 1859, George Eliot finit par révéler son identité. Cela n’a pas d’impact négatif sur sa carrière d’écrivaine, et durant les vingt ans suivants, elle alterne son abondante activité critique avec la création littéraire, en publiant sous son nom de plume de nombreux romans où elle traite de politique, de religion, et discute de questions sociales ou de genre. Dans son chef-d’œuvre littéraire "Middlemarch", elle introduit alors, par exemple, le thème politique de la modification du système électoral par le "Reform Act" de 1832. Dans ses romans, elle met en avant des protagonistes déterminées. Ses figures de femmes sont souvent remarquables: intelligentes, fortes et autonomes dans la réalisation de leurs vies parfois à contre-courant, elles luttent contre la violence domestique, ou se battent pour que leurs qualités soient enfin reconnues et leurs choix respectés ("The Mill on the Floss"). En 1878, George Henry Lewes décède. En 1880, Mary Ann Evans épouse John Walter Cross, un proche ami, plus jeune de vingt ans, son premier biographe, avant de mourir la même année, âgée alors de soixante-et-un ans. La propension des lecteurs à citer Eliot est imputable à la structure narrative de son œuvre, ponctuée d’épigraphes et de digressions qui se suffisent ainsi à elles-mêmes. Mais, concrètement, elle remonte à l’aventure éditoriale de l’un de ses admirateurs. L’année où parut "Middlemarch", sa maison d’édition fit aussi paraître un volume plus léger de Wise, "Witty and Tender Sayings in Prose and Verse Selected from the Works of George Eliot" (Sélection de maximes sages, spirituelles et tendres en prose et en vers tirées des œuvres de George Eliot), compilation rassemblée par Alexander Main. En 1878, à Noël, au moment des étrennes, l’éditeur des "Sayings" collationna une autre série de citations pour le George Eliot Birthday Book (le Carnet d’anniversaires de GeorgeEliot), un agenda orné d’une série de pensées ou de citations de George Eliot pour chaque jour de l’année.
"Dans la foule des hommes d’âge mûr qui, au cours de la vie quotidienne, remplissent leur vocation à peu près comme ils font le nœud de leur cravate, il n’en manque pas dont la jeunesse avait rêvé de plus nobles efforts, et, qui sait, de changer le monde peut-être". Avant George Eliot, il était rare que l’on taille des morceaux d’anthologie dans des romans. Les anthologies victoriennes sont dominées en effet par des genres littéraires jugés plus sérieux: poésie lyrique, essai et théâtre, en fait Shakespeare. Dans un tel contexte, tirer d’Eliot des morceaux choisis revient à dire que ce qui compte dans ses romans, ou ce qu’il y a de mieux dans ses romans, ce n’est en tout cas pas l’histoire. L’affirmation d’Alexander Main selon laquelle "Middlemarch" "est en fait un poème en prose bien plus qu’un roman au sens ordinaire du terme" nous en dit moins sur la forme du texte que sur le morceau d’anthologie en tant que forme littéraire. Ce que Shakespeare a fait pour le théâtre, George Eliot l’a fait pour le roman. Ceux qui connaissent vraiment bien ses œuvres considèrent qu’on ne peut plus réduire cette branche de la littérature à raconter des histoires ou que lire des romans ne saurait être alors dorénavant qu’un simple passe-temps. George Eliot a magnifié sa tâche et l’a rendue honorable. Elle a pour toujours sanctifié le roman en en faisant le véhicule de la plus grande et de la plus intransigeante vérité morale. La poésie d’Eliot est dans l’ensemble mieux représentée dans les "Sayings" que son œuvre romanesque. À tel point que même à l’intérieur de la section consacrée à la poésie, le poème dramatique d’Eliot, "The Spanish Gipsy" (1868), est représenté par les "chants" (songs) plus que par les passages narratifs du poème. Le recueil accorde une représentativité encore plus grande aux épigraphes tirées des romans, dont la moitié sont reproduites. Eliot elle-même encourage ce parti pris. Les deux seules citations qu’elle demande expressément à Main d’insérer dans le Birthday Book sont toutes deux des épigraphes en vers. Elle insiste explicitement pour qu’il oriente le recueil en faveur de la poésie, au détriment de la narration en prose: "Il faudrait parsemer le tout des meilleures citations que l’on peut tirer de mes poèmes et de mes maximes poétiques". Dans sa préface aux "Sayings", Main lui-même proclame que les œuvres d’Eliot "l’autorisent à occuper une place de choix parmi les rangs des poètes britanniques". Il propose de collationner une deuxième anthologie qui assurerait à Eliot cette place: un volume intitulé "The Spirit of British Poetry": "Selection of British Lyrics from Shakespeareto George Eliot" ("L’Esprit de la poésie britannique: une sélection de poèmes lyriques de Shakespeare à George Eliot"), volume qui, suggère-t-il, "pourrait être très convenablement assorti à la première édition des Sayings".
"L’histoire de ce rêve et de la manière dont le plus souvent il arrive à prendre corps, cette histoire est bien rarement menée à terme, et à peine même si elle existe jamais clairement dans l’esprit de ces hommes !" Le recueil de Main participe à ce fantasme d’un dépassement du genre littéraire, fantasme suivant lequel un compte rendu peut décréter, quelques mois plus tard, qu’il est "presque sacrilège d’évoquer des romans ordinaires dans un même souffle que ceux de George Eliot". L’expression "évoquer dans un même souffle" convient à merveille aux entreprises de juxtaposition qui détermineront la position générique d’Eliot et son rang dans la littérature pendant les dix dernières années de sa vie. Le nom d’Eliot réapparaît en tête d’une autre anthologie réunie par Alexander Main, un recueil de bons mots et de réflexions de Samuel Johnson au début duquel figure une épigraphe tirée du poème d’Eliot: "The Spanish Gipsy". Quoi qu’il en soit, les "Conversations of Johnson" ne sont pas le seul ouvrage auquel Eliot fournit une épigraphe. Une citation de son œuvre apparaît en tête d’un chapitre dans l’ouvrage de George Jacob Holyoake, "History of Co-opération in England" (1875-79). Eliot savait très bien que la réputation d’un auteur est influencée par le genre d’ouvrage dans lequel il est cité. Elle-même avait banni une épigraphe du poète américain Walt Whitman de Daniel Deronda "non pas parce que j’objecte au contenu de la maxime mais parce que, comme je cite si peu de poètes, choisir cette réflexion de Walt Whitman pourrait faire croire que je l’admire lui tout spécialement, ce qui est loin d’être le cas". Alors quechez Eliot les devises de chapitres ont pour fonction alors d’inscrire le roman dans une tradition littéraire, l’empressement avec lequel les lecteurs s’approprient son œuvre montre bien que les romans gagnent leur légitimité non seulement grâce aux textes qu’ils citent mais aussi grâce aux textes dans lesquels ils sont alors eux-mêmes cités. À partir des années 1870, la réputation d’Eliot est déterminée par les rapprochements littéraires dont elle fait l’objet. Son refus de citer Whitman la montre consciente du pouvoir de consécration d’une citation, mais il suggère également qu’elle craint de voir son œuvre assimilée à celle du poète américain, d’être, en quelque sorte, reconnue "coupable par association". Les extraits tirés de ses œuvres la rendaient lucide sur le fait que ces deux types d’implication étaient possibles. Sa participation personnelle à la mise enanthologie de son œuvre demeura profondément ambivalente. D’un côté elle presse son éditeur de publier les "Sayings" de Main et fait des propositions concrètes de citations à inclure dans le Birthday Book, de l’autre, elle décline toute responsabilité au sujet des anthologies, alors même, qu’elle autorise leur publication etparticipe à l’élaboration de leur contenu. Elle savait faire la différence entre sa propre œuvre et la critique.
"Peut-être leur ardeur pour un travail généreux et désintéressé s’est-elle peu à peu, imperceptiblement, refroidie, comme l’ardeur de toutes les autres passions de jeunesse, jusqu’au jour où la première nature revient, comme un fantôme, visiter son ancienne demeure et jeter sur tout ce qui l’a meublée depuis, comme une lueur spectrale. Il n’y a rien dans le monde de plus subtil que l’histoire de ce changement graduel dans le cœur des hommes". En 1856, George Eliot publie une étude sur la publication en cinq volumes de John Ruskin sur les peintres modernes. Elle publie son premier roman en 1859. Ses œuvres romanesques "Adam Bede", "Le Moulin sur la Floss" et "Silas Marner" sont des écrits politiques. Dans "Middlemarch", elle raconte l'histoire des habitants d'une petite ville anglaise, à la veille du projet de Loi de Réforme de 1832. Le roman est remarquable par sa profonde perspicacité psychologique et le caractère sophistiqué des portraits. Sa description de la société rurale séduit un large public. Elle partage avec William Wordsworth, le goût du détail de la vie simple et ordinaire de la vie à la campagne. Avec "Romola", roman historique publié en 1862, George Eliot situe son récit à la fin du XVème siècle à Florence. Il est basé sur la vie du prêtre italien Girolamo Savonarola. C’est une petite ville des Midlands, avec sa couronne de collines où se perchent les manoirs de la gentry. À un moment historique très précis: l’histoire, avertit la romancière, se déroule "quand George IV régnait encore sur sa retraite de Windsor, quand le duc de Wellington était Premier ministre et Monsieur Vincy maire de l’antique municipalité de Middlemarch". Et voilà qui suffit à montrer à quel point le roman de George Eliot mérite, ou ne mérite pas, le label de roman historique. Historique, il revendique de l’être, mais que la modeste magistrature de Monsieur Vincy puisse servir à dater l’ouvrage autant que le roi George IV et le duc de Wellington dit assez que le cœur du sujet sera la descente du politique vers le domestique. Les événements de l’histoire n’auront droit d’entrée dans le roman que pour la chiquenaude qu’ils donnent aux destins individuels, vite amortie du reste par le train-train monotone du quotidien.Tout commence donc alors en mars 1829 lorsque Robert Peel, ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de Wellington, cesse de s’opposer à la loi qui accorde aux catholiques anglais les droits politiques dont ils étaient jusqu’alors privés et leur ouvre l’accès au Parlement. Les péripéties qui suivent ce retournement scandent le roman. En 1830, cette question catholique est à l’origine de la chute de Wellington. La mort de George IV, la dissolution du Parlement, l’imminence des élections législatives, avec la perspective de voir se modifier l’équilibre des partis, puis le rejet du projet de réforme par la Chambre des Lords continuent jusqu’à la fin du roman non seulement à faire le fond de la rumeur de Middlemarch, mais à infléchir le parcours des principaux personnages.
"C’était une excellente pâte d’homme que sir James, et il avait le rare mérite de n’être nullement infatué de sa valeur ni de croire que son influence put jamais mettre le feu au plus petit coin de la province. Aussi était-il heureux à la pensée d’avoir une femme qu’il pourrait consulter à propos de tout, une femme capable en toute circonstance de tirer son mari d’embarras avec de bonnes raisons". À la différence de nombreux titres de George Eliot, "The Millon the Floss" ne met pas l’accent sur une personne mais sur un lieu, comme ce sera le cas pour "Middlemarch". Le lieu géométrique du roman n’est pas la ville de Saint-Ogg, mais un espace plus restreint, à la périphérie de la ville, le moulin, auquel s’identifie alors la famille Tulliver depuis des générations. Le moulin est un lieu loin duquel M. Tulliver ne peut envisager de vivre. Après sa faillite, il est prêt à se soumettre à l’autorité de Wakem, qu’il déteste, pour pouvoir continuer à y vivre et à y travailler. En mourant, il demande solennellement à Tom de faire tout ce qui est en son pouvoir pour le racheter un jour. Quant à la Floss, elle constitue pour les Tulliver un cadre familier. Lorsque les enfants sont encore jeunes, elle n’est pas loin de constituer pour eux la limite du monde connu, et Maggie explique ainsi à Philip la place essentielle de la rivière, qui est étroitement associée pour elle à ses premiers souvenirs. Le titre choisi, riche en consonnes liquides évoquant la fluidité, convient admirablement à ce roman qui accorde une place si importante à l’eau, à l’écoulement et au flux, sans parler de rares épisodes violents où l’eau débordante crée des catastrophes. On chercherait en vain des noms de rivières anglaises présentant une analogie proche ou lointaine avec la Floss. Il semble bien que la romancière ait ici transposé le substantif allemand Fluß, qui désigne la rivière, mais aussi le flux, l’écoulement, l’emblème de la fuite du temps dans la tradition philosophique d’Héraclite, et symboliquement tout ce qui conduit vers l’anéantissement et la mort. Le titre retenu pour le roman semble se détourner des personnages, mais il offre en fait un commentaire oblique sur leur destinée, et notamment sur celle de l’héroïne. Ce titre qui s’apparente à un oxymore reflète en effet les contradictions de Maggie et les deux forces contraires qui la déchirent. Dans sa vie personnelle, elle se sent emportée par le courant du désir, que symbolisent l’eau et le fleuve mais en même temps elle reste très attachée au passé et à ses racines, que symbolise le moulin. Le recours à une épigraphe est une pratique relativement nouvelle pour George Eliot, dans cette œuvre qui appartient à la première moitié de sa production romanesque. Plus tard, à partir de "Felix Holt" (1866), elle prendra l’habitude de placer une épigraphe en exergue à chaque chapitre, comme on le voit dans "Middlemarch" (1871-72) et "Daniel Deronda" (1876), prolongeant ainsi la tradition instituée par Ann Radcliffe et surtout Walter Scott, romancier pour lequel elle a une réelle et profonde admiration.
"Quant à la piété exagérée qu’on reprochait à Miss Brooke, il ne savait que imparfaitement en quoi elle consistait, et il pensait qu’elle disparaîtrait avec le mariage. En un mot, il trouvait Dorothée tout à fait charmante, il sentait son amour bien placé et était tout disposé à se laisser dominer, puisqu’après tout un homme, quand il lui plaît, peut toujours s’affranchir de cette domination-là". Pour sa troisième œuvre de fiction, elle n’en est pas encore là et la présence d’une épigraphe unique est beaucoup plus discrète, mais cette unicité lui confère peut-être alors une importance inversement proportionnelle à la place qu’elle occupe. "In their death they were not divided" apparaît sans aucune référence, sans la moindre indication de source. Si un certain nombre de Victoriens, fervents lecteurs de la Bible, étaient en mesure d’identifier cette citation biblique comme un emprunt au Deuxième Livre de Samuel. Dans "Adam Bede" (1859) qui précède "The Mill on the Floss" et dans "Silas Marner" (1861) qui le suit, George Eliot propose également une épigraphe unique, mais elle prend soin d’en indiquer l’auteur, Wordsworth dans les deux cas, même si elle ne va pas jusqu’à préciser qu’il s’agit d’un extrait de "The Excursion" dans le premier, et de "Michael" dans le second. George Eliot entreprend une représentation du réel, tout en se reconnaissant comme créatrice de fiction. L’introduction est écrite au présent, comme pour abolir toute distance temporelle et affective, mais la description qui est proposée s’inscrit dans le cadre d’une rêverie. Par cette rêverie, le narrateur n’a pas accès à la réalité même, mais aux souvenirs qui s’y attachent. Dans ce récit pré-proustien, qui suscitait d’ailleurs l’émotion et l’admiration de Proust, tout commence par un afflux de souvenirs involontaires, qui s’organisent selon leur logique propre. L’introduction révèle qu’il existe bien deux façons de retrouver le passé. Soit directement par le jeu associatif de la mémoire involontaire et le pouvoir de l’imagination, soit indirectement grâce à un effort de la mémoire volontaire. Loin de s’opposer, ces deux voies d’accès se complètent. Toutefois, rien n’est possible sans l’impulsion première donnée par l’imagination. Tout commence donc par ce que Bachelard appelle une rêverie de l’eau. Avant de se focaliser sur le moulin, le regard du narrateur suit le mouvement de la rivière, qui se hâte de rejoindre la mer toute proche. Mais celle-ci, avec la marée montante, se précipite à sa rencontre, pour la saisir dans une vigoureuse étreinte, ce qui suggère ainsi une sorte d’érotisation de l’eau et du paysage.
"Je n'ai jamais aucune pitié pour les gens présomptueux, parce que je pense qu'ils portent avec eux leur propre satisfaction. L’esprit d’un homme, quel qu’il soit, a toujours cet avantage sur celui d’une femme qu’il est du genre masculin, comme le plus petit bouleau est d’une espèce supérieure au palmier le plus élevé, et son ignorance même est de plus haute qualité". Les activités portuaires de Saint-Ogg, brièvement décrites dans l’introduction, sont de nouveau présentes ici, dans la conclusion, sous la forme inattendue d’énormes fragments de machines de bois arrachées aux quais, qui constituent une terrible menace pour la fragile embarcation de Tom et de Maggie, au milieu du courant puissant de la Floss. Malgré les efforts de Tom pour sortir du courant et échapper à cette menace, cette masse redoutable va prendre pour eux le visage de la mort. Ainsi Tom et Maggie connaissent un destin tragique, car ils meurent dans la fleur de l’âge, écrasés par ces épaves énormes qui représentent alors probablement tout ce qu’il y a de brutal et d’inhumain dans le monde industriel et commercial de Saint-Ogg. Et à l’étreinte qui unissait la Floss et la marée dans l’introduction correspond cette fois l’étreinte qui unit le frère et la sœur dans la mort. Malgré cette image sentimentale surprenante, dans la mesure où elle ne correspond à aucun épisode qui nous ait été raconté de l’enfance des deux personnages, mais oblitère toutes les scènes de conflit passées, malgré cette étreinte finale qui les rapproche enfin, l’inspiration de cette première conclusion porte la marque du tragique. Mais la conclusion qui suit, et qui constitue cette fois la clôture du récit, après celle de la diégèse, est beaucoup moins sombre, et même porteuse d’espoir. Située cinq ans après la catastrophe finale et baignée d’une lumière automnale, qui déjà, dans Adam Bede, est associée à la sérénité après les tribulations, elle met l’accent sur la reprise de la vie et sur l’idée de réparation après la destruction. Le moulin, mis à mal par l’inondation, a été reconstruit, et le cimetière aux pierres tombales renversées a retrouvé son ordre et sa tranquillité. Le signe le plus visible des dommages créés par l’inondation est la présence d’une nouvelle tombe, où sont réunis le frère et la sœur, que la mort n’a pas séparés. Si plusieurs critiques ont vu un déséquilibre entre les deux premiers volumes de "The Mill on the Floss" consacrés ainsi à l’enfance et à l’adolescence des personnages principaux, marqués par la lenteur du rythme narratif, il semble que ce déséquilibre de la diégèse soit compensé, au moins partiellement, par ce bel équilibre formel entre le début et la fin du roman. L'œuvre de George Eliot est remarquée par Virginia Woolf. En France, Albert Thibaudet, Marcel Proust, André Gide, Charles Du Bos reconnaissent son talent. De nombreuses adaptations au cinéma et à la télévision font connaître l’œuvre de la romancière britannique auprès d'un large public. En 2018, l'historienne française Mona Ozouf lui rend un hommage appuyé en faisant le parallèle avec George Sand. ("L'autre George à la rencontre de George Eliot").
Bibliographie et références:
- David W. Griffith, "A fair Exchange"
- Theodore Marston, "Silas Marner"
- Ernest C. Warde, "The Mill on the Floss"
- Frank P. Donovan, "Middle March"
- Martin Bidney, "George Eliot"
- Virginia Woolf, "George Eliot"
- Jean-Louis Tissier, "Une voix de George"
- Harold Bloom, "George Eliot"
- Mona Ozouf, "L'autre George, à la rencontre de George Eliot"
- Nicole Blachier, "Les romans de George Eliot"
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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De retour à la maison, je me déchausse et accroche mon manteau sur la patère. Ma peau nue imprime une chaire de poule alors qu’un frisson me parcours de la tête au pied. Le plug est toujours en place, les pinces aussi. Mes seins sont douloureux et mes tétons insensibilisés par la morsure prolongée. Maître transporte les sacs de courses jusque dans la cuisine. Je le dévore du regard, sa posture altière et ses omoplates visibles à travers son t-shirt. Mon imagination s’égare à la place de mes doigts qui rêvent de parcourir sa peau.
Sans se retourner et comme pour faire taire la voix de mon mental, Maître m’enjoint :
« Dépêche toi, tu as pris du retard. »
Ses mots me ramènent instantanément dans l’ici et maintenant, et je m’empresse de le rejoindre dans la cuisine.
« Voici le menu pour ce soir. Notre invité ne suit pas de régime alimentaire spécifique mais ce n’est pas une raison pour ne pas t’appliquer. Compris ?
-Oui Monsieur. »
Maître tire brusquement sur la chaîne qui relie les pinces à seins. Celles-ci étirent et relâchent mes tétons, m’arrachant un couinement de douleur accompagné d’une profonde vague d’excitation qui me liquéfie encore davantage. Je lance un regard outré à mon Maître, les yeux humides.
« Je ne suis plus ton « Monsieur ». Tâche de ne plus l’oublier ! »
Son ton est dur. Je serre les dents. L’habitude de l’appeler « Monsieur ». Mais c’est « Maître » désormais puisque j’ai accepté de quitter ma place de soumise pour être reléguée au rang de chienne, d’animal. Pour autant, une part de moi résiste à cette décision. Je n’arrive pas à desserrer les mâchoires. J’ai envie de m’indigner, de répondre. Je dois me contrôler !
Maître doit ressentir cette insurrection que je tente de contenir à l’intérieur de moi. Sa main se referme sur ma nuque, oblige mon regard à soutenir le sien tandis que son autre main s’abat violemment sur ma fesse gauche. Ma respiration se coupe un instant sous l’effet de la surprise, la fessée appuyée est douloureuse et ma fierté mal placée est en passe de se dissoudre.
Un petit sourire en coin me signale sa satisfaction à me sentir peu à peu céder. Finalement, je baisse les yeux. C’est à la fois ce que j’admire et ce que je redoute chez lui. Il n’a pas besoin de « faire » grand-chose ou d’élever la voix pour obtenir ma soumission. Il émane de lui une assurance et une autorité naturelle qui suffisent à lui faire assoir sa supériorité.
« Pardon Maître, je ferais attention désormais.
- Ça commence à faire beaucoup d’excuses pour une seule journée… Tu seras punie pour ton effronterie et tes étourderies. J’attends mieux de ta part.
- Oui Maître, vous avez raison, je le mérite… »
Mes mots s’éteignent à mesure que je les prononce. Je suis contrariée d’avoir déçu mon Maître, et je déteste être punie. Maître relâche la pression de ses doigts sur mon cou.
« Dépêche toi de préparer le repas maintenant.
- Oui Maître. »
Pendant que je m’affaire en cuisine, je l'entends qui débouche une bouteille de vin et prépare les verres dans le salon. J’ai interdiction d’y pénétrer sans son autorisation, et ordre de le prévenir lorsque les préparatifs qui m’incombent seront réalisés. Mes tétons sont encore sensibles et pointent insolemment à travers le tissu de mon tablier de cuisine.
Plus de bruits de vaisselle, Maître me rejoint dans la cuisine.
« Tu as bientôt terminé ?
Il me reste à couper les carottes Maître.
Bien. Pose ton couteau, écarte les jambes et cambre-toi en t’appuyant sur le plan de travail. Je veux que tu me présente une belle croupe appétissante. »
Mon cœur s’emballe et il me faut un instant pour obéir. Ses mains chaudes se posent sur le galbe de mes fesses, empoignant, caressant, malaxant mon cul offert. Ma culotte trempée m’est retirée, car je n’en ai manifestement plus besoin, et car mon Maître à envie de me posséder.
« Tu mouilles tellement facilement… Et après tu doutes d’être une vraie chienne ? »
J’entends le sourire moqueur dans sa voix qui accompagne son souffle brûlant à mon oreille et les deux doigts qui me fouillent sans ménagement. Je me trémousse et je geins. J’en veux plus. Tellement plus !
« Que veux-tu, là, maintenant, tout de suite ?
-Je… j’aimerais sentir votre queue me prendre Maître… J’aimerais vous sentir me remplir encore et encore… J’aimerais jouir sur ce plan de travail.
- C’est bien. Tu es une bonne chienne qui ne cache pas ce qu’elle pense. A genoux, viens chercher ta récompense. »
Il me félicite, mais son attitude est froide, je me sens intimidée, je m’exécute. Maître me présente d’abord ses doigts, ceux qui, quelques secondes auparavant, travaillaient ma chatte pour la rendre plus accueillante. Je sais ce que je dois faire. J’ouvre la bouche et je commence à lécher et à sucer, consciencieusement. Je me goûte et me déguste, délicatement salée. Je me découvre, amuse-bouche.
Pour me signifier d’arrêter, Maître saisit ma langue de ses doigts couverts de ma salive et la maintient tirée hors de ma bouche.
« Bien, garde la gueule grande ouverte petite chienne. »
Rapidement, ma salive s’accumule et commence à dégouliner le long de mes lèvres, de mon menton, puis de mon cou. Je me sens gênée mais je m’efforce de continuer à regarder mon Maître. Il m’observe avec attention, s’amuse à prolonger mon inconfort pour tester ma docilité. Je suis tiraillée entre l’excitation de ne plus avoir de contrôle sur cette partie de mon corps et le désir de reprendre un peu de contenance.
Alors que la bave commence à couler sur mon tablier, Maître relâche ma langue, ouvre son pantalon et libère l’objet de toutes mes convoitises.
« Tu as dis que tu voulais sentir ma queue te prendre, te remplir, c’est ça ?
- O… oui Maître, s’il vous plait. »
Un sourire étire son visage.
« Bien, alors ouvre grand la gueule petite chienne, que je t’offre ce que tu as demandé. »
J’ai tout juste le temps d’obéir. Ses mains encadrent ma tête alors qu’il enfonce son membre dur dans ma bouche, me la baise, me remplit.
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Dans la voiture, Maître m’ignore totalement sur une bonne moitié du trajet retour. Je suis prise entre l’excitation de cet affermissement de la domination de mon Maître, et la peur d’embrasser totalement cette place de chienne que je lui ai réclamé. Toujours sans un regard, Maître me demande, un début de sourire aux lèvres :
« Toujours envie d’être une chienne Miss ? Ou ta place de soumise précieuse et capricieuse commence à te manquer ? »
Il se moque de moi ! En temps normal, je lui aurais jeté un regard effronté et peut-être même que je lui aurais répondu dans l’attente de me faire remettre à ma place. Cette fois je n’en fais rien. La vérité, c’est que je ne suis plus sûre de rien. Devenir sa bonne chienne docile, le laisser approfondir sa domination sur moi, franchir une étape dans notre relation, j’en rêve chaque jour. Mais j’ai également encore beaucoup de mécanismes de défenses et de peurs.
« Oui Maître, je le veux toujours… mais… »
Je n’arrive pas à finir ma phrase. Maître enclenche son clignotant et engage la voiture sur une place le long de la rue. Pourtant nous ne sommes pas arrivés. Il coupe le moteur et se tourne vers moi, plantant son regard avec intensité dans le mien, attentif.
« Mais… ? Je t’écoute. »
Je me sens coincée, quelque chose me dit qu’il ne repartira pas tant que je n’aurai pas dit ce que j’ai sur le cœur. Il me faut un moment pour rassembler mes idées, mes mots et mon courage :
« J’ai… peur. »
Trois mots, c’est tout ce dont j’étais capable. Trois mots particulièrement difficiles à prononcer.
« De quoi as-tu peur ? »
Mon corps tremble, et cette fois, ce n’est pas d’excitation.
« Je crois que j’ai peur de disparaître… Je sais, c’est débile. Mais c’est ce que je ressens. Et je crois que j’ai peur de découvrir de quoi je suis capable. »
Maître me fixe, comme pour s’assurer que j’ai terminé de parler.
« Moi je crois que c’est un mensonge. » décrète-t-il.
« Un vilain mensonge que tu te raconte à toi-même. Tu n’as pas peur de disparaître, tu as peur de lâcher tes protections. Tu as peur de te découvrir toi. Tout du moins des parts de toi que tu refoules, parce que tu les juges. Tu as peur de te vivre, entièrement. »
Il marque une pause, pour que j’intègre ses mots.
« Tu as souhaité m’appartenir, alors je veux tout de toi. Le beau, le moche, le cassé, et même ce que tu ne sais pas encore être. Si tu choisis de continuer à m’appartenir, attends-toi à ce que je t’épluche, à ce que je te mette à nu corps, esprit et âme. Cela prendra le temps qu’il faut. Sachant cela, veux-tu toujours devenir ma chienne et explorer cette facette de toi à mes côtés ?»
Je hoche la tête, impressionnée par cette prise de hauteur à laquelle je ne m’attendais pas.
« Je veux t’entendre le dire. Maintenant. As-tu l’intention de me laisser faire de toi la chienne que je désire avoir et que tu sais être ? »
« O… Oui Maître, je veux être cette chienne. »
Je passe le reste du trajet à réfléchir à ce que Maître m’a dit et finalement la justesse de ses mots m’apaise.
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Bonjour,
Je suis Léa, soumise, propriété de Jérôme et Éric.
Bien à ma place, entre les Maîtres et mon Doudou, j'éprouve le besoin de me raconter.
Alors voilà, orphelines très tôt, j'ai été élevée en partie par ma sœur, complices de toujours, j'ai adoré Lydia pour ce qu'elle représentait, belle, intelligente, mon modèle en quelque sorte. J'ai exécuté ses caprices avec plaisir, un début de soumission qui m'a rendu heureuse toutes ces années. À la maison nous vivions toujours nues un peignoir sous la main au cas ou on sonnait à la porte. Un soir Lydia à demandé si je serais gênée de voir arriver son copain Julien... J'ai répondu bien sur que non il est sympa.
19h on sonne c'est sûrement Julien j'enfile vite mon peignoir pour aller ouvrir, ma sœur me dit non! Pas ce soir on restent nue toutes les deux, je suis devenue rouge et me suis cachée dans la salle de bain. J'ai entendu la porte se fermer et ma sœur disait, elle ne s'est pas habillée mais elle a honte, réfugié à la salle de bain. Julien est venu frapper à la porte, m'a expliqué que je ne devais pas avoir la moindre peur, qu'il était là pour Lydia...
Plus d'une heure, j'ai pris mon courage, pour plaire à ma sœur, je suis sortie, ils étaient au salon, je me suis glissée dans le couloir pour épier un peu, ils m'ont vu, j'ai du sortir de mon coin, nue comme un ver et rouge de honte. Lydia s'est levée et m'a prise dans ses bras, bravo tu l'a fait, il ne va pas te manger... " Oui je le fais pour toi "
J'osais pas lui faire la bise comme les fois où on se rencontraient, c'est lui qui est venu, trois bises, sa veste a effleuré mon petit téton, il a pointé direct et moi, encore plus rouge, je suis parti à la cuisine en pleurant, suivi par Lydia.
Je ne comprenais pas cette sensation bizarre, pourquoi mes cuisses étaient mouillées, pourquoi j'avais la chair de poule, réfugiée dans les bras de ma sœur, j'ai entendu pour la 1ère fois parlé de sexualité, d'attirance, de rapports. Ce sujet était en sommeil, je me touchais bien parfois mais cela ne faisait pas cet effet étrange. Dans ces bras, en pleure, j'ai senti une caresse sur ma vulve, j'ai sursauté, serrée dans ses bras, Julien me disait de le laissé faire, que c'était en accord avec Lydia, qu'à 15 ans je devais sortir de l'enfance et apprendre la sexualité. Je n'osais plus bouger et son doigt est entré avec un aie!! Puis le va et vient sur les lèvres dans toute cette "mouille" le doigt se promenait, remonté vers l'anus, je tremblais comme une feuille, je le sentais glisser doucement, ma sœur m'a serré plus fort et une douleur brûlant m'a fait crier, encore et encore puis 2 doigts, j'avais mal et honte. Sitôt que je me suis libérée, j'ai courue à la salle de bain, j'étais certaine que j'allais faire mes besoins, non, 10 minutes, la douleur s'est transformée en l'envie de mettre aussi mon doigt par curiosité. J'ai commencé par les petites lèvres, puis je suis entrée, étonnée, gémissements, une chaleur m'envahit des tremblements et la jouissance pour la première fois. Je me suis enhardie et mon doigt s'est glissé dans mon petit trou, après quelques minutes, avec une force incroyable, un orgasme m'a fait tomber sur le tapis de bain... voilà mes débuts, la gamine était devenue une fille...
Bientôt la suite...
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"Pourquoi ne m’avez-vous pas dit qu’il y avait du danger avec les hommes ? Pourquoi ne m’avez-vous pas avertie ? Les dames savent contre quoi se défendre parce qu’elles lisent des romans qui leur parlent du danger qu’il y a avec les hommes. Je ne peux réfléchir en plein air, toutes mes pensées s'envolent. Son amour était aussi entier que celui d'un enfant et, quoique chaud comme l'été, il avait la fraîcheur du printemps. Et pourtant, même confronté à l'horreur, il y a toujours pire. Avez-vous pas dit que les étoiles étaient des mondes, Tess ? Oui. Tous pareils au nôtre ? Je ne sais pas. Mais je le pense. Elles ont l’air quelquefois de ressembler aux pommes de notre vieil arbre du jardin. La plupart saines et splendides, quelques-unes tachées. Sur laquelle est-ce que nous vivons, une belle ou une tachée ? Une tachée. C’est très malheureux que nous soyons pas tombés sur une bonne, quand il y en avait tant d’autres". Le premier roman publié par Thomas Hardy (1840-1928), "Desperate Remedies" (1871), pèche par ses excès sensationnalistes et son intrigue aussi touffue que décousue. Mais dès cette première publication qui peinait encore à trouver son style et sa voie, les critiques, par ailleurs assez féroces, s’accordèrent à louer l’art de la description et la vivacité des évocations rurales, qui rappelaient "the paintings of Wilkie and still more perhaps those of Teniers". Le rapprochement entre le peintre écossais David Wilkie (1785-1841) et le peintre flamand du XVIIème siècle David Teniers s’explique par la parenté d’inspiration des deux artistes, amateurs d’images joviales de fêtes villageoises et de paysages de campagne. Horace Moule, ami et mentor de Hardy, poursuivit ce jeu comparatif et citationnel en voyant dans le roman "the same sort of thing in written sentences that a clear fresh country piece of Hobbema’s is in art". "L'athée du village contemplant avec morosité l'idiot du village": cette description de Thomas Hardy par Gilbert Keith Chesterton est injuste, mais elle attire l'attention sur trois aspects essentiels de l'œuvre. Hardy nous a en effet donné des romans populaires, profondément ancrés dans les paysages et la société paysanne du sud-ouest de l'Angleterre, mais aussi des romans cosmiques, où les aventures banales d'une laitière ou d'un tailleur de pierre prennent une dimension tragique, et enfin des romans noirs où tout mouvement du héros est une fuite en avant, qui se termine souvent par une mort violente. Hardy est avant tout un homme de contrastes: un romancier régional qui traite de l'univers. Un tragique doué d'un riche talent comique. Un écrivain que l'on a prétendu autodidacte, et dont l'univers culturel est un des plus riches de la littérature anglaise. Un prosateur, enfin, qui au sommet de sa carrière abandonna définitivement le roman et devint un grand poète lyrique. Sa vie longue et sans histoire contraste avec celle de ses personnages. Thomas Hardy est né à Higher Bockhampton, près de Dorchester. Il était fils d'un artisan maçon, et son enfance se passa dans le cadre rural du Dorset. Il fréquenta la grammar school locale, reçut l'enseignement d'un maître d'école, William Barnes, qui était aussi poète dialectal, et eut pour mentor un intellectuel de Cambridge, Horace Moule. Il entra dans un cabinet d'architecte, spécialisé dans la restauration des églises de campagne. C'est en dessinant les plans de l'église de St. Juliot, en Cornouailles, que Thomas Hardy devait rencontrer sa première femme, Emma. Le tournant de sa vie fut l'année 1867, au cours de laquelle il décida alors de faire profession de littérature. Le succès ne tarda guère, et les trente années qui suivirent devaient voir la publication de quatorze romans. Les rapports de Hardy avec sa femme devinrent très difficiles, mais, lorsqu'elle mourut en 1912, la découverte de son journal bouleversa Hardy. Il retomba amoureux de sa femme morte, et cette passion romantique post mortem donna naissance à de superbes poèmes d'amour. Enfin, un poète était né.
"Qu'est-ce qu'un homme honnête ? Et plus important encore, qu'est-ce qu'une femme honnête? La beauté ou la laideur d'un être résidait non seulement dans ses accomplissements, mais dans ses aspirations et ses désirs, sa vraie histoire se déroulait non pas dans ce qu'il avait fait, mais dans ce qu'il voulait faire". Par une ironie du sort qui semble sortir droit de son œuvre, certains des plus beaux poèmes lyriques de la langue anglaise ont été écrits par un homme de soixante-dix ans pour une femme qu'il n'aimait plus depuis trente ans. L'œuvre de Thomas Hardy est romanesque. Après deux romans d'apprentissage, il trouva le succès avec "Under the Greenwood Tree" (1872), roman pastoral, où le chœur des paysans joue un rôle essentiel. Mais c'est "Loin de la foule déchaînée" (1874) qui devait établir son talent auprès du grand public. Dans cette tragi-comédie, dont la fin heureuse n'est en rien caractéristique, les thèmes essentiels de l'œuvre font leur apparition: l'erreur de l'héroïne, qui provoque la tragédie en épousant en premières noces un homme indigne d'elle, le rôle du hasard et de l'ironie dramatique. Par la suite, Hardy a écrit cinq autres grands romans. Trois romans tragiques, "Le Retour au pays natal" (1878), "Le Maire de Casterbridge" (1886), "Les Forestiers" ("The Woodlanders", 1887), surtout ces deux chefs-d'œuvre que sont "Tess d'Urberville" (1891) et "Jude l'Obscur" (1896). La tragédie de la petite paysanne qui préserve son innocence bien qu'elle ait eu un enfant illégitime, et qui finit sur l'échafaud, victime de la moralité conventionnelle, et celle du fils du peuple, rejeté par la société dans sa tentative d'entrer à Oxford, et désespéré par les contraintes du mariage bourgeois, constituent le reflet le plus fidèle et la critique la plus féroce d'une société victorienne à son déclin. La violence des critiques que suscitèrent ces deux livres poussèrent Hardy à abandonner la forme romanesque. Hardy est aussi l'auteur de quatre recueils de nouvelles ("Les Petites Ironies de la vie", 1894), où se manifeste son goût prononcé pour le bizarre, le grotesque, les coïncidences et les coups du sort. Parfois tragiques, ces nouvelles révèlent aussi une veine comique qui n'est jamais totalement absente de l'œuvre de Thomas Hardy. Ses premiers textes furent poétiques, et restèrent inédits. S'il cessa d'écrire de la poésie pendant quarante ans, il s'y consacra totalement après 1896, publiant cinq recueils entre 1898 et 1917. À cela il faut ajouter une tentative théâtrale: "The Dynasts" (1903-1908) est une représentation,sur le mode historico-épique, de la période napoléonienne. L'univers de Thomas Hardy, c'est d'abord le Wessex, nom qu'il donne au Dorset et à ses environs. Presque tous ses romans se déroulent dans ces paysages, décrits avec une précision de géographe. Mais cet univers est aussi une prison et les héros, comme Tess, ne le quittent que pour mourir. "Le Retour" réduit cette prison aux limites d'une lande, Egdon Heath. Mais le Wessex est autre chose qu'une toile de fond. C'est un monde vivant, avec ses traditions, car il y a un folkloriste chez Hardy, capable de transformer en fiction vivantes de vieilles coutumes populaires, comme l'inoubliable danse de mai dans "Tess".
"Si un chemin peut conduire au meilleur, il passe par un regard attentif sur le pire. La véritable histoire d'un être n'est pas dans ce qu'il a fait mais dans ce qu'il a voulu faire. Honorable monsieur, veillez sur votre femme si vous l'aimez autant qu'elle vous aime. Car elle souffre à cause d'un ennemi qui a l'apparence d'un ami. Monsieur, il y a quelqu'un près d'elle qui devrait être loin. On ne devrait pas tenter une femme au-delà de ses forces, et les larmes, comme l'eau qui coule continuellement, peuvent user une pierre et plus, un beau diamant". Et il possède son langage: un dialecte campagnard, avec sa prononciation, ses tournures, dont l'écrivain excelle à tirer des effets comiques ou dramatiques, ses proverbes. Un dialecte menacé par le développement du système scolaire et de l'anglais standard, et plus proche non seulement de la vie quotidienne des habitants du Wessex, mais aussi de l'anglais de Shakespeare. Le Wessex, c'est aussi une société. Hardy sait décrire avec précision la grande diversité des couches sociales de la campagne, leur imbrication et une société menacée. Le chemin de fer, note Hardy, a atteint enfin Dorchester, la société rurale est profondément bouleversée par les conséquences de la révolution industrielle et urbaine. La tragédie de Tess et celle du maire de Casterbridge auront pour cause ultime ce bouleversement, où "tout ce qui était solide se dissout dans l'air". Ce dernier aspect montre que Thomas Hardy n'est pas seulement un romancier régional. À travers le Dorset, ce sont les changements affectant la campagne anglaise qu'il dépeint alors. Mais l'horizon est encore beaucoup plus large. Une des contradictions les plus fertiles de Hardy est que ce Wessex si précisément situé devienne le symbole de l'univers, le théâtre de la lutte du chaos et du cosmos. L'histoire des amours d'une paysanne, qui se termine par un crime passionnel, prend valeur cosmique. La référence à la tragédie antique, celle d'Eschyle, est explicite, et l'intrigue est parfois construite sur le modèle aristotélicien ("Le Retour"). D'ailleurs, cette vision tragique ne se limite pas à un schéma narratif. Elle inspire également l'attitude du narrateur, sa distance ironique vis-à-vis des événements, du point de vue de dieux indifférents, qui fait place alors, lorsque la catastrophe est survenue, à une rage sardonique.
"Au dessous de la toiture de la meule, et à peine visible encore, se trouvait le rouge tyran que les femmes étaient venues servir. Une charpente de bois munie de roues et de courroies : la batteuse, dont l'exigence despotique allait mettre à dure épreuve l'endurance de leurs nerfs, de leurs muscles. À peu de distance, on apercevait une autre forme distincte, toute noire, d'où partait un sifflement continu indiquant la force en réserve". Tous les analystes ont souligné l’acuité du regard de Thomas Hardy, clair, curieux, pénétrant, ainsi que son exceptionnelle qualité de perception. Sa formation et sa longue pratique d’architecte vinrent de toute évidence renforcer ces pouvoirs d’observation, en leur fournissant les outils techniques et formels qui servent à organiser bien des descriptions au sein des romans. Pourtant l’art descriptif chez Hardy n’est pas simple effet de compétence professionnelle. Car à celle-ci se joignait une véritable fascination pour les arts visuels. Lors de son apprentissage londonien chez l’architecte Arthur Blomfield entre 1862 et 1867, Hardy s’était fixé un programme d’études très exigeant, consistant à se rendre presque quotidiennement à la "National Gallery", pour s’y absorber dans la contemplation d’une œuvre à chaque fois bien déterminée. C’est dans le courant du XIXème siècle que les britanniques, abandonnant la référence préférentielle à l’école idéale italienne, commencèrent à se tourner vers les scènes plus réalistes des Écoles du Nord, flamande et hollandaise. De grands industriels tels que Henry Tate ou John Sheepshanks consacrèrent une grande partie de leur fortune à la formation d’impressionnantes collections picturales, dont certaines furent léguées à la nation, offrant ainsi au grand public la possibilité de découvrir des peintres et des styles jusque-là méconnus. On peine à réaliser aujourd’hui que la mention de "L’Avenue à Middleharnis de Meyndert Hobbema", que Hardy cite comme l’une de ses œuvres de prédilection, était alors d’une brûlante actualité, le tableau étant entré à la National Gallery en 1871 seulement. L’autobiographie de Hardy cite aussi la Royal Academy of Arts, la "Grosvenor Gallery" et autres lieux d’exposition que se devait de fréquenter ce qu’il nommait alors avec fierté "a London man". Avec toute l’application du jeune provincial ambitieux conscient de l’utilité d’une culture artistique, il commença à tenir des carnets de notes, tels que celui intitulé "Schools of Painting", destinés à consigner des informations factuelles sur les grands maîtres et les principales écoles de peinture européennes depuis la Renaissance. Sa formation l’amena alors également à visiter assidûment le South Kensington Museum, d’abord pour l’Exposition Internationale de 1862, puis à la recherche d’éléments techniques pour un essai "On the Application of Coloured Bricks and Terra Cotta to Modern Architecture", qui lui valut la médaille du Royal Institute of British Architects en 1863. Il n’est pas indifférent non plus que le jeune artiste ait choisi Paris comme destination de son voyage de noces, l’année suivante, Bruxelles, si importants dans son imaginaire artistique.
"La longue cheminée qui se dressait près d'un frêne et la chaleur qui rayonnait de cet endroit suffisaient à faire deviner la machine à vapeur, dans quelques instants le primum mobile de ce petit univers. Tout contre se tenait un être sombre et immobile, une petite statue, noire de suie, dans une sorte de léthargie, avec un morceau de charbon à ses côtés. C'était le mécanicien". Ce sont ces connaissances, soigneusement glanées dans des exercices où l’amateur rejoignait le professionnel, qui nourrissent l’art de la description chez Hardy. Mais les effets de cet apprentissage artistique parfois trop conscient ou trop appliqué peuvent s’avérer pervers, et le style de l’auteur se trouve parfois entravé, ou alourdi, par son désir de bien faire, plutôt qu’enrichi par une culture variée mais discrète, car suffisamment sûre d’elle-même pour ne pas avoir à se mettre en avant. Bien des critiques ont noté le caractère disjonctif du style de Hardy qui paraît fonctionner selon deux régimes distincts: le pompeux, et le poétique. Le premier a été épinglé comme son "Grosvenor Gallery style", par opposition aux moments d’expression plus personnelle et sincère. En effet, lorsque l’auteur tente de faire montre de toute sa culture artistique en citant explicitement un peintre, une œuvre, un mouvement esthétique, l’effet est souvent trop figé, voire trop pédant, pour pouvoir devenir pleinement évocateur. Lorsque, à l’inverse, la référence picturale se fait plus indirecte et sert à composer une image ou à inspirer une atmosphère, elle évite l’effet de monstration trop évidente et trop agressive, pour acquérir un véritable pouvoir de suggestion. John Bailey a parlé à ce sujet du mélange d’"attention" et d’"inattention" caractéristique de la prose hardyenne, intuition plus tard reprise par J. B. Bullen en termes d’effets "conscients" ou "inconscients". Le rapport de Hardy à l’art pictural paraît suivre cette logique d’opposition du procédé conscient et du jaillissement inconscient, que l’on pourrait schématiser, à la suite de Liliane Louvel, comme deux modes opposés de l’insertion du visuel dans le texte. Celui de la citation explicite, par opposition à celui de l’allusion plus diffuse. Ce qui pourrait se gloser aussi comme opposition du procédé référentiel, renvoyant à une œuvre, un tableau ou une sculpture existant hors du monde de la fiction, et du procédé poétique, capable de construire un effet pictural interne au roman, quoique selon des méthodes empruntées à l’histoire de l’art. C’est donc un autre mode de présence et de travail du pictural dans le texte qu’il faut envisager chez Hardy, un mode plus diffus, moins conscient de soi et de ses effets. Si Hardy est violemment critiqué pour sa noirceur, le succès est au rendez-vous. Dès 1897, son roman "Tess d'Urberville" est un tournant. L'ouvrage est alors adapté au théâtre et joué à Broadway, puis porté au cinéma en 1913, 1924 et, bien plus tard, en 1979 par Roman Polanski et en 2008 par David Blair. Tous ses romans, marqués par une prose riche, un humour corrosif, sont ancrés dans un cadre régional. Sans exception, ils se déroulent dans le sud-ouest de l'Angleterre. Le Dorset et les comtés voisins se trouvent transmués en royaume littéraire que Hardy appelle le Wessex, du nom de l'ancien royaume des Saxons de l'Ouest. L'écrivain était passionné d'histoire britannique.
"D'abord elle ne voulut pas le regarder en face, mais elle leva bientôt les yeux, et ceux d'Angel sondèrent la profondeur des pupilles changeantes, avec leurs fibrilles radiées de bleu, de noir, de gris et de violet, tandis qu'elle le contemplait comme Êve à son second réveil avait du contempler Adam". Le Wessex apparaît comme une province aux localités imaginaires et à la nature préservée, Arcadie opposée au Londres de la société victorienne. Peintre acerbe du milieu rural, Hardy accorde un souci pointilleux à rendre le climat, la beauté et la rudesse de la nature anglaise du XIXème siècle, terreau d'histoires tragiques où les protagonistes, pris en étau, deviennent les victimes des conventions et de l'hypocrisie sociales avant de connaître une mort brutale. Après le scandale déclenché par la critique radicale du mariage et de la religion qu'est "Jude", dont les exemplaires sont vendus cachés dans du papier d'emballage à cause de l'exposé qu'y fait l'auteur de l'"érotolepsie", Thomas Hardy abandonne le roman. Il se consacre alors à ce qu'il considère comme son chef-d'œuvre, "Les Dynastes" ("The Dynasts"), vaste pièce de théâtre dramatique composée de trois parties, publiées respectivement en 1903, 1906 et 1908. Sorte de "Guerre et Paix" en vers, cette Illiade des temps modernes utilise alors l'épopée napoléonienne afin d'élaborer des scènes qui présentent tantôt les conflits intimes des gens ordinaires et de personnages historiques mus par une soif darwinienne du pouvoir, tantôt des batailles qui se déroulent dans des paysages immuables et indifférents, sous le regard d'un chœur allégorique incarnant les vaines tergiversations du destin. Réputé trop difficile à mettre en scène et mal accueilli à l'époque, "Les Dynastes" préfigure à bien des égards le genre cinématographique mais ne bénéficie toujours pas de l'estime de la critique. Hardy écrit, au long de sa carrière, près d'un millier de poèmes inégaux, dans lesquels cohabitent ainsi satire, lyrisme et méditation. Les élégies de "Veteris Vestigia Flammae", écrites après la mort de sa première femme, survenue en 1912, retracent chacun des lieux qu'ils connurent ensemble. Elles forment un groupe d'une perfection rare. Remarié alors en 1914 avec sa secrétaire, Florence Dugdale, de trente-neuf ans sa cadette, il s'entiche en 1924, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans, de l'actrice Gertrude Bugler qu'il identifie à son héroïne Tess et pour laquelle il projette une adaptation dramatique de son roman. Thomas Hardy commence à souffrir de pleurésie en décembre 1927 et en meurt en janvier 1928 à Dorchester, après avoir dicté son tout dernier poème à son épouse et secrétaire sur son lit de mort. Les lettres du défunt et les notes qu'il a laissées sont détruites par ses exécuteurs testamentaires. Sa veuve, qui meurt en 1937, fait paraître les siennes la même année. Après ses funérailles à l'abbaye de Westminster, sa dépouille, à l'exception de son cœur, fut incinérée et les cendres enterrées. Son cœur fut transféré à Dorset et enterré à Stinsford avec Emma Gifford. Le nom de Thomas Hardy fut proposé et examiné vingt-cinq fois en vingt-six ans pour le prix Nobel de littérature, mais fut systématiquement rejeté parce que son œuvre était jugée trop pessimiste. À la fin de sa vie, Thomas Hardy se consacra à la poésie.
"La beauté ou la laideur d'un caractère n'est pas seulement dans les actions accomplies, mais dans les aspirations et les désirs. La véritable histoire d'un être n'est point dans ce qu'il a fait, mais dans ce qu'il a voulu faire. Malheureusementla résolution d'éviter un mal est presque toujours formée trop tard, c'est à dire quand ce mal est déjà arrivé". Ce n’est donc pas par la citation, la référence, ou le renvoi explicite à des œuvres d’art que Hardy utilise le plus efficacement la puissance de suggestion du modèle pictural mais plutôt par le dépli progressif d’un paradigme visuel qui sous-tend le texte, et relance à intervalle régulier le travail de la métaphore. C’est pourquoi la lecture référentielle et la tentative d’identification des sources achoppent. La meilleure méthode pour lire ces scènes, c’est ainsi le recours aux outils de l’iconologie. Le lecteur est alerté tout d’abord par la composition visuelle insistante d’une scène, ou par un simple mot qui vient s’apposer sur cette composition à la manière d’une légende ("Vanity"). Sensibilisé par ces signaux, il découvre, entrevoit des fragments d’images, de scènes esquissées, décomposées puis recomposées, disséminées dans le texte, tandis que le mot suggestif qui a lancé la rêverie déploie sans fin ses connotations, de telle sorte qu’il serait difficile de dire quelle œuvre, quel tableau exactement est convoqué. Ce sont plutôt des éclats d’image, à la manière des éclats de lumière de l’orage, qui font scintiller à travers le texte un réseau métaphorique à la fois dense, élégant et chaotique. "Reading Hardy can at times be like walking through a field. Unlikely shapes will explode through what had seemed tobe familiar territory. Even at calmer moments, every page is like a magician’s crystal ball: a shape will rise to a surface." Comme toute sa poétique, la poétique de Hardy repose sur des séries d’impressions fuyantes. Elle est anti-systématique et en appelle essentiellement à la suggestion. Mais ces chaos d’images créent aussi l’intensité du texte, ainsi que la montée en puissance de la description qui tend, toujours tangentiellement, et toujours éphémèrement, vers un autre régime de sens, vers un autre système de représentation, visuel celui-ci. Peut-être est-ce une aptitude à l’abandon critique qu’exige la lecture de Hardy, pour savoir se laisser porter par le texte qui tressaille entre-deux lorsque l’image se lève d’entre les lignes, encore voilée et imprécise. Loin de viser un but réaliste, il invente une poétique personnelle.
Bibliographie et références:
- Yorick Bernard-Derosne, "Tess d'Urberville"
- Mathilde Zeys, "Far from the madding crowd"
- Madeleine Rolland, "Tess of the d'Urbervilles"
- Firmin Roz, "Jude l'Obscur de Thomas Hardy"
- Ève Paul-Margueritte, "La Bien-aimée"
- Georges Goldfayn, "Les yeux bleus"
- Antoinette Six, "Les Forestiers"
- Philippe Néel, "Le Maire de Casterbridge"
- Roman Polanski, "Tess d'Urberville"
- Edmond Jaloux, "Jude l'Obscur d'Hardy"
- Marshall Ambrose Neilan, "Tess d'Urberville"
- J. Searle Dawley, "Tess of the d'Urbervilles"
- David Blair, "Tess d'Urberville"
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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"Oh ! Vous, les étoiles, et les nuages, et la brise, que vous importent mes tourments ? Si vous avez vraiment pitié de moi, débarrassez-moi de mes souvenirs, de ma sensibilité, et laissez-moi sombrer dans le néant. Sinon, écartez-vous de moi, laissez-moi seul dans mes ténèbres. Aucun homme ne choisit le mal pour le mal, il le confond seulement avec le bonheur, le bien qu'il cherche. Les travaux des hommes de génie, même poursuivis dans de fausses directions, ne manquent jamais de se révéler, en fin de compte, nettement bénéfique au genre humain". De l'aveu même de Mary Shelley (1797-1851), fille unique de deux écrivains, William Godwin et Mary Wollstonecraft, sa vocation littéraire va de soi. On peut cependant admirer la précocité dont elle fait preuve dans la meilleure et la plus célèbre de ses réalisations littéraires, "Frankenstein", publié en 1818 et commencé au cours de l'été 1816 qu'elle passe en Suisse en compagnie de son mari, le poète Percy Bysshe Shelley, de lord Byron et du Dr Polidori. La lecture commune d'histoires allemandes de revenants, dans leurs traductions françaises, les incite à un défi selon lequel chacun doit tenter, à son tour, d'écrire une histoire de revenants. Mais, seule Mary Shelley réussit à mener son projet à bien. Le pouvoir de sa propre vision imaginative, mais aussi les longues conversations philosophiques qu'entretiennent alors Byron et Shelley sont à l'origine de l'histoire de "Frankenstein ou le Prométhée moderne" ("Frankenstein, or the Modern Promethus"), où s'allient aux mythes de la poésie romantique certains effets de terreur propres au roman gothique en vogue deux décennies plus tôt. Le mythe Frankenstein, tel qu'il se développera par la suite dans la littérature populaire et surtout au cinéma, même si son caractère de "science-fiction" lui est conservé, est le plus souvent en rupture avec l'œuvre d'origine. Celle-ci s'inscrit, de par l'insertion sociale de son auteur, dans un courant littéraire où répondent, comme en écho, le Prométhée délivré ("Prometheus Unbound, 1820") de Shelley, Le "Dit du vieux marin" ("Rime of the ancient mariner", 1798) de Coleridge, ou le "Manfred" (1816) de Byron. Longtemps connue du public averti comme auteur du seul "Frankenstein" et ignorée du grand public, Mary Shelley, depuis environ deux décennies, paraît enfin jouir de la considération littéraire qui lui est due. La plus grande accessibilité des sources primaires et la floraison des études critiques ou biographiques ne parviennent cependant pas entièrement à rendre justice à cette femme d’exception, qui vit le jour le trente août 1797. Le retentissement de son "Frankenstein" a contribué paradoxalement à laisser dans l’ombre, aux yeux du plus grand nombre, la personnalité de l’auteur et le reste de son œuvre. Comme la créature monstrueuse assemblée de toutes pièces par le docteur Victor Frankenstein échappe à son concepteur avant de se retourner contre lui, on a parfois le sentiment que la célébrissime histoire forgée par Mary Shelley, a, dès les origines, acquis une inexorable autonomie par rapport à la romancière britannique. En accédant au statut de mythe et en s’incrustant durablement dans l’imaginaire collectif, la fiction se détache de toute genèse. Mary Shelley a été ainsi la victime de son propre succès. Ne retenir que "Frankenstein" est une mutilation. Mais c’est surtout un grand dommage intellectuel et esthétique, tant il est vrai que telle nouvelle ou tel essai de Mary Shelley, telle page de sa correspondance ou de son journal intime et, bien entendu, ses autres romans, recèlent de vraies beautés et de grandes intuitions. La femme de lettres britannique se révèle une romancière de grand talent.
"Apprenez donc, sinon par mes préceptes, du moins par mon exemple, combien il est redoutable d'acquérir certaines connaissances, et combien plus heureux que l'homme qui aspire à devenir plus grand que sa nature ne l'y destine, est celui qui s'imagine que sa ville natale est le pivot de l'univers". Il s’agit d’appréhender la compagne du poète Percy Bysshe Shelley, fille de l’homme de lettres William Godwin et de l’essayiste préféministe Mary Wollstonecraf, comme membre d’une mouvance de penseurs, de poètes et d’écrivains où se rencontre ce que la Grande-Bretagne, en une période très courte de son histoire littéraire, a produit de plus original et de plus fécond. Chez ses parents, se trouve la clef de bien des problèmes soulevés par l’étude de la vie de Mary Shelley et de ses œuvres. Sans tomber dans un déterminisme naïf, force est de constater qu’en faisant l’impasse sur les origines familiales de cet écrivain-là, on risque de passer à côté de l’essentiel. D’autant que père et mère ont en l’occurrence une influence tout à fait contraignante sur la formation de Mary Shelley. Farouches défenseurs l’un et l’autre de la liberté politique, ils sont eux-mêmes, en termes philosophiques, les adeptes d’un strict déterminisme. Homme de principe, le père de Mary, William Godwin, a voulu, en disciple un peu raide de Locke qu’il était, "forger" un jeune esprit, comme sa femme Mary Wollstonecraft disait sans relâche qu’il était possible de le faire. D’où le primat théorique de la formation dans leur vision de la nature humaine. D’où la légitimité d’une démarche qui vienne, dans la pratique, tester la validité de l’analyse des parents comme l’étendue de la plasticité de leur enfant. La vie de Mary Shelley est à bien des égards une réécriture de celle de ses parents. La mère et sans doute plus encore le père sont à la fois des modèles et des rivaux. L’admiration est le trait le plus ostensiblement affiché. Admiration pour une mère qui meurt quelques jours à peine après la naissance de sa fille, à laquelle il est d’autant plus tentant pour Mary de s’assimiler qu’elle y est unie par une quasi-homonymie. Culte du souvenir pour la génitrice archétypale qu’elle est aux yeux de sa fille, qui, adolescente, lit alors longuement à l’ombre des saules qui se penchent vers sa tombe. Admiration pour un père dont la pensée est omniprésente, mais qui suscite chez Mary des sentiments qui vont parfois bien au-delà de la simple ambiguïté. Mary, qui définit elle-même sa relation à son père d’attachement excessif autant que romanesque, reconnaît que Godwin fut son Dieu jusqu’à ce qu’elle rencontre Shelley. Mary ne résiste pas au plaisir de parler d’elle-même. Non qu’elle soit impudique, c’est le contraire qui est vrai. Toutefois, héritière de la tradition la plus radicale et la plus rationaliste de l’esprit des Lumières, elle vit trop de plain-pied avec les grands noms de la littérature romantique pour songer à récuser l’intrusion du moi.
"Elle mourut paisiblement, conservant sur ses traits éteints l'image de la tendresse. Je n'ai pas besoin de décrire les sentiments de ceux dont les liens les plus chers sont ainsi rompus, la douleur qui s'empare des âmes, le désespoir qui marque les visages. Il faut du temps avant de se rendre compte que l'être aimé que l'on voyait chaque jour près de soi n'existe plus, surtout lorsque sa vie même semblait être une partie de la nôtre, que l'éclat des yeux qu'on a admirés s'est évanoui pour toujours, qu'une voix familière et douce ne vibre plus à nos oreilles". Quant à ses œuvres de fiction proprement dites, elle y transpose volontiers les difficultés qu’elles a connues, les passions, les tragédies, les hantises, sa relation aux systèmes de pensée auxquels elle s’est frottée. En d’autres termes, sa plume lui permet de tirer au clair les interrogations qui sont les siennes. Même si tout décodage direct de l’œuvre paraît pour le moins réducteur, Mary Shelley, sensible et imaginative, pose et recompose dans ses livres, dans ses histoires les épreuves de sa propre vie. Jamais écrivain n’entretint des relations plus paradoxales avec sa propre ascendance que l'auteur. Même si elle n’en eut pas conscience, ce paradoxe n’en représente pas moins une gigantesque ironie du sort et de la nature. Cet être d’exception, fille de deux êtres d’exception, est en effet issue du mariage d’un homme et d’une femme qui non seulement ne se résolurent à sacrifier au rite honni du mariage que pour éviter les inconvénients de la relégation sociale, mais firent tout au long de leur existence profession de mépriser et de dénoncer le principe même d’hérédité ou de lignage, alors qu’ils donnaient le jour à une fille dotée d’une somptueuse ascendance. Père de celle qui s’appellera plus tard Mary Shelley, William Godwin, grande figure du radicalisme libertaire de la fin du XVIIIème siècle et futur "gourou" des plus politiquement extrêmes parmi les romantiques, ne peut supporter que l’on accorde quelque préséance que ce soit au biologique. La transmission héréditaire est l’exemple parfait de ce que la réalité sociale comporte pour Godwin d’inacceptable: de ces "choses comme elles sont", qu’il dénonce avec force en 1794 dans le plus célèbre de ses romans, "Caleb Williams". L’être humain est pour lui le fruit du travail conjoint de la raison et de l’éducation. Légitimer une affinité fondée sur l’instinct ou sur la nature, c’est enfreindre à ses yeux l’omnipotence nécessaire du principe de rationalité, véritable pierre angulaire de l’humaine condition.
"C'est à quoi l'on pense les premiers jours mais quand le temps prouve la réalité du malheur, s'installe l'amertume du chagrin subi. À qui la main effroyable de la mort n'a-t-elle pas enlevé un être cher ? Pourquoi devrais-je décrire une peine que tout le monde a ressentie ou devra ressentir ? Ne pas connaître l'amitié est la pire des infortunes.Tout ce nouveau savoir m'inspirait des sentiments bizarres. L'humain pouvait-il être si puissant, si magnifique, et à la fois si mauvais, si vil ? Se montrer grand, noble, sensible, mais également plein d'abjection et de bassesse?" Mary Shelley est née Mary Wollstonecraft Godwin à Somers Town, petit faubourg londonien au sud de Camden Town, le trente août 1797. Elle est la deuxième enfant de la philosophe féministe, éducatrice et femme de lettres Mary Wollstonecraft, et la première enfant du philosophe, romancier et journaliste William Godwin. Sa mère meurt onze jours après la naissance de l'enfant et Godwin se retrouve seul à élever Mary et sa demi-sœur, Fanny Imlay, née hors mariage de l'union de Mary Wollstonecraft avec le spéculateur Gilbert Imlay. Un an après la mort de sa femme, Godwin lui rend un hommage en publiant "Mémoires de l'auteur de défense des droits de la femme" (1798). Ces mémoires provoqueront le scandale en révélant les liaisons de Mary Wollstonecraft et son enfant illégitime. D'après la correspondance de la gouvernante et femme de charge de William Godwin, l'enfance de Mary est heureuse. Mais Godwin, souvent très endetté, et pressentant qu'il ne peut élever seul ses enfants, décide de se remarier. En décembre 1801, il épouse Mary Jane Clairmont, femme instruite, déjà mère de deux enfants, Charles et Claire. La plupart des amis de Godwin n'apprécient pas sa nouvelle femme, la trouvant querelleuse et irascible, mais Godwin lui est dévoué et le mariage est heureux. Mary Godwin déteste sa belle-mère, probablement, comme le suggère le biographe de William Godwin au XIXème siècle, parce que cette dernière préfère ses propres enfants. Les époux Godwin ouvrent une maison d'édition nommée M.J. Godwin, qui vend des livres pour enfants, ainsi que de la papeterie, des cartes et des jeux. Les affaires ne sont pas cependant florissantes et Godwin est obligé d'emprunter des sommes importantes pour assurer la survie de son entreprise. En 1809, l'affaire de Godwin est proche de la faillite. Il est sauvé de la prison pour dettes par des admirateurs de sa philosophie tels que Francis Place, qui lui prête de l'argent. Mary ne suit pas une scolarité régulière, mais son père assure lui-même en partie son instruction, lui enseignant les matières les plus diverses. Godwin a l'habitude d'offrir à ses enfants des sorties éducatives. Ils ont ainsi accès à sa bibliothèque et côtoient les nombreux intellectuels qui lui rendent visite, comme Samuel Taylor Coleridge, le poète romantique, ou Aaron Burr, aventurier et ancien vice-président des États-Unis.
"Un être humain qui veut se perfectionner doit toujours rester lucide et serein, sans donner l'occasion à la passion ou à un désir momentané de troubler sa quiétude. Je ne pense pas que la poursuite du savoir constitue ainsi une exception à cette règle. Si l'étude à laquelle vous vous appliquez a tendance à mettre en péril vos sentiments et votre goût des plaisirs simples, c'est que cette étude est certainement méprisable, c'est-à-dire, impropre à la nature humaine". Si Godwin reconnaît ne pas élever ses enfants en accord avec la philosophie de Mary Wollstonecraft, telle qu'elle l'avait décrite dans des ouvrages comme "Défense des droits de la femme" (1792), sa fille Mary reçoit cependant une éducation poussée et rare pour une fille de son époque. Elle a une gouvernante, un professeur particulier, et lit les manuscrits de son père portant sur l'histoire grecque et romaine pour les enfants. En 1811, et durant six mois, elle est mise en pension à Ramsgate. À quinze ans, son père la décrit comme "particulièrement audacieuse, quelque peu tyrannique, ayant l'esprit vif. Sa soif de connaissances est sans limite et la persévérance qu'elle met dans chacune de ses entreprises est inébranlable". Pour cristalliser tant de tendances prometteuses mais latentes, pour donner une forme constructive et volontariste à tous ces dons, pour leur apprendre à trouver l’expression la plus appropriée, il était en effet nécessaire que Mary rencontrât une force de stimulation particulière. Cette stimulation, à la fois affective et intellectuelle, prit l’aspect avenant et le discours fulgurant de Percy Bysshe Shelley, dont la jeune Mary devint en peu de temps l’admiratrice, la maîtresse puis l’épouse. C’est en 1812 que la fille de Godwin rencontre celui qui va devenir, au sens le plus fort du terme, l’homme de sa vie. En novembre de cette année, au lendemain de son premier retour d’Écosse, la jeune fille voit en effet Percy pour la première fois. Accompagné de son épouse Harriet, Shelley est invité ce jour-là à la table du philosophe-romancier, dans la maison du 41, Skinner Street. Le jeune homme est de longue date un admirateur de la prose de Godwin et des principes cultivés par ce dernier. Même marié, à supposer que cela puisse être un obstacle, il a de quoi attirer l’attention de Mary. De haute taille, il possède une beauté délicate à l’excès et presque féminine avec ses boucles blondes et ses yeux bleus. Godwin lui-même est frappé par ce physique ravageur. On l’entendra dire ainsi un jour qu’il est dommage que tant de beauté soit unie à tant de malfaisance. Plus tard, les œuvres de Mary Shelley verront surgir de multiples avatars de cette beauté juvénile qui n’est pas loin de brouiller les frontières entre l’homme et la femme. On songe au charme androgyne du prétendu Ricciardo, héros de "A Tale of the Passions", dont la finesse de traits s’explique lorsque l’on apprend que c’est en fait une jeune fille déguisant son identité pour des raisons politique.
"Si cette règle avait toujours été observée, si les hommes renonçaient à toute tâche de nature à compromettre la tranquillité de leurs affections familiales, la Grèce n'aurait pas été asservie, César aurait alors épargné son pays, l'Amérique aurait été découverte par petites étapes, sans que fussent anéantis les empires du Mexique et du Pérou. Ah ! Que les sentiments des humains sont variables ! Et combien étrange est cet attachement que nous portonsà l'existence ! Même si elle ne nous dispense que peines et chagrins !" Mary et Percy commencent à se rencontrer secrètement au cimetière St Pancras, sur la tombe de Mary Wollstonecraft, ils tombent amoureux. Elle a presque dix-sept ans, lui près de vingt-deux. Au grand dam de Mary, son père désapprouve cette relation, essaye de la combattre et de sauver la "réputation sans tache" de sa fille. Au même moment, Godwin apprend l’incapacité de Shelley de rembourser ses dettes pour lui. Mary, qui écrivit plus tard "son attachement excessif et romantique pour son père", est désorientée. Elle voit en Percy Shelley la personnalisation des idées libérales et réformistes de son père durant les années 1790, et notamment celle que le mariage est un monopole tyrannique, idée qu’il avait défendue dans l’édition de 1793 de Justice politique mais qu'il désavoua plus tard. En juillet 1814, le couple s’enfuit en France, emmenant Claire Clairmont, mais laissant alors derrière eux la femme enceinte de Percy. Après avoir convaincu Mary Jane Godwin, qui les avait poursuivis jusqu’à Calais, qu’ils ne voulaient pas revenir, le trio voyage alors jusqu’à Paris, puis jusqu’en Suisse, à travers une France récemment ravagée par la guerre." C’était comme de vivre dans un roman, comme d'incarner une histoire romanesque" se rappelle Mary Shelley. Durant leur voyage, Mary et Percy lisent des ouvrages de Mary Wollstonecraft et d’autres auteurs, tiennent un journal commun, et continuent leurs propres écrits. À Lucerne, le manque d’argent les oblige à rentrer. Ils voyagent alors jusqu’au port danois de Marluys, pour arriver à Gravesend (Angleterre), dans le Kent, en septembre 1814. La situation qui attend Mary Godwin en Angleterre s’avère semée de difficultés qu’elle n’avait pas toutes prévues. Avant ou pendant le voyage, elle est tombée enceinte. Elle se retrouve avec un Percy sans argent, et, à la grande surprise de Mary, son père ne veut plus entendre parler d’elle. Enceinte et souvent malade, Mary Godwin doit faire face à la joie de Percy à la naissance de son fils et de celui d’Harriet Shelley à la fin de 1814 et à ses très fréquentes sorties avec Claire Clairmont. Le vingt-deux février 1815, elle donne naissance à une fille prématurée de deux mois, qui a peu de chances de survie. En mai 1816, Mary Godwin, Percy Shelley, leur fils et Claire Clairmont partent pour Genève. Ils ont prévu de passer l'été avec le poète Lord Byron, dont Claire est enceinte. Le groupe arrive à Genève le quatorze mai 1816, et Mary se fait appeler Mme Shelley. Byron les rejoint fin mai, avec un jeune médecin, John William Polidori, et loue la villa Diodati à Cologny, un village dominant le lac Léman.
"Bien que multiples, les péripéties de l'existence sont moins variables que le sont les sentiments humains. Si je suis méchant, c'est que je suis malheureux. Ne suis-je pas repoussé et haï par tous les hommes? Toi, mon créateur, tu voudrais me lacérer et triompher de moi. Souviens-t 'en et dis-moi pourquoi il me faudrait avoir davantage pitié de l'homme qu'il n'a pitié de moi ?" Percy Shelley loue une maison plus modeste, la Maison Chapuis, au bord du lac. Ils passent leur temps à écrire, à faire du bateau sur le lac, et à discuter jusqu'au cœur de la nuit. Entre autres sujets, la conversation tourne autour des expériences du philosophe naturaliste Erasmus Darwin, au XVIIIème siècle, dont on prétendait qu'il avait ranimé de la matière morte, et autour du galvanisme et de la possibilité de ramener à la vie un cadavre ou une partie du corps. Autour du foyer de la villa Diodati, les cinq amis s'amusent à lire des histoires de fantômes allemandes, le "Gespensterbuch" traduit en français sous le titre "Fantasmagoriana", ce qui donne à Byron l'idée de proposer à chacun d'écrire sa propre histoire fantastique. Peu après, rêvant éveillée, Mary conçoit l'idée de "Frankenstein". Byron et un autre ami, John William Polidori, écrivent "Le Vampire", un court récit qui lança le thème du vampirisme en littérature. Mary, alors âgée de dix-neuf ans, signa pour sa part "Frankenstein". Au début de l'été 1817, Mary Shelley termine "Frankenstein", qui est publié anonymement en janvier 1818. Critiques et lecteurs supposent que Percy Shelley en est l'auteur, puisque le livre est publié avec sa préface et dédié à son héros politique, William Godwin. À Marlow, Mary rédige le journal de leur voyage continental de 1814, ajoutant des documents écrits en Suisse en 1816, ainsi que le poème de Percy, "Mont Blanc". Le résultat est "Histoire d'un circuit de six semaines", publié en novembre 1817. La période qui commence pour Mary Shelley est placée, en un premier temps, sous le double signe de la quotidienneté domestique et de l’affect. Avec le couple Shelley et le petit William, Claire Clairmont s’installe elle aussi à Marlow, ainsi qu’une petite fille, née en janvier, fruit des amours tumultueuses de Claire et de Byron. D’abord prénommée Alba, l’enfant sera baptisée l’année suivante sous le nom de Clara Allegra Byron. Mary annonce la nouvelle au père dans une lettre qu’elle signe du nom de "Mary W. Shelley." Cette naissance, comme on le verra, ne stabilisera pas, tant s’en faut, la relation entre le poète Lord Byron et Claire. Comme souvent, les écrits intimes que Mary produit alors accordent une large place aux détails de l’existence.Tandis que le journal a le statut de liste de lectures, elle n’hésite pas dans ses lettres à aborder les détails triviaux.
"J'entrevoyais encore d'autres possibilités. Provoquer l'apparition de fantômes et de démons était une chose que mes auteurs favoris disaient tout à fait réalisable. Évidemment mes incantations demeuraient sans effets, mais j'attribuais mes échecs plutôt à des erreurs dues à mon inexpérience qu'à un manque de savoir-faire ou à une carence dans les théories de mes éducateurs. Rien n'est plus pénible à l'esprit humain, après que les sentiments ont été surexcités par une succession rapide d’événements, que le calme plat de l'inaction". En voyageant, ils s'entourent aussi d'un cercle d'amis et de connaissances qui va souvent se déplacer avec eux. Le couple consacre son temps à l'écriture, la lecture, l'apprentissage, le tourisme et la vie en société. Pour Mary, l'aventure italienne est cependant gâchée par la mort de ses deux enfants, Clara, en septembre 1818 à Venise, et William, en juin 1819 à Rome. Ces pertes la laissent dans une profonde dépression et l'isolent de son mari. Pendant quelque temps, Mary Shelley ne trouve de réconfort que dans l'écriture. La naissance de son quatrième enfant, Percy Florence, en novembre 1819, diminue quelque peu son chagrin, même si elle pleurera la mémoire de ses enfants perdus jusqu'à la fin de sa vie. L'Italie offre aux Shelley, à Byron et autres exilés, une liberté politique inaccessible chez eux. Malgré le lien avec ses deuils personnels, l'Italie devient pour Mary Shelley "un pays que le souvenir peindra comme un paradis". Leurs années italiennes sont une période d'activité intellectuelle et créative intense pour les deux Shelley. Pendant que Percy compose une série de poèmes majeurs, Mary écrit le roman autobiographique "Matilda", le roman historique "Valperga" et les pièces "Proserpine" et "Midas". Le bord de mer permet à Percy Shelley et Edward Williams de profiter de leur "jouet idéal pour l'été", un nouveau voilier. Le premier juillet 1822, Percy Shelley, Edward Williams, et le capitaine Daniel Roberts naviguent le long de la côte jusqu'à Livourne. Une semaine plus tard, Percy Shelley et ses amis reprennent la route du retour. Ils n'atteindront jamais leur destination. La mort de son époux n’est pas un simple deuil pour Mary Shelley. Si cruelles qu’aient été ces épreuves-là, elle n’est pas de même nature que la disparition, à une exception près, de tous les petits êtres qui faisaient leur commune descendance. Cette mort n’est pas de ces pertes que l’on guérit. En vérité, ce qui suit le naufrage du Don Juan ne peut être compris qu’au travers de la logique d’un basculement affectif et quasi ontologique. D’emblée Mary décide, par une sorte de décret, que la disparition de son cher Percy produit en elle une forme de mort "morale" et qu’elle vaut condamnation à la douleur perpétuelle. Tout se passe comme si sa propre vie, ou ce qu’il en reste, n’était désormais que le théâtre d’un dialogue avec la mort, sous le regard d’un Shelley disparu. Au reste, sans aller jusqu’à nourrir des pensées suicidaires, que lui interdit l’attention qu’elle porte à son enfant, elle intègre sa mort au nombre de ses attentes, voire de ses espérances. Avec toute l’ambivalence inhérente à la sensibilité romantique, elle s’approprie alors une solitude qui est faite de désarroi et de réconfort.
"Bien long, en vérité, est le temps qui s'écoule avant que l'on puisse se résigner à l'idée que plus jamais l'on ne reverra l'être cher que l'on avait chaque jour auprès de soi et dont la vie même était comme une partie de la vôtre. Tu as tort, répondit le démon. Au lieu de menacer, je me contente de raisonner avec toi. Si je suis méchant, c'est que je suis malheureux. Ne suis-je point repoussé et haï par tous les hommes ? Toi, mon créateur, tu voudrais me lacérer, et triompher de moi. Souviens-t 'en, et dis-moi pourquoi il me faudrait d'avantage avoir pitié de l'homme qui n'a pitié de moi ? Pour toi, ce ne serait pas un assassinat si tu pouvais me précipiter dans l'une de ces crevasses et détruire mon corps, que tu as fabriqué de tes mains. Respecterai-je l'homme, alors qu'il me méprise ?" Une fois Mary Shelley réinstallée en Angleterre, le récit de sa vie peut être mené plus rondement. La tension en est moins forte. Elle est moins fertile aussi en événements très marquants, rien en tout cas n’égale ce qu’ont été en leur temps la rencontre avec Shelley, la découverte de l’étranger, la mort du partenaire. Plus qu’avant, la structure en devient cyclique. Le vécu cède désormais le pas à l’œuvre, ou à la consolidation de la cellule familiale. La Mary Shelley que l’on retrouve dans son pays natal souffre d’une instabilité psychologique profonde et de toute évidence pathologique. Cyclothymique, elle passe alors alternativement par des phases de grande dépression et de soulagement, ou de relative ataraxie. Les pages de son journal intime traduisent assez bien la récurrence des symptômes. En janvier 1824, niant symboliquement un travail de réadaptation qui pourtant s’accomplit, elle se dépeint littéralement comme une exilée, comme une prisonnière, tandis que l’éloignement lui embellit l’Italie. Et de juger sa situation comme particulièrement déprimante. Elle recourt, pour rendre compte de son état d’esprit, à la mélancolie, affirmant, pour faire bonne mesure, qu’elle n’a jamais autant désiré la mort. Entre 1827 et 1840, Mary Shelley est écrivain et éditeur. Elle écrit "Perkin Warbeck" (1830), "Lodore" (1835)et "Falkner" (1837). Elle écrit l'essentiel des cinq volumes des "Vies des hommes de lettres et de science les plus éminents", qui font partie de la "Cabinet Cyclopaedia" de Dionysius Lardner. Elle écrit également des histoires pour des magazines féminins. Mary continue à n'aborder alors qu'avec circonspection d'éventuelles aventures amoureuses. En 1828, elle rencontre l’écrivain français Prosper Mérimée, qui lui fait la cour, mais la seule lettre encore existante qu’elle lui ait adressé est une lettre brève et sans ambiguïté de rejet de sa déclaration d’amour.
"Qu'il vive donc avec moi, et qu'on nous laisse faire échange de prévenances. Alors, au lieu de lui porter préjudice, c'est avec des larmes de gratitude que je le comblerai de bienfaits pour l'avoir accepté. Mais cela ne peut être: les sens de l'homme créent des barrières insurmontables à notre union. Je ne me soumettrai pourtant pas à une servitude abjecte. Je me vengerai du tort que l'on m'a fait. Si je ne puis inspirer l'amour, je causerai la peur". En1848, Percy Florence épouse Jane Gibson St John. Mariage heureux, Mary et Jane s’apprécient mutuellement. Mary habite avec son fils et sa belle-fille à Field Place, dans le Sussex, berceau ancestral des Shelley, à Chester Square, à Londres, et les accompagne durant leurs voyages à l’étranger. Les dernières années de Mary Shelley sont altérées par la maladie. Dès 1839, elle souffre de migraines et de paralysie de certaines parties du corps, ce qui l’empêche parfois de lire et d’écrire. Elle meurt à l’âge de cinquante-trois ans, le premier février 1851, à Chester Square. Son médecin soupçonne une tumeur cérébrale. D’après Jane Shelley, Mary Shelley a demandé à se faire enterrer avec sa mère et son père. Mais Percy et Jane, jugeant la tombe de St Pancras "épouvantable", choisissent de l'enterrer à l’église St Peter, à Bournemouth, près de leur nouvelle maison de Boscombe. Si le premier roman de Mary Shelley a la violence de la foudre, le dernier qu’elle livre au public possède en revanche la douceur melliflue d’un relatif apaisement. Pourtant, de même que "Frankenstein" n’était pas que récit d’horreur ou conte gothique, "Falkner" ne laisse pas non plus un goût de mièvrerie. Dans cette ultime étape de son itinéraire romanesque, en effet, Mary Shelley fait apparaître la rémanence du danger et de la tragédie. Chaque roman offre au fond un fragment de la tragi-comédie humaine, avec ses incertitudes, ses vices, ses peurs, et toujours ses destructions sauvages. La justice n’est cependant pas totalement impuissante, "Falkner" le suggère, face à l’immensité tragique. Bel exemple de balancement et de sagesse. Que dire de celle qui a côtoyé non sans gourmandise les originaux de son époque, a systématiquement cultivé l’étrangeté au-delà même de l’étranger, a été frappée non seulement des coups du sort les plus funestes, mais de dangers théâtraux et pittoresques, elle qui ne dédaigne la compagnie des aventuriers ? On est tenté de faire de Mary Shelley vieillissante une bourgeoise assagie récupérée par les forces du conformisme. On ne saurait oublier l’éclat souvent chaotique de cette vie romantique ni les intuitions littéraires fulgurantes qui modèlent aujourd’hui encore nos mythes et notre imaginaire.
Bibliographie et références:
- Betty T. Bennett, "Romantism of Mary Shelley"
- Jane Blumberg, "Mary Shelley's early novels"
- William D. Brewer, "Romantism of Mary Shelley"
- Charlene E. Bunnell, "Sensibility in Mary Shelley's novels"
- J. A. Carlson, "Mary Shelley"
- Jean Bruno, "Mary Wollstonecraft Shelley"
- Pamela Clemit, "Beyond Frankenstein"
- Gregory O'Dea, "Mary Shelley after Frankenstein"
- Haifaa Al Mansour, "Mary Shelley" (film 2017)
- Anne K Mellor, "Mary Shelley: her life, her monsters"
- Alain Morvan, "Mary Shelley et Frankenstein"
- Emily W Sunstein, "Mary Shelley: romance and reality"
- Daniel E. White, "Journals of Mary Shelley"
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Dans la masse des romans érotiques, "Pour me baiser, demandez-lui !" d'Edouard Offershare sort du lot son audace et son authenticité. Le livre plonge les lecteurs dans la vie intime de Lola et de son partenaire, explorant les thèmes du candaulisme, de la domination, et de lasoumission féminine avec une sincérité troublante.
D'emblée, le livre interpelle par son titre provocateur et son contenu qui reflète les nuances complexes d'un couple qui explore des pratiques sexuelles hors normes. Le récit est se fait vrai et intense, c'est un témoignage qui oscille entre la fiction romancée et la réalité crue. Cette dualité captive et invite à la réflexion sur la nature des relations et des désirs humains.
La prose d'Offershare est directe, parfois crue, parfois tendre. Elle peut être saluée pour son absence de clichés et sa capacité à immerger complètement le lecteur dans l'expérience des protagonistes. Le récit est un mélange d'introspections profondes et de descriptions explicites qui ne manquent pas de provoquer des réactions variées. Un autre lecteur souligne que le livre se "lit facilement sans marquer les esprits", ce qui pourrait suggérer une accessibilité qui peut soit plaire soit décevoir selon les attentes en matière de littérature érotique.
Ce livre illustre également un amour peut-être inconditionnel, où voir son partenaire avec d'autres est perçu comme un acte d'amour ultime et sublime. Le candaulisme est traité non pas comme un simple fantasme, mais comme un véritable mode de vie qui défie les conventions sociales et personnelles.
Avec "Pour me baiser, demandez-lui !", Offershare ne se contente pas de raconter une histoire; il invite ses lecteurs à questionner leurs propres perceptions de la fidélité, de l'amour et du désir.
Ce roman, véritable fenêtre ouverte sur le monde souvent méconnu : le candaulisme, est un incontournable pour quiconque s'intéresse à l'évolution des relations amoureuses et des pratiques sexuelles dans la littérature contemporaine.
(Livre découvert grace à Mme Angie)
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Bernard Montorgueil, est le pseudonyme d’un illustrateur français dont on ignore toujours à ce jour l’identité réelle. Bernard Montorgueil est un illustrateur du BDSM et du fétichisme, qui a été principalement actif dans les années 1920 et 1930. Ses œuvres explorent les thèmes de la domination féminine et de la soumission masculine, richement détaillés dans un style typique en Europe dans l’avant Seconde Guerre mondiale. Malgré la richesse visuelle et thématique de son travail, très peu d'informations biographiques sur Montorgueil sont donc disponibles, son identité et ses origines restent donc un mystère.
Initialement, ses œuvres furent publiées de manière clandestine, souvent diffusées sous le manteau dans des cercles restreints. Dans les années 1970, des rééditions limitées ont été produites par les Éditions Bel-Rose aux Pays-Bas et en France, il y eut également des transcriptions allemandes où son patronyme a parfois été ecrit "Montorgeuil" par erreur.
Les illustrations originales de Montorgueil étaient en noir et blanc et ont parfois été colorisées lors de ces rééditions, souvent par des artistes embauchés par les maisons d'édition. Ces colorisations, qui datent probablement des années 1970, contrastent parfois de manière notable avec les nuances plus subtiles des originaux.
Une partie de l’histoire de l’œuvre de Montorgueil s’est révélée lors d'une vente aux enchères chez Christie's en 2014, où quatre manuscrits uniques contenant des dessins originaux ont été vendus pour 30 000 livres. Ces manuscrits, intitulés "Dressage", "Une Brune piquante", "Une Après-midi de Barbara", et "Les Quat' Jeudis", comprennent des textes manuscrits accompagnés de dessins au crayon papier avec un ajout de légères touches de couleur, qui révèlent ainsi que certaines œuvres n'étaient pas strictement en noir et blanc comme on l’a longtemps cru.
La revente de ces œuvres a contribué à un regain d'intérêt pour Montorgueil, remettant en lumière l'importance et la complexité de son art. Les rééditions ultérieures, notamment celles de Leroy en 1979, bien que largement diffusées, ne présentent souvent que des versions tronquées des œuvres originales, ce qui a suscité des polémiques quant à l’exhaustivité et la fidélité des reproductions disponibles.
Des rééditions telles que celles publiées en fac-similé par les Éditions Bel-Rose en 1970 pourraient s’avéraient être les reproductions les plus fidèles des manuscrits originaux, d'autant plus qu'ils semblent inclure les dessins incolores correspondant aux descriptions des manuscrits vendus chez Christie's.
Enfin, le mystère de Montorgueil et la discrétion qui entoure sa vie personnelle et son œuvre continuent de fasciner les chercheurs et les amateurs d'art érotique, tout en nous interrogeant collectivement sur les questions d’authenticité et sur la problématique de la préservation des œuvres d'art quand elles ont été diffusées par des canaux clandestins. Bernard Montorgueuil reste en tout cas une figure majeure de l'illustration érotique du 20e siècle et un mystère. Saurons-nous un jour qui il était ?
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"Il n'est pas plus surprenant de vivre deux fois qu'une. La politique, c'est de l'histoire en train de se faire, bien ou mal". Pour beaucoup, le nom Bibesco évoque en France celui de la princesse Marthe Bibesco, aussi dite Lucile Decaux, historienne et femme de lettres française de la première moitié du XXème siècle, née à Bucarest en Roumanie le vingt-huit janvier 1886 et décédée à Paris le vingt-huit novembre 1973, à l'âge de quatre-vingt-sept ans. Elle était la troisième fille de Jean Lahovary, président du Sénat, ministre des affaires étrangères et ambassadeur en Roumanie, et de Ema Mavrocordat, pianiste, descendante d’une famille grecque. Elle grandit dans le domaine de Balotesti en Roumanie et surtout à Biarritz où elle passait ses vacances. Ses romans étaient en partie écrits en français, dont les plus célèbres et les plus vendus, "Katia", immortalisée au cinéma par Danielle Darieux et Romy Schneider, et "Le Perroquet Vert", paru en 1924. Rapidement suivis par toute une série d’œuvres littéraires, récits, contes, nouvelles, articles et essais, comme "La vie d’une amitié: ma correspondance avec l’abbé Mugnier 1911/1944", paru en 1951 en trois volumes. La même année, Martha fut élue membre étranger à l’Académie royale de Belgique. Son père fut nommé diplomate à Paris quand Marthe a six ans. Mais la petite fille n’avait aucun effort à faire pour parler le français car elle le devait à la solide culture française de sa mère. Quant à sa vie privée, après un an d’une liaison secrète avec le prince Ferdinand de Roumanie, elle épouse dès ses seize ans un lointain cousin, play-boy, l’une des figures de l’aéronautique naissante, qui en 1912 fonda la "Ligue nationale roumaine aéronautique", et co-fondateur de l’Automobile club romain" et du "comité olympique roumain", mais hélas pour la très jeune femme, un époux volage et adultère. Le prince George Valentin Bibesco (1880-1944), fils de Iorgu Bibescu et de Valentine de Riquet, famille des plus dignes et nobles de Roumanie. En 1903, naît leur unique fille, Valentina. Unie alors sans amour avec son richissime et infatigable voyageur de mari, son mariage fut un échec. Mais le divorce à l’époque n’était pas bien vu chez les gens bien nés ou les bourgeois. Un mariage à la dérive qui prit la forme d’une amitié affective et cordiale, permettant à chacun d’aller voir ailleurs. Et le prince sans embarras, multipliait les conquêtes. Quant à Marthe, elle prendra pour amant le Prince Charles-Louis Beauvau-Craon qui partagera son existence durant six années. Une vie affective gâchée due à sa mésentente conjugale. Une grande solitude et un cœur alors en jachère au fil d’une existence romanesque. En 1912, reconnaissant, son époux lui offre le Palais familial de Mogosoaia. La princesse, triste et affligée par ses déboires sentimentaux, ne croit plus aux sentiments d’amour, quelle que soit la cause. Elle veut trouver un peu de joie et de réconfort en s’occupant de sa sœur cadette Marie, comme son propre enfant, un enfant de presque vingt ans au moment de son veuvage. "Au moment où elle est née, c’était déjà vrai, je ne voulais plus rien, je m’étais démise de ma volonté et je vivais absolument sans désir, ce qui équivaut à ne pas vivre. C’est cet état de renoncement, joint à des avantages naturels, qui devait me procurer dans la suite une existence pleine de succès qui, n’étant escomptés ni poursuivis, m’ont laissé indifférente et détachée au point que je me demandais comment je pourrais faire pour vieillir, n’ayant rien eu qui marquât ma vie. Marie était mon petit ange blond bouclé".
"Une seule timidité nous est commune, nous n'osons pas ouvertement avoir besoin les uns des autres. Les lettres d'amour, on devrait pouvoir les dessiner, les peindre, les crier". Elle cesse ses allers et retours en Roumanie pour se fixer à Paris en 1945 et, en 1948, élit domicile Quai de Bourbon. Ruinée, ses biens ont été confisqués par les communistes, il lui faudra toute sa pugnacité et le soutien de personnalités pour que sa fille puisse elle aussi quitter la Roumanie avec mari et enfants. Pour subsister, la princesse se consacre alors pleinement à l’écriture. Sous la protection de sa belle-mère Valentine Bibesco, née princesse de Camaran Chimey, issue de l’une des familles franco-belges, elle trouve le réconfort, la consolation et la joie dans la lecture et l’écriture, fréquentant les salons littéraires parisiens, et cherche à plaire, mais toutefois sans faste ni apparat. Elle s’engoue pour l’histoire française et européenne, spécialement sur la période napoléonienne, mais aussi pour le folklore roumain. Son éloquence, son humour fin, son vif esprit et sa grande culture lui font rencontrer de grands noms de la littérature, du monde politique, de la royauté et certains deviendront des amis tels que Marcel Proust, Paul Claudel, Neville Chamberlain, homme politique britannique, Ramsay Mac Donald, premier ministre du Royaume-Uni, Roosevelt qui l’invite à la Maison Blanche, Winston Churchill à qui elle a dédié une monographie. Dans son salon, elle reçoit l’éditeur Bernard Grasset, François Mauriac, Gabriel Fauré, Léo Delibes, Anatole France, George V, Pierre Loti, Louis Jouvet, Jean Cocteau, Camille Saint-Saëns, Aristide Briand, le Duc de Windsor (Edouard VIII), Clémenceau, Louise de Vilmorin, Anna de Noailles. Et le général De Gaulle voyait en elle une Européenne qui amalgamait les deux genres. L’ancien et le nouveau et qui, en 1968, lors de son voyage présidentiel en Roumanie, lui dit: "Vous personnifiez l’Europe à moi". Elle commença à écrire ses sentiments sur la vie dans un journal lors d’un voyage en bateau en Perse en compagnie de son mari, représentant l’État roumain pour le sacre du Shah Mozafaredin. Là, sur la même embarcation, elle fait la connaissance de l’écrivain russe Maxime Gorki, alors en exil. La critique est chaleureuse. Des contes sont publiés sous le nom de "Les Huit Paradis" (1903) et récompensés par l’Académie française, pour son travail doté d’une force nouvelle et d’un style personnel de phrases courtes, relayant de longs épisodes lyriques. Une rencontre va influencer sa destinée: lors d’un dîner, son voisin de table est l’abbé Mugnier.
"Moi, c'est mon corps qui pense. Il est plus intelligent que mon cerveau. Il ressent plus finement, plus complètement que mon cerveau. Toute ma peau a une âme. Atypique, il l’était en tout. Ame angélique, mais de nature robuste, il se montre aussi curieux que charitable. Un prêtre du Dieu vivant. Un homme de douleur, un fils consacré de l’Église, un ecclésiastique du diocèse de Paris, séminariste pendant le siège, ordonné au lendemain de la Commune. Il meurt à quatre-vingt-dix ans dans sa ville diocésaine, le premier mars 1944, tandis que les puissances ennemies occupaient encore Paris. Elle lui consacrera trois tomes intitulés "La vie d’une amitié: ma correspondance avec l’abbé Mugnier".Tout comme Marthe, c’était un passionné de Chateaubriand. Ainsi l’homme d’église eu l’occasion d’apprécier la jeune roumaine, chez qui l’esprit le dispute à la beauté. Devenue l'une des personnalités mondaines les plus marquantes de Paris, amie de Paul Claudel, Marcel Proust, Rainer Maria Rilke, Paul Valéry, Jean Cocteau, Francis Jammes, François Mauriac, Max Jacob, ou encore de l'abbé Mugnier dont elle fait son directeur de conscience, portraiturée par Giovanni Boldini, très liée à ses cousins Antoine et Emmanuel Bibesco eux-mêmes intimes de Marcel Proust, son œuvre présente un versant mémorialiste dépeignant l'aristocratie cosmopolite parisienne. Dans quelque soixante-cinq volumes, elle témoigne de son époque et de tous ces personnages, intellectuels, artistes, écrivains, aristocrates, hommes politiques, liés à elle par l'amitié et les relations mondaines. En 1955, elle est élue membre étranger de l'Académie royale de Belgique, au siège tenu auparavant par sa cousine, la poétesse Anna de Noailles. En 1962, elle est nommée chevalier de la Légion d'honneur. Elle aura des amitiés importantes. L’Europe est à la veille d’émeutes sanglantes et de la dispersion des grandes familles qui ont leurs attaches dans tous les pays. Marthe est déchirée entre l’Occident et les Balkans. Elle rencontre alors le kronprinz Guillaume, fils de l’Empereur d’Allemagne, pour lequel elle voue une grande amitié et avec lequel elle échangera une correspondance affectueuse et passionnée. Mais la première guerre mondiale interrompt cette entente, car l’ami est devenu l’ennemi. Il y aura Henry de Fontenelle que Marthe volera à la romancière Colette. "Ce fut de l’une de ces laides maisons où l’on faisait le ménage la fenêtre ouverte, qu’au moment précis ou nous passions, s’échappa alors un perroquet vert. Il m’apparut en plein vol, les ailes déployées, éblouissant et rapide, comme un ange pourvu d’un bec, comme un aigle vert qui fonce sur moi. Moi, si pareil à ce que j’imagine d’un messager divin, que j’en perds la respiration. C’est ainsi que m’arriva ce qui ne m’était encore jamais arrivé: un bonheur ! Je le voulais comme compagnon".
"Il faut avec les mots de tout le monde écrire comme personne. Faites des bêtises, mais faites-les toujours avec enthousiasme". La princesse Bibesco avait sa table au restaurant appelé en 1900 "Chez Tonton". En 1924, il fut alors baptisé "Au Perroquet Vert", toujours situé dans le XVIIIème arrondissement de Paris au sept rue Cavallotti, par le propriétaire des lieux pour rendre hommage à la romancière. À cette adresse particulièrement parisienne, aussi gourmande qu’inspirante, de nombreux artistes y venaient soit déjeuner soit dîner, Jean Gabin, Fernandel, EdithPiaf, Marlène Dietrich, Yves Montand, Pablo Picasso. Et dans ce lieu, jour après jour, la romancière jetait sur ses petits carnets, les bases de son livre qui aura pour titre 'Le Perroquet Vert. C’est un roman qui se veut touchant et saisissant par les drames presque invraisemblables, et qui témoigne une forte composition autobiographique. Le thème principal, l’amour fraternel poussé à ses extrêmes. Il fut édité en 1924, une écriture sagace et lucide, un style maitrisé et une élégance unique, l’histoire d’une famille russe vivant à Biarritz, à la veille de la guerre de quatorze-dix-huit, et au cours de ce même conflit, la narratrice nous raconte comment ses parents furent expulsés de leur pays peu après leur mariage. Honnis d’être cousins germains et époux dans un lieu et à une époque qui avait horreur de tout ce que pouvait suggérer, même de loin, l’inceste. La naissance en France d’un fils unique semblait au couple, à la fois une bénédiction du Ciel et son approbation pour le chemin d’exil qu’ils ont suivi. Mais aussi la mort de ce fils, due à une maladie survenue lorsqu’il avait neuf ans, leur a semblé une sentence divine. Toute la famille ainsi que la narratrice, âgée de six ans à la mort du frère chéri, souffrira de ce deuil profond. Et ce perroquet vert vu chez un oiseleur de Biarritz devient pour la romancière privée de joie, un symbole d’amour et d’allégresse. Qui rêve de posséder ce bel oiseau. Mais son père est convaincu que le volatile pourrait provoquer des maladies comme celle qui a emporté son fils. La princesse Bibesco fait la connaissance en mars 1915 de Christopher Thomson, attaché militaire de l'ambassade du Royaume-Uni à Paris. Il s'occupait alors de favoriser l'entrée en guerre de la Roumanie aux côtés des Alliés, bien que le petit royaume ne fût prêt ni politiquement ni militairement. Le diplomate restera attaché à la princesse toute sa vie et correspond avec elle régulièrement, tandis qu'elle dédicace certains de ses livres à C.B.T. Plus tard, il deviendra pair du parti travailliste, et secrétaire d'État de l'Air. La princesse écrit tous les jours, surtout le matin, et son Journal intime ne comporte pas moins de soixante-cinq volumes. Elle écrit en Suisse, "Isvor, pays des saules", considéré comme l'un de ses meilleurs livres, où elle décrit les habitudes et traditions de son peuple, qui, malgré la renaissance culturelle roumaine, reste profondément illettré, notamment en milieu rural, imprégné de superstitions ancestrales mélangées à une foi orthodoxe fervente, comme au Moyen Âge. Sa fille épouse en octobre 1925 le prince Dumitru Ghika. Trois reines assistent alors au mariage. La reine Sophie de Grèce, née princesse de Prusse, la reine Marie de Yougoslavie, née princesse de Roumanie et la princesse Aspasie de Grèce, épouse du roi des Hellènes. Elle est très proche du roi Alphonse XIII et a une courte liaison avec Henry de Jouvenel, ce qui lui inspire son livre "Égalité", Jouvenel étant alors proche des idées socialistes. Elle se rend souvent de Paris en avion privé avec son mari qui parfois pilote, dont c'est la passion, ainsi que dans diverses villes européennes, comme Rome, où elle rencontre Benito Mussolini en 1936, Raguse, Belgrade, Athènes, Constantinople qui vient d'être rebaptisée Istanbul et diverses villes de Belgique et d'Angleterre. Elle va même en avion en Afrique italienne, en Tripolitaine. Elle est invitée en juillet 1934 aux États-Unis, où elle est reçue par le président Franklin Delano Roosevelt et son épouse Eleanor.
"Mon ami, mon amant, mon cher compagnon des heures furieuses où nous n'entendions d'autre bruit que celui de nos souffles écrasés l'un dans l'autre, je vous le demande, cela est-il possible ?" Mais ses besoins financiers augmentent au fur et à mesure de la restauration de son palais de Mogoșoaia, aussi écrit-elle également des romans plus populaires et des articles dans les journaux féminins, comme le Vogue français, sous le pseudonymede "Lucile Decaux". Elle remplit aussi les rubriques mondaines de Paris-Soir et The Saturday Evening Post. Mogoșoaia devient le rendez-vous d'hommes politiques qu'elle invite dans les années de l'entre-deux-guerres, comme Louis Barthou, qui appelle l'endroit "la seconde Société des Nations". Elle y reçoit des ministres, des diplomates et des écrivains, Paul Morand ou Antoine de Saint-Exupéry et aussi Gustave V de Suède et la reine de Grèce, les princes de Ligne, de Faucigny-Lucinge, les Churchill ou les Cahen d'Anvers. Lorsque la montée de périls commence à bouleverser l'Europe, la princesse se prépare. Elle se rend en 1938 aux Pays-Bas auprès de son ami l'ex-empereur allemand Guillaume, qui n'a plus aucune influence politique, et elle est présentée à Hermann Göring. En 1939, elle se rend en Angleterre, où elle rend visite à George Bernard Shaw. L'aîné de ses petits-enfants, Jean-Nicolas Ghika, est envoyé étudier en Angleterre la même année. Il ne reverra plus la Roumanie avant cinquante-six ans. Après avoir été le théâtre d'une quasi-guerre civile entre le régime carliste pro-Allié et la Garde de fer nationaliste et antisémite, la Roumanie est dépecée l'été 1940 par le Pacte germano-soviétique et le deuxième arbitrage de Vienne, puis est satellisée par le Troisième Reich, entre en guerre en 1941 contre l'URSS et participe aux crimes contre les juifs. Les Alliés occidentaux lui déclarent la guerre à leur tour en février 1942. Elle se trouve dès lors au ban des nations et sera traitée en pays vaincu, livré à l'URSS à l'issue de la guerre. George-Valentin Bibesco, l'époux de Marthe, meurt en 1941. Dans les dernières années, surtout pendant la maladie du prince, une tendre complicité était revenue entre eux. Pendant la plus grande partie de la guerre, Marthe vit dans Paris occupé, puis à Venise, puis secrètement, en 1943, à Ankara en Turquie avec son cousin Barbu Știrbei qui tente d'y négocier, depuis la bataille de Stalingrad, le retour de la Roumanie dans le camp des Alliés, qui se produit le vingt-trois août 1944. Marthe est alors à Mogoșoaia. L'armée rouge est désormais l'alliée de la Roumanie, mais s'y comporte tout de même comme en pays ennemi occupé. À mesure que le parti communiste roumain et sa police politique, la Securitate investissent le pouvoir, la noblesse ainsi que la bourgeoisie et les classes moyennes sont de plus en plus persécutées.
"Et si vraiment cela est, si vous n'êtes plus à mes côtés qu'une ombre tendre, qu'une image pâle et voûtée de mon amour, quelle aberration me défendit de prévoir ce qui arrive ?" En 1958, Marthe parvient à faire libérer sa fille la princesse Ghika et son mari Dumitru des camps de travaux forcés du Bărăgan, la Sibérie roumaine où ils étaient détenus en tant qu'aristocrates. Elle les installe en Cornouailles dans une maison, Tullimaar, qu'elle a acheté pour eux. La princesse Bibesco vit désormais de sa plume. Elle est élue en 1955 au siège de l'Académie de Belgique tenu auparavant par sa cousine la poétesse Anna de Noailles et elle est nommée chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur en 1962. "La Nymphe Europe", livre en grande partie autobiographique,rencontre un grand succès en 1960. Elle est alors devenue une "grande dame" de la littérature française, reçue par le général de Gaulle qui l'apprécie. Elle assiste ainsi en 1963 au dîner donné à l'Élysée en l'honneur du roi et de la reine de Suède. Lorsqu'en 1968 le général de Gaulle se rend en visite d'État en Roumanie communiste, il emporte avec lui un exemplaire d’"Isvor, pays des saules" et déclare à la princesse: "Vous êtes l'Europe pour moi". Intelligence, grâce, beauté, charme et séduction, Marthe Bibesco riche de toutes ces qualités, se jugeait presque trop comblée. "Je suis humiliante sans le savoir", disait-elle. À travers un mariage tempétueux et des liaisons chimériques, elle chercha longtemps son alter égo mais ne rencontra que des miroirs ou des semblants. De tous les hommes qu’elle a cru aimer, seul l’abbé Mugnier, son confident, ne l’a déçoit pas. Elle a vécu dès son adolescence pour écrire ses Mémoires et retrouver le temps perdu. Elle devint à son tour une de ces reines immortelles qui séduisait Marcel Proust et subjuguait Paul Claudel. La princesse Bibesco meurt à Paris le huit novembre 1973, elle avait quatre-vingt-sept ans. Elle repose au cimetière de Menars dans le Loir-et-Cher.
Bibliographie et références:
- Ghislain de Diesbach, "La Princesse Bibesco"
- Anna de Noailles, "La Princesse Bibesco"
- Mihail Dimitri Sturdza, "Aristocraţi români în lumea lui Proust"
- Marcel Proust, "Portrait de la Princesse Bibesco"
- Abbé Mugnier, "Correspondances avec une amie"
- Charles de Noailles, "Une femme de lettres"
- Antoine de Saint Exupéry, "Une princesse courageuse"
- Winston Churchill, "Lettres à mon amie"
- Sonia Rachline, "Une princesse moderne"
- Philippe Sollers, "Une princesse hors du commun"
- George Bernard Shaw, "La Princesse Bibesco"
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Du 24 au 28 avril
Zuip
&
The Queen
donnera une série de concerts très privés
Au programme
Collée au mur suivi de Inspire... Expire...
Divertimento pour cravache, gode et gémissements
Tableaux d'une exhibition
Pour cordes et célesta
Aïe
Solo de percussions
Concerto pour des larmes et un soupir
Musique concrète
Voici venir la douleur et l'effroi
Symphonie en dos majeur pour martinets, chambrières et fouets.
StacCATO for the Queen
Musique de chambre
La flute de Pan
Pour instruments à bouche (libre participation du public)
Chaque prestation se conclura par un vibrant Gode fuck the Queen (repris en chœur)
Nombre de spectateurs très limité.
Tenue débraillée bien venue
Le noir, le cuir et les vêtements sexys seront proscrits.
Chaque concert se poursuivra par une improvisation avec les participants (on peut venir avec son instrument)
Le programme pourra varier selon les désirs et l'inspiration du Maître.
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Enveloppé dans les grandes lignes de ton film, tu projettes ton passé.
Des mots vides de sens et sans destination précise.
Assis sur le pas de la porte, tu attends la nouvelle lune.
Je suis le reflet dans ton miroir.
Un nouveau matin se lève sur des rêves oubliés, faut-il reprendre l'initial pour retrouver ton chemin ?
J'ai compté le nombre de tes faveurs trop tôt, oubliant tes rimes et tes raisons.
Miroir, Miroir de l'éphémère accroché à ton mur, parfaite anamorphose de ta réalité qui se réfléchit.
Prends la main que j'ose te tendre, croise mon regard, celui de nos âmes.
Fais de moi un instrument de ta paix.
Qui a si peur de tomber ?
LifeisLife
#Texteperso
#photoperso
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Dimanche 7 Avril
9h, le réveil sonne, j’ai très peu et très mal dormi. J’aime Monsieur très fort en dépit de ses ronflements nocturnes, je n’avais qu’à pas oublier mes bouchons d’oreilles… Le petit déjeuné est bon, avec des mini viennoiserie, les jus, ainsi que le pain accompagné de de confiture maison, je prends deux cafés, je vais en avoir besoin pour rester éveillée. Monsieur prend du fromage et du jambon en plus, le salé dès le matin, très peu pour moi ! Une fois notre petit déjeuné fini, nous décidons de ne pas tarder et de reprendre la route, comme ça nous serons rentré avant midi. Je lutte pour ne pas m’endormir sur le trajet du retour, j’ai vraiment du mal à dormir en voiture. Je repense à notre journée et notre soirée d’hier, je suis a la fois contente et frustrée, malgré la fatigue, j’aurai aimé commencé la journée avec Monsieur me faisant l’amour, me retrouver entre ses jambes, à ma place, adorant son sexe avec ma bouche, pendant que mes doigts le caresse doucement, amoureusement. Cette idée réveille mon entrejambe, et c’est à ce moment que mon chéri me tire de ma rêverie en venant caresser ma cuisse en me regardant. Hier il a émis la possibilité d’une autre séance cet après-midi, tant pis si je suis épuisée, je suis en train de l’espérer.
A notre arrivée, les chiennes nous font la fête comme à leur habitude, on s’installe dans le canapé. Je vais nous servir un apéritif, et c’est à genoux que je tends le verre de mon Maître, c’est un rituel qui a été instauré, et que j’apprécie. J’aime servir mon Maître. Nous regardons le replay de the Voice, puis, alors que je ne m’y attendais plus, je suis invitée, gentiment mais fermement, à me pencher sur le canapé, et à baisser mon pantalon. Il regarde les quelques bleus et les traces que j’ai récolté hier, rien de bien méchant, on a vu pire. Il prend le fouet pour m’en faire de nouvelles, la lumière est plus adaptée pour contrôler les impacts. Comme à mon habitude, j’en demande plus, mais contre toute attente, il s’arrête, pose le fouet sur mes fesses, il fait une photo.
« Tu as voulu faire la maligne à en demander plus hein ? » Je vois qu’il prend l’instrument que j’aime le moins … la badine. Je fais définitivement moins la maligne, je me prépare mentalement, je couine au bout de quelques coups … la badine c’est pas ma copine. Son impact est trop vif, trop franc, troc sec. Maître m’attrape par les cheveux puis par le cou et me dirige vers le couloir, je pensais aller dans la chambre mais il m’emmène dans la salle de bain. Une pression sur mes épaules m’indique ce qu’il attend de moi. Je tombe à genoux, me lèche les lèvres par anticipation. J’humidifie mon objet de convoitise sur toute la longueur et commence à faire de va et vient, à mon rythme. Maître reprend le contrôle, ma bouche lui appartient, il s’y enfonce vite et fort, vient frapper ma gorge et maintient ma tête dans cette position. Mes yeux se remplissent de larmes, il me laisse reprendre mon souffle puis recommence. Je suis relevée de force, appuie sur le haut de mon dos, m’obligeant à me cambrer en avant. Il me pénètre d’un coup sec, il me pilonne, je suis comme désarticulée, bougeant d’avant en arrière au rythme de ses coups de reins. Je prends avec bonheur ce qu’il me donne, le regard fixé dans le miroir, mes yeux scellés aux siens. La baise brutale combiné à son regard, sa main sur ma nuque qui se ressert me décroche un orgasme puissant. Il se retire, amorce un mouvement pour me pousser à nettoyer. Merde… mes règles ont débarqué… je suis dépitée ! Il rince les traces de sang sous l’eau et calme en un instant ma frustration en s’enfonçant de nouveau de ma bouche. Une fois fini nous nous glissons sous la douche, mon sourire ne quitte pas mes lèvres. J’attends l’autorisation pour le rejoindre sous le jet d’eau. Maître me demande de le laver, ce que je fais avec grand plaisir, j’aime autant m’occuper de lui sous la douche que lui aime me laver. Nous sortons propre et frais, bizarrement, je ne ressens plus la fatigue…
Il me dit de m’allonger sur le ventre dans le lit. Je lui avais demandé si j’aurais le droit aux griffes si cette séance avait lieu, il ne l’a pas oublié.
« Tu as réclamé les griffes, tu ne les auras pas »
Il s’assoit entre mes cuisses et mon cul. Je suis parcouru de frisson, de chair de poule quand la lame du couteau descend le long de mon dos jusqu’à mes fesses. Je ne frissonne pas de peur, je frissonne de plénitude. Comme les griffes, le couteau à se pouvoir de me transcender, je me laisse aller dans la détente, le plaisir, je suis au septième ciel ! Pour continuer à me faire du bien en me faisant du mal, Maître se saisit du martinet en cuir. Que la danse commence ! La cadence est parfaite, il alterne entre coup fort et coup plus léger. C’est de plus en plus fort, de plus en plus douloureux, je vais jouir, encore … C’est intense, je vois des étoiles, je ne veux plus redescendre, je suis tellement bien dans cet état de trans.
Je me mets sur le côté, outch ça pique, je grimace, Maître rigole de son rire sadique. Il s’allonge à coté de moi, on se câline, emporté par le sommeil. On commence à s’endormir, mon téléphone vibre une première fois, je raccroche, je veux rester la blottie dans ses bras. Je replonge dans mes rêves, me refait le film de notre week-end, quand un nouvel appel fait vibrer mon téléphone, je coupe la sonnerie, agacée. Une dizaine de minutes plus tard, ça frappe à la porte, je regarde mon téléphone, c’est ma sœur. Il faut se lever, les enfants sont aussi sur le chemin du retour …Le week-end est fini, retour à la réalité.
Joyeux week-end d’anniversaire Maître !
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"Si je pensais à vous, je pensais seulement à quelque chose qui durait, qui pouvait durer. Je ne savais rien de Circé et de sa puissance, je n’avais pas même entendu le nom de Calypso, ni de Nausicaa." En accueillant la jeune poète sur son divan, Freud, alors âgé de soixante-dix-sept ans, a conscience de prendre une patiente à plus d'un égard hors norme. Icône de l'Imagisme, ce mouvement poétique figuré par Ezra Pound dont elle fut l'amante, H.D. a tôt emprunté les chemins du ménage à trois et d'une bisexualité insouciante, en voyageant avec Frances Josepha Gregg, ancienne étudiante de Pound avec laquelle elle vécut une idylle, et le mari de celle-ci. Mariée à Richard Aldington en 1913 mais séparée deux ans plus tard, elle rencontre en 1918 Annie Winifred Ellerman, dite Bryher, destinée à devenir la compagne de sa vie. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir une fille avec Cecil Gray, un ami d'Aldington qui reconnaîtra l'enfant, prénommée Perdita. Bryher, de son côté, demande en 1921 la main de Robert McAlmon, ex-amant de H.D. Ce mariage de convenance sera remplacé par un autre en 1927. Bryher épouse Kenneth Macpherson, avec lequel H.D. a une liaison et dont elle attend un enfant, qu'elle décide de ne pas garder. La même année, Bryher et Macpherson acceptent d'adopter Perdita Aldington.Vous êtes perdu ? C'est normal. Familles recomposées, homoparentalité, H.D., dont la beauté solaire et fragile émeut manifestement les deux sexes, n'est pas seulement une pionnière dans sa pleine liberté à vivre toutes les variables des équations affectives. Avec son cycle de romans intitulé "Madrigal", l'écrivaine, contemporaine de Virginia Woolf et de Gertrude Stein, a ouvert un chapitre essentiel de l'histoire de l'autobiographie féministe, dont témoigne notamment le "Don". Hilda Doolittle naît à Bethlehem, en Pennsylvanie aux États-Unis, le 10 septembre1886. Son père était astronome. Il dirigeait l'observatoire Sayre et enseignait les mathématiques à l'Université privée de Lehigh. Sa mère, musicienne, bien que très chaleureuse, lui donna une éducation stricte, inspirée de la tradition morave, forme de protestantisme. Elle tient de son père son héritage intellectuel et de sa mère sa vocation artistique et mystique. La jeune fille entre au Bryn Mawr College en 1904 et se lie d'amitié avec Marianne Moore et deux étudiants de l'université de Pennsylvanie, Ezra Pound à qui elle est fiancée un bref temps et William Carlos Williams. Elle doit quitter le collège en 1906 pour raisons de santé. Cinq ans plus tard, elle voyage en Europe pour passer des vacances, mais décide de s'installer définitivement sur le vieux continent, séjournant en Angleterre et en Suisse. Elle publie ses premiers poèmes dans la revue "Pound Poetry", sous les initiales H.D., nom de plume qu'elle gardera, avec un style propre à elle, dans lequel, au-delà du dessin, la voix de son moi lyrique joua un rôle central.
"Pénélope était un lointain rêve de foyer, et d’autres et la querelle dans les tentes n’était qu’une affaire locale, loin au-dessous des tourelles et des remparts et de la Muraille." Elle traversa une période très difficile après la rupture de fiançailles douloureuse avec le poète Ezra Pound mais accepta la demande en mariage de l'écrivain britannique Richard Aldington. Cette relation échoua également et la laissa dans un état d’épuisement complet, dont elle sortit aidée par sa liaison avec D. H. Lawrence et surtout par la relation suivante, celle avec Bryher, la poétesse historique Winifred Ellerman. Celle-ci fut une bienfaitrice fortunée du mouvement psychanalytique et restera jusqu’après la seconde guerre mondiale son amante et au-delà son amie de toute la vie. Bryher reçut son nom d’artiste par H. D., qui l’encouragea expressément à écrire et l’aida alors probablement à sortir d’une crise suicidaire. Avec son amante puis Kenneth Macpherson devenu le mari de celle-ci, H. D. a aussi collaboré au développement du cinéma moderne, comme en témoigne l’œuvre "Borderline" (1930). Déjà avant son analyse avec Freud, H. D. se fit connaître par des anthologies poétiques, qui reçurent des critiques très positives, et par des traductions d’Euripide. Freud lut une grande partie de ses œuvres. Une des particularités de l’art poétique de Hilda Doolittle est l’utilisation du palimpseste, écrivant plusieurs fois par-dessus un texte déjà existant, se référant à un immense savoir sur les mythologies de cultures les plus diverses. Une autre particularité stylistique de H. D. se trouve dans l’utilisation de tournures hiéroglyphiques, ressemblant à un rébus et par là se rapprochant de la "Traumdeutung" (interprétation des rêves) de Freud. D’une certaine façon, on pourrait dire que Hilda Doolittle a cherché à travers sa poésie à atteindre l’inconscient par l’écriture pour se protéger de la réalité. "Chacun de nous comme toi est mort une fois, chacun de nous a traversé un vieux chemin en bois et trouvé les feuilles d’hiver si dorées dans le feu du soleil que même les fleurs vives des bois étaient sombres".
"J’ai fini par aimer Achille, à Leuké, mais je l’ai laissé retourner, à la mer, à sa mère, Thétis. Il a donc été absorbé, regagné par son propre élément ?". Chacun des termes lyriques de la prose narrative décrit ainsi par un jeu de miroirs illimité son monde intérieur reposant sur le plaisir saphique. "Tribute to Freud", publié en 1956, est l’histoire de la cure chez Freud. Le livre se présente en deux parties: "Écriture sur le mur", écrit onze ans après l’analyse, et "Advent", qui a été écrit, contre l’avis de Freud, sur le vif, en 1933, tel un journal intime. Le cours de l’analyse se lit comme le commencement d'une nouvelle ouverture vers l’écriture, laquelle l’avait pendant un certain temps protégée de la psychose. S’y mêlent musique, théâtre et danse par l’entremise du chant, de la poésie et de l’art dramatique tels que les pratiquaient les grecs dans l’antiquité. En 1927 meurt la mère de la poétesse. Peu de temps avant le début de son travail analytique avec Freud, elle entreprend un nouveau voyage pour Hellas, la Grèce de tous les mythes grecs, pays où elle avait déclenché, en 1920, une crise psychotique avec des symptômes hallucinatoires. Hellas renvoie au prénom de sa mère, Helen. Une des grandes œuvres poétiques ultérieures s’appellera "Helen in Egypt." L’année 1919 est terrible pour elle, son frère est tué en France, son père meurt, son mariage échoue et elle donne naissance à un enfant que son père ne reconnaîtra pas. Le père est mort en 1919 du choc de la mort de son fils, le frère préféré de Hilda,en 1918 en France. En 1919 est née Perdida, l’unique fille d'Hilda, dont le père était le peintre Cecil Gray. Aldington s’était éloigné d’elle pendant son service militaire et s’était trouvé une maîtresse. Pendant la grossesse, ayant contracté la grippe espagnole, elle fit deux pneumonies. Sa vie ainsi que celle de l’enfant à naître furent menacées. "Lavage de rivière froide dans une terre glaciaire, eau ionienne, froid, sable strié de neige, dérive de fleurs rares, clair, avec une coquille délicate comme une feuille enfermant feuille de lys, texture camélia, plus froid qu'une rose. Pensées intimes, tendre la main pour partager le trésor de mon esprit, mains intimes, tout le ravissement pur que je prendrais mouler un clair et statue glaciale."
"Je ne sais pas, Odysseus, votre nom n’est pas familier. Je n’y avais pas pensé, ne l’avais pas prononcé depuis dix ans, cela fait plus de dix ans et à l’époque, vous ne faisiez qu’aller et venir comme eux tous au Palais, cela fait plus, plus de dix ans." Peu de temps après, sa fille unique sera adoptée par son amante qui demeurera son amie tout au long de sa vie, dans les bons et les mauvais moments. Comment Freud a-t-il orienté la cure de son analysante ? Il n'est pas anodin d'observer que nombre d'écrivains redoutent d'entreprendre une analyse, de peur de dilapider leur singularité dans une exploration jugée trop risquée ou de devoir se soumettre à une injonction normative. H.D., dont le mode de vie n'attire aucune remarque d'ordre moral de la part de Freud, choisit, elle, de s'y mesurer. Par défi, par nécessité, par curiosité pour la grande aventure intellectuelle que la psychanalyse représente alors. C’est à ce point que le travail analytique avec Freud a commencé. À ce moment, Doolittle a compris ce symptôme comme borne de chemin, lui offrant l’orientation et la direction. C’était son "symptôme signifiant." Elle l’a compris avant tout comme poème illustré sur lequel pourra se fonder toute son œuvre à venir. La direction de la cure par Freud a permis que se constitue au moins un soupçon d’un vide, sans lequel Doolittle n’aurait certainement plus pu revenir à l’écriture, mais aurait terminé dans une folie religieuse. Ce danger pourtant l’aura accompagnée toute sa vie. Freud aura réussi à travers la cure à contrer le danger qu’elle soit submergée par une marée d’images spirituelles-spiritistes, s’enracinant dans le discours tout en exaltation religieuse de sa mère. La cure de la poétesse lui a permis de se réapproprier son écriture et de continuer à la développer. Le point d’aboutissement de cette voie fut "Helen in Egypt", décrivant l’art poétique dorique de Stésichore par-dessus l’épopée homérique de l’Iliade. En déplaçant Helen dans un entre-les-cultures, ici la Grèce, mais aussi dans un entre-les-interprétations, entre Stésichore et Homère, elle se transforme en lieu de la poésie.
"Pourquoi êtes-vous venu troubler mon déclin ? Je suis vieille. La rose la plus rouge s’épanouit et c’est ridicule, en ce moment, en ce lieu. La rose la plus rouge s'épanouit gâtant notre fruit d’été." En 1918, la rencontre avec Annie Winifred Ellerman est décisive pour la fragile et solaire poète. Cette année sera celle de la parution du recueil de poésie, "Hymen" qui se donne d’abord à lire comme un hymne à Hyménée, qui personnifiait le chant nuptial et présidait les festivités lors des mariages. Par l’entremise des nymphes du cortège d’hyménée errant dans le vestibule d’un lieu de culte indéfini, peut-être le temple d’Olympie ou un palais antique tenant lieu de sanctuaire, elle invoque Héra, déesse de la fécondité. Il s’agit moins pour elle de déterminer par le biais d’une description réaliste un cadre référentiel univoque que de construire un monde mythique. Par l’entremise de toute une série de glissements métaphoriques, le texte nous conduit dans la crypte où se déroulaient les rites initiatiques des religions à mystères, et à la thiase de Sappho dans l’île de Lesbos. L’image du Havre luxuriant ("closed garden") renvoie au topos aphrodisiaque par excellence. Elle rappelle la manière dont Sappho décrit sa sphère pastorale, lieu clos où elle côtoie ses compagnes et où elle invite sa protectrice Aphrodite à la rejoindre. De 1927 à 1931, en plus de se lancer dans le théâtre, HD écrivit pour la revue de cinéma d'avant-garde "Close Up", fondée par Macpherson et elle-même, Bryher finançant le projet. Elle fait une première analyse avec Mary Chadwick en 1931. L'insuccès de cette analyse l'incite à se faire traiter par Hanns Sachs, à Berlin, qui l'introduisit auprès de Freud, à Vienne, où elle séjourne en 1933. Freud avait lu des livres de H.D., notamment "Palimpseste", avant leur première rencontre le premier mars 1933. Elle publie les mémoires de cette analyse qui dure trois mois, jusqu'en juin 1933, dans "Writing on the Wall", le journal de son analyse, réédité sous le titre "Tribute to Freud", rare témoignage de l'atmosphère chaleureuse que Freud pouvait instaurer avec des patients.
"Hymen, ô roi de l'hymen, qu'est-ce que c'est amer ? Quel arbre, déchirant mon cœur ? Quelle cicatrice, quelle lumière, quel feu brûlant mes yeux et mes yeux de flamme ? Sans nom, ô nom prononcé, roi, seigneur, dis un hymen irréprochable." Elle se réfugia en Angleterre durant les dures années de guerre en compagnie de son amante qui se démenait pour aider les réfugiés, victimes de l'Allemagne nazie du Troisième Reich. Ayant pris cause pour eux, elle rompit alors tout lien avec Ezra Pound qui était profasciste et antisémite. Elle publia en 1936 "The Hedgehog", livre pour enfants et l'année suivante, une traduction d' "Ion" d'Euripide. Elle divorça finalement d'Aldington en 1938, l'année où elle reçut le prix Levinson de poésie pour l'ensemble de son œuvre. Viendront ensuite, "Les murs ne tombent pas" en 1944, "Hommage aux anges" en 1945 et "Floraison du bâton" en 1946. Elle entreprit une psychothérapie avec Walter Schmideberg, époux de Melitta Schmideberg et gendre de Melanie Klein. De plus en plus attirée par les sciences occultes, H.D se mit à écrire des recueils de poésie mystique à la frontière de l'occultisme. Elle se tient entre les signifiants opposés masculin et féminin, amour et haine, guerre et paix, vie et mort, beauté et laideur, indicateurs binaires des chemins,"on the ways", par-delà lesquels elle pointe le lieu de l’écriture même, qui se soustrait au sens, mais où, comme dans le "Wunderblock", se font les inscriptions. Le retrait de la poétesse vers les sources de l’écriture est une traversée du fossé qui sépare la lecture de l’écriture, la fiction de la réalité, le sommeil du réveil. H.D a été qualifiée de romancière lesbienne. En réalité, elle était bisexuelle, bien que se moquant des conventions. "Vous aviez deux choses à cacher, d'une part que vous étiez une fille, d'autre part que vous étiez un garçon." Cette formule, Freud lui adressa, lors de la première séance en 1933. H.D, échauffée à l'idée d'incarner le phénomène presque disparu de la parfaite bisexuelle et de contribuer ainsi à l'histoire de la psychanalyse lui répondit simplement: "Bon, alors, c'est terriblement excitant."
"Laisse aimer demain celui qui n'a jamais aimé. Qui jamais n'a aimé. Ce qui veut dire tout le monde, ou presque. L'amour n'existait pas, sauf l'amour du devoir, et l'amour du sacrifice. Aime demain puisqu'on ne le peut aujourd' hui. Encore et encore, les longues vagues rampent et suivent le sable avec de la mousse. La nuit s'assombrit et la mer prend ce ton désespéré de noir que les femmes mettent quand tout leur amour est fini." En 1956 et en 1960, avançant dans l'âge, la femme de lettres américaine décida de se rapprocher de sa fille en lui rendant visite par deux fois aux États-Unis. Perdita mariée, avait quatre enfants. Ce fut pour H.D un grand bonheur, certainement le plus intense et surtout le dernier. En quête de repos, elle rejoint son amante, Bryher, Annie Winifred Ellerman, en Suisse. En 1960, c'est enfin la consécration littéraire. Elle remporte le premier prix de poésie de l'American Academy of Arts and Letters. Séjournant à la villa Kenwin, située sur la commune vaudoise de La Tour-de-Peilz, où elle subit une nouvelle dépression nerveuse, son psychanalyste, Erich Heydt, l'encourage à écrire "End of Torment", sur sa relation avec Ezra Pound. Entre 1952 et 1954, elle compose le recueil "Helen in Egypt", une déconstruction féministe de la poésie épique, réponse aux "Cantos" d'Ezra Pound. Une fracture de la hanche la laisse handicapée. Atteinte d'un accident vasculaire cérébral, elle décède le vingt-sept septembre 1961. Suivant ses dernières volontés, ses cendres sont rapatriées au caveau familial de Bethlehem. Quand de la redécouverte d’un écrivain s’exhale une sensibilité d’écriture à ce point constitutive d’un rapport au monde, et pour peu que cet aspect ait été simplement recouvert par d’autres influences, on peut alors parler de révélation. C’est à une expérience de cet ordre que doit se préparer tout lecteur de Hilda Doolittle, femme d'une mystérieuse et grande beauté, tourmentée par une bisexualité trépidante qui signait ses écrits H.D., pour qui l’instant d’extase était aussi le moment de la souffrance la plus grande.
Bibliographie et références:
- Béatrice Didier, "Hilda Doolittle, dite H.D"
- Antoinette Fouque, "Dictionnaire des créatrices"
- Élisabeth Roudinesco, "Écrire d’amour"
- Lisa Appignanesi, "Hilda Doolittle"
- Alain de Mijolla, "Hilda Doolittle-Aldington"
- Jacques Lacan, "Le séminaire, Livre III"
- Serge Benstock, "Femmes de la rive gauche"
- Geneviève Morel, "Ambiguïtés sexuelles"
- Jacques Derrida, "La dissémination"
- Marie-Christine Lemardeley, "La poésie chez H.D"
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Elle se réveille de la sieste, et se rappelle qu'elle est entravée.
Sur le coté, en chien de fusil, il a lié ses chevilles avec une corde fine. Cette sensation est exquise, elle est offerte et elle le sait.
Comme elle se réveille et se tourne, ses deux jambes frottent l'une sur l'autre et réveillent son intimité.
Il rentre dans la chambre, son profil s'encadre dans la porte, avec cette jolie lumière en contre-jour. Elle est toute chaude, reposée, paisible
Il s'installe sur le lit à côté d'elle, à hauteur de son visage, les jambes écartées, pour qu'elle puisse le caresser, sous les cuisses, la base du sexe qui enfle lentement, les bourses bien gonflées. Elle promène le dos de sa main sur cette chair si tendre, et l'entend gémir, dans son sommeil à peine terminé.
Tout naturellement, elle embrasse sa peau, ses cuisses et son sexe, le prend dans sa bouche. Il est chaud, ferme sans être raide, souple sur sa langue. Elle le lèche, le mange, le caresse, le titille, il est juste à sa hauteur, sans efforts, au bon endroit, à sa taille. Les yeux fermés. Lui est paisible, réveillé, son sexe admiré et célébré par cette jolie femme, nue, attachée.
Il aime la savoir comme ça, savoir qu'elle aime ce moment et lui demande d'être liée. Il aime prendre la place dans sa bouche, toute la place, sentir cette chaude langue sur lui. Il emplit cette bouche, coulisse dedans, ressent la chaleur et l'humidité autour de lui, de son membre raidi. C'est si bon ….. A regret, il quitte sa bouche, ce lieu si doux, humide et chaud.
Elle laisse son membre quitter sa bouche, et s'installe confortablement sur le ventre, ses chevilles toujours liées. Elle a envie de lui, en elle, sur elle, de sentir leurs deux corps qui s'emboîtent, la chaleur de son ventre sur son dos. Il est heureux de la voir entravée, ses jolies fesses rebondies qui n'attendent que lui. Elle commence à se cambrer, sachant et rêvant ce qui va se passer, comment elle sentira son membre frôler ses fesses, comment de ses mains il écartera les deux collines pour s'introduire en elle. Lentement, très lentement.
Elle a envie de cette chaleur sur elle, ce membre lourd qui se pose sur ses fesses, les masse doucement, les ouvre, qui s'introduit lentement en elle, cette parfaite harmonie des corps. Il veut sentir cette sensation d'être en elle, caverne élastique et chaude, humide et accueillante. Entendre sa respiration qui s'accélère, ses fesses qui se soulèvent, pour mieux l'accueillir, profondément, jusqu'à être arc-bouté en elle. Loin. Tout au fond.
Il aime quand elle met un coussin sous ses hanches pour encore mieux lui montrer cette partie-là, si tentante, ronde, lisse, appétissante. Il veut être en elle, ne faire qu'un avec elle, son sexe qui l'emplit, la remplit, l'enivre et la contente, l'emmène comme sur une vague au rythme de leurs souffles. Il veut le début, la fin, les vagues, l'emmener, se faire guider, et la posséder.
Elle aime savoir qu'elle lui présente ses rondeurs, qu'il les regarde ….... fasciné, que sa fente l'attire irrésistiblement, qu'il va la sentir, la respirer, la humer, s'en imprégner comme si c'était la première fois. Puis la lécher, la manger, la titiller, en gardant sa main nonchalamment posée sur ses genoux. Elle aime sentir qu'elle est la source de ça, la destination aussi, et que leur plaisir à eux deux dépend de lui et d'elle, uniquement et totalement. Elle attend et goûte ses chevilles immobiles, cette partie d'elle qui ne pourra bouger, comme pour concentrer son plaisir sur son intimité.
Elle aime être l'outil, l'objet qui leur donnera du plaisir à tous les deux. Alors, il la fouille avec ses doigts, la caresse, l'admire, puis s'insère en elle, la prend, la possède, l'emmène loin, en elle, dans son antre à elle, dans ses profondeurs. Elle savoure cela, ses pieds crispés noués par la corde, inquiète de son plaisir qui est différent des autres fois. Il continue à l'emmener loin, dans un mouvement sans début et sans fin, sur elle, chaud, lourd, et aimant.
Mettant ses bras sous ses épaules, il va loin, tout au fond, et reste comme blotti en elle, la caressant de l'intérieur avec son sexe immensément doux. Elle savoure tant cette sensation, être caressée, complétée, emplie, complète, être un avec lui, ne plus savoir qui est qui, où commence l'une et finit l'autre. Elle a oublié ses liens, et le ressent, lui, en elle, puissant et si doux, si dense et si léger à la fois.
Elle pose ses mains sur ses mains, ils se nouent ensemble, en l'embrassant dans le cou, tendrement, dans ce grand mouvement à deux qui leur appartient. Il savoure ce moment, cette chaleur, l'humidité élastique d'elle, de cette partie d'elle, ses fines jambes immobilisées sous lui, pour leur plaisir à tous les deux.
Il s'enfonce en elle comme on s'enfoncerait dans une jungle humide et sombre, entend son souffle qui se cale sur le sien, ils grimpent sur les vagues et redescendent dans les creux. Ensemble. Son membre la demande, la réclame, la connaît et l'aime, la savoure et la respecte à la fois. Jambes serrées, elle le réclame …... geignant fort comme une petite fille, elle est sa possession, pour leur plaisir à tous deux.
Il la veut, il la veut tant, voudrait l'emmener encore plus loin, la relance, la possède, la prend, encore et encore, et l'écoute, geindre, plus fort, gémir et réclamer. Elle ne sait plus où elle est, a oublié ses jambes liées, sa chambre, n'est plus qu'un sexe, une sensation immense, qui remplit ses bras, ses jambes, ses poumons, sa bouche. Elle monte avec lui, et redescend avec lui. Elle le veut, elle l'a, il est là, en elle, pour elle, avec elle, a oublié son plaisir d'avant, d'il y a longtemps. Elle écoute son propre souffle, s'en émerveille, s'en affole aussi.
Alors elle s'envole, oublie le temps pour n'être qu'une sensation, pur plaisir, ressenti, jouissance, douceur immense, elle est sur les vagues de plus en plus haut, de plus en plus fort, il la possède encore et encore et encore. Alors elle demande « Maintenant »
Il attendait sa demande, espérait sa voix, et continuait à goûter ce plaisir immense en elle, leurs peaux collées par la sueur, leurs peaux avides d'être goûtées. Sa petite voix l'emmène loin, encore plus haut, tout en haut, et à son tour il oublie le temps, le lieu, s'oublie en elle, souffles coupés et corps mêlés.
Jouissance ultime, lui en elle, arc-bouté, elle avec lui, corps nus et rassasiés l'un par l'autre.
Ensemble.
Loin.
Respirations à l'unisson, peaux nourries, corps qui s'apaisent lentement, la vie est loin.
Si loin.
Copyright Laidy Sienne. Texte personnel, ne pas copier ou diffuser sans mon autorisation.
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Dong Li-Blackwell, appelée plus simplement Dong Li, est une artiste prolifique résidant à Brighton, au Royaume-Uni. Née en 1984 à Daqing, en Chine, Dong s’est forgé rapidement une petite réputation dans le monde artistique, se spécialisant principalement dans les aquarelles et explorant souvent le thème du nu féminin, dans des postures ne craignant parfois pas l’indécence et s’aventurant pour certaines œuvres dans la représentation de postures bondage/shibari.
Dong Li-Blackwell utilise principalement l'aquarelle, technique qui se prête merveilleusement bien à la représentation du corps humain, en particulier le nu féminin. L'aquarelle, qui permet en effet de capturer à la fois la transparence et l'intensité des couleurs, est utilée par Dong Li pour jouer avec la lumière et l'ombre, soulignant la délicatesse et la vulnérabilité des formes. L'eau, élément central de cette technique, facilite une fusion des couleurs qui peut évoquer la fluidité et la douceur de la peau quand les postures sont pourtant bien cru.
Le choix du nu féminin et du shibari dans certaines de ses œuvres est une exploration de la forme et de la posture, mais on peut aussi y voir une manière de questionner les thèmes de la liberté, de la contrainte. Dong joue avec les conventions et les limites, tant dans ses sujets que dans sa technique.
Bien d’autres artistes avant elle ont exploré le nu féminin par le biais de l'aquarelle, citons Egon Schiele, réputé pour ses représentations crues mais sensibles du corps humain, œuvres où la vulnérabilité et l'intensité se rencontrent. De même, Gustav Klimt a utilisé des techniques mixtes qui incluaient souvent l'aquarelle pour ajouter une dimension de douceur et de sensualité à ses célèbres compositions dorées.
Au fil des années, Dong Li-Blackwell a participé à de nombreuses expositions qui ont été autant de preuve de connaissance pour son travail exceptionnel. Parmi ses réalisations notables, on note les honneurs que lui ont fait la Winsor & Newton Royal Watercolour Society à la Bankside Gallery de Londres en 2012, ainsi que plusieurs distinctions à la Northeast Normal University en Chine. Sa capacité à capturer l'intensité des corps a également été reconnue par Saatchi Art en 2013, où elle a été élue « Artiste à suivre ».
L'œuvre de Dong Li-Blackwell, avec sa maîtrise de l'aquarelle et son exploration audacieuse du nu féminin et du shibari, invite à une réflexion sur la nature de l'art comme expression de la condition humaine. Ses tableaux, tout en subtilité et en intensité, captivent et provoquent.
D’autres œuvres sont à découvrir sur son site internet : http://www.dongli.co.uk/ et sur les principaux réseaux sociaux.
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Bonjour à toutes et tous, connaissez vous la ménophilie ?
Voici une petite définition
La ménophilie, également connue sous le nom de fétichisme menstruel, est une forme de fétichisme. Cela relève des paraphilies, appelées troubles de la préférence sexuelle. Les personnes touchées sont excitées par la période féminine. Plus il y a de sang et / ou d’odeurs, plus elles aiment !
Personnellement je suis très attiré par les menstruations féminines, dans mon adolescence j'ai eu la chance de rencontrer une petite amie qui adorait se faire lécher pendant ses règles, c'est de la que m'est venue cette passion. Autrefois tabou ce fétichisme fait l'objet de plusieurs publications. Je la placerais un peu comme l'uro.
Alors les soumises / soumis qu'en pensez vous ? Et vous Mesdames les dominatrices ? Le pratiquez vous avec vos soumises ou soumis.
Trouvez vous cela dégoûtant ? Ou hmmm je serai bien tenté....
Merci pour votre attention.
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"On appelle défauts ce qui, chez les gens, nous déplaît, et qualités ce qui nous flatte. Pour le primitif l'art est un moyen, pour le décadent, il devient un but. On méprise l'aumône qui est dure, mais on ne se méprise pas d'être si complètement dépourvu de véritable charité". Incarnation pour beaucoup du poète pur et intransigeant, Pierre Reverdy (1889-1960) fonda son autorité sur une pratique sans faille du poème où perça jusqu’à la fin un sens aigu de l’évolution des formes poétiques. Mais également sur une réflexion visant à dégager les "moyens" propres à la poésie et ceux, non moins spécifiques, d’autres arts comme la peinture. Car s’il fut un "phare" de la poésie du XXème siècle, c’est aussi parce qu’il s’affirma en publiant des textes théoriques et esthétiques susceptibles de désencombrer lucidement l’idéologie moderniste de son temps. Assise sur sa pratique autant que sur sa parole théorique, cette autorité ne s’imposa pas seulement à ses cadets surréalistes, qui du reste s’essayèrent parfois à en secouer le joug. De nombreuses générations de poètes jusqu’à nous ont en effet continué à se référer périodiquement à l’auteur de "Plupart du temps" et du "Livre de mon bord". "Legs de Reverdy" s’émerveillait Breton dans "L’Amour fou", au point de faire de sa rencontre fortuite avec ce "legs", rappelé par le titre d’une affiche légale pointée par René Char sur les murs d’une mairie, un événement majeur de hasard objectif. Et si Soupault comme Aragon surent également rendre hommage à celui qui fut à jamais à leurs yeux "le poète exemplaire", la fascination n’épargna ensuite ni la génération de Cadou et son école de Rochefort, ni celle des poètes nés de l’après-guerre, Du Bouchet et Dupin en tête, ni encore aujourd’hui, par des manifestations réitérées d’intérêt et de gratitude peu communes à l’égard d’un poète mort voici plus de soixante ans, les générations contemporaines. Et il ne faudrait pas oublier ici les peintres, les artistes, qui lurent aussi et continuent à lire passionnément Reverdy, de Picasso, Braque et Juan Gris, à, plus près de nous, Simon Hantaï, Gérard Titus-Carmel et François Rouan. Cependant, si l’influence de Reverdy et de son œuvre est un fait qui se constate régulièrement, le contenu et les modalités de cette transmission ne sont pas sans poser problème, et c’est aux questions qu’ils soulèvent que le présent ensemble voudrait apporter quelques réponses. D’une part en effet l’œuvre de Reverdy, par sa singularité, continue d’opposer une résistance notable aux efforts de description et de commentaire. L’œuvre de Reverdy pose en outre la question de la subsistance d’une forme de transmission au cœur de la modernité. C’est en cela qu’elle révèle l’existence d’une "tradition moderne". Par "tradition moderne", nous n’entendons pas le retour, encore moins la revanche ou le triomphe de la tradition dans la modernité. Plutôt en réalité, une tradition qui se cherche et se réinvente alors.
"Il n'y a pas d'amour sans souffrance et il ne peut pas y avoir de christianisme sans amour. On est plus durement prisonnier de la haine que de l'amour". Il s’agit en première approximation de tout ce qui, dans la modernité, par-delàl es mots d’ordre de singularité, d’autonomie, de table rase, d’intransitivité, travaille souterrainement à la transmission de savoirs et de pratiques, de questions partagées, tout ce qui contribue à la constitution d’un langage collectif et favorise l’apparition d’une communauté à elle-même. Reverdy lui-même ne l’entendait pas autrement, lui qui se revendiquait tout autant agent de la modernité que de la tradition: "Nous nous rattachons à une pure tradition de poésie", n’hésitait-il pas à proclamer en mars 1918 dans ce numéro de "Nord-Sud" rendu célèbre par le fameux texte sur l’image invoqué plus tard par Breton dans son premier "Manifeste du surréalisme". Pareille revendication d’une appartenance à la tradition pouvait, et peut toujours, surprendre venant d’un poète soucieux de se situer à l’extrême pointe des avant-gardes littéraires de son époque, voire de toute de la modernité artistique. D’autant que cette affirmation, loin d’être isolée, était alors largement amplifiée dans le même numéro de revue par une de ces "mises au point" dont Reverdy avait le secret et qui s’intitulait précisément "Tradition". Néanmoins si le directeur de "Nord-Sud" y revendiquait nettement son aspiration à la tradition, c’était bien à la condition de la redéfinir, en la déclarant profondément compatible avec le mouvement moderne. Sous sa plume, l’innovation devenait en effet indispensable à la perpétuation d’un apport artistique commun: "Créer grâce à une sensibilité nouvelle, servie par des moyens nouveaux appropriés, des œuvres qui, par leur différence, sont un apport de plus au domaine de l’art, c’est rester dans la tradition. C’est le seul effort qui soit utile". Rejoindre cette tradition vivante, tel est dès lors le but avoué du créateur moderne. Redéfinie par Reverdy comme un niveau d’excellence, la tradition devient implicitement un autre nom de la valeur littéraire, et s’obtient donc au prix d’un effort d’innovation réussi. N’est-ce pas ainsi afficher l’ambition de produire des classiques de la modernité littéraire ? Des classiques qui, au même titre que ceux d’autrefois, atteignent ce statut grâce à la nouveauté durable qu’ils introduisent ? Rien de réactionnaire ici: la prise de position de Reverdy en faveur de la tradition lui permet bien de se démarquer fermement des traditionalistes et des néoclassiques bornés de son temps, férus de répétitions en tous genres, mais aussi des tentations qu’Apollinaire pouvait lui-même nourrir en ce sens, notamment dans sa conférence intitulée "L’Esprit nouveau et les poètes". La poésie de Reverdy naît tout armée, comme une Minerve anxieuse.
"La gloire est un vêtement de lumière qui ne s'ajuste bien qu'aux mesures des morts. L'infini, c'est la limite ou l'échec de nos facultés d'appréciation et de mesure". Ensuite nous la verrons se diversifier, doter le poème envers d’une forme nouvelle, réfléchir ses propres principes dans une esthétique aux dimensions de l’art moderne, et revenir au plus près de sa source spirituelle. Si Reverdy est tout entier dans les Poèmes en prose, cela veut dire que son esthétique y est à l’œuvre. C’est en effet non des recueils en eux-mêmes, mais du travail de création qui les a suscités, que cette esthétique se dégage. Elle donne une forme générale et explicite aux principes intuitifs auxquels la poésie obéissait, et qui à ce stade n’existaient encore, outre les discussions auxquels ils avaient donné lieu, que par les effets qu’ils déterminaient. De même le rêve préexiste à son élucidation, qui n’en est pas le sujet, et la théorie se forme à côté de l’expérience onirique. En revanche les enjeux littéraires qui sont impliqués par le choix d’un titre tel que "Poèmes en prose" ne peuvent manquer d’être conscients. ils se situent sur un autre plan, mais entre les deux apparaissent des points de tangence. Donner à sa première œuvre publiée le titre de "Poèmes en prose" est une démarche à la fois modeste et orgueilleuse. Modeste par la neutralité du terme et le refus d’un mot faisant image, tel qu’"Illuminations" ou plus tard "Capitale de la douleur". Mais cette modestie avait été le fait de Baudelaire et de Mallarmé, et récemment encore de Fargue. En la circonstance, c’était se réapproprier en en proposant un nouveau modèle, simple, cohérent et moderne, un genre instable, toujours en attente d’une définition, et qui en se répandant risquait de se perdre dans l’élégance facile des chroniques et des pages de littérature. Le geste ne s’accompagne d’aucune justification. Lui seul a valeur de manifeste. On sait que cette démarche revêt une autre dimension. Quoi qu’on puisse en penser, Reverdy a devancé Max Jacob. Nouveau Jacob de ce nouvel Esaü, il l’a dépouillé de son droit d’aînesse. Aborder la question de la présentation chez Pierre Reverdy, c’est assurément se situer au point d’articulation entre sa réflexion théorique d’une part, où la notion de "présentation" s’affirme comme un concept-clé, et sa pratique poétique d’autre part. Or c’est cette articulation qui est problématique dans son cas d’authentique poète, de praticien talentueux, voire génial, uni à un théoricien. Théorie et pratique sont-elles cohérentes chez Reverdy ?
"II y a des hommes qui ont le sens de la réalité, et d'autres à qui il fait totalement défaut. L'amour sans les actes n'est que la plus grande illusion supportée par un mot des plus courts". Certes la poésie a toujours été présentée. Ni "Les Ardoises du toit" ni même le "Coup de dés" de Mallarmé ne modifient en cela la nature ancestrale de la poésie. Mais avec Reverdy ce geste est repensé, on serait tenté de dire: non repensé mais pensé, la crise du vers libre à la fin du dix-neuvième siècle ayant révélé les défaillances d’une pensée de la présentation poétique, sensibles notamment dans la domination du paradigme musical sur un paradigme visuel pourtant plus pertinent. Pensé donc, mais conjointement mis en pratique, avec des interactions mais peut-être aussi des distorsions entre théorie et pratique. Dans le discours théorique de Reverdy en 1918, donc juste avant le tournant de 1919 et l’arrivée en force des surréalistes, la notion de présentation revient comme un leitmotiv, presque un mot d’ordre, sans jamais toutefois donner lieu à la création d’une étiquette de groupe comme c’est alors à la mode. Il n’y aura pas d’art ni de poésie dite "présentative" ou "présentativiste" revendiquée pour faire pièce à d’autres "ismes". Reverdy se méfiait des étiquettes de groupe. Chaque fois, sous sa plume, le mot présentation apparaît en couple avec celui de représentation, sur le mode de l’opposition. D’abord dans un curieux compte rendu des "Ardoises du toit" publié dans "Nord-Sud", composé par Reverdy lui-même à la manière des "critiques-réclames" qu’Apollinaire faisait sous pseudonyme de ses propres ouvrages dans les journaux. Pris dans les rafales du temps, glissement lent des plis du jour sur les plis des jours, la poésie de Reverdy s’éloigne pour les lecteurs négligents. Pierre Reverdy, l’ermite de Solesmes, est un poète passé de mode, lui qui fut longtemps considéré comme le plus grand. On préfère maintenant des liqueurs plus fortes comme les éclats de silex de René Char, ou les jongleries verbales de Gherasim Luca ou Jacques Roubaud. Mais il est tant de poèmes de Reverdy pour lesquels je donnerais les œuvres complètes de ceux-là. Notre Narbonnais aux sourcils noirs, à la mèche combattante et à l’accent épais et râpeux comme le vin lourd de la Clape, est décrété trop monotone. Certes bien sûr il a écrit des centaines de poèmes, mais en fait toujours les mêmes vous dit-on, comme ce pauvre Vivaldi avec ses concertos. C’est ne rien vouloir comprendre aux mouvements imperceptibles de l’infini. Mais qui encore écrit comme cela de nos jours, qui va aussi loin dans la réalité du silence ? Sa lecture demande la complicité des nuits haletantes où tout est suspendu.
"Qu'est-ce que c'est qu'un grand homme méconnu ? C'est comme un arbre dont les branches constamment taillées et retaillées le laisseraient se développer d'abord tout en racines. L'épanouissement en hauteur n'en serait que plus luxuriant après, mais ceci n'est dit que pour l'œuvre. De l'homme, autant dire, évidemment, que ce n'est rien". Une suite de mots infiniment simples, d’objets familiers, de sensations connues, et leur mise en ligne dans le poème conduit aux grands mystères. En se mélangeant ces morceaux de briques élémentaires font un château hanté. Sa poésie semble se refermer hautaine sur de l’ombre entrevue, elle nous ignore nous de l’autre côté de la feuille blanche, elle nous résiste, nous sourit comme un sphinx. À vous de voir et de savoir nous dit-elle, chat noir parmi les chats noirs. Il a fait partie de l’équipage du Bateau-Lavoir, jusqu’en devenir l’astrolabe. Il est le théoricien de la poésie et du cubisme. Reverdy aura été ce charbonnier au fond des forêts des fougères d’images et des arbres sombres, il aura allumé bien des feux où le quotidien a fait naufrage. Il a traqué "Cette émotion appelée poésie". Il lui a fait rendre gorge. On veut tendre les mains pour saisir les sens du texte, celui-ci se dérobe, se replie, s’enfuit de l’autre côté de la page. Oui chez Reverdy tout est dans les replis. Mais ils semblent tissés de rosée et d’inquiétude, alors on n’ose les dérouler. Il procède par replis, lentes énumérations, lisières des choses. Mais contrairement aux surréalistes, il refuse le hasard non contrôlé des images. Et il refuse d’être un simple médium passif du monde. Lui l’ascétique, le converti au catholicisme en 1926, et très vite désillusionné, refuse le jeu. Il met toujours son existence en balance dans ses mots. Ses poèmes "ne sont qu’entre les lignes". Il faut les deviner, passer par leur ambiguïté, leurs flaques de silence et de verre, leurs tourbillons d’ombre, leur musique d’ombre. L’univers de Reverdy est un univers mouvant, incertain. Il faut savoir s’y perdre, se chercher dans ses déchirures, ses signes énigmatiques. Il met les mots à la suite "comme un tas de pierres". Ils continuent à tenir debout malgré tous les vents du temps.
"Mémoire sans éclat où rien n'est enfermé. Esprit qui se rendort aussitôt qu'éveillé. La nuit d'un œil hagard contemple le désastre". Pourtant il nous faut lentement déplier les strates d’émotions, faire sécher sur la table des sentiments les draps humides de ses dérobades. Ses poèmes refusent de fournir la moindre aspérité où s’accrocher, pas de prise, le vertige plus bas, il faut escalader à mains nues en créant ses propres voies. Et nul ne vous assure, vous tomberez tout au fond, sans rappel aucun. Pas de chemin, pas de balise, une zone proche de celle que décrivait Tarkovski dans "Stalker", on sait que s’y trouve une source d’éternité, d’apaisement, mais on ne la voit qu’avec un cœur pur, donc jamais. La poésie de Reverdy se situe dans une autre échelle de temps, qui paraît immobile pour nous, qui vit à l’intérieur de lui-même. Inquiet, il regardait vivre le monde et ne voulait pas le suivre. Il se fait grand silence dans les poèmes de Pierre Reverdy. Les mots sont inquiets, ils font le guet, les chemins tournent vers le rien, le temps est suspendu mais cela doit être un piège, il va nous tomber dessus, au-delà du toit. Les catastrophes sont tapies, elles ne se montrent pas, on voit leurs ombres à contre-lune. Une porte craque, et en se refermant sur elle-même elle tombe dans le grand vide. Les choses lentement s’effacent, tombent alors au ralenti dans ce drôle d’espace-temps que sont les poèmes de Reverdy. Toute en impression fugitive, sa poésie semble rester la patte en l’air, figée par ce qu’elle seule a vu, et que nous ne voyons pas encore. Ce descendant d’une lignée de tailleurs de pierre savait ce que voulait dire le geste juste, le geste sobre, le geste d’éternité. Son père lui avait appris le vent dans la montagne, la lecture et l’écriture. Il connaissait le poids du pain, le poids des choses, la difficulté de l’amour. Une inquiétude qui sourd, un climat de suspension avec le terrible tapis devant la porte. Quelque chose est passé ou va passer, et le simple frémissement du vent est peut-être notre heure dernière. Des mots élémentaires, des phrases courtes, simples à pleurer. Des ombres furtives de mots. La poésie de Reverdy ne dit pas, elle chuchote. L’angoisse est aux aguets. Le temps s’arrête. L’invisible marche de long en large. Ses pas craquent jusqu’à nous. Pudique il parlait peu de sa vie, il sera simplement mentionné qu’il est né le treize septembre 1889 à Narbonne, qu’il aura été imprégné des odeurs de la Montagne et de la mer, qu’il aura connu Paris et ses artistes dès 1910.
"La poésie a été mise au monde par l'homme et elle ne peut être ailleurs que dans lui, mais il la cherche dans la nature comme s'il l'avait laissé échapper". Là il débarque dans les brumes de la ville et des locomotives. Il aura froid, il aura faim. "En ce temps-là le charbon était devenu aussi précieux et rare que des pépites d’or et j’écrivais dans un grenier où la neige, en tombant par les fentes du toit, devenait bleue". Il parlera peinture comme ses amis peintres, Juan Gris, Picasso, Braque. Il parlera poésie comme ses amis poètes, Apollinaire, Max Jacob. Ses premiers poèmes en prose sont de 1915. Sa revue emblématique "Nord-Sud" est lancée début 1917. Avoir quasiment instauré sur terre la religion du surréalisme ne lui suffira pas. L’immensité de ses manques ne pouvait se résoudre dans la traque de l’invisible et du surréel. Ses doutes et son cheminement spirituel le conduisent à rompre avec le brillant littéraire et s’installer à Solesmes en 1926, aux portes de l’abbaye. Il n’a même pas trente-sept ans. Il ne trouvera jamais la clé de la porte, et comme dans un conte de Kafka, restera dans l’antichambre où le gardien lui dira que cette porte n’était que pour lui. Veilleur, il n’aura pas vu l’ennemi venir car "la prière est inconnue aux habitants de l’ombre". Le dix-sept juin 1960, il meurt à soixante-et-onze ans, à Solesmes, dans "cet affreux petit village où il fait toujours froid". Dans la solitude et l’exigence. Il voulait alors vivre et mourir dans la même tempête, ce fut une tempête de silence et de questions. Il écrira peu en ce lieu, toujours tendu vers Paris. Sa poésie est traces de passage, avertissement des feuilles qui craquent, de la nuit qui rôde. Il est totalement limpide, dangereusement limpide, aux frontières de la transparence et de la disparition. Nous ne sommes plus sur la terre ferme, mais dans l’infini volatil. Pierre Reverdy est le cristal de l’attente, il sait rendre le flottement dans les flaques des jours, et ses mots en marge sont "une lutte contre le réel tel qu’il est". Il rend palpable ce qui ne peut être retenu, ce qui se dissout dans une angoisse tapie, et dans la déchirure des nuits froissées. Il retisse l’invisible dans la couture de l’incertain. Il fait de la poésie "un réel humanisé" en transformant par sa création le quotidien en l’énergie de drames intérieurs que nous ne pouvons que deviner. Un grand mystère passe sur la poésie de Reverdy. Grande est sa fascination. Un souffle obscur où il est question de lui, question de nous. Tous ces manques, ces absences, ces trous de mots, sont emplis de cette vie qui nous cristallise. La poésie de Reverdy est lourde, lourde de sens, et lucide, secrètement aimantée par les rêves des pierres. Une flamme sourde. Mouvants reflets d’un monde très proche et étranger à la fois. Dans sa poésie une étrange partie se joue. Nous ne voyons pas les cartes. Et c’est pourtant notre destin qui se joue face à nous et sans nous. Le vent se tait, la voix se tait. Sans bruit, la neige de ses mots tombe sur nous. Grâce lui soit rendue.
Bibliographie et références:
- André du Bouchet, "Envergure de Pierre Reverdy"
- Claude Cailleau, "Dans les pas de Pierre Reverdy"
- Michel Collot, "Reverdy selon Du Bouchet"
- Michel Collot, "Horizon de Reverdy"
- Jean-Claude Coquet, "La poésie de Reverdy"
- Valéry Hugotte, "Vertige de la poésie, Pierre Reverdy"
- Odysseas Elytis, "Pierre Reverdy entre la Grèce et Solesmes"
- Mortimer Guiney, "La Poésie de Pierre Reverdy"
- Gil Pressnitzer, "Pierre Reverdy, une poésie aux aguets"
- Jean-Baptiste Para, "Pierre Reverdy"
- Gaëtan Picon, "Poétique et poésie de Pierre Reverdy"
- Jean Rousselot, "Pierre Reverdy"
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Adam Hughes est un artiste et dessinateur de bande dessinée américain, né le 5 mai 1967 à Riverside dans le New Jersey. Connu pour son travail dans l'industrie du comic book, Adam Hughes a acquis une réputation pour son habileté à dessiner des personnages féminins de manière particulièrement "émoustillante" (dirais-je pudiquement) et détaillée. Ses œuvres les plus célèbres incluent son travail sur des titres tels que "Wonder Woman" chez DC Comics, où il a su mettre en valeur le personnage de Diana avec un style distinctif et glamour.
Au-delà de ses contributions mainstream, Adam Hughes est également reconnu pour ses illustrations qui explorent des thèmes plus matures, y compris le fétichisme et le bondage. On se régalera de ses déclinaisons du personnage de "Black queen". Ces thèmes sont souvent explorés à travers ses couvertures variantes et ses travaux personnels, où il joue avec des éléments de mode et de style qui évoquent le fétichisme, tels que des costumes en latex et des poses suggestives. Ces illustrations montrent souvent des personnages en positions de pouvoir ou de soumission, jouant ainsi avec les dynamiques de pouvoir de manière visuelle et artistique.
Bien que ces aspects de son travail puissent être moins présents dans ses contributions aux séries principales de super-héros, ils sont une partie intégrante de son identité artistique lorsqu'il s'agit de ses projets personnels. Adam Hughes utilise ces thèmes pour explorer les aspects de la sensualité, de l'esthétique et de la personnalité des personnages, offrant une perspective unique sur le portrait et l'iconographie.
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"Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, picoté par les blés, fouler l’herbe menue: rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien, mais l’amour infini me montera dans l’âme, et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, par la nature, heureux comme avec une femme. Assez vu, la vision s’est rencontrée à tous les airs. Assez eu, rumeur de ville, le soir, et au soleil, et toujours. Assez connu, les arrêts de la vie. Ô Rumeurs et Visions. Départ dans l’affection et le bruit neufs". "Départ". Ce titre de poème hante le destin de Rimbaud, lu volontiers comme l'annonce de ce qui sera un geste sans retour, l’abandon de la poésie. Pourtant, ce jeune homme résolu aura inscrit, au cœur même de son œuvre, une mise en mouvement, dont sa vie témoignera comme une poésie en acte. Feuilleter ainsi l’œuvre de Rimbaud peut revenir à mettre ses pas dans les formulations: "Je m’en allais, j’irai en avançant". "Départ" récuse le connu au sein même des "Illuminations", Il est la forme la plus fidèle d’une vie marquée par l’itinérance, forme épurée, lapidaire, emblématique d’une vie à l’intérieur de laquelle l’écriture s’insérera comme un aspect, privilégié certes, d’une aventure qui demeure exceptionnelle, placée sous le signe de la fulgurance. L’infatigable marcheur a largué les amarres. "Bateau ivre", il se livre à une attitude de scandale, interpelle quelques interlocuteurs, rédige rageusement une série de poèmes qui seront livrés à la publication, brocarde ses pairs, décide d’une rupture sans retour pour parcourir le monde. Écrire se révèle comme l’une des facettes d’une quête radicale, sans concession, visant l’affirmation d’une vraie vie. Lorsqu’il se donne congé de l'activité littéraire, Rimbaud se met en partance. Pour cela, il s’adonne à l’apprentissage de langues étrangères afin de sillonner des pays, ainsi qu’à l’exercice de métiers hétéroclites. Sans doute a-t-il pressenti combien l’aventure artistique ne pouvait aucunement constituer pour lui un cadre d’inscription pour son énergie désirante. Mallarmé a dit qu’il s’opéra vivant de la poésie. Certes, il quitte le cercle des poètes, mais précisément en accomplissant les prescriptions de Ronsard par le corps. Ce qui le porte excède la poésie. Œuvre et biographie se fondent, s’aventurent. Un beau matin de l’année 1854, le vingt octobre plus précisément, naît Jean Nicolas Arthur Rimbaud ou "l’homme aux semelles de vent", de Frédéric Rimbaud et Marie Catherine Cuif. Le jeune homme, dès son plus jeune âge, s’illustre par ses succès scolaires et son caractère rebelle. Il écrit, alors âgé de sept ans, "À mort Dieu" sur un mur d’église. Alors que ses réussites semblent lui promettre un avenir radieux, son professeur de quatrième, Mr Perette, pressent déjà toute la complexité du garçon: "Il finira mal. Rien de banal ne germera dans sa tête. Ce sera alors le génie du Bien ou du Mal".
"J’écrivais des silences, des nuits, je notais l’inexprimable. Je fixais des vertiges. La nature est un spectacle de bonté. Le sommeil d'amour dure encore, sous les bosquets l'aube évapore". Il est le deuxième enfant d'une paysanne, Vitalie Cuif, venue vivre à Charleville, et d'un militaire qui longtemps servit en Afrique, le capitaine Frédéric Rimbaud. Arthur a un frère aîné, Frédéric. Deux sœurs, Vitalie et Isabelle, compléteront cette famille vite appelée à se défaire. Le capitaine abandonne son foyer. Les enfants désormais vivent alors sous la sévère tutelle de leur mère, que Rimbaud appelle la"mère Rimbe", "la daromphe" ou la "bouche d'ombre" en souvenir du poème homonyme de Victor Hugo. Petite ville, petits esprits. Comment sortir de ce monde du second Empire sur lequel Napoléon III, surnommé Badinguet, exerçait son pouvoir ? Rimbaud découvre le milieu scolaire et, par là, paradoxalement, une certaine forme d'évasion, celle qui passe par les livres et les langues. Il s'évade dans les narrations qu'on lui donne et surtout dans ces étranges compositions en vers latins, exercices imposés aux collégiens de cette époque. Il brille dans ces morceaux imitatifs où, à sa manière, il réinvente le langage. On reconnaît ses mérites, et pour la première on le publie alors dans le très sérieux "Bulletin de l'Académie de Douai". Puis ce sont ses premiers poèmes en langue française, "Les Étrennes des orphelins". Dès l'âge de huit ans, Rimbaud fréquente l'Institut privé Rossat, à Charleville. En 1865, il entre au collège. C'est sur les bancs du collège qu'il rencontre Ernest Delahaye. Né un an avant Rimbaud, Delahaye noue avec le jeune Arthur des liens d'amitié qui se prolongeront toute sa vie. Certaines des lettres échangées entre les deux hommes ont été conservées et sont importantes pour retracer la vie du jeune poète, mais surtout aussi pour comprendre son rapport à la création littéraire. Au collège, Arthur se révèle vite être un "fort en thème" peu commun, remarqué et encouragé alors par ses professeurs. En 1869, Rimbaud a quinze ans. Toujours collégien, c'est un excellent latiniste: "Jugurtha", publié avec trois autres de ses compositions latines dans "Le Moniteur de l'Enseignement Secondaire" lui vaut alors le premier prix du concours académique. Entré en classe de rhétorique, il rencontre Georges Izambard. Cet enseignant lui fait lire Victor Hugo,Théodore de Banville, Rabelais et lui ouvre sa bibliothèque. La mère de Rimbaud n'apprécie pas l'amitié entre le jeune garçon et le professeur qui ne correspond pas à l'éducation stricte qu'elle entend donner à ses enfants. Izambard jouera un rôle important pour Rimbaud. il conserve notamment ses premiers textes dont l'ouvrage "Un cœur sous une soutane".
"Ah, quel beau matin, que ce matin des étrennes. Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes. De quel songe étrange où l'on voyait joujoux, bonbons habillés d’or, étincelants bijoux, tourbillonner, danser une danse sonore, puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore". En mai 1870, Rimbaud envoie à Banville trois poèmes, espérant leur publication dans la revue du "Parnasse contemporain": "Sensation", "Ophélie, et "Credo in unam", intitulé plus tard "Soleil et Chair". Ces vers ne seront pas publiés mais une revue, "La Charge" , lui ouvre deux mois plus tard ses pages pour "Trois Baisers", connu sous le titre "Première Soirée". À la fin du mois d'août, Rimbaud quitte Charleville pour gagner Paris. Le dix-neuf juillet, la France est entrée en guerre contre la Prusse. Rimbaud espère sans doute assister à la chute de l'empereur, affaibli par la bataille de Sarrebruck. Il est arrêté dès son arrivée dans la capitale. Il appelle Izambard à l'aide. Le professeur parvient à gagner Paris, fait libérer le jeune homme et le reconduit à Charleville à la fin du mois de septembre. En octobre Rimbaud fugue une nouvelle fois. Il part pour Bruxelles, puis Douai où il débarque dans la famille de Georges Izambard. Il y recopie plusieurs de ses poèmes. Ce recueil que Rimbaud confiera au poète Paul Demeny, ami d'Izambard, est connu sous le nom de "Cahier de Douai". Il participe probablement aux événements de la Commune de Paris pour laquelle il semble s'être passionné. C'est sans doute à ce moment qu'il compose "Les déserts de l'amour", où mûrit déjà ce qui fera le corps de la "Saison en enfer". Cette année-là, Rimbaud rencontre Auguste Bretagne. Cet employé aux contributions indirectes de Charleville a connu Paul Verlaine à Arras. Bretagne, passionné de poésie, féru d'occultisme, buveur d'absinthe encourage le jeune poète à écrire à Verlaine. Rimbaud, aidé de Delahaye qui joue les copistes, envoie quelques poèmes. Verlaine s'enthousiasme pour ces textes qu'il diffuse dans son cercle d'amis. Il prie Rimbaud de le rejoindre à Paris. À la fin du mois de septembre, il débarque dans la capitale. C'est sans doute juste avant ce voyage qu'il compose le "Bateau Ivre". À Paris, Rimbaud loge d'abord chez les parents de Mathilde, la femme de Verlaine, mais il se rend indésirable, et est bientôt contraint de se réfugier chez Charles Cros, Forain et Banville. Le jeune poète participe avec Verlaine aux dîners des "Vilains Bonshommes" et aux réunions du "Cercle Zutique" au cours desquelles la joyeuse bande compose alors des pastiches dont certains sont consignés dans un cahier, désigné par ses quatre éditeurs sous le nom d'"Album Zutique".
"On s'éveillait matin, on se levait joyeux, la lèvre affriandée, en se frottant les yeux, on allait, les cheveux emmêlés sur la tête, les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête". Les deux poètes hantent les cafés du Quartier latin. Ils mènent une vie dissolue, de provocation en beuverie. Mathilde Verlaine, excédée, quitte alors Paris pour Périgueux avec son fils. Verlaine, troublé par ce départ, écrit à sa femme une lettre suppliante. Mathilde lui fait savoir qu'elle n'acceptera de rentrer que si Rimbaud est renvoyé. En mars 1872, Rimbaud regagne les Ardennes. Mais Verlaine parvient à le faire revenir à Paris en mai. Il ne loge plus chez les Verlaine, mais dans une chambre rue Monsieur-le-Prince, puis à l'hôtel de Cluny. Début juillet, Rimbaud et Verlaine partent pour la Belgique. Mathilde découvre alors à Paris les lettres que Rimbaud a adressées à son mari de février à mai. Elle part aussitôt pour Bruxelles pour tenter de récupérer Paul. Verlaine accepte dans un premier mouvement de rentrer à Paris mais s'esquive au dernier moment. Début septembre, Rimbaud et Verlaine sont en Angleterre. Leur misère est grande et Verlaine est préoccupé par le procès en séparation de corps que Mathilde vient de lui intenter. Les deux poètes se séparent, Rimbaud retrouvant les Ardennes à la fin du mois de décembre. À la mi-janvier 1873, Rimbaud reçoit une lettre de Verlaine qui se dit malade et mourant de désespoir à Londres. La mère de Paul, toujours prompte à tout faire pour son fils, se rend à son chevet. Elle offre à Rimbaud l'argent du voyage. En avril, Verlaine et Rimbaud passent d'Angleterre en Belgique. Peu après, il rentre à la ferme familiale de Roche. Il commence à rédiger" Une saison en enfer". Mais Rimbaud s'ennuie. il rencontre de temps en temps Delahaye et Verlaine à Bouillon, à la frontière franco-belge. C'est là que Verlaine entraîne à nouveau Rimbaud vers l'Angleterre, à la fin du mois de mai. Les deux hommes se querellent et Paul prend au début du mois de juillet l'initiative d'une rupture. Il laisse Rimbaud sans un sou à Londres et gagne la Belgique, espérant renouer avec sa femme. L'échec de la tentative de réconciliation le conduit à rappeler Rimbaud auprès de lui à Bruxelles, mais les deux hommes se querellent encore. Verlaine tire deux coups de feu sur son ami qu'il blesse au poignet. Rimbaud est conduit par Verlaine et sa mère à l'hôpital Saint-Jean où il est soigné.
"Et les petits pieds nus effleurant le plancher froid, aux portes des parents tout doucement toucher, on entrait, puis alors les souhaits en chemise, Les baisers répétés, et la gaieté permise". Madame Verlaine persuade son fils de laisser partir Rimbaud mais, sur le trajet qui mène le trio à la gare du Midi, Verlaine porte la main à la poche où se trouve son revolver. Rimbaud s'affole et trouve la protection d'un agent de police. Arthur ne souhaite pas porter plainte, mais l'affaire est aux mains de la justice belge, Verlaine écope de deux ans de prison. Rimbaud n'est que légèrement blessé. Il sort de l'hôpital le vingt juillet et passe l'hiver dans la ferme familiale de Roche. En mars 1874, Rimbaud se trouve à Londres en compagnie de Germain Nouveau, un ancien du cercle zutique qui l'aide à copier des poèmes des "Illuminations", mais ce dernier décide bientôt de rentrer à Paris. Rimbaud se retrouve seul et désemparé. Il donne alors des leçons de français puis se résigne à retourner dans les Ardennes. Un an plus tard, il part pour l'Allemagne. Il est embauché comme précepteur à Stuttgart. Fin mars 1875, Rimbaud quitte Stuttgart avec, maintenant, le désir d'apprendre l'italien. Pour ce faire, il traverse la Suisse en train et, par manque d'argent, franchit le Saint-Gothard à pied. À Milan, une veuve charitable lui offre alors opportunément l'hospitalité. Il reste chez elle une trentaine de jours puis reprend la route. Victime d'une insolation sur le chemin de Sienne, il est soigné dans un hôpital de Livourne, puis est rapatrié le quinze juin à bord du vapeur "Général Paoli". Débarqué à Marseille, il est à nouveau hospitalisé quelque temps. Après avoir mûri des projets pour découvrir d'autres pays à moindres frais, Rimbaud reprend la route en mars 1876, pour se rendre en Autriche. Le périple envisagé tourne court. Dépouillé en avril à Vienne par un cocher puis arrêté pour vagabondage, il est expulsé du pays et se voit contraint de regagner Charleville. Désormais, il mène une vie de vagabondage, avec l'idée de trouver un emploi dans ce monde moderne. Ingénieur, agent de cirque, mercenaire. On le verra successivement dans tous ces rôles en Europe et même à Java, qu'il atteint en 1876 avec d'autres légionnaires volontaires recrutés par l'armée coloniale holandaise. Il déserte, revient sous un nom d'emprunt, Edwin Holmes, à bord d'un bateau de faible tonnage qui manque de naufrager.
"La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde. La vie est la farce à mener par tous. Ah, voici la punition. En marche. Votre cœur l'a compris, ces enfants sont sans mère. Plus jamais de mère au logis et le père est bien loin". La suite de ces pérégrinations le mènera par deux fois à Chypre, en 1879 et 1880. Il doit interrompre ce deuxième séjour pour une cause qui reste peu claire, mais on peut croire qu'il prit la fuite à la suite de la mort, accidentelle ou motivée, de l'un des ouvriers qu'il avait sous sa coupe. Après avoir fait escale dans plusieurs ports de la mer Rouge, il se fixe à Aden où, pour le compte de l'agence des frères Bardey, il surveille un atelier de trieuses de café. Mais très vite il va servir, comme employé d'abord, comme directeur ensuite, dans leur factorerie de Harar, cette importante ville de quarante mille habitants au sud de l'actuelle Éthiopie. Harar n'appartenait pas encore aux Abyssins, mais était administrée par des égyptiens. Là, Rimbaud fait alors du commerce, achetant de l'ivoire, du café, de l'or, du musc, des peaux, en vendant ou échangeant des produits européens manufacturés. Il reconnaît aussi quelques régions jusque-là inexplorées, comme l'Ogadine, et transmet régulièrement un rapport à la Société Française de Géographie. En 1885, il signe en janvier un nouveau contrat d'un an avec Bardey. Lorsque, en juin, il entend parler d'une affaire d'importation d'armes dans le Choa, il dénonce son contrat et s'engage dans l'aventure. Il s'agit de revendre cinq fois plus cher à Ménélik, roi du Choa, des fusils d'un modèle devenu obsolète en Europe, achetés à Liège. Parti en novembre pour Tadjourah prendre livraison des fusils et organiser une caravane qui les acheminera jusqu'au roi, Rimbaud est bloqué plusieurs mois par une grève des chameliers. Il en profite pour nouer de nouveaux contacts.
"L'étoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles, l'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins, La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles et l'homme saigné noir à ton flanc souverain". En avril, la caravane est enfin prête à partir quand Rimbaud apprend l'ordre transmis par le gouverneur d'Obock. À la suite d'accords franco-anglais, toute importation d'armes est interdite dans le Choa. Rimbaud cache son stock dans le sable afin d'éviter une saisie. Il se plaint auprès du Ministère des affaires étrangères français, fait diverses démarches. Apprenant en juin qu'une expédition scientifique italienne est autorisée à pénétrer dans le pays, il s'arrange pour se joindre à elle. Malgré l'abandon de Labatut, principal instigateur de l'affaire et la mort de l'explorateur Soleillet, il prend en septembre la tête de la périlleuse expédition. Une chaleur de soixante-dix degrés pèse sur la route qui mène à Ankober, résidence de Ménélik. Il ignore que, pendant ce temps, "La Vogue" publie en France des vers de lui et une grande partie des "Illuminations". Il arrive à Ankober le six février, mais le roi est absent. Il doit gagner Antotto à cent-vingt kilomètres de là. Le roi l'y reçoit, accepte les fusils mais fait des difficultés au moment de payer. Il entend déduire de la facture les sommes que Labatut mort récemment d'un cancer lui devait, et invite Rimbaud à se faire régler le reste par Makonen, le nouveau gouverneur de Harar.
"J'ai tendu des cordes de clocher à clocher, des guirlandes de fenêtre à fenêtre, des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse. Un soir, j’ai assis la beauté sur mes genoux et je l’ai trouvée amère". Rimbaud fait donc route vers Harar, avec l'explorateur Jules Borelli. Il parvient à se faire payer par Makonen, mais il n'a rien gagné sinon, comme il l'écrit au vice-consul de France à Aden le trente juillet, "vingt et un mois de fatigues atroces". À la fin du mois de juillet, il part au Caire pour se reposer. Rimbaud est épuisé, vieilli, malade. "J'ai les cheveux absolument gris. Je me figure que mon existence périclite", écrit-il à sa famille. Dans une lettre au directeur d'un journal local, "Le Bosphore égyptien", il raconte son voyage en Abyssinie et au Harar. Les lettres envoyées à la fin de cette année témoignent de ce découragement. Rimbaud se plaint de rhumatismes et son genou gauche le fait souffrir. Il a pourtant assez de courage pour faire paraître dans le journal "Le Bosphore égyptien" une étude traitant de l'intérêt économique du Choa. Ce travail sera transmis à la Société de Géographie. Rimbaud songe un moment à se rendre à Zanzibar, puis à Beyrouth, mais un procès, lié à l'affaire Ménélik, le rappelle en octobre à Aden où il tente sans succès de faire du commerce. Rimbaud est à Aden au début de l'année 1888. En mars, il accepte de convoyer une cargaison de fusils vers Harar, mais renonce alors à une seconde expédition. Peu de temps après, il fait la connaissance d'un important commerçant d'Aden, César Tian, qui lui offre un poste de représentation à Harar. Rimbaud accepte, d'autant plus qu'il pourra en même temps travailler à son compte. Pendant trois ans, Rimbaud importe, exporte, mène ses caravanes à la côte. Mais il souffre de plus en plus.
"Les soirs d’été, sous l’œil ardent des devantures, quand la sève frémit sous les grilles obscures, irradiant au pied des grêles marronniers, hors de ces groupes noirs, joyeux ou casaniers, Je songe que l’hiver figera le Tibet, d’eau propre qui bruit, apaisant l’onde humaine, et que l’âpre aquilon n’épargne aucune veine". En 1891, Rimbaud est atteint d'une tumeur cancéreuse au genou droit, aggravée par une ancienne syphilis. Le quinze mars, il ne peut plus se lever et se fait transporter à Zeilah sur une civière. Il s'embarque pour Aden: "Je suis devenu un squelette, je fais peur", écrit-il à sa mère le trente avril. Le neuf mai, il se fait rapatrier et arrive le vingt-deux mai à Marseille où il entre à l'hôpital de la Conception. L'amputation immédiate de la jambe s'avère nécessaire. La mère de Rimbaud accourt alors à Marseille. Le vingt-cinq, l'opération a lieu. Rimbaud est désespéré. "Notre vie est une misère, une misère sans fin. Pourquoi donc existons-nous ?", écrit-il à sa soeur Isabelle le vingt-trois juin. À la fin du mois de juillet, Rimbaud, en a assez de l'hôpital. Il retourne à Roche où sa sœur Isabelle le soigne avec dévouement. Mais la maladie progresse et l'incite a revenir à Marseille où il compte sur les bienfaits du soleil et aussi sur la possibilité d'un retour en Afrique où ses amis l'appellent. Il arrive à Marseille à la fin août, en compagnie d'Isabelle qui l'assistera jusqu'à sa mort. Son état empire, il se désespère. Après une courte période de rémission, Rimbaud connaît plusieurs semaines d'atroces souffrances. Sa sœur parvient à lui faire accepter la visite d'un aumônier qui conclura bien légèrement à la foi du moribond. Il meurt le dix novembre. Il est âgé de trente-sept ans. Son corps est ramené à Charleville. Les obsèques se déroulent le quatorze novembre dans l'intimité la plus restreinte. Il est inhumé dans le caveau familial. Il n'y eut qu'un seul article dans la presse faisant alors état du décès d'Arthur Rimbaud, dans la rubrique nécrologie du journal "L'Écho de Paris" du six décembre 1891.
"J'ai embrassé l'aube d'été. Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombres alors ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes. Et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit". "Le malheur a été mon dieu", écrivait-il dans "Une saison en enfer". Ce bouillonnement intérieur, cette tempête faisant rage dans ce crâne abîmé, l’a suivi depuis l’éveil de ses sens et de sa conscience, et l’a conduit dans les strates les plus profondes de l’esprit humain. Toute sa vie, ce malheur, causé par le saisissement d’une réalité infernale, l’a poursuivi jusqu’à sa mort. Grâce au "dérèglement des sens" qu’il opérait à travers alcools, haschisch ou expériences sexuelles débridées, le jeune homme brillant est passé de modèle à fauteur de troubles. Refusant courbettes et génuflexions aux normes sociétales, cherchant l'épanouissement avec pour seul but de se déclarer "voyant" et de tirer la substance de son âme à travers la poésie, le dessein de Rimbaud semble avoir été de débusquer le sens profond d’une réalité décevante et affreusement dérisoire. Toute son œuvre, Arthur Rimbaud l’a écrite en six ans, entre l’âge de quinze et de vingt-et-un ans, puis il s’est tu à jamais. Ce silence, devenu mythe, ce mutisme poétique et quotidien reflète sans doute l’impossibilité ou le renoncement d’un poète torturé à communiquer ses sentiments et ressentis. En six ans, c’est comme si toute l’absurdité de l’existence lui était apparue dans sa poésie, une vérité saisie entre deux bouteilles d’eau de vie à la Alfred Jarry, de nombreux épisodes délirants marqué de jeux, ou autres provocations obscènes et blessantes vis à vis de ses pairs. En six ans, Rimbaud a ouvert tant de portes tellement larges sur la présence d’une réalité enfouie dans celle que l’on perçoit, qu’il arrive parfois que l’on doute de leur légitimité. Mais ses écrits demeurent, et nous rappellent à chaque instant la complexité de la vie qui fourmille dans nos corps, et le paradoxe de l’existence, miracle passé dans une prison sans gardien ni barreaux. Rimbaud se dépossède du verbe à vingt-et-un ans pour ouvrir d’autres pistes. Il a utilisé toutes les clefs du trousseau de l’écriture. Pour ouvrir de nouvelles portes, il lui faut d’autres outils. Il n’appartient pas à la République des lettres, et déclare aux poètes de son temps: "Je ne suis pas des vôtres". Il devient alors "l’homme aux semelles de vent" décrit par Verlaine.
"La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom. Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins et à la cime argentée je reconnus la déesse. Alors je levai un à un les voiles. Dans l'allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l'ai dénoncée au coq. Au réveil il était midi". Il l’a toujours été, il n’a jamais tenu en place, c’est un bohémien dans l’âme. La route est omniprésente dans ses poèmes:"Je suis le piéton de la grande route". "J’ai dans la tête des routes dans les plaines souabes, des vues de Byzance, des remparts de Solyme". Il cherche les cités splendides, la voie blanche, la brèche. Il décline le verbe aller à tous les temps. "J’allais sous le ciel, dans ma bohème". "J’irai dans les sentiers". Il écrit en marchant: "Petit Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course des rimes". Adolescent, il a gagné Paris à pied en six jours. En Abyssinie, il écrit à sa sœur Isabelle, qu’il parcourt entre quinze et quarante kilomètres par jour. Il cherche sans fin le lieu de l’illumination, dans la brousse par le sentier des éléphants, au désert en tête des caravanes qu’il mène des montagnes du Harar aux côtes de la mer Rouge. C’est le grand pèlerin du XIXème siècle. Un concentré de Lawrence d’Arabie et de Charles de Foucauld. Il aurait parcouru soixante mille kilomètres. Paul Verlaine, le sédentaire qui s’échappait dans l’absinthe, le surnommait avec admiration "le voyageur toqué". Rimbaud voulait se tenir libre. Toute sa vie, il a désiré l'invisible.
"Elle était fort déshabillée, et de grands arbres indiscrets, aux vitres jetaient leur feuillée, malignement, tout près, tout près. Assise sur ma grande chaise, mi-nue, elle joignait les mains. Sur le plancher frissonnaient d’aise, ses petits pieds si fins, si fins". A-t-il saisi ce qu’il voulait saisir ? A-t-il eu la vision du sens profond de ce qui l’entourait ? Ce jeune homme a-t-il, seul, compris la vie ? La réponse à ces questions figure dans ses poèmes, et chacun peut y voir ce qu’il désire appréhender. La réalité d’une strate supérieure au prosaïsme du monde, ou sa dimension purement illusoire. "Le talent, c’est le tireur qui atteint un but que les autres ne peuvent toucher. Le génie, c’est celui qui atteint un but que les autres ne peuvent même pas voir", a écrit un jour Schopenhauer. Arthur Rimbaud était ces deux tireurs. Son autodestruction, souhaitée, ne fut-elle pas une étape obligatoire dans l’affirmation de son talent ? La souffrance qu’il s’est infligée, avec laquelle il se mutilait en écrivant sur ce qui germait en lui, n’était-elle pas nécessaire pour entrevoir l’invisible ? Rimbaud incarne une génération artistique, et peut-être même humaine. Les tabous, ou plutôt verrous, imposés par les normes des sociétés occidentales furent explosés par la volonté du poète, et ce besoin irrépressible d’expérimenter les facettes de l’existence, bien trop précieuse et courte pour passer à côté. La renaissance, ou plutôt la naissance, voilà ce qu’était le véritable objectif de Rimbaud. Naître spirituellement pour pallier à une naissance physique et matérielle sans grand intérêt. Ses dernier vers et sa prose en général laisse penser que cette tentative d’accouchement fut vaine. Il reste seulement à espérer que ce grand personnage de la poésie française réussit à percevoir alors ce qui l’obsédait tant.
"Je regardai, couleur de cire un petit rayon buissonnier papillonner dans son sourire et sur son sein, mouche ou rosier. Je baisai ses fines chevilles. Elle eut un doux rire brutal qui s’égrenait lentement en claires trilles, un joli rire de cristal". Au seuil de sa vie se produit la catastrophe, une douleur au genou contraint au retour en France. La suite est connue, il est amputé et meurt. Sa folie ambulatoire n’a pas trouvé "le lieu et la formule". Le sans limite des terres d’Arabie n’a pas fait cadre au sans limite énergétique de cet homme qui a fini par échouer dans le désastre du retour. Cet homme n’a eu de cesse d’intriquer l’écriture à sa manière si personnelle de parcourir le monde qu’il nous laisse sur la question de savoir ce que la pratique d’écriture n’écrit pas, au sens où un écrit permet l’oubli, un oubli structurant qui offre de tourner la page pour s’orienter vers l’avenir. Quête jamais démentie d’un désir si farouche de s’avancer aux confins d’une vie à inventer, résonne comme un cri, cri jamais entendu car il n’avait pas de lieu où s’adresser. La méthode du voyant au blanc de lapage, le travail harassant au sol d’Arabie, nomadisme revendiqué s’abîment d’un corps défaillant, par défaut d’un autre corps, du corps d’un autre sur lequel sculpter, graver. L’ambiguïté du personnage achève de le rendre captivant. Pour Paul Claudel, Rimbaud fut touché par la grâce. Pour André Breton, préfigurant l’écriture automatique, il fut le précurseur du surréalisme. En menant jusqu'à leurs plus extrêmes conséquences les recherches de la poésie romantique, Rimbaud n'aura pas seulement bouleversé la nature de la poésie moderne, il aura aussi interverti l'ordre de la création poétique. Désormais, l'exigence lyrique précède l'œuvre, qui trouve alors son aboutissement, et non sa légitimité, dans la seule vie.
Bibliographie et références:
- Alfred Bardey, "L’archange, Arthur Rimbaud"
- Georges Izambard, "Rimbaud tel que je l’ai connu"
- Ernest Delahaye, "Mon ami Arthur Rimbaud"
- Jean-Baptiste Baronian, "Dictionnaire Rimbaud"
- Jean-Marie Carré, "La vie aventureuse d'Arthur Rimbaud"
- Marcel Coulon, "La vie de Rimbaud et son œuvre"
- Claude Jeancolas, "Arthur Rimbaud l'africain"
- Jean-Jacques Lefrère, "La vie d'Arthur Rimbaud"
- Henri Matarasso, "La vie d'Arthur Rimbaud"
- Jean-Philippe Perrot, "Rimbaud, Athar et liberté libre"
- Pierre Petitfils, "Arthur Rimbaud"
- Enid Starkie, "La vie d'Arthur Rimbaud"
- Jean-Luc Steinmetz, "Arthur Rimbaud"
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Pendant ces deux semaines, nous avons beaucoup échangés par téléphone avec Monsieur Gilles. Il m'appelait chaque jour, en, fonction de ses poses et des ses rendez-vous. J'attendais chaque jour ses appels avec impatience, seul les week-ends étaient longs sans nouvelles de Lui. Dès le lundi matin, j'avais posé mes jours, du lundi au jeudi. J'avais prévenu mon épouse que j'avais une formation pendant trois jours et que je ne serai pas joignable. Tout était en place et chaque jour j'avais une petite boule au ventre en attendant le lundi après-midi!!!
Le jour venu, je suis préparé selon les ordres de Monsieur, avec et rasage complet de tout le corps. et suisparti largement en avance. Monsieur m'avait demandé d'aller dans un sex-shop acheter deux plugs, un petit et un moyen... Je me suis donc rendu dans un des sex-shop de la gare à Nantes...ce n'était pas le choix qui manquait !!! Je me suis porté vers des plugs en silicone noir, un bâillon boule en silicone noire également, et des bracelets en cuir pour les poignets et les chevilles...je devais avoir tout ce que Monsieur m'avait demandé!
A 17h, j'étais comme convenu à la porte de son appartement. Je sonnai. Il est venu m'ouvrir, mais ne m'a pas laissé entrer. Après avoir regardé a droite et à gauche, il m'a ordonné de me déshabiller, là, sur le palier ! Mort de honte je me suis mis nu! Après m'avoir fait attendre quelques minutes, il m'a laissé entrer....heureusement, personne n'était passé sur le palier !!!!
Poses tes affaires et viens me rejoindre dans la salle. Tu as tout ce que je t'ai demandé?
- Oui Monsieur j'ai les deux plugs, les bracelets, le bâillon
Parfait, donne-moi tout cela. Pour le moment c'est moi qui ait un cadeau pour toi.
Il me donne un petit paquet tout noir, avec un ruban rouge.
Je l'ouvre devant lui et j'en sors un anneau en métal....
- Merci Monsieur...mais qu'est-ce que c'est??
- Ah tu ne connais pas ? C'est un cockring ... Tu vas le placer à la base de ton sexe, derrière tes couilles....allez exécution !
Ce n'est pas si simple de placer ce cockring quand on n'a pas l'habitude...J'ai du m'y reprendre à plusieurs fois ! Le fait de bander n'arrangeait rien... Mais tant bien que mal j'ai réussi à placer cet anneau.
-Très Bien tu le porteras désormais tant que nous serons ensemble, je t'interdis de le retirer même s'il te fait un peu mal au début, tu t'y habitueras tu verras!
-Bien Monsieur, mais je devrais le garder quand je serai à la maison, même pour travailler?
- Bien sur, c'est la marque comme quoi tu m'appartiens ! Tu vas le porter en permanence! 24h sur24, 7 jours sur 7. Et pendant que tu seras avec moi tu porteras celui-ci.
Et il me tend un anneau beaucoup plus petit. La pose est beaucoup plus facile, même si mon gland se met à gonfler et à devenir foncé....
Approche toi, tend moi tes bras !
A genoux je lui tends les bras, il y attache les bracelets, puis c'est au tour des chevilles. Il termine en me mettant un collier de cuir noir, qu'il ferme d'un petit cadenas... Lui seul pourra me le retirer désormais...
- Bien tu vas aller à la cuisine, tu vas commencer par passer l'aspirateur, puis tu prépareras le diner.
- Bien, Monsieur
Comme je me dirigeai vers la cuisine, je l'entends dire:" à 4 pattes... Ici les soumis marchent à 4 pattes devant leur Maître !" Je mis à 4 pattes pour aller chercher l'aspirateur à traineau dans le placard. Je le branchai et commençai à le passer, quand arrivant derrière moi il l'arrêta et me dit: "pas comme cela"
Il avait une cordelette à la main...il la passa dans le cockring et dans l'anneau à la base de mon gland... puis l'attacha à l'aspirateur.
-tu dois le trainer sans y toucher avec les mains... Tu peux te mettre debout pour le passer tu seras plus efficace...
Chaque mouvement de l'aspirateur me tirait sur les couilles et le gland....au début cela me faisait un peu mal mais très vite cette petite douleur s'est transformée en un grand plaisir!!! Et je sentais que je mouillais de plus en plus la cordelette...
ce "supplice" dura une bonne vingtaine de minutes. Il a fallu que je passe et repasse pour que tout soit parfait!
Bien maintenant tu nous prépare un repas léger.... un potage cela ira très bien pour moi
Bien Monsieur..... ( Mais pourquoi, j'avais été lui dire que je savais cuisiner et que j'aimais cela????)
Le diner préparer il a fallu le lui servir, mais monsieur voulait un service spéciale.
Petit plateau attaché comme l'aspirateur et dessus le potage, un verre, assiette et les couverts…Je peux vous garantir que marcher avec un plateau entre les jambes ce n'est pas simple, mais quand en plus chaque pas vous tire sur le bas ventre cela devient vraiment une tâche compliquée !!! J'ai quand même réussi à ne pas faire tomber trop de potage sur le plateau !!! Malgré cela, comme il y avait quelques gouttes sur le plateau, j'ai eu le droit à une bonne fessée... C'était la première que je recevais depuis mon adolescence...Et je ne me souvenais pas que cela chauffait autant !!!!
Apres le diner de Monsieur, j'ai tout ramené à la cuisine sur le même plateau, mais c'était plus facile car il ne restait pas grand chose....
Vaisselle Monsieur, m'a dit habille toi nous sortons
Pantalon, chemise, veste ...
voila très bien, je veux que tout le monde voit bien ton collier, de toute façon là ou nous allons cela ne choquera personne!
MAis...... Non rien Monsieur....
PArfait, alors en route
Nous sommes partis près du château d'Anne de Bretagne à Nantes, un petit Bar qui s'appelait Plein Sud .
Monsieur était visiblement bien connu dans ce Bar, il y avait surtout des hommes, et quelques femmes qui discutaient entre elles. On salua un groupe d'hommes, visiblement des copains de Monsieur....
Monsieur me présenta comme son soumis....
Il est mon soumis depuis peu, mais je t'assure qu'il est fait pour cela....Il,apprend vite et aime visiblement cela.... Jete l'amènerai demain on verra comment il réagira!!!
Je ne comprenais pas très bien ce qu'ils voulaient dire....
- Approche toi ...
Je fis un pas vers l'homme qui venait de m'adresser la parole....
Sa main se dirigea directement vers mon entrejambe...
- ne bouge pas ! Ecarte un peu les cuisses...
Bien Monsieur , cet homme à ouvert ma braguette et à sorti mon sexe ...bien tu portes déjà les marques de ton Maître....C'est parfait.... Rhabilles-toi!
Tout en me rhabillant je les entendais parlé et piercing et de tatouage....Heureusement Monsieur refusa en disant que c'était beaucoup trop tôt...
Monsieur s'est assis, je me suis placé derrière lui, entre lui et l'homme qui m'avait parlé....
- Quoiqu'il arrive tu ne bouges pas, compris?
- Oui Monsieur
Au début je n'ai pas compris le pourquoi de cet ordre, mais au bout d'un moment l'homme à côté de moi s'est mis à me caresser de façon de plus en plus explicite!... PAs question de déplaire à Monsieur... je me suis laissé faire, j'avais honte de ne pas réagir et en même temps je trouvais cela tellement bon....
Comme nous étions dans un recoin de la salle, l'homme qui visiblement commandait le groupe m'a ouvert la braguette, puis m'a sorti une nouvelle fois mon sexe.... je bandais terriblement, et le cockring et l'anneau rendaient mon sexe monstrueux...ce qui n'est pas le cas d'habitude, je ne suis pas fortement membré...loin delà!!!
- En plus, il aime cela...pourtant avec ton anneau il doit avoir mal...et pourtant regardez comme il bande la salope ! Par contre, tu l'amènera à Josiane, pour qu'elle lui fasse une vraie épilation.... Tu t'es rasé quand?
- Ce matin Monsieur
- Parfait, Tes poils commencent à repousser, donc jeudi matin ils seront à la bonne longueur.... Tu l'amènes jeudi matin à 10h au salon elle saura quoi lui faire!
- Mais jeudi je ne peux pas, je travaille...
- Je ne veux pas le savoir tu seras jeudi matin à 10h au salon, pour le reste tu te débrouilles...
- Bien Monsieur
Nous sommes restés encore un peu, monsieur me caressait discrètement, tout en parlant avec les autres. Puis nous sommes rentrés à l'appartement.
- Tu dois être crevé... pour une première soirée tu as été gaté ... Il ne t'a même pas gifflé....tu dois lui avoir plû!!! tu seras bien le premier que je lui présente et qui ne se fait pas rabrouer aussi sec ! Tu es vraiment une belle petite lope tu sais !
Monsieur avait préparé un petit matelas, au pied de son lit, il m'a attaché les poignets dans le dos...
- Pas question que tu te touches cette nuit ! Je te mets le réveil à 6 h pour demain matin, le temps que tu prennes ta douche et que tu prépares mon petit -déjeuner pour 8h30...
- Bien Monsieur...
Monsieur s'est couché et je suis resté un long moment a genoux sans trop savoir quoi faire, voulait-il que je le suce ? Comme il ne disait rien j'ai décidé de m'allonger sur le petit matelas et d'essayer de dormir….
à suivre .../...
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Bonjour, la petite foule des obsédé(e)s de la cravache, des boules de geishas et des plugs anaux! Etant féru d'histoire, je me suis permis de commettre la petite fantaisie ci-dessous, en espérant qu'elle aura l'heur de vous divertir un peu...
Madame de Montespan se sent un peu fébrile en ce chaud début d’après-midi de juin 1667. Etant la nouvelle favorite du souverain, elle arpente nerveusement les nombreuses pièces de l’appartement que lui a donné le Roy, sis au premier étage du château de Versailles encore en chantier. Cet avantage a donné lieu a bien des commérages malveillants, mais Madame n’en a cure car elle sait qu’elle est la plus belle de la Cour…
Madame est seule entre ses 4 murs, elle a donné congé à la valetaille et aux dames de compagnie. A chaque fois qu’elle passe devant un miroir (et ils sont nombreux), elle ne peut s’empêcher de vérifier encore si sa perruque est bien poudrée, si la mouche collée sur sa joue fait bon effet, et si la robe à crinoline en vogue en cette période affine bien sa silhouette (la réponse est oui, sans aucune contestation !)
Madame s’arrête enfin devant la grande fenêtre et regarde d’un air absent les courtisans et courtisanes qui s’égayent dans le grand parc. Puis elle sourit en pensant pourquoi elle se sent si troublée et elle se souvient…
Elle se souvient qu’il y a quelques jours, Louis l’avait invitée à passer la journée et surtout la nuit au domaine de Marly. Etant au centre de toutes les attentions (et de toutes les jalousies), la journée avait été merveilleuse pour elle entre jeux divers, concerts de musique et dîner somptueux.
Malheureusement, la nuit avec Louis qui aurait dû atteindre des sommets, a viré au fiasco…En effet, en cette nuit tiède et triste, et malgré des efforts méritoires, Louis n’avait pas été en mesure d’honorer Madame comme il se doit… Bref, on lui avait « noué l’aiguillette ! »
Ceci aurait pu en rester là si le naturel de Madame n’avait pas repris le dessus sous la forme d’un rire sonore et humiliant. Cette sortie malheureuse avait irrité le Bourbon au plus haut point, et il s’était brusquement dressé dans le grand lit en pointant un doigt accusateur sur Madame, toujours secouée par son fou rire plutôt malvenu.
« Il suffit, Madame ! Votre conduite est indigne de votre rang ! Puisque c’est ainsi, Nous viendrons ce mercredy et userons de la badine sur votre croupe insolente ! » (Louis utilisait toujours le « Nous » pour parler de “Lui” !) Il se savait libre cette journée, n’ayant pas d’impôt nouveau à lever ni de guerre à déclarer…
Il s’était rhabillé et avait quitté la chambre royale en claquant la porte. Mauvais signe…
Ainsi, devant sa grande fenêtre, Madame sait qu’elle va bientôt être fouettée par le plus grand souverain de son époque. Un sourire énigmatique anime ses lèvres pendant que, de façon instinctive, elle passe sa main vers l’arrière de la crinoline…
Soudain, des bruits de pas qui approchent la font sursauter. Les pas (ceux de Louis et des huissiers) se sont arrêtés devant sa grande porte. Déjà, Louis frappe sur l’huis à trois reprises avec sa canne à pommeau d’argent.
Docile, Madame s’approche lentement pour lui ouvrir. Lorsque la porte sera ouverte, elle sait que l’Histoire va s’écrire…
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Je referme bien mon manteau pour aller jusqu’à la voiture, ma robe est vraiment courte, à chaque pas que je fais elle remonte, si bien qu’elle arrive au-dessus de mes fesses avant d’atteindre la voiture, heureusement que mon manteau m’arrive au mollet.
Sur la route, l’excitation mais aussi le stress monte. Je ne sais pas pourquoi je suis stressée dans le fond… Les dix minutes de route passent vite.
Arrivé devant l’Ambassade, nous sortant de la voiture, je regarde Monsieur, les yeux pétillants et je l’embrasse. C’est la dose de courage dont j’avais besoin.
L’homme à l’accueil nous explique le fonctionnement du club étant donné que c’est la première fois que nous y allons. Il nous propose également une visite que nous refusons ; nous découvrirons par nous-même.
Les portes s’ouvrent sur une salle avec un bar sur le côté, des cages, des bars de pole dance. Il y a des banquettes un peu partout autour de la pièce. Il n’y a pas encore beaucoup de monde. Nous prenons un soft pour nous mettre dans l’ambiance puis allons fumer une cigarette. On remarque une piscine à l’extérieur, ça doit être vraiment sympa l’été.
Une fois terminé, on rejoint les escaliers qui mène ce pourquoi on est là, la red room.
Un fauteuil tantrique est posé à l’entrée, suivi d’un grand coin câlin, au bout du couloir des cris se font entendre. Nous retrouvons un couple qui regarde deux femmes en train de se donner du plaisir. L’une d’elles est positionné sur un banc à fessée, pendant que son amie s’occupe de son anatomie. Je suis déçue que la salle soit prise …
Maître décide alors de revenir vers le fauteuil tantrique. Je m’assoie dessus en lui exposant mon dos. Quoi de mieux pour commencer et me chauffer la peau que les griffes d’ours. Je me détends sur leur passage, je savoure les sensations. D’abord cette douleur légère lorsque qu’elle parcourt ma peau, puis les picotements qu’elles laissent sur leur route et la chaleur qui émane et se diffuse dans mon corps. Je ne sais pas combien de temps nous restons là dans cette position.
Maître me relève et me dis à l’oreille « je vais t’énerver un peu plus ». Il attache la laisse à mon collier et me fait avancer jusqu’à la grille ouverte, là ou les 2 femmes se trouvent avec un homme. Il me fait mettre à genoux et je profite du spectacle. Je m’imagine avec ces magnifiques créatures, rajoutant des gémissements aux leurs, les mains de mon Maître me caresse les cheveux. L’une est maintenant a genoux offrant une fellation à l’homme présent pendant que l’autre l’embrasse. Ils ont tous les trois l’air de bien profiter du moment. Cependant je ne peux m’empecher de me dire qu’ils peuvent faire ça n’importe où plutôt qu’ici… ils se contentent d’essayer les divers meubles, c’est frustrant. L’homme part laissant les femmes s’amuser seule. La jolie brune s’applique à procurer un cuni en regardant sa complice avec un regard de braise. Un autre couple arrive et entre dans la pièce, la femme suce son mari pendant que celui-ci regarde les plaisirs saphiques de ces voisines. Je suis choquée qu’ils se soient incrusté comme ça, tous les spectateurs étant resté devant la porte pour leur laisser un semblant d’intimité. Mais bon, nous sommes dans un club libertain, la porte était ouverte, c’est leur droit.
Les femmes ont décidé de quitter la pièce, je regarde Maître, c’est à notre tour. Mon pouls s’accélère.
Je me mets en position nadu et j’attends les instructions, Maître s’installe, pose les accessoires, je demande la permission d’enlever mes talons. Mettre tire sur ma laisse et je me relève. Il saisit un de mes poignets et l’accroche à la menotte. Je lui demande s’il peut serrer un peu plus mais c’est au maximum. Zut … mes petits poignets n’ont jamais de chances avec les menottes. Il attache le deuxième, je dois me mettre sur la pointe des pieds pour pouvoir l’aider. Il détache ma laisse et me bande les yeux. Je le remercie intérieurement, me priver de la vue me permet de rentrer plus facilement dans ma bulle.
La musique du club en bruit de fond ne m’empêche pas d’essayer de reconnaitre et deviner quel accessoire il prend. Je suis toujours trop curieuse. Il prend les griffes, parfait ! Je baisse la tête, profite, ma respiration est d’abord calme, puis de plus en plus rapide à mesure que la douleur fait grimper mon excitation, il passe sur mon dos, sur mes fesses, je me cambre pour ressentir encore plus. Il passe aux roulettes de Waternberg. Ces roulettes avec ces pointes sont délicieuses sur ma peau chauffée.
Une fois que Maître a suffisamment préparer mon corps pour lui, il prend sa nouvelle acquisition, le martinet en cuir, il commence doucement, ne sachant pas comment je vais réagir à ce nouvel instrument. J’adore son impact lourd sur le haut de mon dos, sur mes fesses, ce n’est pas douloureux, je lui dis « vert » Il frappe alors plus fort, de plus en plus vite, de plus en plus intensément, je gémis, je me rapproche de l’orgasme. Il s’arrête et vient caresser mon clitoris qui pulse, je vais jouir ! Mais il le sait, et je sais qu’il ne me laissera pas atteindre l’orgasme, pas tout de suite, c’est trop tôt.
Il se pense à mon oreille « Je crois que tu fais peur aux gens » - « ah bon ? C’est pas grave ! »
Il est temps pour lui d’essayer son cadeau d’anniversaire, nous en avions parler en amont, il m’a prévenu qu’il irait doucement. Il déplace le meuble qui le gène puis frappe fort dans le vide. J’entend le fouet frappé l’air, le claquement du crackers … ça m’émoustille ! Le prochain coup arrive sur le haut de mon dos, il me caresse, un coup a droite, puis à gauche, les fesses c’est agréable, je ressens des frissons dans tout mon corps. J’ai besoin que ce soit un peu plus fort, je le signal à Maître par un « vert ». Il appuie un peu plus les coups, sans pour autant me faire mal. Je sais qu’il faudra du temps pour s’accommoder à ce nouvel instrument.
La cravache vient ensuite, sa morsure cinglante, piquante m’arrache quelques cris un peu plus fort. Maître me confie que le manche vient de casser, il reprend alors le nouveau martinet. Les lanières de cuir viennent effleurer, frapper, s’incruster sur ma croupe et sur mon dos. Toujours à l’affût de mon état, il me demande « et la c’est quelle couleur ? » Je réfléchi un instant, je n’approche pas de ma limite, la force, l’intensité et pile ce qu’il me faut, pour la première fois je dis « bleu ». Nous n’avions jamais utilisé ce code auparavant, mais il est sorti tout seul. Je pense que Maître a compris puisqu’il continue l’impact de la même manière.
Je m’envole de plus en plus, je suis dans ma bulle partager entre douleur et plaisir. Un orgasme me saisit sans crier gare. Maître se rapproche de mon oreille, m’attrape par les cheveux et me dis « Est-ce que je t’avais donné l’autorisation de jouir, salope ? » - « Non, Maître. Pardon Maître » Il tire un peu plus fort sur mes cheveux pour me faire pencher la tête en arrière et m’embrasse. Pas un de ses baisers tendres, non, un baiser qui se veut possessif, brutal, qui m’enflamme.
Il reprend la danse avec le martinet, je ne tarde pas à retourner dans ma bulle, toujours plus loin, je n’ai plus conscience de ce qu’il se passe autour de moi, je perds pieds, je m’abandonne totalement dans un cri. Mes jambes flanches sous-moi. Mon Maître me détache les poignets et me prends dans ses bras, je remonte peu a peu à la surface.
Quelques minutes après, Maître me demande de prendre position sur la chaise. L’assise bouge, mes jambes sont maintenues relevées et écartées, et je vois mon Maître s’assoir sur le tabouret juste en face. Il me regarde dans les yeux, il doit y voir tout le désir que j’ai pour lui à ce moment. Son regard est perçant, enivrant, excitant et perturbant, je ne peux m’empêcher de baisse les yeux. C’est alors qu’il se penche en avant et commence à jouer avec mon bouton magique. Je m’arc-boute dans le fauteuil. Mes gémissements remplissent la pièce au rythme de sa langue qui me lèche, m’aspire, me mordille. J’essaie de retenir l’orgasme, je veux profiter encore de sa langue experte sur mon intimité sensible. Cependant, il me connaît par cœur, il sait que je suis au bord du précipice… C’est là qu’il choisit d’accélérer encore, il me regarde et je comprends, sans qu’il n’ait à parler. Je jouis fort, bruyamment, je suis essoufflée, mon cœur bas la chamade, j’ai l’impression qu’il va sortir de ma poitrine.
Maître veut immortaliser le moment, il me demande de m’agenouiller devant la croix pour prendre une photo souvenir. La photo est magnifique ! Pendant qu’il range le matériel, je remets mes chaussures, je sais que je vais me souvenir de cette première séance en club pendant très longtemps.
Nous redescendons dans la salle principale et commandons un verre de soft, j’ai soif d’avoir crié. Nous allons fumer une cigarette. Nous discutons de la séance, apparemment des personnes n’ont pas apprécié le spectacle, jugeant cela « malsain ». Je ne comprends pas le jugement, que ça ne leur plaise pas est une chose, et ils en ont le droit, mais de là à dire que c’est « malsain » … nous sommes quand même dans un club libertin, le lieu où les corps se rencontrent, avec un complice ou un inconnu. La soumission n’est pas malsaine, c’est une manière de vivre, un choix que j’ai fait qui me procure un cadre, un bien-être, un bonheur au quotidien. Je n’ai jamais été aussi heureuse et libre de ma vie, et tout cela, je le dois à mon Maître. Cette remarque à fait tiquer Monsieur aussi. Il a apprécié la séance même s’il aurait aimé pouvoir changer certain aspect. D’abord la musique, trop forte et pas le style qu’il nous arrive d’écouter pendant les séances. Ensuite le meuble trop proche de la croix qui l’a gênée plusieurs fois. Enfin la lumière rouge de la pièce qui était trop prononcé, il aime se fier aux couleurs de mes marques pour savoir ou taper, avec quelle force, la lumière l’en empêchait. Quand on est du côté du receveur, on imagine pas comment le cadre est important, la charge mentale qu’il faut pour à la fois penser au plaisir de sa partenaire mais aussi à sa sécurité, mais aussi à veiller aux spectateurs au alentours afin qu’ils ne prennent pas un coup par erreur.
Au retour dans la salle, nous nous installons dans un canapé, une femme magnifique, aux cheveux court, commence à danser autour de la barre de pole dance. Je n’arrive pas a décrocher mon regard d’elle, je la trouve gracieuse, terriblement sexy. Elle retourne au bar auprès de la personne qui je pense est son conjoint, j’en profite pour aller la voir et lui dire que j’ai adoré son spectacle. Cette fois-ci, nous commandons une bière, elle retourne sur la barre et recommence ses acrobaties, attrape la barre, tourne autours, se balance en arrière… elle me donne chaud, surtout quand elle retire ses couches de vêtements au fur et à mesure. Je regarde l’heure, il est bientôt 1h, les bains vont bientôt ouvrir, j’ai envie de me prélasser dans l’eau chaude pour détendre mes muscles engourdis. Maître baille de plus en plus, il est fatigué de sa petite nuit par ma faute et de notre journée. Je lui demande s’il préfère rentrer à l’hôtel, même si moi j’aimerai rester encore un peu… Effectivement, la fatigue se fait de plus en plus forte, nous fumons une cigarette avant de partir. Nous allons récupérer le sac avec les accessoires dans le casier. Je jette un œil aux coins câlin, et ouvre la porte de la balnéo, mais il y a un couloir qui m’empêche de voir à quoi elle ressemble. Je suis quand même dessus de ne pas avoir pu profiter plus du lieu, mais le bien-être et les désirs de Monsieur passe avant les miens. J’ai passé une excellente journée, une merveilleuse séance avec l’amour de ma vie, c’est tout ce qui compte.
Nous nous sommes couchés dans les bras l’un de l’autre un peu plus d’une heure après notre arrivé à l’hôtel, en ayant pris soin de mettre le réveil pour pouvoir profiter du petit déjeuner, la nuit va être courte.
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"La Soumise" est un roman érotique écrit par Tara Sue Me, traduit par Sylvie Cohen, qui plonge le lecteur dans une exploration des dynamiques de pouvoir entre un dominant et sa soumise. Situé dans le cadre fastueux de New York, le livre raconte l'histoire de Nathaniel West, un jeune et brillant PDG qui cache un penchant pour la domination, et Abby, une libraire avide de nouvelles expériences qui choisit de devenir sa soumise. Ce premier tome ouvre les portes d'un univers où la soumission n'est pas seulement physique, mais émotionnellement transformative.
Au cœur de "La Soumise" se trouve la complexe dynamique entre Nathaniel et Abby. Le roman, rehaussé par un contexte BDSM clairement défini, dépasse souvent les simples conventions du genre érotique pour questionner les limites de la confiance et du consentement dans les relations de pouvoir. La relation entre les protagonistes est intense, mélangeant érotisme et émotions brutes, ce qui pousse Abby à se questionner sur sa propre identité et ses désirs.
Comment ne pas penser voir dans cet ouvrage des similitudes entre "La Soumise" et le célèbre "Fifty Shades of Grey". Bien que les deux romans partagent des thèmes de domination et soumission, "La Soumise" se distingue par son approche plus directe et explicite des scènes érotiques, et par un développement de personnage qui met en lumière les conflits internes de Nathaniel, un dominant à la fois implacable et protecteur.
Les critiques ont réservé un accueil partagé à "La Soumise". Certains louent le roman pour son audace et la profondeur psychologique des personnages. D'autres, cependant, ont exprimé des réserves, pointant du doigt le traitement de Abby par Nathaniel, certains le trouvant trop extrême et dérangeant.
"La Soumise" est indéniablement un pilier dans la littérature érotique moderne, offrant une histoire captivante et des personnages bien développés qui défient les normes traditionnelles des romances érotiques. Pour ceux qui cherchent un livre qui combine érotisme avec une exploration sérieuse des dynamiques de pouvoir, "La Soumise" pourrait être une lecture incontournable.
Pour les amateurs du genre à la recherche d'une œuvre qui mêle passion, érotisme et introspection, "La Soumise" offre un regard nuancé sur une relation peu conventionnelle mais profondément transformative.
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Samedi 6 Avril
Je me réveil, il est 7h30. Maître dort toujours alors je décide de me lever pour le laisser dormir un peu plus, une longue journée nous attend.
Je me prépare un café, lis un peu sur mon téléphone. Vers 8h30, je prépare le café pour Monsieur et lui apporte dans la chambre.
Maître a mal dormi par ma faute, j’ai encore bougé et fait des bruits bizarres dans mon sommeil. Je suis désolée, je n’aime pas quand mon Amour dort mal à cause de moi, même si je n’y peux rien …
Je le prends dans mes bras, nous profitons du calme, puis ma main descend plus bas, pour le caresser. Ce geste que j’adore, qui m’apaise et qu’il adore. Il se tourne sur le côté commence à me caresser puis me dit « Si tu me fais bander, je te baise », c’était déjà trop tard et tant mieux, j’avais terriblement envie de lui.
Il grimpe au-dessus de moi, se positionne entre mes jambes, je suis déjà excitée, par anticipation de la journée, par son érection qui se positionne naturellement contre ma fente humide. Il pousse doucement, c’est tellement bon. J’adore ce moment où je l’accueil, ce moment où il me pénètre, ou nos corps fusionnent. Il me fait l’amour, dans de lent va-et-vient, je me liquéfie, je soupire d’extase. Mon orgasme comme toujours ne tarde pas à venir, je me contracte en tentant de retenir mes cris. Il reprend le rythme, commence à accélérer, j’empoigne ses fesses, un autre orgasme monte, je commence à ne plus pouvoir contrôler mes râles de plaisir, je lâche prise.
Alors qu’il me baise, j’entends mon Maître parler à mon oreille. Ses mots m’électrise « T’es ma salope ! » « T’es ma pute ». Je lui confirme « Oui Maître, je suis ta salope, je suis ta pute » J’aime cette humiliation, le trash-talk à ce pouvoir de me faire vriller, je jouis sous ses pénétrations sauvages que j’aime tant. Je suis enfiévré, je ne me contiens plus, je plane sous l’effet des endorphines.
Maître s’allonge à côté de moi. « Nettoie maintenant »
Je me glisse entre ses jambes, et j’obéis. Je le prends dans ma bouche. Son sexe est luisant de mes jus, je l’aspire, je nous goûte, et ça m’excite. Je m’applique, j’aime m’occuper de Maître comme ça, pour son plaisir et le mien.
Pour augmenter mon plaisir, mon Maître me demande de choisir un gode. Je prends un jouet que j’adore, celui-ci stimule mon point G et aspire mon clitoris. Sur son ordre, je l’allume, mes cris sont étouffés par sa bite au fond de ma gorge. Me faire baiser la bouche en même temps que mon jouet me torture délicieusement le clitoris me procure un orgasme vertigineux.
Mon clitoris hyper sensible, toujours travaillé par le stimulateur, ne cesse de palpiter après cet orgasme. Je sens que je suis de nouveau proche, Maître dois le sentir aussi, il accélère la cadence et me dit « T’es vraiment une grosse salope toujours prête à jouir, t’es bonne qu’à ça ! » Il ne m’en faut pas plus pour pousser un râle d’extase. Je suis essoufflée, j’ai l’impression d’être dans du coton.
Maître m’ordonne de le chevaucher avec le jouet toujours en place. A cause de la forme de celui-ci, la double pénétration est compliquée. Avec son doigt, Maître vient récupérer un peu de mon lubrifiant naturel pour venir titiller mon petit trou qui ne demande qu’à être rempli.
Il me demande de m’allonger sur le ventre, je m’exécute plus excitée encore par ce qui m’attends. Il se place derrière moi et vient rejoindre les vibrations de mon jouet.
« Hummmmm, je suis pleiiiiiiiine » Les contractions d’extase de mon vagin le font sortir. Il prend alors un autre gode, le pousse dans ma chatte détrempée avant de l’insérer dans mes fesses. J’adore cette sensation. Être remplie de cette façon, je me sens encore plus salope. Je le sens se masturber derrière moi, je m’approche encore vers se précipice, je décolle, je cris, je tremble, mon corps ne répond plus. Je suis en trans, épuisée par tous ces orgasmes. Une pause s’impose.
Après quelques minutes, je regarde l’heure, il est 11h, il va falloir qu’on s’active.
On reprend un café et on file sous la douche. Il faut qu’on aille faire des courses avant de partir pour notre week-end. J’enfile une robe à manche longue, évidement sans petite culote, c’est devenu une habitude maintenant.
Lorsque que nous revenons, nous préparons le repas. Je nous sers un verre et accompli le rituel de service.
Une fois le repas terminé, je demande l’autorisation à Monsieur d’aller m’allonger une petite heure, cette matinée m’a bien épuisé, ainsi que les petites nuits de la semaine. Je suis pressée de partir mais j’ai envie d’être en forme pour ce soir.
J’ai à peine dormi, je m’en doutais, je me suis préparé une liste mentale des choses qui me restait à faire, à préparer.
Je me lève, vérifie le sac que j’ai préparé avec les accessoires pour ce soir. Le désir ne quitte pas mon bas ventre. Je termine de rassembler le nécessaire, les sacs sont bouclés, il est 16h, parfait timing.
Je rentre l’adresse de l’hôtel dans le GPS, Monsieur me dit qu’on va commencer par aller au Dorcel Store. Nous avons presque une heure de route.
En arrivant sur place, je vois toute sorte de jouets, d’accessoires, de tenues. Je vais faire ces dernières, j’aime la jolie lingerie, j’aime me sentir belle et désirable dans les yeux de celui que j’aime. Mon Dhom d’amour …
Je relève les yeux mais ne le vois plus, je fais le tour et vois la partie du magasin réservé au BDSM, je sais que je vais le retrouver là.
Il regarde les accessoires, plus particulièrement un martinet en cuir, il me le tend. Le cuir est à la fois doux et lourd, mes yeux s’illuminent. Je tente de frapper ma cuisse avec pour gouter sa force d’impact mais il faut se rendre à l’évidence, je ne suis pas douée pour m’auto-frapper. Monsieur se saisit alors du martinet, je relève mon long manteau. Comme je m’y attendait l’impact est lourd, l’impact est bon. « On le prend » me dis Maître. Dans ma tête je fais la danse de la joie. On continue notre exploration, rigolons de la taille de certain plug XXL, je lui dis que je ne m’imagine pas rentrer ça dans mon cul. Nous allons régler nos achats, je ne pouvais pas rêver mieux comme cadeau pour nos 2 ans. J’ai encore plus hâte d’être à ce soir pour l’essayer.
A notre arrivé à l’hôtel, nous sommes un peu déçus, il se situe au milieu d’immeuble, l’endroit semble peu sûr pour nous qui ne sommes pas habitué aux grandes villes. La chambre est standard, le lit est assez grand et a l’air confortable. Je prends une douche rapide pour me rafraichir et je me maquille. Je termine par un rouge à lèvre rouge mât. On prend un verre et nous partons pour le restaurant que nous avons réservé pour 19h15.
Sur la route, Monsieur peste contre les conducteurs, c’est samedi soir, beaucoup de monde est de sortie. Nous nous rapprochons du restaurant, pas de place de parking, super… On refait le tour, on trouve enfin une place pas très loin.
Nous marchons main dans la main, je fais attention avec mes talons aiguilles de 15cm avec les pavés de la rue piétonne. Le restaurant est un bar à vin qui propose toute sorte de produits régionaux, en planche, en tartine, en salade.
La serveuse nous apporte nos verres de vins, un vin rouge de Saumur pour Monsieur, un Coteaux du Layon pour moi. Nous trinquons à notre week-end en amoureux. Il fait bon sur la terrasse, beaucoup de piéton se promène. Nous nous amusons à les regarder, surtout les femmes. Certaines sont vraiment très belle, on se demande si nous en croiserons en club le soir.
Nous prenons notre temps pour manger, en discutant de tout et de rien. Je me laisse évidement tenter par un dessert. Je demande à la serveuse un café gourmand. Une pana cotta aux fruits rouges, un fondant au chocolat avec une boule de glace vanille et de la chantilly, la grande gourmande que je suis ne pouvait pas espérer mieux.
Il est encore tôt pour aller au club, on décide alors de retourner à l’hôtel. Je me change et met la tenue que Maître à choisi pour moi pour la séance de ce soir. On se pose dans le lit, devant la télé, on se câline gentiment. Monsieur est fatigué, à 22h30 il me dit que si on n’y va pas maintenant il craint de s’endormir. Ok alors c’est parti ! Il prend le sac contenant les accessoires et on quitte l’hôtel.
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A la demande de mon Maître, j'ai rédigé le récit de notre week-end anniversaire. Après l'avoir lu, il m'a dit de le publier. C'est la première fois que je fais ça, soyez indulgent svp😊
Joyeux Anniversaire Maître
Vendredi 5 Avril
Il est 21h, je quitte le travail, à la fois excité, impatiente et stressé. Ça fait plusieurs jours que je stresse de lui offrir son cadeau. Va-t-il aimer ? Va-t-il se fâcher parce qu’il sait que j’ai fait des frais malgré notre manque de moyen ?
Ce matin j’ai rangé le carton dans la bibliothèque, j’attendrais le bon moment pour le sortir.
Lorsque j’arrive à la maison, comme d’habitude, je retire mon manteau et je vais embrasser mon Maître. On discute un peu de nos journées. Il est dans la cuisine et se prépare à manger. J’en profite pour aller aux toilettes mais surtout récupérer le carton, je le cache sous un coussin du canapé attendant le bon moment pour lui offrir. Après avoir terminé la préparation de sa flammenkueche, mon Amour va à son tour aux toilettes. C’est LE moment. Je récupère le carton, me met à genoux son cadeau dans les mains, tête baissée j’attends. Mon cœur s’accélère.
Je l’entends arriver, il s’approche : « Joyeux anniversaire Maître ». Il prend le cadeau, le stresse monte de plus en plus… Il tente de deviner ce que c’est :
« C’est trop gros pour un collier, trop petit pour une Senseo ou une moto » Je souris.
Il n’arrive pas à l’ouvrir, part dans la cuisine chercher un couteau. Je veux voir sa réaction je me penche en avant, mais mon Maître revient devant moi.
Il sort le papier qu’il y a dedans et reconnais le logo du fabriquant de fouet. Je vois son sourire, je suis soulagée, mon cadeau lui plaît. Même s’il fait une remarque concernant le prix, il ne me dispute pas. Ouf !
Je lui donne la petite carte que j’ai faite personnaliser, il la lit avec un sourire. « C’est trop mignon ! Merci Chérie ». Je le prend dans mes bras en l’embrassant amoureusement.
Dans la soirée, il me demande de me positionner debout pour l’essayer, je sais qu’il ne connaît pas cet accessoire qui demande de l’entrainement avant de l’utiliser mais j’ai mes vêtements alors j’obéis et puis j’ai une confiance aveugle en lui. Je ne sens pas grand-chose par-dessus mes vêtements mais le bruit du fouet, le gouter, me procure du désir, j’en veux plus, j’en veux toujours plus …
Nous retournons devant le canapé. Nous partageons sur Instagram le cadeau de Monsieur. Nous discutons, rigolons et finissons par aller nous coucher. La soirée a été calme, trop calme mais avant de m’endormir je lui dis « Même si ton anniversaire se termine dans 15 minutes, ce sera ton anniversaire tout le week-end. » Ce week-end que j’ai organisé pour fêter nos 2 ans de relations ainsi que son anniversaire. J’en frémit d’avance…
Je m’endors en m’imaginant la journée de demain, notre première séance en club, j’ai hâte !
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"Un autre homme m’a fait élargir fantasmatiquement et incommensurablement la collectivité fornicatrice. Il amorçait le dialogue en prétendant qu’il m’emmenait dans une chambre d’hôtel, dont il n’était pas utile de préciser la catégorie. Des hommes faisaient la queue jusqu’au couloir. Combien payaient-ils pour décharger dans mon con ? J’avançais: "Cinquante francs ?" Rectification doucement glissée dans mon oreille: "- C’est bien trop cher. Ils donneront vingt francs pour t'enfiler dans le con, trente francs pour t’enculer. Combien tu vas en prendre ?" - Moi, sachant bien que je sous-estime: "Vingt ?" "Coup de bite un peu sec donné comme un avertissement: "C’est tout ? Trente ! " De nouveau le boutoir au fond de monvagin. "- Tu en prends cent et tu ne te laveras pas. "Il y aura de très jeunes garçons qui déchargeront à peine entrés dans ton con. "Sur ton ventre et sur tes seins aussi, tu seras toute poisseuse." –Tu pourras dormir, ils continueront à te baiser. Et on reviendra le lendemain, le patron de l’hôtel amènera un chien, il y en a qui paieront pour te voir prendre par le chien. "Nous nous vantons souvent d'avoir aimé les romans à succès, surtout ceux qu’on n’a pas lus ou si peu et qui appartiennent au genre éprouvant des ouvrages “qu’il faut lire” parce que toute le monde en parle. La culture prend ici un tour décidément paradoxal. Il y a les livres qui se lisent et dont on ne parle pas et ceux qu’on prétend avoir lus parce qu’on en a entendu parler. Les plus illisibles ne sont pas ceux qu’on croit. Comment lire en effet un livre couvert par la rumeur des médias et des dîners en ville, comment entrer dans un livre qui ne résiste pas, si peu que ce soit, à la lecture et qui s’offre aussi facilement aux bavardages ? Les vrais livres se taisent. On ne sait pas trop encore quoi en penser, on ne les domine pas, on ne les circonscrit pas comme une quatrième de couverture qui se parcourt livre fermé. Il ne s’ensuit pas qu’un livre à succès immédiat, tel celui dont il va être question, soit nécessairement du genre à faire beaucoup de bruit pour rien. Sans doute, la meilleure méthode de s’en assurer serait encore d’aller y voir soi-même. Je ne l'ai pas fait, du moins pour le moment. Mon propos est ailleurs et a tout à gagner à cette ignorance, qui ne tient d’ailleurs, à strictement parler, qu’à celle de la lettre puisque pour ce qu’il en est de l’esprit la rumeur s’est chargée de le propager. L’intention n’est pas critique mais diagnostique. Il ne s’agit pas d’apprécier la valeur littéraire d’un livre mais d’interroger à partir d’un symptôme, d’un détail qui a fait signe d’époque, un mode de fonctionnement de la littérature contemporaine, plus précisément de ce qui s’appelle la demande littéraire. Quel type de fiction requiert un certain lecteur d’aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’il redemande ?
"Je suis toujours profondément admiratrice du temps suspendu dans lequel vivent les baiseurs et qui retient ma sympathie. Il peut s'être passé dix ans, que dis-je vingt ans et plus encore, depuis qu'ils ont joui avec une femme, ils vous en parlent, ou s'adressent à elle, comme si c'était hier." Le roman de Catherine Millet, publié en 2001, best-seller par malentendu, est un spécimen singulier, en apparence très paradoxal d’une telle stratégie anti-libidinale. Ce livre, en effet, n’est ni érotique ni pornographique. Bien que le sujet et les mots s’y rapportant charrient avec eux quelque chose de l’excitation liée à la sexualité, sa lecture n’est que ponctuellement et assez rarement troublante. L’auteur le revendique. "Je me situe dans l’ordre de l’échange verbal, sans intention d'établir une relation érotique, je ne tiens pas du tout à toucher l’interlocuteur ou l’interlocutrice dans le tréfonds de son instinct sexuel" écrit-elle dans l’avant-propos de l’édition de poche. Cette déclaration est cohérente avec la démarche profonde de Catherine Millet telle qu’elle transparaît à travers les aventures de son héroïne. "J’ai cessé d’être vierge à l’âge de dix-huitans mais j’ai partouzé pour la première fois dans les semaines qui ont suivi ma défloration. " L'auteur décrit d’emblée et de façon détaillée une pratique intensive des partouzes durant une période de sa vie qui a duré quelques années quand elle avait entre dix-huit et trente ans. Catherine M., on le comprend vite, n’est pas une jeune fille banale. Elle ne cherche pas la complicité féminine, n’est pas sentimentale, son objectif à cette époque n’est manifestement pas de séduire un amoureux pour la vie. Elle est plutôt un petit soldat du sexe, qui part à la découverte de territoires inconnus et à la conquête d’un destin. Elle évoque en effet une ignorance tardive et obstinée de la sexualité. Elle est passée sans transition de l’innocence des jeunes filles du temps passé, à une pratique licencieuse, sans interdit ni censure. Or que ce soit par les livres, les dictionnaires ou les amies, elle aurait eu les moyens de se renseigner. Cette ignorance est donc à mettre sur le compte d’une inhibition plutôt que sur celui d’un défaut d’information. Son approche particulière de la sexualité n’est sans doute pas étrangère à la levée de cette inhibition première. La volonté de découvrir a fait suite à l’interdit de savoir. Au début de l’âge adulte, la sexualité est, pour elle, un continent inconnu qu’elle a décidé d’explorer. Parallèlement à ce besoin de connaître, elle poursuit un autre objectif qui lui est sûrement tout aussi nécessaire, échapper au destin féminin. Il y a un jeune homme imaginaire en elle, téméraire et libertin, qui transforme ces séances de sexualité collective avec les hommes anonymes du bois de Boulogne ou des boîtes à partouze parisiennes, en autant d’aventures romanesques et mémorables.
"Leur plaisir est une fleur vivace qui ne connaît pas les saisons. Elle s'épanouit dans une serre qui isole des contingences extérieures et qui fait qu'ils voient toujours de la même façon le corps qu'ils ont tenu contre eux, celui-ci serait-il flétri ou rigidifié dans une robe de bure." Elle fait parler son héroïne avec une lucidité autorisant le lecteur à avoir sa propre opinion sur les motivations sous-jacentes de ses choix sexuels. Quand la romancière décide de raconter la vie charnelle de Catherine M., elle englobe manifestementdans le terme vie sexuelle les fantasmes de la petite fille et la pratique de la jeune femme. Mais nous ne sommes pas certains, qu’elle pense, que l’activité particulière de Catherine M., à l’époque des partouzes, avait pour objectif prioritaire d’étouffer le trouble lié aux fantasmes, qu’elle avait, à ce moment-là de sa vie, besoin d’un excès de sexualité pour lutter contre la sexualité psychique. Si le livre n’est pas excitant pour le lecteur c’est qu’il est issu d’une stratégie anti-érotique. En restant maître du jeu sexuel, elle peut en contrôler l’émoi. Cependant, la victoire de la maîtrise sur l’émoi sexuel n’est jamais acquise une fois pour toutes. C’est un combat à mener sans relâche car la pulsion sexuelle est toujours à l’œuvre. Dès que l’on a repéré ce fil conducteur, la lutte contre le trouble, toutes les particularités de la vie sexuelle de Catherine M. à cette époque-là, acquièrent une cohérence. La badinerie, la séduction, la drague, les préliminaires, tous ces moments qui, pour la plupart, précèdent l’acte lui-même confrontent à des degrés divers avec un émoi qui, s’il est souvent recherché, est ici redouté car il perturbe inévitablement le calme intérieur. Mais pourquoi donc ce M. plutôt que Millet, pourquoi cette élision manifestement parodique du nom propre ? L’auteur n’a en effet laissé aucun doute à ce sujet en faisant savoir urbi et orbi qu’elle est bien l’héroïne de ce récit d’une vie libertine, sans compter que Jacques Henric, son compagnon, a fait paraître en même temps un "Légendes" de Catherine M. accompagné de photos sur lesquelles on reconnaît Catherine Millet. Il ne fait pas de doute qu’un des ressorts de l’immense succès rencontré par le livre, tient à l’audace tranquille de la mise à nu de sa vie sexuelle par l’auteur elle-même et au contraste offert par l’image d’une femme douce et posée et l’âpre récit de sa jouissance. On peut y voir l’aveu courageux d’un désir de femme qui mène la danse de ses plaisirs aulieu de se faire le simple objet du désir des hommes. Comme Don Giovanni de Mozart, c’est elle qui compte et tient le catalogue de ses nombreux partenaires. Dans cette affaire libertine, il ne s’agit toujours que de savoir qui est le maître, ou la maîtresse, de cérémonie et qui est la dinde ou le dindon de la farce, bref qui en définitive tient les comptes du petit commerce amoureux entre les hommes et les femmes. Qu’une femme donne son corps n’implique pas qu’elle y perde latête. Ne dit-on pas une femme de tête pour une maîtresse femme ! Un aveu peut donc en cacher un autre. Alors, vertige et égarement du nombre qui chiffre l’excès libertin ou dénombrement de la liste des figurants par la maîtresse de ballet ?
"Je n'ai pas été très étonnée lorsque des critiques hostiles à mon livre ont été exprimées par des gens dont on peut croire, pourtant, qu'ils ont eux-mêmes une sexualité relativement affranchie. Ceux-ci doivent trouver leur plaisir dans la transgression, donc avoir besoin de maintenir des tabous, notamment dans la parole, pour continuer de jouir en cachette." La romancière a beaucoup insisté dans ses nombreuses interviews sur son souci de vérité, souligné en couverture par l’appellation "récit" et signifié dans le titre "La Vie sexuelle de Catherine M." Elle y affirme ainsi sa volonté de témoigner d’elle-même comme s’il s’agissait d’une autre, sans concession aucune à la fausse pudeur ou à l’utopie béate de la libération sexuelle. On n’est pas loin du récit des vies saintes mais au plus loin de l’imagerie sulpicienne, façon Bernanos donc plutôt que curé d’Ars. Charité bien ordonnée commençant par soi-même, Catherine Millet semble vouloir s’appliquer la définition lacanienne du saint, celui qui "décharite" en refusant l’aumône de l’amour ou de la sympathie compréhensive pour mieux dénuder la vérité du désir. On est d’autant plus porté à le croire qu’un constant et puissant rapport a toujours existé entre libertinage et religion, ainsi que l’atteste l’autre grand Dom Juan, celui de Molière. Comment d’ailleurs ne pas y croire quand l’auteur multiplie les "apparitions" télévisuelles ou photographiques pour attester de la troublante identité de l’auteur et de son personnage: "Catherine M., c’est moi !", "M. la scandaleuse, c’est moi !" Elle vient en quelque sorte légender son récit et son personnage en leur prêtant sa voix et son image. Il ne s’agit évidemment pas de lui demander des preuves mais de comprendre pourquoi, vrai ou faux, on la croit et on en redemande. Quelle idée de la vérité et de la littérature se font jour dans cette rencontre d’un livre et d’un public par l’intermédiaire de la personne de son auteur ?
" N'ayant jamais attribué au sexe une valeur sacrée, je n'ai jamais éprouvé le besoin de l'enfermement dans un tabernacle comme le font finalement ceux qui me reprochent de faire tomber tout mystère." Les romanciers sont toujours trop riches d'eux-mêmes. Il leur faut apprendre avant tout à s'oublier un peu pour écrire. Le scandale de la vérité n’est pas dans l’objet du récit lui-même, une vie sexuelle sans doute un peu particulière, il est dans son assomption publique. L’effet de vérité est supposé être dans ce passage du privé au public. Je suis la femme, ou l’ai été, et ne m’en dédis point. Mais pour qui cette vérité, et à quel usage ? Quand Sade écrivait ses romans, il ne prétendait nullement les avoir vécus quand bien même ils n’étaient pas sans quelque rapport avec sa vie, les comptes qu’il tenait étaient ceux de ses personnages et de ses fantasmes, sa littérature était de révolte contre le mur des prisons mentales et des enfermements arbitraires. Catherine Millet n’en est manifestement pas là, alors pourquoi lève-t-elle le voile sur sa vérité ? Témoignage sur une époque, celle des années soixante-dix, qui a fait de la sexualité sa religion ? Oui sans doute. Mais son récit participe manifestement d’un esprit plus actuel qui identifie affichage public des secrets privés et vérité. Ce n’est plus la littérature qui supplémente la vie en lui ouvrant les portes de la fiction ou du sens mais la vie qui sustente la littérature en se proposant d’en être la matière du reportage et du colportage sur la place publique. La vie devient une fiction plus vraie que nature qui s’apparente à un live show. Avant de s’exclamer "Madame Bovary,c’est moi ! ", Flaubert a dû passer par l’épreuve de l’écriture du roman. Il ne l’a pas su avant de s’être projeté dans la fiction de son personnage. Pour s’y retrouver, il lui a d’abord fallu s’y perdre, s’effacer devant lui jusqu’à l’impersonnalité héroïque qui lui donnerait l’occasion de surgir hors de lui dans l’espace romanesque. Le personnage de Madame Bovary est une fiction vraie qui offre à Flaubert de s’y reconnaître parce que la littérature est le masque et le détour nécessaire à la découverte surprenante de soi. "Madame Bovary, c’est moi" n’a rien de l’aveu public d’un secret privé, c'est une vérité sur soi induite par l’écriture même du roman, non une traduction, passage d’un idiome privé à la langue publique, mais une trahison de soi par soi dans le détour de l’œuvre. L’écriture est une trahison de l’auteur par ses personnages.
"Le désir exaspéré est un dictateur naïf qui ne croit pas qu'on puisse ni s'opposer à lui ni même le contrarier. Les plaisirs sont ressentis comme les plus intenses, les douleurs comme les plus profondes lorsqu'ils mobilisent le plus de canaux émotifs, qu'ils drainent une quantité incalculable de souvenirs heureux ou malheureux, d’espérances réalisées ou brisées. " Dans cette mise à nu, très franche et exhaustive, la romancière se meut en Catherine M. en se jouant de la distanciation. L’initiative sexuelle, dont on a vu comment elle avait été utilisée contre le trouble, est ici dirigée contre l’ennui. Ennui qui est lui-même venu se substituer à une timidité dont elle s’est débarrassée, semble-t-il, avec un certain soulagement. Or le lien entre la timidité et le trouble est facile à repérer. On peut dès lors se représenter la séquence suivante: le trouble, associé à des fantasmes sexuels sous-jacents, se traduisait par un état que l’héroïne a identifié comme de la timidité. Cet état émotionnel, même désexualisé s’est révélé pénible, il est alors réprimé et laisse place à l’ennui. Catherine M. ne trahit pas Catherine Millet, elle se contente de la publier en l’exposant au public. C’est en quelque sorte un "ready made" littéraire. On sait que le "ready made" d’invention du champienne consiste en la transformation d’un objet quelconque, banal de préférence, en œuvre d’art par la seule vertu du regard de l’artiste qui décide de son appropriation en l’exposant et en le signant de son nom. Critique d’art connue, elle se traite elle-même selon le destin moderne de l’art qui fait primer la valeur d’exposition sur la valeur d’expression. Mais si l’auteur feint de se dévoiler, il n’est pas sûr qu’elle ne s’en dissimule pasmieux. L’œuvre "ready made" est un artéfact qui soustrait l’objet quelconque à sa valeur d’usage et le coupe de la prose quotidienne lui donnant sens. Loin de consacrer l’intrusion de la réalité dans l’art, il annonce l’artificialisation de toute réalité.
"Comme je me suis décidée à lire les livres dont tout le monde parle ou a parlé, ceux qui font ou ont fait le buzz, me voilà empruntant celui-ci à la bibliothèque." Dans ce court roman où l'écriture cisèle la chair crûment, l'acte sexuel se voit souvent réduit à une focalisation technicisée et décérébrée qui ne se réfère qu'à elle-même, qui n'est attentive qu'à elle-même. Qui plus est, on décèle dans les scènes qui nous sont relatées moins des manifestations d'archaïsme, de primitivité que des pulsions de consommation. Désert de la conscience, vacuité de la considération envers autrui, recherche de la satisfaction égotique immédiate, présence du profit personnel. Ce ne sont donc pas tant les scènes pornographiques vécues qui font récit, que leur restitution-construction dans le paysage mental du sujet écrivant. Pour ce faire, Catherine Millet choisit une écriture visuelle, purement descriptive, privée d’interprétation morale ou amorale, d’effets de séduction. Il ne s’agit aucunement de jouer avec la libido du lecteur ou de la lectrice. La narratrice évoque moins le plaisir brut de sensations corporelles immédiatement vécues, que le plaisir distancié d’une mise en œuvre de sa sexualité. Les actes comptent moins en eux-mêmes que par leur intellectualisation, processus d’archivage et de remboîtement à posteriori dans un champ visuel, textuel et littéraire bien plus large que celui des circonstances et des situations. De ce fait, les mêmes scènes sexuelles semblent se répéter continûment, leur variation ressortant uniquement à l’architecture des corps et à leur inscription dans l’espace physique. Le nombre se rapporte à un fantasme de renouvellement continu et indistinct du partenaire sexuel, renouvellement indifférencié qui place le corps et la conscience dans une sorte de ballottement végétatif. Il y a dans cette idée de destinée et de fatalité quelque chose de romanesque par lequel on peut assimiler l’auteure-narratrice, personne réelle s’il en est, à un personnage de fiction agi par un déterminisme sur lequel il n’a aucune prise, un personnage tenant son rôle sans faillir jusqu’à l’excipit, qui aurait puévoluer tout aussi bien dans un roman de Bataille, de Sade, la violence bien sûr en moins, ou enfin de Pauline Réage.
"Aucun style, l'auteur a posé ses mots tels qu'ils sont sortis de sa tête. L'écriture est lourde, désordonnée, saccadée. Le style me fait penser à des discussions de comptoir ou de blablatages entre copines." Le balancement entre le déferlement et l'abandon de soi se construit dans l'espace du fait de la double position du sujet qui saisit ce qui l’environne et de l'objet saisi. Cette disjonction de l’être qu’enclenche le regard, voir et être vu, est exprimée dans une formulation qui, par sa syntaxe et son lexique, crée elle-même un effet de miroir. Mais le scénario de base, très élémentaire, ne cesse de se reformuler tout au long du texte, chaque acte sexuel n’étant que la réactivation d’une même image mobile, d’un même fantasme nourri depuis l’enfance. Une file indienne d’hommes vient se frotter au corps de la narratrice puis la pénétrer tour à tour, la topographie des lieux et les circonstances variant d’une réactivation du fantasme à l’autre. Si le désir est enclenché par le fantasme, ce dernier ne surgit jamais par inadvertance, il ne prend pas par surprise, il est la résultante d’un processus de reconstruction psychique qui confère à l’activité sexuelle un caractère tout cérébral, caractère souligné par l’auteur qui revient sans cesse sur la concentration mentale nécessaire à produire la scène et enclencher le désir. Viennent alors s’ajouter à cette image toutes celles produites par la filmographie pornographique, enregistrements personnels compris, participant également à générer le plaisir théâtral. Voir pour se voir être vu permet ainsi de briser l’écran entre le fantasme et le réel et de le maintenir. Le plaisir est affaire de clichés, d’images pétrifiées.
"Bref, je suis entrée dans la vie sexuelle adulte comme, petite fille, je m'engouffrais dans le tunnel du train fantôme, à l'aveugle, pour le plaisir d'être ballottée et saisie au hasard. Ou encore : absorbée comme une grenouille par un serpent." Dans ce roman où l'auteur se refuse à la fiction, à la narration et à la psychologie au profit du style de l’inventaire et du documentaire, le vocabulaire pornographique invariablement usité produit un même effet. La romancière prend soin d’utiliser le registre obscène dans ses descriptions, comme les protagonistes le font. Décrire précisément et vertement, c’est porter un éclairage cru, brutal, discordant sur des corps qui devrait être cachés. D’aucuns qui se verraient surpris parun regard extérieur durant un acte sexuel se dissimulerait, par pudeur, par honte, par ridicule. La sexualité nous projette en marge de la société et fait de nous, pour un temps, des êtres asociaux que la rhétorique pornographique associe aumoralement bas afin de rendre visible cette infraction. En usant du mot obscène, elle met en pièces les corps sociaux pour montrer les corps bestiaux, elle force le réel dans la mesure où elle crée l’obscénité là où il n’y a que des corps érogènes. Le mot ordurier vise à exprimer, à extraire l’image absente de ce corps sous-terrain, purement bestial, qui loge au tréfonds de nous, la bête tapie. Dans le dernier chapitre intitulé "Détail", elle aborde pour la première fois le thème duplaisir: "Je n’exagère pas si je dis que, jusqu’à l’âge de trente-cinq ans, je n’ai pas envisagé que mon propre plaisir puisse être la finalité d’un rapport sexuel. Je ne l’avais pas compris." Catherine M. a dû faire l’impasse sur son sexe et son corps. Autant les sexes d’hommes sont précisément décrits et même classés, autant les sexes féminins sont absents. Dix pages avant le point final, il est question pour la première fois du clitoris, "sorte de nœud embrouillé, sans véritable forme propre, un minuscule chaos se produisant à la rencontre de deux petites langues de chair comme lorsque le ressac jette deux vagues l’une contre l’autre." L’imprécision et le flou dominent dans cette évocation alors même que la narratrice ne cesse tout au long du récit de rappeler sa faculté d’observation et son souci de l’exactitude en matière de description. Le corps féminin échappe à la radioscopie, il est conçu pour être sous le regard de l’autre masculin. Comment connaître son propre corps si on ne l’explore pas, si on ne l’écoute pas, si on ne le questionne pas dans sa relation intime au désir et au plaisir ?
"Ceux qui obéissent à des principes moraux sont sans doute mieux armés pour affronter les manifestations de la jalousie que ceux que leur philosophie libertine laisse désemparés face à des explosions passionnelles." Le but non avoué de la romancière n'est-il pas de s'auto-analyser tout au long de son récit, l'écriture remplaçant le divan. Dans la réduction de son nom restreint à l’initiale, résonnant comme un pseudonyme rappelant le masque des libertins, l’auteur mettrait donc en scène la fiction de sa mise à nu. Le libertin est athée et des croyances, il aime faire tomber les masques que par ailleurs il affectionne parce qu’ils entretiennent l’utopie d’une vie sans fard enfin réduite à sa pure et simple nudité. On prétend certes que la vérité sort toute nue du puits, faut-il pour autant en négliger les effets, si bien nommés ? N’auraient-ils pas dans leurs plis et replis beaucoup d’histoires à raconter ? Il était une fois une jeune fille qui, à l’âge de seize ans se piqua le doigt à un fuseau. Victime d’un sort, elle tomba dans un profond sommeil. La "Belle au bois dormant" devait dormir ainsi cent ans et, à son réveil, découvrir le prince charmant. Elle sut d’emblée lui parler car, nous dit Charles Perrault: "Elle avait eu le temps de songer à ce qu’elle aurait à lui dire, car la bonne fée, pendant un si long sommeil, lui avait procuré le plaisir des songes agréables." Certaines femmes éprouvent dans leur vie la nécessité de différer la rencontre amoureuse. "Le sexe avec tant d’ardeur, aspire à la foi conjugale, que je n’ai pas la force ni le cœur,de lui prêcher cette morale." Catherine M. est une "Belle au bois dormant" d’un genre très particulier. Fillette trop excitée par les assauts d’une sexualité précoce et perturbatrice, elle ne peut s’endormir et rêver tranquillement, alors, au lieu de dormir, elle "baise", et elle s’achemine lentement et assez tardivement vers la découverte de tous les plaisirs de la chair, au détriment parfois de la Littérature.
Bibliographie et références:
- Catherine Millet, "La vie sexuelle de Catherine M."
- Louis Aragon, "Le roman inachevé"
- Pauline Réage, "Histoire d'O"
- Robert J. Stoller, "L’excitation sexuelle"
- Jacques Henric, "Légendes de Catherine M."
- Maurice Duchamp, "La septième face du dé"
- Catherine Millet, "Jour de souffrance"
- Jérôme Garcin, "Bis repetita"
- Delphine Peras, "Les partouzes d'une intello"
- Charles Perrault, "Les contes de ma mère l’oye"
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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De temps à autre, mon esprit se laisse à vagabonder en des terres inconnues. Le célèbre "What If ?" qui sert de fondement à de nombreuses séries ou romans.
Dernièrement, c'est ce dernier récit, un fantasme si j'ose dire, de ce qui arriverait si je trouvais la Domina qui me donnait le courage de l'essayer malgré mon engagement familial.
Cette dernière phrase traduit tout sa réalité et toute sa contradiction à travers ce titre.
Prospective, car ce n'est encore jamais survenu.
Outre-rêve, car sait-on jamais.
D'ici là, voici cette histoire, écrite à la première personne, en espérant qu'il plaira.
Le Grand Jour vient enfin. Vous m'attendez divinement habillée. À peine entré, vous me faites me déshabiller, m'encagez, mettez de menottes aux poignets et chevilles, un collier à mon cou avec une laisse pendante sur mon torse frêle. Vous me laissez comme ça pendantes plusieurs minutes, à m'inspecter, vous moquer.
Puis, vous décidez de me "préparer". Vous m'épilez intégralement le pubis et le cul. Vous me faites un lavement anal également. Vous prenez un malin plaisir à m'humilier et à rendre cela, non pas douloureux, mais inconfortable. Vous jouez avec mon sexe encagé. Vous me faites m'agenouiller sur un coussin. Vous attachez mes poignets dans mon dos ainsi que mes chevilles, et m'ordonnez de vous lécher.
Peut-être aurai-je de la chance, alors vous me présentez un sexe parfaitement entretenu. Peut-être souhaiterez-vous m'humilier davantage,et c'est alors à moi de l'entretenir pour vous avec ma langue. Cela dure longtemps, parfois vous me détachez pour que je puisse user de mes doigts également, parfois vous m'allongez pour entamer un facesitting. Vous exigez de jouir, plusieurs fois, sans que mon avis ne compte.
Vous me présentez un gros plug et m'ordonnez de m'empaler dessus. Sans lubrifiant. J'ai une minutes. Si je n'y parviens pas, alors ce sera vous qui me casserez le cul.
Évidemment j'échoue honteusement : le plug est trop gros et le temps trop court ; c'était fait exprès.
Vous m'attachez sur le ventre, le cul bien en l'air, prêt à l'usage, les yeux bandés. Vous commencez à m'enculer sans ménagement, comme un vulgaire trou à disposition. Vous vous enfoncez jusqu'à la garde, avec des godes toujours plus longs et toujours plus gros.
Avec vos poings, vous décidez de me fister. Un poing, deux poings, vous avez décidé de me détruire complètement l'anus.
Cela dure toute la soirée, vous êtes décidée à me dilater le cul au maximum.
De temps en temps, vos faites une pause pour que je vous lèche de nouveau. Malgré ma fatigue, je dois continuer, vous donner vous plaisir, vous prendre en moi, vous lécher et sentir mons sexe compressé dans sa cage sans pouvoir assouvir son désir orgasmique de grandeur.
Quand finalement vous décider d'arrêter, je suis épuisé. Mon cul n'est plus qu'un trou, ma machoire est endolorie, je me sens tel un jouet qui a trop servi ... pour cette fois.
Je n'ai pas eu mon mot à dire sur la durée, les formats et la vigueur de vos mouvements.
Pour finir vous entamez une dernière phase .
Cunnilingus d'abord, on ne change pas un plaisir qui plait, puis anulingus.
Vous me libérez de ma cage ; vous me branlez de sorte que je jouisse le plus vite possible, mais ruinez mon orgasme.
Le plaisir aura été bien court.
Vous me forcez à nettoyer mon sperme avec ma langue, me laissez me rhabiller et me regardez partir sans m'adresser ni mot ni regard.
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Comment ne pas voir dans le bronze l'Etenelle Idole de Rodin un symbole de domination et de dévotion ?
La statue d'Auguste Rodin, "L'Éternelle Idole", est caractérisée par son exploration des dynamiques de pouvoir et de dévotion, des thèmes qui résonnent particulièrement dans notre contexte BDSM. Par cette sculpture, Rodin capture avec une intensité palpable, les nuances de la tendresse, de la passion et de la sensualité, thèmes récurrents tout au long de sa carrière mais aussi une forme de rapport de force.
"L'Éternelle Idole" fait partie des œuvres les plus célèbres de Rodin, aux côtés de pièces telles que "Le Baiser", "Fugit Amor", et "L'Éternel printemps". Chaque sculpture explore les différentes facettes des relations amoureuses, mais "L'Éternelle Idole" se distingue par son interprétation unique de la dynamique de pouvoir entre les sexes.
Dans cette sculpture, la femme est représentée comme une figure dominante, presque déesse, devant laquelle un homme s'agenouille en un geste d'adoration profonde, avec les mains dans le dos, qu'on imagine liées par un lien invisible, cérébral. Ce positionnement n'est pas sans rappeler certaines postures du BDSM. L'homme, agenouillé, exprime une soumission qui va au-delà du physique, suggérant une dévotion presque spirituelle.
Le premier titre de l'œuvre, "L'Hostie", renforce cette idée de sacrifice et de dévotion religieuse. La posture de l'homme, combinée à la verticalité autoritaire de la femme, crée un contraste visuel fort qui accentue cette relation de pouvoir. La femme, avec ses bras tendus et son regard peut-être indifférent, symbolise une force tranquille qui contraste avec la vulnérabilité de l'homme prosterné.
Ce qui est particulièrement frappant, c'est la façon dont Rodin utilise l'espace et la forme pour exprimer les émotions des personnages. La ligne droite et assurée formée par la femme s'oppose à la courbe soumise de l'homme, illustrant visuellement le contrôle et l'influence qu'elle exerce sur lui.
Pour les amateurs d'art et les membres de la communauté BDSM, "L'Éternelle Idole" offre une riche source de réflexion sur les thèmes de la domination et de la soumission. Cette sculpture n'est pas seulement une représentation de désir physique, mais peut être vue comme un questionnement sur les complexités des relations humaines et les jeux de pouvoir qui peuvent exister entre l'homme et la femme, mais aussi, finalement, entre la Domme et son soumis.
"L'Éternelle Idole" de Rodin est une sculpture ; c'est une exploration de la psychologie humaine à travers le prisme de la dévotion et de la domination. Elle invite les spectateurs à contempler les subtilités de ces dynamiques, offrant une perspective qui est à la fois éternelle et universellement pertinente. Y compris dans le BDSM.
(Les visuels sont issus d'une reproduction vendue par Amazon).
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Depuis sa visite en début de semaine je ne cessai de penser à Gilles.....
Je me suis donc préparer avec soin pour ce premier rendez-vous, j'étais tendu, un peu inquiet mais surtout très excité!
La route pour aller jusque chez lui m'a semblée interminable.... Impossible de trouver une place de stationnement, j'ai eu l'impression de faire 1000 fois le tour de la résidence, pour voir enfin une place se libérée.
Mais à 10h précise je sonnais à la porte de son appartement. Il cria: Entre c'est ouvert!
L'appartement n'était pas très grand, une grande pièce à vivre, une chambre, une cuisine assez spacieuse...
Je trouvai Gilles assis sur son canapé, juste vétu d'un peignoir noir.
- Viens, approche-toi, ne reste pas planter là!"
Je ne savais pas trop comment me tenir, je me sentais gauche, terriblement intimidé, ayant à la fois envie de prendre les jambes à mon cou et me jeter à ses pieds....
- Tiens, je te rends ta clé...je n'ai aucune intention de te faire chanter...je voulais juste te donner un petit coup de pied aux fesses pour que tu sautes le pas....autrement tu ne serais jamais venu, je me trompe?"
- Non Gilles tu ne te trompes pas!
J'ai pris la clé dans ma main, je l'ai regardé et je la lui ai rendue.... - Garde là j'ai totalement confiance en toi!
- Merci Nicolas, cette marque de confiance me fait plaisir et je me confirme que j'avais raison.... me dit-il avec un petit sourire
- IL faut que nous fassions connaissance tous les deux, va me chercher un café dans la cuisine S'il te plait...Elle est juste là sur la droite, tu trouveras les dosettes dans la panière à côté de la machine.... Tu me mettras un sucre... Tu peux en prendre un aussi si tu veux...
Comme si c'était naturel, je me suis levé et j'ai été préparer son café avec un morceau de sucre.... Tasse, soucoupe, petit cuillère, le tout sur un plateau et me voila de retour.
- Merci Nicolas, en plus c'est bien présenté...tu es une perle!
- Bon parle moi de toi Nicolas
- Que veux-tu savoir Gilles
- Bien....
Pendant une demie-heure j'ai répondu à toutes ses questions sur qui j'étais, ce que j'avais fait comme études, si j'étais heureux en ménage, combien d'enfants, si je faisais du sport..... Puis ce furent des questions plus intimes sur notre vie sexuelle dans le couple.... Je voyais bien ou il venait en venir mais à aucun moment je n'ai pensé lui dire stop! cela suffit Non, au lieu de cela je répondais honnêtement à toutes ces questions...
- Tu sais, Nicolas, j'ai vu ce que tu regardais en cachette l'autre jour.....Cela t'attire?
- Oui ces relations dominant/soumis m'attirent depuis longtemps...je crois même que cela m'a toujours attiré...J'ai essayé d'entrainer ma femme dans ce genre de relation mais ce n'est pas son truc...donc je ne fais que rêver ...En même temps serait-je capable de me livrer ainsi?
-Tu sais il faut commencer progressivement, ne pas vouloir faire tout de suite ce que l'on peut voir sur ces sites, ce sont des personnes expoérimentées et certaines fois ce ne sont que des trucages... Si tu veux moi je peux t'apprendre à devenir mon soumis....veux-tu essayer?
- Oui Gilles, Oui je veux essayer, je veux que tu m'apprennes à devenir ton soumis!
-Très bien Nicolas, mais tu comprends bien qu'il va y avoir des règles....Tu ne seras plus totalement libre de faire ce que tu veux, quand tu le veux...
- Oui gilles, je le comprends et je l'accepte
- Par exemple, ici tu devras toujours être nu et porter ce collier de cuir autour du cou. Tu vois il y a un anneau qui pourra me servir à y attacher une laisse, ou à t'attacher à un radiateur si j'en ai besoin ou envie.
-Oui Gilles je l'accepte
- Tu dois me vouvoyer désormais et me dire Monsieur plus de Gilles , compris?
- Oui, Gi.... Pardon Oui Monsieur
- Parfait, tu dois être rentré pour quelle heure?
- 17h Monsieur
- Très bien, déshabille-toi et mets-toi à genoux devant moi.
Je fis ce qu'il me demandait et me mis à genoux devant lui, je bandais dur et cela le fit rire....
- Tu bandes déjà petite salope....Tu me plais de plus en plus .... et là dessus je reçu ma première fessée.... La claque m'avait surpris et la douleur m'avait à la fois irrité et excité....
- Mais...
- Chut.... Si j'ai envie de te donner la fessée tu n'as rien à dire....tu dois baisser les yeux et me remercier de t'avoir remis à ta place... C'est cela être un soumis!
- Merci Monsieur de cette leçon et de m'avoir remis à ma juste place.
- Bien avance toi, et tends bien ton cou, je vas te mettre ton collier je crois que tu le mérites!
- Merci Monsieur
- Bien tu vas aller préparer le déjeuner. Tu trouveras bien de quoi nous faire quelque chose dans le frigo
Je suis parti dans la cuisine, préparer le repas, de temps en temps, Monsieur venait voir ou j'en étais, une petite claque sur les fesses et repartait....
- Tu m'apporteras le repas sur la petite table il y a un plateau dans le placard....
Je mis sur le plateau nos deux assiettes, et tout ce qu'il fallait pour le repas....
- Non, non, toi tu mangeras après si je te laisse quelque chose...En tant que soumis tu manges après ton maître, ce qu'il veut bien te laisser manger
- Bien Monsieur
- Toi tu te mets à genoux, derrière moi et tu attends que je te donne l'ordre de bouger
- Bien Monsieur
Quand monsieur eut finit son repas, je rapportai à la cuisine son plateau avec quelques restes et lui préparai son café tout en mangeant rapidement les quelques chutes de son repas.
- Très bien Nicolas pour cette première journée nous allons en rester Là...Quand peux- tu revenir? Peux-tu prendre quelques jours de vacances ou de RTT pour que nous passions au moins deux jours ensemble?
- Oui Monsieur, je vais m'arranger quand aimeriez-vous? La semaine prochaine c'est trop court pour moi, je ne peux techniquement pas déplacer mes rendez-vous mais dans 3 semaines si vous voulez ?
- Cela me va??? le mardi et le mercredi c'est possible pour toi?
- oui Monsieur
Rendez-vous fût pris et je suis parti très heureux de cette belle expérience et après échange de nos coordonnées téléphoniques privées.
A suivre...
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Au bordel !
(on trouvera, à la fin, la traduction des citations latines)
Alma mater dolorosa
Alma est généreuse. Beauté blonde et rieuse. La chair est drue. Laiteuse. Souple et tendre.
Elle offre ses seins lourds. Qu’elle présente à deux mains.
Alma est volubile. Elle parle. Elle raconte. Elle attire le vit de son éphémère amant. « Viens ! Viens me baiser entre les seins ! Ils sont gonflés comme ta bite est grosse ! » Elle débite des obscénités. La bouche en cœur. Mais seuls ses seins sont accessibles. Entre, il faut s’y glisser.
Mais Alma n’a pas son pareil pour en faire un fourreau soyeux, impérieux. Elle sait les agiter, les presser, les émouvoir, ensevelir le vit dans la chair. Il y succombe. Et dégorge le trop-plein de son lait. Sur les mamelles de la belle.
Alma fait jouir avec la tendresse d’une mère pour ses enfants.
Beatus vir
Betty se présente toujours drapée d’un tissu blanc comme un linceul.
Elle est fière et arrogante. Se laisse rarement dévoilée. Ecartant seulement un pan pour rendre accessible sa vulve glabre ou ses fesses rondes. On devine son corps d’athlète.
Mais on la prend toujours debout.
Elle ne se couche pas. Ni ne plie.
Il faut la foutre. Quoi qu’il en coûte. Elle réclame que l’on fasse cet effort. C’est le prix à payer. Même si l’intromission est maladroite. Elle s’en fout. Ça la ferait même jubiler. Intérieurement. Silencieusement.
Car elle ne manifeste aucune émotion. Et quelles que soient la force et l’endurance de l’homme qui la besogne, impassible : elle reste de marbre. Et suscite son désespoir.
Carpe diem
Coralie est bien sûr jolie. Mignonne. A croquer.
Sa bouche est délicieuse. On y cueille : des baisers.
Elle s’abandonne langoureusement, amoureusement, dans les bras des amants qu’elle enlace et caresse de ses doigts délicats. Son corps souple se glisse. Elle n’est que mouvements tendres et glorieux. C’est un soleil qui se donne. Et se prête à tous les vices. Accueillant l’un dans son ventre, offrant sa croupe à l’autre, ouvrant sa bouche à un troisième.
Elle aime être ainsi fêtée.
Elle n’est pas avare de tendresse.
De profundis clamavi
Docadescadène ne séduit pas. Mais attire irrésistiblement le regard par les méplats de son visage, les boursouflures. Elle fascine. Rares sont ceux qui osent l’approcher.
Le corps épais est lourd. Les épaules tombent, les seins, le ventre. Et pourtant : elle attise les désirs quand ses petits yeux et sa minuscule bouche s’ouvrent. Alors l’anime toute la putasserie d’un démon. C’est une évidence : elle est bonne à baiser.
Sans tendresse.
Esse quam videri
Ella n’est qu’une enculée.
Entre ses fesses qu’elle écarte à deux mains, elle présente son cul dilaté.
« Mon cul est un crachoir », dit-elle. Et il faut y cracher.
« Mon cul est un pissoir ». Et il faut y pisser.
« Mon amour, encule-moi par où je chie ».
Et quand l’homme violemment la bourre, Ella jouit et crie.
Il y a de la tendresse chez cette putain.
Fex urbis, lex orbis
Frize semble froide, mais c’est sous les lanières du fouet qu’il faut l’émouvoir. Un chat à neuf queues particulièrement cinglant.
Nue, attachée, enchaînée, les bras haut levés, à une poutre, copieusement fouettée, alors elle s’anime, elle gémit, elle crie, elle supplie.
Des bites ! Des bites ! Elle veut des bites.
Sa bouche bave d’écume. Sa bouche, déformée par un affreux rictus. Est-ce de la haine ou du mépris ?
Quand les fouetteurs, qui se sont succédés n’en peuvent plus, las de ses cris, avec une moue de dégoût, ils l’abandonnent. Et son corps pend, inerte, seulement retenu par les chaînes.
Parfois, un des fouetteurs revient. Pour la prendre. Pour se vider les couilles en elle.
Alors Frize jouit très vite. Silencieusement.
Frize jouit sèchement.
Gaudeamus hodie
Gerda suce son pouce. Toujours.
Il faut se battre, il faut la forcer pour écarter sa main de son visage.
Alors vite, glisser sa pine entre les lèvres, prendre sa bouche. Maintenir ses bras écartés avec ses genoux.
Alors Gerda tète. Goulument. Gerda tète le gland. Ouvrant de grands yeux énamourés, elle tète. Sa langue est douce. Ses lèvres gonflées. Sa salive bouillonne dans sa bouche.
Gerda tète avec tendresse.
Mais malheur à celui qui voudrait s’enfoncer davantage.
Homo homini lupus
Hivie vient des forêts sauvages. Son corps déborde d’effervescence. Son corps noueux, son corps musclé.
Elle s’agite. Elle est à dompter.
Elle court. Il faut l’attraper.
Toujours nue, elle est sans pudeur. Ni obscénité.
Le désir pulse dans ses veines. Elle veut le mâle. Et qu’il le prouve. Qu’il l’empoigne. Et la soumette : à ses désirs. Les plus fougueux. Qu’il la foute ! Et lui en mette !
« Encore ! Encore », crie-t-elle. « Encore plus fort ! »
Il faut que ça cogne dans son ventre.
In medias res
Ilse est une petite chose.
Toujours recroquevillée sur elle-même, assise à même le sol, nue, elle s’enlace et se berce : de ses illusions.
La moue est boudeuse.
Elle accepte, mais toujours avec réticence, la main qui se tend. Alors on la mène, on l’enlève. On prend son plaisir, on jouit d’elle.
Ilse ne manifeste aucune émotion. Silencieuse, elle se laisse prendre. Retourner : dans toutes les positions. On lui écarte les cuisses, on lui écarte les bras. On la branle, on la manipule. Mais elle reste inerte. Pantin mou, poupée de son. On l’apprécie pour ça.
Après, elle revient s’accroupir au sol. Comme un sac abandonné.
Ilse est une île perdue au milieu d’un océan de désirs. Mais lesquels ?
Jure uxoris
June est une artiste.
Elle peint les corps de sa langue. L’homme, ou la femme, doit s’abandonner. Aux tatouages éphémères de sa salive, de sa langue et de ses dents.
June parcourt les corps. Elle lèche. Et se glisse. Partout. Au creux des plus profonds sillons. Elle trace sa route. C’est une géographe de l’intime. Une voyageuse. Qui transporte les corps, les sublime, les anime. Elle les fait vibrer. A la démesure de son silence. Car l’œuvre de June suscite le recueillement. On atteint au sublime. Au sacré.
Il y a toute la lenteur du monde dans sa langue sur la peau. Et le monde tremble quand elle y plante les dents.
Jusqu’au spasme final, quand le mâle se rend. Ultime convulsion.
June laisse des traces. Invisibles et profondes.
Ad Kalendas græcas
Non, Kali n’est pas une déesse. Ce serait même tout son contraire.
Rieuse, enjouée, naturelle. Vivante. Elle respire. Et c’est un plaisir de la voir respirer. Un plaisir de la voir vivre, bouger. Elle anime l’espace. Elle le nourrit de ses mouvements. De sa volupté. De sa grâce.
Kali n’est pas farouche.
Elle se donne et s’abandonne. Sans retenue. Allant de l’un à l’autre. Elle fait fête à chacun. Passant par tous les bras. Elle n’est pas avare de ses mains, de sa bouche, de ses seins. De ses reins. On l’enlace. On l’embrasse. On la prend. On ne la possède pas.
Et il faut attendre son tour. Kali ne partage pas ses émois. Elle ne se disperse pas. Mais, concentrée, elle a à cœur de se donner.
A tous et à toutes. Et à chacun.
A chacun son tour.
Lux in tenebris
Louise est belle.
Il n’y a pas à dire, Louise est belle. Comment le dire autrement ?
Elle est l’évidence de la beauté même.
Louis est simple.
Elle est sans faux-semblants. Sans fards. Sans chichis.
Louise est directe.
« Baise-moi » dit-elle, en regardant son client dans les yeux. Mais il n’y a nulle effronterie dans son regard. Nulle coquetterie. Nul défi.
Juste une évidence.
« Baise-moi. Je suis là pour ça ».
Memento mori
Mina est vulgaire. C’est une pute, une pouffe. Il sort toujours des ordures de sa bouche. Et elle roule des yeux en prononçant les mots les plus grossiers. Elle s’en repaît comme elle suce les chibres : goulument.
Elle se goinfre. Grasse et grosse. Elle déborde. Elle n’est que « nichons », « miches », trous à pines ».
Elle appelle ses clients « mon mignon », « mon gros », « mon velu ».
Elle est sucre et merde : « veux-tu que je te pousse mon étron dans la bouche ? »
Beaucoup de clients la redoutent, la fuient. Elle effraie. Mais elle attise aussi des convoitises. Sa lubricité brille. Complicité dans la débauche. On se reconnaît dans la même passion sauvage pour le foutre. On décharge.
Avec elle, on est sûr de se rouler dans la fange.
Nolens, volens
Noémie n’est qu’une garce. Elle attend les gifles.
C’est son plus grand plaisir : de défier.
Le regard sournois, le sourire mauvais elle nargue : va-t-il oser ? Malheur au puceau qui l’a choisie ! Au contraire cela l’amuse. De voir l’ignorant qui ne sait pas y faire. Elle l’agace, l’excite, se refuse jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus. Alors, bouillonnant de rage, il frappe. Elle a gagné.
Noémie n’est qu’une bête infâme. Elle enrage. Il faut la corriger. La dresser.
Elle mérite d’être en cage.
Certains la promènent en laisse. Lui font lécher leurs pieds.
O tempora, o mores
Opale.
Que dire d’Opale ? Son surnom lui va si bien.
Transparente, éphémère, éthérée. Toujours ailleurs, toujours absente. Elle semble de l’eau qui toujours coule. Et ne pèse pas lourd dans les bras.
Mais quand elle jouit, c’est un torrent de lave en fusion qui jaillit !
Dès qu’on la pénètre, Opale jouit !
Et tout le temps qu’on la lime, Opale jouit !
Dans son incandescence.
Alors, son corps pèse. Elle est du plomb fondu en fusion. Opale hurle. Opale crie. Opale jouit.
Il vaut mieux être prévenu pour ne pas sombrer, avec elle, dans le trou du volcan.
Propria manu
Pétille jubile. Elle est joyeuse. Elle aime faire plaisir. Elle aime branler des bites. Etre à l’écoute du souffle. Imposer son rythme. Les faire bander. Les faire mousser. Les faire se tendre. Les faire attendre. Et gicler, jaillir, l’éclabousser. La maculer.
C’est son plus grand plaisir, de tenir l’homme dur, fièrement dressé : dans ses mains.
Mais quand on la prend, elle devient docile. Elle met tout son cœur et son corps à l’ouvrage. Qu’elle branle ou qu’on la baise : elle se donne à fond.
Qui bene amat bene castigat
Quotte est désagréable. Hautaine. Fière. Arrogante.
Inutile de chercher à la séduire, à l’apprivoiser. Au contraire, il faut la mater. La punir. La corriger. Surtout la corriger. D’une main ferme. Avec autorité.
Alors elle mollit, elle se métamorphose en la plus dévouée des servantes.
Alors, on peut lui faire abandonner son strict tailleur pour un joli costume de soubrette : courte jupette plissée noire, tablier blanc.
Alors elle sert gentiment à table. Les seins nus. Offerte. Et les convives peuvent la lutiner au passage. En user. En abuser.
Alors, elle se glisse volontiers sous la table.
Requiescat in pace
Robine aime se déguiser.
En mariée, dans sa robe blanche. Ou en grand deuil, toute en noir. Gants à crispins, dentelles, voile et voilette. Qu’elle rit ou qu’elle pleure, elle émeut les participants des orgies qu’elle organise.
Elle se livre sans vergogne à des simulacres de cérémonies. On l’épouse. Et c’est en pucelle bien salope qu’elle sera consommée par les nombreux garçons d’honneur.
Veuve éplorée, elle sera troussée, sur le cercueil ouvert de son mari défunt. Hommes et femmes viendront la consoler.
On allume des cierges. Et la cire coule : sur ses sein, sur ses reins. Ou on la baise avec.
Mais elle exige que chacun tienne strictement son rôle. Elle veut être foutue avec classe, dignité et distinction.
Robine ne déteste pas non plus jouer à l’infirmière ou à la secrétaire.
Eventuellement être examinée par un gynécologue particulièrement pervers et obscène.
Sic vita est
Adolescente, Sonia a commencé au bord des petites routes de campagne. Sa mère lui disait qu’elle n’était qu’une « dévergondée ». Aguicheuse, la jupette courte, elle souriait aux automobilistes. Les mecs comprenaient.
On la faisait monter. Une main sur le volant, l’autre entre ses cuisses. Et dans bois elle suçait et se faisait baiser.
Ça la rassurait. Elle aimait ça. Voir la bite dure, tendue. Pour elle. C’était cadeau, c’était Noël. Et rapidement elle a compris qu’elle pouvait se faire payer. Quelques billets. Ça aussi, c’était cadeau. Maquillage, rouge à lèvres, des chaussures, des vêtements. Rapidement elle a fait les aires d’autoroute. Les routiers. Grimper dans la cabine, se faire palucher au passage, baiser sur la couchette étroite, elle aimait ça.
Puis ce fut la ville, les hôtels de passe. Maintenant elle a son studio. Elle reçoit sur rendez-vous. C’est 200 euros.
Trahit sua quemque voluptas
Théa ne fait que les femmes.
Epanouie, séduisante, toujours souriante, Théa est vraiment charmante.
Elle reçoit presque exclusivement des femmes mariées. Des femmes qui ne peuvent avouer à leur compagnon, à leur mari, qu’elles sont bi.
Elles viennent pour s’abandonner à la douceur des mains féminines. Téter des seins. Lécher une chatte. Embrasser tendrement une bouche de femme.
La première fois, elles arrivent toujours inquiètes très émues, en tremblant. Quand elles reviennent, elles ne sont plus farouches. Mais ardentes, elles laissent s’exprimer leurs désirs. Fureur et tendresse. Bacchantes lascives ou tribades déchainées.
Certaines réclament même d’être fessée, mal traitées, soumises, attachées.
Théa a une clientèle fidèle.
Usque ad sideras et usque ad inferos
Ursule a des goûts très particuliers. C’est une vierge folle.
Régulièrement, elle se fait recoudre la vulve : il faut la déflorer.
C’est un double plaisir pour Ursule.
Il y a d’abord la couture. L’aiguille courbe qui transperce chacune de ses deux lèvres gonflées. L’opération est lente. Elle aime que cela dure, que l’on prenne son temps. Et Ursule, parfaitement immobile, les mains crispées à la table, sans un cri, sans anesthésie, Ursule subit. Tandis que dans une pièce à côté, préparé par des petites mains qui s’affairent autour de sa bite, le client attend.
Quand elle est au comble de l’excitation, quand elle est presque fermée : Ursule crie.
Alors aussitôt, très vite, on pousse le client dans la chambre. Très vite, il enfonce son pieu dressé dans l’espace étroit, ménager entre les deux lèvres cousues de la vulve.
Très vite, Ursule, libérée, Ursule jouit.
On paie très cher pour la prendre vierge.
Vade retro satana
Vermine a le sourire d’un ange. Les yeux bleus. Blonde. Les cheveux bouclés. La bouche mignonne.
Mais il ne faut pas s’y fier : quand elle tient un homme par les couilles, c’est un démon. Elle prend un malin plaisir à retenir le plus possible : l’éjaculation.
Vermine est fermée : sa bouche, son cul, son sexe : sont inaccessibles. Elle travaille le mâle entre ses mains. Ses mains habiles, ses mains expertes.
Mais quand elle sent le client venir, elle se dérobe, elle l’abandonne. Elle fuit. Et regarde, les yeux ardents, les yeux fauves, la bite battre l’air, le client désemparé, fou de rage, fou de frustration.
Certains l’insultent. Ils en ont le droit. Mais il est interdit de la frapper. Ils sont prévenus.
Alors comme une chatte en rut, elle revient s’emparer du membre. Et le jeu peut durer.
Parfois, elle plante ses ongles dans les couilles, crache sur le gland, pince les tétons du client, lèche son cul ou le prend d’un doigt.
Et le jeu recommence. Plusieurs fois.
C’est elle qui décide à quel moment le mâle pourra gicler.
On la choisit pour ça.
Væ Victis
Will est androgyne.
Est-ce pour cela qu’elle attire autant ? Tant de clients…
On se bouscule à la porte étroite. Chacun s’astique en attendant son tour.
Prendre ce cul étroit. Mais le trou est béant.
Pas de fesses, pas de seins. Et le corps d’un adolescent. Est-ce vraiment une fille cette putain ?
Et pourtant, la vulve est rebondie, les lèvres grasses... Elle suinte : sa féminité.
Mais pourquoi négliger sa chatte ?
Son sexe ferait-il peur aux mâles ?
IneXorabile fatum
Xelia est sans complexe.
Elle se promène nue et affiche fièrement ses cicatrices, ses vergetures, la peau distendue de son ventre et de ses cuisses.
Son corps est un palimpseste. Elle a beaucoup vécu.
Xelia est une bonne gagneuse. Elle ne rechigne pas à la besogne. Elle connaît les hommes. Elle sait les prendre. Elle se laisse faire.
Combien d’hommes a-t-elle ainsi connus ? Combien de centaines d’hommes, de milliers ont joui dans sa bouche, dans sa chatte ou dans son cul ? Il y a longtemps qu’elle ne compte plus. A-t-elle jamais compté d’ailleurs ?
Xelia est née putain. Ou presque. Elle mourra putain. C’est son destin.
AbYssus abYssum invocat
Yléna est toujours ouverte.
C’est une béance. Ces trous, sa bouche, sa chatte, son cul sont là pour recevoir le foutre.
Mais il faut venir à plusieurs. Elle ne reçoit les hommes qu’en groupe. Elle veut être pleine, remplie, besogner, enculer, baiser. Que les hommes la prennent à la suite et ensemble et en jouissent. Qu’ils soient autour d’elle et commentent. Qu’on l’épuise et qu’on en abuse.
Elle aime être en sueur, couverte de foutre. Se sentir sale. Dans la puanteur des corps qui se collent à son ventre, se frottent contre son cul, contre ses seins.
Allongée nue, bras et jambes écartées en croix de Saint-André, elle attend les clients.
Certains sont intimidés. Ricanent bêtement.
D’autres s’enfuient.
Argumentum ad laZarum
Zélie est grande et mince. Il faut la faire ployer. Pour qu’elle offre sa nuque rase sous les cheveux bouclés, d’un roux aussi ardent que sa toison drue, les flammes de son buisson.
Le visage allongé, sérieuse, elle semble grave, réservée, presque sévère. Mais ses petits tétons, petits seins, appellent les pinces. Alors, il faut l’entendre gueuler ! Alors, son con s’ouvre et coule. Elle est prête à piner.
Elle s’ouvre et coule dans la douleur.
On la pince, on la griffe, on la mord. Zélie gémit et réclame la pine.
Traduction des citations latines :
Alma mater dolorosa : nourricière mère de douleur
Beatus vir : heureux l’homme…
Carpe diem : profite du jour
De profundis clamavi : du fond de l’abîme, j’ai crié
Esse quam videri : être plutôt que paraitre
Fex urbis, lex orbis : merde de la ville, loi du monde
Gaudeamus hodie : réjouissons-nous aujourd’hui
Homo homini lupus : l’homme est un loup pour l’homme
In medias res : au milieu des choses
Jure uxoris : par le droit des femmes
Ad Kalendas græcas : [remettre] aux calendes grecques
Lux in tenebris : la lumière dans les ténèbres
Memento mori : souviens-toi que tu dois mourir
Nolens, volens : bon gré, mal gré
O tempora, o mores : ô temps, ô mœurs
Propria manu : de sa propre main
Qui bene amat bene castigat : qui aime bien châtie bien
Requiescat in pace : qu’il repose en paix
Sic vita est : c’est la vie
Trahit sua quemque voluptas : chacun suit la penchant qui l’entraîne
Usque ad sideras et usque ad inferos : des étoiles jusqu’aux enfers
Vade retro satana : retire-toi Satan
Væ Victis : Malheur aux vaincus
IneXorabile fatum : l’inexorable destin
AbYssus abYssum invocat : l’abîme appelle l’abîme.
Argumentum ad laZarum : argument de la pauvreté
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2002, cela fait 4 jours que j'attends l'intervention du technicien de maintenance informatique de la petite société pour laquelle je travaille. Il est 18h, je suis fatigué et ce gars m'appelle pour me dire qu'il sera à la société dans un quart d'heure..... Encore au moins 1 heure de perdue! Je ne serai pas rentré avant 20h à ce rythme là!
Bon point pour lui, i lest effectivement là un quart d'heure plus tard. Grand, élancé, musclé ....pour tout dire bel homme sensiblement de mon âge, entre 45 et 50 ans! Tout en se mettant au travail nous discutons de choses et d'autres....Je le regarde faire, tout en sachant bien, ce que je lui dis, que je n'y connais rien mais que j'ai besoin que cela fonctionne pour le lendemain ayant des rendez-vous importants et un besoin urgent d'accéder aux statistiques.... Il est marrant, ne s'affole pas, regarde tout autour de lui et ses commentaires sont plutôt bien sentis et amusants.
-"Ah vous aimez vous aussi les sites BDSM!" Je rougis et ne sais plus trop quoi répondre??? Car oui j'aime cela et je rappelle d'un seul coup qu'en l'attendant je regardais justement une vidéo BDSM...
- " Vous devriez fermer et effacer ce que vous regardez sur le net..... n'importe qui peut tomber sur vos historiques... Que regardiez-vous?
- j'ai bafouillé une vidéo, et comme un gamin pris en faute je regardais mes pieds ne sachant quelle attitude prendre!
-" Ah Ouais.... c'est fort comme vidéo.....vous aussi vous aimez ce genre de relations?" Il semblait très à l'aise pour parler de cela...ce n'était pas mon cas
-" Oui j'aime les regarder ...." je laissais la fin de phrase en silence
-" Moi aussi j'aime bien les regarder, mais je préfère pratiquer!"
-" Je n'ai jamais pratiqué.... Je suis marié....."
-" Ben cela n'a pas grand chose à voir! ....cela vous tenterait?"
-" Je je n'en sais rien..... oui peut être,,,,avec quelqu'un en qui j'aurai confiance...."
Il souriait tout en terminant son travail
-"Va falloir me faire confiance, car je viens de copier tout l'historique de votre disque....Et si vous ne m'obéissez pas je l'envoi à votre patron!"
-"Mais....vous êtes fou...s'il voit cela il me vire aussi sec!"
-"Alors obéissez moi.... Je vous attends samedi chez moi à Nantes ....voila mon adresse....10 h samedi matin....Et je me prénomme Gilles...A samedi Nicolas"
Je tremblais de rage, de peur et d'excitation.....
En rentrant à la maison, je ne dis rien à ma femme, pas envie de me battre à lui expliquer que je venais de me faire pièger comme un bleu.... et que non seulement je ne porterai pas plainte mais que cela me tentait fort d'y aller. Je prétextait une rèunion importante avec mon patron pour le samedi!
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Récit qui m’a été envoyé par une coquine du nom de S. il y a quelque temps. Bonne lecture. Monsieugigi.
J’étais seule dans mon bureau, tous mes collègues étaient partis. La journée avait été longue, je n’avais pas encore fini tout mon travail mais j’avais une petite baisse de motivation. Profitant de ma solitude, je me mis à surfer sur le net à la recherche de sites ayant attrait à un de mes plaisirs secret favoris … la fessée.
Les sites défilaient, les images aussi ainsi que quelques vidéos. Lentement, une envie me pris, une envie que j’aurais dû refreiner, déjà que j’allais sur des sites peu conseillés au boulot … l’envie de me caresser. Ma main droite descendit lentement vers mon entre-jambe, entra dans mon pantalon et se posa sur mon sexe recouvert de coton. Le frottement léger fit petit à petit son effet. Je m’abandonnais à la caresse, mon écran d’ordinateur affichant l’image d’une jeune fille nue, les fesses rouges, au coin, tenant l’instrument qui venait de lui chauffer le derrière.
Trop absorbée, je n’entendis pas la porte du bureau s’ouvrir. Mon chef n’était pas encore parti et venait me voir pour discuter de mon projet. Il me surprit donc, une main dans mon pantalon, mon écran affichant une image pornographique.
” – Mais S. ! qu’est-ce que vous faites ! Vous n’avez pas honte ! Arrêtez tout de suite !”
Le retour à la réalité fut brutal, je m’arrangeais rapidement et rouge je baissais la tête pour ne pas croiser son regard. Je bredouillais
” – Euh …. Je … euh ... Je suis désolée … ce n’est pas … euh
– ça suffit S., je crois que vous ne vous rendez pas compte de ce que vous avez fait ! Dans mon bureau immédiatement.”
Je me levais, les joues toujours rouges et brulantes et le suivit jusqu’à son bureau. Plus le bureau se rapprochait, plus mon estomac se nouait. J’entrai dans bureau, il referma la porte derrière moi. Le bruit de la porte qui claque et de la serrure qui joue me fit sursauter. Il fit le tour de son bureau et se posa derrière. Je regardai mes chaussures, mes fesses me picotaient bizarrement.
Mon chef me fixa durement et dit :
” – S., ce que vous avez fait est inqualifiable ! C’est honteux ! Vous vous êtes comportée comme une petite fille pas sage ! Et vous méritez d’être punie aussi comme une petite fille pas sage ! Savez-vous comment on punit une petite fille pas sage dans votre genre ?”
Je restais silencieuse, j’avais trop honte pour parler.
“- Hé bien S. vous avez perdu votre langue ! vous qui êtes si bavarde d’habitude ! allons j’attends ! Répondez-moi voyons ! je vous déconseille de me faire attendre ”
Je déglutis difficilement, ma situation n’était pas très bonne et je savais que je ne devais pas la rendre pire. Je bégayai
” – je … je ... Euh … une …
– allons, je ne comprends rien à ce que vous dites, articulez S. ! et ne faites pas celle qui ne sait pas, d’après ce que j’ai vu vous êtes bien au courant
– une … une fe…. Une fessée … déculottée Monsieur
– Et bien ça a été dur ! oui tout à fait UNE FESSEE DECULOTTEE ! c’est ce que vous méritez pour avoir eu un comportement aussi honteux sur votre lieu de travail. Allons venez ici”
Il s’assit sur son fauteuil et l’orienta de façon à avoir de la place devant lui. Il tapota ces genoux. Lentement je fis le tour de son bureau et me mise devant lui. Je lui lançai un regard suppliant mais il me renvoya son regard dur. Alors lentement je me penchais pour m’allonger en travers de ces genoux. Je sentis sa main se poser sur le bas de mon dos tandis que son autre main prenait quelque chose sur son bureau. L’instant d’après 4 lignes de feu s’abattirent sur mes fesses encore habillées. Bien qu’amorti les coups me firent pousser de petits cris
“- Il me semblait vous avoir entendu parler de fessée DECULOTTEE vilaine fille ! allez mettez-vous en tenue et plus vite que ça ! Je veux voir tout à vos chevilles ! et vite sinon … ”
Je me relevais rapidement et déboutonnai mon jean qui dégringola à mes chevilles. Mes mains sur l’élastique de ma petite culotte de coton blanc, j’hésitais. WHACK WHACK, la règle en bois qui frappa me fesse trancha mon dilemme. Je baissai ma culotte aux chevilles.
” – Donnez-la-moi plutôt S., j’aimerai vérifier quelque chose”
La mort dans l’âme je m’exécutai. Mon jean trainait par terre alors que je lui tendais ma petite culotte. J’étais à présent à moitié nue devant mon chef, mes mains cachant mon intimité, le visage rouge baissé vers le sol, mon postérieur légèrement rosé.
Il prit ma culotte et l’examina à la lumière de sa lampe de bureau.
” – Vos mains derrière votre tête jeune fille”
J’obéis. Il termina son examen et posa ma culotte sur son bureau.
” – Vous n’êtes qu’une sale gamine vous savez, vous avez souillé votre petite culotte ! c’est inacceptable ! vous allez être sévèrement fessée pour cela ! allez sur mes genoux immédiatement !
J’obéis et je me retrouvais allongée à moitié nue sur les genoux de mon chef, ma culotte posée sur son bureau. Mes fesses étaient bien tendues et offertes à son courroux. Je sentis sa main se poser sur le milieu de mon postérieur.
” – Vous savez que vous l’avez méritée S., maintenant demandez la ! ”
Je déglutis et dit :
” – S’il vous plait Monsieur, j’ai été une vilaine fille, punissez-moi, fessez-moi !
” – Mais bien évidemment ”
Une avalanche de claques s’abattit sur mon fessier. Mon chef avait de la poigne et une large main, un vrai battoir. Il frappait avec une haute fréquence, en alternant à gauche, au milieu à droite. La chaleur qui envahit mes fesses fut rapidement peu supportable et je me débattis et gémit. Mais son autre main me maintenait fermement sur ses genoux.
La fessée dura un temps que je ne pus déterminer. Lorsque mon chef s’arrêta, un intense feu brulait mes fesses et je sanglotais. Il me saisit par le bras et me remit debout. Il me fit me tourner pour contempler son œuvre puis me remit fasse à lui.
” – Très bien S., j’espère que cela vous servira de leçon, vous le saviez pourtant qu’il est interdit de surfer sur des sites pornographiques et surtout de vous masturber au travail ! J’espère qu’à l’avenir vous vous rappellerez ce qui arrive aux vilaines filles qui désobéissent ! ”
En sanglotant je répondis
” – sniff …. Oui … sniff ... Monsieur …. Sniff je vous le …. Promets
– bonne fille mais cela ne suffit pas, j’ai bien envie de vraiment faire rentrer le message
– oh non … snif … je vous en prie …. J’ai compris la leçon ” dis-je alors qu’il se levait de son siège, me prenant par le bras.
Il me fit contourner son bureau et me fit mettre mes mains sur celui-ci.
” – Ecartez vos jambes vilaine fille ”
J’obéis, il saisit sa règle en bois, se posta derrière moi, une main toujours sur le bas de mon dos
” – Je vais vous donner 6 coups de règle, entre chacun je veux vous entendre dire que vous ne vous masturberez plus devant des sites pornographiques au travail. Vous avez compris S. ?
– oui Monsieur, c’est promis je ne le ferai plus … hum”
Je sentis sa règle froide se poser sur mon cul tout chaud puis s’en éloigner. Je serrais les fesses en attendant l’impact. Ouche ! le coup fut dur, mes fesses déjà chaudes et endolories étaient soumises au martyr. Je criai sous le coup puis entre mes sanglots je répétai ce qu’il m’avait demandé de dire.
5 fois encore la règle s’abattit, la douleur étant de plus en plus dure. Enfin le 6éme et dernière coup. Il posa sa règle et je sentis sa main sur mes fesses. Elle descendit lentement vers mon entre-jambe. Sanglotant, je ne dis rien. Sa main se posa sur mon sexe un instant et se retira.
” – hé bien on dirait que cela ne vous a pas laissée de marbre … hum je devrais peut-être …
– non je vous en prie ! non ne me fessez plus Monsieur ! je vous assure j’ai compris ma leçon
– il semblerait oui ! et bien pour terminer vous allez au coin avec vos mains sur votre tête vilaine fille pendant 15 minutes. Cela vous fera réfléchir ensuite vous pourrez partir.
Je m’exécutai, toujours en sanglotant. Ces 15 minutes me parurent durer une éternité. A la fin, mon chef me dit que je pouvais me revêtir et partir. Lorsque je tentais de reprendre ma culotte, il me dit que je viendrais la récupérer demain soir à la fin de la journée si et seulement si je ne m’étais pas mal comportée. Je dus donc rentrer chez moi sans culotte, le tissu de mon jean plaqué directement sur mes fesses chaudes. En chemin, je me jurai que jamais on ne m’y reprendrait ! Ou pas…
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Enrico Marini, né à Bâle, étudie le graphisme à l'École des Beaux-Arts de cette même ville de 1987 à 1991. Durant cette période, il développe un style fortement influencé par des illustrateurs emblématiques tels que Hermann, Bernet, Giraud, Alex Toth et Otomo. Sa passion et son talent pour le dessin le font remarquer, et dès 1987, lors d'un concours pour nouveaux talents au Festival de la Bande Dessinée de Sierre, il attire l'attention de Cuno Affolter, futur conservateur du Centre BD de Lausanne.
Cette rencontre décisive lui ouvre les portes de l'édition suisse avec Alpen Publishers, où il illustre sa première œuvre majeure, "La Colombe de la Place rouge". Ce projet initial lui permet de lancer en 1990 la série "Olivier Varèse", qui s'étend sur quatre tomes. Enrico Marini diversifie ensuite son répertoire avec la série "Gipsy", et collabore avec Stephen Desberg pour créer le western "L'Étoile du désert" et plus tard, la série "Le Scorpion". Avec Jean Dufaux, il travaille également sur la série "Rapaces", reconnue pour ses dessins dynamiques et ses histoires captivantes.
En 2007, Marini lance "Les Aigles de Rome", série pour laquelle il gère tout, du scénario à la colorisation. Son style distinct et sa capacité à capturer l'essence dramatique et sensuelle de ses personnages féminins, en particulier, sont des traits saillants de son œuvre. Ces représentations de femmes, souvent sulfureuses et toujours magnifiquement dessinées, ajoutent une touche de glamour et de mystère qui enchante le public.
L'année 2017 marque un tournant avec la publication de son interprétation de Batman, en collaboration avec DC Comics et Dargaud, renforçant sa réputation internationale. En 2021, il revient avec "Noir Burlesque", un diptyque qui explore des thèmes plus sombres et matures, prouvant encore une fois sa capacité à innover et à captiver ses lecteurs. Enrico Marini demeure un artiste influent dans l'univers de la bande dessinée, reconnu pour son habileté à transcender les genres et les frontières artistiques.
Les BD d'Enrico Marini (Amazon)
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Aujourd'hui, là où quelques jours, je me vois dans une situation lumineuse.
Je m’aperçois que cette lumière que je me fixais était bien éphémère, je broie du noir, j'exclame et je crie en silence avec délicatesse ma noirceur qui me hante par dépit de ne pas pouvoir la faire subir à celle qui m’offrira avec délice son univers.
J'en ai fini d’être emprisonné de mes chaînes qui retiennent mon âme à s’adonner aux pensées des plus pervers et sadique soit-il.
Il est l’heure que cet oiseau noir vole à la recherche de sa proie auquel il prendra plaisir de la meurtrir de coups de griffes corps et âme jusqu’à la dernière goutte de son sang.
Passant stratégiquement dans la pénombre pour rejoindre le royaume de la lumière ou toute autre divinité qui serait bonne à visiter.
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Agnès Giard, dans son dernier essai (disponible sur amazon), nous plonge dans une réflexion sur les love dolls, qui au délà de leur simple fonction sexuelle s'avèrent devenir des compagnonnes émotionnelles et physiques complexes.
Au sein de la communauté BDSM, où les dynamiques de pouvoir et les jeux de rôle occupent une place prépondérante, les love dolls peuvent être envisagées non seulement comme des objets de désir, mais aussi comme des partenaires de jeu dans des scénarios de domination et de soumission. Ces poupées, par leur inertie et leur disponibilité constante, offrent une toile vierge sur laquelle les désirs les plus divers (pour ne pas dire les plus pervers) peuvent se projeter et s'exprimer sans jugement ni rejet.
Agnès Giard nous interpelle sur notre capacité à voir au-delà de la simple matérialité des objets. Dans des cultures comme au Japon, le respect accordé aux objets, y compris les poupées d'amour, se manifeste par des cérémonies funéraires spécifiques, marquant la fin de leur service. Ce rapport aux objets est étranger à la logique occidentale mais interroge : pourquoi ne pas développer un rapport émotionnel avec une love doll, surtout dans un contexte où l'objet peut être chargé de significations érotiques et affectives profondes?
Dans le milieu BDSM, où les relations peuvent parfois être distantes ou dépourvues de la réciprocité émotionnelle habituelle des relations humaines, les poupées d'amour offrent une constance et une sécurité émotionnelle. Elles sont perçues comme des partenaires fiables et constants, prêts à participer à n'importe quel fantasme sans jamais se dérober. Cela peut être particulièrement rassurant pour ceux qui cherchent à explorer des aspects de leur sexualité dans un cadre contrôlé et sans risque d’être jugés.
Agnès Giard souligne également l’aspect paradoxal de ces poupées : bien que complètement soumises et disponibles, elles conservent une forme d’indépendance, car elles ne peuvent jamais être possédées émotionnellement de la même manière qu’un partenaire humain. Cela les rend paradoxalement plus désirables pour certains, enrichissant la dynamique de pouvoir et de contrôle si centrale dans les pratiques BDSM.
L’idée que l’on puisse non seulement utiliser mais véritablement chérir une love doll remet en question nos préjugés sur l’amour et l’attachement. Ce débat ouvre des perspectives intéressantes sur la nature de l'amour et de la possession. Dans un monde où la technologie et l'artifice prennent de plus en plus de place, la relation avec une poupée d'amour pourrait-elle être considérée comme une forme valide d’attachement émotionnel ?
Cette réflexion nous invite à repenser nos interactions et notre capacité à aimer au-delà des frontières traditionnelles de la biologie et de la conscience. Les love dolls dans le BDSM ne sont pas juste des substituts ou des outils : elles peuvent être des miroirs de nos désirs les plus profonds, des participants silencieux mais puissants dans l'exploration de nos propres limites et fantasmes.
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