La rubrique "Articles" regroupe vos histoires BDSM, vos confessions érotiques, vos partages d'expériences SM. Vos publications sur cette sortie de blog collectif peuvent aborder autant les sujets de la soumission, de la domination, du sado-masochisme, de fétichisme, de manière très générale ou en se contentrant très précisément sur certaines des pratiques quu vous connaissez en tant que dominatrice/dominateur ou soumise/soumis. Partager vos récits BDSM, vécus ou fantames est un moyen de partager vos pratiques et envies et à ce titre peut être un excellent moyen de trouver sur le site des partenaires dans vos lecteurs/lectrices. Nous vous rappelons que les histoires et confessions doivent être des écrits personnels. Il est interdit de copier/coller des articles sur d'autres sites pour se les approprier.
Par : le Il y a 58 minutes
Chapitre 1 - Séduction A l’âge de 16 ans, je suis tombée raide amoureuse d’un homme plus âgé. Philippe avait alors 42 ans. Il m’a fait comprendre que j’étais encore trop jeune pour vivre une aventure avec un adulte. C’était sans compter sur la détermination de l’ado que j’étais qui ne doutait de rien à cette époque et n’avait pas l’intention de renoncer. Mon premier, ce serait lui et pas un autre. Alors, je n’ai pas ménagé ma peine pour le pister, m’approcher de lui le plus souvent possible, devenir familière de son quotidien, me maquiller, m’habiller sexy pour lui plaire, le dévorer des yeux lorsque nous nous croisions. Je le sentais intrigué et certainement flatté que son charme opère sur une lycéenne. Un jour d’avril, il me prit par le bras et me conduisit chez lui. Sur le chemin de son domicile, mon cœur battait la chamade. Allait-il enfin cédé à mes avances ? Est-ce que j’allais découvrir le goût de ses baisers, fondre de plaisir dans ses bras musclés ? Il m’a fait asseoir à sa table de cuisine, lui est resté debout. Il m’a demandé de le laisser tranquille. Qu’allez penser mes parents en voyant leur fille au bras d’un homme qui pourrait être son père ? Pourquoi, je ne m’intéressais pas aux garçons de mon âge ? Je lui ai répondu que c’est lui que j’avais choisi, que j’étais amoureuse de lui et pas d’un autre, que les garçons de mon âge ne m’intéressaient pas, qu’ils ne cherchaient qu’à se vanter auprès de leurs copains d’avoir couché avec une fille.  Je voulais me donner à un homme expérimenté, je voulais vivre une véritable histoire d’amour, pas une bleuette qui tournerait court. Ce jour-là j’avais mis une jupe courte et un chemisier qui laissait voir mon soutien-gorge. Je voyais bien qu’il n’était pas indifférent à mon physique. J’ai écarté les cuisses pour montrer que je n’étais pas farouche et prête à tout.  Il a profité du spectacle, puis il m’a demandé si je voulais boire quelque chose. Il est allé me chercher un Orangina dans le réfrigérateur. Le silence s’est installé, mais il ne me semblait pas pesant, mesurant la chance qui m’était offerte de me trouver seule à seule avec lui. Il a attrapé un verre dans son buffet, m’a servi et est venu s’‘asseoir près de moi. Il m’a laissé me servir. J’avais le sentiment qu’il pesait le pour et le contre tout en me détaillant de la tête au pied pendant que je sirotais mon verre. Je ne cherchais pas à interrompre ce silence qui m’arrangeait craignant de dire quelque chose qu’il jugerait puéril, annihilant définitivement mes chances. Après un long moment, alors qu’il me détaillait de la tête aux pieds et que je me sentais rougir jusqu’aux oreilles, il m’adressa à nouveau la parole : Quel âge as-tu exactement ? J’ai 16 ans. Tu les as eues ou tu vas les avoir. Je les ai eu, il y a deux mois. Si j’accepte tes avances, personne ne doit savoir, pas même ta meilleure copine. Avoir une relation avec une mineure peut me créer beaucoup d’ennuis. Tu le sais. Tu viendras certains jours de la semaine en fonction de mon emploi du temps passer une heure ou deux. Tu devras être très discrète, je te confierai une clé. Si des voisins t’interrogent tu diras que tu viens faire le ménage pour te faire de l’argent de poche. Pour le reste tu conserveras tes habitudes pour ne pas éveiller les soupçons de tes parents et de tes amis. Je veux que tu me promettes de respecter scrupuleusement ce que je viens de dire. Promis, juré. Je serais très prudente et ferais tout ce que vous exigerez de moi. Mes yeux brillaient, mon vœu se réalisait enfin. J’avais tellement espéré ce moment. Tu ne crois pas si bien dire. J’attends beaucoup de toi. Je veux une obéissance totale. Je ferais ton initiation. Est-ce que tu te sens prête ? Oui, je veux devenir femme avec vous. Réfléchis bien, pas question de reculer ensuite. C’est tout réfléchi. Il me prit alors par le bras et m’attira sur ses genoux. Je me laissais faire, excitée comme jamais. Il posa sa main entre mes cuisses et déposa un baiser dans mon cou. J’étais tellement heureuse après des tous ces mois d’espérances, je vivais enfin mon rêve. Sa main remonta lentement jusqu’à ma culotte qui commençait à être humide. Il passa son index sur ma fente à travers le tissu, puis il me fit mettre debout, en lui tournant le dos. Il me plaqua les bras le long du corps. Maintenant, je vais soulever ta jupe et baisser ta culotte pour voir tes fesses. Es-tu d’accord ? Faites ce que vous voulez de moi. Très bien, c’est la réponse que j’attendais. Il s’exécuta en prenant son temps. Je sentis ma jupe se relever et ma culotte glisser le long de mes jambes jusqu’à mes chevilles. Malgré tout, je n’étais pas rassurée. Allait-il me prendre comme ça, à la hussarde, sur la table de la cuisine alors que j’étais vierge ? Me prenait-il pour une putain ? Il me caressa les fesses, puis me fit retourner pour découvrir mon pubis, caressa ma toison et m’attira vers lui en m’entourant de ses bras. J’étais liquéfiée. Très bien, tu es docile. C’est ce que j’attendais. Si ce n’est pas le cas je te prendrai sur mes genoux pour te donner la fessée. Tu peux te rhabiller maintenant. Tu viendras mercredi prochain à 17H00 précises. Bien Monsieur ! Une fois dehors, je me trouvais idiote de l’avoir appelé Monsieur. Je repartis complétement abasourdie par ce qu’il venait de se passer. Je lui avais livré mon intimité sans l’ombre d’une hésitation. Il avait parlé, j’avais obéi, sans broncher. Qu’allait-il me demander la semaine prochaine et qu’est-ce qu’il pouvait bien entendre par initiation ? Me dépuceler ou autre chose ? Je suis rentré à la maison et je suis monté directement dans ma chambre en prétextant que j’avais des devoirs à faire. Je me suis allongé sur le lit et j’ai pensé à lui en me remémorant tout ce qui s’était passé. J’essayais d’imaginer comment ça pourrait se passer dans sa chambre, sous les draps. Je me caressais en imaginant ses baisers, ses caresses éludant avec la douleur que mon dépucelage allait me provoquer. J’étais impatiente et anxieuse de cette étape qui s’annonçait la semaine suivante. Puis des pensées plus futiles m’assaillirent. Comment allais-je m’habiller pour lui plaire et l’exciter ? Chapitre 2 - Pierrot Gourmand (à suivre)
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Par : le Il y a 2 heure(s)
Un soir d'automne pluvieux, dans un appartement encombré de mugs de café froid et d'écrans clignotants. Notre héros, appelons-le Alex (parce que "héros anonyme" sonne trop comme un thriller raté), est assis devant son ordinateur, les yeux rougis par des heures de swipe sur des apps de dating. Tinder ? Trop basique. Bumble ? Trop bourdonnant. Non, Alex veut du cosmique, du destin écrit dans les étoiles – mais boosté par l'intelligence artificielle, parce que bon, Vénus est en rétrograde et il n'a pas le temps d'attendre un alignement planétaire naturel. C'est ainsi que commence notre roman d'amour moderne : L'Âme Sœur au Bout du Code. Chapitre un : La Quête Astrologique IA. Alex, Lion ascendant Procrastinateur, tape frénétiquement sur son clavier : "IA astrologique pour trouver l'âme sœur". Et hop ! L'écran s'illumine comme une supernova. Des apps comme Co-Star ou The Pattern surgissent, ces génies numériques qui analysent votre thème astral plus vite qu'un voyant de foire avale une boule de cristal. "Entrez votre date de naissance, heure exacte, et lieu – oui, même si c'était dans un hôpital qui sent le désinfectant." L'IA mâche les données : Soleil en Bélier ? Vous êtes un fonceur ! Lune en Poissons ? Sensible comme une éponge émotionnelle. Et voilà, elle crache des matches potentiels : "Votre âme sœur est une Balance avec Mercure en Gémeaux – parfaite pour des débats interminables sur Netflix." Mais attendez, ce n'est pas tout ! Alex découvre des outils hybrides, comme des bots sur Discord ou des extensions Chrome qui intègrent l'astrologie à des sites de dating. Imaginez : vous likez un profil, et l'IA murmure à votre oreille (virtuelle) : "Compatibilité 87% – mais évitez les pleines lunes, elle risque de transformer vos disputes en drames shakespeariens." Humour cosmique : Alex matche avec une Sagittaire qui, selon l'IA, est son "âme jumelle karmique". Leur premier chat ? "Salut, ton Uranus est en opposition à mon Saturne – ça veut dire qu'on va s'éclater ou s'exploser ?" Rires nerveux. Mais au moins, c'est plus original que "T'es de quel signe ? Emoji feu." Chapitre deux : L'Édition Photo, ou Comment Devenir un Dieu Grec en Pixels. Ah, mais l'amour n'est pas qu'une affaire d'étoiles – il faut briller sur les photos ! Alex, avec son selfie pris sous un éclairage de frigo (erreur classique), se tourne vers l'IA pour un relooking numérique. Des apps comme FaceApp ou Photoshop Express, boostées par l'IA, transforment son portrait en œuvre d'art. "Effacez ces cernes, ajoutez un sourire hollywoodien, et pourquoi pas un fond de coucher de soleil sur Mars ?" L'IA obéit : un clic, et voilà Alex avec des abdos virtuels et un regard de braise qui ferait fondre Pluton (qui n'est plus une planète, mais chut, on ne veut pas vexer les astrologues). Hilarité garantie : Alex édite une photo où il pose avec son chat. L'IA, trop zélée, transforme le matou en tigre majestueux. Résultat ? Son match potentiel répond : "T'es dompteur de fauves ? Trop cool !" Et Alex de rétorquer : "Euh, non, c'est juste mon chat obèse sous stéroïdes numériques." Mais ça marche ! Les likes pleuvent comme des météorites. Attention cependant : trop d'édition, et vous risquez le syndrome du "catfish cosmique" – quand le date réel révèle que vos abdos étaient en fait des coussins de canapé mal cadrés. Chapitre trois : Le Climax Catastrophique (avec Happy End Twist). Armé de son profil astrologiquement optimisé et photoshoppé à la perfection, Alex part en quête. Premier date : une Vierge pragmatique que l'IA jurait compatible à 92%. Ils discutent horoscopes autour d'un café. "Ton Mars en Scorpion explique ton intensité," dit-elle. "Et ton filtre IA explique pourquoi tu ressembles à un mannequin Calvin Klein," réplique-t-il en riant. Mais oups ! Elle découvre l'édition photo. "C'est de la tricherie astrale !" Crise de rire, mais ils finissent par s'entendre : l'IA n'est qu'un outil, pas un oracle infaillible. Morale de ce roman hilarant ? Chercher son âme sœur avec une IA astrologique et de l'édition photo, c'est comme mixer un cocktail cosmique : un zeste de destin, une dose de tech, et beaucoup de sel (pour l'humour). Ça peut foirer spectaculairement – imaginez matcher avec quelqu'un parce que vos Noeuds Lunaires s'alignent, pour découvrir qu'il/elle est allergique à votre signe solaire. Mais hey, dans l'univers infini des algorithmes, qui sait ? Peut-être que votre âme sœur est juste un swipe astral away.  
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Par : le Il y a 16 heure(s)
À @Louve-Solidaire, à tous ceux qui lirons ces lignes et qui, peut-être, se retrouveront dans mes mots, je m’adresse aujourd’hui avec une sincérité amère. Je me présente à vous avec la lourdeur d’une faute, une faute dont le poids, plus qu’un simple fardeau, est une pierre qui me broie l’âme. C’est le poids d’une confiance trahie, la plus précieuse des confidences qui me fut accordée, et que j’ai brisée sans ciller. @Louve-Solidaire, dans un geste de vulnérabilité rare et profonde, m’avait offert son abandon le plus complet. Elle m’avait confié sa foi, son respect le plus entier, son absolue confiance. Elle m’avait élevé au rang de Maître, un titre qu’elle m’avait donné et que je m’étais engagé à honorer. Dans ses mots, dans la fluidité de nos échanges, tout coulait avec une clarté limpide, pure et sans détour, comme l’eau d’une rivière qui ne connaît ni obstacle ni salissure. J’ai longtemps cru être digne de cette place, de ce rôle de protecteur, de refuge. Mais il apparaît aujourd’hui, dans la lumière crue de la vérité, que je n’ai été qu’un homme emporté par une fierté mal placée, une arrogance qui, comme un poison, a corrompu ma clairvoyance. Oui, mon orgueil, cette bête immonde, et ma précipitation, ont mené à l’irréparable. Dans un élan d’autosatisfaction puérile, j’ai commis une erreur que je ne pourrai jamais pleinement effacer. J’ai publié, sur un autre espace, une image – une simple photo, me disais-je, même de dos, même si on ne pouvait pas la reconnaître. Peu importe, car je l’ai accompagnée de mots qui trahissaient notre lien. Je l’ai fait sans réfléchir, dans une impulsion aussi rapide que dénuée de sens. Je me suis convaincu à tort que ce geste resterait une affaire sans importance, qu’il n’aurait pas de conséquence. Mais la seule conséquence qui compte, celle qui m’obsède et me tourmente, c’est celle-ci : j’ai lacéré la confiance que j’étais censé préserver, j’ai brisé la protection que j’avais juré de maintenir. Depuis 2009, j’ai toujours été le premier à dénoncer ce genre d’agissements, ces manquements à la plus élémentaire des éthiques. J’ai toujours cru, avec l’arrogance de celui qui se pense au-dessus de tout soupçon, que je serais à l’abri d’une telle erreur. Aujourd’hui, la honte me rattrape. Je suis forcé de me regarder en face, de faire face à cette faute que je n’aurais jamais dû commettre. Mon cœur se serre devant cette légèreté, cette arrogance, cette incapacité à protéger ce que je devais sanctifier. Ce que je devais chérir, je l’ai piétiné. Je suis pleinement conscient que mes mots, même les plus sincères, n’apaiseront rien. Je comprends qu’aux yeux de Louve-Solidaire, ce geste reste, et restera sans doute, impardonnable. Je n’attends pas de pardon, je ne réclame aucune indulgence. Je n’ai aucune excuse, seulement un aveu. Je n’ai d’autre choix que d’assumer ma faute publiquement, car la dignité de Louve-Solidaire mérite que je ne me dérobe pas, que je n’esquive pas ma responsabilité. J’ai blessé. J’ai déçu. J’ai trahi. Cette réalité, brute et indéniable, me hantera pour longtemps. Asgeïr
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Par : le 19/09/25
Ce petit article sans prétention m’a été inspiré par des commentaires et réflexions que j’ai lues ici, au fil de mes pérégrinations. Je suis là pour découvrir d’autres « vérités » que les miennes et je vais être honnête, je n’ai (encore) jamais eu d’esclave à mes pieds, ou même tenu un fouet. Je parle donc, forcément, avec ce décalage, ce manque d’expérience directe qui me rend étranger à certains codes, mais pas sourd au vertige de la question. Parce que ce qui m’intrigue, au fond, c’est ce qu’on recherche derrière l’idée d’« esclave ». Et ce qu’on risque de perdre à vouloir une appartenance parfaite. Imaginez un instant – on y vient, à grands pas – qu’un jour, les plus riches d’entre nous pourront s’offrir des esclaves mécaniques. Des machines programmées pour vous plaire, deviner vos humeurs, obéir sans jamais broncher. Des robots sexuels sans une once de libre arbitre, et pourtant capables de tout faire. Une sorte de « fantasme » poussé à son comble : l’objet qui s’anime, s’offre, sans jamais dire non. Mais, transposé à une recherche parfaite d’obéissance, à quoi ressemblerait ce pouvoir, vraiment ? Et surtout, qu’est-ce qu’il resterait du jeu du trouble, du rapport vivant ? Je crois que dans cette soumission extrême, il y a une donnée fondamentale et existentielle : le choix. La possibilité pour l’autre de rester ou de s’en aller. De dire non, même en tremblant, ou de dire oui parce que « c’est Vous, Maître, et pas un autre ». Ce battement fragile, ce risque, c’est ce qui distingue l’humain de la machine, l’érotisme de la pure consommation. On dit parfois que l’abnégation est totale, que l’esclave n’est rien d’autre que ce que veut son maître. Mais même dans le jeu, même dans les rituels, il y a toujours, derrière le rideau, cette liberté qui gronde. Le maître le sait : l’autre peut partir. Peut-être un jour, peut-être jamais. Mais ce possible-là fait tout tenir, même quand on joue à l’abolir. Je ne sais pas si j’ai raison. Je n’affirme rien, je me pose juste la question : à quoi bon un esclave sans âme, sans révolte, et un maître sans peur de perdre ou d’être perdu ? Qu’est-ce qu’il viendrait chercher dans cette relation et qu’il n’aurait pas avec un cyborg, sinon la possibilité d’être choisi, aimé, défié ? C’est juste ma petite pierre dans la mare. Peut-être à côté, sûrement incomplète. Mais je crois que je préfèrerai toujours la faille, l’accident, l’incertitude, à la perfection mécanique. J’aimerais bien savoir ce que vous en pensez, vous. Parce que ce sujet-là, on ne l’épuise pas tout seul.
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Par : le 19/09/25
Nous gardions de chaque rencontre, fruit de tant de hasards, une confiance dans la prédestination qui y avait présidé, mais en même temps ce destin qui avait instruit les conditions de ce rendez-vous mystérieux fixé place Furstemberg pouvait avoir arrêté l'instant de notre rupture. Nous sentions que ni notre volonté, ni nos vœux n'y pourraient rien. C'était ce lien avec l'angoisse qui donnait tant d'intensité et de force à nos rencontres. Elles avaient ainsi un goût de première et de seconde fois. Nous savions que l'instant serait bref. Cette perspective de la séparation jetait sur nous son ombre mais aussi elle exacerbait notre soif de profiter du présent. Une exaltation inconnue aux couples qui n'ont pas d'obstacles à affronter. Charlotte ne me disait presque rien de sa vie. Elle ne me posait aucune question sur la mienne. Peut-être par crainte d'apprendre des choses qui auraient pu lui déplaire. Mon existence en dehors d'elle ne méritait pas que je la fisse souffrir avec des passades sans importance. Je ne vivais que dans l'attente d'un prochain rendez-vous. Où aurait-il lieu ? À Florence, à Rome, à Londres à Paris ? Aussitôt informée, j'imaginais la couleur de notre rencontre, sa lumière, son éclairage. Les horaires des trains et des avions me devenaient familiers: ils étaient les clés de ma nouvelle vie. En réalité, je passais plus de temps à imaginer Charlotte qu'à la voir. Et quand je la retrouvais, c'était à travers la brume de ce songe que j'avais construit autour d'elle. En était-il de même pour elle ? Elle m'écrivait de petites lettres brèves, quelques phrases denses comme des aphorismes, datées avec précision. Elle indiquait toujours l'heure et le temps qu'il faisait. Mais ces lettres n'entraient pas plus dans l'actualité que si elles avaient été écrites au XVIIIème siècle. C'était des instantanés de son cœur. Ainsi je n'appris que beaucoup plus tard qu'elle avait enseigné à la Sorbonne. Je menais une existence double. Ici et ailleurs. Nul ne le soupçonnait et à qui aurais-je pu en faire la confidence ? Souvent je pensais à Balzac et sa liaison avec sa comtesse polonaise. Vingt ans à correspondre, à s'aimer de loin, à se voir très peu, avec toujours l'espoir de se retrouver. Madame Hanska était peu à peu devenue en creux un personnage de "La Comédie humaine". Aucune héroïne ne lui ressemblait mais elle donnait à chacune un peu d'elle-même: une robe, un ruban, un mot  d'esprit ou un soupir. Évelyne qui allait devenir son épouse, pendant six brefs mois, avait tout pour devenir un rêve éveillé de Balzac. Elle était d'abors issue de cette aristocratie à laquelle ce petit-fils d'un paysan guillotiné pour assassinat a toujours rêvé d'appartenir. Butant sur cette impossiblité avec la même rage qu'il bute contre la réalité, il trouve dans cette liaison, puis le mariage morganatique, un ennoblissement symbolique. Il peut ainsi devenir le prince qu'il voulait être. N'a-t-il pas étendu son pouvoir sur tant de personnages, régné sur tant de provinces ? L'écrivain est à sa manière plus despotique que le tsar de toutes les Russies qui détient entre ses mains le sort de Madame Hanska. En plus du droit de cuissage avec ses héroïnes imaginaires qui le vengent de son échec avec la duchesse de Castries, il exerce sur eux un droit de vie et de mort. Madame Hanska est sa revanche. Il la rêve, ce qui le dispense de la voir. Cette femme séduisante, aussi sèche et cérébrale que son amant est généreux et puissamment instinctif, est snob à sa manière. Mécène et très courtisée, elle attendait le décès de son mari.   Il ne lui déplaît pas ainsi d'avoir à ses pieds un écrivain que l'Europe adule. Quand elle est enceinte et que Balzac exulte de bonheur, elle ne songe qu'aux moyens de faire une fausse couche. Elle était destinée à demeurer un rêve. Dès qu'il l'épouse, l'écrivain tombe malade. Tout est prêt pour l'accueillir dans l'hôtel de la rue Fortunée, quel symbole pour un écrivain criblé de dettes ! Tous ces meubles rares, bibelots précieux, tentures magnifiques qu'il a accumulés dans le seul but de l'éblouir, ne serviront qu'à être le décor de son agonie. Dans une lettre à sa sœur, Balzac montre à quel point ce mariage lui tourne la tête: "Ainsi épouser cette femme alliée à toutes les familles princières, n'est-ce pas une réussite aussi importante que d'avoir écrit "La Comédie humaine" ?" Est-ce le sort cruel qui m'attendait avec Charlotte ? Devrais-je patienter vingt ans pour qu'elle soit libre, et ne connaître le bonheur qu'à la veille de rencontrer la mort ? Je l'attendais mais j'ignorais la date exacte de son arrivée. C'était un après-midi chaud de juin. Je me promenais dans le jardin du Luxembourg avec une amie rencontrée quelques jours plus tôt, une ravissante blonde aux cheveux courts qui aurait pu être la sœur jumelle de Jean Seberg, vive et toujours souriante. Nous descendîmes la rue Bonaparte. Au moment de nous séparer, je l'embrassai. Ce baiser dégénéra plus que je ne l'eusse souhaité. Il devint une étreinte. Au fond de moi, même si le hasard m'avait entraînée, je sentais l'indélicatesse d'un tel geste dans ce lieu si symbolique de ma rencontre avec Charlotte. Le souvenir de son joli visage pâle et presque bleuté, le port de sa haute taille, dans sa démarche, et qui m'évoquait non sans raison, le charme de Jeanne Hébuterne, la compagne de Modigliani. Soudain pris d'appréhension, je me dégageai de cette étreinte. J'avais l'impression qu'on nous observait. Je tournai la tête: Charlotte, à quelques mètres de là me regardait. Son visage était d'une pâleur extrême. Je ne pus esquisser un geste. Déjà elle avait disparu. Je la vis entrer dans son hôtel au coin de la rue Férou. Je demeurai sous le choc. Que pouvais-je faire ? Je raccompagnai ma jeune amie à une station de taxis. Puis j'entrepris de retrouver Charlotte. Hélas, à l'hôtel, je ne pus obtenir aucun renseignement. Le réceptionniste me dit qu'elle était absente. Je laissai une lettre. Je rôdai autour de la place, attendant son retout. Je veillai une partie de la nuit. Sans succès. Le lendemain, je revins: le portier m'annonça qu'elle était partie la veille. Ce visage de Charlotte tandis qu'elle me fixait, avec son expression de tristesse, de stupeur et d'accablement, combien d'années faudrait-il pour que je l'oublie ? Il était sans cesse en moi. Dès lors je lui écrivis chaque jour: je lui demandai pardon, je la suppliai de me revoir, je l'implorai. J'essayais par tous les moyens d'obtenir sa grâce. Elle fut impitoyable. Parfois je pensais que le temps finirait par user sa détermination. Au bout de six mois, je compris qu'il n'y avait plus d'espoir. Dans les premiers temps d'une rupture, on peut espérer guérir les blessures d'amour-propre. Mais avec le temps, les hésitations cessent, la décision si fragile au début est devenue une résolution indestructible. Je pensai à notre amour. Il était mort. Soudain je sentis combien j'étais seule. J'avais froid. Je retrouvai alors un vieil ami: le désespoir. Nous nous étions perdus de vue. Cela faisait longtemps qu'il ne m'avait pas donné de ses nouvelles. Il est vrai que pendant des années j'avais vécu absente de moi-même puisque j'étais amoureuse. La rupture avec Charlotte me renvoyait en face de la réalité. La vie me punissait. Je ne pouvais lui en vouloir. C'était dans l'ordre des choses. Je fréquentais alors des femmes égarées dans la vie, comme autrefois, mais je ne croisais que des ombres mortes. Je pensais toujours à Charlotte. Et chaque soir, j'avais la terrible impression non de la tromper mais de me trahir.   Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir. 
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Par : le 15/09/25
Non, les kinksters ne sont pas des paumés en mal d’amour ou des âmes torturées. Au contraire. Ce que l’étude de Psychology & Sexuality confirme, c’est ce que beaucoup de membres du microcosme ressentent, incarnent, pratiquent au quotidien : un rapport à soi et aux autres profondément conscient, lucide, ajusté. Bref, sécurisé !!! Le mythe du BDSM comme symptôme psy Je suis fatiguée d’entendre que le BDSM serait une forme de déviance, une conséquence d’un passé traumatique non résolu, ou pire : un échapatoire. Comme si l’intensité du plaisir ou de la douleur dans nos pratiques ne pouvait venir que d’une carrence, d’un vide, d’un dysfonctionnement. Et pourtant. Les kinksters ne vont pas plus mal que les autres. L’étude dit même qu’ils vont mieux. Moins d’anxiété d’attachement, moins d’évitement relationnel. Traduction : une meilleure capacité à être en lien, à faire confiance, à poser des limites claires. Une meilleure tolérance à la proximité. Une moindre peur du rejet. On est loin du cliché du Dom tyrannique et de la soumise brisée. BDSM et attachement : un binôme évident Ce qui me fascine dans cette étude, c’est ce qu’elle laisse entrevoir : pour s’adonner au BDSM de manière consciente et épanouie, il faut une forme de stabilité intérieure. C’est presque une condition de possibilité. Et ceux qui la possèdent sont plus à même de passer à l’acte. Ça paraît logique, non ? Pour dire à quelqu’un : "je veux que tu m’attaches, que tu me fasses mal, que tu me fasses jouir en me privant", il faut une sacrée confiance. En l’autre, bien sûr. Mais aussi en soi. Il faut savoir ce qu’on veut, savoir l’exprimer, oser le formuler, négocier, ajuster, arrêter si besoin. Cest tout sauf la peur du lien. C’est sa maîtrise ! Le paradoxe : pour jouer avec la perte de contrôle, il faut... du contrôle J’adore ce paradoxe. Et c’est probablement ce qui distingue les praticiens sincères du BDSM des touristes ou des abuseurs : cette capacité à se mettre en danger (symboliquement, corporellement), sans mettre en péril le lien. Un(e) Dom(me) solide, c’est pas quelqu’un qui veut tout contrôler. C’est quelqu’un qui sait comment tenir l’espace. Qui sait quand guider, quand écouter, quand faire baisser la pression. Ce n’est pas une figure toute-puissante, c’est une figure fiable. Et un(e) soumis(e) sécure ? Ce n’est pas quelqu'un(e) qui s’abandonne parce qu’elle n’a pas d’autre choix. C’est un homme ou une femme qui choisit. Qui connaît sa valeur. Qui sait ce que vaut sa confiance ... et qui la donne, en conscience. Le BDSM n’est pas le terrain des personnalités dysfonctionnelles. C’est le terrain de celles et ceux qui savent qu’elles ont le droit d’avoir des désirs puissants. Et de les vivre. Mais alors… pourquoi ce mythe de fragilité ? Pourquoi cette idée persiste, encore et toujours, que les soumis(es) seraient forcément cabossé(e)s, abîmé(e)s, « à soigner » ? Je crois que ça arrange tout le monde. Ça évite de voir le BDSM pour ce qu’il est : une sexualité complexe, adulte, exigeante. C’est plus rassurant de croire que ceux qui pratiquent le BDSM sont des gens « à part ». Que ce n’est pas pour vous, pour nous, pour les gens « normaux ». Sauf que… c’est faux. Et tant mieux. Ce que cette étude révèle, au fond À mes yeux, elle ne dit pas seulement : les kinksters sont plus sécures. Elle dit quelque chose de plus profond, presque subversif : que la sexualité peut renforcer la sécurité affective. Que jouer avec les rôles, les cordes, les ordres ou les douleurs peut (s’il est fait dans un cadre consenti) être un moteur de stabilité, pas une menace. Et là, je dis oui. Mille fois oui. Parce qu’à force de nommer ses besoins, de poser des limites, de traverser ses peurs dans un jeu érotique maîtrisé... on apprend à se connaître. À se faire confiance. À se donner de la valeur. À devenir plus sécure. Pas besoin d’être parfait(e) pour entrer dans le BDSM. Mais ce que je vois, c’est que le BDSM peut rendre plusus serein(e), plus lucide.... Alors, le kink comme école de l’attachement sécure ? Et si on regardait les choses dans l’autre sens ? Si, au lieu de penser qu’il faut être sécure pour pratiquer le BDSM, on envisageait que le BDSM est un chemin vers cette sécurité ? Ce serait quoi, alors, une relation D/s bien menée ? Un espace de confiance absolue, où l’on peut être nu(e), vulnérable, entier(e). Un contrat explicite, où chacun(e) connaît les règles du jeu. Une écoute fine, un ajustement constant, une conscience aiguë du consentement et des affects. Franchement… quel couple vanille propose tout ça, dès le début ? Bref ... Le BDSM n’est pas en marge de la sexualité. C’est peut-être son cœur, le plus sincère, le plus lucide, le plus adulte. Et si vous doutez encore… posez-vous cette question : est-ce que vous avez déjà eu, dans vos relations "classiques", un espace aussi clair, aussi libre, aussi sécure que dans une bonne scène D/s ? Moi, j'ai ma réponse. C'est aussi un peu de ça que l'on parle dans notre bouquin avec Pierre (voir Livre "BDSM: Guide pratique de l'homme soumis").
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Par : le 14/09/25
Vous êtes un homme. Vous fantasmez sur la soumission, le contrôle, la punition, la perte de pouvoir entre les mains d’une femme forte, cruelle ou simplement exigeante. Peut-être que vous vivez déjà cette réalité. Peut-être que vous n’en avez encore jamais parlé à voix haute. Nous avons écrit ce livre pour vous. Pas pour les voyeurs. Pas pour les curieux qui surfent sur les clichés. Pas pour ceux qui pensent que la soumission masculine est une régression ou une faiblesse. Mais pour ceux qui savent. Ceux qui sentent, au creux du ventre, que leur désir d’obéir, de servir, d’être à genoux n’est pas une lubie passagère mais une vérité intérieure. Une vérité qui a besoin de guide, de repères, de mots justes. Pourquoi un guide de la soumission masculine ? Parce que trop d’hommes se perdent entre la honte et la confusion. Entre les scénarios pornographiques absurdes et les discours édulcorés des romans à deux balles. Parce que personne ne leur explique comment faire concrètement. Comment incarner cette soumission, dans la chair, dans le réel, dans la relation. Nous avons voulu un manuel clair, direct, sans fioritures. Un outil. Une carte. Un miroir aussi. Pas pour normer. Mais pour montrer les chemins possibles. Ce que vous trouverez dans ce livre Nous avons abordé tous les sujets qui nous semblent fondamentaux : Déconstruire la honte : Parce qu’il faut du courage pour dire "je veux être humilié". Parce que c’est là que commence le vrai pouvoir de l’homme soumis : dans la lucidité. Préparer son corps et son mental : Une bonne fessée, une cage de chasteté, un gode-ceinture... Ça ne s’improvise pas. Ni dans le corps, ni dans la tête. Comprendre ses fantasmes : Latex, bas, talons, cravache, jeux d’orgasme... D’où vient ce désir ? Que dit-il ? Jusqu’où peut-on l’emmener ? Rencontrer une Dominatrice réelle : Et pas une arnaqueuse. Pas une performeuse qui joue un rôle stéréotypé. Une vraie femme. Dominante. Avec ses codes, ses exigences, sa puissance. Vivre une soumission durable, profonde, incarnée : Parce que la docilité ne s’achète pas. Elle se construit. Elle s’éprouve. Elle se vit, parfois, à la sueur du front et dans la nudité de l’âme. S’auto-discipliner avant de rencontrer quelqu’un : Oui, même ça. Parce que l’entraînement à l’obéissance commence seul. Et que l’IA, les rituels, les jeux d’auto-humiliation peuvent être de vrais tremplins ... quand on sait les manier. Notre démarche : sans fétichisation ni censure Ce guide, nous l’avons voulu exigeant, mais accessible. Érotique, oui. Mais surtout, ancré dans le réel. Nous n’avons pas peur des mots : soumission, humiliation, punition, docilité, chasteté, obéissance. Ce sont nos mots. Ce sont vos mots. Et ils méritent d’être écrits sans guillemets, sans excuses, sans ironie. Notre ton est direct. Parfois cru. Mais jamais vulgaire. Car la soumission n’est pas une farce. C’est une posture, un engagement, une voie de connaissance de soi et de l’autre. Et nous la respectons profondément. À qui s’adresse ce livre ? À ceux qui rêvent d’être à genoux, mais ne savent pas par où commencer. À ceux qui veulent aller plus loin, plus profond, plus vrai dans leur chemin de soumis. À ceux qui veulent comprendre comment séduire une Femme Dominante sans tomber dans les clichés. À ceux qui sont prêts à se regarder en face et à transformer leurs fantasmes en expériences incarnées. Et, pourquoi pas, à certaines Dominantes qui souhaitent comprendre l’univers intérieur de leurs soumis. C’est aussi une porte ouverte vers l’autre. Non aux dogmes ! Vous ne trouverez pas dans ce livre de dogmes. Pas de "vous devez". Mais des pistes, des conseils, des exercices. De la matière. De quoi construire votre chemin de soumission, avec sincérité, avec intelligence, avec intensité. Et si vous n’avez jamais osé franchir le pas ? Commencez par la première page. Vous verrez : il n’y a pas de retour en arrière quand on a goûté à la liberté d’obéir.   "Tu ne choisis pas quand tu bandes. Tu ne choisis pas quand tu jouis. Tu ne choisis pas si tu peux la toucher, ou non. Tu es là pour servir, pour plaire, pour recevoir ce qu’on t’accorde. Pas pour demander. Pas pour négocier. Pour obéir. Et dans cette obéissance, tu respires enfin."   Titre : BDSM : Guide pratique de l’homme soumis Auteurs : Kath Dewitt & Pierre Queyras Édition brochée – Juillet 2025 Disponible sur Amazon (Merci à BDSM.FR d'avoir accepté que nous parlions de ce livre)
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Par : le 13/09/25
Le journaliste avait traversé un continent et une dignité pour arriver là. New York – Tucson – frontière mexicaine – puis un taxi déglingué dont les amortisseurs geignaient à chaque nid-de-poule comme une truie qu’on étrangle. Sur des heures de piste, il s’était enfoncé dans le cœur torride de la Sonora. Le village de Tasir, s’il méritait ce nom, n’était qu’un agglomérat de taudis collés comme des croûtes de sel sur la peau sèche du désert. Juste du sable, des toits plats, des chiens faméliques, et des mômes aux yeux jaunes qui le dévisageaient comme s’il était un extraterrestre. Certains avaient ricané, en désignant cette bicoque. D’autres avaient mimé des gestes obscènes, le pouce dans le poing. Pas besoin de parler espagnol pour comprendre. Il s’arrêta devant la baraque. Une triste masure en torchis, penchée comme un vieillard trop saoul pour tomber. Une chaleur lourde suintait des murs. L’air sentait la pisse de bouc et le mazout. Et pourtant, sous la puanteur, flottait quelque chose d’autre. Un parfum entêtant. Une odeur de peau chaude, de foutre sec, de désir tourné en moisi. C’était le plus étrange bordel dont le yankee ait jamais entendu parler. Ce qu’on racontait, ça tenait du délire : des filles sublimes, offertes à tout. Des corps de rêve pour des hommes miteux, malades, puants, édentés. Et tout ça pour une poignée de pesos. Pas de bavardage. Pas de préliminaires. Des bombes sexuelles muettes qui se laissaient baiser sans un mot. Personne ne savait d’où elles venaient, nul ne les ayant jamais entendues parler. Une histoire diablement étonnante. Assez étonnante, en tout cas, pour qu’un journaleux de la grosse pomme accepte de traîner ses guêtres dans ce trou paumé. Tiré de ses réflexions par les nuages de mouches bourdonnantes, le journaliste finit par toquer à la porte, une planche mal dégrossie, se demandant s’il avait bien fait de se déplacer jusqu’à ce bouge sordide. Un raclement lui indiqua qu’on venait. La porte s’entrouvrit sur une brune. Nue sous un voile de coton trempé de sueur, collé à sa peau comme une seconde naissance. Des hanches pleines. Une bouche rouge, presque trop pulpeuse. Elle ne dit rien, lui tendit la main, l’invitant à entrer. L’américain se saisit des doigts les plus délicats qu’il ait tenus de sa vie et la suivit, subjugué. L’intérieur sentait la moiteur, l’encens bon marché et la misère. Des ventilateurs en fin de course brassaient un air chaud, lourd, chargé de mouches. Des coussins défoncés jonchaient le sol. Des draps tachés, des lampes sans abat-jour, des murs qui suintaient d’humidité. Et là… six, sept… peut-être huit filles magnifiques. Alanguies sur des banquettes déglinguées, jambes ouvertes, dos cambrés comme pour inviter une main à s’y poser. Des joyaux tombés dans la fange, taillés pour le vice. Et au centre, affalé comme un roi dans son trône de crasse : un mexicain trapu, torse velu, les bras larges, le regard sale. Ses dents ressemblaient à une nécropole. Sur ses genoux, une blonde incroyable, se laissant peloter comme une poupée. Le mexicain pressait ses seins énormes comme des fruits trop mûrs, les triturant avec des doigts boudinés, collants de sueur. La fille, elle, ne bronchait pas. Au contraire. Elle entrouvrait la bouche, les yeux mi-clos, comme si tout cela n’était qu’un prélude banal à une baise prochaine. — Tu la veux, gringo ? Deux cents pesos, et tu fais ce que tu veux avec. Sans capote si ça te fait plaisir. Fenniway grimaça. Son regard glissa malgré lui vers les courbes de la blonde. Ses jambes entrouvertes, son ventre creusé, ses tétons dressés comme deux appels au crime. — En réalité, je ne suis pas venu pour … consommer. — Ah ouais ? Et tu viens pour quoi, alors ? Pour prier ? éructa le type, émettant une sorte de braiement qui se voulait un rire. — Pour causer. Ou plutôt, vous écouter. — ¡ Es loco, amigo ! — J’aimerai savoir pourquoi des filles pareilles acceptent de se prostituer dans votre… établissement, interrogea John, sans chercher à dissimuler sa répugnance. Et aussi d’où elles viennent. Et pourquoi elles ne parlent pas. Le mac eut un rire gras. Un gargouillis entre le hoquet et l’insulte. — Et pourquoi je t’expliquerais tout ça, cabrón ? Le journaliste tira une épaisse liasse de sa veste. — Voilà cent mille pesos qui me semblent être autant de bonnes raisons. Le type haussa un sourcil. Claqua des doigts. Une rousse se leva. Presque nue. Un corps sculpté dans la luxure elle-même. Elle alla chercher un pichet et deux verres dégueulasses. — Bueno l’américain… Seulement, il faudra garder tout ça pour toi. Ni una palabra a nadie. Si tu parles, je te fais égorger comme un chien ! Fenniway hocha la tête. Le mexicain tendit un verre. Fenniway le prit, le nez envahi par l’odeur âcre d’un mezcal de contrebande. — ¡ Salud !   Le type but. Puis après avoir laissé échapper un rot satisfait, il le fixa droit dans les yeux. — Ces poupées, ce sont pas des femmes ordinaires. Ce sont des filles de rêves… John laissa échapper un rire sec. — Oui, elles sont sublimes. Mais j’ai pas fait tout ce chemin pour une formule de poète raté. — No, hombre. T’as rien pigé. Je dors, je rêve, et pouf… une fille apparaît. Vivante, Offerte. John le fixa. Un long silence. Il aurait dû rire. Dire « c’est ça », et tourner les talons. Mais il n’y arriva pas. Il regardait la rousse. Elle ondulait, nue maintenant, comme si elle dansait au ralenti, les yeux mi-clos, offerte au néant. Fenniway sentit une chaleur remonter dans son bas ventre. Quelque chose en lui voulait croire à cette absurdité. — Tu veux la preuve ? Le mac fit jaillir un long coutelas de l’étui en peau de serpent qui pendait à sa ceinture. Avant que John ait pu faire un geste, le mexicain avait tailladé le bras de la blonde. Fenniway laissa échapper un grognement, choqué par cette brutalité atroce, nauséeux à l’idée du sang qui n’allait pas tarder à pisser de la plaie béante. Justement, aucun jet sanglant ne se produisit… Au lieu de ça, une sorte de sève blanchâtre se mit à sourdre des bords de l’entaille. Laquelle ne tarda pas à se recoller sous les yeux exorbités du journaliste, comme suturée par une fermeture éclair invisible. — ¿Has visto? Es una encarnación de la fantasía … L’incarnation d’un fantasme ? Des filles issues de l’esprit pervers d’un souteneur, prenant vie par génération spontanée ? Fenniway sentit vaciller sa raison. Il palpa le bras de la fille à l’endroit même de la coupure. Rien ! Pas la moindre rougeur, la plus légère boursouflure. La peau, fabuleusement douce, était exempte de tout stigmate. — Et maintenant, tu me crois, cabrón ? Fenniway avala lentement sa salive, regardant autour de lui. Ces corps, cette chaleur, ces visages vides, ces insectes qui tournaient. Et il sut qu’il venait de poser le pied dans quelque chose de bien plus incroyable — et plus obscène — qu’il ne l’avait imaginé. — Ouais… je vous crois. Dites-moi… comment c’est arrivé ?   Alfonso resta silencieux un instant, les yeux dans le vague, un doigt grattant la touffe de poils poisseux sur son torse. Puis il hocha lentement la tête, comme s’il acceptait enfin de soulever le couvercle d’un secret trop lourd. — C’est arrivé y’a deux ans. Pendant la fête de la Virgen. Tu sais, les dévots, les cierges, les morveux en costumes. Moi, j’avais jamais foutu les pieds dans une église. Mais ce soir-là, j’avais perdu un pari débile avec des cousins, et me voilà assis sur un banc, puant le mezcal, à essayer de pas m’endormir. Il se gratta les couilles négligemment en se versant un verre. — Et là… elle est apparue. Une créature céleste. Un ange. Elle s’assied à côté de moi. À la fin, elle se penche, me glisse un truc à l’oreille – j’ai rien compris, j’étais trop occupé à bander – et puis pouf. Disparue. Il se tapa une gorgée, grimace de plaisir à l’appui. — Le lendemain matin, j’ouvre les yeux… et là, y’a une nana à poil dans mon lit. C’était pas cet ange-là, mais presque. Une brune, peau dorée, seins parfaits, cul ferme. Sauf qu’elle parlait pas. Rien. Juste un sourire et du feu dans les yeux. Il sourit, un rictus presque attendri. — On a baisé comme des chiens en rut. Trois fois de suite, dès le réveil. Elle demandait que ça. Même pas besoin de parler. Tu bandais, elle ouvrait les cuisses. Immobile, Fenniway l’écoutait, un filet de sueur coulant le long de sa tempe. — Mais après deux jours, elle a commencé à changer. Sa peau devenait… translucide. Comme une vapeur. Ses traits flottaient, bougeaient, se barraient. Et puis un matin, elle s’est évaporée. Juste là, sous mes doigts. Pop. Plus rien. Il claqua des doigts. — J’ai cru devenir taré. Mais une semaine plus tard, paf ! Une autre. Une rousse cette fois. Et plus bonne encore, si c’est possible. Même scénario. Même silence. Même nymphomanie intégrale. Il planta son regard dans celui de John. — Tu piges ? Je rêve d’une gonzesse, elle apparaît. Nue. Affamée de queue. Et elle reste, tant que je continue à la désirer. Mais elles finissent toutes par partir. Elle se dissolvent et disparaissent. Il soupira, s’essuya la bouche avec le dos de la main. — Et plus je rêvais, plus ça marchait. Plus longtemps elles restaient. Plus nombreuses aussi. Bientôt, j’en avais trois, quatre en même temps. Elles se branlaient entre elles pendant que je reprenais un peu de vigeur. Et crois-moi, j’étais essoré. Mais incapable d’arrêter. Il se passa la main sur la nuque, comme pris d’un frisson. — C’était le paradis… et l’enfer. Un enfer à te faire jouir jusqu’à l’épuisement. J’allais y laisser ma peau. Fenniway se racla la gorge, avalant difficilement sa salive. — Alors j’ai commencé à les filer à des potes, discrètement. Des gars sûrs. Pas un n’a bronché. Comment veux-tu revenir à ta femme, après ça ? Il rit. — Et puis j’ai eu l’idée. Un bordel. Pas besoin de les nourrir, seulement de les loger. Elles veulent juste baiser, peu importe avec qui. Paysan galeux, flic véreux, touriste perdu : elles ouvrent les jambes et sourient. Le silence retomba comme un drap moite.   Fenniway, blême, leva lentement la main, sortit la liasse et la tendit. Alfonso l’empocha sans cérémonie. Le journaliste se leva. Il avait la nausée, mais aussi cette excitation crue dans le bas-ventre. Une tension d’écriture. L’odeur du scoop. Il s’imaginait déjà rentrer à New York, taper à la Remington dans sa piaule de Brooklyn. Une page qui ferait trembler les lecteurs. Un Pulitzer, peut-être. Mais alors qu’il atteignait la porte, Alfonso lança d’une voix pâteuse : — ¡ Espera, amigo ! Prends Carmenita avec toi. Elle t’a à la bonne. Et il lui reste pas long à vivre. Autant qu’elle voie du pays avant. La brune se tenait là, tout près, robe à moitié tombée sur les hanches. Elle battait des cils en souriant. Elle attendait, sublime et vide. John la dévora du regard. Il pensa aux photos. À la chair qui se reforme sous la lame. À l’effet qu’aurait une image de ce genre en pleine page du New-York Times. Il pensa aussi à un vieux médecin légiste à qui il avait déjà glissé quelques biftons pour fermer les yeux. Il pensa, surtout, à ce corps. Avant la dissection. Avant les questions. Avant la disparition. — Elle vient avec moi, dit-il. — Bien, gringo. Bien. Bonne chance, souffla Alfonso en allumant un cigarillo avec un sourire de diable repu.   --ooOoo--   New York Times – 21 juin 1976 ÉDITION SPÉCIALE / FAITS DIVERS UN JOURNALISTE RETROUVÉ ÉGORGÉ À BROOKLYN Le corps sans vie de John R. Fenniway, 47 ans, journaliste indépendant, a été découvert ce samedi dans son appartement de Red Hook. Il était nu, assis devant sa machine à écrire, la gorge tranchée net. Une page encore fraîchement dactylographiée relatait un récit à forte teneur sexuelle et surnaturelle. Près du corps : un morceau de tissu féminin, ainsi que des traces de pas nus. Un témoin affirme avoir aperçu une femme d’une beauté « incroyable », qui accompagnait Fenniway deux jours avant le drame. La police lance un appel à témoins pour retrouver cette personne, la dernière à l’avoir vu vivant.
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Par : le 13/09/25
  - «Venez, on s’barre de là B. »   Elle me fait rire la pute, à me chuchoter qu’elle en a plein le cul d’avoir enfilé ses talons 11cm pour voir un spectacle si Misérable.  - « Patience... T’en as plein le cul parce que je t’ai fourré un énorme plug avant de sortir. Et t’as des échasses pour t’élever mon Ange, pour prendre de la hauteur et rendre ta chute à venir vertigineuse. Patience... » Le spectacle est merdique, elle a raison. Mais où va le monde si elle court à sa perte, en talons qui plus est, sans rien concevoir ni de la peine, ni de l’échafaud, ni de la renaissance à suivre.  Ce soir, je la veux en charlotte Corday fière de dire à son bourreau Sanson le temps venu « Laissez-moi voir, je n’en ai jamais vu ; j’ai bien le droit d’être curieuse! ».  Elle la mirera belle sa guillotine avant que le couperet tombe. Elle la perdra, sa tête, mais qu’elle la remplisse d’abord. Patience… - « Retire ton bouchon salope et dans le plus parfait silence, sent mon talon et demi prendre sa place Danton cul, ça t’occupera. » Vénus de pierre, je remonte sa robe et la baise sans témoin. La terreur attendra.  Le spectacle en face est affligeant mais elle tient bon la barre la matelote. Vissée haut, moi dans son dos, les orateurs défilent.  On exhibe du pas beau, on dégueule du pas bon, on déclame des phrases absconses, on s’enorgueillit même de faire du fusain avec le charbon froid du barbeuc. Pourvu que la plèbe applaudisse, pourvu que l’odeur de déo fasse oublier celle de la merguez. Au pire on montre un bout de cul ramassé sur le net, un seins qui pointe, ça devrait plaire.  Et la plèbe applaudit des claps qui puent la solitude, le besoin de reconnaissance et le strassé en plastoc qui joue les oligarques diamantés. Elle, elle prend son mâle en patience. Dix artristes passés déjà pour dix coups de reins délicats et la voilà toute ouïe prête à se faire baiser l’oreille: - « Tout commence avec une sensation. Tu plantes tes mains dans le bac à sable et tu regardes les milliers de grains s’échapper entre tes doigts. T’en gardes rien que l’envie d’y revenir comme on lutte pour retenir le temps qui file, et un gommage de peau gratis.  Puis viennent les grands projets, ceux qui te laissent imaginer qu’avec une pioche, une pelle et un seau, tu pourrais te le faire ton voyage au centre de la Terre en solo.  Bien sûr, t’as cru tomber sur de la pierre précieuse avant de comprendre en te coupant que c’était les fragments d’une bouteille de bière.  D’ailleurs maintenant que t’y penses, c’est vrai qu’il sentait l’ammoniaque ce bac à sable.  D’ailleurs, maintenant que t’y repenses, c’est vrai que c’était probablement de la volaille, ce jour où t’es tombé sur un os, vestige incontestable du jurassique.  Tout se poursuit avec une intention. La terre a remplacé le sable et la peau s’est épaissie. T’as compris que faire des trous c’est bien et que les remplir ensuite c’est mieux. Qu’est-ce que j’en ai rempli des trous tu sais. J’ai semé, récolté, bouffé cru, cuit puis mijoté.  Et en creusant encore, je suis tombé sur ma première pépite.  En fouillant patiemment, parti les doigts dans la merde, j’ai trouvé du divin mon Ange. Patience. Parce qu’il en faut du temps et des choix pour trier le bon grain de l’ivraie.  Patience. Parce qu’il en faut du chiant qui se boit pour former un palais aux bons vins et à l’ivresse. Tiens, regarde… » Une femme s’avance, et… Silence.  B.
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Par : le 13/09/25
1er observation : les personnes que nous recevons en  séance aiment rentrer dans les bulles que nous créons pour eux.    2eme observations : la bulle sm est fine et délicate    3eme observations :  on peut manipuler n'importe qui du moment qu'on arrive à trouver les bons ressorts.    De ce petit cherry picking personnel nous sommes arrivés à la conclusion que nous pourrions déstructurer une séance, ou encore mieux faire une séance qui ne soit que destructuration.    Nous avons donc décidé de monter une séance qui sera à la fois une sorte de best of de certains de nos personnages préférés, comme kewin et Vanessa, le capitaine Kirk et le lieutenant salope, les deux fous échappés de l'asile ;  le tout déstructuré par de courtes scènes complètement absurdes.  Le but étant au début de mettre en confiance notre petit maso pour qu'il pense que nous sommes en train de lui jouer la suite de châteauvallon, qu'il se crée sa petite bulle et que nous puissions l'éclater au bout de 10 minutes maximum. Après châteauvallon nous avons prévu de faire une petite scène très dérangeante où nous mettrons des extraits du discours annonciateur du pape entrecoupé de discours du chancelier du Reich en 1936.  Ça c'est pour permettre de commencer à ramollir la cervelle de notre sujet, ensuite la scène suivante c'est un tirage de carte exécuté par ma soumise avec un jeu de 7 familles, pendant que moi je joue de l'ocarina derrière.  La scène 4 était un remix de nos personnages du capitaine Kirk et du lieutenant salope, cela dura 10 minutes pendant lesquelles nous lui avons fait des choses très douces, de la roulette en plastique qui ne fait pas mal, des plumes, des vibrations sur le corps, lui passer une éponge moussante sur le torse. Cette partie là l'a complètement terrorisé car il était dans l'attente de quelque chose d'affreux.  Pour la scène 5, nous lui avons mis devant les yeux une image de spirale sur de la musique type Goa, ma soumise dansait en arrière-plan, vêtu d'une couche et d'un masque de clown effrayant en latex. Je tenais la tête de notre soumis ainsi que le téléphone sur lequel nous avions mis la spirale et ce fut très dur pour moi de rester sérieux devant le spectacle. La scène 6, nous avons retourné notre petit soumis, nous lui avons mis le cul en l'air et au son d'une musique militaire de John Philippe soussa, nous lui avons gonflé le cul avec une pompe un cul pendant 2 minutes.  Pour la scène 7, nous avons relevé notre soumis et nous lui avons fait notre petit numéro des deux fous du village qui semblaient avoir un âge mental d'environ 4 ans. C'était un moment terrifiant pour lui et nous avons pris beaucoup de plaisir à faire les enfants odieux ; la majorité de la scène  a été composé de torture à coup de doigts et du fait que nous l'avons fait tourner comme une toupie en nous  comportant comme des enfants insupportables.  L'effet  de terreur fut largement atteint lors de cette scène.  Pour la dernière scène, nous l'avons allongé sur le ventre et sur une marche militaire, je lui ai fait des baguettes de batterie sur les fesses et les cuisses, sans aucune compassion, juste préoccupé par le sens du rythme.    Conclusion : Le but de cette séance était la déstabilisation et après discussion post séance, il est clair que la déstabilisation a bien marché et que le ratio voulu entre la terreur psychologique et la déstabilisation a été atteint dans ses grandes lignes. Nous en retenons que l'angoisse, la terreur, la déstabilisation dans le BDSM ne sont pas incompatible avec l'humour et la dérision.  De plus la constatation de base qui concernait la bulle SM a été atteinte puisque nous avons réussi à créer plusieurs bulles et à les fracturer. Il est donc intéressant de noter que lorsque l'on connaît la personne et que l'on s'intéresse vraiment à la chose, on peut assez facilement faire rentrer quelqu'un dans une bulle.  Les petites scennettes incohérentes qui nous ont servi à déstructurer la chose, à savoir le tirage de carte, les discours, le pompage de cul et la spirale n'avaient pas pour but d'être des bulles et ne l'ont pas été. Les effets de bulle sm étaient principalement recherché lors des scènes 1 et 4. Nous pensions également qu'au bout d'un moment de manipulation, sa capacité à rentrer dans les bulles serait alternée et qu'il était probable que les 2 dernières scènes malgré un certain potentiel, ne donneraient pas lieu à la même introspection que les premières. Cela fut confirmé même si en pratique, la dernière scène avec les baguettes sur les jambes fut tellement intense d'un point de vue de douleur pour lui qu'il est rentré dans une bulle de souffrance ( quand même).   Ossature de scéance : Scène 1 : Châteauvallon suite  Scène 2 : extrait disc annonciateur pape  coupé avec extrait de discours en allemand  Scène 3 : tirage de carte avec un jeu de 7 familles. karl joue de l'ocarina   Scène 4 : le capitaine et la lieutenant  Scène 5 : exposition de 2min à une fractal avec Clara en train de danser avec couche et masque de clown  Scène 6: gonflage et dégonflage de cul, musique martial de j Philip Sousa Scene 7: les deux fous du village cercle et coup de pouce, pression psychologique  Scène 8: baguette de batterie au rythme d'une pompeuse marche militaire.   Je tiens à préciser que ce sont des pratiques consenties, et notre maso est quelqu'un avec lequel nous jouons depuis 5 ans. Tout ceci n'est pas le genre de pratique pour débutant. 
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Par : le 12/09/25
Nous entrons. Il règne une atmosphère douce et conviviale. Des visages qui se connaissent, des regards qui s'attardent. Je tiens la main de mon Maître. Elle me suffit pour me sentir à ma place.   Je me change dans le vestiaire. Mes talons, ma tenue rouge et noire. Elle me transforme, m'entraîne dans un autre monde. Quand il ferme le collier autour de mon cou, je ressens ce frisson si particulier, comme un fil invisible qui nous relie. Il accroche la laisse qui retombe doucement. Je suis à lui.   Le soumis S, celui du mail, vient à nous. Son sourire est franc et accueillant. Sur le bar sont disposés des pains surprises, des brochettes de fruits, des boissons. Cet univers qui ressemble à un monde d'ombres et de chair est en réalité une fête.   Une quarantaine de personnes. Chacun se présente : soumis, soumise, dominant, dominante. Certains se disent " masochistes", d'autres " sadiques".    Peu de couples. Beaucoup d'âmes solitaires venues chercher un écho à leur pratique, la partager et se retrouver en amitié. Il y a dans leurs mots une quête, un besoin d'être reconnu autrement et d'exister dans ce qu'ils portent de plus secret.    La couleur du lieu est celle de la nuit, tamisée de rouge, en transparence, presque liquide. Le sous-sol respire comme un ventre avec ses alcôves, ses instruments qui patientent : une croix Saint André, un banc à fessée, un fauteuil fait de cordes avec des attaches pour écarter les jambes. Plus loin, un placard avec une chaise au milieu et des trous dans les murs. Ici tout parle d'abandon et de maîtrise.    Les regards se croisent, se retiennent, s'échangent. Des sourires au fond des yeux où on devine peut-être une histoire, des blessures anciennes, un désir apprivoisé, une autre façon d'être au monde, de dire :  "j'existe", "je suis là".    Chacun est venu avec son BDSM, sa manière de le comprendre, inscrit dans son cœur, gravé sur sa peau. Ce n'est pas un caprice, mais un besoin vital. Suffisamment fort pour se déplacer, venir parfois de loin, oser franchir la porte, traverser le seuil, se livrer au partage.   Le monde extérieur s'efface. Il ne reste que cet univers décalé, hors de la réalité. Des gémissements s'élèvent, des cris discrets se mêlent à des rires étouffés. Des corps déjà nus offrent leur fragilité. Moi aussi, presque dévêtue, je me sens à la lisière de moi-même.    Mon Maître est assis.  - Mets toi à genoux. Je m'exécute. Ma tête repose contre ses jambes. Sa main caresse mes cheveux. Je sens la chaleur, la sécurité. Tout autour, des voix, des conversations, des claquements de fouet. Mais, entre lui et moi, le bruit disparaît. Il ne reste que le silence épais, vibrant, comme une prière.    - Relève-toi. Une domina s'avance. Nous partageons des paroles, des sympathies. Il est question de pratique, mais aussi d'écriture. Un livre circule. Je le prends. Déja je sais que je le lirai seule, plus tard, dans mon cocon, pour prolonger la trace de cette nuit, ancrer mon désir, et faire un compte rendu à mon Maître.    Tout près, dominants et soumis sont à l'œuvre dans leur art. Ils jouent leur partition intime dans un jeu qui n'en est pas un. Nous sommes bien réels. Cette facette de nous existe.  Avec un petit groupe, nous parlons d'aiguilles. Je sens une excitation monter en moi. A la fois peur et envie. Comme si la douleur pouvait dessiner une beauté, se transformer.   Mon Maître me demande plusieurs fois comment je me sens dans cet endroit. Je suis bien. Il m'apporte une coupe, quelques douceurs. Je suis touchée par cette attention. Dans ce monde de codes, de marques et de contraintes, son geste me rappelle que mon abandon repose aussi sur sa tendresse. Puis, il m'entraîne plus bas, dans les profondeurs du sous-sol...   Lorsque nous repartons, l'air de la nuit semble différent. Comme si nous étions sortis d'un rêve. Et pourtant, la réalité nous surprend encore : un prêtre en soutane blanche, en train de fouiller dans les poubelles. Nous nous arrêterons net, incrédules, pour être sûr de ne pas halluciner. Je regrette de ne pas avoir eu le réflexe d'une photo. Personne ne nous croira. 
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Par : le 12/09/25
Dans une brume intemporelle, où les âmes errantes des philosophes antiques se mêlent aux ombres des vivants – et où, apparemment, même les sages grecs ont besoin d'un safe word –, Socrate apparut soudain dans une chambre obscure aux murs tapissés de cuir et de chaînes. L'air était chargé d'une tension palpable, rythmée par le claquement d'un fouet et les gémissements étouffés d'un homme attaché à une croix de Saint-André. Antoinette, une dominatrice aux cheveux noirs comme la nuit, vêtue d'une robe de latex moulante qui crissait comme un argument philosophique mal huilé, tenait fermement le manche d'un martinet. À ses pieds, Maso, son soumis, nu et entravé, tremblait d'anticipation et de douleur, son corps marqué de stries rouges qui ressemblaient vaguement à une carte routière athénienne. Socrate, avec sa tunique usée et sa barbe grise – probablement pas lavée depuis l'Académie –, observa la scène sans jugement apparent, ses yeux pétillants de curiosité. Il s'assit sur un tabouret de fer, comme s'il était dans l'Agora d'Athènes, et commença à questionner, d'une voix calme et insistante. Socrate : Ô noble Antoinette, toi qui commandes aux corps et aux âmes dans cet art que tu nommes BDSM, permets-moi de m'interroger avec toi. Je vois ici un homme, Maso, que tu soumets à la morsure du fouet. Dis-moi, où réside le Beau dans cette pratique ? Est-ce dans la symétrie des marques sur sa peau, ou dans l'harmonie de la souffrance consentie ? Antoinette, sans interrompre son geste – elle abattit le martinet sur les cuisses de Maso, provoquant un cri rauque qui fit sursauter même le philosophe –, répondit avec un sourire énigmatique, ses yeux verts fixés sur Socrate. Elle ajouta une pointe d'humour fin, comme un fouet qui chatouille l'esprit. Antoinette : Socrate, le sage qui n'a rien écrit mais qui a laissé Platon faire tout le boulot, bienvenue dans mon royaume de velours et de fer. Le Beau, dans le BDSM, n'est pas dans tes statues grecques idéalisées – celles qui ont l'air d'avoir abusé des stéroïdes divins. Il naît de l'équilibre entre domination et soumission, entre le contrôle et l'abandon. Regarde Maso : ses marques ne sont pas des blessures, mais des poèmes tracés sur la toile de sa chair, un peu comme tes dialogues, mais avec moins de pages et plus de piquant. Et toi, Maso, qu'en dis-tu ? Parle, même si ta voix tremble – ou chante, si tu préfères l'opéra tragicomique. Maso, haletant, les poignets attachés haut au-dessus de sa tête, leva les yeux vers Socrate. Son corps ruisselait de sueur, mais son regard portait une lueur de clarté inattendue, comme s'il avait trouvé l'illumination au bout d'un martinet. Maso : Maître Socrate... la douleur... elle est belle parce qu'elle me dépouille. Sans elle, je suis prisonnier de mes masques quotidiens. Ici, sous le fouet d'Antoinette, je me sens nu, vrai. Le Beau est dans cette nudité de l'âme – et franchement, c'est plus excitant qu'une toge mal ajustée. Socrate hocha la tête, pensif, tandis qu'Antoinette ajustait une pince sur le torse de Maso, lui arrachant un gémissement profond. Elle ne put s'empêcher d'ajouter, avec un clin d'œil malicieux : Antoinette : Attention, Socrate, ne te pince pas les doigts en philosophant. Ces pinces sont pour les âmes aventureuses, pas pour les barbes pensives. Socrate : Intéressant. Mais dis-moi, Antoinette, où se trouve le Bien dans tout cela ? Le Bien, selon moi, est ce qui élève l'âme vers la vertu. Or, la souffrance n'est-elle pas un mal, un obstacle à la sagesse ? Comment le Bien peut-il naître de la chaîne et du cri ? Antoinette, avec une grâce féline, s'approcha de Maso et caressa doucement sa joue rougie, contrastant avec la sévérité de ses actes. Elle répondit en fouettant à nouveau, précisément, comme un sculpteur taillant le marbre – ou un philosophe taillant dans le vif du sujet. Antoinette : Le Bien, Socrate, n'est pas dans l'absence de douleur, mais dans le consentement et la confiance. Dans le BDSM, le Bien réside dans le contrat invisible entre nous : je domine, il se soumet, et ensemble nous explorons les limites de l'humain. Ce n'est pas une tyrannie, mais une dialectique, comme tes dialogues – sauf que les miens finissent souvent par un "merci, Maîtresse" au lieu d'un hemlock. Maso, n'est-ce pas le Bien que tu ressens quand je te pousse au bord du vide ? Ou préfères-tu que je te pousse littéralement ? Maso : Oui, Maîtresse... et Socrate, le Bien est dans la catharsis. Chaque coup me purge de mes peurs, de mes doutes. C'est comme si le fouet ouvrait des portes en moi, révélant une force que j'ignorais. Sans cela, je serais faible, enchaîné par la société. Ici, je suis libre dans mes chaînes – et au moins, ces chaînes-là ne me forcent pas à boire du poison pour mes idées. Socrate se leva, marchant lentement autour de la croix, observant les tremblements de Maso comme s'il étudiait une énigme – ou un puzzle un peu trop serré. Socrate : Ah, la liberté dans les chaînes ! Voilà un paradoxe digne d'Athènes. Mais approfondissons : la douleur peut-elle révéler ou accoucher une âme, comme la maïeutique accouche les idées ? Dans ma méthode, je questionne pour faire naître la vérité de l'interlocuteur. Toi, Antoinette, utilises-tu la souffrance comme une sage-femme de l'âme ? Maso, sens-tu ton esprit s'éveiller sous les coups ? Antoinette posa le martinet et attacha un collier plus serré autour du cou de Maso, le forçant à lever la tête. Elle parla avec une intensité philosophique, mais glissa une touche d'ironie subtile, comme un fouet enveloppé de soie. Antoinette : Exactement, Socrate. La douleur est ma maïeutique moderne – version 2.0, avec des accessoires en option. Dans le BDSM, elle n'accouche pas seulement des idées, mais de l'âme elle-même. Elle brise les illusions, force l'ego à capituler, et révèle l'essence pure. Regarde Maso : avant moi, il était perdu dans le bruit du monde, comme un philosophe sans auditoire. Maintenant, chaque séance l'accouche de lui-même, plus fort, plus conscient. La souffrance, consentie, n'est pas destruction, mais renaissance – et bien moins salissante qu'un accouchement traditionnel, je t'assure. Maso : Socrate... oui, elle accouche mon âme. La douleur me vide, puis me remplit de lumière. C'est comme plonger dans le Styx pour en ressortir invulnérable – sans le talon d'Achille, espérons-le. Sans Antoinette, je serais une ombre ; avec elle, je suis vivant, éveillé. La souffrance révèle ce qui est enfoui : le courage, l'humilité, l'amour même – et parfois, un bleu inattendu. Socrate sourit, ses yeux brillants d'une sagesse éternelle, amusé par ces joutes verbales pimentées. Socrate : Fascinant. Dans cet art du BDSM, je vois un écho de mes propres quêtes : la recherche du Beau dans l'harmonie des opposés, du Bien dans la vertu consentie, et de la vérité par la confrontation. Peut-être, Antoinette et Maso, êtes-vous des philosophes du corps, des accoucheurs d'âmes par le feu de la sensation. Mais dites-moi, si la douleur accouche l'âme, quel est l'enfant qui naît de cette union ? Antoinette, libérant légèrement les entraves de Maso pour qu'il puisse s'agenouiller, répondit en le caressant tendrement, avec une dernière pointe d'humour fin comme une lame bien aiguisée. Antoinette : L'enfant, Socrate, est la plénitude. Une âme libérée des chaînes invisibles de la peur, prête à embrasser le monde avec authenticité. Dans le BDSM, le Beau, le Bien et la Vérité se fondent en une extase philosophique – et si Platon était jaloux, il pourrait toujours venir tester une séance. Après tout, qui sait, peut-être que la caverne allégorique avait besoin d'un peu plus de latex. Maso : Et cet enfant, c'est moi... renaissant à chaque séance – et prêt pour la prochaine, Maîtresse. Socrate, satisfait et un brin espiègle, s'effaça dans la brume, laissant derrière lui un écho : "Connais-toi toi-même, même dans la douleur – et n'oublie pas de rire un peu." La séance continua, plus profonde, imprégnée de sagesse antique et d'un humour qui chatouillait l'âme.
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